BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
2P Série. - Tome XVIII
RÉUNION DÈS NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 1. — Janvier 1946
_ _ _ . ^
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
67, RUE CUVIER
PAR1S-V"
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faiti
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 / 2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manièie
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de la
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d'inscrire sur leur manuscrit le nombre .des tirés à part supplé-
mentaires qu'ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
• tirages a part
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en
outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
( Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1 941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex. •
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50
16 pages -79 fr. 112 fr. 175 fr.
' Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
Supplément pour cou ver lure spéciale : 25 ex 18 francs.
par 25 ex. en sus . 12 francs.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qùi nécessite une remise sous pnaasc, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuve*.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant. \
PRIX DE L ABONNEMENT ANNUEL :
France : 200 fr. ; Etranger : 300 fr.
(Mandat au nom de l'Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
BULLETIN
Dü
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVIII
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 1. — Janvier 1946
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS- V
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1946. — N<> 1.
352e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
/
31 JANVIER 1946
PRÉSIDENCE DE M. A. GUILLAUMIN
PROFESSEUR AU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
Mme Jovet-Ast est nommée Assistant au Laboratoire de Cryptogamie
en remplacement de M. Lefevre, démissionnaire (Arrêté ministériel du
29 décembre 1945.
M. Monnier est nommé, par Arrêté ministériel du 29 décembre 1945,
Assistant au Laboratoire d’Agronomie coloniale (Poste créé par Arrêté
ministériel du 21 juin 1945).
M. le Président a le regret de faire part des décès de M. Désiré Bois,
Professeur honoraire, de M. Henri Neuville, Sous-Directeur honoraire et
de Mme Marie Phisalix, Attachée au Laboratoire de Zoologie (Reptiles
et Poissons).
Sur la proposition de MM. les Professeurs H. Humbert et R. Jeannel,
l’Assemblée des Professeurs du Muséum (séance du 20 décembre 1945)
procède à la nomination de M. R. Decary, comme Membre Associé du
Muséum.
Sont nommés Membres Correspondants du Muséum : M. Couturier,
présenté par M. le Professeur Bourdelle M. Durand, présenté par
MM. les Professeurs E. Bourdelle et R. Jeannel ; M. Fagniez, présenté
par MM. les Professeurs L. Fage et R. Jeannel ; M. Frappa, présenté
par M. le Professeur P. Vayssière ; M. Granger, présenté par M. le
Professeur R. Jeannel ; M. l’abbé de Lapparent, présenté par M. le
Professeur C. Arambourg ; M. Lebis, présenté par MM. les Professeurs
A. Chevalier et R. Jeannel; M. Ni-collon des Abbayes, présenté par
M. le Professeur A. Chevalier.
Sont nommés Attachés du Muséum : M. Baruel, présenté par M. Ie
Professeur E. Bourdelle ; M. Chadefaud, présenté par M. le Professeur
R. Heim ; M. E. Dresco, présenté par M. le Professeur L. Fage ; M. Le"
gros, présenté par M. le Professeur 'R. Jeannel ; M. de Lesse, présenté
par M. le Professeur R. Jeannel.
L’Assemblée des Professeurs (séance du 20 décembre 1945) a décidé
d’accorder les prix suivants au petit personnel de l’Etablissement :
1 Prix Alibert : à M. Leduc, Gardien de Galerie ;
1 Prix Guérineau : à Mme Vve Mazenod, Agent de recettes à la Ména-
gerie ;
4 Prix Frémy : à MM. Theveneau, Jardinier ; Goubert, Préparateur ;
Ce ZAC.., Sous-Brigadier et Mm.e Simqn.in, Auxiliaire ;
1 Prix Serre : à M. Haussaire, Jardinier ;
5 Prix de la Société des Amis du Muséum : à MM. Coucaud, Gardien de
Galerie ; Lalardie, Aide-Technique ; Michard, Gardien de Ménagerie ;
Floirat, Gardien de Galerie et Mlle Piette, Secrétaire ;
3 Prix de la Société des Amis du Zoo : à MM. Grateloube/ Soigneur
d’Animaux ; Cabus, Adjudant des Gardes et Vedie, Chauffeur.
LISTE des ASSOCIÉS et CORRESPONDANTS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
NOMMÉS EN «45
ASSOCIÉS DU MUSÉUM
Couturier, de Grenoble, présenté par M. le Professeur Ed. Bour-
delle.
Le Dr Couturier est l’un des naturalistes les plus avertis et les plus
en vue de faune mammalogique alpine. Il est en particulier Fauteur d’un
ouvrage sur « Le Chamois » et « l’Izard » qui est certainement le document
le plus important établi à l’lieure actuelle sur la question. Le DT Couturier
prépare des ouvrages analogues sur le Bouquetin et sur la Marmotte. Les
études du DT Couturier sont basées sur un matériel considérable, recueilli
par lui-même depuis de longues années et dont un certain nombre de
pièces ont déjà été offertes au Muséum national d’ Histoire naturelle à
titre de don.
(E. Bourdelle ) .
Decary (Raymond), Administrateur en Chef honoraire des Colonies,
membre titulaire de l’Académie malgache, membre correspondant
de l’Académie des Sciences coloniales, présenté par M. le Pro-
fesseur H. Humbert.
M. R. Decary a fait toute sa carrière coloniale à Madagascar. Dans
tous les domaines des Sciences naturelles, y compris l’ethnologie, il a
déployé une activité féconde et pris une part très importante à la pros-
pection scientifique de la Grande Ile, plus spécialement des territoires de
l’extrême Sud, <m il avait demandé à être affecté, peu après la 'pré-
cédente guerre, parcequ’iis étaient alors parmi les moins connus.
Travaillant en liaison étroite avec le Muséum, dont il fréquentait assidû-
ment les Laboratoires pendant ses rares séjours dans la métropole,
M. Decary a recueilli pour notre établissement des collections d’une
importance et d’une diversité hors de pair : de nombreux spécialistes y ont
puisé un matériel d’étude du plus haut intérêt.
L’herbier dont il a fait don au Laboratoire de Phanérogamie totalise
près de 20.000 numéros, largement représentés ; herbier particulièrement
précieux en ce qui concerne la flore xérophile si singulière et si riche du
Sud, en particulier celle du district d’Ambovombe, et qui a fourni un
nombre considérable d’espèces nouvelles. Des plantes vivantes et des
graines ont été adressées par lui à plusieurs reprises au service de Culture.
Ses envois au Laboratoire de Cryptogamie ont fait notablement pro-
gresser nos connaissances sur la flore mycologique, bryologique et algolo-
gique de Madagascar.
Les divers Laboratoires de Zoologie ont également reçu de lui d’impor-
tantes collections : Coraux, Échinodermes, Mollusques terrestres, Vers,
Crustacés, Myriapodes, Arachnides, Insectes (en particulier Lépidoptères),
Reptiles, Poissons et Vertébrés supérieurs.
L’Ethnologie a reçu neuf séries d’objets avec fiches explicatives ; c’est
également grâce à l’activité de M. Decary qu’a pu être réunie la collec-
tion qui a permis la publication des volumes de Sachs « sur les instruments
de musique de Madagascar » et le dossier des enregistrements phonogra-
phiques (chants, etc.) réalisés par la mission Clérisse. Ce service lui doit
en outre une riche collection de photographies.
Des séries importantes de minéraux ont enrichi le service de Minéra-
logie, des échantillons de roches et de fossiles ont également été envoyés
par lui au Muséum.
M. Decary a publié lui-même plusieurs mémoires (notamment une
monographie de l’Androy) et toute une série de notes se rapportant aux
diverses disciplines des Sciences Naturelles, ainsi que des travaux d’his-
toire et de géographie malgaches. Il est impossible d’en donner une liste
même succincte dans ce bref rapport.
Il a pris une part active et efficace à l’œuvre de Protection de la nature,
principalement pour la reconnaissance et le classement de Sites et Monu-
ments naturels remarquables.
Au moment où, admis à la retraite, il vient de rentrer en France et
compte se consacrer à la mise au point de l’immense documentation qu’il
a recueillie sur Madagascar, le Muséum se doit de l’accueillir parmi ses
chercheurs au titre d’ Associé de notre Etablissement national.
(H. Humbert).
CORRESPONDANTS DU MUSÉUM
Durand (Georges), à Beautour, par La Roche-sur-Yon, (Vendée),
présenté par MM. les Professeurs Ed. Bourdelle et R. Jeannee.
M. Durand, chevalier de la Légion d’honneur pour services rendus
à l’agriculture dans la lutte contre les Insectes nuisibles, a réuni de splen-
dides collections d’Oiseaux et de Lépidoptères, de l’ouest de la France,
ainsi qu’un très bel herbier local. Ces collections ont un très grand intérêt
biologique, ayant été formées dans le but de montrer le genre de vie des
animaux et renfermant beaucoup de jeunes Oiseaux et de Chenilles de
Lépidoptères.
Le titre de Correspondant du Muséum serait une juste récompense
à un Naturaliste de valeur qui, non seulement destine ses collections au
Muséum, mais encore joiit d’une grande influence dans les milieux
scientifiques de Vendée et y fait une excellente propagande en faveur de
notre Etablissement.
(R. Jeannel).
Fagniez (Charles), à la Bonde, par La Motte-d’ Aigues (Vaucluse),
présenté par MM. les Professeurs L. Fage et R. Jeannel.
Ancien Président de la Société entomologique de France, M. Fagniez
est un explorateur infatigable de la faune entomologique du Sud-Ouest.
Ses découvertes dans les cavernes et ses observations sur les mœurs des
Insectes, particulièrement des Curculionides et des Buprestides sont du
plus grand intérêt et ont été consignées dans de nombreux travaux. Les
très riches collections qu’il a réunies viendront au Muséum, auquel il a
déjà fait des dons très importants.
M. Fagniez a 70 ans passés, et le titre de Correspondant serait une
juste récompense de son activité qui rend des services éminents au Labo-
ratoire d’ Entomologie.
(R. Jeannel).
Frappà (Claudius), Institut Pasteur à Tananarive, présenté par
M. le Professeur P. Vayssière.
M. Frappa, entomologiste des Services de l’Agriculture à Madagascar,
est actuellement le plus fidèle correspondant de la Chaire d’ Entomologie
agricole coloniale. Un bon tiers des collections biologiques qu’elle possède
lui a été fourni par M. Frappa, en même temps qu’une riche documenta-
tion sur les principaux parasites des cultures de la grande Ile.
M. Frappa est donc un très précieux collaborateur/ de notre Etablisse-
ment et je demande à l’Asemblée de bien vouloir le nommer Correspon-
dant du Muséum national d’Histoire naturelle.
(P. Vayssière).
Oranger (Ch.), licencié ès-lettres, Docteur en droit, 26, rue Vineuse,
Paris, 16e, présenté par M. le Professeur R. Jeannel.
M. Granger s’adonne depuis longtemps à l’étude des Insectes. Il a
réuni d’importantes collections de Coléoptères, mais depuis plusieurs
années, il se consacre aux Hyménoptères, et plus particulièrement aux
Braconides, groupe qui a une grande importance en Entomologie appliquée
■et où il est devenu un excellent spécialiste : en fait, il ëst à peu près le seul
en France actuellement à qui l’on puisse demander la détermination
d’ Hyménoptères parasites, BraconideS ou Ichneumonides. De plus, malgré
ses occupations professionnelles, M. Granger veut bien consacrer son
temps disponible à la détermination et au classement des Braconides du
Muséum, et il nous a constitué ainsi une très riche collection.
(R. Jeannel).
Lebis (E.), 1, rue Montgomery, à Domfront (Orne), présenté par
MM. les Professeurs A. Chevalier et R. Jeannel.
Excellent naturaliste qui a réuni des observations biologiques de
grande valeur sur la faune entomologique des forêts normandes et travaille
— 10
avec M. Vadon à la faune des Coléoptères du Nord-Est de Madagascar.
Les matériaux qu’il a réunis sont mis par lui à la disposition du Muséum,
avec la plus grande générosité.
En nommant M. Lebis Correspondant, le Muséum témoignera l'intérêt
qu’il porte à un homme modeste mais très actif,, qui jouit d’une grande
notoriété dans les milieux scientifiques normands.
(R. Jeannel).
Nicollon des Abbayes (H.), Docteur ès-sciences, Maître de Confé-
rences adjoint à la Faculté des Sciences de Rennes, présenté par
MM. les Professeurs A. Che varier et R. Heim.
M. H. Nicollon des Abbayes est actuellement l’un de nos meilleurs
Lichénologues. Les herbiers cryptogamiques du Muséum lui doivent des
révisions perspicaces, notamment du genre Cladina. Les récoltes liché-
nologiques de M. Henri Humbert au Kivu, de Pierre Allorge en Espagne,
doivent à M. des Abbayes leur détermination. Auteur de deux importants
exsiccata de Lichens, M. des Abbayes en a fait don au Muséum, selon
une série qu’il se propose de continuer à nous envoyer. Nous ajoutons
qu’au début de la guerre, M. Pierre Ai.lqrge, ayant pris la décision de
mettre en sécurité hors de Paris les herbiers de Lichens du Müséum, c’est
M. des Abbayes qui les reçut à la Faculté de Rennes et même dans sa
propriété personnelle, et en assura durant cinq années la sauvegarde.
Par ces titres de dévouement au Muséum et à la science botanique,
M. des Abbayes mérite grandement d’être associé plus intimement à
notre Maison. Aussi proposons-nous à vos suffrages sa désignation comme
Correspondant du Muséum.
(A. Chevalier et R. Heim).
Lapparent (Abbé de), Docteur ès-sciences, Professeur de Géologie
à l’Université catholique de Paris, présenté par M. le Professeur
G. Arambourg. v
M. l’Abbé de Lapparent est bien connu des spécialistes pour ses
travaux stratigraphiques et paléontologiques. Depuis quelques années,
il s’est spécialisé dans l’étude des Dinosauriens et, à ce titre, a accompli
de fructueuses fouilles dans le Crétacé supérieur de Provence, fouilles
dont le produit appartient maintenant aux collections du Muséum.
Chargé ensuite à deux reprises de mission au Maroc pour l’exploitation des
gisements de Dinosauriens d’El Mers, il en a rapporté, pour le Muséum, un
matériel important. Collaborateur assidu du Laboratoire de Paléontologie
dont il a, par son activité, contribué à enrichir les collections, il mérite de
compter au nombre des Correspondants du Muséum.
(C. Arambourg).
TRAVAUX FAITS DANS LES LABORATOIRES
DU MUSÉUM NATIONAL d’hISTOLRE NATURELLE
PENDANT L’ANNÉE 1945
S
Cette liste, où ne figurent que les Notes et Mémoires effectivement publiés
en 1945, ne donne qu’une vue incomplète de V activité scientifique des labo-
ratoires. De nombreux travaux déjà terminés ont en effet été retardés dans
leur publication par les circonstances présentes et seront mentionnés dans
le f ascicule 1 du Bulletin du Muséum .de 1947.
Anatomie comparée.
J. Mïllot, Professeur. — Les Bisons européens des Collections du Muséum
d’Histoire Naturelle. Mammaiia, IX, 1-19, 2 pl., 1945.
- — La constitution de l’abdomen des Ricinulei. Bull. Soc. entom. France,
72-75, 3 %., 1945.
- — Les Ricinulei sont-ils des Arachnides archaïques? Bull. Soc. zool.
France, LXX, 1945,
H. Neu ville, Sous-directeur honoraire. — : Révision de quelques données
sur la plèvre des Proboscidiens. Mammaiia, VIII, 81-122, 1 fig.,
4 pl., 1945.
M. Friant, Sous-directeur. — Le premier stade de révolution ontogé-
nique du cerveau chez l’Eléphant. Rev. Zool. et Bot. africaine,
XXXVIII, 1944..
— Le cerveau des Pangolins arboricoles d’Afrique. Ibid.
— Le système calcarin au cours du développement cérébral chez l’Homme.
C. R. Acad. Sc. Paris, 28 août 1944.
— Contribution à la question des sillons cérébraux transitoires. Bull.
Acad. Médecine, 17 oct. 1944.
— Caractères anatomiques d’un Batracien oligocène de la Limagne, le
Prodiscoglossus Vertainzoni nov. gen. nov. spec. C. R. Acad. Sc.
Paris, 27 nov. 1944.
— - La formule dentaire des Rongeurs de la famille des Thryononyidae.
Rev. zool. bot. africaine, XXXVIII, 1945.
— La dentition jugale de l’Anomalurus» Ibid.
t — - Le telencephale des Dasyproctidae, Rongeurs américains. Bull. Soc.
zool. France, LXX, 1945.
J. Anthony, Assistant. — - La genèse du crochet del’ Hippocampe. Bull.
MusL HisL NuL, XVIX, 286-91, 3 fig., 1945.
— et J. Nouvel. — Fracture du maxillaire inférieur eit luxation temp oro-
maxillaire chez un Coendou. Bull. Acad. Vétér. France, XVII, 1945.
P. Rourgin. — Les 3 races dv-Cetonia aùrata L. et leurs variétés (Col. Sca-
rabaeidae). Rev. Fr-anç. d’Entom., IX, 104-12Ê, 1944,
12
— Révision des genres Coelosis Hope et voisins (Col. Dunastidae) . Ibid..
XI, 118-46, 1945.
— Les différentes formes de Cetonia aurata L. de la faune française (Col.
Scarabaeidae). L’Entomologiste, I, 36-41 ; idem, I, 113-119, 1945.
— La nourriture des Scydmaenides (observation). Ibid., 14, 1945.
— Un gîte de grosse Araignée près de Paris. Ibid., 79, 1945.
I
Ethnologie des Hommes actuels et des Hommes fossiles
(Musée de l’Homme).
P, Rivet, Professeur. — La lengua chocô (suite). Reoista del Instituto
etnolôgico nacional. Bogotâ, t. I, 2e partie, 1944, p. 297-349.
— A propôsito de « caracoli ». Ibid., p. 655-656.
— Le groupe Kokonubo. Journal Soc. Améric. Paris, t. XXXIII, 1941
(1945), p. 1-61.
— Instrucciones sumarias sobre la mancha pigmentaria congénital.
Boletin de arqueologia. Bogota, t. I, n° 4, 1945, p. 319-321.
A. Leroi-Gourhan, Sous-Directeur au Laboratoire. — Milieu et
Technique. Paris, Albin Michel, 1945, 512 p.
P. Barret, Assistante et H. Reichlen. — Contribution à l’archéologie
de La Martinique ; le gisement du Paquemar. Journ. Soc. Améri-
canistes. Paris, t. XXXIII, 1941 (1945), p. 91-117, 2 pl.
Th. Rivière (Mlle), Assistante et J. Faublée, aide-technique. — L’api-
culture chez les Ouled-Abderrahman, montagnards du versant sud
. de l’Aurès. Journ. Soc. Afric. Paris, t. XIII, 1943 (1945),
p. 95-107, 9 fig., 1 pl.
J. Faublée. — Démographie de Madagascar. Journ. Soc. Afric. Paris,
t. XIII, 1943 (1945), p. 209-213.
— Dictionnaires malgaches. Ibid., p. 213-215.
— Madagascar, pays du bœuf. La Nature, 15 oct. 1945, p. 305-308.
P. Le Scour (Mlle), Aide-technique. — Au Musée de l’Homme. Une
cérémonie d’amitié franco-indochinoise. Indo-Chine française, juin
1945, p. 107.
— Le Bouddhisme en Indochine. La Nature. Paris, 1er juillet 1945, p. 204.
R. Hartweg, Aide-technique. — L’Anthropologie du Sahara. In : Encyclo-
pédie coloniale et maritime, 1945, t. I. L’Algérie.
J. Mauduit, Aide-technique. — La grotte de Paradou à Saint-Hippolithe-
du-Fort (Gard). Bull. Soc. Préhist. franç. Paris, t. XLII, 1945,
p. 111, 1 fig.
A. Schaeffner, Maître de recherches. — Sur deux instruments de musique
des Bata (Nord Cameroun). Journ. Soc. Afric. Paris, t. XIII, 1943
(1945), p. 123-151.
— Francis Poulenc. Contrepoint, n° 1, 1945.
M. Leiris, Chargé de Recherches. — Prestige de la Gold Coast. Échange.
Paris, n° 2, déc. 1945, p. 67-79.
H. Reichlen, Chargé de Recherches. — Étude technologique de quelques
objets d’or de Lambayeque, Pérou. Journal Soc. Améric.,
Paris, t. XXXIII, 1941 (1945), p. 119-149, 1 pl.
— 13 —
E. Lot (Mlle). — Les Mordves et les Tchérémisses. La Nature, 1er avril
1945, p. 101-105.
M. Leenhardt, Directeur d’ Études à l’École des Hautes-Études. —
Totem et identification. Revue d’ Histoire des religions, t. XXII,
1944, p. 5-17.
— G. Grey. In Colonies et Empire. lre sér. Etudes coloniales. Technicien
de la Colonisation, xix-xxe siècles, Presses Universitaires, 1945,
p. 211-231.
Laroche (Mme). — Ornements de pirogue de la Nouvelle-Guinée hollan-
daise. Bull, et Mém. Soc. Anthrop., 9e sér., t. IY, 1943 (1945).
H. Lèhmann. — El Museo arqueolôgico de la Universidad del Cauca en
Popayén. Boletin de arqueologia. Bogota, t. I, n° 3, 1945, p. 229-
239, 3 pl.
— • Arqueologia de Moscopân. Rev. Inst, etnol. nacional. Bogotâ, t. I,
2è partie, 1944, p. 657-670, 4 pl.
Zoologie : Mammifères et Oiseaux.
E. Bourdelle, Professeur. — Les migrations des Oiseaux. Chasses du
Sus-Ouest, déc. 1945, p. 14-19.
J. Berlioz, Sous-Directeur de laboratoire. — Acclimatation, Chasse et
Ornithologie. Bull. Soc. Acclim., 1944, p. 15 (paru en 1945).
— et Chr. Jouanin. — Liste des Trochilidés trouvés dans les collections
commerciales de Bogota. L’Oiseau et Rev. franç. Orn., XIY, 1944,
p. 126 (paru en 1945).
P. Rode, Assistant. — Catalogue des types de Mammifères du Muséum .
National d’Histoire Naturelle. — Ordre des Rongeurs. Bull. Mus.
Hist. Nat., 2e sér., t. XVII, n° 1, p. 24-31 ; n° 2, p. 95-102 ; n° 3,
p. 201-208.
— La sérologie systématique. Son but, ses méthodes, son avenir.
* Mammalia, t. IX, nos 3-4, p. 95-101.
— Les Rats-Taupes africains. Mission scientifique de l’Omo, VI, n° 57.
Mém. Mus. Ilist. Nat., t. XIX, fasc. 1, 1945, p. 23-29.
— et P. Cantuel. — Les Crossopes de l’Europe occidentale. — Contri-
bution à la systématique du genre Neomys Kaup. Mammalia,
t. IX, n° 1, p, 20-29.
— et R. Didier. — Atlas des Mammifères de France. Editions N. Boubée,
1 vol., 224 p., 114 fig. , 12 pl. col.
— - et Ph. Herskovitz. — Désignation d’un lectotype de Callithrix peni-
cillatus (E. Geoffroy). Bull. Mus. Hist. Nat., 2e s., t. XVII ; n° 3,
p. 221-222.-
G. Bouet, Correspondant du Muséum. — Révision des Collections d’Oi-
seaux recueillis au Congo et dans l’Oubangui par la Mission J. Dy-
bowsky (Avril 1891-Mai 1892). L’Oiseau et Rev. Franç. Orn., XIV,
1944, p. 44.
G. Dehaut, Correspondant du Muséum. — Sur la signification du triple
faciès géographique dont les Dicotyles Cuvier sont empreints. Bull.
t Mus. Hist. Nat., 2e s., t. XVII, n° 1, p. 32-36.
14 —
— Les doctrines de Georges Cuvier dans leurs rapports avec le transfor-
misme. Encycl. biologique, Lechevalier, édit.* Paris, a® XXIV,
34 p., 10 fxg.
A. Jeannin. Correspondant du Muséum. — Considérations sur les migra-
tions des Mammifères sauvages. Mammalia, t. IX,, nos 3-4, p. 69-89.
P. Dekkyser, Attaché au Muséum. — A propos des Chats de l’Afrique
noire française. Mammalia, t. IX, n° 2, p. 51-67.
F. Bourlière. — Recherches physiologiques sur la sénescence des Mam-
mifères. Mammalia, t. IX,, n® 2, p. 47-50.
ETHOLOGrlTS DES ANIMAUX SAUVAGES.
Ach. Urbain, Professeur. — Allocution prononcée aux obsèques du Pro-
fesseur Pellegrin. Bull. Mus., 2e sér., t. XVI, n° 5, 1944.
— Allocution prononcée à la séance de l’assemblée de MM. les Professeurs
du Muséum. Bull. Mus., 2e sér., t. XVI, n° 5, 1944.
— Le langage des Singes. Rev. Path. comparée et Hygiène générale, t. XLV,
p. 359,1945.
— Allocution prononcée à la séance de l’assemblée de MM. les Professeurs
du Muséum. Bull. Mus., 2e sér., t. XVII, n° 4, 1945.
— L’alimentation des animaux des Parcs Zoologiques. Bull. Soc. Scient.
Hygiène alimentaire, p. 137, 1944.
— Intoxication du porc par l’Erviïlîer. Bull. Acad. Vêtir., t. XVIII,
p. 98, 1945.
— L’encéphalite infectieuse du cheval. Sa propagation à l’espèce humaine.
Sujets médicaux d’actualité, G. Doin, édit., Paris, 1945r pi 187.
— J. Nouvel, Assistant et P. Bullier, Sous-Directeur. — Rapport sur
la mortalité et la natalité enregistrées au Parc Zoologique du Bois
de Vincennes en 1944. Bull. Mus., t. XVII, p. 209, 1945.
— P. Bullier et J. Nouvel. — Naissance d’un Eléphant d’Asie (Elephas
maximus L.) au Parc Zoologique du Bois de Vincennes. Mammalia,
t. IX, 1945, p. 92.
J. Nouvel, Assistant. — Les insecticides pour le bétail. Presses documen-
taires, Paris, juin 1945.
- — et J. Anthony. — Fracture du maxillaire inférieur et luxation temporo
maxillaire chez un Coendou. Bull. Acad. Vélér., t. XVIII, p. 112,
1945.
Ed. Dechambre, Sous-Directeur. — Le dernier castor tué dans l’Yonne.
Soc. Nat. Acclimatation. Conférences, p. 112, 1944.
— Projet d’enquête sur les origines de la domestication. Journ. Soc.
Africanistes, XII, p. 133, 1943.
- — Quelques documents sur l’histoire et l’origine des lévriers. Soc. Nat.
Acclimatation. Conférences, p. 31, 1944.
— et H. Drieux. — Tumeur de la thyroïde chez une panthère’ d’Afrique.
Bull. Acad. Vétér., t. XVIII, p. 187, 1945.
— G. Gu illot et P. Roth. — Quelques cas d’ aspergillose chez les oiseaux
de volière. Bull- Acad „ Vétér. x t. X.VII, p. 369r 1944.
— 15
P. Rot-h. — L’exophtalmie dans la métamorphose expérimentale des
batraciens anoures. Bull. Mus., t. 16, p. 36&, 1944.
— Rôle du rythme saisonnier dans la métamorphose expérimentale des
têtards d ’Alytes obstetricans (Laur..). Bull . Mus,, t. XVI, p. 422,
1944.
— Contribution à l’étude de Faction de la thyroxine et substances anta-
gonistes dans la métamorphose des batraciens anoures. Thèse de
doctorat de l’Université de Paris, 23 juin 1945.
Zoologie ; Reptiles et Poissons.
L. Bertin, Professeur. — La distribution mésogéenne des Elops. — - C. R.
Soc. B io géographie, 1944, XXI, p. 17-23, fig.
— Aquarelles et sépias ayant servi à l'illustration des ouvrages ichthyo-
logiques de Louis Agassiz. Bull. Mus., 1944 (2), XVI, p. 415-417.
— - Modifications proposées dans la nomenclature des écailles et des
nageoires. Bull. Soc. Zool., 1944, LXIX, p. 198-202.
— . F. Angel, Assistant honoraire. — Contribution à Fétude de la faune
herpétologique du Sahara central. Bull. Mus., t. XVI, 1944, p. 418.
— Un Lézard nouveau du Mont Nimba (Hte-Guinée française) apparte-
nant au genre Lygosoma (Matériaux de la Mission Lamotte en 1942
(3e note). Ibid., p. 293. ,
— Une nouvelle espèce d’Amphibien (genre Hylambates ) de la Hte-Guinée
française (Matériaux de la Mission Lamotte au M* Nimba en 1942).
Ibid., p. 420.
— Sur quelques variations montrées par le Pyxis arachnoides Bell, Testu-
dinidé de Madagascar. Ibid., 1945, p. 223.
— Les Lézards de Madagascar. M'ém. Acad, malgache , fasc. 36, 1942,
p. 1-913, 22. pl.
— et M. Lamotte. — Sur la viviparité et la parthénogénèse probable
d’un Amphibien anoure nouveau d’Afrique occidentale ( Necto -
phrynoides occidentalis Angel). C. R. Ac. Sc. Paris, t. 219, 1944,^
p. 370.
ENTOMOLOGIE.
R. Jeannel, Professeur. — Le peuplement entomologique de Madagascar
et de la région malgache. C. R. somm. Soc. Biogéogr., Paris, XXII,
p. 9-14.
— - Sur une modification insolite de l’organe copulateur mâle de certains
Coléoptères. Bull. Soc. Zool. Fr., LXX, 1945, p. 8-11.
— Mission scientifique de l’Omo. VI. Faune des terriers des Rats-Taupes.
Généralités, Coléoptères (en collaboration avec R. Paulian) et
Trichoptères. Mém. Mus. nat. Hist. nat., Paris, XIX, 1945,
p. 3-32, 51-148 et 159-162.
L. Chopard, Sous-Directeur. — Les invasions de Sauterelles. La Nature,
mai 1945, p. 129-131.
— Orthoptéroïdes recueillis dans les montagnes du Cameroun par la
mission Lepesme, Paulian et Villiers. Rev, jr, Ent. , XI, p. 156-178,
1945.
16
— Results of the Oxford University Expédition to Sarawak (Bornéo),
1932. Gryllacridae and Gryllidae. The Ent. m. Mag., LXXYI,
p. 188-204, 1940.
— La vie des Sauterelles. Paris, Gallimard, in-8°, 204 p., 18 pl.
L. Berland, Sous-Directeur. — Les Scorpions, 204 p., 10 fig. Paris, 1945,
, dans : les livres de nature, éditions Stock.
— Polynesian Spiders. Occas. papers Bernice P. Bishop Mus., XVII,
I, 24 p., 60 fig.
— Remarques sur des Araignées captùrées par des Hyménoptères préda-
teurs des îles Marquises. Bull. Soc. ent. France, 1945, p. 23-26.
— Une erreur d’observation de l’instinct. L’Entomologiste, I, 1945,
p. 140.
G. Colas, Assistant. — L’emballage et l’expédition des Insectes. L’Ento-
mologiste, t. I, fasc. 2 et 3, p. 42.
— La préparation des Coléoptères. L’ Entomologiste, t. I, fasc. 6 et 7,
p. 102, 1945.
— Note sur quelques Coléoptères endogés capturés dans le massif de
l’Estérel. Ibid., fasc. 8 et 9, p. 120, 1945.
J. Bourgogne, Assistant. — Notions élémentaires de Génétique. Rev.
fr. Lépidoptérologie, t. X, p. 34-47 et 49-63, 1944.
R. Paulian, Assistant. — Hybosoridae et Trogidae. Exploration du Parc
national Albert. Mission de Witte, 1933-1935. XLVI, 1944, 8 p.,
1 PL
— Coléoptères Scarabéides de l’Indo-Chine française. Faune de l’Empire
français, III, 1945, 250 p., 108 fig.
— Les Insectes Marins. — La Nature, 3094, 1945, 3 p., fig.
- — Les Céleuthétides des Nouvelles Hébrides. Rev. franç. Ent., XI, 1945,
p. 180-200.
— L’Année Coléoptérologique 1943-1944. Id., XII, 1945, p. 53.
— Observations biologiques et anatomiques sur Agyrtes bicolor Lap. Bull •
Soc. ent. France, 1945, p. 12-15, 3 fig.
— et Serfaty. — Caractère du rythme nycthéméral des larves
d’Aeschnes. Bull. Muséum (2), XVII, 1945, p. 176-178.
Cl. Delamarre-Deboutteville. — Notes faunistiques sür les Collemboles
de France (lre note). Bull. Soc. ent. Fr., XLVIII, 10, p. 149-152,
3 fig., 1943.
- — Collemboles cavernicoles du Portugal récoltés par de Barro Machado.
Rev. franç. Ent., XI, 1, p. 29-35, 3 fig., 1944.
- — - Notes biplogiques sur un Psocoptère ( Lepidilla Kelloggi Ribaga) non
encore signalé en Europe continentale. Bull. Soc. ent. Fr., L, 4 ;
pp. 52-54, 1945.
— Sur quelques collemboles de la région de Banyuls (Pyr.-Or.), avec la
description d’une espèce troglobie. IcC., L, 6, p. 70-72, 1 fig., 1945.
- — Notes faunistiques sur les Collemboles de France (2e note). Contribu-
tion à l’étude des Anurophorini, Pantapleotoma pearmahi (Wom.).
Le genre Micranurida C. B. Rev. franç. Ent, XII, 1, pp. 22-31,
2 fig., 1945.
— Mission Scientifique de l’Omo, VI, 57. Faune des Terriers des Rats-
Taupes. III. Collemboles. Mém. Mus. Nat. Hist. Nat., nouv. sér.,
XIX, p. 31-50, 4 fig., 1945.
— 17
Zoologie : Vers et Crustacés.
L. Fage, Professeur, Membre de l’Institut. — A propos de quelques
Araignées cavernicoles de Crête. Bull. Mus., 2e sér., t. XVII,
p. 109-114, 3 fig., 1945.
— Arachnides cavernicoles nouveaux de Madagascar. Ibid., p. 301-307,
4 fig., 1945.
— Les Cumacés du plancton nocturne des Côtes d’Annam. Arch. Zool.
Exp. et Gén., t. LXXXIV, fasc. 3, p. 165-224, 43 fig., 1945.
— Le Docteur Jules Richard (1863-1945). Bull. Soc. Zool. France ,
t. 70, p. 37-39, 1945.
M. André, Sous-Directeur du Laboratoire. — Un nouveau sous-genre
d’ Euthrombidium (Acarien, Thromb.). Bull. Mus., 2e sér., t. XVII,
p. 226.
— Sur une nouvelle espèce française d’Acarien, appE.rtenant au genre
Microtlirombidium Haller. Ibid., p. 307.
— Note complémentaire sur Anomalothrombium madagascariense
M. André (Acarien, Thromb.). Ibid., p. 310.
— Une forme larvaire de Thrombidion (Acarien) trouvée en France et
constituant le type d’un genre nouveau. Ibid., p. 409.
— De la faculté saltatrice chez une larve de Thrombidion. Ibid., p. 407.
— Sur les dommages causés en France aux cultures de Soja par l’invasion
d’un TéHanyque. C. R. Acad. Agricult., t. XXXI.
— A propos du Microthrombidium (s. str.) gallicum M. André (Acar.
Thromb.), Bull. Mus., 2e sér., t. XVII, p. 471.
— Un Thrombicula nouveau recueilli en Afrique-Orientale (T. scapulosa
n. sp.). Ibid., p. 472.
— et G.-A. Béhue. — Observations sur l’Acariose des Abeilles et sur
l’emploi du salycilate de méthyle et du liquide de Frow dans la
lutte contre le parasite. Ibid., p. 115.
M. Vachon, Assistant. — Remarques sur les appendices du prosoma des
Limules et leur arthrogénèse. Arch. Zool. Exp. et Gén., t. LXXXIV,
fasc. 6, p. 271-300, 16 fig., 1945.
— Piemarques sur un Pseudoscorpion des cavernes de France : Pseudo-
blothrus Peyerimhoffi (E. S.) = Blothrus Peyerimhofp. E. S. 1905.
Bull. Mus., 2e sér., t. XVII, p. 230-233, 7 fig., 1945.
— - Remarques sur les organes génitaux de quelques Solifuges. Ibid.,
t. XVII, 11 fig., 1945.
F. Grandjean, Membre de l’Institut. — L’orthotaxie, la pléthotaxie et
les écarts en biologie. C. R. Soc. phys. et Hist. nat. Genève, t. 60,
p. 118, 1943.
— Les trichobotries pédieuses des Acariens et leur priorité chez les Bdelles
Ibid., p. 241, 1943.
— Observations sür les Acariens du genre Caeculus. Arch. Sci. phys. et
nat., Genève, t. 26, p. 33, 1944.
— Les « taenidies » des Acariens. C. R. Soc. phys. et Hist. nat. Genève,
t. 61, p. 142, 1944.
— Observations sur les Acariens de la famille des Stigmaeidae. Arch.
Sci. phys. et nat. Genève, t. 26, p. 105, 1944.
Bulletin du Muséum, 2e séria, t. XVIII, n° 1, 1946.
2
/
— 18 —
— Observations sur les Acariens (8e série). Bull. Muséum, Paris, 2e sér.,
t. XVII, p. 399.
J.-M. Démangé, Attaché. — Le portage des œufs par les femelles de Litho-
bius forficatus L. (Myr. Chil.) Bull. Mus., 2e sér., t. XVII, p. 234.
— Le spertamophore de quelques Scolopendromorphes (Myr. Chil.).
Ibid., p. 483.
E. Dresco, Attaché. — Transport d’un objet à la place de cocon chez
Pardosa paludicola Clerck. L'Entomologiste, t. I, fasc. 8-9, p. 141,
1945.
H. Nouvel. — Description du type de Processa coutierei Nobili 1904
(Crust. Décap.). Bull. Muséum Paris, 2e sér., t. XVII, p. 395.
R. Chardard. — Sur les organes sacciformes de deux Serpuliens : Mari-
fugia cavatica Absolon et Hrabé et Mercierella enigmatica Fauvel.
Bull. Muséum Paris, 2e sér., t. XVII, p. 493.
Malacologie.
E. Fischer-Piette, Professeur. — Récolte malacologique du Professeur
Humbert dans le Nord de Madagascar. Bull. Muséum, 2e sér.
t. XVII, 1945, p. 41-46.
— Liste des Gastéropodes des terrasses d’oueds sahariens, in Letour-
neux, C. R. Soc. Géol. Fr., n° 8, p. 85 (1944).
— Nouvelles observations sur les Patelles à croissance rapide du milieu
d’estuaire, Bull. Labor. marit. Dinard, fasc. 27, pp. 22-26, 1 fig.
— La collaboration de la marine et du Muséum dans l’exploration scien-
tifique des mers du globe. Communie, et Mém. Acad. Marine,
séance du 8 juin 1945, p. 1-15.
— et P. -H. Fischer. — Edouard Lamy, Nécrologie, Liste des publica-
tions scientifiques, liste des espèces nouvelles. Journ. Conchyl.,
vol. 86, 1945, p. 6-28.
— Liste des révisions de Lamellibranches marins vivants effectuées sur
les collections du Muséum par Ed. Lamy et ceux qui l’ont précédé
ou suivi. Journ. de Conchyl., vol. 86, 1945, p. 28-29.
G. Ranson, Sous-Directeur du Laboratoire. — Les Scyphoméduses de la
collection du Muséum National d’Histoire naturelle de Paris.
I. Note sur une espèce nouvelle, Catostylus Perezi n. sp. BulL
Mus., 2e sér., t. XVII, 1945, p. 236.
— Les Scyphoméduses de la collection du Muséum National d’Histoire
naturelle de Paris. IL Catalogue ^raisonné ; origine des récoltes.
Ibid., p. 312.
J.-M. Pérès, Sous-Directeur du Laboratoire. — Contribution à l’étude
des Unionidae de l’Afrique du Nord. Bull. Mus. Hist. nat., 1945, I,
12 p.
— Remarques sur quelques Ascidies arctiques. Bull. Inst. Océanogr .,
1945, n° 880, 8 p., 1 fig.
— Première contribution à l’étude du sang et de la tunique des
Didemnidae. Ibid., n° 882, 18 p., 7 fig.
— - Recherches sur l’organe neural des Ascidies Aplousobranches. Ibid.,
n° 888, 12 p., 2 fig.
— 19
G. Cherbonnier, Assistant. — Les Mollusques de France da la collection
Locard. Mollusques terrestres (6e note). Famille Helicidae (suite).
Bull. Mus. nat. Hist. nat., 2e sér., t. XVII, n° 1, 1945, p. 57-45.
— Id. (7e note). Famille Helicidae (suite). Ibid., n° 2, 1945, p. 47-54.
— Id. (8e note). Famille Helicidae (suite), Ibid., n° 5, 1945.
A. Tixier-Dürivault, Chargé de Recherches du C. N. R. S. — Les Alcyo-
naires du Muséum national d’ Histoire naturelle. I. Famille des
Alcyoniidae. I. Genre' Lobularia. Arch. origin. Sera. Documentation,
n° 174, 191, p., 268 pl.
— Révision de la famille des Alcyoniidae. IL Le genre Sinularia May.
Arch. Origin. Sera. Documentation, n° 202, 174 p., 194 pl.
— Les Acyonaires du Muséum : L Famille des Alcyoniidae, 2. Genre Sinu-
laria Bull. Mus., 2e sér., t. XVII, 1945, n° 1, p. 55.
— Id. (suite). Ibid., t. XVII, 1945, n° 2, p. 145.
— Id. (suite) Ibid., t. XVII, 1945, n° 3, p. 243.
— Id. (suite). Ibid., t. XVII, 1945, n° 4, p. 321.
A. Chavan, Attaché de Recherches du C. N. R. S. — Sur un dépôt pléis-
tocène à Cardium près do Gruissan (Aude). C. R. S. Soc. Géol. Fr.,
5 févr. 1945, p. 25-26.
— Essai de corrélation entre les variétés de Cardium edule. Bull. Mus.,
2e sér., t. XVII, 1945, p. 121-135.
— Les Lamellibranches hétérodontes des sables Astartiens de Corde-
bugle (Calvados). I. Astartidae, Cyprinidae, Isicoardiidae. Journ.
Conchyl., vol. 86, 1945, p. 41-88, 1 pl. et 19 fig. texte.
A. Pruvot-Fol. - — - Sur le mode de nutrition des Tuniciers. Bull. Labor.
marit., Dinard, fasc. 27, p. 15-18, 1 pl. et 2 fig. texte.
Anatomie comparée des végétaux vivants et fossiles.
A. Loubière, Professeur. — Les Sphénoptéridées paléozoïques et leur
classement suivant leur niveau géologique. Bull. Muséum, 2e sér.,
t. XVII, p. 461.
— Notice supplémentaire sur ses travaux scientifiques. Paris, 1945.
P. Lebard, Assistant. — L’Optimum et l’Influence du milieu chez les
Végétaux. Bull. Muséum, 2e sér., t. XVII, p. 524.
MUe Villars. — Action des rayons X, du polonium et de différents
agents chimiques sur les cellules méristématiques des végétaux
supérieurs. ( Thèse de Doctorat ès-Science), Paris, 1945.
Phanérogamie.
H. Humbert, Professeur. — Une curieuse anomalie par torsion chez Equise-
tum ramosissimum Desf. Bull. Soc. Bot. Fr., t. 92, p. 45-47, 1945.
J. Léandri, Sous-Directeur du Laboratoire. — Euphorbiacées récoltées
à Madagascar par M. Ch. d’Alleizette. Bull. Soc. Bot. Fr., t. 91,
p. 224-226, 1944.
— 20
— Contribution à l’étude des Euphorbiacées de Madagascar. IX. Groupe
de 1 ’Euphorbia pyrifolia et observations sur la section Goniostema.
Not. Syst., t. XII, p. 64-79. 1945.
— Quelques galles d’Euphorbiacées malgaches. Rev. franç. d’Entom.,
t. XII, p. 51-52, 1945.
Mme Tardieu-Blot, Sous-Directeur du Laboratoire. — Les Aquifoliacées
d’Indochine : répartition, affinités et description d’espèces nou-
velles. Not. Syst., t. XII, p. 113-123, 1945.
— Flore générale de V Indochine, supplément, iasc. IV, 1945 : Sterculiacées,
p. 392-440 ; Linacées, p. 501-504 ; Erythroxylacées, p. 504-506.;
Zygophyllacées, p. 544 ; Oxalidacées, p. 547-550 ; Géraniacées,
p. 551-552 ; Balsaminacées, p. 553-588.
F. Gagnepain, Sous-Directeur honoraire. • — Flore générale de V Indochine,
supplément, t. I, fasc. 4 : Malvacées (fin), p. 365-391 ; Tiliacées,
p. 440-501.
F. Pellegrin, Maître dé Recherches du C. N. R. S., Sous-Directeur hono-
raire. — Méliacées et Dichapétalacées nouvelles d’Indochine.
Bull. Soc. Bot. Fr., t. 91, p. 177-180, 1944.
R. Benoist, Maître de Recherches du C. N. R. S., Sous-Directeur hono-
raire. — Contribution à la connaissance de la flore de la Guyane
française. Bull. Muséum, 2e s., t. XVII, p. 65-69, 1945.
— Descriptions de nouvelles Acanthacées malgaches. Not. Syst., t. XII,
p. 1-16, 1945.
— Plantes récoltées en Equateur. Bull. Soc. Bol. Fr., t. 91, p. 97-100 et
191-194, 1944.
— La chasse des Apides (Hyménoptères) sur les fleurs des Saules. L’Ento-
mologiste, t. I, p. 164-168, 1945.
P. Jovet, Assistant. — Remarques sur la végétation d’une ligne aérienne
du- Métropolitain de Paris. C. R. Somm. séanc. Soc. Biogéogr.,
n° 182, p. 61-63, 1944.
— L’œuvre phytogéographique de Pierre Allorge. Ibid., p. 25-31.
J. Arènes, Assistant. — Hybrides nouveaux de Composées-Cynarocé-
phales (suite et fin). Bull. Muséum, t. XVI, p. 519-524, 1944.
— Le groupe spécifique linnéen du Cirsium lanceolatum (L.) Hill. Not.
Syst., XII, p. 16-41, 1945.
— - Les Acridocarpus de Madagascar. Ibid., p. 42-64.
— Contribution à l’étude de la géographie botanique du Var septen-
trional. Bull. Soc. Bot. Fr., t. 92, p. 1-9, 1945.
H. Perrier de La Bathie, Directeur de Recherches du C. N. R. S. —
Notes sur quelques Mélastomacées nouvelles ou peu connues de •
Madagascar. Not. Syst., t. XII, p. 89-113, 1945.
— Les genres Nesogordonia Baill. et Helmiopsis nov. gen. de Madagascar.
Bull. Soc. Bot. Fr., t. 91, p. 226-232, 1944.
— Salvadoropsis nouveau genre de Célastracées de Madagascar, ibid.,
p. 96-97.
— Révision des Anacardiacées, Burséracées et Icacinacées de Madagascar
et des Comores, Mém. Muséum, t. XVIII, p. 243-308, 1944.
— Flore de Madagascar et des Comores, 143e Famille, Passifloracées,
50 p.
21 —
Mlle A. Camus. — Un nouvel hybride du genre Bromus. Bull. Soc. Bot.
Fr., t. 91, p. 79-80, 1944.
— Deux espèces voisines du Lithocarpus Kunstleri. Ibid., t. 92, p. 9-10,
1945.
— Graminées nouvelles de Madagascar. Ibid., p. 50-53.
— Sur la présence de nervures tessellées dans les feuilles de Graminées.
Bull. mens. Soc. Linn. Lyon, t. XIY, p. 70, 1945.
— Sur deux genres de Bambusoideae. Ibid., p. 185.
— Combinaisons nouvelles. Notulae syst., t. XII, p. 85, 1945.
— Espèces nouvelles du genre Panicum, sous-g.enre Pseudolasiacis.
Ibid., p. 86-88.
— et A. de Cugnac. — -, Un hybride interspécifique nouveau, Bromus
Laagei. Bull. Soc. Bot. Fr., t. 91, p. 172-174, 1944.
P. Senay. — Le Séneçon adventice de Mazamet. Bul. Soc. Bot. Fr., t. 91,
p. 111-113, 1944.
Cryptogamie.
Roger Heim, Professeur. — Notes systématiques sur les champignons du
Perche. I. Les Russules de l’espèce collectivé « violacea ». Rev. de
Mycol., t. VIII, n. s., p. 87-97, 1 pl., 1943 (paru en 1945).
— Remerciements (à l’Académie d’Agriculture) (Eloge de Marin Mol-
liard). C. R. Ac. Agric., p. 422-423, séance du 11 juil. 1945.
— Présentation d’un ouvrage (de M. A. Saccas, concernant ses recherches
systématiques et biologiques sur les Fusicladium des Rosacées).
C. R. Ac. Agric., p. 479-480*, séance du 31 oct. 1945.
— Etudes anatomiques et taxonomiques sur les Agarics tropicaux à
hyménium tubuié (Madagascar, Afrique intertropicale, Antilles,
Insulinde). Rev. de Mycol., t. X, n. s., p. 3-61, 40 fig., 4 pl. photogr.
hors texte, 1945.
— Problèmes et méthodes de la Mycologie aux colonies (extrait). Rev.
de Mycol., t. VIII, n. s., Supplém. n° 3, p. 74-77, 1943 (paru en
1945).
— Rapport sur l’attribution du prix de Coincy. Bull. Soc. Bot. de Fr.,
t. 92, 1 p. 1945.
— Revue de Mycologie, t. VIII, 1943 ; t. IX, 1944.
— - Titres et travaux scientifiques (Supplément : 1932-1945). 63 p., 14 fig.,
Paris, 1945.
R. Lami, Assistant. — Notules d’Algologie marine (suite). — X. Quelques
galles bactériennes d’algues marines. Bull. Labo. Marit. Dinard,
fasc. XXVII, 2 pl., 1 fig., 1945.
— In Memoriam. Gontran Gamel, Pierre Frémy, Emile Chemin. — Bull.
Labo, marit. Dinard, fasc. XXVII, 1945.
— - J. Portier et M. Serpette. — Sur le déplacement des Closterium
(Desmidiées) cultivés sur gélose. C. R. Ac. Sc., t. 218, 1944 (paru
en 1945). N
P. Jovet, Assistant. — L’œuvre phytogéographique de Pierre Allorge,
C. R. somm. séances Soc. Biogéogr., 1944, p. 25-31 (paru en 1945).
— 22 —
— Révision de quelques Muscinées du Valois (V). Bull. Muséum 2e sér.,
n° 2, p. 155-161.
— Id. (VI). Ibid., p. 256-263, 1945.
— Id. (VII). Ibid., p. 342-349, 1945.
— - et Mme Suzanne Jovet. — Peuplement bryologique des bois pourris-
sants et rochers ombragés des environs de Samoëns (Haute-Savoie).
Rev. Bryol. et Lichen., t. XIII, p. 120-148, 6 fig., 1 graphique,
2 tabl., 1944, (paru en 1945).
Mme S. Jovet-Ast, Assistante. — Répartition de quelques Hépatiques
des Nouvelles-Hébrides. C. R. somm. Soc. Biogêogr., n° 180, p. 39-
43, 1944 (paru en 1945).
— Muscinées de la pointe de Chalune (Haute-Savoie). Bull. Muséum,
2e sér., t. XVII, p. 264-267, 1945.
J. Duché, Maître de Recherches du C. N. R. S. — Les champignons
aquatiques. Rev. Pisciculture, 136-151, 1945.
Mme V. Allorge, Chargée de Recherches du C. N. R. S. — La végétation
et les groupements muscinaux des montagnes d’Algésiras. Mém.
Muséum Nat. Hist. Nat., n. s., t. XIX, fasc. 3, 32 p., 1945.
— Le Telaranea nematodes (Gottsche) Howe dans le domaine ibéro-
atlantique. C. R. somm. Soc. Biogêogr., n° 182-183-184, p. 58-60,
1944.
— Au sujet du Sphagnum molle Sull. en Espagne et de sa variété limbatum
Wst dans les Landes. Rev. Bryol. et Lichén., t. XIV, 163-167, 1944.
M. Chadefaud, Attaché. — Une Euglène à sillon prévestibulaire ventral.
Bull. Soc. bot. France, t. 91, p. 115-117, 1944.
— Les mitochondries des Euglènes. Ibid., t. 91, p. 174-176, 1944.
— Sur la position systématique des Vauchéries. Ibid., t. 92, p. 47-50,
1945.
— Caractères cytologiques remarquables d’une Spirogyre. C. R. Ac. Sc.,
t. 220, p. 463-465, 1945.
— Sur une Chloromonadine incolore. Rev. Scient., t. 82, p. 43-45, 1944.
— Etudes d’Asques, IV : L’asque hémioperculé de Leotia lubrica. Rev.
Mycol., t. IX,; n. s., p. 3-13, 22 fig., 1944 (paru en 1945).
— et Mlle J. Arlet. — Sur la cuticule des Eugléniens et son appareil
argyrophile. C. R. Ac. Sc., t. 219, p. 220-222, 1944.
R. Gaume, Attaché de recherches du C. N. R. S. — Sur quelques groupe-
ments muscinaux de la forêt de Huelgoat (Finistère). Revue Bryol.
et liché., t. XIII, p. 43-57, 1944 (paru en 1945).
— Deux Fissidens nouveaux pour la région parisienne. Bull. Soc. bot.
France, t. 92, fasc. 4-5, 74-75, 1945.
Mme M. Le Gal, Attachée de recherches du C. N. R. S. — Contribution à
l’étude des Ciliaria. Bull. Soc. Mycol. de France, t. LXI, 5 p.,
2 fig., 1945.
H. Romagnesi. — La cystide chez les Agaricacés. Rev. Mycol., t. IX, n. s.,
supp. n° 1, p. 4-21, 12 fig., 1944 (paru en 1945).
G. Bimont. — Manuel pratique du botaniste herborisant. 1 vol. in-8°,
88 p., 26 fig., Paris, 1945.
— 23 —
Culture.
A. Guillaumin, Professeur. — Matériaux pour la Flore de la Nouvelle-
Calédonie, LXXXIII-LXXXV. Not. Syst., XII, p. 79, 81, 84.
- — Espèces nouvelles de Rutacées d’Indo-Chine. Bull. Soc. bot. France,
91, p. 213.
— Plantes nouvelles, rares ou critiques des serres du Muséum. Ibid.,
,p. 504.
— Encore du nouveau sur les X Pyronia et les -f- Pyro-Cydonia. Bull.
Mus., 2e sér., XVII, p. 251.
— La disparition des collections de plantes de' serres du Muséum. Ibid.,
p. 153 et Rev. hort., n. sér., XXIX, p. 177.
— Fruits de X Pyronia et de + Pyro-Cydonia. Rev. hort., 1. c., p. 165,
1 pl.
— Quelques monstruosités florales observées en 1944. Bull. Soc. nat.
Hort. France, 6e sér., XI, p. 76.
— Un balai de sorcière sur Negundo aceroides. Ibid., XII, p. 22.
— Le Poireau de Vignes. C. R. Acad. Agric., XXX, p. 513.
— Patates et ignames dans la région parisienne et plus au nord. Rev.
Bot. app.., XXIV, p. 165.
— Victor Considérant, la Reine Victoria, Mr et Mrs Nickels et le Tsar
Ferdinand à propos de Y Agave V ictoriae-Reginae. Ann. Sc. nat.
Bot., lie sér.t VI, p. 133.
— Nouveau voyage autour de mon jardin. Soc. Acclim. Conférences,
1944, p. 1.
— Dernier voyage autour de mon jardin. Ibid., p. 72.
Comment obtenir facilement par la culture des aliments végétaux
riches en vitamines. Carnet de V Econome, 1945, p. 149.
— et E. Manguin, Chef des serres. — Floraisons observées dans les serres
du Muséum en 1944. Bull. Mus., 2e sér., XVII, p. 64.
Paléontologie.
C. Arambourg, Professeur. — Contribution à Pétude géologique et paléon-
tologique du Bassin du Lac Rodolphe et de la Basse Vallée de l’Omo
(Mission Scientifique de I’Omo, 1932-1933, t. I, fasc. 2). (Editions
du Muséum, Paris, 74 p., 22 fig., 7 pl., 1 carte au 500.000e), 1943.
— Les Hippopotames fossiles d’Afrique. C. R. A. S., t. 218, p. 602-604,
3 fig., 1944.
— Au sujet de YHippopotamus hipponensis Gaudry. Bull, delà Soc. Géol.
de France, 5e sér., t. XIV, p. 147-153, 1 fig., 1 pl., 1 tableau, 1944.
— et Joleaud. — Vertébrés fossiles du Bassin du Niger (Etudes strati-
graphiques et paléontologiques sur le Bassin du Niger. II). Bull.
Direction Mines A. O. F. Dakar, n° 7, p. 31-84, 10 fig., 5 pl., 1943.
J. Roger, Sous-Directeur. — Mollusques fossiles et subfossiles du Bassin
du Lac Rodolphe. (Mission scientifique de l’Omo 1932-1933, t. I,
fasc. 2). Editions du Muséum, Paris, 37 p., 2 fig., 2 pl., 1943.
24
— Acnnthoteuthis ( Belemnoteuthis ) Syriaca, n. sp. Céphalopode Di-
branche du Crétacé supérieur de Syrie. Bull. Soc. Géol. France,
Paris, 5e sér., t. XIV, nos 1, 2, 3, p. 3-10, 3 fig., 1944.
— Phylogénie des Céphalopodes Octopodes : Palaeoctopus Newboldi
(Sowerby, 1846) Woodward. ld., p. 87-89, 8 fig., 1 pl.
— La faune carcinologique des couches à Poissons du Crétacé supérieur
du Liban. C. R. A. S., Paris, t. 218, p. 848-850, 1945.
R. Lavocat. — Aperçu sur les Faunes Oligocènes d’Auvergne. Rev. Scien.
natur. d’Auvergne, Clermont-Ferrand, n. s., vol. 10, p. 50-54, 1944.
R. Hoffstetter. — Sur les Scincidae fossiles. — I : Formes européennes
et nord-américaines. Bull. Mus. Paris, 2e sér., t. XVI, n° 6, p. 547-
553, 2 fig., 1944.
— Id., II : Formes subfossiles de l’île Maurice. Ibid., t. XVII, n° 1, p. 80-
86, 2 fig., 1945.
A. de Lapparent. — Empreintes de pas de Dinausoriens du Maroc, expo-
sées dans la Galerie de Paléontologie. Bull. Muséum Paris, 2e sér.,
t. XVII, n° 3, p. 268-271, 3 fig., 1945.
Géologie.
R. Abrard, Professeur. — Les relations du bassin de Paris et du bassin
aquitanien pendant le Lias. C. R. Ac. Sc., t. 218, p. 563-565 1944,
(1945).
— Les relations entre le bassin d’Aquitaine et le Jura au Portlandien
inférieur. Bull. Mus. Hist. Nat., 2e sér., XVI, p. 365-367 1944,
(1945).
— Un effondrement à forme de bétoire dans les Sables de Fontainebleau
à Dannemois (Seine-et-Oise). C. R. som. S. G. F., p. 23-24, 1945.
— Sur la pénétration des formes tempérées dans le Nord du bassin aqui-
tanien pendant le Crétacé supérieur. C. R. Ac. Sc., t. 218, p. 844-
846 1944, (1945).
— Sur la présence de Nummülites contortus Desh. dans le Lutétien d’Ar-
baoua (Maroc). C. R. som. S. G. F., p. 54, 1945.
— L’extension vers l’Est du calcaire marin stampien inférieur de la Ferté-
Alais (Seine-et-Oise), Ibid., p. 89-90, 1945.
— Présence d’un lambeau de Sables de Beauchamp à Senlis (Oise). Bull.
Muséum Hist. Nat., p. 272-273, 1945.
— Observations sur la théorie de l’Ologénèse. C. R. som. Soc. Biogéogra-
phie, p. 76, 1944.
— Lés affinités de Nassa Verbeeki Martin et le groupe de Nassa hirta
Kiener. Journ. de Conchyliologie, vol. LXXXVI, p. 30-33, 1 fig.,
1945.
— Développements aberrants chez des Nummulites. C. R. Ac. Sc., t. 220,
p. 786-787, 1945.
— • et A. Fabre. — Observations sur la faune de Foraminifères de l’Éocène
moyen du Bas-Adour. B. S. G. F., (5), XIV, p. 179-200, 1944.
R. Furon. Sous-Directeur. — Observations à la Note de M. Gaussen sur
« les modifications du paléo-climat et les Cycadales ». C. R. som.
Soc. Biogéographie, p. 35, 1944.
25 —
— Formulaire technique du Préhistorien. 1 vol., 121 p., 45 fig., Paris,
1945 (Lechevalier, édit.).
— Les ressources minérales de l’Empire colonial français. Revue écono-
mique et sociale, n° 21, p. 67-37, n° 22, p. 51-71, 1945.
— et J. Prunet. — Sur la présence du Cambrien marin dans le Nord de
la Côte d’ivoire. Bull. Muséum Nat. Hist. Nat., n° 5, p. 452, 1945.
— A propos des formations quaternaires du delta intérieur du Niger
soudanais. Bull. Muséum Nat. Hist. Nat., n° 5, p. 450-451, 1945.
R. Soyer, Assistant (Fondation du Conseil général de la Seine). — Sur
le contact du Stampien et du Chattien à Andilly (Seine-et-Oise).
Bull. Muséum Nat. Hist. Nat., t. XVII, n° 1, p. 77-79, 1945.
— Un nouvel exemple de berge ancienne de la Seine éboulée à Villennes-
sur-Seine (Seine-et-Oise). Ibid., n° 3, p. 274-277, 1945.
- — et J. Bourcart. — Sur la présence de fossiles marins dans le calcaire
de Saint.-Ouen (Bartonien). C. R. som. S. G. F., p. 98-99 1944,
(1945),.
— A propos de la présence de fossiles marins dans le Calcaire de Saint-
Ouen. Réponse à MM. L. et J. Morellet. C. R. som. S. G. F., p. 148-
149, 1945.
L.-J. Lhoste, Attachée de Recherches du C. N. R. S. — Sur un nouveau
procédé de détermination des Gastéropodes quaternaires. C. R.
som. S. G. F., n° 6, p. 77-78, 1945.
— Révision de quelques Planorbes fossiles (d’après les caractères de la
microsçulpture interne du test et du tour embryonnaire). Bull.
Muséum Nat. Hist. Nat., 2e sér., t. XVII, n° 1, p. 87-92 et n° 2,
p. 166-172, 1945.
— Révision des Succinées fossiles. Ibid., 2e sér., t. XVII, n° 2, p. 173-175,
1945.
L. et J. Morellet, Correspondants du Muséum. — Observations sur la
note de J. Bourcart et R. Soyer. « Sur la présence de fossiles marins
dans le calcaire de Saint-Ouen (Bartonien ) ». C. R. som. S. G. F.,
n° 7, p. 88-89, 1945.
— Présence au Petit-Sérans (Oise) des marnes à Pholadomya ludensis .
Bull. Muséum Nat. Hist. Nat., 2e sér., t. XVII, n° 3, p. 278, 1945-
L. Feugueur. — Note sur le Lutétien dans le Vexin français. C. R. som .
S. G. F., n° 2, p. 13-15, 1945.
— Coupe à Saint-Gervais (Oise). Présence du niveau d’Hérouval (Cuisien).
Bull. Muséum Nat. Hist. Nat., 2e sér., t. XVII, n° 3, p. 279-281,
1945.
Minéralogie.
J. Orcel, Professeur. — Note sur les caractères microscopiques de la
lépidocrocite en lumière polarisée réfléchie. Bull. Soc. fr. Minér.,
t. 67, 1944.
— L’étude des successions minérales dans les gîtes métallifères affiliés
aux magmas éruptifs. Congrès de l’Association française pour
l’avancement des Sciences, 1945 (Congrès de la Victoire), Sciences.
— L’état solide dans la nature : les minéraux et les roches. Conférences
« Enseignement et culture » de l’Union française Universitaire.
26
A. Lacroix, Professeur honoraire. — Nouvelles observations sur les
fulgurites du Sahara. Bull, service des Mines de V A. O. F., n° 6,
1942.
— Les deux frères Haüy. Bull. Soc. fr. Miner., t. 66, 1943.
— Allocution à l’occasion du 20e anniversaire de la Mécanique ondula-
toire. Monsieur Louis de Broglie, sa vie et sa jeunesse. Paris, 1944,
p. 5-9, photographies.
Mlle S. Caillère, Sous-Directeur du Laboratoire. — Etude microsco-
pique de quelques minéraux opaques associés à la serpentine de
Snarum (Norvège). Bull. Soc. Fr. Minéralogie, 1945.
— et S. Hénin. — — Sur l’origine de quelques anomalies présentées par les
courbes thermiques de certaines montmorillonites. C. R. Ac. Sc.,
t. 219, 1944, p. 685-686,
— Sur la transformation expérimentale d’une antigorite (3 en antigorite a,
C. R. Ac. Sc., t. 220, 1945.
et L. Turc. ■ — Modifications expérimentales de la palygorskite de
Taodeni. Application à l’interprétation des courbes thermiques des
argiles de ce groupe. C. R. Ac. Sc., t. 221, 1945.
Mme E. Jeremine, Maître de recherches du C. N. R. S. — Contribution
à l’étude pétrographique des roches cristallines et métamorphiques
de la Mauritanie. Bull. Serv. des Mines de l'A. O. F., n° 6.
• — Sur quelques roches de Tasiast. Bull. Serv. des Mines de l’A. O. F.,
n° 6.
— Sur un nouveau gisement de dumortiérite dans les colonies françaises
(Guinée). Bull. Soc. fr. Miner., 1945.
M. Deiavault, boursier du C. N. R. S. et Maître de Conférences à
l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. — Sur la formation des figures
de corrosion par réaction irréversible en particulier sur les micas.
C. R. Ac. Sc., t. 220, p. 666, 1945.
B. Choubert. — Sur la composition chimique des magmas. C. R. Ac. Sc.,
1945.
Physique appliquée.
Y. Le Grand, Sous-Directeur du Laboratoire. — La haute atmosphère.
Rev. Gén. Sc., t. 52 (1942-45), p. 153.
— La notion de système récepteur indépendant. Année Psych., t. 41,
p. 38.
P. Becquerel. — La vie des Algues huit ans dans le vide sous la tension
de la vapeur d’eau et l’origine de l’oxygène libre de l’atmosphère.
C. R. Acad. Sc., 219 (1944), 368.
A. Ivanqff. — Sur la sensibilité différentielle de la rétine aux sources
ponctuelles. C. R. Acad. Sc., 220 (1945), 620. •
Chimie appliquée aux corps organiques,
Ch. Sannié, Professeur. — Les Mélanines. Exposés annuels de Biochimie
Médicale. Paris, Masson, 1945,
27 —
Ch. Sannié, R. Truhaut et M. Guérin. — Sur la formation de
substances cancérigènes dans l’organisme humain. Action cancéri-
gène de l’insaponifïable du foie de sujets cancéreux. Bull. Acad.
Méd., p. 362, 1944.
Nouvelles expériences sur l’action cancérigène chez la souris de N
l’insaponifiable du foie de sujets cancéreux. Bull. Ass. Franç.
étude Cancer, 32, p. 44-56, 1944-45.
JM. Frèrejacque, Sous-Directeur du Laboratoire. — La nériifoline, nouvel
hétéroside digitalique de Thevetia nériifolia Jus. C. B. Acad. Sc.,
t. 221, p. 645, 1945.
R. Tixier, Assistant. — Contribution à l’étude de quelques pigments
pyrroliques naturels. Ann. Inst. Océan., 22, p. 342, 1945.
Mme Sosa-Bourdouil, Assistante. — Sur la biologie et le chimisme d’un
lichen, Usnea Barbata. C. R. Ac. Sc., 218, 476, 1944.
— Sur le pouvoir oxydant des jeunes graines au cours du développement.
Bull. Muséum, nov. 1944, 2e s., XIV, 566.
— Sur quelques anomalies des fleurs de Matthiola. Bull. Soc. Bot. Fr., 91,
9, 1944.
— Sur un cas singulier de variation désordonnée dans les fleurs de Mat-
thiola. C. R. Ac. Sc., 219, 592, 1944.
A. Sosa, Attaché. — Sur la présence de deux stérols nouveaux et d’un ester
à poids moléculaire élevé dans le Parinarium macrophyllum Sab.
C. R. Ac. Sc., 218, 657-8, 1944.
— et V. Plouvier. Sur la composition des fruits de Parinarium macro-
phyllum Sab. C. R. Ac. Sc., 218, 569-71, 1944.
— et Ch. Sanniè. — Sur la composition de Citrus trifoliata. Bull. Soc.
Chim. biol., 26, 457-61, 1944.
V. Plouvier. — Sur l’étude chimique de Prunus Nakaii Léveillé. C. R.
Ac. Sc., 218, 659, 1944.
— Sur la présence d’Aucuboside dans VEucommia ulmoides Oliv. C. R.
Ac. Sc., 218, 605, 1944.
M. Lecat. — L’acide déhydroascorbique chez quelques Phanérogames.
Bull. Soc. Bot. Fr., 91, 1-2, 1944.-
Physiologie générale.
M. Fontaine, Professeur. — : Des rapport probables entre certains carac-
tères écologiques et les modalités de la régulation du milieu intérieur
chez les animaux aquatiques. C. R. Soc. Biogéographie, t. 21, p. 50-
56, 1944.
— - Quelques données récentes sur le mécanisme physiologique des migra-
tions de l’Anguille européenne. Bull, franç. Pisciculture, t. 17,
p. 5-19, 1944.
— et O. Callamand. — Sur la répartition de la riboflavine dans la glande
surrénale dés Mammifères. Bull. Mus. nat. Hist. nat., 2e sér., t. 16,
p. 554-555, 1944.
— S. Delattre et O. Callamand. — Influence des variations de salinité
sur la teneur en hématies de deux Téléostéens (Anguilla anguilla
\
L. et Cyprinus carpio L.). Bull. Inst, océatiogr., n° 886, p. 1-11,
1945.
R. Lhotte. - — Influence des variations de salinité sur le rythme cardiaque
de la jeune Anguille (civelle). C. R. Soc. Biol., t. 139, p. 27-28,
1945.
R. Paulian et A. Serfaty. - — ■ Le rythme nycthéméral des larves
d’Aeschnes. Bull. Mus. nat. Hist. nat., 2e sér., t. 16, p. 442-447,
1944.
— Caractères du rythme nychtéméral des larves d’Aeschnes. Ibid., t. 17,
p. 176-178, 1945.
I
Pêches et productions coloniales d’origine animale.
Th. Monod, Professeur. — Leçon inaugurale du Cours de Pêches et Pro-
ductions coloniales d’Origine animale, prononcée le 15 mars 1945.
Bull. Mus. Hist. Nat., 2e sér., t. XVII, n° 3, 1945, p. 180-200.
— Sur la lecture des écailles de quelques Poissons du Niger moyen. C. R.
Acad. Sc., 1945, CCXX, p. 629.
— Notes sur le Dohone (Tibesti) (6 cartes et croquis). Communication àla
Conférence Internationale des Africanistes de l’Ouest (Dakar :
19-25 janv. 1945).
— et A. Cailleux. — Etude de quelques sables et grès du Sahara occiden-
tal. Id.
— Sur la présence d’un Psammornis en Afrique Occidentale Française.
(1 fig.). Id.
— Note sur la lecture des écailles de quelques Poissons du Niger Moyen
(1 fig.). Id.
— Dents de remplacement chez deux Hydrocyon d’Afrique tropicale
(16 fig.). Id.
— Sur trois dispositifs de « verrouillage » osseux chez des Poissons (7 fig.).
Id.
— Découverte d’une tortue fossile dans l’Eocène inférieur de Popenguine
(Sénégal). Id.
- — Note préliminaire sur quelques gravures rupestres de la région d’Aozou
(Tibesti) (14 fig.). Id.
— La chronologie des découvertes portugaises sur la Côte occidentale
d’Afrique entre le Cap Bojador et le Cap Rouge (1433-1445). Id.
— La Protection de la Nature en Afrique Occidentale Française. Id.
— Projet d’atlas ouest-africain. Id.
— Comte rendu de la première réunion (Conférence Internationale des
Africanistes de l’Ouest). Dakar, 1945, 43 pages.
— ■ Un ordre nouveau de Mammifères pour la faune d’A. O. F. Notes
Africaines, n° 25, janvier 1945, p. 14-15, fig. 9-10.
— • Tableau d’ensemble des divisions adoptées (p. 13-14) et : Remarques
sur l’esquisse phytogéographique du Sahara occidental de M. Murat
p. 26-31, 1 carte) in A. Murat, Esquisse phytogéographique du
Sahara occidental. Mém. Off. Nat. Anti-Acridien, n° 1, Alger,
déc. 1944 (1945).
— 29 —
— La structure du Sahara atlantique. Trav. Inst. Rech. Sahariennes.
Alger, III, 1945, p. 27-55, (6 fig., 1 tableau h. t,).
P. Budker, Sous-Directeur du Laboratoire. — Pinnipèdes et Siréniens
d’Afrique. Notes Africaines (Bull. Inf. et Corr. IFAN), juillet 1945,
n° 27, p. 4-6.
— La Pêche Maritime aux Colonies. — Nos ressources coloniales. La
Pêche Maritime, n° 811 du 15 octobre 1945, p. 10.
P. Chabanaud, Directeur honoraire à l’Ecole pratique des Hautes Etudes,
Maître de recherches C. N. R. S. — Notules ichthyologiques, XXV.
Sur la valeur taxonomique des caractères fondés sur le nombre
des rayons des nageoires, spécialement chez les Cynoglossidae. — -
XXVI. Sur Cynoglossus solum Sauvage et Cynoglossus xiphoideus
Günther. Bull. Mus. Hist. Nat., 2e sér., t. XVI, 1944 (1945), p. 433-
438.
— Sur deux Gadidés de l’Atlantique oriental nord. Bull. Soc. Zool.
France, 69, 1944, p. 202-212, 7 fig.
- — Un os inédit des Téléostéens : le post lacrymal. Morphologie du jugal.
C. R. Acad. Sc., 220, 1945, p. 569.
— Pluralité spécifique du genre Pegusa. Journ. Wash. Acad. Sci., 31,
p. 109-114, 10 fig.
— Sur la classification et la géonémie des Soléidés du genre Aesopia.
Copeia, 1941 (1945), p. 31.
— Sur le squelette d’un Cynoglossus indo-pacifique. Le Naturaliste Cana-
dien, 48, 1941 (1945), p. 142-144.
R.-Ph. Dollfus, Directeur de Laboratoire à l’Ecole pratique des Hautes
Etudes. — Parasites (animaux et végétaux) et prédateurs des
Helminthes. Causerie scientifique. Bull. Soc. Zool. France, t. LXIX,
n° 2, séance du 25-4-1944, p. 59-60.
— et Camille Desportes. — Sur le genre Rictularia Froelich 1802 (Néma-
todes Spiruroides). Ann. Parasitol. humaine et comparée, t. XX,
n° 1-2, 1945, p. 6-34, fig. IA — 2 F.
• — Cestodes de Felis (Puma) concolor L. Bull. Mus. Hist. nat., 2e sér.,
t. XVI, n° 5, séance du 30-3-1944, p. 316-326, fig. 1-2.
— et C. Desportes. — Sur Porrocaecum pastinacae (Rudolphi). Incons-
tance et variabilité du caecum intestinal. Bull. Soc. pathologie
exotique, t. XXXVIII, n° 3-4, séance du 14-6-1944, p. 93-99,
fig. 1 A-3.
— et J. Callot. — Etudes documentaires sur le genre Metorchis A. Looss
1899. Observations sur des Metorchis récoltés à Richelieu (Indre-
et-Loire). Ann. Parasitol. humaine et comparée, t. XX, n° 3-4*, 1945,
p. 125-159, fig. 1-20.
— A propos du nom à donner à la Filaire de l’Onchocercose. Onchocerca
volvülus et non pas Onchocercus volvula. Bull. Soc. pathol. exot.,
t. XXXVIIT, n° 9-10, 20-11-1945, p. 310-311.
— Présence en France d ’Allomermis myrmecophila (H. A. Baylis, 1921)
chez la Fourmi Lasius alienus Fôrster. Bull. Soc. Entomol. France,
séance du 25-7-1945, fig. 1-2.
30
Entomologie agricole coloniale.
P. Vayssière, Professeur. — Noté préliminaire sur les récentes pullulations
d 'Acridiens, du Criquet migrateur en particulier. C. R. Acad .
Sci. Paris, t. 221, 9 juil. 1945, p. 62-64.
— Conférence* internationale pour la protection des denrées. C. R. Acad.
Agr., 28 nov. 1945.
— et Et. Rosella. — La lentille : production régionale à encourager.
C. R. Acad. Agr., 25 avril 1945.
J.-M. Mimeur, Sous-Directeur et P. Vayssière. — Miellées végétales et
miellats animaux. C. R. Acad. Agr., 23 mai 1945.
J. R. Steffan, Assistant. — - Contribution à l’étude de Zabrotes subfascia-
tus. Mèm. Muséum Nat. Hist. Nat.
— La larve primaire de Rruchidius fasciatus. Bull. Soc. Entom. Fr., t. LI,
n° 1, p. 12-16.
J. Carayon, Assistant. — Parasitisme du Pagure Clibanarius misanthro-
pus par le Rhizocéphale Septosaccus Cuenoti. Bull. Mus., XVII,
n° 1, 1945, p. 37-40.
■ — Les Punaises des bois et leurs Bactéries symbiotiques. La Nature ,
n° 3084, 15 mars 1945, p. 85-87.
Sur les organes génitaux mâles des Réduvidés. Bull. Soc. Zool. Fr.,
LXIX, p. 220-224.
La Vipère aspic, son appareil venimeux et son venin. La Nature,
n° 3088, 15 mai 1945, p. 145-148.
Les nuages de Criquets migrateurs en Gironde. La Nature, n° 3099,
1er nov. 1945, p. 324-325.
Les éléments bacilliformes secrétés par les glandes génitales annexes
de certains Hémiptères. Bull. Soc. Zool. Fr., LXX, p. 11-14.
Laboratoire Maritime de Dinard.
E. Fischer-Piette, Directeur. — Nouvelle observation sur les Patelles à
croissance rapide du milieu d’estuaire. Bull. Labor. marit. Dinard,
fasc. 27, p. 22-26, 1 fig.
— La collaboration de la marine et du Muséum dans l’exploration scien-
tifique des mers du globe. Communie, et Mèm. Académie, de Marine ,
juin 1945, p. 1-15.
J.-M. Pérès, Directeur-adjoint. — Contribution à l’étude' des Unionidae
de l’Afrique du Nord. Bull. Mus. Hist. nat., 1945, I, 12 pp.
— • Remarques sur quelques Ascidies arctiques. Bull. Inst. Ocèanogr.,
1945, n° 880, 8 p., 1 fig.
— Première contribution à l’étude du sang et de la tunique des Didem-
nidae. Ibid., n° 882, 18 p., 7 fig.
— Recherches sur l’organe neural des Ascidies Aplousobranches. Ibid.,
n° 888, 12 p., 2 fig.
G. Chalaud. — Excursion algologique du Laboratoire de Botanique de la
Faculté des Sciences de Rennes. Bull. Labor. marit. Dinard, fasc. 27,
p. 1-8.
31 —
F. Rullier. — Croissance du tube de Mercierella enigmatica Fauvel.
Bull. Labor. marit. Dinard, fase. 27, p. 11-14, 3 fig.
Agronomie coloniale.
Publication de la Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture tropicale ,
t. XXIV, n03 2 7 2 , 2 73 , 274, p. 97-300, t. XXV, nos 275, 276, 277,
p. 1-132.
Aug. Chevalier, Professeur. — L’homme peut-il utiliser comme aliments
des feuilles d’arbres, C. R. Acad. Sc., t. 219,- p. 147-150, 1944.
— La mise à fleurs et la fructification des arbres dans la zone tempérée
boréale. Ibid., p. 227-229.
— Sur la culture au Soudan du Karité ou arbre à beurre ( Butyrospermum
Parlai ) et de l’arbre à kapok ou Boumou ( Bombax angulicarpa ),
Ibid., t. 220, p. 415-416, 1945.
— Le Kapoquier soudanais (Bombax angulicarpum) et les espèces voi-
sines, Ibid., p. 509-511, 1945. ,
— Le genre Nuenokuea Chev. L’association symbiotique entre une Cypé-
racée et une Orchidée, spéciale aux tourbières de rochers de l’ouest-
africain. Ibid., p. 633-635, 1945.
— Les transformations survenues dans le paysage rural et dans les cul-
tures du N.-W. de la France depuis le début du néolithique jus-
qu’au début de l’ère chrétienne, C. R. Soc. de Biogéogr., nos 182-183-
184, p. 1-7, 1945.
— Histoire de l’introduction et de l’extension de la culture de la Pomme
de terre en Normandie, Bull. Soc. Linn. de Normandie, t. 4, 9e sér.,
6 p., 1944-1945.
— - Sur la nécessité de réformes dans l’enseignement de l’agriculture de
France et dans la préparation de la carrière de chercheur en sciences
agronomiques tant pour la métropole que pour notre Empire
colonial. C. R. Acad. Agric. de Fr., n° 16, p. 463-466, 1944.
— Programme de réformes dans l’enseignement de l’agriculture et dans
la formation des chercheurs en sciences agronomiques. Ibid., n° 17,
p. 489-494, 1944.
— - Situation actuelle et orientation de l’Afrique noire en agriculture.
Ibid., n° 3, p. 148-153, 1945.
— Recherches botaniques et améliorations agricoles en Russie, Ibid.,
n° 8, p. 446-449, 1945.
— et P. Viguier. — Le Soudan français. — Ressources et possibilités
agricoles. Ibid., n° 9, p. 456-458, 1945.
— Notes sur le Parc arboretum de Baleine. Bull. Muséum, 2e sér., t. XVI,
n° 6, p. 491-513, 1944.
— La Science agronomique en France et en U. R. S. S. La Pensée, nouv.
sér., n° 1, octobre-nov.-déc. 1944, p. 38-43.
— Notice nécrologique sur C.-A.-V. Houard. Rev. Bot. appl.et d’Agr. trop.,
t. XXIV, p. 95-96, 1944,
— Notes sur le Parc-arboretum de Baleine. Ibid., p. 97-116.
— • Contribution à l’Histoire de l’introduction des Bananes en France
et à l’historique de la culture bananière dans les colonies françaises.
Ibid., p. 116-127.
— 32 —
— Le Dolique de Chine en Afrique. Son histoire, ses affinités. Les formes
sauvages et cultivées. Son rôle dans l’alimentation indigène et en
agriculture tropicale et subtropicale. Ibid., p. 128-152.
— Les Toona’s ou Cèdres bâtards, arbres de reboisement. Ibid., p. 152-
165. (
— Les Asclepias textiles. Ibid., p. 283-286, 1 pl.
— Notice nécrologique sur P., Allorge. Ibid., p. 290-293.
— Le Pissenlit à caoutchouc en Russie. Ibid., t. NXY, p. 3-10, 1 pl.,
1945.
— L’Agriculture à Madagascar de 1940 à 1944. Projets et réalisations.
Ibid., p. 106-111.
— Le Sapotillier, arbre producteur de Chewing-gum. Ibid., p. 122-123.
— Les améliorations scientifiques et techniques réalisées par la France
en Indochine. Ibid., p. 133-163.
— et R. Potier de La Varde. — Le premier peuplement végétal sur le
sol nu des sapes et trous d’obus aux environs de Leningrad. C. R.
Acad. Sc., t. 221, p. 129-130, 1945.
J. -F. Leroy, Assistant. — Fruits tropicaux et subtropicaux d’importance
secondaire (2e partie). Rev. Bot. appl. et d’Agr. trop., t. XXIV,
p. 171-220, 1944.
— Eucommia ulmoïdes Oliv. comme producteur de Gutta-percha. Ibid.,
t. XXV, 1945, 1 pl.
— Sur une variété horticole d’Orme improprement rattachée à Ulmus
glabra Huds. (= U. montana Stokes). Bull. Muséum, 2e sér.,
t. XVII, n° 3, p. 252-255, 1945.
— Note sur quelques anomalies des fleurs et des fruits dans le genre
Ulmus. Ibid., n° 4, p. 326-328, 1 pl.
— Sur l’existence à Madagascar d’un Aphananthe, genre d’Ulmacée
d’Extrême-Orient et d’Australie orientale. C. R. Acad. Sc., t. 221,
1945.
— Une Ulmacée nouvelle à Madagascar : Aphananthe sakalava, nov. sp-
Bull. Soc. Bot. Fr., t. 92, 1945, 1 pl.
R. Portères. — Possibilités de production du Quinquina sur la Côte
occidentale d’Afrique française. Rev. Bot. appl. et d’Agr. trop.,
t. XXV, p. 101-106, 1945.
II. Jacques-Félix. — Le genre Clappertonia. Systématique, Anatomie,
Utilisation. Ibid., p. 73-88, 2 pl., 1 fig.
— Sur la présence au Cameroun d’un genre Sud-Africain de Pedaliaceae.
C. R. Acad. Sc., t. 221, p. 305-307, 1945.
Pierre Henry. — Etudes cytologiques sur le Palmier à huile (Diplôme
d’études supérieures de sciences naturelles). Broch. 21 X 27,
22 p., 4 pl. h. t. Publié par l’I. R. H. O., Paris, 1945.
Bibliothèque centrale.
Inscription en 1945 de 1.462 ouvrages et brochures.
— 2.891 imprimés, non compris les ouvrages de référence, ont été commu-
niqués au public.
— 3.300 ouvrages et périodiques ont été prêtés aux Laboratoires, au
C. N. R. S., à l’Université, etc.
y
— 33 —
Périodiques nouvellement inscrits en 1945.
Revista do Museu nacional (de Rio de Janeiro). — Rio de Janeiro, 1944
-H*. In-4°. I .- Pr 516 C
Revue de pharmacologie et de thérapeutique expérimentale (Raymond-
Hamet). Paris, 1927-1933. In-8°, vol. 1 et 2 (complet) . . Pr. 548
Annali délia R. Accademia d’ agricoltura di Torino. — Torino, 1858 —
In-8°, vol. 21 (1878) à 81 (1938) (incompl.) • Pr 1026
Die Gartenbauwissenschaft. — Berlin, 1928 — >•. In-8°, Bd 9 (1934-35) à 17
(1942-43) ' Pr 1271
Bulletin de la Société d’ étude des sciences naturelles de Vaucluse. — Avignon,
1930 — In-8°, complet Pr 1272
Association cotonnière coloniale. Bulletin mensuel. — Paris, 1903 — In-8°
et in-4°, 24 (1926) à 32 (1934) (incompl.) Pr 1400
Annual report of entomological society of Ontario. — Toronto, 1870 — =►.
In-8°, 1878 à 1906 .(incompl.) Pr 1437
Ministère des Colonies. Bulletin hebdomadaire d’information. — Paris
(1944). In-4°, n° 50 à 56 Pr 1502
L’ Informateur colonial. Organe de la France impériale. — Paris, 1931.
In-4°, 12 (1945) (incompl.) Pr 1523
Geological society of South Africa. — Johannesburg. In-8°. Prqceedings.
1904 — =»-. Transactions, 1896 — >, vol. 16 (1913) à 33 (1930) (in-
compl.) .. Pr 1549
Bulletin de l’association pyrénéenne pour l’échange des plantes. — Foix,
Poitiers, Quimper, Paris, 1890 — In-8°, 1 (1890-91) à 23 (1912-
13) (incompl.) Pr 1597
Acta tropica... (Revue des sciences tropicales et de médecine tropicale).
— Basel, 1944 — In-8°, vol. 1 et 2, et supplémenta 2 et 3.
Pr 1610 et Pr 1610 A
British medical bulletin. — London, 1943 — In-4°, vol. 1 à 3 (incompl.).
Pr. 2008
L’ Entomologiste (Renaud Paulian). — Paris, 1945 — In-8°, vol. 1.
Pr 2407
Ministère des Colonies. Travaux de la section technique d’agriculture tro-
picale. — Paris, 1944 — In-8°, lre série et série technologique,
n° 3 Pr 2408
Service d’information des Etats-Unis. — Paris, 1945. In-4° (Astronomie,
Physique, Chimie, Médecine, Agriculture). Pr 5417 et 5417 A à D
Le Médecin français. — Paris, 1940 — >, In-4°, 4 (1944) et 5 (1945)
Pr 5418
Année polaire internationale 1932-1933. Participation française. — Paris.,
1936-1938. 2 vol. in-4°. Pr 5419
Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire (Dir. Fernand Vandérem), nouv.
série. — Paris, 1922. In-8°, 13 (1934) à 18 (1939) Pr 5850
Institut de recherches pour les huiles de palme et oléagineux. — Paris,
In-4° (Conférences. — Rapport annuel. — Programme des cours
et conférences), années 1943 à 1945. Pr 5259 et 5259 A et Z
Institut des fruits et agrumes coloniaux. Série économique. — Paris, 1944.
In-8°, n° 1 et 2 Pr 5260
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
3
Institut des fruits et agrumes coloniaux. Conférences. — Paris, 1944. In-8°,
n° 1 à 7 Pr 5260 A
Institut des fruits et agrumes coloniaux. Série bibliographique. — Paris>
1944. In-8°, n° 1 et 2 Pr 5260 B
Institut des fruits et agrumes coloniaux. Documentation analytique. — Paris-
1940 —s*. In-4°, vol.l à 3 Pr 5260 C°
Fruits d’outre-mer. Revue mensuelle de la production fruitière coloniale.
(Institut des fruits et agrumes coloniaux). — Paris, 1945 — », In-4°
vol. I Pr 5260 bis,,
Suites nouvellement inscrites en 1945.
British Muséum (natural history). British Graham Land expédition 1934
37. — London, 1940. In-4°, vol. I S 5059 A 20
British Muséum ( natural history). Expédition to south-west Arabia, 1937-
38. — London, 1941. In-4°, vol. I S 5059 A 21
Traité de physiologie normale et pathologique, publié sous la direction de
G.-H. Roger... et Léon Binet... — Paris, Masson. 1929 — ->. In-8°,
t. 1 à 12 S 5867
Sujets médicaux d’actualité (Clinique médicale de l’hôpital Bichat. Prof.
Pasteur Vallery-Radot). — Paris, Doin, 1943 — In-8°, t. 1 et 2.
S 5868
Nouvel atlas d’entomologie. — Paris, N. Boubée, 1944. In-12, n° 1, 6 et 9.
S 5869
— 35 —
COMMUNICATIONS
Henri Neuville
Par J. Miluot,
Professeur AO Muséum
Le 10 janvier 1946, la Chaire d’ Anatomie Comparée du Muséum
a fait une perte irréparable en la personne de son Sous -Directeur
honoraire, Henri Neuville, terrassé par une attaque d’apoplexie
dans P enceinte même du Jardin des Plantes, alors qu’il se rendait
au Laboratoire d’ Anatomie pour mettre une dernière main aux
recherches qu’il poursuivait sur le Mammouth depuis longtemps
déjà.
Henri Neuville a consacré sa vie au Muséum. Il y était entré
dès 1890, encore adolescent, comme élève de Georges Pouchet qui
le marqua d’une forte empreinte ; il n’en est sorti que pour mourir,
après 55 ans de labeur assidu dans le même Laboratoire.
Son œuvre scientifique est considérable. Neuville a étudié
presque toutes les familles de Mammifères, apportant par chacun
de ses travaux une riche moisson de faits nouveaux. Sa prédilection
pour les Cétacés et pour les Proboscidiens nous a valu sur ces géants
du monde animal plusieurs mémoires particulièrement remar-
quables. Anatomiste au sens le plus large du mot, il n’a pas négligé
les problèmes humains et leur a consacré un livre magistral où Mor-
phologie, Biologie, Psychologie se trouvent fructueusement asso-
ciées.
Ces nombreuses publications ne l’empêchèrent pas de réserver
la majeure partie de son temps à enrichir les collections du Labora-
toire et les Galeries d’exposition. L’aménagement de celles-ci,
l’exécution des admirables préparations de Splanchnologie qui en
sont un des plus précieux trésors, sont essentiellement son œuvre.
Epris de voyages dans sa jeunesse, il parcourut les contrées les
plus diverses, du Spitzberg jusqu’à l’Ouganda, rapportant de cha-
cune de ses missions d’importantes collections.
Il est regrettable que ce grand serviteur du Muséum n’ait pas eu
toutes les satisfactions de carrière qu’il méritait. Nommé assez
tardivement Sous-Directeur de Laboratoire, il ne put devenir
titulaire d’une Chaire, et, à la suite d’obscures manœuvres, il faillit
Bulletin du Muséum, 2a série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 36
être mis prématurément à la retraite... Il fut victime de l’acuité de
son esprit critique et de la franchise parfois un peu vive de son
caractère, qui lui aliéna certains électeurs influents. Il eut du moins,
par ailleurs, d’appréciables consolations : il fut, en particulier,
remarqué par le Prince Albert de Monaco qui lui accorda toute sa
confiance, l’associa à ses Campagnes, l’attacha à son Cabinet scien-
tifique et le fit nommer Secrétaire de l’Institut de Paléontologie
lors de la fondation de cet Etablissement.
Neuville n’avait gardé de ses déceptions de candidat aucune
rancœur contre le Muséum. Bien au contraire, il était resté passion-
nément attaché à notre glorieuse Maison et au Laboratoire d’Ana-
tomie où toute sa vie s’était écoulée et où il continuait de venir
presque chaque jour. J’aimais vaincre sa discrétion et provoquer
ses confidences. Je ne me lassais pas de l’entendre évoquer ses
souvenirs, ressusciter l’atmosphère du Jardin des Plantes à la fin
du xixe siècle, commenter F « Arbre de Science », le célèbre roman
satirique de Maurice Maindron, a la rédaction duquel il assista, et
où il se trouve dépeint sous le nom de Narcisse Leplantin, « homme
indépendant et sarcastique »... Je lui dois ainsi de précieux docu-
ments sur le passé de la Chaire qui m’a été confiée.
La courtoisie de ses manières, la dignité de son attitude que ni
l’âge, ni de pénibles épreuves privées n’avaient pu altérer, le sérieux
de sa mise étaient, à notre époque quelque peu relâchée, une leçon
et un exemple, et imposaient le respect.
Le souvenir de ce travailleur de grande classe, d’une scrupuleuse
intégrité, ne sera jamais oublié au Laboratoire d’ Anatomie Com-
parée.
— 37 —
Marie Phisalix
(1861-1946)
Par Léon Bertin.
Professeur au Muséum
%
Le Muséum d’Histoire naturelle s’apprêtait à célébrer le jubilé
scientifique de Marie Phisalix et à marquer par une petite fête
toute la satisfaction qu’il éprouvait de compter dans son sein, depuis
cinquante ans très exactement, une savante de ce mérite et une
femme de ce caractère. Aujourd’hui, la joie que nous aurions éprouvée
se mue en la plus profonde douleur.
1895-1945 : cinquante années de travail ininterrompu, de bonne
humeur, de philosophie souriante.
Jeune Sèvrienne, brillante professeur de lycée en même temps
qu’étudiante en médecine, c’est en 1895 que Marie Phisalix entre
au Muséum aux côtés de son mari qui est Assistant à la Chaire de
Pathologie comparée. Tandis que Césaire Phisalix poursuit en
collaboration avec Gabriel Bertrand la découverte du sérum anti-
venimeux, Marie Phisalix prépare et soutient avec éclat sa thèse de
doctorat intitulée : Recherches histologiques, embryologiques et physio-
logiques sur les glandes à venin de la Salamandre terrestre (1900). Elle
retrouve chez les Batraciens les mêmes venins qui existent dans le
monde des Serpents, mais avec cette différence que, faute d’organe
inoculateur, ils paraissent inutiles à l’animal qui les possède. Déjà
se fait jour dans son esprit l’idée d’une fonction venimeuse très géné-
rale et non forcément adaptée à l’attaque ou à la défense. Elle ne
cessera, durant toute sa longue carrière scientifique, d’étayer cette
séduisante hypothèse.
Césaire et Marie Phisalix : ménage de savants qui aurait pu,
comme bien d’autres, poursuivre de longues années de recherches
dans la plus intime collaboration. La fatalité en décide autrement.
En 1906, Césaire est arraché à sa femme et à la science par une
maladie contractée durant sa carrière antérieure de médecin colonial.
Héritière d’une assez importante fortune et surtout de la passion
scientifique et du désintéressement de son époux, Marie Phisalix
décide de poursuivre son œuvre dans la plus farouche indépen-
dance. En fait, elle n’est jamais candidate à aucun poste officiel ;
jamais elle ne sollicite le moindre prix, la moindre subvention, le
moindre dédommagement pour ses frais de laboratoire.
Plusieurs services du Muséum l’hébergent successivement jusqu’à
Bulletin du Muséum, 2® série, t. XVIII, n° 1, 1946.
38
ce qu’elle vienne s’installer, en 1910, dans celui d’ Ichthyologie et
d’Herpétologie où l’attirent les Reptiles et les Batraciens vivants
dont elle fait l’objet de ses études.
Objets d’ailleurs non exclusifs. Marie Phisalix est avant tout
physiologiste, biologiste et ne fait passer la systématique qu’au
second plan. Ce qui l’intéresse, c’est la fonction venimeuse partout
où elle se présente, que ce soit chez les Protozoaires, les Insectes, les
Arachnides, les Myriapodes, les Mollusques ou les Vertébrés. De cet
éclectisme, étayé sur de laborieuses et patientes recherches anato-
miques et physiologiques, naît cette œuvre fondamentale, parue
en 1922, qui s’intitule Animaux • venimeux et venins. Deux volumes
comprenant au total 1.500 pages de texte et plus de 500 figures.
Synthèse- de toutes les connaissances sur le sujet et mise au point de
leur valeur relative. Bibliographie aussi complète que possible de
tous les travaux épars qui me s’attachent le plus souvent qu’à un
groupe restreint d’animaux venimeux ou à un point spécial de leur
biologie et de leur structure. Ouvrage le plus complet et le plus
étendu qui ait jamais été publié sur les venins et sur l’envenimation.
En raison de l’intérêt de ses recherches pour la pathologie des
régions tempérées et surtout des régions tropicales infestées d’espèces
venimeuses, l’Académie des Sciences, sur un rapport du professeur
Laveran, avait déjà attribué à Marie Phisalix, en 1916, le prix
Bréant. Ce même prix lui est à nouveau décerné en 1922 à la suite
de la publication de son grand ouvrage sur les animaux venimeux et
les venins. Six ans plus tard, elle obtient le grand prix Lasserre du
Ministère de l’Instruction publique. Entre temps, la Croix de la
Légion d’honneur (promotion Pasteur) vient récompenser la suite
ininterrompue de ses travaux dans un domaine où sans cesse elle
accumule les découvertes les plus sensationnelles.
Si les travaux de Marie Phisalix antérieurs à 1922 sont analysés,
avec ceux des autres auteurs, dans l’œuvre que l’on sait, il en est
plus d’une centaine qui, postérieurs à cette date, sont épars dans le
Bulletin du Muséum et dans celui de la Société Zoologique de France,
dans le Bulletin de la Société de Pathologie exotique, dans les Comptes
rendus de V Académie des Sciences et aussi, lorsqu’il s’agit d’articles
de vulgarisation, dans la Revue d' Histoire naturelle appliquée.
Les plus importants mémoires des vingt dernières années portent
sur les rapports entre les venins et le virus rabique (1930), sur l’action
du venin d’ Abeilles sur les espèces venimeuses (1935), sur l’action des
diverses radiations sur les venins et les antivenins (1936).
Ces trois ordres de recherches étaient de ceux qui préoccupaient
le plus, à juste raison, Marie Phisalix. Elle y voyait un moyen de
pénétrer toujours plus avant dans la connaissance des venins et de
leurs antidotes. Or qui mieux qu’elle eut une claire vision des diffi-
ciles problèmes que pose la fonction venimeuse !
L’élaboration de toxines par un organisme est si répandue dans
les groupes zoologiques inférieurs qu’elle apparaît comme l’exagéra-
tion d’une fonction normale, permanente ou saisonnière, de cet orga-
nisme. Seuls les Oiseaux et les Mammifères ne la présentent qu’à
titre tout à fait exceptionnel.
Quels peuvent être, se demande Marie Phisaiix, les rôles de ces
toxines ? L’utilisation du venin dans l’attaque de la proie et dans
la défense active ou passive de l’individu est si connue qu’il suffît
de la rappeler. €e n’est là toutefois qu’un rôle accessoire et propre
seulement aux espèces vulnérantes et à celles dont le venin est
directement déversé au dehors.
Bien plus général est l’emploi que les animaux venimeux font de
leur venin pour leurs besoins intérieurs. Qhez tous, le sang est à la
fois venimeux et antivenimeux. On dissocie aisément ces deux
pouvoirs en supprimant l’un ou l’autre par des moyens appropriés.
La propriété antivenimeuse du sang crée l’immunité remarquable
des organismes venimeux pour leur propre venin, pour les venins
des autres animaux et pour les poisons en général. Sans cesse irri-
gués par du sang toxique, leurs tissus s’y accoutument et, par sur-
croit, réagissent en élaborant des antitoxines. On constate effective-
ment, chez les jeunes Vipères, qu’elles restent sensibles au venin des
adultes tant que leurs sécrétions ne sont pas encore venimeuses.
Mais dès que leur sang devient toxique, il devient aussi antitoxique.
Un simple chauffage, détruisant la toxicité, met le fait en évidence.
Non seulement les venins du sang et des tissus créent l’immunité
naturelle des espèces venimeuses, mais encore ils interviennent dans
leurs échanges nutritifs et dans leur résistarce générale à toutes
les causes possibles de destruction par maladies ou par blessures. La
fonction venimeuse apparaît ainsi comme une fonction tonique con-
férant aux espèces qui la possèdent une situation privilégiée dans
leurs groupes zoologiques respectifs.
« Fonction toxique, fonction tonique », que de fois ai-je entendu
Marie Phisalix répéter ee slogan qui exprimait avec toute la netteté
désirable sa compréhension des venins ! Médecin, elle en voyait
son application en thérapeutique. Elle aimait à rappeler comment
l’ancienne pharmacopée utilisait d’une façon intuitive le venin
de Vipère dans la confection de la thériaque, cette panacée univer-
selle. Elle suivait avec intérêt et guidait de ses conseils toutes les
tentatives faites depuis un tiers de siècle pour utiliser les propriétés
toxiques ou antitoxiques des venins dans la lutte contre les maladies
les plus diverses : contre la rage à la suite de ses propres travaux,
contre le tétanos, contre l’épilepsie, contre le choléra, contre le
cancer et jusque, en employant le venin d’Abeilles, dans la guérison
du rhumatisme.
Malgré plusieurs morsures graves de la part de ses animaux d’ex-
— 40
périence, — notamment d’un Héloderme qui mit sa vie en danger en
1911, — - Marie Phisalix avait une prédilection pour les animaux
venimeux qu’elle soignait et nourrissait elle-même avec tendresse.
Elle aimait à manipuler des Vipères en public afin de persuader son
auditoire que ces animaux bien traités sont pratiquement inoffensifs.
Comme ils sont, d’autres part, utiles en détruisant des Rongeurs, elle
franchissait vite le pas en demandant pour eux protection et respect.
Qui ne se souvient des brillantes causeries que Marie Phisalix
fit au Muséum, à la Société Zoologique et à la Société d’Acclimata-
tion. Son origine professorale et son titre d’agrégée de l’ Enseigne-
ment secondaire transparaissaient dans ses conférences aux forestiers
et aux vétérinaires coloniaux qui venaient chaque année s’enquérir
auprès d’elle des procédés de défense antiophidienne. Un agréable
petit livre ayant pour titre Les Vipères de France et pour sous-titre :
leur biologie, leur appareil venimeux et le traitement de leurs morsures
(1940) peut être considéré à cet égard comme le bréviaire de son
enseignement.
Marie Phisalix est morte dans sa quatre-vingt-cinquième année.
Sa robuste constitution jurassienne obligeait à connaître sa date de
naissance pour croire à son grand âge. Il y a quelques mois seulement,
elle était pleine d’entrain et d’action. Son caractère primesautier
faisait la joie de tous. Elle stimulait jusqu’aux plus jeunes qu’elle
aimait particulièrement. Des campeurs, des scouts venaient dans son
laboratoire pour lui demander conseil au sujet des Vipères. Elle rédi-
geait pour eux dans V Escargot, organe du camping du Touring-Çlub
de France, des directives en cas de morsure. Tous ces jeunes gens lui
rappelaient ses 180 filleuls de l’autre guerre et aussi son activité
trépidante du temps qu’elle avait organisé au Muséum, en 1917,
un service de vaccination antityphoïdique et antivariolique. L’exode
de 1940 la vit encore à son poste de combat. Refusant de quitter
Paris, elle resta gardienne de la Ménagerie des Reptiles. Au labora-
toire d’Ichthyologie et d’Herpétologie, nous ne pouvons passer
devant la porte de son cabinet sans nous rappeler son énergique
figure toute empreinte de finesse et de bonté.
Une médaille inconnue au sujet de la Girafe.
Par A. Guillaumin,
Professeur au Muséum
En 1827, le Muséum reçut la Girafe offerte par le Pacha d’Egypte 1.
« Ce fut un événement sensationnel. Sous la surveillance de Geoffroy-
Saint- Hilaire, elle fit à pied le trajet de Marseille à Paris, précédée par
un troupeau de chèvres chargées de lui fournir du lait 2, entourée d’un
peloton de gendarmerie, accueillie solennellement à chaque étape par
les autorités locales. Toute la route qu’elle a suivie est encore jalonnée
d’auberges à l’enseigne de la girafe ; de nombreux objets d’art et d’usage
courant furent créés à son image 3 ».
1. Voir Biers (P.-M.), La Girafe historique du Jardin des Plantes en 1827, in Bull.
Mus., XXIX, p. 278.
2. En réalité ce n’était pas un troupeau de chèvres mais trois vaches laitières.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 42 —
Sait-on qu’il y eut même une maquette de médaille reprodui-
sant l’effigie de la Girafe avec cette légende « le 30 juin 1827, sa
Grandeur la Girafe fait son entrée à Paris » et en exergue « Il n’y a
rien de changé en France, il n’y a qu’une bête de plus ». Evidem-
ment la Monnaie royale ne frappa jamais cette médaille qui rappe-
lait trop la parole de Louis XVI II à son retour de Gand.
3. LeMoiNE (P.), Le Muséum d’Iiistoire naturelle in Arch. du Muséum, 6e sér. (volume
du Tricentenaire), p. 415.
— 43 —
Unæ particularité de la queue du Mammouth
OBSERVÉE CHEZ L'ÉLÉPHANT DE L’INDE
Par Ed. Dechambre.
Dans son ouvrage sur les Mammouths de Sibérie 1, Pfizenmayer
insiste sur les caractères révélés par les derniers cadavres de Mam-
mouths découverts en Sibérie, notamment par ceux de la Berézovka
et de la Sanga-Iourak.
La pièce la plus intéressante à son avis est la région caudale du
Mammouth de la Bérézovka qu’il décrit ainsi (p. 158):
La queue qui ne mesurait pas plus de 35 cm., est un élément nouveau
dans nos connaissances, de même que la valvule de l’anus disposée sous
elle, qui représente un couvercle pratique pour la protection de l’anus
contre le froid. La face inférieure de l’extrémité de la queue portait un
pinceau de crins denses et longs, mais qui durent être dégagés de la terre
et de la glace dans lesquelles ils étaient gelés, qui donc ne tenaient plus à
la queue...
Plus loin (p. 221) il ajoute les détails et les commentaires suivants :
La queue était très courte, ce qui fut prouvé par l’exemple de la Bere-
zovka, chez lequel elle était complètement conservée. Sa longueur, à la
face inférieure, mesurait 35 cm., donc beaucoup moins que celle des
Eléphants actuels. Il faut considérer cette petite dimension de la queue,
de même que celle de l’oreille, comme la conséquence de l’adaptation au
froid, car une queue aussi longue et mince que celle des Eléphants actuels
pourrait facilement geler. La toison épaisse devenait, à l’extrémité cau-
dale, une touffe dont les soies mesuraient jusqu’à 35 cm. La curieuse
soupape anale servait certainement aussi pour la protection contre le
froid. C’est un coussin musculaire, en demi-lune, de 18 cm. de large qui
se trouve soûs la base de la queue et qui recouvre complètement l’anus
et sa périphérie. L’existence d’une soupape anale ne fut également cons-
tatée que grâce au Mammouth de la Berezovka.
Deux photographies accompagnent ce texte. La première repré-
sente « la région cutanée la plus précieuse, comprenant la queue
avec sa valvule anale et le pénis » au moment où elle vient d’être
dégagée ; la seconde, un moulage de la queue, de la valvule anale
et de l’anus. Elles sont malheureusement difficiles à interpéter,
notamment la première. L’auteur souligne d’ailleurs les difficultés
qu’il a rencontrées pour prendre des photographies à l’air libre par
une température de • — -15 à — 20°.
1. Payct, Paris, 1939.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
Malgré l’imprécision de la description et de ces documents, l’exis-
tence de cette soupape avait éveillé mon intérêt en raison de l’inter-
prétation qu’en donne Pfizenmayer. Celde-ei me paraissait a priori
un peu hâtive car l’anus est toujours protège contre le froid par la
queue ; aussi, pour me faire une opinion je cherchai à réunir quelques
indications sur la conformation de la. queue des Eléphants actuels.
N’en ayant'recueilli aucune ni dans les traités d’anatomie, ni auprès
des spécialistes, je dus m’en rapporter uniquement à mes observa-
tions personnelles sur les- Eléphants de l’Inde de la Ménagerie du
Jardin des Plantes et du Parc Zoologique du Bois de Vincennes.
Dix femelles se sont plus particulièrement prêtées à mon examen.
La queue de ces animaux présente, sensiblement dans le pro-
longement de ses faces latérales, deux plis sous-caudaux très déve-
loppés, réunis en arrière par un pli transversal semi-circulaire forte-
ment oblique en arrière et en bas lorsque la queue est horizontale.
Ainsi se trouve délimité à la face inférieure de la queue une sorte
de coussin elliptique de 5 à 6 cm. d’épaisseur sur 18 à 20 de longueur,
fortement déprimé en son. centre et dont les bords ont tendance à
s’éverser surtout le postérieur. Cette disposition éveille l’idée d’une
calotte, d’un couvercle qui viendrait recouvrir l’anus lorsque la
queue est abaissée. En réalité, il n’en est pas ainsi car la plus grande
partie du dispositif en question s’applique sur le périnée, au-dessous
de l’anus qui est situé très haut, au sommet de l’angle formé par la
queue et le périnée.
Enfin chez l’Eléphant d’Afrique du Parc Zoologique la disposition
en calotte est moins nette ; les plis cutanés, plus irréguliers, pré-
sentent de larges ondulations. Il semble cependant que l’on puisse
reconnaître quatre plis sous-caudaux dont les deux plus rapprochés
de la ligne médiane se réuniraient seuls en arrière, rappelant dans
une certaine mesure la conformation de l’Eléphant de l’Inde.
Sous la réserve que les termes de calotte, de couvercle sont mieux
appropriés que ceux de soupape ou de valvule employés par Pfizen-
mayer (ou par son traducteur) les Eléphants de l’Inde examinés
présentent une disposition des plis sous-caudaux qui semble corres-
pondre à celle que cet auteur décrit chez le Mammouth.
S’il en est bien ainsi, la manifestation de cette particularité ne
serait donc pas en relation directe avec l’action du froid. Il est peu
probable qu’elle constitue un avantage suffisant pour avoir déter-
miné une sélection des sujets qui en étaient porteurs.
Cependant avant d’émettre une opinion définitive sur le déter-
minisme de ce caractère il convient de s’assurer de sa constance chez
le Mammouth et chez l’Eléphant de l’Inde et éventuellement chez.
l’Eléphant d’Afrique. Questions auxquelles il sera facile de répondre
maintenant que l’attention est attirée sur elles.
Laboratoire de la Ménagerie du Jardin des Plantes.
Photo Ed. Dechambre.
Eléphant de l’Inde
Elephas maximus L.
Conformation de Ja base de ]a queue.
/
— 45 —
■ Sur les possibilités d’ établissement de Réserves
BIOLOGIQUES EN CORSE
Par JL LÉAPîDiRi.
En octobre 1944, la Société botaniquig et la Société- entomola-
gique de France ont émis le vœu que certains territoires limités
soient .laissés en dehors de toute exploitation, afin de permettre la
conservation des espèces rares et l’étude de lia biocénose caractéris-
tique du milieu aux points de- vue statique et dynamique. Les forêts
domaniales sont indiquées dans ce vœu comme se prêtant parti-
culièrement à sa réalisation h
Sur la proposition du Professeur H. Humbert, l’Assemblée des
Professeurs du Muséum a bien voulu me confier, en juin dernier,
la mission, d’étudier en Corse les possibilités pratiques de rétablisse-
ment de réserves de ce type.
J’ai eu la bonne fortune de pouvoir bénéficier de l’appui moral
des personnalités connaissant le mieux ces questions, comme M. le
Professeur H. Humbert et M. Ph. Guinier, Directeur honoraire de
l’Ecole Supérieure des Eaux et Forêts-. M. A. Urbain, Directeur du
Muséum, a eu la bonté de me recommander au bon accueil des
autorités forestières et administratives de l’île. M. le Professeur
R. de Litardière, le spécialiste réputé delà flore corse, con.tin.ua-
1. Extrait du procès-verbal de la séance du 13 octobre 1944 : La Société Botanique
de France.
Considérant l’intérêt que présentent les territoires constitués en Réserves biolo-
giques, tant au point do vue de la conservation de certaines espèces rares, qu’au point
de vue de l’étude de l’évolution de la végétation et, de façon plus générale, de la bio-
cénose caractéristique du milieu ;
Considérant que do pareilles Réserves sont encore trop rares en France alors qu’elles
sont largement développées dans quelques pays du globe ;
Considérant qu’il est des forêts domaniales qui, par la situation qu’elles occupent
et aussi en raison des conditions qui président à leur gestion., sont particulièrement
propices à l’établissement de Réserves biologiques ;
Emet le vœu :
Que dans quelques forêts domaniales, choisies en divers points du territoire, des
surfaces d’étendue limitée, correspondant à une ou plusieurs parcelles, puissent être
constituées en Réserves biologiques et laissées rigoureusement en. dehors de toute
exploitation ; :
Que, pour la constitution de ces réserves, l’Administration des Eaux et Forêts
prenne l’avis des établissements et groupements scientifiques compétents, et, de préfé-
rence, fasse appel à une Commission consultative établie auprès de la Direction géné-
rale. des Eaux et Forêts et composée de personnalités représentant les organismes
scientifiques intéressés.
(Dans sa séance du 14 octobre 1944, la Société Entomologi'que de “France s’est
associée au vœu ci-dessus,)
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
teur du Prodrome de John Briquet, a bien voulu me communiquer
de précieux renseignements ; j’ai bénéficié aussi d’intéressantes
conversations avec M. Rotgès, Conservateur honoraire des Eaux et
Forêts à Ajaccio et excellent botaniste, avec mes collègues du
Muséum, MM. Colas et Bourgogne, du Laboratoire d’Entomologie,
et Rode, du Laboratoire de Mammalogie ; avec M. Lamotte, agrégé-
préparateur de zoologie à l’Ecole Normale supérieure, fervent admi-
rateur des beautés naturelles de l’île ; MM. Stempffer, Correspon-
dant du Muséum et L. Schaefer, entomologistes réputés ayant
chassé en Corse, ont bien voulu me communiquer des renseigne-
ments et des références, et M. P. Chouard, Professeur au Conserva-
toire National des Arts et Métiers, des tirés à part de ses publications
sur les réserves naturelles.
La flore et la faune corses ne présentent que peu d’espèces rares
ou intéressantes qui soient strictement localisées : ainsi, le Mouflon
existe encore, contrairement à certaines affirmations erronées, à
la fois dans le massif de Cinto et dans celui de l’Ineudine ; Y Anthaxia
corsica, Buprestide caractéristique de la faune corse, se trouve
dans toutes les forêts de Pins Laricios à partir de 500 m. ; la grande
Gentiane, recherchée pour ses usages médicaux, se rencontre un
peu partout. Les quelques espèces n’existant qu’en un ou deux
points sont si pauvrement représentées que la « protection » qui
pourrait leur être accordée risquerait au contraire de leur être nui-
sible, en attirant sur elles l’attention de collectionneurs inexpéri-
mentés ou sans égards.
De même, il n’existe plus en Corse de formations vierges. Les
forêts, en particulier, ont toutes été exploitées à certaines époques.
On retrouve les traces d’anciens sentiers d’exploitation dans cer-
taines forêts, situées très loin de tous lieux habités aujourd’hui, et
paraissant presque inaccessibles. J’ai pu vérifier moi-même ce fait
bien connu des forestiers du pays.
Ayant réussi à me rendre en Corse en septembre dernier, je me
suis mis en rapports avec le service des Eaux et Forêts. M. le Conser-
vateur L. Capifali a bien voulu me réserver l’accueil le plus favo-
rable et me donner toutes facilités pour me documenter sur les forêts
domaniales du département et visiter celles qui paraissaient le mieux
se prêter à l’établissement de réserves biologiques. Je le prie d’agréer
mes plus vifs et sincères remerciements, ainsi que tous ses collabo-
rateurs, et en particulier MM. l’Inspecteur principal Carli, l’Ins-
pecteur adjoint Glanclaude, le brigadier Leandri et le garde
Pioli.
Je dois également les plus vifs remerciements à M. le Préfet
J. Ravail et à M. le sous-préfet Penel, pour l’intérêt bienveillant
qu’ils ont manifesté pour ma mission.
Les principales difficultés qui s’opposent à l’établissement de
réserves biologiques intégrales proviennent naturellement des inté-
rêts privés qui peuvent se trouver lésés. Il y a d’abord la question
des troupeaux laissés à l’abandon, qui parcourent en toute liberté
les forêts communales, et qu’on est parfois obligé de tolérer jusque
dans les forêts domaniales.
Puis, certaines conventions, passées au siècle dernier, reconnaissent
aux habitants de communes voisines de forêts domaniales certains
droits : passage, parcours, ramassage de bois. Il est impossible de
revenir sur ces concessions sans provoquer un violent mécontente-
ment, qui risque de se traduire par des incendies volontaires. On
irait ainsi à l’encontre du but recherché, qui est la protection de la
nature. On sait combien les incendies sont dangereux en Corse.
Pendant l’été 1945, qui fut, il est vrai, particulièrement sec, ceux
dus simplement à des accidents et à la négligence ont causé plusieurs
morts, et des dégâts qui apparaissent effrayants aux yeux les moins
avertis h
D’autres forêts font l’objet actuellement de plans d’exploitation
en cours ; on ne pourrait les modifier sans de grosses difficultés ou de
grosses pertes pour l’Etat.
Toutes ces raisons excluent pour le moment du nombre des forêts
domaniales corses susceptibles de fournir des reserves biologiques,
quelques-unes des plus intéressante, comme Àïtone, Filosorma,
Valdoniello.
Une autre région que tous les naturalistes qui connaissent l’île
aimeraient voir devenir une réserve biologique est celle des lacs du
Monte Rotondo (Creno, Nino, etc.) avec leurs pâturages de haute
altitude et leurs « pozzines » sur lesquelles le regretté John Briquet a
le premier attiré l’attention. Malheureusement, c’est aussi une
région d’intérêt vital pour les bergers, et toutes les compétences sont
d’accord pour penser qu’il sera impossible d’en exclure complète-
ment les troupeaux, même à la faveur d’une forte 'compensation
pécuniaire, qui ne pourrait d’ailleurs être obtenue en ce moment.
Une dernière categorie de réserves biologiques qui avait été envi-
sagée se rapportait à certaines portions du littoral. Malheureuse-
ment, là aussi nous nous trouvons en présence de circonstances
défavorables.
Les buts immédiats que l’on peut se proposer en Corse dans la
question des réserves biologiques doivent donc être assez modestes :
ils se limiteront à la mise en réserve de parcelles des forêts doma-
niales répondant aux conditions suivantes : difficulté d’exploitation,
aussi bien pour faciliter la protection que pour éviter de priver
l’Etat d’une source de revenus et l’économie nationale du bois dont
1. Il en a été ainsi dans le Fiumorbo, pour ne citer qu’un cas parmi beaucoup d’au-
tres. Il est juste de dire que par contre, les peuplements de Hêtres et les fourrés d ’Alnus
suaveolens résistent mieux à l’incendie.
— 48 — ' . '
«lie a grand besoin ; facilité de surveillance, d’où proximité relative
de maisons forestières ;; extension suffisante en altitude pour com-
prendre des stations variées et de nombreuses espèces, qui se trou-
veront .ainsi protégées.
En signalant dans les lignes suivantes 'quelques parcelles qui
paraissent répondre à ces conditions, et dont le classement comme
réserve biologique aurait l’agrément du service forestier de Pile,
je dois exprimer l’espoir que la 'question delà protection de la nature
en Corse n’en reste pas là, et que des circonstances plus favorables
permettent un jour d’augmenter et d’étendre ces réserves et d’en
augmenter le nombre, ou même de créer une Réserve naturelle admet-
tant le tourisme contrôlé comme celles qui existent au Néouvieille,
dans les Pyrénées, ou au Lauzanier dans les Alpes. La beauté des
montagnes corses justifierait pleinement une telle réalisation. En
dehors des forêts domaniales, la haute vallée de l’Asco, au nord-est
du Monte Cinto est dans un site très beau et présente un. grand
intérêt pour les entomologistes (Lépidoptères, Carabiques, Nebria).
M. Lamotte Fa longuement parcourue, et la considère comme un
emplacement très favorable pour un tel projet ; celui-ci demanderait
des concours financiers, mais ces derniers ont pu être trouvés pour
d’autres réserves d’intérêt analogue. Il demanderait aussi, dans la
population, et auprès des autorités communales, des appuis et une
plus grande compréhension. Nous souhaitons que l’établissement
de réserves biologiques dans les forêts domaniales marque un pre-
mier pas en faisant connaître dans le pays qu’il existe une question
de la protection de la nature ■; le public local serait ainsi amené à
y réfléchir et à accueillir par la suite plus favorablement des sugges-
tions qui doivent finalement servir ses intérêts.
Réserves biologiques brgbosées.
1° Forêt de Vizzavona : partie supérieure des parcelles de Spelon-
eelle et de Tineta, sur le flanc du Monte d’Oro.. Limite inférieure à
.déterminer en accord avec le service forestier local pour réserver la
possibilité d’exploiter les parties d’accès facile situées à proximité
de la route et du chemin de fer. Facilité de surveillance grâce au
voisinage de la maison forestière de Yizzavona. Altitude : entre
1.000 et 2*000 mètres. Site très connu des touristes et des natura-
listes, possédant plusieurs espèces intéressantes d’insectes, parti-
culièrement des Lépidoptères (200 hectares).
'J° Forêt de Calenz a n a- M oneal e : parcelles de Lamiti et de Porca-
receia (310 hectares). Cette forêt, surveillée par la maison forestière
de Bonifato, est à une vingtaine de kilomètres au sud de Calvi. Les
parcelles citées sont entre 800 et 1.800 mètres d’altitude, sur la
limite Est du Domaine ; les arbres sont surtout des pins Laricios et
des hêtres, mais on y trouve aussi de vieux sapins isolés, de beaux
Houx atteignant un fort diamètre et une taille de 6 à 7 mètres, des
Buis qui présentent les traces d’une ancienne exploitation, sans doute
pour f’ébénisteri-e, quelques Chênes verts, quelques Pins maritimes,
des Genévriers, la Bruyère en arbre, quelque* Châtaigniers et Aulnes
dans les parties inférieures, avec, sous bois des Osmondes, des Digi-
tales, des Polypodes, des Cyclamens, des Euphorbes, des Hellébores,
des Menthes comme plantes les plus apparentes. Ces parcelles sont
bornées à l’Est par la forêt communale de Calenzana, qui pourrait
peut-être se prêter plus tard à une extension de la réserve.
Elles sont situées dans le massif le plus élevé de l’île, non loin
de hauts sommets comme le Cinto, le Minuta, le Mufrella et le Corona.
Elles sont parcourues une grande partie de l’année par les Mouflons,
qui trouveront dans la mise en réserve de ces parcelles un surcroît
de protection. On sait que la chasse de ces animaux est interdite
depuis plusieurs années, mais il y aurait intérêt à renforcer cette
défense, qui semble peu connue des chasseurs. Certains habitants
évaluent entre 50 et 150 le nombre des mouflon^ vivant encore dans
le massif du Cinto ; ce nombre est évidemment un peu sujet à cau-
tion, étant donné la difficulté de ces évaluations. On les voit sur-
tout sur la ligne des crêtes du mont Padro au Paglia Orba, et
spécialement de la Mufrella au Monte Corona. M. Pioli, garde des
Eaux et Forêts à Bonifato a vu l’hiver dernier un groupe de
17 individus dans la forêt dont il a la garde. Rappelons qu’il y a
aussi des mouflons plus au sud, vers le col de Bavella.
3° Forêt domaniale de Cerotte, au nord de Zicavo, dans la chaîne
centrale de l’île, et à la latitude d’Ajaccio : série dite « des hêtres »,
située entre 800 et 1.800 mètres d’altitude. Surveillance assez facile
grâce à la proximité de la maison forestière de Saint-Antoine, habitée
par plusieurs gardes. Terrain escarpé et peu accessible ; surface
150 hectares environ.
Souhaitons pour terminer que le projet de création de réserves
biologiques en Corse soit accueilli avec bienveillance par M. le
Ministre de l’Agriculture, et que les naturalistes du Muséum et des
autres grands établissements scientifiques y trouvent la possibilité
d’études fructueuses d’écologie et d’éthologie. Leur création aurait
aussi le résultat d’éveiller l’intérêt du public de l’île pour la protec-
tion de la nature, et d’ouvrir peut-être la voie à des réalisations plus
importantes 1.
Laboratoire de PJiunêrogamie du Muséum.
1. Nous ne pouvons donner ici une liste bibliographique; nous rappelons seule-
ment les volumes publiés par là société de Biogéographie sur le peuplement de la
( orse (1925) et les réserves naturelles (1937). Pour la botanique, le Prodome de la
Flore Corse (dernier fascicule paru en 1938) contient une bibliographie complète.
Sur la validité de Mantipus laevipes (Mocq.)
(Batracien s-Microhylidae)
Par Jean Guibé.
Mantipus laevipes fut décrit sous réserve par Mocquard en 1895
sous le nom de Mantipus hildebrandti Peters ; il considérait en effet
la description de Peters comme entachée d’erreurs et concluait en
Fig. 1. — Mantipus laevipes (Mocq.), type. Vomers.
ces termes : « Si pet .ant, contre toute attente, la description de
Peters se trouvait exacte, nous proposerions pour l’espèce que
nous venons de décrire le nom de Mantophrys laevipes ; Manto-
phrys étant un genre nouveau de Discophidae... » Par la suite,
A
B
Fig. 2. — • Mantipus laevipes (Mocq.), type. A : phalange terminale du 3e. doigt ; B :
phalange terminale du 4e orteil.
Mocquard ayant vérifié l’exactitude de la description de Peters,
considéra comme définitif le nom de Mantophrys laevipes.
Selon Noble et Parker, le genre Mantophrys est synonyme de
Mantipus ; la forme des phalanges terminales des doigts et des
1. Bull. Soc. philom. Paris, 1894-95, (8), VII, p. 132.
2. Nouv. Arch. Mus. Paris, 1909, (5), I, p. 72.
3. Amer. Mus., nov. 1-926, n° 232, p. 8.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
51 —
orteils ne constitue pas un caractère suffisant pour lui attribuer une
valeur générique. Au surplus ces mêmes auteurs admettent l’identité
de Mcmtophrys laevipes Mocq. et Mantipus hildebrandti Peters.
L’étude comparée de l’holotype de Mocquard et d’un exemplaire
de M. hildebrandti m’a amené à la conclusion que ces deux espèces
sont distinctes l’une dé l’autre. L’exactitude de la détermination
du M. hildebrandti de la Collection a été vérifiée par l’examen de
la ceinture scapulaire, du vomer ainsi que des phalanges terminales
dont les caractères concordent avec ceux des figures données par
Noble et Parker ( op . cii., p. 9, fig. 3). Il n’en est plus de même en
ce qui concerne M. laevipes. Chez celui-ci, la clavicule décrit
une courbe régulière à concavité antérieure, son extrémité scapu-
laire est fortement élargie. L’omosternum est bien développé, légère-
ment renflé à son extrémité. La morphologie de la portion post-choa-
nale du vomer est très différente chez ces deux espèces. Chez hilde-
brandti, le post-vomer est sensiblement rectiligne et disposé obli-
quement en arrière et en dedans ; la série de dents vomériennes
s’atténue vers la partie externe. L’apophyse antérieure du postvo-
mer est pointue, dentiforme, courbée en dehors. Chez laevipes (fig. 1),
la portion post-choanale du vomer est courbe ; la série de dents
vomériennes est égale sur toute son étendue ; l’apcphyse antérieure
est massive, élargie à son extrémité en une protubérance arrondie
interne. Les phalanges des doigts et des orteils (fig. 2) présentent la
forme caractéristique en T signalée par Mocquard, leur aspect
diffère nettement de celui des phalanges de M. hildebrandti chez
lequel elles offrent sensiblement la forme en Y.
En l’absence de caractères morphologiques suffisamment précis,
mise à part toutefois la dilatation triangulaire des disques terminaux
des doigts qui fait défaut chez laevipes , il semble que les caractères
ostéologiques que nous avons mentionnés justifient la réhabilita-
tion de Mantipus laevipes (Mocq.) en tant qu’espèce distincte de
M. hildebrandti Peters.
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons) du Muséum.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
4
Reptiles et Batraciens de la Sangha (Congo français)
RÉCOLTÉS PAR M. A. BaUDON
Par J, Guxbé.
Reptiles.
Hemidactylus fasciatus Gray. — 1 ex.
Lygodactylus picturatus gutturalis (Bocage). — \ ex.
Mabuia maculilabris (Gray). — 5 ex.
— raddonii (Gray). — 3 ex.
Rhampholeon spectrum (Buchhoiz). — 3 ex.
Batraciens.
Xenopus calcaratus Buch et Peters. — 4 ex.
Bufo regularis Reuss. — 7 ex.
— laiijrons Blgr. — 1 ex.
— - funereus Bocage — 6 ex.,
— superciliaris Blgr. — - 2 ex.
Rana subsigvllata À. Dum. — - 3 ex.
— albolabris Hallow. r— 2 ex.
- bibroni Hallow. — - 9 ex.
Hylanlbates leonardi Blgr. — 1 ex.
Leptopelis rwtatus (Peters). — 1 ex.
Megalixalus leptosomus (Peters). — 1 ex.
Hyperolius steindachneri Bocage, — - 1 ex.
Hyperolius sp. — 3 ex.
Parmi ces espèces,, Hylambates leonardi Blgr. est nouveau pour
les collections du Muséum.
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons) du Muséum.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
Sur le genre Schôngastia Oudemans 1.910 et la présence a
Madagascar du S cii. aethiopica Hirst (Acariens, Thromb.)
Par Marc André.
Parmi les larves dont il faisait des Microthrombidium, A.-C. Oude-
mans a distingué deux séries : à coté d’un premier groupe, chez
lequel les poils pseudostigmatiques sont longs, minces et barbulés
dans leur moitié distale, il en a reconnu l’existence d’un deuxième où
ils sont claviformes et auquel il attribue le nom générique de Schôn-
gastia (1910, Ent. Ber., III, p. 86) en prenant pour type le Microthr.
Vandersandei Oud., qui attaque l’Homme en Nouvelle-Guinée.
E. Walch (1923, Kitasato Arch. Exp. Med., Y, p. 63; 1927,
Geneesk. Tijd. Ned. Indie, LXVII, p. 922) a regardé Schôngastia
comme n’étant qu’un sous-genre de Thrombicula.
H.-E. Ewing, au contraire (1929, Manual of External Parasites,
p. 187) a tenu Schôngastia pour bien distinct et l’a même subdivisé
en créant un genre N eoschôngastia pour les espèces qui possèdent,
sur la griffe des chélicères, seulement une unique dent dorsale (au
lieu d’une rangée).
C.-D. Radford (1942, Parasitology., XXXIY, p. 55) reconnaît
également la validité du genre Schôngastia et donne le relevé des
espèces connues jusqu’alors, avec l’indication de l’hôte et le lieu de
capture de chacune d’elles.
Chez les Schôngastia le bouclier dorsal porte (outre la paire d’or-
ganes pseudostigmatiques) 5 poils barbulés un antéro-médian, deux
antéro-Iatéraux et deux postéro-latéraux. Les poils pseudostigma-
tiques sont fortement claviformes et barbulés. Chaque chélicère est
ornée d’une rangée de dents dorsales et la griffe des palpes est habi-
tuellement bifurquée.
Oudemans (1927, Ent. Ber., VII, p. 267) est convaincu que l’adulte
'de ces larves Schôngastia, qui est encére inconnu, doit posséder
également des organes pseudostigmatiques en forme de boule.
Cependant si, effectivement, chez la nymphe de .Ne.aschôngasi ia
gallinarum Hatori les soies pseudostigmatiques sont, comme chez la
larve, claviformes, par contre dans la nymphe -et l’adulte du N eo-
schôngastia indien Hirst ces organes sensoriels «e présentent sous Sa
forme de poils barbulés ordinaires bien que chez leur larve, ces
mêmes poils soient typiquement claviformes (C.-B. Rabeord,
Parasitology , XXXVII, 1946, p. h3).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
54
Les exemplaires de Schôngastia recueillis à Madagascar par M. le
Professeur J. Millot étaient fixés, au nombre d’une dizaine, sur le
bord du pavillon de l’oreille d’une Chauve-Souris [ Myotis Goudotii
(A. Smith)] capturée à Ankarana, le 15 septembre 1945.
Par l’ensemble de leurs caractères ils appartiennent incontestable-
ment à Sch. aethiopica décrit par St. Hirst (1926, Proc. Zool. Soc.
London, LIY, p. 828, fig. 2 a-b ).
Schôngastia aethiopica Hirst.
Fig. 1 et 2, exemplaires capturés ensemble, sur le même hôte, et montrant la différence
pouvant exister entre une larve presque à jeun et une autre gorgée de nourriture ;
ces deux échantillons sont représentés au même grossissement : X 160. — Fig. 3,
scutum dorsal figuré par Hirst. — Fig. 4, tarse de la patte I, face dorsale.
La forme du scutum dorsal est identique à la figure donnée par
Hirst, c’est-à-dire avec bord antérieur très légèrement sinueux,
presque rectiligne, et bord postérieur largement , convexe ; les trois
poils antérieurs barbulés sont bien développés et toujours présents
chez tous les exemplaires examinés ; par contre, chacun des indivi-
dus avait perdu ses poils pseudostigmatiques qui, en raison même
de leur structure, sont facilement caducs. Les poils postéro-latéraux
sont assez éloignés de chacun des bords du scutum.
Les poils dorsaux, au nombre de 68, ont sensiblement la même
répartition que chez le type figuré par Hirst.
55
A la face ventrale chacune des coxae porte un unique poil barbulé.
Entre les coxae II ainsi qu’entre les coxae III se trouve une paire
de poils. Les caractères présentés par les palpes maxillaires sont
également typiques.
Les plus petits échantillons malgaches sont longs de 150 fx et
larges de 135 fx ; d’autres atteignent 330 (x X 245 [x et les plus
grands ont environ 500 [x, c’est-à-dire la taille indiquée par Hirst
(430 à 550 jx) pour cette espèce. Ces dimensions dépendent d’ailleurs
uniquement de l’état de replétion des parasites au moment de leur
capture et non pas de leur degré de développement.
Les exemplaires décrits par Hirst parasitaient également une
petite Chauve-Souris, indéterminée, provenant d’Accra.
Cette forme représente la deuxième espèce de Schôngastia signalée
à Madagascar. L.-W. Sambon (1928, Ann. Trop. Med. Parasit.,
XXII, p. 120, fig. 7-8) a décrit et figuré un Sch. madagascariensis
capturé sur une Grenouille ( Mantidactylus luteus Methuen et Hewitt).
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
Une nouvelle forme d’Enemothrombium Berlese igio
' (A CAHIERS, T'hROMB.)
ExEMO’CHUOMBIUM. MINIA TCM Ca\. VV1R.VICINUMJV. VA R.
Par: Mare André.,
1897. Ottonia- miniata G. Canestrini, Acari délia N. Guinea, Termés
zetrajzi Füzeteck, p, 464.
1898. Ottonia miniata G. Canestrini, Id., Atti Soc. V eneto-Trentina,
p. 392, pl. 22; fig. 4.
1910. Microtrombidium (Enemothrombium) cruentatum Berlese, Brevi
diagnosi, Rëdia, Yl, p. 361.
1912. Microtr. (Enemothr.) miniatum (Can.), Berlese, Trombidiidae,
Redia, VIT, p. 202, fig. 95.
1912. M. (E.) miniatum var. curtulum Berlese, Id., Ibid., p. 204,
fig. 96.
M. Ch. Alluaud a recueilli en 1901 à Andrahomana (Madagascar)
un Thrombidion qui, par l’ensemble de ses caractères, se rattache à
VE. miniatum (Can.).
Cette espèce, rencontrée d’abord en Nouvelle-Guinée, puis retrou-
vée à Java (Buitenzorg) où elle semble assez commune, est nouvelle
pour la faune malgache.
Cependant l’individu que nous étudions ici présente certaines
divergences qui permettent de le considérer comme représentant
une variété distincte.
Le type de cette nouvelle variété est d’assez grande taille puisque
sa longueur atteint 2800 p. et sa largeur 1800 p.
L’idiosoma, subovale, possède des saillies humérales très peu proé-
minentes. Il ne montre pas de rétrécissement à la hauteur de la troi-
sième paire de pattes et diminue graduellement de largeur depuis le
bord antérieur de l’hystérosoina jusqu’à l’extrémité postérieure.
La face dorsale est recouverte d’un revêtement dense composé
d’une pilosité caractéristique formée de deux sortes de papilles :
Les unes petites (20 p) sont en forme de feuilles épaisses et garnies
de fines barbules serrées.
Les autres plus grandes (50 p), subsphéroïdales, cloisonnées près
de leur base sont partagées en deux selon une ligne équatoriale et
présentent à leur surface des séries longitudinales de minuscules
aspérités sur lesquelles s’insèrent de fines soies dont la disposition
rappelle l’aspect des papilles de la variété curtulum Berlese ; comme
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 57
dans cette dernière, le sommet des grandes papilles est glabre et
composé d’une membrane mince et hyaline.
Les pattes mesurent respectivement : I, 2250 p ; II, 1760 p ; III,
1850 p ; IV,, 2480 p.
Dans la première paire, les tarses sont longs de 520 p et larges de
Enemothrombium minialum (Can.) var. vicinum M. André;
Fig. 1, palpe maxillaire gauche, face externe. — Fig. 2, le même, face interne. — -
Fig. 3, tibia et tarse de la lre paire de pattes ( X 100). — Fig. 4 et 5, papilles recou-
l^vrant face dorsale de l’idiosoma (X 400).
170jp; le rapport de ces deux dimensions (2,73) est légèrement
inférieur au triple ; le tibia est long de 360 p.
L’armature des palpes est tout à fait caractéristique. Le 4e article
(tibia) porte, sur sa partie dorso-interne, deux peignes : l’antérieur
se compose de 8 épines dont la lre, extrêmement forte, constitue
un ongle accessoire ; le postérieur est formé de 14 épines. La moitié
postérieure de la face interne du tibia est en outre garnie de longues
et fines soies barbulées. Sur la face externe il existe trois épines à
la base du 5e article (tentacule), une dizaine de longues soies lisses
près de l’extrémité distale et le reste de l’article est couvert de fortes
soies barbulées.
Cette variété est voisine de la forme typique par les dimensions
proportionnelles du tarse et celle du tibia ainsi que par la présence
de trois fortes épines à la face interne du quatrième article du palpe ;
elle s’en distingue par le nombre des épines constituant les peignes
de ce même article et l’aspect des grandes papilles recouvrant l’idio-
soma qui sont presque semblables à celles que l’on rencontre dans la
var. curtulum. '
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
— 59
Sur la morphologie comparée des testicules de quelques
ScOLOPENDRIDES (MYRIAPODES-CHILOPODES)
Par J.-M. Démangé.
L’appareil génital des Scolopendrides a été étudié par de nombreux
auteurs. Fabre J. -H. (1855), Heymons R. (1901), Chalande J.
(1905), Verhoeff K.-W. (1903 et 1925) pour ne citer que les prin-
cipaux.
Jusqu’ici très peu d’espèces ont été disséquées et deux schémas
seulement sont connus, ceux relatifs à Scolopendra complanata Latr.
de Fabre et à Scolopendra cingulata Latr. d’PlEYMONS.
Nous avons eu l’occasion d’étudier, outre la Scolopendra cingulata
Latr. un certain nombre d’espèces de Scolopendrides, Scolopendra
alternans Leach, Scolopendra morsitans L., Scolopendra subspinipes
Leach, Otostigmus limbatus Mein., et avons trouvé de nombreuses
variations aussi bien dans la forme des testicules que dans la dis-
position de leurs canaux, leur orientation et leur nombre. i
L’appareil génital de ces Myriapodes est dorsal et se place au-
dessus du tube digestif. Il est noyé dans un tissu adipeux abondant
et enveloppé étroitement dans un fin tissu résistant que l’on retrouve
d’ailleurs autour des testicules et de leurs canaux. Il comprend : une
série de testicules (t, fig. 1) disposés par paires. De chacune des deux
extrémités de chaque paire partent deux fins canaux déférents
(■ cd , fig. 1) intimement accolés l’un à l’autre et se déversant dans
un canal impair axial (a, fig. 1) et dont la partie antérieure se plaçant
entre les glandes salivaires joue le rôle de ligament suspenseur
(Is, fig. 1) un epididyme très long (e, fig. 1) faisant suite au canal
axial. L’epididyme se renfle dans la partie postérieure en un con-
duit plus spacieux, contenant les spermatophores, que Fabre
appelle « bourse des spermatophores » ( bs , fig. 1) se terminant par le
canal éiaculateur où débouchent deux paires de glandes accessoires
(*•, '*■ ! ...
Nous n’étudierons dans cette note que l’appareil testiculaire et
ses variations.
Scolopendra alternans Leach.
Les paires de testicules au nombre de 10 ont la forme de grains
de riz allongés, disposés les uns à la suite des autres, suivant un
ordre irrégulier, tantôt dirigés de droite à gauche, tantôt de gauche
à droite chez un même animal (fig. 2).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
Les canaux déférents de la partie antérieure d’une paire de testi-
cules et les deux autres de la partie postérieure débouchent dans le
canal axial en deux points largement espacés et nettement distants
Fig. 1. — Schéma de l’appareil génital des Scolopendrides. Abréviations : a : canal
axial ; bs : bourses des spermatophores ; cd : canaux déférents ; e : épididyme ;
gâ : glandes accessoires ; Is : ligament suspenseur ; t : paires de testicules.
Fig. 2. — Appareil testiculaire de Scolopendra allernans Leach. ,
des ouvertures des canaux de la paire précédente ou suivante (fig. 3).
Nous retrouverons cette même disposition chez la Scolopendra
complanata Latr. étudiée par Fabre.
Scolopendra cingulata Latr.
Les paires de testicules chez cette espèce ont la même forme que
précédemment mais sont au nombre de 12. Leur disposition varie
suivant les individus mais dans un cadre très limité 1. En général,
elles sont placées comme dans la figure et orientées de droite à
gauche (fig. 4).
Heymons en 1901, cité par Verhoeff en 1903 et en 1925 et
Chalande en 1905, ont étudié la Scolopendra cingulata La+r. et fonf
converger « les canaux excréteurs » en unr seul point sur le canal
axial.
Nous n’avons jamais observé, aussi bien chez cette espèce que
chez d’autres, des points d’embouchures semblables. Au contraire,
les canaux se déversent en deux points différents. Les canaux de
l’extrémité antérieure par exemple, d’une paire de testicules donnée
aboutissent sur le canal axial au même endroit que les canaux de l’ex-
trémité postérieure de la paire précédente et inversement, les canaux
de l’extrémité postérieure de cette même paire de testicules ren-
contrent au même endroit les canaux antérieurs de la paire sui-
vante (fig. 5).
Les auteurs ont-ils étudié une autre espèce que Scolopendra cin-
gulata Latr. ?
Scolopendra morsitans L.
Les paires de testicules sont allongées et disposées sans ordre
défini à part les deux paires postérieures accolées l’une à l’autre,
nettement séparées des antérieures, que l’on trouve toujours ainsi.
Leur orientation est difficile à préciser. Elles sont au nombre de 10
comme chez Scolopendra alternans Leach (fig. 6).
Le rapport de leurs canaux avec le canal axial est le même que
celui que nous avons décrit chez Scolopendra cingulata Latr. (fig. 5).
Scolopendra subspinipes Leach.
Les paires de testicules sont très longues et se disposent sous la
forme d’un long cordon blanchâtre tordu comme les fibres d’une
corde. Si l’on sépare ces fibres les unes des autres, on constate la
présence de 7 paires de testicules orientées de gauche à droite
(%• 7).
Les canaux déférents se disposent de la même manière que chez
Scolopendra cingulata Latr. et morsitans L. (fig. 5).
Otostigmus limbatus Mein.
Les paires de testicules sont épaisses, disposées én cordon torsadé
comme chez Scolopendra subspinipes. Leach et orientés de gauche a
droite. La torsade n’est pas effilée à l’extrémité antérieure comme
chez cette dernière espèce et les fibres par suite de la longueur même
■des testicules- sont courtes-, de sorte, que l’ ensemble est plus ramassé.
1. Les individus disséqués étaient sans doute plus ou moins contractés.
— 62
Fig. 3. — Schéma de la disposition des canaux déférents chez Scolopendra alternans
Leach. Les testicules sont grisés. ■ — Fig. 4 : Appareil testiculaire de Scolopendra
cingulala Latr. — FiG. 5 : Schéma de la disposition des canaux déférents des Scolo-
pendra cingulata Latr., morsitans L., subspinipes Leach et de Otosligmus limbatus
Mein. — Fig. 6 : appareil testiculaire de Scolopendra morsitans L. — Fig. 7 : appareil
testiculaire de Scolopendra subspinipes Leach. — Fig. 8 : Appareil testiculaire
d ’Otostigmus limbatus Mein. — Abréviations : a : canal axial ; cd : canaux déférents \
Is : ligament suspenseur ; t : paire de testicules.
63 —
En disséquant on trouve 10 paires de testicules en grains de riz
(ûg. 8).
Les canaux déférents antérieurs et postérieurs des testicules ren-
contrent le canal axial aux mêmes points que chez Scolopendre
subspinipes Leach, morsitans L. cingulata Latr. (fig. 5).
D’après ce qui précède, nous pouvons dire que trois points essen-
tiels caractérisent les testicules des Scolopendrides : le nombre des
canaux, leur rapport avec le canal axial et la forme générale du
système testiculaire.
Pour ces différents caractères nous pouvons donner les tableaux
suivants :
Nombre de paires de testicules. — 12 paires de testicules :
Scolopendra cingulata Latr. - — ■ 10 paires de testicules : Scopolendra
alternans Leach, Scolopendra morsitans L., Otostigmus limbatus
Mein. — ■ 7 paires de testicules : Scolopendra subspinipes Leach.
Disposition des canaux déférents. • — - Canaux déférents se
continuant à travers le canal axial par ceux de la paire opposée
(fig. 5) : Scolopendra subspinipes Leach. Scolopendra cingulata
Latr., Scolopendra morsitans L., Otostigmus limbatus Mein. —
Canaux déférents d’une paire débouchant en des points différents
de ceux de la paire opposée (fig. 3) : Scolopendra alternans Leach.
Forme de l’appareil testiculaire, — Appareil testiculaire en
torsade : Scolopendra subspinipes Leach, Otostigmus limbatus
Mein. — Testicules en chapelet : Scolopendra alternans Leach.
Testicules non disposés en chapelet ni en torsade : Scolopendra cin-
gulata Latr. Scolopendra morsitans L.
De ces tableaux un fait important se dégage : Otostigmus limbatus
Mein. se rapproche beaucoup des Scolopendra et n’est pas isolé
comme Test Scolopendra alternans Leach, par exemple, par ses
canaux et la disposition de ses paires de testicules.
Non seulement Otostigmus limbatus Mein. se rapproche du genre
Scolopendra mais encore d’une espèce bien déterminée de ce genre :
Scolopendra subspinipes Leach. L’appareil testiculaire dessine une
torsade, les canaux déférents débouchent dans le canal axial de la
même façon. Autre ressemblance : l’orientation des testicules est
identique chez ces deux Myriapodes ; ce sont les seuls d’ailleurs dont
les testicules sont dirigés de gauche à droite. Cependant le nombre
des paires testiculaires n’est pas le même.
Les espèces , étudiées sont en trop petit nombre pour que nous
soient permises quelques remarques sur l’importance systématique
de la morphologie comparée de l’appareil testiculaire.
Néanmoins nous avons cru intéressant de signaler que l’appareil
™ 64 —
génital des Seolopendiides est soumis à de nombreuses variations
suivant les genres et les espèces.
•En. -conclusion, l’appareil testiculaire varie morphologiquement
chez les Seolopendrkles. Ces variations portent non seulement sur
la disposition mais encore sur le nombre des testicules et sur la
position des embouchures des canaux déférents sur le canal axial.
La morphologie comparée de l’appareil testiculaire une fois
étudiée .chez un certain nombre d’espèces sera probablement utile
pour révéler des affinités que ne laissent pas soupçonner la morpho-
logie externe. Il semble en être ainsi pour V Otosligmus limbatus
Mein. et la Scolopendra subspinipes Leach.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
Attems (G.). 1930. — Myriapoda. Handb. Zool., IV.
Ghalanjde (J.). 1905. — Recherches biologiques et anatomiques sur les
Myriapodes du sud-ouest de la France. Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse,
XXXV III.
Fabre ( J.-H,). 1855. — Recherches sur l’anatomie des organes reproduc-
teurs et .sur le développement des Myriapodes. Ann. Sci. Nat., 4e sér.,
Zool., t. 3.
Heymons (R.) 1901. Die Entwicklungsgeschichte der Scolopender.
Bibl. Zool., Stuttgard, H. 33.
Verhoeff (K. W.). 1903. — Ghilopoda in Bronn’s Klas. u. Ordn. Tier —
Reichs, Bd. V, Aht. II.
— 1985. — Chilopoda. Ibid.
— 65
Quelques ectoparasites des animaux sauvages
du Parc Zoologique du Bois de V inc en nés
(deuxième hôte) 1
Par J. Nouvel et E. Séguy.
Nous avons déjà rapporté, sous ce même titre, une liste d’ecto-
parasites recueillis sur les animaux du Parc Zoologique du Bois de
Vincennes. Nous présentons aujourd’hui les résultats de nouvelles
récoltes.
L — MALLOPHAGES
A. Amblycera.
1. Trimenopon Jenningsi (Kellog et Paine) a été recueilli sur
son hôte régulier : le cobaye ( Cavia cobaya Marog.). Ce parasite a été
signalé sur d'autres espèces du même genre ainsi que sur Lepus
brasiliensis = Lepus andinus Thomas et Didelphis (Metachirus)
opossum Seba.
2. Gyropus ovalis Nitzsch. a, lui aussi, été recueilli sur son
hôte régulier : le cobaye (Cavia cobaya Marog.). Il est plus commun
que le précédent et a été, comme lui, retrouvé sur plusieurs espèces
du genre Cavia, sur Lepus brasiliensis Thomas et Didelphis opossum
Seba. Il a,, en outre été recueilli sur Marmota marmota (L.), Eury-
zygomatomys spinosus Desm. et sur un oiseau : Jacana spinosa
jacana (L.).
3. Menopon gALLiNÆ (L.) parasite commun des volailles domes-
tiques a été recueilli sur un paon ordinaire (Pavo cristatus L.), qui ne
figurait pas encore sur la liste de ses hôtes. .Ceux-ci sont divers
Phasianidés ; Crossoptilon auritum (Pallas), Pucrasia macrolopha
Darwini Swinhoe, Chrysilophus pictus (L.), Pavo spicifer L. ainsique
Numida meleagris (L.) et plusieurs pigeons et canards domestiques.
4. Menopon spiniferum Piaget a été recueilli sur le cadavre
d’une pie commune ( Pica pica pica (L.)) capturée dans le jardin. Ce
parasite a pour hôte régulier Cyanocorax chrysops (Vieillot) mais il a
déjà été signalé sur Pica pica (L.), Cyanopica cyanea (Pallas) Garru~
1. Bull. Muséum, 2e sér., t. XVI, n° 2, 1944, p. 128.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
66 —
lus glandarius (L.), Sturnus vulgaris (L.), et Amydrus tenuirostris
(Rüppel).
5. Colpocephalum decimfasci atum Boisd. et Lacor. a été
recueilli sur son hôte régulier : le héron cendré (Ardea cinerea L.),
ses hôtes occasionnels actuellement connus sont : Egretta garzetta
(L.), Demigretla. gularis (Bosc), Nycticorax, nycticorax (L.), et Ixo~
brychus minutus (L.) de la famille des Ardeidés ainsi que Sterna
sumat'ana Rafïles et Thalasseus Bergii (Licht.) de la famille des
Laridés.
6. Colpocephalum trochioxum Nitzsch a été recueilli sur un
bihoreau ( Nycticorax nycticorax nycticorax (L.)) en captivité depuis
4 ans. Il n’avait pas encore été signalé sur cet hôte mais sur Botau-
rus stellaris (L.), Bulbucus ibis (L.) et Ardea purpurea L. apparte-
nant à la même famille.
7. Colpocephalum atrofasciatum Piaget a été recueilli sur une
grue de Numidie ( Anthropoïdes virgo (L.)). Il a pour hôte régulier
Grus grus (L.) et a été en outre observé sur Balearica pavonina (L.).
Il n’avait pas encore été signalé sur Anthropoïdes virgo (L.).
8. Myrsidea picae (L.) a été recueilli sur son hôte régulier : la
pie commune ( Pica pica (L.)). Ce parasite n’a pas été signalé sur
d’autres hôtes.
9. Trinoton querquedulæ (L.) a été recueilli sur un canard
sifïleur ordinaire ( Mareca penelope (L.)). Il a pour hôte régulier Anas
querquedula L. mais a été retrouvé sur de nombreuses espèces appar-
tenant à divers genres d’Anatidés : Plectr opter us, Anser, Anas,
Mareca, Spatula, Netta, Nyroca , Bucçphala, Oxyura, Mergellus,
Mergus et sur Colymbus arcticus pacificus Lawrence et Haematopus
ostralegus galapagensis Ridgway ; un exemplaire, probablement
déserteur a été trouvé par Marmottan sur Botaurus stellaris (L.).
B. Isehnoe&ra.
1, Goniodes pavonis (L.) a été recueilli sur son hôte régulier le
paon à col bleu ( Pavo cristatus L.), il a également été signalé sur le
paon nigripenne (Pavo cristatus mut. nigripennis) .
2. Goniocotes gallinae (De Geer) a été recueilli sur un faisan
doré (Chrysolophus pictus (L.)). Il a pour hôtes réguliers la poule et
la pintade domestiques, mais il a été aussi rencontré sur Gallo-
phasis Cuvieri = Gennaeus Horsfieldi (Gray) ? subsp. ou hybrid.
Ortyx virginianus L. et Gallus bankiva Temminck. Quelques femelles
ont été trouvées sur Tadorna tadorna (L.) par Piaget qui les consi-
dère comme des déserteurs, et quelques larves ont été recueillies
sur Perdix per dix (L.). Il n’avait jamais été signalé sur Chrysopholus
pictus (L.).
— 67 —
3. Lipeurus caponis (L.) a également été recueilli sur un faisan
doré ( Chrysilophus pictus (L.)). son hôte régulier est la poule domes-
tique, mais on le rencontre communément sur la pintade domestique
et il a aussi été signalé sur Phasianus colchicus subsp. L., Ph. col-
chicus versicolor Vieillot, Ph. colchicus torquatus Gmelin, Alectoris
rufa (L.) et plusieurs espèces du genre Gallus ; dés déserteurs ont
été signalés sur Pavo muticus L. et sur Chrysolophus pictus (L.) Sous
le nom de Lipeurus variabilis Nitzsch il a été obser.vé sur Lophopho-
rus impejanus (Latham), Francolinus capensis Gmelin, Syrmaticus
Keevesii (J. E. Gray), Gallophasis Cuoieri — Gennaeus Horsfieldi
(Gray) ? subsp. ou hybrid. et sous le nom de Lipeurus antennatus
Piaget, sur Hierophasis Swinhoii (Gould).
L’abondance de parasites retrouvés à tous les stades de leur
développement et l’isolement du groupe de faisans dorés d’où pro-
venait le sujet examiné nous permet de placer Chrysolophus pictus
(L). parmi les hôtes de Lipeurus caponis (L.).
4. Philopterus xnteger (Nitzsch) a été recueilli sur une grue de
Numidie ( Anthropoïdes air go (L.)), son hôte régulier est Grus grus (L.).
Il n’avait pas encore été recueilli sur Anthropoïdes virgo (L.).
5. Anatoecus icterodes (Nitzsch) a été recueilli sur une berna-
che du Canada ( Branta canadensis (L.)), son hôte régulier est Mer gus
albellus (L.) mais il a été signalé sur de nombreux Anatidés : apparte-
nant aux genres Anser, Branta, Anas, Mareca, Spatula, Netta,
Nyroca, Clangula, Polysticta, Mergellus, Mer gus, Tadorna, Melanitta
et Oxyura. Il n’avait pas encore été recueilli sur Brama cana-
densis (L.).
6. Ornithobius goioplurus- Denny a été recueilli sur un cygne
noir ( Chenopsis atrata (Latam)), son hôte régulier est Branta cana-
densis L. mais il a aussi été retrouvé sur Mer gus merganser L. et
Cygnus olor (Gmelin), il n’avait pas encore été signalé sur Chenopsis
atrata (Latham).
7. Esthiopterum struthionis Gervais a été recueilli successive-
ment sur une autruche ( Struthio camelus camelus L.) et sur un Nandou
( Rhea americana americana (L.)). Son hôte régulier est Struthio
camelus L. ; il n’avait pas encore été signalé sur Rhea americana
americana (L.).
8. Ardeicola ardeæ (L.). a été recueilli sur son hôte régulier le
héron cendré ( Ardea cinerea L.), il a d’autre part été signalé sur Ardea
purpurea L. et, comme déserteur sur Phoenicopterus antiquorum
Temminck.
9. Anaticola crassicorne (Scopoli) a été recueilli sur une ber-
na che du Canada ( Branta canadensis (L.)) et sur un canard sifïleur
ordinaire ( Mareca penelope (L.)). C’est un parasite commun à de
nombreux genres d’anatidés : Tadorna, Anas, Chaulelasmus, Spatula ,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
5
Aix, Netta, Nyroca, Bucephala, Clangula, Somateria, Oidemia,
Melanitta, Polysticta, Oxuyra, Merganetta, Mergus. Cette espèce est
polymorphe et Piaget a reconnu les variétés suivantes : Antennata
sur Chenopsis atrata (Latham), Colorata sur Sarkidiornis melanota
Pennant, Major sur Anas gibberifrons S. Müller, et Pallida sur
Cygnus buccinator Richardson. Il n’avait pas encore été signalé sur
Branla canadensis (L.) ni sur Mareca penelope (L.).
10. Pectinopÿgus longiçornis (Piaget) a été à deux reprises
recueilli sur des Cormorans ( Phalacrocorax carbo carbo L.) qui est
son hôte régulier, il a, d’autre part, été signalé sur Phalacrocorax
aristotelis (L.) et Phalacrocorax graculus (L.).
11. Trichodectes tibialis Piaget a été recueilli sur un cerf
d’Eld ( Racervus Eldi Guthrie), il a pour hôte régulier Dama dama (L),
mais a été retrouvé sur Capreolus capreolus (L.) et Capreolus
pygargus Pallas. Il n’avait pas encore été signalé sur Rucervus Eldi
Guthrie.
12. Damalinia crenelata Piaget a été recueilli sur un Dama-
lisque à front blanc ( Damaliscus albifrons (Burchell)), qui est son hôte
régulier, il n’a pas, à notre connaissance, été rencontré sur d’autres
hôtes.
En résumé nous avons identifié 21 mallophages différents, recueil-
lis sur des Mammifères et des Oiseaux.
Ces observations ont révélé 12 nouveaux hôtes, tous situés dans
la classification zoologique à proximité des hôtes déjà connus pour
ces parasites. Nous n’avons pas fait mention dans cette note des
parasites signalés dans notre note précédente et qui ont été retrouvés
sur les mêmes hôtes.
Laboratoires d’Ethologie des animaux sauvages et d’ Entomologie
du Muséum National d’Histoire Naturelle.
— 69
L'organe neural des Polyclinidae
Par J.-M. Pérès.
Pans une précédente note (7) j’ai donné quelques aperçus sur
l’organe neural de la famille des Polyclinidæ que j’avais à peu près
complètement négligée lors de mes premières recherches (4). Ces
aperçus ne portaient que sur quatre espèces : Amaroucium Nordmani
Milne-Edwards, Amaroucium (Parascidia) areolatum Délia Chiaje,
Amaroucium ( Parascidia ) turbiruitum (Savigny), Synoicum argus
Milne-Edwards. Le présent travail est fondé sur un matériel plus
abondant des précédentes espèces auquel vient s’ajouter l’étude de
six autres espèces : Polyclinüm aurantium Milne-Edwards. Aplidium
pallidum Verril, Amaroucium albicans Milne-Edwards, Amaroucium
punctum Giard, Amaroucium densum Giard, Amaroucium proliferum
Milne-Edwards. Soit au total dix espèces appartenant à quatre
genres et un sous-genre.
L’étude de l’organe neural des Polyclinidæ , et des Aplousobranches
d’une manière générale, est beaucoup plus difficile que celle du même
organe chez les Phlébobranches et il faut de nombreuses séries de
coupes poiir avoir une idée valable d’une espèce. Dans mon précédent
travail je, m’étais borné à décrire les organes neuraux des quatre
espèces étudiées et à essayer de saisir les analogies et les différences
morphologiques précisant les affinités des espèces et des genres.
Malgré un matériel pourtant important, j’avais dû renoncer à établir
s’il existe ou non un cycle de fonctionnement analogue à celui que
j’ai constaté dans le même organe des Ascidies simples. Le présent
travail a pour but de préciser ce dernier point, au moins chez les
rares espèces où j’ai eu la chance de pouvoir saisir certaines étapes
du cycle de fonctionnement. Il s’agit bien d’une chance car j’ai
observé que, au sein d’un même cormus, l’immense majorité des
ascidiozoïdes montre des organes neuraux tous au même stade.
Polcylinum aurantium Milne-Edwards.
Chez cette espèce le volume de la glande est du même ordre que
oelui du ganglion nerveux.' La glande, qui présente très souvent une
large lacune centrale, a une structure très réticulée. Les noyaux des
cellules du réticulum sont le plus généralement gros, sphériques ou
ovalaires, et pourvus d’un petit nucléole. Les noyaux falciformes
Bulletin du Muséum, 2® série, t. XVIII, n° 1, 1946.
70
sont très rares et très rares aussi les cellules univacuolaires libres,
individualisées, non incluses dans le réticulum. On voit assez souvent,
dans le canal évacuateur, des cellules non vacuolisées étoilées ou
amiboïdes en voie d’évacuation. Bien qu’il y ait quelques variations,
on peut dire que, dans l’ensemble, les cas de phagocytose sont peu
nombreux. Les éléments phagocytés dégénèrent rapidement ; ils
sont alors assez basophiles et non réfringents le noyau est en général
peu distinct probablement par suite de la rapide fragmentation qui
suit la pycnose, fragmentation que j’ai pu observer dans quelques
cas favorables.
Aplidium pallidum Verril
Lahille avait déjà remarqué que, chez cette espèce, la glande
neurale n’est qu’une dilatation du tube neural (3). D’autre part,
Brien (2) écrit à propos de cette espèce : « Le protoplasme des cel-
Fig. 1. — - Aplidium pallidum. Coupe dans la région du complexe neuroglandulaire
montrant différents aspects de la vacuolisation du tissu de la glande neurale et, dans
les vacuoles, des coagulums protéiques. Dans la lumière on voit deux cellules vacuo-
lisées, individualisées, prêtes à être éliminées et deux cellules non vacuolisées à
noyau pycnotique. En haut à droite, l’origine du cordon dorsal en continuité avec
lé canal excréteur de la glande. Remarquer l’intense basophilie de l’épithelium de
ce dernier par rapport aux cellules du cordon dorsal et de la glande. En haut,,*von
a figuré le bord ventral du ganglion nerveux. (X 750 environ).
Iules de la glande neurale forme une masse trabéculaire aeidopnile
où sont semés les noyaux, très gros, ovalaires, à chromatine générale-
ment condensée en masses irrégulières accolées à la membrane
nucléaire ». Personnellement, j’ai constaté de grandes variations
individuelles d’un ascidiozoïde à l’autre dans la taille de la glande
neurale. Parfois en effet, elle est réduite à un mince amas cellulaire
allongé placé sous le canal évacuateur qui aboutit au pavillon
— 71
cilié ; c’est même le cas le plus fréquent, du moins dans les cormus
que j’ai examinés. J’ai cependant vu quelques ascidiozoïdes qui mon-
traient une glande plus développée, assez analogue à l’aspect repré-
senté par Brien (2), quoique toujours nettement plus petite que le
ganglion. Le réticulum est peu net. Les noyaux sont gros et pourvus
d’un volumineux nucléole. Il y a pas mal de cellules irrégulières
non vacuolisées. La vacuole des cellules de l’épithelium est le plus
souvent basale ou latérale et contient fréquemment, comme d’ail-
leurs les cellules vacuolaires du reste de l’organe, un amas ampho-
phile ou basophile qui paraît être un coagulum du contenu vacuo-
lairé (fig. 1). Je n’ai pas vu de cas de phagocytose. Les noyaux des
cellules univacuolaires prêtes à être éliminées sont souvent falci-
formes et en même temps pycnotiques.
Amaroucium albicans Milne-Edwards.
La glande, bien développée, est à peu près du volume du ganglion.
Elle est confuse, difficile à analyser, et sa structure paraît peu réti-
culaire. Les cellules de l’épithelium de l’organe sont nettement vacuc-
lisées, k vacuole étant fréquemment basale et occupant la presque
totalité du corps cellulaire ; le noyau est falciforme. La lumière
de l’crgane est complètement oblitérée par des cellules univacuo-
laires, .également à noyau falciforme, très serrées mais qui ne sem-
blent guère s’agréger en un réticulum. Il y a, de-ci de-là, queloues
cellules desquamées à noyau pycnotique.
Les vacuoles des cellules univacuolaires sont assez souvent à
contours réfringents, grumeleux et très basophiles, et parsemées
de traînées également basophiles ; on y observe souvent de très
petits cristallites. Il ne peut guère s’agir là que des figures dues à la
coagulation du contenu vacuolaire. J’ai vu, assez rarement, au sein
des vacuoles, des cellules phagocytées bien reconnaissables qui sont
souvent elles-mêmes d’autres cellules univacuolaires.
Amaroucium punctum Giard.
La glande, un peu moins volumineuse que le ganglion, montre une
structure un peu réticulée. Dans l’ensemble les noyaux sont volu-
mineux, arrondis ou ovalaires, peu chromatiqùes et nucléolés. Les
noyaux falciformes sont assez rares, de même que les cas de phago-
cytose ; les fréquences des .uns et des autres vont d’ailleurs de pair,
bien que les cellules à noyau non falciforme possèdent aussi le pou-
voir phagocytaire. L’abondance des noyaux falciformes paraît
également liée, dans une certaine mesure, à une diminution de la
— 72 —
structure réticulaire. Les vacuoles ont le même aspect que chez
A. albicans. Il y a parfois des cellules desquamées irrégulières, non
vacuolaires, à cytoplasme clair et noyau pycnotique. Les cellules
éliminées par le pavillon cilié peuvent appartenir à toutes les caté-
gories.
Amaroucium densum Giard.
La glande, assez volumineuse, est à peine moins grosse que le
ganglion. Sa structure est assez confuse. Dans l’épithelium on voit
des vacuoles dans toutes les positions : basales, apicales, latérales.
La lumière de la glande est bourrée par un agglomérat de cellules
à gros noyau, peu chromatique, parfois pourvu d’un nucléole tou-
jours fort petit. Bien que les cellules paraissent polyvacuolaires, la
structure d’ensemble est assez compacte parceque les vacuoles sont
fort petites. Le réticulum, bien que peu net, paraît cependant exister.
Il y a quelques cellules univacuol aires libres à noyau généralement
arrondi ou ovalaire, rarement falciforme. Les cellules non vacuo-
lisées, de forme irrégulière, à cytoplasme arrondi et noyau pycno-
tique, sont assez nombreuses. Les cas de phagocytose sont excep-
tionnels. J’ai étudié quatre fragments de cormus, comprenant
chacun de nombreux ascidiozoïdes et je n’ai vu qu’un seul cas de
phagocytose.
Amaroucium proliferum Milne-Edwards.
J’avais déjà étudié cette espèce dans ma première publication
d’ensemble (4). J’avais observé l’extrême vacuolisation du tissu de
l’organe neural mais je n’avais pas osé interpréter sa structure comme
réticulaire. La comparaison avec les organes neuraux des autres
espèces du genre Amaroucium me permet aujourd’hui de juger
autrement.
La glande, un peu moins grosse que le ganglion, a une structure
bien réticulée, les cellules univacuolaires individualisées, libres,
sont peu nombreuses. Les noyaux des cellules du réticulum, assez
variés, sont tantôt arrondis ou ovalaires, tantôt falciformes. Les
cellules irrégulières non vacuolisées, à noyau pycnotique, sont très
rares. Dans les vacuoles il y a souvent des coagulums protéiques.
L’abondance des cas de phagocytose par les cellules du réticulum
est variable. Dans l’ensemble, ils sont assez peu nombreux. Les
éléments phagocytés sont souvent des cellules irrégulières non
vacuolisées, parfois aussi des cellules univacuolaires et même des
éléments sanguins (cellules à grains réfringents jaunes). J’ai vu sur
73 —
certains individus des cellules un ivacuol aires, chargées de restes de
phagocytose, en voie d’élimination par le pavillon cilié. Ceci tendrait
à prouver que le réticulum peut se dissocier une fois que ses éléments
constitutifs ont exercé leur fonction phagocytaire et laisse entrevoir
chez cette espèce l’existence possible d’un cycle de fonctionnement.
Ce cycle, de fonctionnement pourrait être ainsi schématisé : Les
cellules de l’épithélium se vacuolisent ; puis, soit en restant adhé-
rentes à celles qui sont apparues après elles, et qui les repoussent,
soit par desquamation, elles gagnent le centre de la lumière de l’or-
gane. Leur vacuole augmente ; les cellules comprimées les unes
contre les autres confondent leurs cytoplasmes et forment un réti-
culum. Par ailleurs, l’épithelium de l’organe peut desquamer des
Fig. 2. — - Amaroucium Nordmani. Schémas simplifiés expliquant^l’évolution de la
glande neurale. ( >^ 800 environ).1
cellules non vacuolisées dont le noyau devient pycnotique. Cellules
non vacuolisées et cellules vacuolisées peuvent être phagocytées
par les cellules du réticulum. Puis, ultérieurement, le réticulum se
désagrège pour libérer les cellules qui le constituent et qui, chargées
ou non de résidus de phagocytose, sont éliminées par le pavillon
cillé. Peut-être le réticulum se désagrège-t-il par le haut au fur et à
mesure qu’il se constitue par le bas.
Amaroucium Nordmani Milne-Ewdards.
Je ne reviendrai pas sur la description de l’organe que j’ai déjà
faite précédemment (7), mais j’insisterai sur son cycle de fonction-
nement dont de nombreuses coupes m’ont permis de me faire une
idée assez nêtte.
w
— 74 —
Au début de son évolution les cellules qui bourrent la lumière de
' la glande sont peu vacuolisées, les vacuoles sont petites et l’aspect
général n’est pas (ou peu) réticulaire (fig. 2, Stade 1). Les noyaux
sont gros, arrondis, peu chromatiques et nucléolés. Les cas de phago-
cytose, toujours présents, sont peu nombreux. Progressivement, la
taille des vacuoles augmente (fig. 2, Stade 2), l’aspect réticulé se
précise (fig. 2, Stade 3) et la proportion des cas de phagocytose
augmente, les noyaux restant toujours arrondis ou ovalaires. Enfin,
tandis que cette structure persiste dans les régions de la glande
les plus proches de ses parois, la région centrale et celle qui confine
au canal évacuateur montrent un nouvel agrandissement des vacuoles
tandis que les noyaux, comprimés par l’accroissement vacuolaire,
deviennent falciformes (fig. 2, Stade 4). En même temps les phéno-
mènes de phagocytose deviennent à peu près généraux tant dans les
cellules restées libres que dans celles qui sont agrégées dans le réti-
culum. La phagocytose peut être simple ou en cascade. Il y a fré-
quemment deux ou trois cellules phagocytées par vacuole.
Amaroucium areolatum Délia Chiaje.
La glande est assez aplatie, un peu moins volumineuse que le
ganglion, et assez allongée vers l’arrière. Suivant les individus, le
réticulum interne de la glande est plus ou moins développé. En
général il est très important et les cellules univacuolaires individua-
lisées sont très peu nombreuses. Les noyaux sont à peu près toujours
falciformes. On observe fréquemment la vacuolisation des cellules
encore incluses dans l’épithelium et j’ai même vu un cas de phago-
cytose par une cellule encore incluse dans l’épithelium. Il y a quel-
ques rares cellules acidophiles non vacuolisées de forme irrégulière
et à noyau très chromatique ou pycnotique. Ces dernières cellules
peuvent être phagocytées par les cellules du réticulum mais le plus
souvent les vacuoles de celui-ci renferment des cellules univacuo-
laires, souvent déjà phagocytaires elles-mêmes, et qui sont proba-
blement les sœurs des cellules du réticulum. L’importance des phéno-
mènes de phagocytose varie quelque peu avec les individus, mais
dans l’ensemble ceux-ci sont importants. Les éléments phagocytés
dégénèrent en montrant un noyau pycnotique et un cytoplasme
très basophile.
Amaroucium turbinatum Savigny.
L’organe neural est assez analogue à celui de A. areolatum ; les
deux espèces sont d’ailleurs très proches l’une de l’autre. La struc-
ture est au moins aussi réticulaire que chez A. areolatum. Les cel-
t
75
Iules univacuolaires individualisées, encore plus rares que chez
l’espèce précédente, montrent en général un noyau falciforme tandis
que les noyaux des cellules du réticulum sont, en général, arrondis
ou ovalaires. Les cas de phagocytose paraissent absents. Souvent
les vacuoles sont réfringentes, à contours basophiles, et parsemées de
traînées très basophiles ; elles rappellent ce qu’on observe chez Am.
ulbicans et Am. punctum.
Synoicum argus Milne-Edwards.
Chez cette espèce, si commune sur nos côtes de la Manche, et bien
que j’aie étudié de nombreux cormus, ma connaissance du cycle
reste très imparfaite.
J’ai pu voir un zoïde chez lequel l’organe neural d’ailleurs peu
volumineux renfermait de nombreuses cellules acidophiles irrégu-
lières classiques, et d’autres éléments rassemblant aux cellules qui
remplissent ordinairement la lumière de l’organe mais non vacuo-
lisés. Dans l’épithelium, en revanche, on voyait quelques cellules
tendant vers une' structure polyvacuolaire. Il n’y avait nul cas de
phagocytose.
Au contraire chez la plupart des zoïdes on trouve réalisée la struc-
ture très réticulaire que j’ai décrite et figurée (7), avec ses gros
noyaux arrondis ou ovalaires et nucléolés. Les vacuoles 'montrent
souvent des coagulums plus ou moins nets ; les cas de phagocytose
restent extrêmement rares. En comparant très soigneusement un
très grand nombre de zoïdes dont l’organe présente cet aspect réti-
culaire on voit que, chez certains individus, la structure des cellules
qui forment le réticulum est plutôt polyvacuolaire au moins dans les
régions les plus périphériques de l’organe, ce qui est en accord avec
l’aspect polyvacuolaire qu’a l’épithelium de l’organe au premier
stade de son évolution. Il y a encore quelques rares cellules acido-
philes à noyau pycnotique. Dans la région centrale de l’organe,
puis. à partir de cette région et d’une façon centrifuge, il y a, pro-
bablement par fusion des vacuoles existantes, apparition de vacuoles
beaucoup plus grandes. Ce sont ces deux phases caractérisées par :
l’aspect très réticulaire, les noyaux gros, arrondis et pourvus d’un
volumineux nucléole et l’absence presque totale de cas de phago-
cytose, qui sont réalisées chez l’immense majorité des ascidiozoides
que j’ai étudiés.
Cependant chez quelques rares individus, j’ai observé que les
vacuoles de la région centrale de l’organe tendent encore à augmen-
ter, ce qui finit par modifier les noyaux qui deviennent falcif ormes
en même temps que leur nucléole diminue. Simultanément les cas
de phagocytose sont infiniment plus nombreux, les éléments phago-
Y
— 76
cytés étant très basophiles mais trop dégradés pour qu’on puisse
apprécier leur nature.
Conclusions.
Il est malaisé de tirer des conclusions précises, relatives à l’en-
semble des Polyclinidæ, des observations précédemment exposées^
Il y a très probablement un fonctionnement cyclique de l’organe
neural des Polyclinidæ. Je l’ai observé assez nettement chez Am.
Nordmani bien que je n’aie pas vu l’élimination du matériel cellu-
laire contenu dans la glande, par le pavillon cilié. J’ai vu, en revanche,,
cette élimination chez Am. proliferum espèce chez laquelle j’ai pu
saisir (ainsi d’ailleurs que chez S. argus ) des signes non équivoques
de fonctionnement cyclique (quoique moins précis que chez Am.
Nordmani) . Chez les autres espèces étudiées, je n’ai rien vu qui puisse
permettre de parler d’un cycle de fonctionnement de l’organe neural.
L’existence de ce cycle est cependant probable ; mais il reste difficile
à saisir surtout parce que, comme je l’ai déjà dit, il doit y avoir
très généralement synchronisme de fonctionnement des organes
neuraux de tous les ascidiozoïdes appartenant à un même cormus.
Dans l’immense majorité des cas l’organe neural présente le même
aspect au sein d’un même cormus.
La proportion des cas de phagocytose dans l’organe neural dépend
évidemment de la phase à laquelle la fixation a saisi cet organe. Chez
Am. Nordmani, les cas de phagocytose, peu nombreux au début,
sont très abondants à la fin. Cependant chez des espèces comme
Ciona intestinalis (4), j’ai constaté que, même quand la glande est
encore loin de sa phase d’élimination (phase à laquelle il y a une
proportion élevée de cas de phagocytose), on observe quand même
des cellules phagocytées. Or, chez P. aurantium, Ap. pallidum, Am.
albicans, Am. punctum, Am. densum les cas de phagocytose sont
exceptionnels. Il est probable, si l’organe neural de ces espèces a
un cycle, que, même à la phase d’élimination, les cas de phagocy-
tose y sont moins nombreux que chez les autres espèces étudiées.
La présence dans certaines vacuoles chez Am. albicans, Am.
punctum et Am. turbinatum de traînées réfringentes et d’un contour
vacuolaire grumeleux également réfringent et basophile indique
une nature particulière du contenu vacuolaire. Chez Ap. pallidum
il y a nettement, au sein de la plupart des vacuoles des cellules de
l’organe neural, des coagulums non réfringents amphophiles ou
basophiles qui sont certainement analogues. Ces figures sont à rap-
procher de ce qu’on observe chez S. argus où il y a, dans certaines
vacuoles des cellules du réticulum interne de la glande, des coagulums
que j’ai figurés dans un précédent travail mais qui sont non réfrin-
> — 77 —
gents et à peu près incolorables, contrairement aux formations des
espèces précitées.
Dans une certaine mesure la structure plus ou moins réticulaire
de cellules contenues dans un organe neural donné dépend aussi de
la phase à laquelle celui-ci s’est trouvé fixé. Cependant dans l’en-
semble on peut dire que le réticulum, peu net chez Ap. pallidum et
chez les espèces les moins évoluées du genre Amaroucium ( Am.
punctum, Am. albicans, Am. densum.) est beaucoup plus développé
chez les Amaroucium plus évolués (Am. Nordmani, Am. proliferum)
et chez les espèces du sous-genre Parascidia et S. argus. Par ailleurs
le réticulum est important chez P. aurantium bien que le genre
Polyclinum soit considéré comme le plus primitif des Polyclinidæ.
L’organe neural d 'Aplidium pallidum pose d’autre part un pro-
blème tout à fait particulier. J’y ai constaté, en effet, de grandes
variations de volume de la glande, d’un ascidiozoïde à l’autre,
variations qui paraissent avoir échappé à Brien dans ses deux
remarquables publications sur la blastogénèse de cette espèce
(2 et 3), ce qui est d’ailleurs tout à fait normal, étant donné que son
attention n’était pas particulièrement tournée vers la glande neurale.
Brien a mis en évidence dans les cormus d’ Aplidium pallidum, l’exis-
tence de deux sortes d’ascidiozoïdes : des individus bourgeonnants,
et des individus sexués, un certain nombre de générations des pre-
miers se sucpédant avant que les seconds n’apparaissent. Le savant
belge ne précise pas s’il y a des différences dans la glande neurale
entre l’individu sexué et l’individu bourgeonnant ; il se borne à
décrire la glande neurale de l’ascidiozoïde en général (2, p. 12),
mais note cependant, à propos du cordon dorsal de l’aScidiozoïde
bourgeonnant (2, p. 17) : « Le cordon dorsal présente avec le canal
excréteur et la glande neurale, les relations signalées plus haut ».
Faute de m’en être avisé à temps, je n’ai pu essayer de voir si par
hasard les différences entre la glande neurale des différents ascidio-
zoïdes ne correspondraient pas à leur qualité respective d’individu
bourgeonnant ou d’individu sexué, mais la chose serait intéressante
à reprendre. Ces variations individuelles ont cependant un autre
intérêt. Brien a montré en effet comment le bourgeonnement post-
thoracique du genre Aplidium (différent du bourgeonnement postab-
dominal des autres Polyclinidæ) annonce le bourgeonnement si parti-
culier des Didemnidæ. Or, j’ai déjà signalé dans une précédente
publication (7) que les Didemnidæ présentent eux aussi, et très
régulièrement semble-t-il, des variations individuelles importantes
de la glande neurale ; celle-ci, d’ailleurs, est, chez les Didemnidæ,
même à son maximum de développement, infiniment moins impor-
tante que chez les Polyclinidæ. Ce nouveau point de contact entre
le genre Aplidium et les Polyclinidæ devait cependant être signalé.
En somme, l’étude de l’organe neural s’avère, au moins dans son
v
0
— 78 —
-état actuel, incapable de clarifier ou de préciser les positions respec-
tives des quatre genres de Polyclinidæ que j’ai pu étudier. Au fond,
malgré une similitude apparente due à des proportions analogues,
l’organe neural des Polyclinidæ montre un aspect assez évolué et sa
structure s’éloigne nettement plus de celle observée chez les Poly-
citoridæ (P. lepadiformis ■ — 4) que ne s’en éloigne celle observée
chez les Phlébobranches les plus inférieurs, Rhopalæa neapolitana
par exemple (5). L’organe neural de Rh. neapolitana ou même celui de
C. intestinalis ou Ascidia aspersa est plus proche de celui de Poly-
citor lepadiformis que ne le sont les organes neuraux des Polyclinidæ
que j’ai étudiés. L’élimination d’éléments sanguins par l’organe
neural, si fréquente chez les Phlébobranches, est, chez les Poly-
clinidæ, à peu près nulle.
Peut-être la diminution d’activité de l’organe neural chez les
Polyclinidæ est-elle en rapport avec l’existence de la tunique com-
mune. J’ai constaté en effet, chez les Didemnidæ, que l’évolution des
éléments sanguins se passe presqu’entièrement au sein de la tunique,
qui joue le rôle physiologique d’un conjonctif commun aux différents
ascidiozoïdes, sans qu’il y ait bien entendu aucune homologie entre
la tunique et le tissu conjonctif véritable (6). Chez les Polyclinidæ
l’activité sanguine au sein de la tunique est certainement, d’après
mes premières observations, moindre que chez les Didemnidæ ;
elle existe cependant et peut être à l’origine de la faible activité de
l’organe neural qu’on constate dans l’ensemble des espèces de la
famille que j’ai étudiées. L’activité sanguine dans la tunique, plus-
grande chez les Didemnidæ se trouverait correspondre à une réduc-
tion très poussée de l’organe neural, réduction que j’ai signalée
dans une précédente note (3). Une confirmation ou une infirmation
de cette hypothèse pourrait être tirée de l’étude des formes de Poly-
citoridæ chez lesquelles les zoïdes sont complètement empâtés dans
la tunique commune par comparaison avec celles chez lesquelles
les zoïdes sont simplement unis par des stolons rampants comme chez
P. lepadiformis seule espèce de la famille des Polycitoridæ que j’aie pu
étudier.
Notons en terminant que la présence de coagulums plus, ou moins
colorables dans les vacuoles des cellules de l’organe neural de cer-
taines espèces pose un problème nouveau : celui de l’élimination
éventuelle par l’organe neural de substances dissoutes dans l’hémo-
lymphe des ascidiozoïdes.
Laboratoire de Malacologie et Laboratoire maritime de Dinard.
— 79
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
(1) Brien (P.). Contribution à l’étude de la blastogénèse des Tuniciers.
Arch. Biol., XXXV, 1925.
(2) — Formation du système nerveux et^des glandes génitales dans les
blastozoïdes d’Aplidium zostericola Giard. Ibid., XXXVII 1927.
(3) Lahille (F.). Contribution à l’étude anatomique et taxonomique des
Tuniciers. Thèse Paris 1891.
(4) Pérès (J.-M.) . Recherches sur le sang et les organes neuraux des
Tuniciers. Thèse Paris. Ann. Inst. Oc., 1943.
(5) — Recherches sur Rhopalæa neapolitana. Bull. Inst. Oc. Monaco, 1943*
n° 844.
(6) — Première contribution à l’étude du sang et de la tunique des
Didemnidæ. Ibid,., 1945, n° 880.
(7) Recherches sur l’organe neural des Ascidies Aplousohranches. Ibid.r
- n° 888, 1945.
80
Les Alcyon aires du Muséum : I. Famille des Alcyoniidae
3. Genre Sarcophytum ,
Par A. Tixier-Durivault.
Après avoir étudié les genres Lobularia et Sinularia 1 nous avons
entrepris la révision du genre Sarcophytum,.
Etabli par Lesson 2 en 1834 avec la description de Sarcophytum
lobulatum ce genre fut à nouveau détaillé par Moseley 3, Maren-
ZELLER 4, MoSER 5, PrATT 6 et RoXAS 7.
Le genre Sarcophytum se distingue nettement des genres Alcyo-
nium, Lobularia et Sinularia par les particularités suivantes :
1. Caractères morphologiques : colonie encroûtante ou en forme de
champignon ; pied bas, cylindrique, stérile ; capitule en chapeau
à centre lisse et bords plus ou moins plissés.
2. Caractères anatomiques ■: colonies dimorphes à autozoides et
siphonozoides abondants, visibles extérieurement ; système externe
de canaux très réduit ; système interne de. canaux particulièrement
bien développé.
3. Caractères généraux des spiculés : sclérites de l’intérieur du
coenenchyme basilaire en aiguilles de 0,3 à 1 mm. de long ou en
tonnelets à verrues verticillées ; spiculés corticaux en massues ou en
bâtonnets à protubérances plus ou moins régulièrement rangées.
Parmi les 21 espèces du genre Sarcophytum- 16 espèces ont été
décrites précédemment : S. acutangulum, S. crassocaule, S. digitatum,
S. Ehrenbergi, S. Ehrenbergi var. stellatum, S. elegans, S. glaucum,
S. gracile, S. latum, S. Moseri, S. mycetoides, S. puertogaleræ, S. spon-
giosum, S. tenuispiculatum, S. tersum et S. trocheliop orum alors
que 6 d’entre elles sont des espèces nouvelles : S. cinereum, S. cras-
sum, S. Decaryi, S. molle, S. regulare et S. tortuosum.
1. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., t. XV, n° 6 ; t. XVI, n<w 3, 5, 6 ; t. XVII, n°® 1, 2, 3, 4.
2. Lesson dans Bélanger: Voy. Ind. Orient. Zool. Zooph., 1834 ; et dans Duberrey :
Voy. Coquille, Zool. 1830-1838, II, Zooph.
3. Moseley : Challenger Reports, Zool. vol. II, Corals, 1881.
4. Marenzeller : Zool. Jahr. Syst. I, 1886.
5. Moser : Mitteil. Zool. Mus. Berlin, Bd IX, 1919.
6. Pratt : The Fauna and Geography of the Maldive and Laccadive Archipelagoes,
vol. II, p. 1, 1903.
7. Roxas : Philip. Journ. Science, vol. L, n° 3, 1933.
Bulletin du Muséum, 2® série, t. XVIII, n° 1, 1946.
81 -
1. Sarcophytum acutangulum (Marenzeller).
Synonymie :
1886. Sarc. Ehrenbergi var. acutangulum, E. v. Marenzeller. Zool.
Jahrb., Syst. 1, p. 357.
1903. Sarc. roseum, E. M. Pratt. The Alcyonaria of the Maldives,
pt ii, p. 512, pl. XXIX, figs 10, 11.
1905. Sarc. contortum, E. M. Pratt, Rep. Pearl Oyster Fish. of Gulj of
Manaar, pt III, Supp. Rep. XIX, p. 251, pl. 1, figs 6, 7.
1910. Sarc. acutangulum W. Kükenthal. Die Fauria S. W. Australiens,
Bd III, Lief. 1, p. 25, pl. II, fig. 10, 11, tex-fig. 2, 3.
1910. Sarc. contortum, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens»
Bd III, Lief. 1, p. 29.
1910. Sarc. roseum, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens,
Bd JII, Lief 1, p. 32.
1919. Sarc. acutangulum, J. Moser. Mitt. Zool. Mus. Berlin, Bd IX,,
text-fig. 7, p. 244.
1928. Sarc. acutangulum var. occidentalis , L. Thorpf,. Journ. Linn. Soc.
London, Zool., vol. XXXVI, p. 502.
1931. Sarc. acutangulum, J. A. Thomson et L. M. I. Dean. Siboga-
Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 54, pl. XVI, fig. 6 ; pl. XXVII, fig.. 4.
1933. Sarc. acutangulum, H. A. Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 377.
Diagnose : Colonie : pied cylindrique, stérile, élargi vers le haut *
capitule fortement et régulièrement plissé, dépassant peu le pied.
Spiculés : 1° dans la base du cœnechyme : a) à l’intérieur : bâtons
(0,33 à 0,45 mm. de long) et aiguilles (0,13 mm. de long) à petites
aspérités simples régulièrement rangées ; b) dans la zone corticale :
quelques courtes massues (0,1 mm. de long) à tête large. 2° dans le
capitule : aiguilles (0,2 mm. de long) et bâtonnets (0,3 mm. de long)
à petites verrues ; massues (0,1 à 0,2 mm. de long) à tête irrégulière.
Polypes : autozoides rares au centre du capitule (2 au cm.) et
serrés à la périphérie (6 à 10 au cm.) ; 3 à 6 siphonozoides entre
2 autozoides au milieu du disque et 1 seul au bord.
Coloration : de la colonie à sec : brun.
Localité : 1 exemplaire sans origine.
Distribution : Mer Rouge, Philippines (Palawan), Ceylan, Austra-
lie N. W., Port Denison, I. Tonga, I. Fidgi.
2. Sarcophytum cinereum N. Sp.
Diagnose : Colonie : pied cylindrique stérile à capitule peu débor-
dant, lisse au centre, à larges plis périphériques.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : grandes
aiguilles (0,9 à 1,1 mm. de long) à verrues régulières assez proémi-
nentes ; b) dans la zone corticale ; bâtonnets (0,35 à 0,65 mm. de
long) à rares aspérités. 2° dans le capitule : aiguilles (0,58 à 0,9 mm.
— 82 —
de long) à petites protubérances simples ; massues à long manche
et à tête effilée (0,19 à 0,42 mm. de long).
Polypes : nombreux autozoides au bord du capitule (10 au cm.)
plus rares au centre (3 au cm.) ; 2 ou 3 rangées de siphonozoides
entre 2 autozoides.
Coloration : des colonies dans l’alcool : gris clair, gris brun, brun
jaunâtre.
Localité : 6 exemplaires : 3 spécimens des Nouvelles Hébrides
(Port Viîa, Mr. Bouge, 1910) et 3 colonies de Madagascar (Antsi-
rane, Mr. Decary, 1919).
Cette espèce se rapproche de S. trocheliophorum par sa forme exté-
rieure et s’en éloigne par ses spiculés ; voisine de S. digitatum par
ses aiguilles S. cinerum s’en distingue cependant par la disposition
et le détail des verrues et de ses sclérites.
3. Sarcophytum crassocaule Moser.
Synonymie :
1919. Sarc. crassocaule, J. Moser. Mitt. Zool. Mus. Berlin, Bd IX,
p. 243, text-fig. 6 ; pl. V, fig. 10. 1
1933. Sarc. crassocaule, H. A. Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 375, pl. 1, fig. 4.
Diagnose : Colonie : pied dur, stérile, assez large ; capitule peu
débordant, faiblement plissé à la périphérie.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur :
cylindres (0,2 à 0,4 mm. de long) à 4 verticilles de verrues composées
et proéminentes ; b) dans la zone corticale : aiguilles (1 à 1,5 mm.
de long) ornées de 4 rangées d’aspérités simples ; massues (0,09 à
0,13 mm. de long) à tête réduite ; 2° dans le capitule : aiguilles et
bâtonnets épineux (0,2 mm. de long) ; bâtons simples et petites
massues (0,09 à 0,13 mm. de long).
Polypes : autozoides serrés (7 à 10 au cm.) ; petits siphonozoides
(5 à 6 entre 2 autozoides au centre du capitule, 1 à 3 seulement à la
périphérie).
Coloration : des colonies dans l’alcool : blanc jaunâtre, blanc
grisâtre.
Localité : 1 exemplaire de Poulo Condor (Mr. Harmand, 1877) ;
4 spécimens de Madagascar (Mr. Geay, 1905).
Distribution : Philippines (Palawan et Mindoro), I. Liebliche,
Nouvelle Guinée, Poulo Condor, Madagascar.
4. Sarcophytum crassum N. Sp.
Diagnose : Colonie : pied cylindrique, bas, stérile, portant un
capitule mou, épais, légèrement plissé à la périphérie.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : aiguilles
83
(1 mm. de long) à petites épines ; minces bâtonnets (0,5 mm. de
long) à fines verrues proéminentes ; b) dans la zone corticale :
bâtons (0, 2mm. de long) et petites massues à tête élancée (0,1 à
0',15 mm. de long). 2° dans le capitule : fines aiguilles (0,5 mm. de
long) ornées de protubérances peu nombreuses ; petites massues
(0,1 mm. de long) à tête peu élargie.
Polypes : 2 autozoides au cm. ; siphon ozoides très nombreux
(10 rangées entre 2 autozoides).
Coloration : de la colonie dans l’alcool : jaune brunâtre.
Localité . : 1 exemplaire de Madagascar (Mr. Geay, 1905).
Cette espèce se rapproche de S. digitatum par la taille de ses
aiguilles basilaires et s’en éloigne par l’allure générale de sa colonie.
5. Sarcophytum Decaryi N. Sp.
Diagnose : Colonie : grande masse encroûtante à large pied stérile,
étalé, et à capitule orné à la périphérie de gros plis épais.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a)' à l’intérieur : double-
sphères accolées à grosses verrues composées, serrées (0, 2mm. de
long) ; tonnelets à étranglement marqué ornés de 4 verticilles de
protubérances ; b) dans la zone corticale : larges bâtonnets peu
verruqueux possédant de petites aspérités simples. 2° dans le
capitule : aiguilles (0,3 mm. de long) à rares verrues ; massues (0,1 à
0,2 mm. de long) à large tête et à manche pointu.
Polypes : gros autozoides (2 au cm. au centre du capitule, 5 à la
périphérie) ; 8 à 10 siphonozoides entre 2 autozoides au milieu du
disque, 1 à 2 rangées au bord.
Coloration : de la colonie à sec : jaune grisâtre.
Localité : 1 exemplaire de la Baie de Diego Suarez (Mr. Decary,
1929).
Cette espèce se rapproche de 5. latum par son aspect extérieur
mais en diffère nettement par la forme -de ses spiculés.
6. Sarcophytum digitatum Moser.
Synonymie :
1919. Sarc. digitatum, J. Moser. Mitt. Zool. Mus. Berlin, Bd IX, p. 249,
text-fig. 10 ; pl. V, fig. 8.
1933. Sarc. digitatum H. A. Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 380, pl. I, fig. 8.
1936. Sarc. digitatum, L. M. I. Macfadyen. Scientific Results of the
Great Barrier Reef Expédition, vol. V, n° 2, p. 41, 1928-29.
Diagnose : Colonie : pied cylindrique, stérile, assez haut, suppor-
tant un capitule débordant, lisse au centre, divisé à la périphérie en
longs plis étroits.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : nom-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
6
— 84 —
breuses aiguilles (0,9 à 1 mm. de long) à petites verrues irrégulières ;
courtes massues (0,17 ‘à 0,39 mm. de long) à large manche et à tête
mince ; b) dans la zone eorticàle : bâtonnets ornées d’aspérités arron-
dies (0,24 à 0,5 mm. de long). 2° dans le capitule : aiguilles à protu-
bérances pointues (0,1 à 0,2 mm. de long) et bâtons (0,4 à 0,5 mm.
de long) à petites épines aiguës.
Polypes : 2 à 3 autozoides au em. au centre du disque, 5 à 10 à
la périphérie ; 4 à 5 siphonozoides entre 2 autozoides au milieu du
capitules, 7 à 8 rangées au bord.
Coloration : des colonies dans l’alcool : brun noirâtre, gris brun,
gris jaune, brun jaunâtre.
Localité : 5 exemplaires des I. Seychelles (M. L. Rousseau, 1841).
Distribution : Philippines (Port Galera Bay, Mindoro), Grande
Barrière, 1. Seychelles.
7. Sarcophytum Ehrenbergi Marenzeller.
Synonymie :
? 1834. Sarc. lobulatum, Lesson : dans Bélanger : Voy. Ind. Orient.,
Zool. Zooph., p. 517, t. II ; dans Duperrey : Voy. Coquille, Zool., 1830-38,
II, Zooph., p. 92.
? 1857. Sarc. lobatum (err. lobulatum), J. H. Milne-Edwards. Hist.
nat. d. Corail, p. 122.
1886. Sarc. Ehrenbergi, E. v. Makenzeuer. Zool. Jahrb., Syst., 1,
pi 356, pl. IX, figs 3, 4,
1899. Sarc. Ehrenbergi var. sansibaricum, W. May, Jena. Zeitschr.
Naturw., Bd XXXIII, p. 114, fig. 7.
1900. Sarc. Ehrenbergi, S. J. Hickson et I. L. Hiles. The Stolonifera
and Alcyonacea coll. by Willey, New Britain, pt IV, p. 504.
1902. Sarc. Ehrengergi var. areolata, E. Burchardt. Jena. Denkschr.,
Bd III, p. 677 pl. LY, fig. 7 ; pl. LVII, figs 10, 11.
1903. Sarc. Ehrenbergi, E. M. Pratt. The Alcyonacea of the Maldives,
pt II, p. 508, pl. XXVIII, figs 1, 2.
1903. Sarc. tenuis, E. M. Pratt. The Alcyonacea of the Maldives, pt II,
p. 512, pl. XXVIII, fig. 6 ; pl. XXIX, fig. 9.
1905. Sarc. Ehrenbergi, E. M. Pratt. Rep. Pearl Oyster Fish. of Gulf
of Manaar, pt III, Supp. Rep. XIX, p. 252.
1905. Sarc. oligotrema, E. M. Pratt. Rep. Pearl Oyster Fish. of Gulf of
Manaar, pt III, Supp. Rep. XIX, p. 250, pl. I, figs 3, 4, 5.
non 1908. Sarc. lobulatum, M. Cohn. Alcyonacea v. Madagask. u. Osta-
frika, Bd II, p. 214.
1909. Sarc. Ehrenbergi, J. A. Thomson et J. M Simpson. Alcyonarians
Investigator, vol. II, p. 4.
1910. Sarc. Ehrenbergi, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens,
Bd III, Lief. 1, p. 23.
1910. Sarc. Ehrenbergi forma typica, W. Kükenthal. Die Fauna S. W.
Australiens, Bd III, Lief. 1, p. 23.
85 —
- 1910. Sarc. lobidatum, W; Kükenthal. Die Fauna.S. W. Australiens,
Bd III, Lief. 1, p. 30. , ,
1910. Sarc. oligotrema, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens
Bd III, Lief. 1, p. 32.
1910. Sarc. tennis, W. . Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens,
Bd III, Lief. 1, p. 32.
1910. Sarc. Ehrenbergi, J, A. Thomson et D, L. Mackinnon. Trans.
Linn. Soc. London, s, 2, vol. XIII, Zool., p. 176.
1910. Sarc. oligotrema, J. A. Thomson et D. L. Mackinnon. Trans.
Linn. Soc. London, s. 2, vol. XIII, Zool., p. 176.
1913. Sarc. Ehrenbergi, W. Kükenthal. Denksch. Kaiserl. Akad.
Wissensch., vol. LXXXIX, p. 10.
1919. Sarc. Ehrenbergi, J. Moser. Mitt. Zool. Mus. Berlin, Bd IX,
p. 240, text-fig. 4:
1931. Sarc. Ehrenbergi, J . A. Thomson et L. M. I. Dean. Siboga-Expe-
ditie, Monogr., XlII-d, p. 55, pl. IX, fig. 1.
1933. Sarc. Ehrenbergi, H. A. Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 374, pl. 1, fig. 3.
Diagnose : Colonie : pied stérile assez court, élargi vers le haut ;
capitule en forme de coupe, peu débordant, à bords légèrement
festonnés et retournés vers la base du pied.
Spiculés : 1° dans la hase du cœnenchyme : a) à l’intérieur : aiguilles
et bâtonnets (0,26 mm. de long) courts, ornés de fortes verrues proé-
minentes ; b) dans la zone corticale : massues (0,1 à 0,25 mm. de
long) à tête peu distincte et à manche large ; bâtonnets (0,15 mm. de
long) à rares protubérances. 2° dans le capitule : bâtons (0,44 mm.
de long) à épines disséminées ; massues (0,1 à 0,25 mm. de long)
à manche pointu et à tête verrucfueuse.
Polypes : 5 autozoides au cm. ; 2 à 3 rangées de siphonozoides
difficilement visibles entre 2 autozoides. '
Coloration : de la colonie dans l’alcool : jaune brunâtre.
Localité : 1 exemplaire des Mers de l’Inde (M. Armange, 1852).
Distribution : Mer Rouge, Maldives, Ceylan, Zanzibar, Philip-
pines (Puerto Calera Bay et Mindoro), Port Denison, I. Réunion,
Archipel Bismarck, Kwandong Bay, Saleyer, Binongka, I. Fidji,
China Straits, I. Tonga, Cebu.
8. Sarcophytum Ehrenbergi var. stellatum Moser.
Synonymie :
1910. Sarc. Ehrenbergi var. stellatum, W. Kükenthal. Die Fauna
S. W. Australiens, Bd III, Lief. 1, p. 24.
1919. Sarc. Ehrenbergi var. stellatum, J. Moser. Mitt. Zool. Mus.
Berlin, Bd IX, p. 242, text-fig. 5.
1933. Sarc. Ehrenbergi var. stellatum, H. A. Roxas. Philip. Journ.
Science, vol. L, p. 374.
I
— 86 —
Diagnose : Colonie : pied court, stérile, faiblement élargi vers le
haut ; capitule épais, plus mince à la périphérie, peu débordant,
légèrement festonné.
Spiculés : i° dans la base du cænenchyme : aiguilles larges ou
étroites (0,24 mm. de long) couvertes de grandes verrues irrégulière-
ment distribuées. 2° dans le capitule : a) à l’intérieur : aiguilles
(0,24 de long) à protubérance composéess éparses ; b) dans la zone
corticales : massues (0,09 à 0,12 mm. de long) à rares aspérités ;
sclérites en étoiles (0,03 mm. de long) au voisinage des siphonozoides.
Polypes : autozoides serrés- au bord du capitule, moins nombreux
au centre (2 au cm.) ; siphonozoides abondants (8 à 10 entre 2 auto-
zoides).
Coloration : de la colonie : gris verdâtre.
Distribution : I. Aru.
8. Sarcophytum elegans Moser.
Synonymie :
1919. Sarc. elegans, J. Moser. Mitt. Zool. Mus. Berlin, Bd IX, p. 252,
text-fig. 11 ; pl. V, fig. 9.
1931. Sarc. conoolutum, J. A. Thomson et L. M. I. Dean. Siboga-Expe-
ditie, Monogr. XlII-d, p. 63, pl. XI, fig. 7 ; pl. XXIII, fig. 1.
1933. Sarc. elegans, H. A. Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 252 ; pl. I, fig. 9.
1936. Sarc. elegans, L. M. I. Macfadyen. Scientific Results of the Great
Barrier Reef Expédition, vol. Y, n° 2, p. 42, 1928-29,
Diagnose : Colonie : pied élargi et aplati supportant un capitule
à bords amincis très largement plissés.
Spiculés : 1° dans la base du cænenchyme : a) l’intérieur : aiguilles
irrégulières (0,55 mm. de long) ornées de courtes verrues larges
composées ; b) dans la zone corticale : bâtonnets épineux (0,3 à
0,4 mm. de long) ; courtes massues (0,1 à 0,2 mm. de long) à tête
peu distincte. 2° dans le capitules : bâtonnets (0,2 à 0,4 mm. de long)
à petites aspérités ; massues ténues (0,1 mm. de long) irrégulières.
Polypes : gros autozoides (5 au cm. au bord du disque et 2 seule-
ment au centre) ; siphonozoides très petits (5 à 12 entre 2 autozoides).
Coloration : de la colonie dans l’alcool : jaune grisâtre.
Localité : 1 exemplaire de Madagascar (M. Geay, 1905).
Distribution : 1. Damar, I. Kei, I. Jedan, Philippines (Puerto
Galera Bay), Grande Barrière, Madagascar.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
— 87 —
Notes sur les Jagonia (Lamellibranches)
Par A. Chavan.
Le genre Jagonia Récluz, 1869 (Type, par désignation de son
auteur : « le Jagon » Adanson = « Venus » eburnea Gmel. = « V. »
orbiculata Mtg. = « Lucina » pecten Lmk.) est. l’un des plus connus
des Lucinidae, famille de Lamellibranches Hétérodontes dont j’ai
entrepris l’étude systématique.
Aux résultats formulés dans un premier travail 1 s’ajoutent main-
tenant beaucoup d’observations complémentaires. Certaines plus
générales sont réservées pour une révision complète de la famille,
en préparation. (D’autres ajoutent à la connaissance de tel ou tel
genre particulier, celles-ci peuvent être groupées sous sa rubrique.
C’est le cas des remarques suivantes sur Jagonia.
I. Discussion du terme Jagonia. — J’ai déjà signalé ( op . cit.,
p. 256) que le vocable Ctena Morch (1860) 1861, ne saurait .être
considéré comme préemployé par Ctenia Lepelletier et Serville,
1825, et qu’en conséquence il pourrait prévaloir sur Jagonia comme
antérieur, s’il avait été défini. Des deux espèces citées par Morch
comrne Ctena, sans autre développement, l’une semble référable aux
Pleurolucina : « Lucina » cancellaris Phil., l’autre est une Jagonia :
« Lucina » pectinata Cpr. = J. mexicana Dall. Il est nécessaire de
désigner l’une d’elles comme type et, pour sauver le vocable Jagonia
universellement répandu, je désigne ici « Lucina » cancellaris Phil.
(Zeitschr. f. Malak., 1846, III, p. 21 ; figurée ultérieurement par
Dall, Synops. Lucinacea, 1901, Proc. U. S. Nat. Mus., NXIII,
pi. XXXIX, fig. 11) pour génotype de Ctena ; de sorte que ce terme
est à subordonner aux Linga, comme remplaçant ou avoisinant
Pleurolucina, proposé pour une forme très proche (L. leucocyma
Dall).
Il va de soi que si ,« L. » pectinata Cpr., l’autre espèce de Morch,
avait été antérieurement à ce travail et formellement désignée pour
type de Ctena, Jagonia tomberait en synonymie de ce terme. Mais
je n’ai pu trouver de telle désignation dans la littérature. Dall
(Syn. Lucinacea, 1901) a simplement dit que Ctena prévaudrait sur
Jagonia s’il n’y avait Ctenia. Lamy (Rev. Lucinacea Muséum, 1920)
1. A. Chavan, Essai critique de Classification des Lucines. Journ. Conchyl., vol. 81
et 82, 1937-38 ; voir pour Jagonia : vol. 81, p. 255-263 et vol. 82, p. 221-223.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 88 —
cite, p. 253, dans la synonymie de J. mexicana = pectinata le vocable
Ctena comme employé par Carpenter (Suppl. Report, 1864, p. 537)
pour cette espèce ; j’ai pu vérifier que c’est un lapsus calami : Car-
penter n’indiqne pectinata que comme Lucina,. Enfin Bartsch
et Rehder ont récemment décrit un Jagonia comme « Ctena clipper-
tonensis », mais sans rappel d’un génotype.
II. Sous-genres de Jagonia. — A Epicodakia Iredale, 1930 (Type
dés. par son auteur : E. consettiana Ïred. = « L. » minima Ten.-
Woods) et Jagolucina Chavan, 1937 (Type dés. par l’auteur :
« Lucina » concava Defr.) doit être ajouté un troisième sous-genre :
Talocodakia Iredale, 1936 (Type dés. par son auteur : Epicodakia
Kennethi Ïred.), introduit comme subdivision d’ Epicodakia, que
M. Iredale estime genre distinct.
L’intérieur d’E. Kennethi n’a pas été figuré comme confirmation,
de la diagnose de Talocodakia, mais celle-ci est suffisamment claire
pour permettre l’assimilation à ce sous-genre d’une autre espèce
australienne, celle-là fossile néogène l « Lucina » despectans Tate,
que j’ai pu étudier dans la collection Cossmann (spécimens de
Muddy Creek).
« L. » despectans est peu profonde, de même que T. Kennethi ; sa
forme est aussi très inéquilatérale et sa sculpture réduite à de faibles
costules rayonnantes qui disparaissent sur la région moyenne du
test, ne subsistant donc qu’aux extrémités latérales, le plus nette-
ment du côté postérieur ; en outre, quelques fines stries concen-
triques. La charnière de la valve gauche présente : Air sortant d’en-
dessous le bord, AIV faible, très écartées ; 2 un peu oblique en arrière,
presque droite, 4 & ; Pn comme issue d’en-dessous le bord, loin des
cardinales, PIV moins forte, mais nette. La digitation du muscle anté-
rieur est courte, réniforme, assez divergente. Le bord interne
demeure lisse.
Or, la diagnose de T. Kennethi signale précisément des dents laté-
rales distantes et petites ; si le bord interne n’est pas denticulé
dans cette espèce, Talocodakia convient parfaitement à « L. » des-
pectans et plus encore à une autre forme de Muddy Creek, « L. »
projecta Tate, dont les lamelles latérales sont très réduites.
De telles coquilles diffèrent bien, malgré une certaine ressem-
blance, de mon sous-genre Jagolucina, à surface lisse. En effet, elles
présentent des traces d’ornementation rayonnante ; An et Pn,
moins grosses et plus allongées, semblent sortir d’en-dessous le bord
cardinal, 2 n’est pas bifide, enfin la digitation est différente.
Ces formes s’écartent encore plus d ’ Epicodakia par leur sculpture
presque estompée et surtout leur ligament externe ; encore par leur
contour très inéquilatéral, leur moindre profondeur.
Elles sont plus proches de Jagonia, sensu stricto, mais présentent
— 89
une sculpture, plus faible, un bord interne lisse. Elles ont toutefois
les lamelles latérales qui sortent aussi d’en dessous le bord, les dents,
la digitation, enfin le contour général de même allure que Jagonia.
Talacodakia en serait donc le sous-genre le plus proche.
III. Sur deux Jagonia de l'Océan Indien. — Ed. Lamy (Rév. Luci-
nacea Muséum, Journ. Conchyl., vol. 65, 1920, p. 256) avait assimilé
à Jagonia divergens (Phil.) = bella (Conrad) == fibula (Ad. et
Reeve) deux espèces de la Réunion : « Lucina » Reevei Desh. et
« Lucina » minuata Desh. (Cat. Moll. Réunion, 1863, p. 19, pl. 30,
fig. 8-9 et p. 20, pl. 30, fig. 4-7).
Or la collection Cossmann renferme, provenant des Seychelles,
plusieurs valves d’une Jagonia étiquetée « minuata Desh. ». Elles
ont un contour très inéquilatéral,' subtrapézoidal, et une sculpture
de côtes arrondies, jointives, très régulièrement et finement décussées,
légèrement divergentes vers les extrémités latérales de la coquille.
Ces spécimens n’ont rien de comparable au J. divergeas, dont la
forme est toute différente : beaucoup plus grande et plus orbiculaire,
moins tranverse donc, divergeas porte des côtes plus distantes et,
surtout dichotomisées, souvent même dès leur origine ; mais de
plus, la charnière de cette espèce, à ligament sub-interne, en fait le
type d’un sous-genre particulier : Epicodakia Iredale, dont il a été
question plus haut ; tandis que sur les spécimens de la collection
Cossmann, le ligament reste toujours externe : ce sont des Jagonia
sensu stricto.
Cette constatation faite, je me suis reporté à l’ouvrage de Des-^
hayes et j’ai examiné les coquilles qu’Ed. Lamy citait, dans- la
collection du Muséum, comme pouvant être minuata (lie Bourbon,
Maillard, 1863, et Seychelles). J’ai pu établir ainsi que « L. » minuata
Desh. (op. cit., pl. 30, fig. 4-7}_ est une vraie Jagonia, correspon-
dant exactement aux spécimens étiquetés sous ce nom dans la
collection Cossmann 1. Il faut donc rétablir cette espèce dont
Deshayes ne connaissait que des échantillons très jeunes 2. Elle
existe aussi à Maurice (ma collection).
La collection Cossmann renferme d’autre part, de la Réunion,
une Jagonia plus orbiculaire et plus petite, celle-ci étiquetée « J. obli-
qua Reeve », nom qui, selon Dall et Lamy, correspondrait à la
var. filiata Dall de J. imbricatula Adams. Cette dernière est une
coquille antillaise, bien différente des échantillons Cossmann, les-
1. Mais dans la collection du Muséum, « L. minuta ?» de Maillard provenant de la
Réunioû correspond à l’espèce étudiée à la suite : Epicodakia Reevei.
2. Le nom à donner à cette Jagonia est minuata Desh. (p. 20 de l’ouvrage original,
■et sur la planche) non minuta (erreur, ibid., table des matières, p. 144). Minuta serait
d’ailleurs préemployé par Deshayes lui-même (1824, Coq. eocène) comme le signale
Ed. Lamy.
*»
quels, au contraire des minuata doivent être rapportés à Epicodakia
du fait de leur ligament presque interne. On pourrait faire d’eux, à
la rigueur, une variété de VE. divergens, mais ils sont plus trans-
verses et correspondent tout à fait à la diagnose et la figuration de
«Lucina» Reevei Desh. (op. cit., pl. 30, fig. 8-9. Celle-ci, assimilée
par Ed. Lamy, comme nous l’avons vu, à divergens, est bien de
même une Epicodakia, mais donc séparable. Deshayes l’avait
senti, puisqu’il a cité divergens, sous le nom « Lucina fibula », bien
qu’ayant distingué sa Reevei. A cette dernière, rétablie comme
espace, doivent ainsi être rapportés les « Jagonia obliqua » de la col-
lection Cossmann. C’est Reevei qu’IssEL a signalé de la Mer Rouge.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
— 91 —
Une espèce d’ Isoetes de l’Afrique Occidentale française
Par Aug. Chevalier et P. Monnier.
Le travail d’ensemble le plus récent sur les Isoëtacées est dû à
E. Pfeiffer et a été publié dans Annals of the Missouri Botanical
Garden, en 1922. L’Auteur énumère 64 espèces. Mlle Pfeiffer
s’est particulièrement attachée à l’étude des espèces de l’Amérique
du Nord au nombre de 21 espèces, c’est-à-dire près du tiers des
espèces oonnues. Elle décrit de nombreuses variétés et donne la
distribution très détaillée des espèces.
La deuxième contrée la plus riche en Isoëtes est la région méditer-
ranéenne (sud de la France, Italie, Grèce, Afrique du Nord). On y
compte 17 espèces.
Les régions tropicales sont relativement pauvres en Isoëtes, soit
qu’elles aient été insuffisamment explorées, soit que ces plantes
y soient réellement très clairsemées en espèces et même en individus,
car les grands Herbiers ne renferment qu’un nombre infime de spéci-
mens. Il est vrai que seul un botaniste exercé peut déceler la présence
de ces petites plantes que rien ne fait remarquer ; elles vivent au fond
des flaques d’eau, des lacs ou dans les petits pertuis rocheux remplis
d’humus, baignés d’eau à la saison des pluies et ensuite à sec mais
où ne persiste en saison sèche qu’un rhizome d’ Isoëtes desséché et
très peu apparent. Il faut être botaniste fureteur' pour les découvrir
en cet état.
Le nombre des espèces qui ont été signalées en Afrique tropicale,
malgré son immense étendue, est de 4 seulement et on ne les a trou-
vées qu’en de très rares localités.
La plus ancienne espèce connue d’Afrique noire est I. nigritana
A. Br. découverte par Barter en 1858 dans le Nupé en bordure de r
la rivière Benoué (Bassin du Niger) en zone soudanaise vers 8° de
lat. N. Quelques années plus tard Welwitsch découvrait 2 autres
espèces (décrites par Kuhn en 1868)' dans l’Angola vers 10-12° de
lat. S. : I. W elwitschii A. Br. et I. aequinoctialis Welw. in Kuhn.
Enfin en 1869, le grand voyageur-botaniste G. Schweinfurth
récoltait une quatrième espèce I. Schweinfurthii A. Br. dans les
marais du Nil Blanc (pays Djur) par 7° de lat. N.
L’un de nous découvrait en 1903 la même espèce au sud du lac
Tchad par 12° 30 environ de lat. N. en zone sahélienne dans de
petites mares temporaires. C’est une plante aquatique de grande
taille, les feuilles peuvent atteindre de 40 à 50 cm. de long. Depuis,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946. 1
Fig. 1 : Aspect de la plante ; r : racines ; b : bulbe ou connus ; / : feuilles. — Fig. 2 :
Face interne d’une feuille sporangifère ; ar : aréole ; ai : ailes ; li : ligule ; la : labium ;
in : indusie (vélum) couvrant partiellement le macrosporange. — Fig. 3 : Macro-
spores ( X 40) ; A : faces apicales ; B : face basale. — Fig. 4 : Microspores ( X 300). —
Fig. 5 : Schéma de la coupe transversale d’une feuille au-dessus de la gaine ; F II :
faisceau fibreux accessoire ; F I : faisceau fibreux primaire, l. a : lacune aériîère ;
v. c. : vaisseaux conducteurs.
/
elle à été trouvée aussi à Madagascar, où existe également une
espèce endémique : /. Perrierianum Iversen.
C’est tout ce que l’on sait jusqu’à ce jour sur les Isoëtes de l’Àfri-
<]ue tropicale.
Il y a quelques mois un de nos correspondants du Soudan fran-
çais, M. P. Garnier, nous faisait parvenir de beaux spécimens d’un
Isoëtes qu’il avait récolté aux environs de Bamako (par 12° de lat.)
en pleine zone soudanaise. La plante croît en saison des pluies (de
juin à fin septembre) sur des dalles gréseuses (grès horizontaux
du Soudan) recouvertes d’humus mêlé d’argile où se produisent de
petites flaques d’eau à la saison des pluies, flaques vites desséchées,
M. Gar nier décrit ainsi la station :
« Cuvettes (inclinées) des affleurements gréseux du banc inférieur
de Koulouba, dans la vallée du Dalàsogo, terre assez compacte sur
toute son épaisseur... Les Isoëtes sont malingres là où il. n’y a que
3 à 4 cm. d’épaisseur de terre, florissants là où il y a une couche
de 10 cm. On les trouve mélangés à Drosera indica, Utricularia
subulata, U. tribracteata, Ophioglossum sp., plantes subaquatiques,
mais sur sol où l’eau est superficielle.
« Des spécimens de plus grande taille se rencontrent dans les' fentes
entpe un banc gréseux et un bloc éboulé où la terre est plus profonde
et héberge des Graminées de 60 à 80 cm., des Octodon, des Malachia
cor chori folia, plantes qui peuvent vivre le pied dans l’eau ou à sec. »
Quelques semaines plus tard,- en novembre, M. Garnier consta-
tait l’assèchement complet de la station, le cormus de l’ Isoëtes seul
persiste en terre ainsi que la partie basilaire desséchée des feuilles ;
toute l’autre partie se dessèche et tombe en fragments presque
impossibles à reconnaître. Dans les parties abritées à l’ombre des
arbres, la plante verte peut persister encore quelques semaines,
mais fin novembre tout est desséché et l’Isoëtes est à la phase de
repos. Il ne reprend sa vie active qu’à l’arrivée des pluies en mai ou
juin. C’est en somme un géophyte hygrophile pendant l’hivernage,
et un xéropliile pendant le reste de l’année (à l’état de repos).
Nous nous sommes demandé à quelle espèce pouvait appartenir
l’Isoëtes découvert par M. Garnier. Etudié en détail sur des coupes
au microscope par l’un de nous (M. Monnier) nous avons pu cons-
tater qu’il avait de grandes analogies avec I. nigritana du Nupé, loca-
lité située à plus de 1.500 km. à vol d’oiseau de Bamako. Mais cette
espèce est très mal connue ; sa biologie est ignorée, elle a été décrite
comme ayant des stomates sur ses feuilles ; tous les spécimens de la
plante de M. Garnier que nous avons examinés n’en ont pas. Enfin
son genre de vie plus terrestre qu’amphibie (et c’est pour cela que
l’absence de stomates est une anomalie) rappelant un peu, écologi-
quement, Isoetes Hystrix Durieu, de nos côtes de France, est très
particulier. Il nous a semblé que nous pouvions la décrire comme
94 —
espèce nouvelle : Isoëtes Garnieri, quitte à la rattacher plus tard à
I, nigritiana quand cette espèce sera mieux connue.
Description de l’espèce.
Morphologie externe. — Port assez élancé (fig. 1). Bulbe atteignant
la taille d’une grosse noisette, trilobé ; cette trilobation ne se voit
d’ailleurs nettement que sur les individus bien développés. Racines
nombreuses, souvent divisées dichotomiquement vers l’extrémité.
Feuilles au nombre de 8 à 20, de 9 à 18 cm. de long sur 0,75 mm.
à 1 mm. 5 de diamètre en leur milieu, fines, droites ou légèrement
flexueuses, terminées en alêne assez allongée, d’un vert pâle. Leur
partie inférieure ou gaine est fortement élargie de part et d’autre
de la fossette sporangifère (fovea). On y distingue une area assez
large, nettement rembrunie et deux ailes membraneuses transpa-
rentes remontant assez haut sur la feuille. Pas de stomates épider-
miques visibles aussi bien à la face supérieure qu’à la face inférieure
des feuilles (ce dernier caractère très important est confirmé par de
nombreuses observations sur les différents échantillons observés).
S’ils existent ils doivent être extrêmement rares.
A l’extérieur des feuilles les plus anciennes on trouve, surtout dans
les échantillons âgés, quelques phyllopodes noirâtres sessiles, plus
ou moins consistants, de forme variable.
Appareil reproducteur et annexes.
1° Organes femelles (fig. 2) : Les macrosporanges à l’aisselle des
feuilles les plus externes sont globuleux, translucides et ont 3,5 mm.
à 6 mm. de long sur 3-4 mm. de large. La ligule qui fait saillie au-
dessus, hors de la fossette ligulaire est transparente, lancéolée, égale
à la moitié de la longueur du sporange. Le vélum, prolongement des
bords de la fossette sporangifère est peu développé ; il couvre tout
juste les parties les plus latérales du sporange (soit l/5e de celui-ci en-
viron.)
Les mascrosporanges contiennent, entre des trabécules de soutien
filiformes des macrospores au nombre de 40 à 60 environ par macro-
sporange. Ces macrospores (fig. 3) sont brunes dans le sporange, d’un
blanc-gris 1< gèrement brunâtre sur le sec ; elles sont dimorphes
dans chaque sporange, les grosses ayant 480 à 530 p. de diamètre,
les petites 360 à 400 y. Elles présentent le système d’ornementation
caractéristique des macrosporès d’ Isoëtes. Ici les côtes qui séparent
la face basale hémisphérique et les 3 faces apicales triangulaires
sont épaisses, légèrement mamelonnées. La face basale est hérissée
de gros tubercules au nombre de 20 à 30 environ. Les 3 faces apicales
sur un fond vaguement granuleux, montrent un petit nombre de
95
gros tubercules hémisphériques réduit le plus souvent à un seul
tubercule central ; ce dernier caractère est particulièrement net et
caractéristique dans les petites mascrospores.
2° Organes mâles. — Lés rtiicrosporanges, peu nombreux à l’ais-
selle des feuilles les plus internes sont peu différents des macrospo-
ranges quoique un peu moins volumineux. Leurs annexes (vélum et
ligule) sont en tous points semblables à celles des macrosporanges.
Ils renferment de très nombreuses microspores (fig. 4) peu allongées,
obtusément terminées en pointe aux extrémités et dont la surfàce
apparaît hérissée de nombreux petits tubercules subspiniformes.
Etude anatomique de la feuille (fig. 5).
\ ; /
Des coupes faites à différentes hauteurs montrent la présence de
cinq lacunes : une petite centrale et quatre lacunes latérales très
développées (il n’y a guère que 2 à 3 épaisseurs de cellules séparant
ces lacunes de l’épiderme externe). L’épiderme est cutinisé et sa
cuticule montre de petits épaisissements. L’étude anatomique
confirme l’absence complète de stomates, même aux extrémités des
feuilles.
Il y a de nombreux faisceaux fibreux sous-épidermiques repré-
sentés en coupe par des plages de collenchyme : 4 sont très constants
dont 1 à face inférieure (ou dos de la feuille) et 3 à la face supérieure.
D’autres plus petits, réduits à quelques cellules sont moins constants
(leur nombre varie entre 8 et 18) mais ils existent toujours.
Le tissu vasculaire n’est représenté que par quelques vaisseaux
noyés dans du parenchyme le long de la lacune centrale ; on peu à
peine parler de faisceau. Le tissu criblé (liber) représenté par des
cellules parenchymateuses recloisonnées forme un faisceau assez
net, hémicireulaire autour de la lacune centrale.
Position systématique.
Un autre caractère important est l’aspect des macrospores. Ainsi
que l’a montré Mlle Pfeiffer (1) dans sa Monographie des Isoetacées
la forme et l’aspect des macrospores est un des caractères les plus
constants sur lesquels on puisse compter pour la détermination des
Isoetes.
En prenant par ailleurs en considération d’autres caractères
importants tels que la trilobation du bulbe, le faible développement
du vélum, l’étroitesse des feuilles, nous sommes conduits à rappro-
cher nos échantillons de l’espèce Isçetes nigritiana Al. Br. déjà
connue de la région de Nupe sur la Benoué (Nigeria britannique).
La diagnose originale de cette espèce se trouve dans l’ouvrage de
M. Ivuhn : « Filices africanae » (2). Elle a été donnée par Al. Braun
t
\
— 96 —
(l’une manière assez vague. Il semble presque faire de I. nigritiana
une variété de I. aequinoctialis Al. Br., adaptée à la vie aquatique
ou amphibie. Notons les caractères •C ^ Bijfèrt ab I . aequinoctiali
vegetatione üquatica (amphi.bia P), foliis Lenuioribus... sporangii
vélo angustissimo, macrosporis (dimorphis) fuscis, in s'icco fusco-
cinereis -, verrucis in faciebus verticis macros porarum maforum et
minorum solitariis vel paucis » '= Diffère de I. aequinoctialis, par sa
végétation aquatique (amphibie ?) à feuilles plus étroites ;.:velum
du sporange très étroit ; macrospores dimorphes, brunes, sur le sec
d’un brun cendré avec, sur les faces apicales des grandes et des
petites macrospores, des verrues solitaires ou peu nombreuses.
Un caractère ne cadrant pas avec cette diagnose est la présence
de nombreux faisceaux fibreux accessoires alors que Al. Braun
dit : « Fasciculis fibrosis accessoriis paucis vel nullis » = Faisceaux
fibreux accessoires peu nombreux ou nuis. On pourrait cependant
penser qu’il s’agit là d’un caractère fluctuant dû à la forme de végé-
tation adaptée à des conditions plus terrestres.
Il est à noter qu’on trouve dans la monographie des Isoeteae de
Motelay et Vendryes (3) une diagnose différente qui, en précisant
quelques caractères, en décrit certains qui ne concordent pas avec
ceux des échantillons que nous avons sous les yeux. Il est question
de stomates nombreux alors que nous n’en avons vu nettement sur
aucune feuille, de macrospores petites alors qu’elles ont une taille
moyenne ou même grande (sont considérées comme petites les
macrospores dont la taille ne dépasse pas 400 p. de diamètre).
• Ces deux caractères se retrouvent dans la monographie de
Mlle E. Pfeiffer ( loc . cit.) qui avoue par ailleurs faire une des-
cription compilée de cette espèce sans avoir pu en avoir de
spécimen.
Ces divergences proviennent peut-être de ce que ni Motelay-
Vendryes ni Mlle Pfeiffer n’ont eu sous les yeux les co-types de
l’espèce récoltée par Barter et nommée A], Braun, ni même vrai-
semblablement aucun exsircata. (Remarquons en passant que l’espèce
I. nigritiana est la seule qui soit absente des collections de l’herbier
général du Muséum).
Nous pensons néanmoins qu’elles sont suffisamment importantes
pour justifier la création d’une nouvelle espèce que nous nommerons
Isoetes Garnieri, décrite ci-après :
Isoetes Garnieri 1, Aug. Ghev., et L. Monnier Sp. nov. : V egetatio
amphibia. Rhizoma ad magnitudinem nucis avellanae incescens, tri-
lobatum. Folia numéro 8-20, longit. 9-18 cm., flexibilia, tenuia, supra
vaginam 1 mm- 1 mm. 5, lata pallide viridia, stomatibus paucis vel nullis
munita, fasciculis fibrosis periphericis primariis 4, accessoriis paucis
1. Dédié à P. Garnier, Botaniste à Bamako (Soudan Français).
— 97 —
sed certis percursa. Sporangia pallida, globosa, vélo angusto .ad 1/5-
1/4 tecta. Lingula elongato-triangularis sporangio brevior. Macros-
porae in eodem sporangio dimorphae, majors 0,48-0,53 mm. minores
0,36-0,40 mm. crassae, grisae, costis crassis et verrucis magnis, sub-
hemisphericis ornatae. Berrucae numéro 20-30 in faciebus inferioris7
paucae vel saepius unicae in faciebus verticis macrosporarum. Micros-
porae rugosae.
Soudan français : environs de Bamako, dans les petites mares
temporaires des rochers à Koulouba, vers 350 m. d’alt.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
(1) N. E. Pfeiffer. Monograph of the Isœtaccae. Ann. of Missouri
Botan. Gardeh, IX, 2, 1922.
(2) M. Kuhn. Filices Africanæ. Leipzig, 1868.
(3) Motelay et Vendryes. Monographie des Isoeteae. Actes Soc. Linn.
de Bordeaux , 36 (1884).
Baker. Handbook of the Fern Allies. London (1887).
Sadebeck in Engler und Prant. Natur. Pflanz. Fam. (1901-902).
Clute. Fern Allies (1902).
J. Iversen in Christensen. Pteridophvta of Madagascar in Dansk.
Bot. Ark., VII (1932).
Laboratoire d’ Agronomie Coloniale du Mùséurn.
— 98
Notes taxonomiques et écologiques sur les Légumineuses
Papilionacêes des Antilles françaises (9* contribution)
par H. Stehlé.
[Note présentée par M. le Professeur A. Guillaumin).
Résumé analytique. * — Dans ces Contributions, l’auteur donne une
vue générale sur la connaissance des Légumineuses des trois sous-
familles aux Antilles françaises et son évolution au cours de ces
dernières années, après avoir récolté lui-même pendant 12 ans dans
l’Archipel Caraïbe et avoir observé les spécimens de divers her-
biers, en particulier celui du Muséum de Paris et de Genève en 1938.
Elle fait suite aux Contributions publiées antérieurement et
apporte des précisions sur la localisation, la référence et l’écologie
d’espèces et variétés nouvelles pour ces Iles ou qui ne figurent
pas dans la Flore phanérogamique des Antilles françaises du
R. P. Duss, parue en 1897 et qui est, pour ce grand groupe des
Légumineuses, le dernier travail publié, non seulement sur les Iles
françaises d’Amérique, mais encore sur l’ensemble de l’Archipel
des Petites Antilles. Depuis, de nombreux binômes indiqués là ont
été invalidés, les noms spécifiques les plus corrects ont été indiqués
ici ainsi que ceux des variétés et micromorphes auxquels se rappor-
tent les espèces énumérées. Cette première note se limite aux Papil-
lonacées et la suivante groupe les Caesalpiniées et Mimosées. Les
références de publication et la répartition géographique, non citée
par Duss, y sont précisées. De 120 espèces, naturalisées ou sponta-
nées aux Antilles françaises, décrites par le R. P. Duss, dont 67 Papi-
lionacées, 23 Caesalpiniées et 30 Mimosées, on peut, d’après les études
de l’auteur, porter désormais ce nombre à 168 espèces, dont 95, 33
et 40 dans chaque sous-famille respectivement, de nombreuses
espèces comportant en outre plusieurs variétés valables. Ces notes
fournissent la preuve de la nécessité de la révision périodique des
flores classiques et de la végétation de ditions considérées comme
ayant été bien fouillées et étudiées définitivement alors qu’elles
offrent, tant par l’évolution du tapis végétal et la naturalisation
d’espèces introduites que par la découverte de stations auparavant
inconnues et de végétaux non signalés, un champ très vaste et
incessamment renouvelé au botaniste écologiste et taxonomiste.
Le premier travail, peu connu d’ailleurs, qui fut publié par le
R. P. Duss est une Contribution intéressante sur « Les Légumineuses
de la Martinique » dans les Comptes Rendus du Congrès scientifique
Bulletin du Muséum, 2® série, t. XVIII, n° 1, 1945.
— 99 —
international des Catholiques à Paris, en. avril 1891, en une petite
brochure de 16 pages. Avec sa Flore phanérogamique des Antilles
françaises (Guadeloupe et Martinique), parue en 1897, à Mâcon, en
tiré à part des Annales de l’Institut Colonial de Marseille (4e an.
vol. III, 1896, xxviii p. et 656 p.), ouvrage devenu classique, et un
bref aperçu du « Paradas des Herborisateurs : Cascade Vau chelet »,
publié dans 1 ’ Echo des Antilles, en juin et décembre 1915, également
ignoré, comme celui des Légumineuses ; ce sont les seuls travaux
descriptifs sur les Phanérogames réalisés par ce remarquable bota-
niste qui fut surtout un pionnier et un chercheur, ayant accumulé
un matériel important et des observations judicieuses sur les Antilles
françaises.
Lorsque le 14 août 1940, s’écoula dans l’oubli le centenaire de sa
naissance, nous étions, aux Iles françaises de l’Archipel Caraïbe qui
furent les lieux où il effectua ses recherches et vécut durant 60 années,
sans relations ou presque avec la métropole et sans possibilité de
donner quelque éclat à cette date, comme cela aurait dû être en
temps normal. Nous avons commencé alors ce jour-là, en témoignage
de reconnaissance pour cet éminent botaniste helvéto-français, à
rédiger nos notes antérieures sur sa vie et son œuvre, ce qui nous a
permis de publier en 1943 le tome IV. de la Flore de la Gudadeloupe
et dépendances, entièrement consacré à. ce savant L C’est en lui ren-
dant hommage que nous désirions commencer cette notice. Ses
déterminations furent faites ou révisées par la pléiade des botanistes
internationaux qui, sous la vive impulsion d’Ign. Urban, l’auteur des
splendides travaux botaniques sur les Antilles, mirent au point les
Additamenta ad cognitionem florae Indiae Occidentalis et les Symholae
Antillanae seu fundamenta florae Indiae Occidentalis, de 1893 à 1928.
A propos de cette monographie qu’il écrivit en France lorsqu’il y vint
en congé pour la deuxième fois après 18 ans de séjour continu, nous
écrivions (Le R. P. Duss, p. 20-21) : « Cette aide est très précieuse
pour notre botaniste, qui saisira l’occasion du Congrès scientifique
international des Catholiques, tenu à Paris, du 1er au 6 avril 1891,
pour présenter un premier travail floristique. Cette communication
consiste en Une brochure succincte, mais très concise, sur les « Légu-
mineuses de la Martinique », qui parût aux Comptes rendus du .
Congrès et fit l’objet d’un tiré à part en une plaquette de 16 pages.
Une courte préface précède l’énumération des Légumineuses et donne
déjà une idée précise du milieu végétal que constitue l’ Ile dans
laquelle s’est manifestée son activité : elle est le premier trait de l’in-
troduction à sa Flore Phanérogamique. Il ne cite pas moins de
1. Le R. P. A. Duss, précurseur de l'étude botanique aux Antilles françaises (1840-
1924). Sa vie et son œuvre, par H. Stehlé. Imprimerie Catholique, Basse-Terre (Guad.).
Lettre-Préface du R. P. L. Quentin, VII-X, 140 p., 2 août 1943.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
7
126 espèces dans ce travail, en distinguant soigneusement les plantes
qui n’avaient pas été signalées auparavant à la Martinique et celles
qui sont entièrement nouvelles. C’est d’ailleurs dans cette étude à
la page 11, qu’est cité pour la première fois, le genre Dussia, qui
sera décrit, à maintes reprises ensuite et de façon détaillée, dans le
P flanzenfamilien, dans les Symbolae et dans la Flore phanéroga-
mique de Duss lui-même ».
Dussia Krug et Urb., nom. in Duss, Lég. Mort., p. 11 (1891) ;
diagn. in Engl. Prantl, Nat. P fl. Fam. III, 3, p. 193 (1892) ; Duss,
Fl. ph. Ant. fr., p. 224 (1897) ; Urban., Symb. Ant., I, p. 319 (1898),
était alors considéré comme endémique des Antilles françaises et
monospécifique : D. matinicensis Krug et Urb., des falaises escarpées
de forêt dense et humide de Guadeloupe et en Martinique, où il est
connu sous les noms de caconnier blanc, bois gamelle (ex. Duss)
auxquels s’ajoutent : pommier et bois de Jer blanc (H. Stehlé, pour
la Martinique et la Guadeloupe, J. S. Beard pour Sainte-Lucie, ex
litt.). Cette espèce est. endémique de l’Archipel Caraïbe où sa réparti-
tion géographique actuelle comprend les Iles de Martinique, Guade-
loupe, Dominique, Sainte-Lucie et Saint-Vincent. Le genre est en
outre représenté par 2 autres espèces, à notre connaissance, qui en
font une disjonction des plus intéressantes, earibeo-guatemaltèque.
Ce sont : D. cuscutlanica, cité comme arbre caractéristique des forêts
mixtes de la « bocacosta » de montagne par P. C. Standley et
J. A. Steyermack ( The végétation of Guatemala, Chon. Bot., VII,
7, p. 317, 1943) et D. l Atifolia A. C. Smith.
Le R. P. Duss décrit, dans sa Flore phanérogamique, à la
80e famille des Légumineuses (p. 192-256) un total de 120 espèces,
naturalisées ou spontanées, réparties dans 58 genres, dont 67 espèces
en 37 genres de Papilionacées, 23 espèces en 10 genres de Caesalpi-
niées et 30 espèces en 11 genres de Mimosées. Actuellement, à la
suite de nos récoltes et de l’examen des spécimens collectés par les
botanistes antérieurs, en tenant compte également des plantes trou-
vées par Duss, dont certaines sont même des types d’espèces nou-
velles décrites par Urban, mais ne figurant pas dans sa monographie
ni dans sa flore, on peut estimer les Légumineuses des Antilles
françaises à 42 genres, comprenant 95 espèces de Papilionacées,
10 genres avec 33 espèces de Caesalpiniées et 14 genres dont 40 espèces
de Mimosées, soit un total de 66 genres dans lesquels 168 espèces.
Ce bilan est à peu près complet dans l’état actuel de nos connais-
sances de la flore des Antilles françaises et des investigations qui y
ont été effectuées jusqu’à ce jour. Ce grand groupe des Léguminosées,
si on lui conserve le simple rang de famille, comprenant les 3 sous-
familles sus-indiquées (car il n’y a pas de Kramériacées dans notre
dition), comme l’a fait Duss, est la famille la plus représentée
par le nombre de ses genres et de ses espèces dans nos Iles et il y a
101 —
lieu d’y ajouter èncore plusieurs variétés dans un bon nombre
d’espèces citées. Le total des Phanérogames qu’abritent les Antilles
françaises décompté par L. Krug ( Symb . Ant. I, p. 40, 1898,
Bibliogr. Ind. Occ. Bot.) dans la Flore phanérog. de Duss, à 1365 Pha-
nérogames doit, en réalité être porté actuellement à 2.000 espèces
réparties/ en 860 genres. En adoptant le même ordre que celui de
Duss, pour faciliter la comparaison et les intercalations, nous pou-
vons préciser comme suit les différentes espèces de cet important
groupe dans l’Archipel des Antilles françaises.
Crotalaria L.
C. stipularia Desv. in Journ. Bot. III, 76 (1814) et non C. stipu~
loris Desv. Griseb. p. 178 et Duss, p. 192.
Yar. grandifolia H. A. Senn, North Amer. Spec. Crot. in Contr.
Gray Herb. Haro. Unio., XLI, n. 488, p. 333 (1939). Elective des
savanes latéritoïdes.
Répart, géogr. : Guadeloupe ( Stehlé ), Martinique ( Hahn ; n. 239,
type), Dominique (Lloyd), Saint-Vincent (Smith) et Grandes Antilles.
C. verrucosa L. Sp. PL, I, p. 715 (1753). Deux variétés distinctes
aux Ant. fr.
Yar. genuina Hochr., PI. Hochr. in Candoilea, Genève, II, p. 392
(1925). Rudérale et dans les savanes herbacées de l’étage inférieur.
Répart, géogr. : Martinique, Rarbade, Trinidad et Tobago,
Grandes Antilles, Floride, Amérique centrale et Am. du Sud.
Var. obtusa DC., Prodr., II ; p. 125 (1825). Savanes humides, bord
de routes et de sentiers.
Répart, géogr. : Saint-Barthélémy (Questel, n. 79), Saint-Martin
(Boldingh, n. 3108), Martinique (Duss, n. 1112, in herb. N. -Y., non
1142 ut dixit in Fl, p. 193), Montserrat, Grenade, Grenadines, Bar-
bade, Tobago, Grandes Antilles et Amérique tropicale.
C. incana L. Sp. PL, I, p. 716 (1753). C’est la variété typique.
Var. typica Senn, North Amer. Spec. Crot., p. 353 (1939).
C. juncea L. Sp. PL, I, p. 714, (1753), Syn. : C. benghalensis
Lam. Naturalisé. Grandes Antilles, Inde, Monts Himalaya, Ceylan,
Ylalaisie, Australie.
C. anagyroides H. B. et K. No». Cen. Sp. PL, VI, p. 404 (1824).
Syn. C. Dombeyana DC. Naturalisé récemment : Martinique, Guade-
loupe, Saint- Vincent, Trinidad, Centre et Sud Amérique.
C. pumiia Ortega, Hort. Bot. Matrit., Doc., II, p. 23 (1797). Syn.
C. pendula Benth. in Duss, p. 193. Dans les champs de cannes de
Martinique (Duss, n. 818 in herb. N. -Y. et n. 4081 in herb. Smithson.
Washington).
Répart, géogr. : Antigue, Saint-Kitts, Saint-Vincent, Barbade,
Grandes Antilles, Etats-Unis et Amérique tropicale.
— 102 —
C. quinquefolia L. Sp. PL, I, p. 716 (1753). Guadeloupe :
Savane littorale de Capesterre ( Duss , n. 4025, in herb. New-York),
Martinique : Environs de Saint-Pierre ( Duss , n. 1108), Barbadej
Grandes Antilles, Inde, Malaisie, Philippines et Australie. Naturalisé.
C. Berteriana DC. Prodr., II, p. 127 (1825). Syn. C. fuloa Roxb.
(nom. nud., 1814, descr. 1832) et C. grandis Bak. Le type est de
Guadeloupe : « in guadalupae hortis culta ». Originaire de l’Inde,
Ceylan, Java et Sumatra. Introduite aux Hawaï, à Puerto-Rico et en
Jamaïque.
C. lotifolia L. Sp. PL, I, p. 716 (1753), var. typica Serin, North
Amer. Spec. Crot., p. 349 (1939). Urban, Symb. Ant., VIII, p. 279)
(1920), précise que l’espèce présente en Martinique 2 variétés : var.
grandifoiia et var. grandiflora, sans indication d’auteur ni de
référence et Senn, dans sa monographie ne distingue que la var.
typica, à laquelle se réfèrent nos spécimens et la var. Eggersii,
localisée à Puerto-Rico et. aux Iles Vierges.
C. laneeoîata E. Meyer, Comm. Plant. Afr. austr., I, p. 24 (1835).
Guadeloupe ( Stchlé , n. 487, in herb. Wash. et Paris). Originaire du
Natal et de la Caffrerie.
C. usaramoensis E. G. Baker, in Journ. Linn. Soc., Dot., 42, p. 346
(1914). Martinique, ( Sthehlé , n. 1045, et n. 3051, in herb. Wash. et
Paris). Guadeloupe : [Stehlé, Bénd 'et, Quentin, nos 5604 et 5610, in
herb. Stehlé et Wash., 1945). Originaire d’Afrique Orientale (Tan-
ganvika).
Indigofera L.
I. suffruticosa Mil!. Dict. Gard., ed. VIII, n° 2 (1768). Svn. /.
anil L., Duss, p. 194.
I. endecaphylla Jacq. Icon. Plant, rar., III, pl. 570 (1786-93) et
Collect. II, p. 259 (1788). Syn. I. pusilla Lam. Originaire de Chine, de
l’Inde et d’Afrique tropicale. Naturalisé. Gaudeloupe ( Stehlé , n. 276,
Wash.), Marie-Galante (n. 296 in herb. New- York et Paris), Marti-
nique (n. 5167). Espèce colonisatrice des coulées de laves dioritiques
et dépôts de nuages denses de la Pelée, le long de la Rivière Blanche
au Prêcheur, où elle est une puissante fixatrice des éléments fins,
stabilisatrice des sables et nitrifieatrice du sol.
I. guatemalensis Moe. et Séssé, Icon. ined., in herb. DC., ex Prain
et Baker, Journ. Bot., XL, p. 67 (1902) ; Urb. Symb. Ant., IV, p. 282.
Svn. : I. linctoria L. var. brachycarpa DC., introduit et naturalisé à
la Martinique, rare. « • • -
Répart, géogr. : Saint-Thomas, Grandes Antilles, Amérique tro-
picale.
— 103 —
Tephrosia P ers.
T. cinerea (LJ Pers. Syn. Il, p. 328 (1807). Basé sur Galega cinerea
L.
Var. littoralis (Jacq.). Benth in Fl. Bras., XV, p. 1, (1851), basée
sur Vicia littoralis .Jacq. Duss précise (p. 195) qu’il n’existe pas à
la Martinique. Il y existe sous les cocoteraies de Sainte-Anne ( Stehlé )
ainsi qu’à Saint-Martin (Urban) et à Saint-Barthélémy ( Questel ,
n. 119).
Répart, géogr. : Saint- Kitts, Antigue, Dominique, Saint-Vincent,
Tobago, Iles Sous-le-Vent, Grandes Antilles, Amérique tropicale.
T. Singapou {Buchoz) A. Chev. C. R. Acad. Sc. Paris, 180, p. 1520
(1925) et Rev. Bot. appl., n. 185, p, 11 (1937). Basé sur Galega
Singapou Buchoz, Hist. unie. Règne Végét., t. V (non X ex Index
Kew.) tabl. 4 (1774-78). Syn. T. toxicaria Pers. Collectée à la Mar-
tinique par Surian, paraît éteinte aujourd’hui aux Antilles.
Répart, géogr. : Mexique, Guyane, Pérou, Brésil. Aux Antilles à
l’époque précolombienne.
T. eathartica (Sessé et Moç.) Urb., Syrnb. Ant., IV, p. 283 (1905) ;
Sessé et Moç., Fl. M ex., éd. Il, p. 175-('1894). Basé sur Galega cathar-
tica Sessé et Moç. Syn. Cracca eathartica Britt. et Millsp. Larges
colonies littorales et psammophiles : Martinique ( Stehlé , n. 2646 et
4935). *
Glyricidia H. B. et K.
G. sepium (Jacq.) Steud. Nom., II, ed. I, p. 688 (1841) ; Jacq,
Enum. 28 (1760). Basé sur Robinia sepium Jacq. Naturalisé abondam-
dainment en Guadeloupe et Martinique ( Stehlé , n. 2942).
Sesbania Pers.
S. sericea (Willd.) Link Enum., Il, p. 244 (1822) ; Willd. Enum •
p. 773 (1809). Attribué par Duss à De Candoîle (p. 196). Basé sur
Coronilla sericea Willd. Syn. : Sesban sericea DC.
Répart, géogr ,v: Natif d’Asie, naturalisé dans les lieux marécageux,
Antilles et Amér. trop.
S. Emerus (Aubl.) Urb. en FedcTe, Repert. noo. Spec., XVI, p. 149
(1919). Basé sur Aeschynomene emerus Aubl. PI. guiana, II, table
p. 977 (1775). Syn., Sesbania picta Lindî.
Répart, géogr. : Guadeloupe (ex Urban et R. O. Williams), Trini-
dad, Grandes Antilles et Panama.
S. Sesban (L.) Merrill, Philipp. Journ. Sc. Bot., VII, p. 235 (1912) ;
104
Linné, Sp. PL, I, p. 714 (1753). Basé sur Aeschynomene Sesban L.
Syn. S. aegyptiaca Pers. Guadeloupe : ( Stehlé , n. 2857 in herb. Wash.
et Paris): Martinique ( Stehlé , n. 4955, in herb. Wash. et Paris).
Littoral psammaphile ou vaseux.
Répart, géogr. : Saint-Kitts, Grandes Antilles, Amérique tropi-
cale, Asie et Afrique.
Aeschynomene L.
Ae. america L. Sp. PL, I, p. 713 (1753). Syn. : .4e. glandulosa
Poir. ; a deux variétés aux Antilles françaises :
Var. depila Millps. Field Mus. Roi., I, p. 494 (1902). Guadeloupe
et Martinique.
Var. villosa (Poir.) Urb. Symb. Ant. IV, p. 288 (1905). Basé sur
Ae. villosa Poir. in Lam. Encycl., Suppl., IV, p. 76, (1816b Guade-
loupe, Martinique, Grandes Antilles.
Alysicarpus Neek.
A. vaginalis (L.) DC. Prodr. Il, p. 353 (1825). Basé sur Hedysarum
vaginale L. Sp. PL, I, p. 746 (1753). Syn. A. nummulariaefolius
auet. (Urban).
Var. typicus King, Mat. Fl. Mal. Penins., III, p. 133 (1897) ;
Hochr; PL Hochr., in Candollea, Genève, II, p. 399. Savanes xéro-
héliophiles et littoraux calcaires ou psammophiles. Non cité par
Duss pour la Martinique où nous l’avons récolté en divers endroits :
Marin, Marigot, Yauclin, Fort-de-France ( Stehlé , 3477, 3502 et 3522,
in herb. New- York et Paris), en outre de Guadeloupe ( Stehlé 306,
herb. Wàsh. et Paris).
Répart. géogr. : Antigue, Saint- Vincent, Béquia, Barbade, Grenade,,
Tobago, Trinidad, Grandes Antilles, Indes Occidentales.
Desmodium Desv.
D. triflorum (L.), DC. Prodr., II, p. 334 (1825). Basé sur Hedysarum
triflorum L. Sp. PL, I, éd. II, p. 749 (1753). Syn. Sagotia triflora
Duchass. et Walp.
Var. minimus Wight et Arn. Prodr., I, p. 229 (1834). Pelouses
semi-hydrophiles.
Répart, géogr. : Saint-Kitts, Antigue, Saint-Vincent, Barbade,
Grenade, Trinidad ; Grandes Antilles, Amérique, Afrique et Asie.
D. frutescens (Jacq.) Schindl. in Fedde, Repert. nov. Spec., XXI,
p. 9 (1925). Basé sur Hedysarum frutescens Jacq. Hart. Vind., III,
p. 47, t. 89 (1776). Syn : D. supinum DC. et D. incanum DC., Duss,
p. 200. Saint -Martin ( Urban* , Saint-Barthélemy ( Questel , Stehlé ).
Répart, géogr. r Saba, Saint -Eusta-che, Saint-Kitts,. Antigue,
Dominique, Saint-Vincent, Béquia, Barba de,- Grenade, Trinidad,
Iles-soùs-le-Vent, Grandes Antilles, Am. et Air. trop.
D. axillare (Sw.) DC. Prodr., II, p. 333 (1825). Basé su rHedysarum
axillare Sw. Prodr., p. 107 (1788). Syn. : Meibomia axillaris O. Ktze.
et Nephro meria axillaris Sehindl.
Trois variétés existent aux Antilles françaises :
Var. obtusifoliolum (O. Kuntze) Urb. Symb. Ant., IV, p. 291
(1905). Basé sur ‘ Meibomia axillaris O. Ktze., var. obtusifoliola
O. Ktze, Res-'-., I, p. 195 (1891). Syn. : Desmodiam reptans DC. et D.
axillare DC., var. genuinum Urb. Guadeloupe ( Stehlé , n. 900, in
herb. Wash. et Paris). Praticole, savanes humides.
Répart, géogr. : Saba, Saint-Kitts, Dominique, Grenade, Grandes
Antilles. Amérique tropicale.
Var. Sintenisii Urb. Symb. Ant., II, p. 303 (1900). Syn. : Nephro-
meria axillaris var. Sintenisii Sehindl. et Meibomia Sintenisii Brit-
ton. Savanes d’altitude en lisières forestières en Guadeloupe, rare.
Répart, géogr. : Grandes Antilles et Amérique tropicale.
Var. acutifolium (O. Kuntze) Urb. Symb. Ant., IV, p. 292 (1905).
Basé sur Meibomia axillaris O. Ktze., var. acutifolia O. Ktze., Reo., I,
p. 195 (1891). Syn. : D. spirale DC. var. stoloniferum DC., D. axillare
DC., var. angustatum Urb., JY ephr orner ia axillaris Sehindl. var.
acutifolia Sehindl. et Meibomia umbrosa Britton. Clairières forestières
et savanes de l’étage moyen.
Répart, géogr. : Martinique (Duss, n. 810), Saint-Vincent, Tri-
nidad, Grandes Antilles et Amérique tropicale.
D. procumbens (Mill.) Hitchc. in Report Miss. Bot. Gard., IV,
p. 76 (1895). Basé sur Hedysarum procumbens Mill., Gard. Dict.,
ed. VIH, n. 10 (1768). Syn. : D. spirale (Sw.) DC., Duss, p. 201.
C’est la forme type.
Var. typicum Schubert, Desmod. Prelim. Stud., in Contrib. Gray
Herb. Haro. Unio., CXXIX, p. 3 (1940). Savanes humides, bords
de rivières, rnurs, prairies.
Répart, géogr. : Saint-Martin ( Boldingh , Stehlé), Saint-Barthélémy
{Questel), Martinique et Guadeloupe {Duss, Stehlé, etc.). Saba,
Antigue, {Stehlé), Saint-Vincent, Union, Barbade, Trinidad, Iles
Sous-le-Vent, Grandes Antilles et Amérique tropicale.
D. molle (Vahl) DC. Prodr., II, p. 332 (1825). Basé sur Hedysarum
molle Vahl, Symb. Il, p. 83 (1791). Syn. : Meibomia mollis O. Ktze.
Savanes humides.
Répart, géogr. j Guadeloupe {Stehlé), Martinique {Duss), Iles Sous-
le-Vent, Vierges ; Grandes Antilles et Amérique tropicale.
D. barbatum (L.) Benth. in Kjoeb. Vidensk. Medd., p. 18 (1835).
Basé sur Hedysarum barbatum L. Syst., X, ed. II, p. 1170 (1759).
— 106
Non cité par Duss. Existe à la Martinique ^Urban, Si/mb. Ant. IV,
p. 290 et VIII, p. 292).
(
Pueraria DC.
P. phaseoloides Benth. in Jour. Linn. Soc., Bot., IX, 122 (1867).
Espèce asiatique, de l'Inde, de Malaisie et.de Chine, introduite à la
Martinique comme engrais vert et s’y est localement naturalisée.
Couvre des terres en friches près de Tivoli et Balata ( Stehlé , n. 5551,
en fleurs et en fruits). Tend à se naturaliser. Introduite également
à Porto-Rico. Non signalée dans les flores antillaises.
Stylosanthes Sw.
S. hamata (L.) Tauhert, Mon. Stylos, p. 22 et in Vernh. Bot. Ver.
Prov. Brandeb., XXXII, p. 22. Basé sur Hedysarum hamatum L.
Syst ., ed. II, p. 1170 (1759). Syn. : St. proeumbens Sw. (1768),
Duss, p. 202.
Terrains calcaires, sableux ou de tuffs, xéro-héliophile.
Bien que Duss (p. 203) écrive : « Il n’existe pas à la Martinique »,
nous l’y avons détecté en plusieurs points : Côte Sous-le-Vent du
Morne-Vert à Bellefontaine, Carbet à Case-Navire, sur les falaises :
( Stehlé , n. 4820 in herb. Wash. (16-11-1941). De même : Saintes
(n. 170 in herb. Wash. et Paris),
Répart, géogr. : Anguilla, Saba, Saint-Eustache, Saint-Kitts,
Nevis, Antigue, Béquia,- Barbade, Grenade, Iles Sous-le-Vent,
Grandes Antilles et Amér. trop.
Chaetocalyx DC.
Ch. scandens (L.) Urb. , Symb. Ant., II, p. 292 (1900). Basé sur
Coronilla scandens L. Sp. PL, I, ed. II, p. 743 (1753). Syn. : Ch.
vincentinus DC., Duss, p. 203 et Bonninghausia vincentina Spreng.
Xéro-héliopbile, sables et pierres : Guadeloupe et Martinique.
Répart, géogr. : Endémique des Petites Antilles : Dominique,
Saint-Vincent, Cannouan, Mustique, Union, Grenade.
Rhynchisoa Lour.
Rh. phaseoloides (Sw.) DC. Prodr., Il, p. 385 (1825). Basé sur
Glycine phaseoloides Sw. Prodr., II, p. 105 (1788). Syn. : Dolicholus
phaseoloides O. Ktze.
Il n’existe pas en Martinique (Duss, p. 205). Est cité par Urban
(Symb. Ant., IV, p. 307), pour cette île (specim. herb. Hauniae).
— 107 —
Répart, géogr. : Guadeloupe, Dominique, Saint-Vincent, Trinidad,
Tobago, Grandes Antilles et Amérique tropicale.
Rh. reticulata (Sw.) DC. Prodr., II, p. 385 (1825). Basé sur Glycine
reticulata Sw. Prodr., p. 105 (1788). Non signalé par Duss qui ne
cite avec la précédente que Rh. rninima (L.) DC., qui est la plus
abondante ( Stehlê , n. 2227 Guadeloupe et n. 5218, Martinique).
Syn. : Delicholus rcticulatus Millsp.
Littoral xérophile, sableux ou calcaire : Guadeloupe.; Baillif,
Saint-François, Marie-Galante ( Stehlê , 180 n. herb. Wash. et Paris),
Saint-Martin ( Stehlê ) et Saint-Barthélemy ( Questel , n. 123). Ne paraît
pas être en Martinique.
Répart, géogr. Saint-Kitts, Antigue, Saint-Vincent, Grandes
Antilles et Amérique tropicale.
Clitoria L.
Cl. rubiginosa Juss. ap. Pers., Sym., II, p. 303 (1807). Syn. : Cl.
glycinoides, DC., Duss, p. 207. Syn. : Martiusia aubiginosa Britt.
et Wils.
Deux variétés, la première en Guadeloupe, la seconde en Marti-
nique.
Var. genuina nov. Cl. rubiginosa .Juss., stricto sensu. Halliers
humides. Rare. Guadeloupe, Marie-Galante.
Répart, géogr. : Saint-Vincent, Tobago, Trinidad, Grandes
Antilles et Amér. tropicale.
Var. acostata (Urb.j, Stehlê , Bull. Agr. Marf., VI, n. 34, p. 259
(1937). Syn. : Cl. glycinoides DC., var. acostata Urb., in Duss, p. 208.
Rare : Martinique, sur la coulée de laves dioritiques, de 1929 au
Prêcheur, Morne Vert ( Stehlê , n. 4824 et n. 5076, in herb. Wash.).
Endémique.
Centrosema Benth.
C. virginianum (L.) Benth. in Ann. Wien. Mus., Il, p. 129 (1838).
Basé sur Clitoria virginiana L., Sp. PL, I, ed. II, p. 753 (1753).
Syn. : Bradburya oirginiana O. Ktze. Il en existe 2 variétés :
Var. genuinum nov., C. virginianum (L.) Benth., stricto sensu.
Savanes.
Abondant dans toutes les Iles de l’Archipel Caraïbe.
Var. angustifolium (DC.), Griseb, Fl. Brit. West lnd. Isl., p. 193
(1869). Basé sur Clitoria virginiana L., var. angustifolia DC. Prodr.,
II, p. 234 (1825). Syn. : Conlrosema angustifolium Benth. Savanes
xéro-héliophiles et halliers. Plus rare.
Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Guadeloupe (Stehlê, n. 76, herb.
108 —
New-York et Paris), Martinique ( Siehlé , 3486 et n. 3507, in herb.
New-York).
Répart, géo-gr. : Antigue (Grisebaeh), Grandes Antilles.
Galactia P. Br.
G. rubra (Jacq.) Urb., Symb. Ant., II, p. 310 (1900). Basé sur
Dolichos ruber Jacq. Sel. Stirp. Amer., p. 204, t. 123 (1763). Syn r
Glycine sericea Willd. Martinique ( Isert , type in herb. Hauniae),,
G. longiflora Griseb. Duss, p. 210, non Am. Haies et broussailles
xérophiles et xéromésophytiques. Guadeloupe (Duss, n. 2657), Mar-
tinique ( Stehlé , n. 3532, 5242 et 5417). Ornementale.
Répart, géogr. : Endémique des Petites Antilles : Saint- Kitts
(Grisebaeh), Antigue (Wullschld gel) et Dominique (Imray).
G. dubia DC. Prodr., II, p. 238 (1825) ; Wikstroem, Guad.,p. 70.
Syn. : G. tenuiflora Benth., non Wight et Arn., G. filiformis Griseb.
pru parte, Duss, p. 210 (n° 3023 b), non Benth. Il en existe 2 var. en
Guadeloupe :
Var. typica nov. G. dubia DC., stricto sensu. Littoral sec et cal-
caire. Désirade et Marie-Galante ( Stehlé , n. 428 a et 435 a, in herb.
Wash. et Paris), Guadeloupe (Stehlé, n. 2583, in herb. Wash.).
Endémique des Petites Antilles : Antigue ( Wullschlâgel ).
Var. angustata Urb. Symb. Ant. II, p. 318 (1900). Calciphile.
Halliers de la Grande Terre de Guadeloupe : Etang Cocoyer,
Pointe des Châteaux et Désirade ( Stehlé , n. 940, 369, 1094, 1561 et
1589, in herb. Wash. et Paris). Endémique : Antigue ( Wullschlâgel ).
G. longifolia (Jacq.) Benth., in Ann. Wien. Mus., II, p. 127 (1938).
Basé sur Galega longifolia Jacq., Coll., II, p. 349 (1788). Syn. :
Sweetia longifolia DC., Galactia Sagoti Duchass. et Walp. et
G. angustifolia Griseb. et Duss, p. 210, non Kunth. Littoral xéro-
phile, psammophile et calciphile, falaises madréporiques.
Répart, géogr. : Endémique des Petites Antilles : halliers et
savanes de Guadeloupe ( Stehlé , n. 167, n. 1083 et n. 2713, in herb.
Wash. et Paris), Marie-Galante (Duss, n. 3641) ; Saint-Barthélémy
(Stehlé) ; Saint-Martin (Boldingh) ; Antigue (Wullschlâgel, n. 132).
G. albiflora Urb. Symb. Ant., Il, p. 316 (1900). Xéro-héliophile
calcieole. Très rare. Guadeloupe : Mornes calcaires du Petit Canal
(Duss, n. 3925, type) ; Pointe des Châteaux et littoral, dans le taillis
à Croton, sur affleurement de calcaires lenticulaires, entre Vieux
Fort et Gourbeyre (Stehlé, Quentin et Béna, n. 5824, in herb. Stehlé ).
Endémique très rare.
G. striata (Jacq.) Urb. Symb. Ant., II, p. 320 (1900). Basé sur
109 —
Glycine striata Jacq., Hort. Vind., I, p. 32, tab, 76 (1770). 2 variétés
dans notre flore :
Yar. caribaea Urb. Symb. Ant., II. p. 322 (1900). Halliers de
l’étage inférieur. Guadeloupe : Fort Richepause à Basse-Terre ( Duss ,
h. 2656, type) halliers xéro-héliopbiles calcaires de la Grande Terre,
Pointe des Châteaux ( Slehlé n. 1407, herb. New-York et Paris).
Endémique rare.
Yar. Berteriana Urb. Symb. Ant., II, p, 322 (1900). Halliers litto-
raux calciphiles. Le Moule et Anse Bertrand en Guadeloupe ; est plus
rare en Martinique, en étage mésophytique : Balata, Tivoli ( Stehlé ,
n. 43401. Existe en outre à Puerto- Rico (Urban et Britton et
Wilson).
G. nummularia Urb. Symb. Ant., VI, p. 12 (1909) ; Bold., Dutch
West Ind. Isl., Leiden, p. 95. Collecté à Saint-Martin, partie hol-
landaise, près Guanabav ( Boldingh , n° 2428, type). Existe aussi sur
les falaises madréporiques escarpées de l’Ile de Tintamarre, dépen-
dance française de la Guadeloupe (Saint-Martin), dans les halliers
à Opuntia (Stehlé, n. 5825, août 1945).
Pachyrrhizus L. Cl. Rich.
P. erosus (L.) Urb. Symb. Ant., IV, p. 311 (1905) et VIII, p. 313.
Basé sur Dolichos bulbosus L., Sp. PL, ed. II, p. 1021 (1763). Svn. :
Pachyrrhizus angulatus L. Cl. Rich., Duss (exWalp.), p. 211. Mornes
inférieurs, basaltiques et andésitiques des 2 Iles. Martinique ( Stehlé ,
n. 5827 en fleurs et fruits).
Répart, géogr. : Dominique, Saint- Vincent, Béquia, Grandes
Antilles et Amérique tropicale.
Vigna Savi.
V. luteola (Jacq.) Benth., in Fl. Bras., XV, 1, p. 194, t. 50, fig. 2
(1859). Basé sur Dolichos luteolus Jacq., Hort. Vind., I, p. 399, t. 90
(1770). Urban (Symb. Ant.), Fawcett et Rendre (Fl. Jarn.),
Britton et Wilson (Bot. Porto Bico ), Williams (Fl. Trin. Tob.)
lui ont, substitué à tort V. repens (L). O. Kuntze (1891), basé sur
Dolichos repens L. (1759) et bien antérieur à D. luteola Jacq. (1770),
mais cette combinaison est illégitime car déjà prise par V. repens
Baker (1876) pour une autre espèce.
Il faut donc revenir à V. luteola (Jacq.) Benth., adopté par Duss,
p. 211, comme l’ont fait Grisebach (Fl., p. 195) puis Anshoff (Fl.
Surinam, p. 231). Très commun aux Antilles, le long des routes et
dans les savanes, d’Angitue à' Trinidad. Amérique, Asie, Afrique
et Australie.
V. antillana (Urb.), Fawc. et Rendle, Fl. Jam., IV, 2, p. 69 (1920).
110
Basé sur Phraseolus antillanus Urb., Symb. Ant ., IV, p. 309 et VIII,
p. 312. Syn : V. unguiculata Griseb. non Walp. et V. sinensis Rolfe,
non Endl.
N’est pas en Guadeloupe mais existe en Martinique ( Duss , n. 159
et n. 4635). Non cité dans la Flore de Duss. Endémique des Antilles.
Rare.
Répart, géogr. : Saint- Vincent, Puerto-Rico, Iles Vierges et
Grandes Antilles.
V. Hoseï (Craib) Back. ex Heyne, Nutt. PI. Nederl.-Ind., ed. 2, II,
p. 840 (1920). Basé sur Dolichos Hosei Craib. Originaire de Boroéo,
introduit il y a quelques années comme plante de couverture sous
bananeraie en Martinique puis en Guadeloupe et s’est complètement
naturalisé. Devient colonisateur des pelouses semi-hygrophytiques :
{ Stehlé , n. 2337 et n. 3475, in herb. New-York et n. 5142, in herb.
Wash. en fleurs et en fruits, rares en général).
V. vexillata (L.) A. Rich. in Sagra, Cuba, X, p. 191 (1845) et Ess.
Fl. Cub., I, p. 440. Basé sur Phaseolus veçcillatus L. Sp. PI., I, ed. II,
p. 724 (1753). Non cité ni collecté auparavant aux Antilles fran-
çaises. Martinique ( Stehlé , n. 5049 et n. 5410, in herb. Wash., appelé
pois zorubi, Guadeloupe : littoral latéritoïde de Gapesterre. Assez
rare.
Répart, géogr. : Saint-Vincent, Grenade, Tobago, Trinidad,
Grandes Antilles. Pantropical.
Macroptilium (Benth.) Urb.
Genre basé sur Phaseolus sect. Macroptilium Benth. in Mart. Fl.
Bras., XV, I, p. 189 (1859) et retenu par Piper, in Contr. U. S. Nat.
Herb., XXII, p. 680 (1926). Type du genre : Phaseolus lathyroidcs L.
Sp. PL, II, ed. II, p. 1018 (1763), décrit in Symb. Ant. IX, p. 457,
(1928) et retenu par Britton et Wilson. Suppl. Bot. Porto-Rico,
p. 544 (Sc. Surç. New-York, VI, part. 4, p. 544, 19 déc. 1930).
Caractérisé par les bases des ailes et de la carène de la corolle adnées
au tube staminal et par la gousse étroite, subtérète ou comprimée.
La plante décrite par Duss, p. 214, comme Phaseolus semierectus
L., devient synonyme de cette espèce-type, qui comporte d’ailleurs
deux variétés.
M. lathyroides (L.) Urb. Symb. Ant., IX, p. 457, (1928). Basé sur
Phaseolus lathyroides L. Deux variétés aux Antilles françaises :
Var. angustifolium (Benth.) nov. Syn. : Phaseolus semierectus L.
var. angustifolius Benth., loc. c. et Fawc. et Rendle, Fl. Jam., IV,
p. 66. Elle est assez répandue en Guadeloupe et Martinique dans les
«anaux et sols humides des stations xéro-héliophiles ( Stehlé , n. 2233),
Répart, géogr. : Antigue (!), Sainte-Lucie (!), Saint-Vincent,
Béquia, Mustique, Barbade (!), Grenade, Iles Sous-le-Vent, Grandes
Antilles, Amérique, Inde et Malaisie.
Var. semierectum (L.) Urb. Symb. A rit. IX, p. 457 (1928). Basé
sur Ph. semierectus L. Mant. I, p. 100 (1767). Pois zombi rouge .
Terres sableuses, légères et fertiles, décombres, routes. Guadeloupe
( Duss , n. 2646) et Martiniqxie ( Stehlé , n. 3506 in herb. New-York).
Assez commun, répart, analogue.
Vicia L.
Genre non signalé par Duss pour les Antilles françaises et cité
par Urban pour une seule espèce dans nos régions. Il y en existe
deux.
V. hirsuta (L.) S. F. Gray, Nat. arr. Prit. PL, II, p. 614 (1831).
Basé sur Ervum hirsutum L. Sp. PL, I, ed. Il, p. 738 (1753). Récoltée
par Duchassaing en Guadeloupe, cité par Grisebach (Car.) et Urban
(Symb., VIII, p. 300).
V. angustifolia L. Amoen. Acad., IV, p. 105 (1759) ; Urb., Symb.,
VIII, p. 300). Syn. : V. sativa L. var. angustifolia Wahlbg. et subspec.
angustifolia Aschers. Guadeloupe : Rare. Pelouses et traces fores-
tières, en étage limite des cultures et forêts, climat frais et humide ;
ait. 500-780 m. et avec l’apparence d’une espèce autochtone plutôt
que d’une introduite naturalisée ( Stehlé , n. 1933 et n. 2593, in herb.
Wash. et Paris) [E. C. Léonard déterm.]. Originaire d’Europe, Asie
occidentale et Afrique septentrionale, naturalisée en Haïti (Morne
La Selle, ait. 1.800 m.).
Calopogonium Desv.
Genre non cité par Duss. Est représenté par une espèce communes
très répandue dans nos Iles où elle colonise abondamment, surtout
dans le Nord de la Martinique, les terres en friches. Introduite
autrefois comme engrais vert et plante de couverture.
C. mucunoïdes Desv. in Ann. Sc. Nat., sér. 1, IX, p. 423 (1826).
Syn. Stenolobium brachycar pum Benth. et C. orthocarpum Urb.
Prairies humides, friches et halliers. Guadeloupe, Pointe à Pitre,
Abymes, Morne à l’Eau ( Stehlé , n. 243, ,n. 259, en 1935, in herb.
New-York et Paris), Martinique : Basse-Pointe, Balata, Rodate,
etc... (Stehlé, n. 3534 et n. 5550 in herb. Wash.).,
Répart, géogr. : Grandes Antilles, Amérique centrale et tropicale.
Canavaïia DC.
C. maritima (Aubl.) Thou. in. Desv., Journ. Bot., I, p. 80 (1813)
Basé sur Dolichos maritimus Aubl., Pl. Guiane fr., II, p. 765 (1775) ‘
Syn. : C. obstusifolia DC., Duss, p. 215. Très abondant. Psammophile,
parfois paralien et calcicole ; première colonisatrice des sables.
Répart, géogr. : Antigue, Sandy Island, Dominique, Saint- Vin-
cent, Grenade, Tobago, Trinidad, Grandes Antilles. Pantropicale.
C. gïadiata (Jacq.) D€. Prodr., II, p. 404 (1825'). Basé sur Dolichos
gladiatus Jacq., Icon. Bar ., p. 1560(1780-93) et Coll. Bot., p. 276
(1788). Duss. précise « Rare » ; est actuellement très répandu dans
les deux Iles. Pantropicale.
C. ensiformis (L.) DC. Prodr., II, p. 34 (1825). Basé sur Dolichos
ensiformis L. Sp. PI., p. 725 (1753). Syn. : C. gïadiata. DC., var. ensi-
formis Duss, p. 215. Cité par cet auteur uniquement pour la Marti-
nique, existe aussi en Guadeloupe où il est même assez abondant.
C. virosa (Roxb.) Wigth et Ârn., Prodr. Pen. Ind. Orient., p. 253
(1834). Basé sur Dolichos oirosus Roxb., Fl. Ind., III, p. 301 (1832).
Pois falaise. Détecté à la Désirade sur les falaises escarpées du Nord,
avec Y. Béville, en 1936 [Stehlé, n. 1928). [P. Wilson déterm.].
Très rare. Originaire de l’Inde. Non cultivé, naturalisé localement
en Désirade. Ne figure dans aucune flore antillaise. C’est grâce au
Dr Léon Croizat, de la Harard Univers, et membre de la Société
Botanique de France, que nous avons eu des précisions sur les réfé-
rences et l’origine de cette espèce, comme sur quelques autres
Légumineuses rares ou douteuses. Nous lui exprimons ici l’hommage
de notre vive gratitude.
Mucuna Adans.
M. pruriens (L.) DC. Prodr., Il, p. 4(j5 (1825). Basé sur Dolichos
pruriens L., Syst., X, ed. II, p. 1162 (1759). Syn. : Mucuna prurita
Whright, Stizolobium pruritum Piper. Bien décrit par Duss, p. 216.
Répartition géographique : Saba, Saint-Vincent, Grenade, Tobago,
Trinidad, Grandes Antilles. Pantropical.
, M; urens (L.) DC. Prodr. II, p. 405, pro parte, nomen et non des-
cript., emend. Fawe. et Rendle, Fl. Jarn., IV, II, p. 52 (1920). Basé
sur Dolichos urens L., Syst., ed. X, p. 1162 (1759). Syn. : D. altissimus
Jacq. Ce n’est pas du tout l’espèce décrite sous ce nom par Duss,
p. 216-217, qui doit être appelée M. Sloanei Fawc. et Rendle., mais
celle qu’il nomme M. altissima DC. Bentham. Grisebach, et plus
récemment Pulle, ont fait la même méprise. Guadeloupe (Duss,
n. 3582), Martinique (Duss, n. 683).
Répart, géogr. : Saint-Kitts, Saint-Vincent, Trinidad ; Grandes
Antilles, Amérique tropicale.
M. Sloanei Fawc. et Rendle, in Joum. Bot., LV, p. 36 (1917) et
Fl. Jam., IA7, II, p. 53 (1920). Syn. : Dolichos urens Jacq. (1760),
non Linné (1759) ; M. urens DC. et auct. mult., Benth., Griseb.
Pulle et Duss, p. 216. Bord des rivières, étangs, lisières de mangrove.
— 113 —
Guadeloupe : bord de la Grande Rivière à Goyave, Sainte-Rose
{ Stehlé , o. 446, in herb. New- York [P. Wilson déterm.]), et herb..
Paris).
Répart, géogr. : Saint-Kitts, Saint-Yineent, Trinidad, Grandes
Antilles, Amérique Centrale et tropicale.
M. coehinchinensis (Leur.) A. Chev. ( Stehlé , n. 5288), de Marie-
Galante, tend à se naturaliser localement, ainsi que diverses espèces
de Mucuna asiatiques rapportées à Stizolobium aterrinxum Piper et
Tracy : pois mascate et à St. Deeringianum Bort, dit velvet beau,
tous cultivés comme engrais verts ou pour les graines données aux
cochons.
Erythrina L.
E. glauca Willd. in Ges. Naturf. Freunde Berlin , Neue Schrift, III,
p. 428 (1801). Existe en Martinique et Guadeloupe où il s’est natura-
lisé au même titre que VE. indica Lam. ; longuement décrit par
Duss, après culture comme arbre d’ombrage pour les caféiers et les
cacaoyers, ainsi que comme arbre de bornage des plantations. Est
aussi le long des fleuves côtiers.
Répart, géogr. : Saint-Vincent, Grandes Antilles, Amérique cen-
trale et tropicale.
E. micropteryx Poepp. msc. apud Walp. in Linnaea, XXIII,
p. 740 (1850). Syn. : E. Poeppigiana O. F. Cook. Immortel jaune.
Martinique : Naturalisé dans les abords de mangrove : Lamentin,
Ducos et Petit Bourg, Guadeloupe : Sainte Rose, La Boucan, plus
rare.
Répart, géogr. : Natif du Pérou ; Trinidad, Tobago, Grandes
Antilles.
E. corallodendron L, Sp. PL, I, ed. II, p. 706 (1753), bien décrit
par Duss, paraît le seul natif des Iles, tous les autres sont subspon-
tanés, avec doute cependant pour E. glauca Willd., qui pourrait
être autochtone.
Répart, géogr. : Saint-Kitts, Antigue, Saint-Vincent, Grenade,
Tobago, Trinidad, Amérique tropicale.»
Lonchocarpus H. B. K.
Aux 3 espèces données par Duss (p. 219-220), on doit ajouter
L. domingensis (Pers.) DC. et, en outre, modifier le sens donné par
cet auteur à la première : L. violaceus H. B. et K., binôme sujet à
discussion et ne pouvant s’appliquer ici, celui des Petites Antilles
étant L. Benthamianus Pittier.
L. domingensis (Pers.) DC. Prodr., II, p. 259 (1825), Basé sur
JJalbergia domingensis Pers. Syn., II, p. 276 (1807). Syn. : L. seri-
— 114
ceus H. B. et K., var. glabrescens Benth., savonnette rivière , savon-
nette bois. Guadeloupe : Grands Fonds de Sainte-Anne, Mont Masse-
las. Martinique, Anses-d’Arlet, Trois-Ilets (Pagerie). Assez rare.
Répart., géogr. — Puerto- Rico, Cuba, Hispaniola, Jamaïque.
L. Rentbamianus Pittier, Contrib. U. S. Nat. Herb., XX, II,
p. 86 (1917). Syn. : L. violaceus Benth. Journ. Linn. Soc., Bot., IV,
Suppl. 95 (1860) non. H. B. et K. (1823). Pittier a nettement démon-
tré l’i u validité du nom de Bentham pour les xVntilles et l’invalidité
de celui de Kunth (H. B. et K., Nov. Gen. et Spec., VI, p. 383 ; 1823)
pour le Venezuela, le nom de L. punctatus H. B. et K. devant être
retenu.
La description donnée par Duss sous le binôme : L. violaceus
Kunth, p. 219, s’applique fort bien à cette espèce représentée par
ses n. 2663 Guadeloupe et 1091 Martinique. Elle existe aussi aux
Saintes : Morne Chameau ( Stehlé , 1866 in herb. New-York et Paris),
au Nord de la Martinique ( Stehlé , n. 2214 et n. 4540), à la Désirade
et à Marie-Galante (plus rare).
Répart, géogr. : Endémique des Petites antilles : Saint-Eustache
( Bo'ding) , Dominique (!), Sainte-Lucie (!) et Barbade (!) (St.).
Pteroearpus L.
P. officinalis Jaeq., Sel. Stirp. Amer., p. 283, t. 183, f. 92 (1763).
Syn. : P. draco L., Duss, p. 221. Duss indique qu’il « n’existe pas à la
Martinique » et ne semblait pas y avoir été collecté jusqu’à présent.
(Urban, Wilson, Britton, Fawcett et RendleL II forme cependant
des colonisations de mangrove au Galion, près Trinité, ou nous
l’avons collecté (H. Stehlé et J. Beard, n. 5826, in herb. Stehlé, en
fleurs et en fruits).
Répart, géogr. — - Dominique, Sainte-Lucie, Saint-Vincent, Tri-
nidad, Grandes Antilles, Amérique tropicale.
Ichtyomethia P. Br.
Le nom d ’ Ichthymethia P. Br., Hist. Jam., p. 296 (1756) a priorité
sur Piscidia L. Sysl. ed. 10, p. 1155 (1759) et a été adopté par Brit-
ton et Wilson (Bot. P. R.), A. Chevalier (R. B. A., p. 577), S. F.
Bîake et par Hitchcock, nommé dans les comités de mise au point
des règles internationales de la Nomenclature. I. piscipula (L.)
Hitchc., Gard, and For., IV, p. 472 (1891). Basé sur En/thrina pisci-
pula L. Sp. PL, p. 707 (1753).
On distingue deux variétés dans nos Iles :
Var. typjca nov. Syn. : Piscidia piscipula Sargent, Gard, and For.,
IV, p. 436 (1891), P. Erythrina L. Syst., ed. X, p. 1155 (1759).
1. piscipula (L.) Hitchc. sensu stricto.
— 115
C’est l’espèce décrite par Duss, très convenablement d’ailleurs
{ Duss , n. 2662, Guadeloupe et Duss, n. 120, Martinique). Très
abondant en Grande Terre, Saintes, Désirade et plus rare à Marie-
Galante ainsi qu’à la Martinique ( Stehlé , n. 3050 in herb. Paris).
Piscicide.
Var. acuminata (Blake) stat. nov. Syn. : I. acuminata Blake, Journ.
Wash. Acad., IX, p. 249 (1919) et P. acuminata Johnston. Cet arbre
a été diversement compris par les auteurs, certains tels que P. Wil-
son et N. L. Britton (Bot. P. R. , V, p. £09) considérant qu’ils n’en
font qu’un seul, d’autres, tel que Blake et Jonhston les séparant
spécifiquement. Ce sont, en tous cas, au moins deux variétés valables
d’une même espèce.
Nouveau pour les Petites Antilles. Guadeloupe : Mornes Goblin et
Hirondelle, près Bourg de Gourbeyre, rare et en voie d’extinction
( Stehlé , n. 5594, 23 août 1944). Piscicide.
Répart, gécgr. : Grandes Antilles et Amérique tropicale.
Machaerium P ers.
M. lunuîatum (L. f.) Ducke in Arch. Jard. Bot. Rio Janeiro, III,
p. 151 (1922). Basé sur Plerocarpus lunatus L. f. Suppl., p. 317
(1781). Syn. : Drepanocarpus lunatus Mey., Duss, p. 221, où il est
bien décrit sous ce binôme (p'. 221-222) pour ses nos 3371, 3458
Guadeloupe et 1092 Martinique. Espèce de mangrove, surtout en
bordure.
Répart, géogr. : Sainte-Lucie, Saint-Vincent, Grandes Antilles,
Amérique tropicale et Afrique occidentale.
Dalbergia L. f.
D. Ec astophyllum (L.) Ta’ub, in Engl.-Prantl, Nat. Pflanzenfam.,
II f, 3, p. 335 (1894). Basé sur Hedysarum Ecastophyllum L., Syst.,
cd. 10, p. 1169 (1759). Syn. : H ecastophyllum Brownei Pers., Duss,
p. 222, où la description est bonne Guadeloupe Duss, n. 2658, Stehlé,
n. 149 et 471, et Martinique Duss, n. 1099, Stehlé, n. 3504, in herb.
New-York et Paris. Sols humides.
Répart, géogr. — Antigue, Dominique, Sainte-Lucie, Saint-Vin-
cent, Baquia, Barbade, Grenade, Tobago, Trinidad, Grandes Antilles,
Amérique et Afrique tropicales.
D. monetaria L. i. Suppl., p. 317 (1781). Bien décrit par Duss,
p. 222-223, sous le nom de H ecastophyllum monetaria DC. Guade-
loupe (Duss, n. 3028, Stehlé, n. 435, New-York et n. 1912 Wasb. et
Paris ; Martinique (Duss., n. 1098, Stehlé, n. 2130 N. -Y. et Paris).
Rivulaire.
Répart, géogr. : Saint-Vincent, Grenade, Trinidad, Grandes
Antilles et Amérique centrale.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
8
— 116
Andira Lam.
A. jamaicensis (Wright) Urb. Symb. Ant., IV, p. 298 et VII Ir
p. 300. Basé sur Geoffraea jamaicensis ( inermis ) Wright (1778). $vn.
A. inermis Wright (1787).
Var. sapiendioides (Benth.) Griseb. Fl. Brit. West Ind. [si., p. 202
(1864). Basé sur *4. sapindioides Benth. Syn. : Pterocarpus sapin-
diodes DC. Guadeloupe ( Stehlê , n. 1983) et Martinique ( Stehlé ,
n. 5381).
Répart, géogr. : Saint-Kitts, Antigue, Dominique, Sainte-Lucie^.
Saint-Vincent, Tobago, Trinidad, Amérique et Afrique tropicales.
Ormosia Jacks.
O. monosperma (Sw.) Urb., Symb. Ant., I, p. 321 (1899) et II?
p. 287. Basé sur Sophora monosperma Sw. (1788) de Guadeloupe
(Bertero). Syn. : O. dasycarpa Jacks (1811), Duss, p. 225-226, bonne
description. Guadeloupe {Duss, n. 3580, Sethlé, n» 5381) ; Martinique
{Duss, n. 686 et 1010). Il existe des graines entièrement rouges sans
mitcules noires et des fruits à 1, 2 et même jusqu’à 4 semences dans
la même gousse.
Répart, géogr. : Endémique des Petites Antilles : Montserrat,
Dominique, Sainte-Lucie, Saint- Vincent et Grenade. Falaises
escarpées, en étage méso-hygrophytique et plus rarement dans les
marécages de bordure de mangrove (Guadeloupe : Lamentin, Sainte-
Rose). Des variations notables de cette espèce sur les feuilles, les
fleurs et les fruits, peuvent être notées avec les stations.
» Conclusion.
La Flore Phanérogamique de Duss (1897) qui date à peine d’un
demi-siècle et était pour l’époque, un excellent travail, mérite pour
les Légumineuses, comme pour la plupart des autres familles, une
révision et mise au point en accord avec les connaissances actuelles.
La plupart des binômes doivent être changés, les références de publi-
cations et les répartitions géographiques doivent être indiquées. Les
descriptions restent bonnes et valables pour ce groupe en général,
mieux même que dans la plupart des autres, mais de nombreuses
espèces manquent. Plusieurs signalées comme n’existant pas en
Martinique ou en Guadeloupe, s’y trouvent à l’état spontané et
d’autres se sont naturalisées depuis, le tapis végétal étant en évolu-
tion continuelle. Des espèces que Duss lui-même a collectées par la
suite ne figurent pas dans sa Flore et certaines sont devenues les
— 117 —
types d’espèces nouvelles et valables d’Urban. Au lieu des 37 genres
et 67 espèces, de Duss, 42 genres et 95 espèces de Papilionacées
peuvent être énumérées dans cette flore. En outre, l’étude des varié-
tés nombreuses dans ces espèces qui sont souvent d’une ample répar-
tition géographique, méritait d’être faite, à la lueur des conceptions
modernes, apportant toutes les précisions désirables sur la connais-
sance des Légumineuses aux Antilles françaises.
Laboratoire de Culture du Muséum.
X
118
Le genre Aphananthe (Ulmacées). Révision systématique
et Distribution géographique des espèces
Par Jean-F. Leroy.
Assistant au Muséum
Les deux genres Gironniera Gaud. et Aphananthe Planch. de la
tribu des Celtidoidées (Ulmacées) peuvent paraître très voisins dans
certaines de leurs espèces. La discrimination se fonde sur des carac-
tères qui n’ont pas de valeur générale mais qui sont ici d’une cons-
tance remarquable. Cela n’est pas exceptionnel dans l’ordre des
Urticales où l’on sait que des caractères mineurs comme la forme des
filets staminaux ont été élevés au rang des critères fondamentaux
dans la classification des familles ou des groupes de genres.
Dans l’un et l’autres des genres en question les corrélations n’ont
pas toujours été clairement saisies et il en est résulté une certaine
confusion taxonomique qu’expriment les erreurs de nomenclature.
Nous avons passé en revue la série des espèces de Gironniers et
d’Aphananthes contenues dans l’Herbier du Muséum en nous atta-
chant spécialement d’une part à l’étude critique, pour les différentes
espèces, de l’appartenance générique et d’autre part, mais seule-
ment pour les Aphananthes, à l’examen plus précis des espèces en
tant qu’espèces. Toute considération sur la validité de telle ou telle
espèce de Gironniera est donc exclue. Nous avons ainsi été amené à
rectifier le chevauchement des genres et à apporter d’importantes
corrections à certaines déterminations.
L’intérêt systématique seul justifiait ce travail, mais il y avait
cependant une autre raison encore de l’entreprendre, savoir la dis-
tribution géographique du genre Aphananthe, dont les discon-
tinuités de l’aire posaient des problèmes fort intrigants.
Les divergences systématiques ou biogéographiques mises en
avant de-ci, de-là, dans les publications sur cette question se résol-
vent en partie à la lumière des résultats que nous consignons ici.
Notons dès maintenant qu’un certain nombre n’eussent pu naître
si l’on s’en était tenu plus fidèlement au travail initial de Planchon.
Ce botaniste avait déjà, avec un sens remarquable, réintégré à sa
juste place sous le nom Aphananthe cuspidata Planch. une espèce
due à Blume, Galumpita cuspidata, dont nous verrons toute l’im-
portance.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 119 —
v I. — Le genre Aphananthe.
1. Anatomiquement les différences entre les deux genres sont caté-
goriques : la plupart avaient déjà été observées par Priemer (1893).
Ch. Dehay (1934) les avait précisées en ce qui concerne l’appareil
conducteur foliaire, mais seulement pour une espèce de chaque
genre. Nous les avons confirmées pour toutes les espèces, anciennes
et nouvelles. Les plus notables peuvent ère ainsi résumées :
Chaîne vasculaire foliaire
Cristaux d’oxalate
de Ca isolés
Mucilages
Aphananthe
Arc postérieur ouvert,
sans arc antérieur ni
formations médullaires.
Généralement
présents notam-
ment dans le
pétiole.
Absents dans
toutes les
espèces.
Gironniera
Chaîne complexe diffé-
rente dans le pétiole et
dans le limbe, avec for-
mations médullaires.
Généralement
absents.
Généralement
présents
(absents chez
G. mollissima
Gagnep. ?
L’un et l’autre genres possèdent des poils verruqueux : ce carac-
tère ne peut servir qu’à les différencier de la plupart des autres
genres de la même famille ; mais non de tous, car certains Celtis par
ex. en sont pourvus ; ni non plus des familles voisines où parfois
ce caractère se retrouve, par ex. chez Teonongia tonkinensis Stapf.
(Moracée). L’absence de cystolithes chez les deux genres n’a égale-
ment qu’une valeur relative.
2. Morphologiquement quelques caractères sont extrêmement
nets :
— la nature sexuelle : les Aphananth.es connus à ce jour sont tous
monoïques alors que les Gironniers sont dioïques. Cela, quoique noté
par Planchon, avec une pointe de doute il est vrai,. a en général été
mésestimé. Tous les auteurs, sauf Planchon, ayant admis au moins
un Aphananthe parmi les Gironniers et certains même (Elmer) un
Gironnier parmi les Aphananthes, ont été contraints d’incorporer
des éléments faux dans leurs diagnoses génériques. Il en est résulté
un chevauchement préjudiciable des genres. C’est ainsi par ex. que
A. Lemée parle des Gironniers dioïques ou monoïques, que E.-P. Kil-
lip et C.-M. Morton donnent les Aphananthes, comme dioïques et
— 120 —
à feuilles dentées en scie, à æstivation valvaire. Ces erreurs, l’æsti-
vation mise à part ■ — qui est toujours imbriquée — procèdent de la
même conception ambivalente du genre.
- — - les stipules : chez les Àphananthes elles sont généralement fines,
souples, petites, sublinéairès très caduques, soudées (ou libres).
Celles de Gironniers sont au contraire très remarquables, consis-
tantes, grandes, libres ou presque, caduques.
— la forme des fruits : ches les Gironniers la tendance vers la
réalisation d’un type toujours assez comprimé latéralement est assez
constante. Les fruits d’Aphananthe sont ± globuleux, triquètres,
non ou à peine comprimés, avec des stigmates généralement subulés.
Les Gironniers ont des fruits peu charnus, généralement lenticu-
laires et comprimés, avec des stigmates ± filiformes.
— les caractères foliaires ne sont guère utiles dans le cas des Apha-
nanthes à feuilles entières. Par contre ils sont de tout premier ordre
dans le cas des feuilles dentées : Aucun Gironnier ne présentant de
feuilles totalement et nettement dentées.
La distribution géographique des deux genres étant sensiblement
la même, n’apporte aucun élément de valeur systématique.
IL — Les espèces du genre Aphananthe.
Le genre Aphananthe fut créé par Planchon en 1848 pour recevoir
une espèce nouvelle, A. philip pinensis , originaire de Luçon. Dans
le Prodrome (1873) le même auteur, rédigeant la monographie des
Ulmacées, ajouta trois espèces : A. rectinervis , A. aspera, A. cuspi-
data. Depuis trois nouvelles espèces ont été décrites : A. negrosensis
Elmer (1909),' A. lissophylla Gagnep. (1925) et A. sakalava Leroy
(1945). Ces sept espèces peuvent être ramenées à quatre : A. phillip-
pinensis, A. aspera, A. cuspidata, A. sakalava.
— A rectinervis rentre dans la synonymie de A. philip pinensis.
Cette opinion a été adoptée par E.-D. Merrill (1923) et par T. Nakai
(1932). Ch. Bernard (1905) avait également écarté cette espèce.
Anatomiquement Priemer avait cependant cru constater des diffé-
rences suffisantes pour justifier son maintien. Il s’agit selon toute
vraisemblance d’une forme propre à l’Australie, et nous la nomme-
rons : A. philip pinensis f. rectinervis (Planch.).
— A. negrosensis Elm. s’identifie absolument avec la plante décrite
par Merrill sous le nom Gironniera glabra (1906). Cette espèce, endé-
mique ? aux Philippines nous paraît d’ailleurs assez aberrante au
sein des Gironniers et nécessitera une investigation ultérieure. Ce
qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’un Aphananthe.
— A. lissophylla Gagnep. avait été nommée par Pierre Gironniera
lissophylla. M. F. Gagnepain en a fait avec raison un Aphananthe.
121 —
Mais nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’une espèce nouvelle, nous
verrons pourquoi dans la discussion de A. cuspidata.
— A. sakalava Leroy a été créée par nous en 1945 d’après les
spécimens contenus dans l’Herbier de M. H. Perrier de la Bathie.
Spécimens bien incomplets, sans fleurs d’aucune sorte, suffisants
pour la détermination, mais qu’il sera utile de revoir lorsqu’un maté-
riel nouveau le permettra.
— A. philip pinensis Plancb. et A. aspera (Thunb.) Planch. sont
de bonnes espèces incontestées et incontestables.
— A cuspidata, par contre, mérite de retenir longuement notre
attention. Il faut remonter à Blume pour trouver une première réfé-
rence à cette plante qu’il nomme d’abord Cyclostemon cuspidatum
(1825), puis, en traitant du genre Gironniera, Galumpita cuspidata
(1851). Thwaites (1861) en fait le Gironniera reticulata et Plan-
chon (1873) VA. cuspidata. C’est ce dernier nom ou plutôt A. cuspi-
data (Bl.) Planch. que nous avons réhabilité.
En 1877 Kurz, dans sa Flore forestière de la Birmanie anglaise,
cite le Gironniera cuspidata Planch. appelation parfaitement im-
propre et incorrecte. C’est sous ce dernier nom rétabli [G. cuspidata
(Bl.) Kurz] ou sous celui de Thwaites ( G. reticulata) que l’espèce
a été reprise par les auteurs sans exception (y compris M. F. Gagne-
pain dans la Flore de l’ïndûchine). Priemer en attribue même la
responsabilité à Bentham et Hooker ( G . cupidata Benth. et Hook.).
Jusqu’à nous cette espèce litigieuse n’avait pas été élucidée convena-
blement. Priemer dans son mémoire sur l’anatomie des Ulmacées
écrivait « Gironniera cuspidata Benth. et Hook. que Planchon
nommait A. cuspidata Planch. appartient anatomiquement sans
conteste à Gironniera... Pour moi il ne subsiste de ce côté aucun
doute sur son appartenance à Gironniera. » Il passe ensuite à l’ex-
posé de la structure anatomique des différentes espèces. Ces carac-
tères qu’il observe attestent sans doute qu’il travaillait bien sur
un Gironnier, mais sur une espèce improprement identifiée qui
n’était pas celle de Planchon.
En 1928 M. F. Gagnepain signale dans sa clé des Gironniers et
Aphananthe d’Indochine : le fruit nettement comprimé, sauf chez
G. reticulata pour les Gironniers, le fruit non ou à peine comprimé
de F Aphananthe. Cette exception est d’autant plus significative que
M. F. Gagnepain relève pertinemment l’erreur de Pierre concer-
nant le Gironniera lissophylla. Le G. reticulata, fort de sa perenrité,
a cependant été maintenu dans la Flore d’Indcchine. Mais il y a
plus : A. lissophylla Gagnep. nous paraît devoir rentrer dans la syn-
nymie de A. cuspidata. Celui-ci est assez polymorphe et les quelques
variantes notées dans l’autre ne sont pas de valeur à motiver la
création d’une espèce. Ce sont deux grands arbres monoïques, à
tempérament tropical qui poussent côte à côte au Tonkin. Les diffé-
— 122* —
rences que l’on peut saisir entre ces deux espèces ne sont pas supé-
rieures à celles qui séparent certaines formes intraspécifiques ou
ipême des variations individuelles. Ce n’est pas là un càs isolé :
Nous possédons dans l’Herbier du Muséum un échantillon de la
collection S. Kurz des îles Andaman. Maigre matériel, représenté
seulement par un rameau feuillé, sans fleurs ni iruits. C’est indubita-
blement un Aphananthe mais dont les feuilles ont jusqu’à 20 cm. de
long, un nombre élevé de nervures, une texture un peu différente
du type cuspidata et la face supérieure beaucoup plus luisante. Or
Kurz a décrit un Gironnier des Andaman : G. lucida avec fleurs
mâles et drupes identiques à celles de G. reticulata (entendez A. cuspi-
data), ne différant de celui-ci que par les feuilles plus grandes, plus
coriaces, plus luisantes, les nervures plus nombreuses. L’identité
entre le G. lucida Krz et l’échantillon du Muséum est parfaite. Il
nous faudrait donc appeler cette plante A. lucida (Krz). Mais il y a,
à Java et ailleurs, des formes à feuilles remarquablement grandes,
d’aspect moins visiblement réticulé que dans le type et qui appar-
tiennent cependant à l’espèce cuspidata. Il serait irrationnel de voir
dans cet arbres des Andaman autre chose qu’un A. cupidata. Tout
au plus pourrait-on dire qu’il s’agit d’un A. cupidata f. lucida (Kurz).
La plante décrite par M. F. Gagnepain s’en rapproche d’ailleurs
assez.
L’Herbier du Muséum compte aussi deux échantillons du sud de la
Chine (Hong-Kong) étiquetés Gironniera nitida Benth. et qui sont
également à rapporter à A. cuspidata. Le G. nitida Benth. nous
paraît une espèce bien peu solide.
Il faut arriver à Janssonius (1932) et à Record pour que le débat
sur la validité de G. cuspidata soit rouvert. Ces auteurs étudiant
l’anatomie du bois secondaire chez cette espèce et chez G. subae-
qualis concluent qu’il ne peut absolument pas s’agir d’un même
genre. Le genre Gironniera a été divisé en deux sections : Nemato-
stigma Planch. et Galumpita Bl. ( Généra Plantarum, Pflanzenfami-
lien, Smith in Addimenta ad cognitionem Florae arboreae jcwanicae ,
Koorders et Valeton), G. subaequalis étant placée dans la pre-
mière, G. cuspidata dans la seconde. Janssonius semble proposer
d’élever cette dernière au rang de genre. Record note de plus
des rapprochements entre Galumpita cuspidata et Chaetacme. Ces
auteurs découvrent l’erreur, mais aucun ne trouve la solution.
Aphanante cuspidata, présente cependant tous les caractères
du genre : arbre monoïque, à drupes non comprimées, à stipules
membraneuses petites et très caduques, mais à feuilles entières.
C’est probablement ce dernier caractère qui a égaré les jugements.
Sans cependant empêcher M. F. Gagnepain de décrire son A. lisso-
phylla à feuilles entières. Les quelques échantillons qui peuvent
paraître différents [A. lissophylla, A. lucida (Kurz)] sont cependant
— 123 —
% .
des représentants de la même espèce. Contrairement à ce que croyait
Kurz les feuilles de A. cuspidata peuvent dépasser 12,5 cm. de long
et atteindre 18 cm. (cf. J. -J. Smith in Koorder et Valeton 1910)
et même 20 cm. La texture des feuilles varie avec le milieu et avec
l’âge : le réticulum si remarquable dans certains cas sur les deux
faces des feuilles peut s’atténuer, en même temps que la feuille
devient plus épaisse et plus luisante. Nous avons observé cela sur
différentes feuilles d’un même rameau.
Toute la structure anatomique, contrairement à ce qu’affirme
Priemer, vient à l’appui de cette manière de voir :
— Chaîne vasculaire foliaire constituée par un arc postérieur
ouvert, sans arc antérieur, ni formations médullaires. Système
simple, uniforme dans le pétiole après la coalescence des faisceaux
de base, et dans la nervure médiane au niveau du premier méri-
phylle.
— Présence de cristaux d’oxalate de calcium isolés.
- — - Absence dë cellules mucilagineuses dans le limbe et dans le
pétiole.
— L’anatomie du bois secondaire est nettement différente de
celle du Gironniera et se rapproche fortement de celle de A. aspera
étudiée pra O. Tippo (1938), notamment par la présence d’un paren-
chyme ligneux abondant, non seulement juxtavasculaire, mais
encore circummédullaire.
Planchon avait noté que, quoique remarquable par ses feuilles
cet arbre ne s’éloignait pas du type par ses fleurs et ses fruits. Il
ajoutait que d’après la description de Blume la plante de Java cor-
respondait bien à la sienne, originaire de Ceylan, mais qu’une con-
firmation ultérieure était désirable. Il n’y a pas de doute qu’il
s’agit d’une seule et même chose. Ajoutons que T. Nakai a classé
les Aphananthes en deux sections :
Eu-Aphananthe Nakai = A. negrosensis, A. philip pinensis.
Homoioceltis Nakai = A. aspera.
Pour le moment nous ne pouvons retenir cette conception qui
s’appuie seulement sur trois espèces, dont l’une est fausse. L’homo-
généité géographique et systématique milite, à notre sens, contre
toute subdivision du genre, à l’intérieur duquel les espèces se relient
« par enchaînement ».
(A suivre )
124 —
Révision de quelques Muscinées du Valois
viii. Sphaignes
Par Mme Jovet-Ast et P. Jovet.
Fernand Camus qui s’occupa longtemps de l’herbier de Muscinées
du Muséum, rédigea avec une conscience remarquable un Catalogue
des Sphaignes de la Flore parisienne 1, auquel nous nous référons
ici par l’abréviation : Cat. Dans sa Flore des Sphaignes de France ,
G. Dismier, qui fréquenta longtemps aussi le Laboratoire de Crypto-
gamie, publia un inventaire des .Sphaignes par départements 2.
Les échantillons de Questier furent collectés entre 1850 et 1867,
ceux de Marcilly vers 1860, de Jeanpert, Dumée et F. Camus,
de 1890 à 1914. Les récoltes qui font l’objet de cette note s’éche-
lonnent entre 1924 et 1932.
Les Sphaignes sont des êtres fragiles, très sensibles aux change-
ments d’acidité et d’humidité. Les forestiers, qui n’aiment guère les
aulnaies, les drainent, curent les fossés, rejettent les « grattures »
sur le fond du marécage, y accumulent des fascines, des débris de
meulière, éliminent Aulnes, Saules et Bourdaines, plantent des
Frênes. Mentionnons encore que la plus riche des localités borde un
chemin forestier devenu route stratégique empierrée ! Aussi les
Sphaignes disparaissent-elles, d’où la nécessité de signaler exacte-
ment les lieux et dates des récoltes : renseignements indispensables
à qui veut tenter de reconstituer l’évolution de la végétation.
Les forêts d’Halatte 3, de la Haute Pommeraie et le marais de
Rouville (env. d’Ormoy Yillers) appartiennent au département de
l’Oise ; le marais des HureauX (à Silly-la-Poterie), la forêt de
Retz 3 et le Buisson de Cresnes au département de l’Aisne. Les bota-
nistes conservent les noms de lieux suivant employés par Questier :
« Souillard d’Eméville » ou simplement « le Souillard » : lieu tourbeux
boisé en forêt de Retz, au-dessus de la laie du Petit Bois d’Hara-
mont, et « mare à la Ciguë », une mare du Buisson de Cresnes où,
d’ailleurs, cette ombellifère n’existe plus. La « route de la Gare »
(Retz) est l’appellation récente d’une partie de la laie de Cabi ret.
La nomenclature employée pour les Sphaignes est celle de H. Paul
1. In Bull. Soc. bot. Fr., 1903, pp. 239-252 et 272-289.
2. In Arch. de Bot., t. I, mém. 1, 64 p., 19 fîg.
3. Abréviation employée dans le texte : Hal. pour Forêt d’Halatte f Retz pour
Forêt de Retz (ou de Villers-Cotterets).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
in Engler P flanzenfamilien 1924, sauf en ce qui concerne Sphagnum
palustre L. pour lequel nous conservons S. cymbifolium Ehrh., parce
que la section a conservé le nom de Cymbifolia ! Classées par ordre
alphabétique, les Sphaignes citées dans cette note se répartissent
ainsi entre les différentes sections :
I. Sect. Cymbifolia : Sph. cymbifolium Ehrh. (= S. palustre L.).
II. Sect. Acutifolia : S. fiinbriatum Wils., S. acutifolium Ehrh.,
S. plumulosum Rôll (= S. subnitens Russ. et Warnst.)
III. Sect. Cuspidats : S. cuspidatum Ehrh., S. recurvum Pal. de
Beauv.
IV. Sect. Squarrosa : S. squarrosum Pers.
V. Sect. Rigida : S. compactum DC.
VI. Sect. Subsecunda : S. subsecundum Nees, S. inundatum (Russ.)
Warnst, S. auriculatum Schpr.
Sphagnum acutifolium Ehrh. - — • [Cat. F. Camus : Hal. Mont
Pagnotte (Camus) ; Retz, le Souillard (Questier, 1859)]. — Hal.,
Mont Pagnotte, pente N. Aulnaie à Sphaignes, 12-VII-25, avec
Sph. cymbifolium, Rhytidiadelphus loreus, Plagiothecium undulatum,
Callitiiche stagnalis. ■ — • Retz, pente N, Fontaine du Hacot, Aulnaie
à Sphaignes envahie de Ronces avec Carex helodes ( = biligularis),
C. remota, C. pendula, Sph. cymbifolium, Polytrichum commune (r),
Catharinea undulata, 20-VII-28. — - Bois du Roi, env. de Rouville-
Ormoy-Villers, marais siliceux, fossé mouillé asséchant l’Ericetum
Tetralicis, avec Sph. compactum, 20-VIÏ-27. — Les Hureaux, tour-
bière alcaline de vallée devenant tourbière de transition : Eriophorum
(sp. plur.), Sph. cymbifolium, S. plumulosum, S. squarrosum.
Sphagnum auriculatum Schpr. — [Indiqué : « Oise (Jovet) » sans
précision de localité in Dismier, Fl. des Sphaignes de France]. — ■
Retz, Aulnaies à Sphaignes : le Souillard, 20-VII-28, (v. Sph. plu-
mulosum) ; Route de la Gare, avec Sph. inundaium, 14- VI 1-29. — •
Halatte, sur le sol glaise-sableux et nageant : marettes des Fouil-
leux (près de Fleurines), 10-IV-25 ; pente N. du Mont Pagnotte,
Aulnaies à Sphaignes avec Sph-, cymbifolium, Polytrichum commune,
P. attenuatum, Rhytidiadelphus loreus, Plagiothecium undulatum ,
Calypogeia fissa, Cephalozia bicuspidata, 8-1-25, et sur un talus
formant la limite supérieure de l’ Aulnaie, mêlé de Mnium hornum,
8-1-25 ; — environs de Bellecroix, forme terrestre et forme sub-
mergée (v. S. subsecundum), 5-V-32.
Sphagnum compactum R. C. et sa var. squarrosum Russ. (dét.
Dismier), marais siliceux de Rouville (Ormo^-Villers) : fossé assé-
chant la lande à Erica Tetralix, avec Sph. acutifolium, Polytrichum
nttenuatum et P. commune, 20-VIÏ-27 et 1928.
Sphagnum cymbifolium Ehrh. ( = S. palustre L.). - — - [Herbier
— 126 —
Camus : fossé de la laie de Cabaret, près de la Laie de Taillefontainu
(1904). — Cat. Camus : Forêt d’Halatte, Mont Pagnotte ; forêt de
Retz : mares du Souillard (Questier), près du chemin de Vivières
(L. Marcilly)]. - — - Haute-Pommeraie, marge mouillée de la Mare
des Sots, avec Polytrichum commune, P. attenuatum, Thuidium
tamariscinum, C allier gonella cuspidata, 29-III-28 ; marge (à sec
le 29-VI1I-28) de la Mare de la Tuilerie, en compagnie de Carex
leporina, Agrostis canina, et, dans la zone submergée lors des hautes
eaux, en compagnie de Glyceria fluitans, 29-VÏII-28 ; Mare Madame,
marge qui découvre l’été. — Hal., Mont-Pagnotte, au-dessous de la
Route dvi Grand Maître, avec de belles Osmondes et de grands
Aulnes, et sur la route Camomie, 7-YÏ1I-24 et 21-VÏ-31 ; Chemin
qui Sonne, également sur racines saillantes de Quercus sessiliflora,
14-IV-25 ; bord d’une mare de l’E. de la route de la Fontaine-
Aubert : les Sphaignes cèdent la place au Leucobryum glaucum y
fréquent sur la pente N. dans des Aulnaies ou à leur emplacement,
en particulier avec Sph. recuroum, le S. cymbifolium y est présent
sous plusieurs variétés déterminées par G. Dismier : var. virescens,
var. compactum, var. squarrosulum : 8-1-25, ... 21-VI-31 ; Route des
Grands Chênes, malingre, dans des dépressions argilo-sableuses du
chemin (Cicendietum ombragé), 1925 ; — au pied du Point de vue
de la Relie- Image, ruisseaux et petits marais siliceux : talus suintant
(à Blechnum ), ta dans un fossé mouillé, pa dans un peuplement de
Carex acutiformis, 29-111-30 ; - — - environs de Bellecroix, (v. Sph..
subsecundum ), 5-V-32. — Retz, Fontaine du Hacot, v. Sph..
aculifolium, 17 -X-26 et 20-VII-28 ; laie de Cabaret, Aulnaie à
Sphaignes et Fontaine de Schifosse, 15-IX-26 ; pente N., env. du
Chemin de Mazancourt, avec Polytrichum formosum (c’est un des
survivants de l’Aulnaie après assèchement), 13-IX-26 ; Aulnaies du
Souillard (v. Sph. plumulosum) et entre le Souillard et la Fontaine
du Hacot, 20-V1I-28. - — • Marais des Hureaux, forme à rameaux
latéraux courts, ll-ÏX-24, 16iX-30.
Sphagnum cuspidatum Ehrh. - — • Retz, route de la Gare, Aulnaie-
Roncier, avec Plagiothecium silvaticum, Eurhynchium Stokesii,
Sph. cymbifolium, 15-IX-26. Retz, pente N., à l’E. du chemin de
Mazancourt, Aulnaie à Sphaignes, à Carex pendula, C. remota, Polys-
tichum dilatatum, Chryso splénium oppositifolium, Lysimachia nemo-
rum, 15-IX-26.
Sphagnum fimbriatum Wils. — Hal. : sur une souche, pente N.
du Mont Pagnotte ; sur un échantillon, quelques feuilles caulinaires
présentent des caractères du Sph. Girgensohni, mais c’est un S. fim-
briatum (R. Gaume dét.), 29-1X-27 et 15-VIII-28. — Retz
angle du chemin de Taillefontaine à Eméville et de la route d’Emé-
ville, talus vertical humide à Blechnum avec Polystichum dilatatum y
Rhytidiadelphus loreus, 15-IX-26.
— 127 —
Sphagnum inundatum (Russ.) Warnst. — Retz : Souillard d’Emé-
ville, 20-VII-28 ; Aulnaie à Sphaignes dégradée de la Fontaine de
Schifosse avec Sph. cymbifolium et, un peu à l’W., Fontaine de
Mamelaine, 14-VIÏ-29 ; mur à Blechnum, route de la Gare (angle de
la route de Taillefontâine) et dans l’Aulnaie marginale de la route
avec Carex helodes, C. stellulata, Polystichum montanum, Blechnum,
Lysimachia nemorum, Sph. cymbifolium, S. auriculatum, Bhytidiadel-
phus loreus, Plagiothecium undulatum, Pellia epiphylla, Polytrichum
commune, 15-IX-26 et 12-VI-24. — Fleurines, glaisière des Fouilleux,
nageant dans l’une des mares avec Drepanocladus fluitans, 10-IV-25.
— Hal., env. de Rellecroix (v. Sph. subsecundum) , 5-Y-32.
Sphagnum plumulosum R5ll. — [Cat. : Forêt d’Halatte, Mont
Pagnotte (F. Camus, 1903 ; Eméville (Questier, 1858) ; Silly-la-
Poterie, les Hureaux (Dumée) ; forêt de Retz, mares du Souillard
{Questier, 1859) 1. - — - Jeanpert le récolte aux Hureaux le 29-ÏV-
1894 (in Herh. Mus. Paris) mais ne le publie pas]. • — • Retz : Souil-
lard d’Eméville, en compagnie de : Osmunda regalis, Polystichum
dilatatum, Blechnum Spicant, Carex helodes, Scutellaria minor. Rien
que la sation ait perdu quelques espèces depuis 1861, c’est encore
une des meilleures Aulnaies à Sphaignes du Valois. Voici seulement
quelques Muscinées : Sph. auriculatum, S. cymbifolium, S. squarrosum,
S. inundatum, Campylopus paradoxus, Aulacomnium palustre, Dicra-
num Bonjeani, Biccardia multifida, Calypogeia Trichomanis, C. fissa
et, assez abondant : Pallaoicinia (= Bilaena) Lyellii 2 13-IX-26 et
19-VI-30. • — Les Hureaux, Schoenetum incendié en 1929, 16-.X-30.
- — Non revu au Mont-Pagnotte.
Sphagnum recurvum Pal. de Reauv. — [Cat. : Forêt d’Halatte :
Mont Pagnotte (F, Camus) ; Buisson de Cresnes (Jeanpert) ; Fcrêt
de Retz, sans précision (L. Marcilly)]. - — Buisson de Cresnes, « mare
à la Ciguë », localisé au milieu du Sph. squarrosum, dans la Saulaie
flottante avec Drepanocladus fluitans, Eurhynchium Stokesii ; Bra-
chythecium rutabulum et une pîantule de Fagus, 17-ÏV-27. - — - Retz :
entre le Souillard et la Fontaine du Hacot, petite Aulnaie à Sphai-
gnes-Roncier, avec Osmunda regalis, Polystichum dilatatum, Thui-
dium tamaris cinum, Sph. cymbifolium, 20-VIII-28 ; route de la
Gare, Aulnaie traversée par la laie de Taillefontaine, avec Sph.
cymbifolium, 14-VII-29. — Hal. Mont Pagnotte, pente N., route du
Haut-Merdun, Aulnaie à Sphaignes ayec Polystichum montanum,
P. dilatatum, Blechnum Spicant, Epilobium palustre, 11-XI-25.
Sphagnum squarrosum Pers. — [Cat. Buisson de Cresnes (Jean-
pert). Herbier Camus, 20-VIII-1899, mare à Cicuta virosa, Buisson
de Cresnes], - — - Retz : Souillard d’Eméville, rare (v. Sph. plumulo-
1. Les dates ne figurent pas in Camus, Cat.
2. Cette Hépatique n’est indiquée aux environs de Paris qu’aux Vaux-de-Cernay
(S.-et-O.) par F. Camus (in Husnot, Hepaticologia Gallica, 2e éd., 1922).
' — 128 —
sum), 20-VÏÏÏ-28. Cresnes, « Mare à la Ciguë » rarement flottant et
alors ne laissant émerger que les « têtes » des rameaux ; il constitue
toute la masse de l’îlot flottant que dominent les Saules et à la lisière
duquel il se mêle au Calliergon cordifolium et s’enchevêtre de Riccia
fluitans et d’une hydromorphose d ' Eurhynchium Stokesii ; au centre
de cette Saulaie flottante, il recouvre la partie couchée des Saules et
tente de s’élever le long des jeunes troncs dressés où il entre en
compétition avec des hydromorphoses d’ Eurkynchium striatum, E.
Stokesii,... 15-VÏI-28. ■ — 'Les Hureaux, dans l’Aulnaie tourbeuse à
Rhamnus frangula, Polystichum Thelypteris, à la limite d’un Phrag-
miteto-Cladietum, 4-ÏX-25.
Sphagnum subsecundum Nees. — [Cat : Eméville, limite de la
forêt de Yillers-Cotterets (Questier, 1858) 1], — Cresnes, mare à la
Ciguë, dans la Saulaie flottante à Sph. squarrosum ta, S. recurvum r,.
mêlé à Depranocladus fluitans, Hypnum cupressiforme, 15-VII 28. —
Retz : route de la Gare, sur une pente sub-suintante, avec Sph,
cymbifolium, S. inundatum, S. auriculatum, Pellia epiphylla, Bra-
chythecium rutabulum var. longise'um, Carex helodes, C. stellulata y
C. pendula,' 14-VIÏI-29. — Hal. : environs de Bellecroix, forme ter-
restre et forme submergée, petite tache mouilleuse (sables tourbeux)
avec flaques d’eau de plusieurs mètres carrés ; en compagnie de
Sph. cymbifolium, S. auriculatum, S. inundatum, Lophocolea cuspi-
data, Campylopus pyriformis, 5-V-32.
Toutes les Sphaignes habitent des milieux acides ou, au moins,,
neutres. Celles du Mont Pagnotte (Hàl.), de la forêt de Retz (Souil-
lard d’Eméville, laie de Taillefontaine, Route de la Gare) vivent au
niveau des marnes vertes sous-jacentes aux sables de Fontaine-
bleau ; celles des environs de Bellecroix, du Carrefour Bertrand et
des Fouilleux (Hal.), des mares delà Haute Pommeraie, du marais
de Rouville et de la mare du Buisson de Cresnes, se trouvent suri es
sables auversiens, non loin de la couche de glaise sous-jacente ou à
son contact. Au marais des Hureaux (Çilly-la-Poterie), la situation
est tout autre : les Sphaignes vivaient sans contact très intime avec
la tourbe à surface d’ailleurs très proche de la neutralité : deux d’entre
elles formaient des coussins quasi-suspendus entre les Carex ,
Cladium et Phragmites ; c’était une tourbière alcaline se transfor-
mant en tourbière de transition. D’après des renseignements récents
ces stations seraient détruites par l’extraction de la tourbe.
Les localités les plus riches sont les Aulnaies de la pente N. de la
forêt de Retz qui possèdent 8 Sphaignes : * Sph. acutifolium, * S. auri-
culatum, S. cuspidatum, * S. cymbifolium, *S. fimbriatum, S. inun-
datum, * S. recurvum, S. subsecundum ; Si l’on ajoute S. squarrosum
1. Localité non retrouvée : probablement détruite actuellement.
129
et S. plumulosum, présents au tout proche « Souillard », cette partie
de la forêt recèle 10 espèces de Sphaignes. Six espèces seulement (*)
se retrouvent au Mont Pagnotte, mais la forêt d’Halatte renferme
8 Sphaignes en comptant celles de Bellecroix et des Fouilleux.
Cette note ajoute des localités à celles déjà connues : Ormoy, les
Hureaux pour Sph. acutifolium ; le Buisson de Cresnes, le N. de la
forêt de Retz, la forêt d’Halatte pour S. subsecundum ; les Hureaux,
le Souillard pour S. squarrosum ; mais S. plumulosum n’a pas été
revu au Mont Pagnotte. Dans ce recensement total de 11 espèces,
5 n’avaient pas encore été indiquées dans les localités étudiées : Sph.
auriculatum, S. cuspidatum, S. compactum, S. fimbriatum, S. inunda-
tum.
Laboratoire de Cryptogamie du Muséum.
130
Note préliminaire sur le genre Sciuroïdes Forsyth Major
Par l’Abbé R. Lavocat.
Le genre Sciuroïdes, créé par Forsyth Major en 1869 pour
Sciuroïdes siderolithicus , a été revu par Schlosser dans sa mono-
graphie des Rongeurs en 1884, et par Dehm en 1936. Ce dernier
auteur distingue 5 espèces dans le genre, trois d’entre-elles provenant
des Phosphorites du Quercy. J’ai été amené, à la faveur de mes tra-
vaux sur les rongeurs oligocènes, à reprendre, pour comparaisons,
l’étude de ce groupe, et par la suite M. J. Piveteau m’a demandé
de préciser autant que possible la détermination spécifique exacte
de 3 fort beaux crânes dont il fait l’étude.
J’ai disposé de l’important matériel des Phosphorites du Quercy
appartenant aux collections de Paléontologie du Muséum, soit plus
de 180 mandibules et environ 70 demi-maxillaires généralement
assez complets. Des mêmes gisements^ j’ai également pu étudier des
échantillons du laboratoire de Géologie de Marseille, que M. G. Cor-
roy a très aimablement mis à ma disposition ; j’ai également vu,
bien entendu, les dentitions des pièces étudiées par M. J. Piveteau.
J’ai pu constater que les diagnoses spécifiques antérieures sont
souvent beaucoup trop imprécises pour être utilisables. En outre,
les espèces ont été basées tantôt sur des mandibules, tantôt sur des
maxillaires, et les attributions réciproques restent incertaines. Sans
compter que les prémolaires de lait paraissent avoir été prises parfois
pour des dents définitives, et leurs caractères utilisés mal à propos
à des fins taxonomiques. Il faut ajouter que les figures sont générale-
ment si schématiques ou si floues qu’elles supportent n’importe
quelle interprétation spécifique.
D’ores et - déjà, comme préliminaire à une révision complète, il
est possible de faire les observations suivantes :
1. La variabilité individuelle des caractères dentaires est considérable,
surtout à la dentition supérieure.
2° La taille varie certainement dans de larges limites et ne doit être
utilisée qu’avec une très grande prudence comme indication d’espèce.
3. La morphologie des dents inférieures est plus simple et plus uniforme
que celle des dents supérieures, et peut être certaines espèces ne peuvent-
elles être séparées par l’examen des mandibules seules.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 131 —
4° Il existe une P 4 de lait à la mandibule et au maxillaire. J’en ai vu
plusieurs spécimens en place avec la dent de remplacement en dessous.
5° En tenant compte à la lois de la taille et des caractères dentaires,
on est amené à établir, pour les maxillaires, 6 groupes de formes au moins.
L’une de ces formes est très rare et la mandibule correspondante manque
sûrement. Il reste que, en regard des 5 forces supérieures, nous ne pou-
vons distinguer que 3 ou peut-être 4 formes de dents mandibulaires.
D’aiTeurs ii paraît délicat d’attribuer une valeur certainement spécifique
aux groupes ci-dessus indiqués.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
9
— 132
Remarques sur la classification des Ophidiens
ET PARTICULIÈREMENT DES BOIDAE DES MASCAREIGNES
(Bolyérinae SUBFAM. NOV.)
Par Robert Hoffstetter.
( Note présentée par V abbé R. Lavocat.)
Les vertèbres des Ophidiens présentent fréquemment, à leur face
inférieure, une hypapophyse due à l’élément hypocentral qui se
soude au centrum de la vertèbre précédente. Comme il est de règle
chez les Reptiles, ces apophyses sont constantes dans les régions
cervicale (celle-ci mal individualisée chez les Serpents) et caudale.
Dans cette dernière région, elles prennent la forme d’une fourche,
homologue des os-ch'evrons d’autres groupes, et reçoivent alors le
nom d’haemapophyses L II n’y a rien là que d’assez banal. Mais les
Ophidiens se singularisent par la persistance des hypapophyses
dans la région dorsale. La plupart des Serpents portent en effet des
hypapophyses à la face inférieure des vertèbres dorsales antérieures.
Mais il en est chez qui toutes les vertèbres du tronc présentent cette
ornementation. De sorte que, d’après ce caractère, on peut distin-
gser deux groupes d’Ophidiens, suivant qu’ils possèdent ou non des
hypapophyses distinctes dans la région dorsale postérieure. De telles
hypapophyses sont constantes chez les f ■■Palaeophidés, f Archaeo-
phidés, Elapidés, Hydrophiidés et Vipéridés. Elles sont absentes
chez les f Pachyophidés, f Simoliophidés, Typhlopidés, Lepto-
typhlopidés, Uropeltidés, Anilidés, Xenopeltidés et Dipsadidés. Par
contre, on sait que les deux types se rencontrent chez les Colubridés.
Et nous verrons plus loin que, contrairement à ce qui était admis
jusqu’ici, les Boïdés sont dans le même cas.
En présence d’un fait anatonqique, il faut toujours, avant de l’uti-
liser en systématique, essayer d’établir s’il s’agit ou non d’un carac-
tère adaptatif. Est-ce ainsi que l’on doit interpréter la présence
d’hypapophyses dans la région dorsale postérieure ? On serait tenté
de l’admettre en constatant que ce caractère paraît souvent lié au
mode de vie. Alors que tous les vrais fouisseurs ne présentent aucune
saillie sous leurs vertèbres dorsales, il est remarquable en effet que
1. Certains auteurs commettent une confusion en nommant « lymphapophyses »
ces apophyses hémales. Le terme de Jymphapophyse a été créé pour les apophyses
transverses bifides qui, dans la région anale, protègent les cœurs lymphatiques.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 133 —
les groupes de Serpents exclusivement aquatiques sont toujours
munis d’hypapophyses sur toute la longueur du tronc : c’est le cas
des t Palaeophidés (qui présentent même deux hypapophyses
consécutives par vertèbre), des f Archaeophidés, des Acrochordinés,
des Homalopsinés et des Hydrophiidés. Remarquons aussi que les
Natricinés, qui en sont également pourvus, sont généralement d’ex-
cellents nageurs. Il est vrai que les Pachyophidés et Simoliophidés
crétacés, pourtant marins, ne possèdent pas d’hypapophyses dans la
région dorsale ; mais il n’est pas encore prouvé qu’il s’agit là de
véritables Serpents et S. W. Williston les rapproche plutôt des
Dolichosauriens.
Il y a sans doute, dans ces faits, autre chose qu’une coïncidence
fortuite. Remarquons cependant que certains Serpents semi-aqua-
tiques, comme Eunectes, ne possèdent pas d’hypapophyses dans la
région dorsale postérieure. Et surtout, il est des familles entières,
telles celles des Elapidcs et des Vipéridés, où ces hypapophyses
sont vigoureusement développées, sans qu’il y ait pour autant
d’adaptation à la vie aquatique.
Je ne crois donc pas qu’on puisse considérer la présence de telles
apophyses comme un caractère adaptatif, en liaison par exemple
avec le développement de muscles utilisés pour la natation. D’ail-
leurs la nature même dp ces hypapophyses, qui représentent des
hypocentra persistants, s’oppose à cette interprétation. Il me semble
plus correct de supposer que la présence préalable de ces hypapo-
physes dans un groupe de Serpents a favorisé — il reste à préciser
en quoi — l’adaptation à la vie aquatique. Ces hypapophyses pré-
céderaient l’adaptation et n’en seraient nullement le résultat.
Une conclusion se dégage de ce qui précède. Si les hypapophyses
des vertèbres dorsales postérieures ne sont pas un caractère adapta-
tif, on doit leur reconnaître une signification importante dans la
systématique des Ophidiens. On constate en effet que la plupart des
familles' sont homogènes à cet égard : tous leurs membres possèdent
(ou ne possèdent pas) ces hypapophyses. Seuls font exception les
Colubridés et les Boïdés, qui sont d’ailleurs des groupes centraux,
à partir desquels on peut faire dériver un certain nombre d’autres
familles.
Examinons successivement ces deux derniers groupes.
Colubridés. •— L’importance du caractère dont il est question
a déjà été reconnue. C’est, après la morphologie dentaire et l’adap-
tation à la vie aquatique, l’un des critères utilisés pour diviser les
Colubridés en sous-familles. Cependant, il me semble que la hié-
rarchie de ces caractères serait à reprendre.
A considérer les Colubridés, on doit reconnaître en effet que les
sous-familles des Acrochordinés et des Homalopsinés sont bien
individualisées ; elles sont d’ailleurs homogènes quant au caractère
étudié. Par contre, la masse des autres Colubridés ne me paraît pas
divisée d’une manière satisfaisante. On a sans doute accordé trop
d’importance à l’acquisition de crochets sillonnés postérieurs, car
il semble bien que ceux-ci ont apparu dans des phylums différents.
C’est ainsi que bien des Boïginés sans hypapophyses postérieures
(Opisthoglyphes) sont beaucoup plus proches des Coronellinés
(Aglyphes), que ces mêmes Coronellinés ne le sont des Natri cinés,
pourtant aglyphes également. Il y a parfois quasi identité entre les'
vertèbres des animaux des deux premiers groupes. De même G. -A.
Boulenger a déjà signalé que, parmi les Opisthoglyphes, Elaschis-
todon (Elachistodontiné) est une véritable réplique de Dasypeltis
(Rhacbiodontiné) parmi les Aglyphes. Est-il bien justifié de main-
tenir éloignés dans la classification des animaux aussi proches ?
Il est à souhaiter que cette classification soit reprise à la lumière
des caractères anatomiques. Et il semble que notamment la présence
des hypapophyses ait une grande importance. La remarque de
M. F. Mocquard, d’après laquelle la presque totalité des Colubridés
de Madagascar (Aglyphes et Opisthoglyphes) est pourvue d’hypapo-
physes postérieures 1, me paraît très significative. Ne faut-il pas
voir là la marque d’un phylum qui seul aurait pu s’introduire dans
cette aire isolée ?
Boïdés. — Alors que l’hétérogénéité des Colubridés a toujours
été reconnue, il était admis que les Boïdés présentaient tous des ver-
tèbres dorsales postérieures dépourvues d’hypapophyses.
Or, en étudiant le matériel subfossile récolté à la Mare aux Songes
(Ile Maurice) par P. Carié, j’ai été surpris de rencontrer, avec quel-
ques os céphaliques, de nombreuses vertèbres d’un Serpent que tous
ses caractères classent parmi les Boïdés, mais qui possède des hypa-
pophyses sur toutes les vertèbres dorsales. J’ai cherché, pour faire
une comparaison, à étudier le squelette des deux petits Boïdés qui
vivent encore à l’ Ile Ronde, près de Maurice : Bolyeria multicarinata
(Boie) et Casarea Dussumieri (Schlegel). Ces espèces sont mal-
heureusement rares et je n’ai pu préparer les squelettes complets.
Cependant, M. Malcolm Smith, du British Muséum, a eu l’obli-
geance de me communiquer 3 vertèbres dorsales postérieures de
Bolyeria. Ce Serpent possède, comme le fossile, des hypapophyses
bien marquées dans cette région du tronc. Il y a même une grande
similitude entre les deux formes, mais l’animal actuel se distingue
par la présence de prézygapophyses fines et aiguës, qui dépassent
nettement le bord de leurs facettes articulaires. En ce qui concerne
Casarea, M. Angel, du Laboratoire d’Herpétologie du Muséum, a
1. Seul fait exception le genre Mimophis, avec une seule espèce.
bien voulu me confier le type même de Duméril et Bibron (Leptoboa
Dussumieri, Coll. Dussumier). Et j’ai pu constater, par une incision
ventrale, que ce genre présente également des hypapophyses dans
la région dorsale postérieure. Je n’ai pas encore de documents suffi-
sants pour décider si le fossile de l’ Ile Maurice appartient à l’un des
deux genres actuels de l’ Ile Ronde. Mais il résulte déjà de ces obser-
vations que tous les Boïdés des Mascareignes sont pourvus d’hypapo-
physes sur toutes les vertèbres du tronc. Et ce caractère assigne à
ces animaux une position très à part parmi les Boïdés. Je lui attribue
même une importance plus grande qu’à la présence ou l’absence du
post-frontal, utilisée pour diviser peut-être un peu arbitrairement les
Boïdés en Pythonïnés et Boïnés. Et c’est pourquoi je propose de
séparer Bolyeria et Casarea en une sous-famille nouvelle, les Bolye-
rinae.
La présence ou l’absence des hypapophyses dans la région posté-
rieure du tronc ne doit pas être négligée dans les discussions phylo-
génétiques concernant Îes'-Ophidiens. Ces hypapophyses ayant une
origine hypocentrale, il apparaît impossible que des formes ayant
déjà perdu leurs hypocentra postérieurs aient pu donner des descen-
dants qui les possèdent encore.
Et d’abord, puisque de nombreux Ophidiens ont conservé ces
éléments, leurs ancêtres devaient encore les présenter. Il faut donc
s’attendre à rencontrer chez les animaux qui pourraient constituer
la souche de l’ordre, des hypoCentra séparés ou soudés en hypapo-
physes tout le long de la colonne vertébrale. C’est pourquoi Pachyo-
phis et Simoliophis du Crétacé ne peuvent être considérés comme
représentant cette souche. Il s’agit plutôt d’un rameau latéral,
issu de formes proches de Dolichosauriens, et montrant déjà des
caractères d’Ophidiens.
De même, si la filiation des Boïdés aux Colubridés est possible,
elle n’a pu se faire qu’à partir de formes qui, comme les Bolyérinés,
présentaient encore des hypapophyses postérieures, puisqu’on les
retrouve chez divers Colubridés. Et c’est un intérêt supplémentaire
que présenterait la nouvelle sous-famille : ce serait le reliquat d’un
groupe ancien disparu, à partir duquel auraient pu se différencier
d’une part les IJénophidiens dont les Boïdés représentent la famille
centrale, d’autre part les Caenophidiens qui comptent les Colubridés
comme famille-souche. Et, dans ces derniers, c’est encore parmi les
formes à hypapophyses persistantes qu’il faudrait rechercher l’origine
des Elapidés,-des Hydrophiidés et des Vipéridés.
Il serait téméraire de vouloir proposer une classification et une
phylogénie des Ophidiens sur la base de ce seul caractère. Mais il est
certain que ce travail devrait être entrepris en utilisant toutes les
données de l’Anatomie comparée.
Laboratoires d' Anatomie comparée et de Paléontologie du Muséum.
Deuxième liste des fossiles jurassiques figurés
DE LA COLLECTION VlCTOR MAIRE
Par R. Nassans.
En 1934 1, j’ai publié la liste des types contenus dans la partie
de la collection Victor Maire parvenue à cette épocfue, au Labora-
toire de Géologie du Muséum.
La liste ci-dessous a été établie avec les types d’espèces nouvelles
existant dans la dernière partie de la collection, remise au complet,
au laboratoire, en 1942.
Spongiaires.
*
Tremadictyon crateriformis Etallon [I] p. 5, pl. II, fig. 2 a- 2 b.
Sporadopyle Farrei Etallon [I] p. 7, pl. II, fig. 3.
Craticularia subcylindrica Oppliger [1] p. 6, pl. II, fig. 1.
Cypellia caliciformis Oppl. [I] p. 10, pl. IV, fig. 2 a- 2 b.
Stauroderma Etalloni Oppl. [I] p. 11, pl. VI, fig. 1.
Stauroderma depressa Oppl. [I] p. 12, pl. VI, fig. 2.
Ceriodictyon coniformis Oppl. [I] p. 15, pl. III, fig. 4 a-b-c-d.
Stellispongia sulcata Oppl. [I] p. 16, pl. VI, fig. 3 a- 3 b.
Echinodermes.
Hemipedina Mairei P. de Loriol [XVII] p. 56-57, pl. 7, fig. 9.
Millecrinus champlittensis Valette [II] p. 12, fig. V.
Millecrinus vermiculatus Valette [II] p. 2, fig. 1.
Millecrinus verlebralis (Et) Valette [II] p. 16, fig. VII.
Millecrinus subescheri Valette ]II] p. 10, fig. IV.
Isocrinus Mairei Valette [II] p. 5, fig. II.
ÂNNÉLIDES.
Serpula trapezoidalis V. Maire [XV] p. 56, pl. III, fig. 12.
Serpula pustulosa V. Maire [XV] p. 52, pl. III, fig. 7-7 a.
Serpula subpustulosa V. Maire [XV] p. 53, pl. III, fig. 10-11.
Serpula tricruciata V. Maire [XV] p. 54, pl. III, fig. 16.
Serpula bossellata V. Maire [XV] p. 54, pl. III, fig. 15.
Serpula trilobata V. Maire [XV] p. 55, p. III, fig. 2.
1. Bull. Muséum, 2e sér., t. VI, n° 1, 1934.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
— 137 —
Lamellibranches.
Isoarca ledonica P. de Loriol [XVIII] p. 201, pi. XXII, fig. 15-15 a.
Çamptonectes Mairei Dechaseaux [XIII] p. 37, pl. V, fig. 8-9-10.
Limatula oxfordiana V. Maire [XIV] p. 440, pl. XXXI, fig. 7-8.
Plicatula ( Atreta ) pateroides Rollier var. Parisoti V. Maire [XV] p. 59,
pl. III, fig. 6.
Corbula ledonica P. de Loriol [XVIII] p. 161, pl. XX, fig. 5-5 a-b.
Diceras aulhoisonense V. Maire [XV] p. 59, pl. III, fig. 2-2 a-b.
Gastropodes.
Sulcoactaeon grayensis V. Maire [IX] p. 104, pl I, fig. 4.
Goniocylindrites noironensis V. Maire [IV], p. 99, pl. I, fig. 2.
Goniocylindrites champvansensis V. Maire [IV], p. 100, pl. I, fig. 3.
Exelissa Perroni V. Maire [VI] p. 74, pl. VIII, fig. 26.
Ptygmatis Petitclerci V. Maire [VI] p. 69, pl. VIII, fig. 12-13-14.
Oonia. obesa V. Maire [V] p. 52, pl. V, fig. 41-42.
'Pur purina Mairei P. de Loriol [IX] p. 107, pl. VI, fig. 3-4.
Nerila Etalloni V. Maire [VI] p. 15, pl. VI, fig. 17-18.
Neritopsis montrivelensis V. Maire [XV] p. 57, pl. III, fig. 1-1 a.
Proconulus coronatus V. Maire [V] p. 73, pl. VI, fig. 11-12-13.
Trochotoma kimmeridgiensis V. Maire [VI] p. 20, pl. VI, fig. 19-20-21.
Céphalopodes.
Rhopaloteuthis Etalloni V. Maire [XII] p. 23, pl. III, fig. 10-11.
Oppelia jurensis V. Maire [XI] p. 13, pl. I, fig. 12-12 a.
Oppelia Bourgeati V. Maire [XI] p. 16, pl. I, fig. 16-16 a.
Taramelliceras Alberti V. Maire [XI] p. 30, pl. II, fig. 13-13 a.
Taramelliceras montrondensis V. Maire [XV] p. 48, pl. Il, fig. 3-3 a.
Perisphinctes crouzetensis V. Maire [X] p. 37, pl. IV, fig. 10-10 a.
Perisphinctes ( Lithacoceras ) champagnolensis V. Maire [XV] p. 49, pl. II,
fig. 7.
Macrocephalites dubiensis V. Maire [XV] p. 46, pl. II, fig. 6.
Sutneria burgundica V. Maire [XV] p. 50, pl. II, fig. 8.
Quenstedticeras Sintzowi nom. mut. V. M. [XVI] p. 13, pl. I, fig. 2-2a.
— orbignyi nom. mut. V. M. [XVI] p. 13, pl. I, fig. 3.
Henrici R. Douvillé var. Caillcti V. M. [XVI] p. 13, pl. I, fig. 4-4 a.
— *■ ancestrale V. Maire [XVI] p. 14, pl. I, fig. 6-7.
— ( Bourkelamberticeras) antiquum V. Maire [XVI] p. 14, pl. I, fig. 5-5 a.
— (B.) intermissum S. S. B. var. orbis V. M. [XVI] p. 20, pl. I, fig. 18.
— (B.) intermissum S. S. B. var. armata V. M. [XVI] p. 20, pl. I, fig. 17.
— - (B.) flexicostatum Phill. var. Zieteni nom. mut. V. M. [XVI], p. 24,
pl. I, fig. 23.
— (B.) flexicostatum Phill. var. Orbignyi nom. mut. V. M, [XVI] p. 23,
pl. I, fig. 28-29.
— Henrici R. Douvillé var. pseudo-Brasili V. M. [XVI] p. 33, pl. I,
fig. 43-43 a ; pl. II, fig. 10.
— 138 —
— Brasili R. Douvillé var. Lahuseni nom. mut. V. M. [XVI] p. 32, pl. II,
fig. 2-8-9.
— (B.) Lamberti Sow. var. gregariaeformis V. M. [XVI] p. 27, pl. II,
fig. 7-7 bis.
— (B.) Lamberti var. macer nom. mut. V. M. [XVI] p. 27, pl. II, fig. 4-5-6.
— (B.) Lamberti Sow. var. intermedia nom. mut. V. M. [XVI] p. 27,
pl. II, fig. 11.
— Lamberti Sow. var. Quenstedti nom. mut. V. M. [XVI] p. 27, pl. II,
fig. 12-12 a.
— Lamberti Sow. var. pseudo-Mariae nom. mut. V. M. [XVI] p. 28, pl. II,
fig. 20-21-21 a.
— (Vertumniceras) Weissermeli nom. mut. V. M. [XVI] p. 35, pl. III,
fig. 9-10-11.
— crateriformis V. Maire [XVI] p. 38, pl. III, fig. 15-15 a-16-16 a-17.
— aff. crateriformis V. Maire [XVI] p. 38, pl. III, fig. 18-18 a.
Quenstedticeras (B.) Lorioli V. Maire [XVI] p. 36, pl. III, fig. 20.
— juranum V. Maire [XVI] p. 39. pl. III, fig. 211-24 a-25-25 a-26 ;
pl. V, fig. 18 ; pl. VI, fig. 1.
— aff. juranum V. Maire [XVI] p. 41, pl. III, fig. 27-27 a.
— pseudo- Goliath nom. mut. V. M. [XVI] p. 41, pl. III, fig. 28 ; pl. IV,
fig. 1 ; pl. VI, fig. 2.
— (Paulowiceras) Douvillei nom. mut. V. M. [XVI] p. 48, pl. V, fig. 8-8 a.
— jurense V. Maire [XVI] p. 46, pl. IV, fig. 7-7 a.
— (Paulowiceras) bathyomphalum S. S. B. var. Marioni V. M. [XVI]
p. 50, pl. V, fig. 12-13-13 a.
■ — (Hortoniceras) subsidericum V. Maire [XVI] p. 51, pl. V, fig. 17-17 a.
— sinuosocostatum V. Maire [XVI] p. 51, pl. V, fig. 19.
Cardioceras (Anacardioceras) praecordatum R. Douvillé var. stricta V. M.
—[XVI] p. 58, pl. VI, fig. 7-8 ; pl. VII, fig. 1.
— (A.) praecordatum R. Douvillé var. Douvillei V. M. [XVI] p. 60.
pl. VI, fig. 10-10 a-11 ; pl. VII, fig. 3-4.
— (A.) praecordatum R. Douvillé var. mixtaY. M. [XVI] p. 61, pl. VI,
fig. 12).
— (A.) excavatoïdes V. Maire [XVI] p. 66, pl. VI, fig. 13 ; pl. VIII,
fig. 11-12.
— (A.) praecordatum R. Douvillé var. multi costata V. M. [XVI] p. 59,
pl. VII, fig. 2.
- — [A.) Reesidei nom. mut. V. M. [XVI] p. 61, pl. VII, fig. 5-6.
— (A.) Lahuseni nom. mut. V. M. [XVI] p. 66, pl. VII, fig. 7-7 a.
— (A.) praecordatum R. Douvillé var. Bukowskii nom. mut. V. M.
[XVI] p. 64, pl. VII, fig. 8.
— (A.) Uhligi V. Maire [XVI] p. 68, pl. VII, fig. 10-10 a.
— ( A.) subexcavatum V. Maire [XVI] p. 67, pl. VIII, fig. 1-2.
— (A.) sinuosocostatum V. Maire [XVI] p. 71, pl. VIII, fig. 3.
• — rotundatum Nikitin var. elata V. M. [XVI] p. 87, pl. VIII, fig. 8.
— (A.) harmonicum V. Maire [XVI] p. 62, pl. VIII, fig. 13 ; pl. IX,
fig. 5-6-6 a.
— (A.) excavatiforme V. Maire [XVI] p. 69, pl. IX, fig. 1-1 a-2-2 a.
— (A.) excavatiforme var. bidichotoma V. M. [XVI] p. 70, pl. IX, fig. 3.
— gallicum nom. mut. V. M. [XVI] p. 81, pl. X, fig. 2-3-7 ; pl. XIX, fig. 6.
— 139
— Ilowaiskyi nom. mut. V. M. [XVI] p. 79, pl. XII, fig. 3-4.
— (Cardioceras) Neumanni nom. mut. V. M. [XVI] p. 79, pl. XII,
fig. 5-6.
— talantensis V. Maire [XVI] p. 36, pl. XII, fig. 7-7 a.
Cardioceras (C. ) anacanthum S. S. B. var. repleta V. M. [XVI] p. 64,
pl. XIII, fig. 4-4 a ; pl. XIV, fig. 10-10 a.
— (A.) excavatum Sow. var. svelta V. M. [XVI] p. 73, pl. XIII, fig. 12.
— (A.) excavatum Sow. var. pseudocosticardia V. M. [XVI] p. 73,
pl. XIII, fig. 11-11 a.
— biplanum V. Maire [XVI] p. 102, pl. XV, fig. 3-4 et 17.
— biplanum V. Maire var. lenita V. M. [XVI] p. 103, pl. XV, fig. 5.
— (C.) cordatum Sow. var: Girardoti nom. mut. V. M. [XVI] p. 100,
pl. XV, fig. 7-8-9.
— ( V ertebriceras ) quadratum Sow. var. rivelensis V. M. [XVI] p. 107,
pl. XV, fig. 15-15 a-b.
— cordatum Sow. var. Baylei nom. mut. V. M. [XVI] p. 99, pl. XVI,
fig. 6-6 a.
— ( C.) quadrarium S. S. B. var. Sequanica nom mut. V. M. [XVI] p. 109,
pl. XVI, fig. 5.
— ( C.) quadrarium S. S. B. var. Colloti V. M. [XVI] p. 109, pl. XVI, fig. 7.
— postcostellatum V. Maire [XVI] p. 111, pl. XVI, fig. 18-19-20 ;
pl. XVIII, fig. 1.
— minutum V. Maire [XVI] p. 103, pl. XVI, fig. 21.
— ( Cowtoniceras ) cowtonense Blakf. and Hudleston var. Orbignyi
nom. mut. V. M. [XVI] p. 117, pl. XVII, fig. 11-12-13 ; pl. XIX, fig. 2-3.
— (C.) cordatum Sow. var. comprimata V. M. [XVI] p. 99, pl. XVIII,
fig. 2-3 ; pl. XIX, fig. 15.
— (A.) formosum V. Maire [XVI] p. 89, pl. XX, fig. 10.
— alternans de Buch. var. integricostatum V. M. [XVI] p. 126, pl. XX,
fig. 5-6.
Les espèces nouvelles citées dans ces deux listes représentent une
très grande partie des espèces et variétés publiées par Victor Maire.
Celui-ci avait établi un certain nombre d’entre elles, sur des échantil-
lons n’appartenant pas à ses séries personnelles, mais qui lui avaient
été confiés par divers chercheurs. En ce qui concerne les Céphalo-
podes, les types incorporés aux collections du laboratoire de Géologie
du Muséum forment la quasi totalité de ceux que V. Maire avait
créés, Je signale spécialement 1? belle série d’espèces gravitant autour
de Cardioceras cordatum et C. praecordatum dont il avait poussé
l’étude aussi loin que possible.
Le laboratoire de Géologie du Muséum est maintenant en posses-
sion d’un ensemble très complet d’ Ammonites du Jurassique moyen
et supérieur de Franche-Comté et de Bourgogne qui facilitera gran-
dement les recherches paléontologiques de nos confrères s’intéressant
à la faune de ces étages.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
— 140 —
OUVRAGES DANS LESQUELS SONT DÉCRITES ET FIGURÉES
LES ESPÈCES CITÉES DANS CE TRAVAIL
L — Oppliger. — Spongien aus dem Argov des Département du Jura.
Mém. Soc. Paléontol. Suisse, Genève, 1907, V. XXXIV, p. 1-16, pl. I-VI.
IL — Maire (V.) et Dom Aurélien Valette. — : Notes sur quelques cri-
noïdes jurassiques nouveaux des environs de Gray (Haute-Saône). Bull.
Soc. Grayloise d’ Emulation, Gray, 1930, 17 p., 7 fig.
III. — Maire (V. ) . - — Etudes géologiques et paléontologiques sur l'arron-
dissement de Gray: Supplément à la faune du Rauracien inférieur de la
région de Champlitte, suivi de celle de Chassigny (Haute-Marne), de
Charcenne et de Mainay (Haute-Saône). Id. , 1930, 42 p., pl. I.
IV. — Maire (V.) . — Les gastropodes du Jurassique supérieur graylois
(lre partie). Id., 1913, n° 16, p. 93-163, pl. I-IV.
V. — Maire (V.). — Id. (2* partie), Ibid., 1925, 80 p., pl. V.
VI. — Maire (V.). — Id. (fin). Ibid., 1927, 91 p., pl. VI-VIII.
VII. — Cossmann (M.). Essais de Paléoconchologie comparée, Paris,
1918, XIe liv., pl. VI.
VIII. — Cossmann (M.). — Contribution à la Paléontologie française des
terrains jurassiques. III. Cerithiacea et LoXonematacea. Mém. Soc.
Géol. Fr. (Paléontologie) , Paris, 1913, Mém. n° 46, 264 p., pl. I-XL
IX. — Loriol (P. de). — - Etudes sur les Mollusques et Brachiopodes de
l’Oxfordien inférieur ou zone à Ammonites Renggeri du Jura Lédonien.
Mém. Soc. Paléontol. Suisse, Genève, 1900, vol. XXVII, p. 1-143,
19 fig., pl. I-VI.
X. — - Maire (V.). — Etude sur les espèces d’Ammonites de l’Oxfordien
inférieur de Franche-Comté appartenant aux genres Perisphinctes, Aspi-
doceras, Peltoceras. Bull. Soc. Géol. Fr., Paris (5), II, 1932, p. 21-51 ,
pl. IV-V.
XI. — Maire (V.). — Contribution à la connaissance de la Faune des
Marnes à Creniceras Renggeri dans la Franche-Comté septentrionale.
Efude sur les Oppeliidés. Travaux Laboratoire Géologie Faculté Sci.
Lyon, Lyon, 1928, fasc. XII, mém. 10, 60 p., pl. I-III.
XII. — Maire (V.). — Contribution à la connaissance de la Faune des
« Marnes â Creniceras Renggeri » dans la Franche-Comté septentrionale.
Etude sur les Belemnites. Besançon, 1925, 24 p., 4 pl.
XIII. — Dechaseaux (Colette). — Pectinidés jurassiques de l’Est du
Bassin de Paris. (Thèse). Paris, 1936, p. 1-148, pl. I-X.
XIV. — Maire (V.) et Dechaseaux (C.) . — Sur quelques Limidés de
l’Oolithe ferrugineuse de Talant (Côte-d’Or). Bull. Soc. géol. Fr.,
Paris, (5), VI, 1936, p. 439-446, pl. XXX-XXXI.
XV. - — Maire (V.). — Sur quelques espèces oxfordiennes rares ou nou-
velles. Id. (5), VIII, 1938, p. 43-61, pl. II-III.
XVI. — Maire (V.). — Contribution à la connaissance des Cardioceratidés.
Etude sur les espèces des genres Pseudocadoceras, Quenstedticeras et
— 141 —
Cardioceras de Franche-Comté et de Bourgogne. Mém. Soc. géol. Fr.,
Paris, 1938, (N. S.), XV, n« 34, p. 1-132, pl. I-XX.
XVII. — Loriol (P. de). — Notes pour servir à l’étude des Echino-
dermes. Revue Suisse Zoologie. Genève, 1900, t. VIII, p. 55-96, pl. 6-9.
XVIII. — Loriol (P.' de). — Etude sur les Mollusques et Brachiopodes
de l’Oxfordien supérieur et moyen du jura Lédonien. Mém. Soc. paléon-
tol. Suisse, Genève, 1904, v. XXXI, p. 161-303, pl. XX-XXVII.
142 —
.s*
Sur L’ACTIVITÉ DIASTASIQUE des anthérozoïdes
ET DES OVULES DE FUCUS VESICULOSUS L.
Par G. Sosa-Bourdouil.
Poursuivant nos recherches sur la différenciation chimique des
éléments de sexe opposé chez les Fucus entreprises à Dinard en
1940 ■*, nous ajoutons ici quelques données relatives à l’activité dias-
tasique de préparations d’cvules et d’antberozoïdes effectuées sui-
vant les indications données à cette époque.
Le matériel m’a été obligeamment envoyé du Laboratoire mari-
time du Muséum à Dinard par M. le Professeur Fischer.
A la réception les plantes, déjà lavées sur place à l’eau de mer,
séparées suivant le sexe, sont lavées à nouveau, cette fois-ci à l’eau
distillée. Elles sont placées dans de grands cristallisoirs et, au bout
de 48 heures on observe des pontes. Les Fucus font alors l’objet de
lavages à l’eau distillée, qui entraîne, d’une part les anthérozoïdes,
d’autre part les ovules exhudés. Après passage au tamis approprié,
on centrifuge les eaux de lavage. On jette le liquide surnageant et
l’on remet en suspension les éléments dans l’eau distillée et centri-
fuge à nouveau. L’opération est répétée 2 fois.
Les dépôts sont alors recueillis et séchés dans un dessiccateur à
vide sur Cl2 Ca ou mieux, sur anhydride phosphorique. Les produits
secs sont broyés et l’on obtient ainsi une poudre jaune orange pour
les éléments et vert brunâtre pour les éléments Ç.
Les essais diastasiques suivant sont relatifs à la sucrase, la [3 glu-
cosidase, la maltase, et les activités peptidasique et phosphatasi que
I. — Glucidases.
A) Sucrase. ■ — 10 ce. d’une solution de saccharose à 2 p. 100 est
soumise à l’action de 0 g. 05 de poudre de Fucus. On effectue d’autre
part des essais témoins, l’un avec la solution de saccharose seule,
l’autre avec la poudre seule en présence de 10 cc. d’eau distillée.
Le tout est porté à l’étuve à 30-32° en présence de X gouttes de
toluène.
B) [3 glucosidase. — On opère dans des conditions analogues aux
1. C. R. Ac. Sci., 1940, 211, 160 et Bull. Lab. maril. Dinard , 1941, 23, 43.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 1, 1946.
143 —
précédentes, mais sur 10 ce. d’une solution de salicoside à 2 p. 100
avec 0 gr. 05 de matériel.
C) Maltase. — - Une solution de maltose à 1 p. 100 est employée.
Résultats. — Au bout d’une semaine il s’est formé des quantités
suivantes du sucre réducteur exprimées en glucose pour 100 ce.
de solution.
Saccharose Salicoside Maltose
Fucus Ç 48 mgr. 491 mgr. 314 mgr.
Fucus J 80 217 308
Dans tous les cas on note une activité appréciable. A poids de
Fucus égal : l’activité est plus forte vis à vis de la (3 glucosidase et
la maltase que pour la saccharase ; l’activité en ce qui concerne le
saccharose est plus forte pour les éléments <$ que pour les éléments $.
Le contraire se produit vis-à-vis du salicoside. Les activités malta-
siques sont voisines dans les deux cas.
IL — Action sur les peptones.
Nous avons mis au point une technique simple qui rend compte
de l’activité hydrolysante des Fucus sur les peptones.
Nous avons pris comme substrat la peptone de Witte que nous
avons préalablement dissoute ef reprécipitée par l’acide trichlora-
cétique au 1/5. Après lavage à l’alcool et à l’éther, on dessèche le
précipité dans un dessiccateur à vide. Une fois pulvérisé on dissout
1 g. de la peptone ainsi préparée dans 100 cc. d’une solution tampon
de pH = 8,2.
On emploie pour chaque essai 5 cc. de la solution à laquelle on
ajoute 0 g. 025 de poudre de Fucus. On prépare des essais témoins
avec d’une part 5 cc. de la solution initiale de peptone seule, d’autre
part avec 0 gr. 025 de poudre de Fucus additionnée de 5 cc. de la
solution tampon. Après agitation on abandonne à l’étuve à 33°.
Au moment du dosage on précipite par 5 cc. d’une solution d’acide
trichloracétique au 1/5. Après filtration, l’azote du filtrat est dosé
par la méthode de Kjeldahl. La quantité d’azote passée en solution,
nous rend compte de l’activité du végétal sur la peptone.
Au bout de 5 jours nous avons ainsi obtenu les augmentations
suivantes de l’azote des filtrats.
Fucus Ç : 0 mg. 42 Fucus <$ : 1 mg. 2.
Il passe donc une plus grande quantité d’azote sous forme soluble
dans le cas du Fucus <$ que dans celui du Fucus $.
On peut donc en déduire une activité plus grande dans le 1er cas
que dans le second.
•>
— 144
III. — Phosphatase.
Le substrat employé est une solution de [i glycérophosphate de
sodium à 1 p. 100.
A 5 ce. de solution on ajoute 0 ce. 025 de poudre en présence de
X gouttes de toluène. Les témoins et les essais sont portés à l’étuve
à 33°. Au bout de 48 heures le phosphore à l’état minéral libéré est
dosé à l’aide de la réaction Briggs Doisy Bell, dont l’intensité est
mesurée à l’aide de l’ électrophotomètre Meunier et comparée avec
les témoins.
La quantité de P minéral libéré calculée d’après cette réaction est
la suivante.
Fucus Ç : 0 mgr. 005 de P. Fucus $ : 0 mgr. 114 de P.
L’activité, notable dans les deux cas, est supérieure à poids égal,
pour le Fucus $ relativement au Fucus Ç.
En résumé : Nous avons mis en évidence dans les fructifications
de Fucus des activités diastasiques correspondant à la sucrase, la
^ glucosidase, la maltase d’une part ; d’autre part on a constaté une
action hydrolysante sur les peptones et les glycérophosphates.
A poids égal, en ce qui concerne la saccharose les ovules sont
moins actifs que les anthérozoïdes ; l’inverse se produit pour la
[i, glucosidase ; les activités sont voisines pour la maltase.
L’action sur les peptones est plus forte pour les éléments $ que
pour les éléments Ç. Les résultats sont de même sens en ce qui con-
cerne l’activité phosphatasique.
Comme nous l’avons démontré avec A. Sosa en ce qui concerne
la composition, les faits relatifs à l’activité diastasique des éléments
de pôle opposé, confirment l’idée d’une différenciation chimique, des
deux sortes d’éléments en rapport avec leur rôle dans la fécondation
et le développement.
Laboratoire de Chimie du Muséum. (Physique végétale)
Le Gérant : Marc André.
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (O. P. L. 31.0832). 8-3-1946
SOMMAIRE
Actes administratifs
Liste des Correspondants et Attachés nommés en 1945. . . .
Travaux faits dans les Laboratoires pendant l’année 1945,
Communications :
♦
J. Millot. Henri Neuville • v 35
L. Bertin. Marie Phisalix 37
A. GtyLtAUMiN, .Une médaille inconnue au sujet de la Girafe 41
Ed. DECHAMBRE.'Uno particularité de la queue du Mammouth observée, chez
l’Eléphant de l’Inde 43
J. Léandri. Sur les possibilités d’établissement de Réserves biologiques en
Corse . 45
J. Guibé, Sur la validité de Mantipus laevipes (Mocq.) (Batraciens-Micro hylidae). 50
J. Guibé. Reptiles et Batraciens de la Sangha (Congo français) récoltés par
M. A. Baudon 1 52
M. André. Sur le genre Schôngastia Oudemahs 1910 et la présence à Madagascar
du Sch. aelhiopica Hirst (Acariens, Tromb.) ' 53
M. André. Une nouvelle forme d’ Enemolhromhium Berlese 1910 (Acariens
Thromb.). Enemolhromhium minialum Can. var. vicinum n. vàr. . . ? . . . 56
J.-M. Démangé, Sur la morphologie comparée des testicules de quelqués Scolo-
pendrides (Myriapodes-Chilopodes) 59
J. Nouvel, et E. Séguy. Quelques ectoparasites des animaux sauvages du Parc
Zoologique du Bois de Vincennes -. . . . 65
J.-M. Pérès. L’organe neural des Pohjclinidae 69
A. TixiERfDuRivAULT. Les Alcyonaires du Muséum.: I. Famille des Alcyoniidae.
3. Genre Sarcopkytum 80
A. Ckavan. Notes sur les Jagonia (Lamellibranches) 87
A. Chevalier et P. Monnier. Une espèce d ’lsoetes de l’Afrique Occidentale
française.
II. ’Stkiilé. Notes taxonomiques el écologiques sur les Légumineuses Papilio-
naeées des Antilles françaises (9e contribution) 98
J.-F. Leroy. Le genre Aphânanthe (Ulmacées). Révision systématique et Dis-
tribution géographique des espèces.. 118
Mme Jovet-Ast et P. Jovet. Révision de quelques Muscinées du Valois-VIÏI
Sphaignes 124
R. Lavocat. Note préliminaire sur le genre Sciuroides Forsyth Major 130
R. Hoffstètter. Remarques sur la classification des Ophidiens et particu-
lièrement des Boidae des Mascareignes (Bolyerinae subfam. nov.) 132
R. Nassans. Deuxième liste des fossiles jurassiques figurés de la collection
Victor Maire . . . 136
Ç. Sosa-Bourdouil. Sur l’activité diastasique des anthérozoïdes et des ovules
de Fucus vesiculosus L 142
PM«
5
.\ . . . 7
11
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEO FFRO Y-S AI NT- HILAIRE, PARIS Ve
*
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’ Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.) .
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, abonnement annuel France, 200 fr., Étranger, 300 fr,).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933). v «
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, France, 90 fr. ;
Etranger, 150 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d'Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr.,
Etranger, 150 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Dinard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Di nard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée dé l'Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoin mologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921.
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie paraît depuis 1924; abonnement France, 150 fr., Étranger,
200 fr.).
Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur M. N., Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 60 fr.,
Étranger, 80 fr.). *
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeurs MM. R. Heim, J. Duché et G. Malençon, Laboratoire de
Cryptogamie ; paraît depuis 1928 ; abonnement France, 60 fr., Étranger,
80 et 100 fr.)..
Mammaliâ, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed.‘ Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 2. — Février 1946
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
67, RUE CUVIER
PARIS-V*
/
RÈGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d 'Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1/2 feuille (8 pages ‘d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications- sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant. »
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de le
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en
outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
(Nouveaux prix pour les tirages à part et départir du Fascicule n° 4 de 1941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages . . . .' 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. J)0
16 pages ........ 79 fr. 112 fr. 475 fr.
Ces prix s’entendent pour d£s extraits tirés en même temps que le
numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
Supplément pour couverture spéciale : 25 ex ...... . 18 francs.
par 25 ex. en sus 12 francs.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DE l’abonnement ANNUEL î
France : 200 fr. ; Etranger : 300 fr.
(Mandat au-nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1946. — N« 2
353e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
28 FÉVRIER 1946
PRÉSIDENCE DE M. Ed. BOURDELLE
ASSESSEUR DU DIRECTEUR
ET DE M. L. BERTIN
PROFESSEUR AU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. le Professeur E. Bourdelle est nommé Assesseur au Directeur du
Muséum pour l’année 1946 (Arrêté ministériel du 5 février 1946).
M. le Professeur BeUquerel est élu Membre de l’Académie des Sciences
[Section de Physique] (séance du 28 janvier 1946).
M. le Professeur R. Heim est élu MembÉe de l’Académie des Sciences
[Section de Botanique] (séance du 11 février 1946).
M. Jost est nommé sous-Directeur au Laboratoire de Physiologie,
à dater du 1er octobre 1945 (Arrêté ministériel du 22 janvier 1946).
M. Lami est nommé Sous-Directeur au Laboratoire de Cryptogamie,
à dater du 1er janvier 1946 (Arrêté ministériel du 27 février 1946).
M. A. Villiers est nommé Attaché du Muséum, en date du 1er janvier
1946.
M. L. Pohl est nommé Correspondant du Muséum, en date du 1er jan-
vier 1946.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.; 10
— 146 —
COMMUNICATIONS
Rapport sur la mortalité et la natalité enregistrées
au Parg Zoologique du Bois de Vincennes en 1945.
Par Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Bullier.
A. — MORTALITÉ
I. — Mammifères.
L’effectif, qui était au 1er janvier 1945 de 396 têtes, atteint au
1er janvier 1946 433 unités. Le nombre total des morts pendant cette
période est de 84, dont 35 adultes et 49 jeunes animaux récemment
nés ou entrés au Parc., La répartition de la mortalité dans le temps
•est exprimée par le tableau ci-dessous, qui accuse un maximum
hivernal.
La liste des morts établie selon l’ordre zoologique est la sui-
vante :
Bulletin du Muséum, série, t. X'VÎII, n° -2, 1946. !
Ordre des Primates.
Famille des Anthropoïdes.
1 Chimpanzé ( Pan troglodytes (Blum,))
Famille des Cercopithécidès.
1 Magot [Macaca sylvanus (L.)).
Famille des Papioïdés.
5 Papions ( Papio papio Desm.) dont trois jeunes.
Ordre des Carnivores.
Famille des Canidés.
1. Louveteau ( Canis lupus L.).
Famille des Mustélidés.
1 Loutre de France ( Lutra lutra (L.) ) .
Famille des Ursidés.
2 Ours bruns ( Ursus arctos L.) jeunes.
2 Ours grizzly ( Ursus horrïbilis Ord.) dont un jeune.
Famille des Procyonidés.
1 Raton laveur ( Procyon lotor L.).
Famille des Hyénidés.
1 Hyène rayée ( Hyena striata Zimm.).
Famille des Félidés.
6 Lions ( Felis leo L.) dont 5 jeunes.
1 Tigre [Felis tigris L.).
1 Panthère ( Felis pardus L.).
1 Guépard [Acinonyx jûbaius (Sçhreber)).
Ordre des Ongulés.
SouS-oRdre des Proboscidiens.
Fanf,ille des Eléphantidés.
1; Eléphant d’Asie (Elephas maximus L.) jeune.
■' > ’ ■ Sous-ordre des Périssodactyles.
t s Famille des Equidés.
1 Zèbre de Chapman ( Equus quagga Chapmani Layard)
— 148
Sous*ordre des Artïodactvles.
Famille des Hippopotamidés.
i Hippopotame amphibie (Hippopotamus amphibius L.).
Famille des Suidés.
5 Sangliers d’Europe ( Sus scrofa L.) jeunes.
6 Sangliers d’Indo-Chine hybrides ( Sus cristatus Wagner, hybr.) dont
5 jeunes.
Famille des Bovidés.
1 Bison d’Amérique ( Bison bison (L.)).
6 Chèvres naines du Sénégal (espèce domestique) dont 3 jeunes.
2 Moutons domestiques.
2 Mouflons de Corse ( Ovis musimon (Pallas)) jeunes.
2 Mouflons à manchettes ( Ammotragus lervia (Pallas)) dont 1 jeune.
2 Elans du Cap ( Taurotragus oryx (Pallas)).
4 Nylgauts ( Boselaphus tragocamelus Pallas) dont 3 jeunes.
1 Cobe de Bufïon ( Adenota kob (Erxl.)).
4 Gazelles cervicapres ( Antilope cervicapra Pallas) jeunes.
Famille des Camélidés.
1 Dromadaire ( Camelus dromedarius L.) jeune.
3 Lamas ( Lama glama glama (L.)) jeunes.
1 Guanaco ( Lama glama huanacus (Molina)) jeune.
Famille des Cervidés.
2 Chevreuils ( Capreolus capreolus (L.)).
1 Daim ( Dama dama (L.)).
1 Cerf rusa ( Rusa unicolor Iverr).
3 Cerfs axis (Axis axis (Erxleb.)).
3 Cerfs d’Eld ( Rucervus Eldi Guthrie), jeunes.
.2 Cerfs pseudaxis ( Sika hortulorum Swinhoe).
î Renne ( Rangifer tarandus L.).
.*
Comme les années précédentes, la tuberculose est la maladie la plus
meurtrière, elle a été constatée sur : 2 papions ( Papio papio Desm-.)^
une loutre de France ( Lutra lutra (L.)), une lionne (Felis leo L.), une
•panthère (Felis pardus L.), un guépard (Acinonyx jubatus (Schreber)),
un sanglier d’ lndo-Chine ( Sus cristatus Wagner hybr.), un Bison
d’Amérique ( Bison bison (L.)) et un élan du Cap (7 aurotragus oryx
(Pallas)). La maladie, qui avait frappé de nombreux suidés en 1944,
paraît enrayée dans cet effectif, elle s’est, par contre, maintenue à la
fauverie et chez les bovidés et est apparue à la singerie où elle
constitue une menace extrêmement grave en raison de la très grande
réceptivité des singes au bacille de Koch et de la quasi-impossibilité
'dans laquelle nous sommes de la diagnostiquer de façon précoce
chez ces animaux.
— 149
Autres maladies microbiennes. La paratyphoïde ( Salmonella sui-
pestifer ) a causé la mort de 11 jeunes sangliers d’Europe ( Sus sc rofa
L.) et d’Indo-Chine ( Sus cristatus Wagner hybr.), sans que les
adultes, vivant à leur contact, aient accusé le moindre signe d’in-
fection. Le bacille du rouget du porc ( Erysipelothrix rhusiopathiæ )
a été i§olé d’une arthrite carpo-métacarpienne du mouton. Trois
cas de gangrène ont été observés : l’un d’eux a pour origine une carie
dentaire, compliquée d’ ostéomyélite du maxillaire supérieur, il
concerne un raton laveur ( Procyon lotor L.), les deux autres sont
consécutifs à des plaies infectées, ils ont été observés sur un cobe de
Bubon ( Adenota kob (Erxleb.)) et sur une chèvre naine domestique
du Sénégal. Enfin une infection post-partum a causé la mort d’une #
chèvre naine domestique du Sénégal.
Maladies parasitaires 1 : un ténia, non encore identifié, a été
recueilli sur le cadavre d’une panthère. L’Anguillule intestinale
(, Strongÿloïdes stercoralis (Bavay)), déjà signalée en 1944, a encore
causé la mort d’un Chimpanzé ( Pan troglodytes (Blum.)). Enfin des
ascaris ont été recueillis sur des lions ( Felis leo L.), des loups ( Canis
lupus L.) et un ours grizzly ( Ursus horribilis Ord.).
Affections diverses : Des lésions intestinales, auxquelles la mort
peut être attribuée, mais qui n’ont pu être rattachées à aucune
cause microbienne ou parasitaire, ont été constatées sur : un tigre
(Felis tigris L.), un zèbre de Chapman ( Equus quagga Chapmani
Layard), une chèvre naine domestique du Sénégal, un cerf usa ( Rusa
unicolor Kerr) et un cerf pseudaxis ( Sika hortulorum Swinhoe). Des
lésions hépatiques ou hépato-intestinales d’origine indéterminée
ont été observées sur les cadavres d’un ours grizzly (Ursus horribilis
Ord.), d’une hyène rayée (Hyena striata Zimm.) d’un magot (Macaca
sylvanus (L.)), d’un jeune élan du Cap (Taurotragus ory£ (Pallas)) et
d’un jeune dromadaire (Camelus dromedarius L.). Une hernie ombi-
licale accompagnée d’entérite vermineuse (T oxascaris leonina) a été
observée chez une jeune lionne (Felis leo L.). Une péritonite due à
une perforation du rumen par un corps étranger a causé la mort
d’un renne (Rangifer tarandus L.).
Traumatismes mortels. • — - Cës accidents peu nombreux en 1944
ont, cette année, repris l’importance qu’ils avaient eu en 1943. Nous
relevons en effet : un traumatisme crânien chez un jeune cynocé-
phale (Papio papio Desm.), les morts accidentelles d’un jeune élé-
phant d’Asie (Elephas maximus L.) et d’un jeune hippopotame
amphibie (Hippopotamus amphibius L.) nouveaux-nés, une fracture
du fémur chez un mouton domestique, des fractures cervicales chez
un nylgaut (Boselaphus tragocamelus Pallas) et un mouflon à man-
1, Un inventaire des ectoparasites recueillis a été présenté ici même par J, Nouvel
et E. Seguy.
chettes ( Ammortagus lervia (Pallas)), une fracture du maxillaire
inférieur chez un cerf axis ( Axis axis (Erxleb.)), une luxation du.
tarse avec déchirures ligamentaires et cutanées chez un mâle et
plusieurs plaies pénétrantes, faites par un cerf violent, à une femelle
de la même espèce.
La mortalité des jeunes est cette année encore très importante
(48 cas). Sous cette rubrique nous plaçons 6 morts-nés [1 guanaco
( Lama glama huanacus (Molina)), 2 lamas ( Lama glama glama (L.)),
et 3 cerfs d Eld ( Rucervus Eldi Guthrie)], 21 morts sans lésions appa-
rentes, vraisemblablement imputables au développement insuffi-
sant de l’instinct maternel chez certaines femelles, qui négligent
leurs produits [1 papion ( Papio papio Desm.), 1 ours grizzly ( Ursus
horribilis Ord.), 2 ours bruns (Ursus arctos L.), 3 lions (F élis leo L.),
3 nylgauts ( Boselaphus tragoeamelus Pallas), 4 cervicapres ( Antilope
ceryicapra Pallas), 3 chèvres naines du Sénégal (domestiques), 1 mou-
flon de Corse ( Ovis musinion (Pallas)), 1 mouflon à manchettes
( Ammotragus lervia (Pallas)) et 1 lama ( Lama glamaglama (L.))], puis
7 cas de morts, plus tardives, dont la cause est plus difficile à déter-
miner, mais qui concernent tous des animaux devenus cachectiques :
[3 papions ( Papio papio Desm.), 1 loup ( Canis lupus L.), 1 mouflon
de Corse ( Ovis musimon (Pallas)), et 2 chevreuils ( Capreolus capreolus
(L.)) récemment capturés]. Les 14 cas restants ont été, en raison de
leur étiologie précise, placés dans l’une des rubriques précédentes.
II. — Oiseaux.
L effectif qui était au 1er janvier 1945 de 455 têtes n’est plus au
1er janvier 1946 que de 434. Le nombre total des morts pendant
l’année est de 68 dont 60 adultes et 8 jeunes. Sa répartition au cours
de l’année est donnée par le graphique ci-dessous.
Voici, par ordre zoologique la liste de ces oiseaux :
Ordre des Struthioniformes.
Famille des Dromiceiidés.
1 Emeu ( Dromiceius Novae-Hollandiae (Latahm)) jeune.
Famille des Rheidés.
1 Nandou ( Rhea americana (L.)) jeune.
Ordre des Pélécaniformes.
Famille des Pélécanidés.
1 Pélican roussâtre. ( Pelecanus rufescens Gmelin). ,
Ordre des CiGomiFoaMES.
Famille des Ciconiidés.
3 Cigognes blanches [Ciconia ciconia (L.)).
Famille dès Threskwrnvthidês.
1 Spatule blanche (Platalea leucorodia. L.j,.
Famille des phoenicopteridès.
4 Flamants rouges (Phoenicopterus ruber L.).
2 Flamants roses ( Phoenicopterus antiquorum Temm,).
Ordre des Anseriformes.
Famille des Anatidés.
3 Cygnes muets ( Cygnus olor (Gmelin)).
1 Cygne de Bewick ( Cygnus Bewickii Yarrell).
1 Cygne noir ( Chenopsis atrata (Latam)).
2 Oies céréopses (Cereopsis N ovae-Hollandiae Latham) jeunes
1 Oie de Ross [Chen Bossii Cassin).
1 Oie des moissons (A user f abolis (Latham)j.
1 Oie de Guinée (Cygnepsis cygnoïd (L.)).
3 Bernaelies cravant (Branta bernicla (L.j),-
2 Bernaches nonette ( Branta leucopsis (Bechstein)).
1 Bernache du Canada ( Branta canadensis (L.)).
2 Dendrocvgnes veufs ( Dendrocygna viduata (L.)).
3 Canards sauvages ( Anas platyrhynchos L.).
1 Sarcelle d’hiver ( Anas crecca L.).
1 Sarcelle du Chili ( Anas flavirostris Vieil.).
152
3 Canards siffleurs du Chili (Mareca sibilatrix (Poeppig)).
5 Sarcelles sp.
7 Canards sp.
Ordre des Galliformes.
Famille des Cracidés.
1 Pénélope à poitrine rousse ( Penelope pileata Wagler).
Famille des Phasianidés.
2 Paons ordinaires (Pavo cristatus L.).
1 Paon blanc [Pava cristatus L. var. : albus).
1 Paon nigripenne (Pavo cristatus L. mutât. : nigripennis).
Famille des Méléagridés.
2 Dindons sauvages d’Amérique ( Meleagris gallopavo L.).
Ordre des Gruiformes.
Famille des Gruidés.
1 Grue de Stanley ( Anthropoïdes paradisea (Lichtenstein)).
2 Grues de Numidie (Anthropoïdes virgo (L.))t
1 Grue couronnée (Balearica pavonina (L.)).
Ordre des Charadriiformes.
Famille des Laridés.
1 Goéland argenté ( Larus argentatus argentatus Pontop.).
Ordre des Psittaciiformes.
Famille des Psittacidés.
1 Cacatoès à huppe jaune ( Kakatoe galerita (Latham)).
1 Ara ararauna ( Ara ararauna (L.)).
1 Ara macao (Ara macao (L.)).
La classification, de ces oiseaux selon la cause de leur mort,
révèle une diminution marquée des cas de tuberculose, nous en avions
en effet noté 14 cas en 1943, 16 en 1944 et 8 seulement cette année
(2 grues de Numidie, 1 grue couronnée, 1 grue de Stanley, 2 paons
ordinaires, 1 paon nigripenne et 1 dindon), malheureusement la
multiplicité des parquets d’où proviennent ces oiseaux indique une
large dispersion des foyers de contagion.
Aucune autre maladie infectieuse ou virulente n’a été constatée
pendant l’année.
U aspergillose a été observée 4 fois : chez 2 oies céréopses et 1 ber-
nache monette nées dans l’année et chez une oie de Ross adulte.
Aucune autre affection parasitaire n’a été considérée comme
mortelle.
Sur les autres cadavres examinés nous n’avons observé que des
lésions organiques que nous n avons rattachées à aucune cause parasi-
taire ou microbienne.
a) Les lésions du tractus digestif sont, parmi celles-ci, les plus nom-
breuses, elles ont été observées sur un jeune emeu et un jeune nandou
(entérite aiguë), un flamant rouge âgé (entérite chronique), un cygne
muet et un jeune cygne noir (entérite hémorragique), une oie de^
Guinée (entérite chronique et péricardite), 3 bernaches cravant, âgées
(entérite chronique), 2 canards sauvages et un canard sifïleur du
Chili (entérite chronique de l’intestin grêle), un dendro cygne veuf
(entérite et myocardite), un péposaca (inflammation des cæcums),
une pénélope âgée (entérite chronique), un dindon (entérite aiguë et
rachitisme) et un paon blanc (typhlite).
b) Des lésions de l'appareil circulatoire ont été observées sur des
oiseaux âgés : un pélican roussâtre (myocardite), un flamant rouge
(myocardite et péricardite séreuse), une bernache du Canada et une
sarcelle d’hiver (myocardite, néphrite et dépôts d’urates dans les
séreuses), une sarcelle du Chili (myocardite), un dendrocygne veuf
(myocardite et néphrite), un canard sifïleur du Chili (myocdrdite),
un ara macao (myocardite et dépôts d’urates sur les séreuses), un
ara ararauna (péricardite).
c) Des lésions du foie ont causé la mort d’une oie des moissons
(dégénérescence graisseuse), d’un cygne de Bewick (hypertrophie et
hyperémie), et d’une spatule' (sclérose).
d) Des lésions graves des reins ont été rencontrées sur un flamant
rose et un flamant rouge âgés (sclérose rénale).
e) Des lésions de l'appareil locomoteur ont été observées sur un
cacatoès à huppe jaune (polyarthrite des membres inférieurs).
/) Des lésions de l’appareil génital (accident de ponte) ont causé
la mort de deux cigognes blanches.
Enfin des traumastismes graves ont été mortels pour : une cigogne
blanche (plaie pénétrante de l’abdomen), un flamant rose (déchirure
du foie et hémorragie péritonéale), un flamant rouge (fracture),
deux cygnes muets et une bernache nonette (tués par un chimpanzé),
cinq sarcelles et sept canards (tués, probablement, par des chats
errants, pendant une période de gel), un goëland (tué par un' cor-
moran).
Ce rapport, comparé à ceux des années précédentes, montre que
dans un effectif semblable, non modifié par de nouvelles importa-
tions, le taux de la mortalité et l’importance relative de ses princi-
pales causes sont sensiblement constants. Nous notons cependant
cette année une augmentation de la mortalité des jeunes mammifères
explicable, d’une part, par l’épizootie de paratyphoïde qui a sévi
sur les sangliers et, d’autre part, par l’accroissement de la natalité
enregistrée au eours de l’année.
B. — NATALITÉ
Le nombre des naissances obtenues au Parc pendant l’année 1945
est assez élevé. Nous enregistrons en effet 119 naissances de mammi-
fères et 75 d’oiseaux, soit un total de 194 animaux. Rappelons que
le nombre moyen des naissances depuis l’ouverture du Parc est de
80 unités (60 . mammifères et 20 oiseaux).
Ces naissances, dans l’ordre zoologique, sont les suivantes :
I. — Mammifères.
Ordre des Primates.
♦ Famille des Papio'idés.
9 Cynocéphales babouins ( Papio papio Desm.) dont 6 £ et 3 Ç.
Ordre des Carnivores.
Famille des Canidés.
8 Loups ( Canis lupus L.).
Famille des Ursidés.
2 Ours brus d’Europe ( Ursus arctos L.).
1 Ours grizzly ( Ursus horribilis Ord.).
Famille des Félidés.
4 Lions ( Félis leo L.), dont 3 <§ et 1 Ç.
Ordre des Ongulés.
Sous-ordre des Proboscidiens.
Famille des Eléphantidés.
1 Eléphant d’Asie (Eléphas maxius L.) Ç.
Sôus-ORDRE DES PÉRISSODACTYLES.
Famille des Equidés.
1 Zèbre de Chapman (Equus quagga Chapmani Layard)>
-t
Sous-ordre des Artiodactyles.
a) non ruminants.
Famille des Hippopotamidés.
1 Hippopotame amphibie (Hippopotamus amphibius L.)
/ Famille des Suidés.
7 Sangliers d’Europe ( Sus scrofp L.).
7 Sangliers d’Indochine [ Sus cristatus Wagner Hybrides).
b) ruminants.
Famille des bovidés.
1 Buffle de Roumanie (espèce domestique)
15 Chèvres naines du Sénégal (espèce domestique) dont 6 ^ et 9 Ç.
18 Mouflons de Corse ( Ovis musimon (Pallas)) dont 10 ^ et 8 Ç.
7 Mouflons à manchettes ( Ammotragus lervia (Pallas)) dont 5 ^ et 2 Ç.
7 Nylgauts ( Bose\aphus tragocamelus Pallas) dont 3 q et 4 Ç.
1 Elan du Cap [Taurotragus oryx (Pallas)) <$.
1 Algazelle ( Aegoryx algazel (Oken)) Ç.
9 Cervicapres de l’Inde ( Antilope cervicapra Pallas).
Famille des Giraffidés. 1
1 Girafe ( Giraffa camelopardalis (L.)) q.
Famille des Camélidés.
2 Dromadaires ( Camelus dromedarius L.)
1 Lama ( Lama glarna glama (L.))
3 Guanacos (Lama glama huanacüs (Molina)) dont 1 et 2 Ç.
Famille des Cervidés.
1 Cerf de France ( Cervus élaphus L.).
5 Cerfs d’Eld ( Ruçervus Eldi Guthrie) dont 2 £ et 3 Ç.
3 Cerfs axis (Axis axis (Erxleb.)) dont 1 £ et 2 Ç.
5 Daims (Dama dama (L.)) dont 2 et 3 Ç.
3 Cerfs rusas ( Rusa unicolor Kerr) dont 2 q et 1 2.
1 Cervule muntjac (Muntiacus muntjac Zimm.).
II. — Oiseaux.
Ordre des Struthioniformes.
Famille des Dromiceiidés.
2 Emeus ( Dromiceius N ovae-Hollandiae (Latham)).
— 156 —
Ordre des Anseriformes.
Famille des Anatidés.
7 Cygnes muets ( Cygnus olor (Gmeliri)).
3 Cygnes noirs ( Chenopsis atrata (Latahm)).
5 Oies d’Egypte \Alopochen aegyptiaca (L.)).
2 Bernaches du Canada ( Branta canadensis (L.)).
2 Bernaches nonettes ( Branta leucopsis (Bechstein)).
2 Bernaches de Magellan ( Chloephaga leucoptera (Gmelin)).
27 Canards sauvages ( Anas platyrhynchos platyrhynchos L.).
8 Canards sifïleurs ( Mareca penélope (L.)).
2 Sarcelles hybrides.
Ordre des Charadriiformes.
Famille des Laridês.
2 Goëlands argentés ( Larus argentatus argentatus Pontop.).
Ordre des Galliformes.
Famille des Phasianidés.
4 Paons bleus ( Pavo cristatus L.).
7 Dindons sauvages d’Amérique ( Meleagris gallopavo L.).
Les plq^ rares parmi ces naissances sont celles d’une girafe, d’un
zèbre de Chapman et d’un éléphant d’Asie. L’une de nos femelles
d’éléphant d’Asie, âgée de 35 ans environ, avait été couverte le
18 décembre 1943 ; elle a mis bas le 24 septembre 1945 un jeune
éléphanteau, parfaitement constitué, pesant 93 kilogrammes et
mesurant, sous toise, 85 cm. au garrot. Une femelle d’hippopotame
amphibie, également fécondée au Parc Zoologique a mis bas le
24 octobre 1945, malheureusement elle n’a pas laissé son petit
approcher de ses mamelles, et celui-ci est mort, probablement de
faim, quelques jours plus tard. Ce n’est d’ailleurs pas la première
fois qu’il nous arrive de constater que des femelles d’animaux sau-
vages se désintéressent de leurs petits. Nous avons observé ce fait
chez une girafe, chez des primates, chez certains carnivores (lions
et tigres), ainsi que chez quantité d’autres animaux récemment
importés. Il semble qu’il y ait là une déviation de l’instinct maternel,
phénomène psychique, qui paraît dû à la captivité.
La liste ci-dessus, comparée à celle de l’année précédente, montre
une forte augmentation du nombre des naissances, aussi bien
chez les mammifères que chez les oiseaux, mais elle ne fait apparaître
aucune espèce nouvelle. Ceci tient à ce que le Parc Zoologique n’a
pas, en raison des circonstances, importé d’animaux nouveaux pen-
dant l’année 1945. Mais ceci montre, en outre, qu’il possède actuelle-
157
ment des lignées d’animaux bien acclimatés et capables de donner
chaque année des produits, qui lui permettront d’enrichir ses collec-
tions par échange avec d’autres jardins zoologiques.
Si les nichées d’oiseaux ont été bien réussies cela tient aux
circonstances atmosphériques qui ont été favorables et à l’isolement
précoce des couples reproducteurs. Les oiseaux, plus que les autres
animaux, doivent être isolés avec soin avant la saison de ponte,
dans des parquets spéciaux où ils peuvent se cacher pour nicher.
Les œufs doivent être surveillés attentivement, car ils sont une
proie pour les rongeurs. Il n’est pas exagéré d’affirmer que le nombre
des naissances est fonction de l’intérêt que le personnel porte à son
travail et des menus soins qu’il prodigue aux animaux.
Laboratoire d’éthologie des animaux sauvages, Parc Zoologique du Bois de
V incennes.
k
Notules ichthyologiques { suite) *
Par Paul Chabanaud.
XXVII. Sur le véritable caractère externe, par quoi les Soleiformes
diffèrent des Pleuronectiformes.
Dans la clef dichotomique des familles qui, dans son esprit, com-
posent l’ordre des Heterosomata, Norman 2, faisant table rase des
sous-ordres ou autres grandes divisions précédemment définies par
Regan3, mentionne la liberté ou la non liberté du limbe préoper-
culaire comme étant le principal caractère externe qui différencie
les Psettodidae, les Bothidae et les Pleur onwtidae, c’est-à-dire les Pset-
todoidea et les Pleuronectoidea Pleuronectiformes de Regan, des
Soleidae et des Cynoglossidae, ces deux dernières familles composant,
dans le sous-ordre des Pleuronectoidea, la seconde des 2 divisions
établies par Regan, celle des Soleiformes.
A noter tout d’abord ceci : dans l’ensemble des « Pleuronectes »
(Heterosomata), le limbe préop Circulaire n’est jamais absolument
libre, en ce sens que la partie du préoperculum qui constitue ce
limbe est constamment recouverte, à tout le moins par une mince
couche épidermique. Il ne peut donc être question, à propos de ces
Téléostéens, que d’un sillon dermal margino-préoperculaire. Ce sillon
est tantôt profond, tantôt superficiel. Il est dit profond, lorsque,
jouissant d’une liberté relative, le limbe préoperculaire se trouve
nettement en saillie et peut être aisément soulevé ; ce qui est le cas
des Psettodidae et de bon nombre de Bothidae (sensu Norman).
Chez les Pleur onectidae (sensu Norman), le sillon dermal margino-
préoperculaire est superficiel ; j’entends par là que le limbe préoper-
culaire, nullement saillant, est longé par une aire cutanée étroite,
1. Ce n’est pas sans tristesse que je livre à l’impression les remarques qui font
l’objet des trois présentes Notules, car ce sont autant de critiques à l’adresse de
certains passages d’un ouvrage de tout premier ordre et dont l’auteur, feu J. R. Nor-
man, était l’un de mes amis.
Dès que j’eus relevé ces quelques erreurs, mon intention fut de les signaler à Nor-
man et d’offrir ainsi à l’auteur du travail incriminé la possibilité de parfaire lui-
même son œuvre; mais certaines de mes remarques nécessitaient un complétnent
d’investigation, circonstance qui me fit surseoir à la réalisation de mon projet. La
guerre survint et ce fut, ;pour cinq ans, la rupture des communications entre Londres
et Paris.
Or, gravement atteint par les gaz, durant la guerre de 1914, Norman s’est éteint pré-
maturément, au cours de l’année 1943. Cette catastrophe m’oblige à publier aujour-
d’hui, sous ma propre signature, ce qui ne saurait être célé plus longtemps, sans
porter atteinte à la vérité scientifique.
2. A Systematic Monograph of the Flatfishes. London, 1934.
3. Ann. Mag. Nat. Hist., (8) 6, 1910, p. 484-496.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
dépourvue d’ écailles et ordinairement p lissée. En d’autres termes,
dans les formes en possession d’un sillon m argi no-pré opéré ulaire
superficiel, tout se borne à une simple solution de continuité
entre la pholidose du préoperculum et celle qui revêt le volet
operculaire (operculum et subopereulum).
Indubitablement, le sillon mârgino-préoperçulaire fait totalement
défaut aux Soleidae (meo sensu), ainsi qu’aux Cynoglossidcte ; mais,
encore qu’il y subisse un raccourcissement plus ou moins notable,
sa présence n’en est pas moins des plus évidente chez les Achiridae
(autre famille dextre de Soleif ormes) , à la seule exception de Gymna-
ehirus nudus Kaup, espèce chez laquelle l’absence de pholidose rend
ce sillon indiscernable.
Malgré cette évidence — qu’il suffit, pour s’en convaincre, d’un
seul coup d’œil jeté sur n’importe laquelle des nombreuses figures
représentant des « soles américaines », — la méconnaissance tenace
de l’individualité de la famille des Achiridae 1 a eu pour conséquence
la négation traditionnelle de ce caractère, bien que celui-ci suffise,
d’après les seules données de la morphologie externe, à distinguer
cette même famille des Achiridae de celle dès Soleidae , familles dont
l’autonomie respective repose sur d’irréductibles différences anato-
miques. . -v
Ce n’est donc pas en la présence ou en la déficience du sillon
dermal margino-préoperculaire que consiste le caractère externe
par quoi les Soleiformes se distinguent des Pleur onecti formes*
Abstraction faite des différences anatomiques (déficience des
côtes et des complexes métaclithraux) dont, je me plais à le recon-
naître, l’importance n’a pas échappée à Norman, le principal carac-
tère externe des Soleiformes réside dans la déficience de ce que je
nommerai la scissure tégumentairç infra-hyoïdienne ,
Les Psettodoidea et tous les . Pleur onectoidea Pleur onectif or mes
( Bothidae et Pleuronectidae, sensu Norman) présentent cette scissure.
Chez eux, la. peau de l’un des deux rameaux mandibulaires, ne se
trouve pas en continuité directe, avec la peau de l’autre rameau
mandibulaire ; au surplus, les 2 interopercula ne sont nullement
libres, l’un par rapport à l’autre. Ces .interopercula et aussi, en
quelque mesure, les 2 rameaux mandibulaires, peuvent donc s’écar-
ter de la ligne-. médiane et, lorsqu’il -est provoqué (artificiellement ou
non), .cet écartement met à découvert, sinon l’isthme lui-même, du
moins l’appareil braneliio.stège.
Chez les Soleiformes au contraire, la peau qui recouvre lés 2 ra-
meaux mandibulaires est continue sur la ligne médiane et il en est
de même pour, le tégument des interopercula. En conséquence,-
1. Cf, Chabanatjd : Les Téléostéens dyssymmétriques du Mokattam inférieur de
Tourah, p. 29-32 (Mém. Inst. Egypte, 32, 1937). „
— 160 —
l’écartement de ces os est rendu impossible et l’isthme ne peut être
mis à découvert que moyennant la résection de la liaison tégu-
mentaire qui rend solidaires l’un de l’autre, postérieurement, les
interopercula et, antérieurement, les deux rameaux mandibulaires.
Cette différence est clairement montrée par les fig. 11 a à 11 F de
Norman 1, figures qui, malgré leur tracé schématique, n’en sont
pas moins parfaitement explicites.
Chez certains Achiridae ( Apionichthys Katjp 1858, Achiropsis
Steindachner 1877, Soleonasus Eigenmann 1912, Pnictes Jordan
1919) et dans un genre de Soleidae ( Paradicula Whitley 1931 —
Whitleyia Chabanaud 1930), les choses vont plus loin encore : la
peau des interopercula et celle des opercules se soudent au revête-
ment cutané des clithra, si bien que les fentes operculaires, cessant
d’être confluentes, ne sont plus représentées, de chaque côté du corps,
que par un orifice plus ou moins réduit. Chez Pnictes asphyxiatus
Jordan, la fente operculaire zénithale est même, paraît-il, totale-
ment obturée.
XXVllï. Autonomie de la famille des Rhombosoleidae.
Norman 2 partage la famille des Pleur onëctidae en 5 sous-familles ;
savoir : les Pleuronectinae , les Pœcilopsettinae, les Paralichthodinae,
les Samarinae et les Rhombosoleinae. Or la dernière de ces 5 sous-
familles doit être élevée au rang de famille : celle des Rhombosoleidae.
Son autonomie est établie par 3 caractères de haute importance :
1° la dyssymmétrie des ischioptérygies ; 2° la déficience des actinostes
omoptérygiens ; 3e la déficience du complexe (pair) métaclithral
(« postcleithrum »). Ce dernier caractère compte au nombre de ceux
qui distinguent les Soleiformes des Pleur onectif or mes. La présence
de la scissure infra-hyoïdienne classe les Rhombosoleidae parmi les
Pleur onectif ormes ; par contre, les deux autres caractères rapprochent
singulièrement ces mêmes Rhombosoleidae des Soleiformes.
La dyssymmétrie des ischioptérygies et la déficience des acti-
nostes omoptérygiens sont bien mentionnées par Norman, mais cet
auteur ne tient aucun compte de la déficience du complexe méta-
clithral. Pure inadvertance de la part de l’éminent ichthyologue,
car, parmi les nombreuses figures dont est illustrée la partie générale
de son ouvrage, il en est une qui s’inscrit en faux contre le texte.
Cette figure représente la c'einture scapulaire de Rhombosolea pie -
beia (Richardson) 3 ; elle montre de façon évidente cette ceinture
dépourvue de complexe métaclithral.
D’après mes propres observations, une autre espèce, Peltorham -
phus novaezeelandiae Günther, est également privée de ce complexe.
4. Op. cil., p. 14.
2. Op. cil., p. 282 et 283.
3. Op. cit., p. 40, efï. 25 C.
— 161 —
On ne saurait donc douter de la généralité de ce caractère négatif,
•chez les 16 espèces dont se compose actuellement cette curieuse
famille notogéenne des Rhombosoleidae.
XXIX. Critique d’une figure représentative dune portion du
rhachis de Solea solea.
A la page 15 de l’ouvrage cité dans les deux précédentes Notules,
Norman montre très schématiquement (fig. 12), dans leurs rapports
avec le neurocrâne, la partie antérieure du rhachis de Pleuronectes
platessa Linné (en A) et la partie antérieure du rhachis de Solea solea
(Linné) (en B). La figure 12 A est irréprochable, mais la figure 12 B,
concernant Solea solea, est entachée d’une grave erreur : la vertèbre
initiale a été omise.
Chez les Soleif ormes, la contraction axiale post -hypophysaire 1,
se manifeste avec une intensité particulière : les périchordes (centra)
de la série abdominale sont, grosso modo, d’autant plus courts qu’ils
se trouvent plus rapprochés du crâne ; il s’en suit que la lre vertèbre
comporte un périchorde extrêmement réduit en longueur et un arc
neural plus ou moins atrophié 2. \
Cette vertèbre initiale est passée inaperçue du dessinateur, si
bien que la première des vertèbres qui comportent Un arc hémal
(ordinairement incomplet) se trouve être la 4e , alors que, chez l’espèce
en question, cette vertèbre occupe normalement le 5e rang.
Il est aisé de se rendre compte de cette erreur par le simple examen
de 1 une des planches du traité de Cunningham 3, planche qui repré-
sente précisément le squelette entier de Solea solea. Malgré son peu de
finesse, l’unique figure qui occupe cette planche est correcte dans son
ensemble et rien ne permet de suspecter son exactitude, eu égard
au nombre des vertèbres dont se composent les diverses' régions du
rhachis de l’individu qui a servi de modèle. Cet individu a, pour
formule rhachiméristique, a 10 [4 + 6] + c 41 = f 51, formule
normale pour un Solea solea originaire de la Manche ou de la mer du
Nord 4.
Laboratoire des Pêches et Productions coloniales d’origine animale
du Muséum.
1. Chabanaud, Bull. Soc. Zool. France, 62, 1937, p. 368-385.
2. Chabanaud, Mém. Inst. Egypte, op. cil., p. 35, efï. 3.
3. Cunningham : A Treatise on the common sole, tab. 10. Plymouth, 1890.
4. Chabanaud, Mém. Inst. Egypte, op. cit., p. 45.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
11
Sur une nouvelle forme larvaire de Neoschôngastia
(AcARIEN) parasite de Meriones Shawi.
Par Marc André.
Neoschôngastia brevipalpis n. sp.
Six représentants de cette nouvelle espèce ont été recueillis par le
Dr J. Colas-Belcour sur un exemplaire de Meriones Shawi capturé
à Carthage (Tunisie) en 1927.
Ces larves, gorgées de nourriture, sont subglobuleuses \ leur lon-
gueur varie de 450 à 500 p pour une largeur de 350 à 400 p.
Face dorsale (fig. 1). — La région dorsale antérieure du propodo-
soma présente un bouclier unique montrant à sa surface de très
Neoschôngastia brevipalpis M. André.
Fig. 1, face dorsale (X 110). - — Fig. 2, face ventrale.
fines rides qui donnent l’impression de vestiges réticulaires. De forme
hexagonale (fig. 6), il porte 5 poils barbulés : un antérieur médian,
deux antéro-latéraux et deux postéro-latéraux. De plus il possède
en son milieu une paire d’organes sensoriels (organes pseudostig-
matiques) claviformes, bien développés, et finement ciliés sur toute
leur surface.
Bulletin du Muséum i 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
— 163 —
De chaque côté du bouclier se trouve un œil sessile, très petit.
En arrière de ce scutum, près de chacun des bords latéraux du
corps, dans la région scapulaire on observe une paire de soies, puis
viennent, postérieurement, une première rangée transversale com-
posée de 10 poils, deux de 8, deux de 2 et enfin deux rangées formées
chacune de 4 poils : soit 42 poils assez régulièrement distribués,
d’une longueur de 30 p. environ et barbulés.
Face ventrale (fig. 2).- — Les coxae'I, subtriangulaires, sont conti-
guës aux coxae II, ces dernières de forme allongée sont séparées
Neoschôngastia brevipalpis M. André.
Fig. 3, palpe maxillaire droit : face interne (X 1625). — Fig. 4, un des poils recou-
vrant la face dorsale de l’idiosoma ( X 1000). ■ — Fig. 5, tarse de la patte I. — Fig. 6,
scutum dorsal.
des coxae III par un large intervalle : chacune d’elles porte un seul
poil barbulé. Dans l’espace compris entre les coxae I s’insère une
paire de poils barbulés, ainsi qu’entre les coxae III.
Plus en arrière on observe cinq rangées de poils également bar-
— 164
bulés : trois au-dessus de l’uropore, composées de 6, 2 et 8 et deux
au-delà, comprenant chacune 4 poils.
Pattes. — Les pattes sont recouvertes de poils plumeux plus ou
moins développés dont le nombre varie suivant les articles. Elles
sont relativement courtes, leur longueur ne dépassant pas : I, 190 p ;
ÏI, 175 p ; III, 190 p. Tous les tarses se terminent par 3 griffes
qui sont du type ordinaire, c’est-à-dire comprenant 1 longue griffe
médiane et 2 latérales plus courtes. Le tarse de la patte I (fig. 5)
porte, sur sa face dorsale, un, poil olfactif bacilliforme.
Les palpes maxillaires (fig. 3), recourbés en dedans, sqnt d’une
taille très réduite (40 à 45 p). Le génual est muni d’une soie dorsale
simple ; le tibia présente 2 soies internes barbulées et 2 dorsales
dont l’une est également barbulée et l’autre, placée près de la base
de l’ongle terminal est spiniforme et lisse. Il se termine par une
griffe trifurquée bien développée. Le dernier article (tarse) est pourvu
d’une forte soie olfactive bacilliforme. '
Les chélicères, comme chez toutes les espèces de ce genre, ne sont
pas denticulées.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
165 —
Les Alcyonaires du Muséum ■. I. Famille des Alcyoniidae .
3. Genre Sarcophytum (suite).
Par A. Tixier-Duriyault.
9. Sarcophytum glaucum (Q. G.).
Synonymie :
1833 Alcyonium glaucum, QuoY'et Gaimard. Yoÿ. Astrolabe, 4, Zooph.,
p. 270, t. XXII, %. 11, 12.
1846 Sarc. glaucum, J. D. Dana. Zoophytes, Philadelphie, p. 623,
t. LVIII, fig. 4 ; t. LIX, p. 6.
1857 Sarc. glaucum , H. Milne-Edwards. Hist. nat. d. Corail., vol. I,
p, 121.
1859 Sarc. glaucum, J. D. Dana. Synopsis, Newhaven, p. 125.
1864 Sarc. glaucum, Verrill. Bull. Mus. Comp. Zool., 3, p. 39.-
1869 Sarc. glaucum, J. E. Gray. Ann. Mag. Nat. Hist., vol. III, s. 4,
p. 125.
1886 Sarc. glaucum, E. v. Marenzeller. Zool. Jahrb., Syst. 1, p. 352,
pl. IX, fig. 1, 2.
1886 Sarc. glaucum var. pauperculum. E. v. Marenzeller. Zool.
Jahrb., Syst. 1, p. 354.
1889 Sarc. ambiguum, Wright et Studer. Rep. Challenger XXXI
p. 247, pl. XLI, fig. 12. >.
1896 Sarc. fungiforme, A. Schenk, Abandl. Senkenb. Naturf. Ges.,
Bd XXIII, p. 73, pl. IV, fig. 31, 32, 33 ; pl. I, fig. 10.
1896 Sarc. plicatum, A. Schenk. Abandl. Senkenb. Naturf. Ges.,
Bd XXIII, p. 76, pl. 1, fig. 12 ; pl. IV, fig. 40.
1896 Sarc. Bœttgeri, A. Schenk. Abandl. Senkenb. Naturf. Ges.,
Bd XXIII, p. 72, pl. IV, fig. 28, 29, 30 ; pl. I, fig. 9.
1897 Sarc. glaucum, T. Whitelegge. Austr. Mus., Mem. III, pt. 1,
p. 214.
1898 Sarc. glaucum, W. May, Mitt. Hamb. Mus., Bd XV, p. 26.
1899 Sarc. glaucum, W. May. Jena. Zeitschr. Naturw., Bd XXXIV,
p. 112.
1899 Sarc. nigrum, W. May. Jena Zeitschr. Naturw., Bd XXXIV, p. 117,
pl. V, fig. 8.
1900 Sarc. glaucum, S. J. Hickson et I. L. Hiles. The Stolonifera and
Alcyonacea coll. bv Willey, New Britain, pt IV, p. 505.
1900 Sarc, fungiforme, S. J. Hickson et I. L. Hiles. The Stolonifera
and Alcyonacea coll. by Willey, New Britain, pt IV, p. 504.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
1902 Sarc. glaucum, E. Burchardt, Jena. Denkschr., Bd VIII, p. 674,
pl. LV, %. 3 ; pi. LVII, fig. 7.
1902 Sarc. glaucum var. amboinensis, E. Burchardt. Jena. Denkschr .,
Bd VIII, p. 675, pl. IV, fig. 5, 6 ; pl. LVII, fig. 9.
1902 Sarc. glaucum var. pauperculum, E. Burchardt. Jena. Denkschr
Bd VIII, p. 675, pl. IV, fig. 3 ; pl. LVII, fig. 7.
1905 Sarc. plicatum, E. M. Pratt, Rep. Pearl Oyster Fish. of Gulf
of Manaar, pt. III, Supp. Rep. XIX, p. 252.
1908 Sarc. plicatum, L. Roule. Ann. Soc. Zool. Suisse, vol. XVI,
fasc. 2, p. 174.
1908 Sarc. fungiforme, L. Roule. Ann. Soc. Zool. Suisse, vol. XVI,
fasc. 2, p. 174.
1908 Sarc . Bœttgeri , L. Roule. Ann. Soc. Zool. Suisse, vol. XVI,
fasc. 2, p. 175.
1908 Sarc. glaucum, J. A. Thomson et J. M. Macqueen. Journ. Linn.
Soc., Zool., vol. XXXI, p. 52, pl. V, fig. 5.
1909 Sarc. plicatum, J. A. Thomson et J. J. Simpson. Alcyonarians
Investigator, p. 3.
1910 Sarc. glaucum forma typica, W. Kükenthal. Die Faune S. W
Australiens, Bd III, Lief 1, p. 13.
1910 Sarc. glaucum var. pauperculum, W. Kükenthal. Die FaunaS.
W. Australiens, Bd III, Lief 1, p. 14.
1910 Sarc. ambiguum, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens,
Bd III, Lief 1, p. 30.
1910 Sarc. nigrum, W. Kükenthal. Die Dauna S. W. Australiens,
Bd III, Lief 1, p. 30.
1910 Sarc. plicatum, J. A. Thomson et D. L. Mackinnon. Trans. Linn.
Soc. London, s. 2, vol. III, Zool., p. 176.
1913 Sarc. glaucum, W. Kükenthal. Denkschr. Kaiserl. Akad. ITïs-
sensch., vol. LXXXIX, p. 10.
1919 Sarc. glaucum, J. Moser, Mitt. Zool. Mus. Berlin, Bd IX, p. 253,
text-fig. 4.
1931 Sarc. glaucum, J. A. Thomson et L. M. I. Dean. Siboga-Expeditie,
Monogr. XlII-d, p. 57, pl. VIII, fig. 6 ; pl. XVI, fig. 7.
1933 Sarc. glaucum, H. A. Roxas, Philip. Journ, Science, vol. L.,
p. 381, pl. 1, fig. 10.
1936 Sarc. glaucum, L. M. I. MacFadyen. Scientific Results of the
Great Barrier Reef Expédition, vol. V, n° 2, p. 42, 1928-1929.
Diagnose : Colonie : mince pied, stérile cylindrique à nombreux
plis longitudinaux ; capitule débordant largement le pied, en forme
de champignon, à bords lisses (jeunes colonies) ou à contours plissés
(colonies plus âgées).
Spiculés : 1. dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : grandes
aiguilles (0,5 à 2 mm. de long) recouvertes de nombreuses verrues
composées crénelées; b) dans la zone corticale : courtes massues
abondantes à tête peu volumineuse (0,2 mm. de long) et bâtonnets
(0,3 mm. de long) à protubérances éparses. • — 2. dans le capitule : ai
guilles étroites à petites aspérités (0,8 mm. de long) et massues
étirées (0,4 mm. de long).
Polypes : autozoides nombreux régulièrement disposés a la sur-
face externe du capitules (2 à 5 au cm.) ; 4 à 7 siphonozoides très
visibles entre 2 autozoides.
Coloration : des colonies dans l’alcool : gris blanchâtre, gris jau-
nâtre, gris noirâtre.
Localité : 7 exemplaires : 2 colonies jeunes de la Nouvelle-Zélande
(MM. Quoy et Gaimard, 1829) ; 3 spécimens du Golfe de Suez
(M. Dollfus, 1928) ; 1 exemplaire de Madagascar (M. Decary, 1919) ;
1 jeune colonie de Nouvelle-Calédonie (M. Lerat, 1910).
Distribution : I. Tonga, Australie, Amboine, E. Afrique, Male-
dives, Mer Rouge, Philippines (Palawan, I. Butu, I. Mataguit, Baie
de Shaik, Baie de Taytay, Baie de Puerto Galera, Mindoro), X. Maer
(Grande Barrière), I. Banda, I. Tuai, I. Jedan, Haingsisi, Saleyer.
10. Sarcophytum gracile Burchardt.
Synonymie :
1902 Sarc. gracile, E. Burchardt. Jena. Denkschr., Bd VIII, p. 673,
pl. LV, fxg. 2 ; pi. LVII, fig. 5.
1910 Sarc. gracile, W. Kükenthau. Die Fauna S. W. Australiena,
Bd III, Lief 1, p. 31.
1931 Sarc. gracile, J. A. Thomson et L, M. I. Dean. Siboga-Expeditie,
Monogr., XlII-d, p. 60.
Diagnose : Colonie : long pied cylindrique mince; capitule lisse
arrondi, en forme de champignon.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : grandes
aiguilles branchues souvent courbes, oi'nées de verrues composées
(0,9 à 0,16 mm. de long) ; petits bâtonnets étroits (0,07 à 0,3 mm. de
long) ; b) dans la zone corticale : massues à manche allongé garnies
de protubérances crénelées (0,1 à 0,22 mm. de long). ■ 2° dans le
capitule : minces aiguilles recouvertes d’aspérités basses (0,29 à
0,1 mm. de long) ; massues à manche long ou court (0,17 à 0,52 mm.
de long).
Polypes : autozoides serrées (8 à 9 au cm.) ; nombreux petits
siphonozoides (3 à 9 entre 2 autozoides).
Coloration : des colonies : gris clair, gris jaunâtre, brun grisâtre.
Distribution : Amboine, Lombok, Damar, Saleyer.
11. Sarcophytum latum Dana.
Synonymie :
1846 Alcyonium latum, J. D. Dana. Zoophytes, Philadelphie, p. 62H,
t. LVIII, fig. 6, 7.
— 168 —
1857 Aie. latum, H. Milne-Edwards. Hist. nat. d. Corail., vol. I,
p. 121.
18o9 Ale. latum , J. D. Dana. Synopsis, Newhaven, p. 125.
non 1897 Sarc. latum, Th. Whitelegce. Austr. Mus., Mem. III, pt. L
p. 215.
non 1903 Sarc. latum, E. M. Pratt. The Alcyonaria of the Maldivesr
pt. II, p. 510.
1908 Labophytum crassum, M. Cohn (pars). Alcyonacea v. Madagask^
#. Ostafrika, Bd II, p. 214. *
non 1910 Sarc. latum, J. A. Thomson et D. E. MacKinnon. Trans.
Linn. Soc. London, s. 2, vol. III, Zool., p. 176.
1910 Sarc. latum, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens»
Bd III, Lief. 1, p. 21, pl. II ; fîg. 9.
1919 Sarc. latum, J. Moser. Mitt. ool. Mus. Berlin, Bd. IX, p. 236,
text-fig. 1 ; 2 ; pl. V, fig. 1 ; pl. VI, fig. 15.
1933 Sarc. latum, H. A. Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L, p. 372,
pl. 1, fig. 1.
Diagnose : Colonie : souvent encroûtante, à pied peu élevé, large,
stérile ; capitule très peu débordant, à contours rarement plissés.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : grosses
et larges aiguilles à extrémités pointues ou arrondies (0,6 à 1 mm.
de long) recouvertes de hautes et nombreuses verrues composées ;
b) dans la zone corticale : forts bâtons (0,5 à 0,7 mm. de long)
ornés de protubérances tantôt abondantes, grosses et composées,
tantôt éparses, hautes et simples ; massues (0,13 à 0,2 mm. de long)
à verrues clairsemées, tête peu élargie et manche pointu. ■ — 2° dans le
capitule ; aiguilles garnies d’aspérités irrégulières, étroites ou larges
(0,4 à 0,6 mm. de long) ; bâtonnets grêles peu verruqueux (0,08 à
à 0,3 mm. de long) ; edurtes massues épineuses, (0,1 à 0.2 mm. de
long).
Polypes : autozoides nombreux (5 à 7 au cm.) ; une seule rangée
de siphonozoides entre 2 autozoides.
Coloration : de la colonie à sec : brun rougeâtre.
Localité : 1 exemplaire d’Anjouan (M. Lavanchie, 1905).
Distribution : Madagascar, Philippines (Palawan, Baie de Taytay),
Australie, I. Fidji.
12. Sarcophytum molle N. Sp.
Diagnose : Colonie : molle, à large pied stérile et à capitule lisse au
centre, légèrement plissé à la périphérie.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : petites
aiguilles et courts bâtonnets (0,25 mm. de long) ornés de rares protu-
bérances arrondies ; b) dans la zone corticale : massues (0,12 à
0,25 mm. de long) à large tete verruqueuse et à manche épineux. —
— 169 —
2° dans le capitule : bâtons (0,2 à 0,3 mm. de long) garnis d’aspérités,
simples disséminées ; massues (0,1 à 0,13 mm. de long) à manche
pointu et tête mince.
Polypes : autozoides nombreux (5 au cm.) ; siphonozoides petits
(1 ou 2 entre 2 autozoides).
Coloration : de la colonie dans l’alcool : gris brun.
Loclité : 1 exemplaire d’Indochine (M. Krempf, 1910).
Cette espèce se rapproche légèrement par son aspect extérieur de
S. latum tout en s’en éloignant par ses spiculés ; elle s’apparente à
S. Ehrenbergi par la forme générale de ses aiguilles et de ses massues.
13. Sarcophytum Moseri Roxas.
Synonymie :
1933 Sarc. Moseri, H. A, Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 378, pl. 1, fig. 6.
Diagnose : Colonie : large pied stérile assez haut et plissé ; capitule
peu débordant, au centre creux et à bords minces divisés en lobes.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : aiguilles
à petites aspérités simples peu nombreuses (0,2 à 0,29 mm. de long) ;
b) dans la zone corticale : bâtons épineux (0,12 mm. de long) ; courtes
massues (0,07 à 0,12 mm. de long) à large tête foliacée et à manche
verruqueux. — 2° dans le capitule : minces bâtons épineux (0,12 à
0,24 de long) ; petites massues à manche pointu et tête bien déve-
loppée (0,1 à 0,2 mm. de long).
Polypes : petits autozoides serrés (5 à 7 au centre du disque,
3 à 5 à la périphérie) ; 1 rangée de siphonozoides entre 2 autozoides
au bord du capitule et 2 rangées vers le centre.
Coloration : des colonies dans l’alcool : gris jaunâtre.
Localité : 2 portions de colonies provenant du Détroit de la Sonde
(M. Reynaud, 1829).
Distribution : Philippines (Baie de Puerto Calera, Mindoro),
Détroit de la Sonde).
14. Sarcophytum mycetoides Gravier.
Synonymie :
1908 Sarc. mycetoides, Ch. Gravies, Arch. Zool. Exp. gén., s. 4, t. VIII,
p. 179, pl. V à XI.
1910 Sarc. mycetoides, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens,
Bd III, Lief 1, p. 16.
1938 Sarc. reticulatum, L. Boone. William K. Vanderbildt Marine
Muséum, vol. VII, p. 64, pl. XV, XVI, XVII.
Description : Colonie : haut pied cylindrique, mince, stérile, à
base rugueuse ; capitule en forme de champignon, s’étendant loin
— 170 —
du pied, très flexible, à surface supérieure réticulée et à bords légère-
ment ondulés.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : grosses
aiguilles émoussées à verrues composées (2 mm. de long) ; bâtons
effilés à rares protubérances (0,8 à 1,2 mm. de long) ; b) dans la zone
corticale : courts bâtonnets épineux (0,12 à 0,2 mm. de long). —
2° dans le capitule : minces aiguilles presque lisses (0,5 à 0,9 mm. de
long) et grandes ou petites massues à tête peu élargie (0,1 à 0,35 mm.
de long).
Polypes : autozoides espacés au centre du capitule (2 au cm.) plus
serrés sur les bords (4 à 5 au cm.) ; siphonozoides nombreux (8 à 10
entre 2 autozoides).
Coloration : des colonies dans l’alcool : blanc jaunâtre.
Localité : 2 exemplaires de Tadjourah (M. Gravier, 1908).
Distribution : Mer Rouge, Poulo Condor, I. Anambas, Mer de
Chine du Sud.
15. Sarcophytum puerto-gaîeræ, Roxas.
Synonymie :
1933 Sarc. puerto- galerie, H. A. Roxas. Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 376, pl. I, fig. 5.
Diagnose : Colonie : pied stérile bas et large ; cajutule mou peu
débordant à plis périphériques.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : à) à l’intérieur : masses
ovoïdes indifférenciées à nombreuses larges verrues crénelées (0,2 à
0,4 mm. de long) ; tonnelets présentant des rangées irégulières de
grosses protubérances basses et composées (0.3 à 0,4 mm. de long) ;
b) dahs la zone corticale : petites massues ornées d’aspérités irrégu-
lières (0,15 à 0,27 mm. de long). - — 2° dans le capitule : tonnelets
verruqueux (0,3 à 0,4 mm. de long) ; minces aiguilles épineuses (0,3
à 0,7 mm. de long) petites massues à manche large (0,1 à 0,2 mm. de
long).
Polypes : autozoides très petits (5 au cm.) ; nombreux siphono-
zoides peu visibles (2 à 3 entre 2 autozoides).
Coloration : de la colonie dans l’alcool : gris brun.
Localité : 1 exemplaire du Détroit de la Sonde (M. Reynaud, 1929).
16. Sarcophytum regulare N. Sp.
Diagnose : Colonie : large pied aplati, dur à la base ; capitrde peu
débordant à centre lisse et à bords très plissés.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : aiguilles
légèrement courbes (0,5 à 0,6 mm. de long) ornées de petites verrues
arrondies ; b) dans la zone corticale : bâtonnets à petites aspérités
(0,3 mm. de long). — 2° dans le capitule : aiguilles à extrémités gar-
nies de protubérances (0,3 mm. de long) ; massues à long manche
(0,2 à 0,4 mm. de long).
Polypes : autozoides peu nombreux au centre du disque (2 à 3 ai#
cm.) plus serrés à la périphérie (4 à 5 au cm.) ; petits siphonozoides
difficilement visibles (3 ou 4 entre 2 autozoides).
Coloration : des colonies dans l’alcool : jaune brunâtre.
Localité : 4 exemplaires des Iles Seychelles (M. L. Rousseau,
1841).
Par son aspect extérieur cette espèce se rapproche de S. digitatm
et s’en éloigne cependant par la petite taille de ses aiguilles et par
la présence de massues dans son capitule.
17. Sarcophytum spongiosum Thomson et Dean.
Synonymie :
1931 Sarc . spongiosum, J. A. Thomson et L. M. I. Dean. Siboga-Expe-
ditie ; Monogr. XIII-d, p. 64, pl. XXI, fig. 3, 4.
Diagnose : Colonie : haut pied cylindrique, élargi à sa partie
supérieure ; capitule étalé à bord relevés et ondulés.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenckyme : a) à l’intérieur : aiguilles
ornées de verrues composées partiellement ordonnées (0,3 à 0,6 mm.
de long) ; bâtons à petites aspérités simples (0,25 à 0,3 mm. de long) ;
b) dans la zone corticale : massues possédant des protubérances
éparses sur la tête et le manche (0,2 à 0,3 mm. de long). — 2° dans le
capitule : bâtonnets étroits, épineux ou presque lisses (0,3 à 0,4 mm.
de long) ; massues à manche pointu et aspérités disséminées (0,1 à
0,25 mm. de long.
Polypes : autozoides serrés (6 au cm.) ; 1 seul siphonozoide entre
2 autozoides au bord du capitule, 3 au centre du capitule.
Coloration : de la colonie dans l’alcool : jaune grisâtre.
Localité : 1 exemplaire d’Antsirane (Madagascar) (M. Decary,
1919).
Distribution : Obi Major et Madagascar.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
172 —
$ Révision de la famille des Phylliroidae
( Pu yllirhoidae ) B erg h
Par A. Pruvot-Fol.
Cette petite famille de Nudibranches a déjà fait l’objet de plu-
sieurs révisions partielles ; toutes offrent, des lacunes : celle de Fausta
Bertolini 1935, excellente à certains points de vue, en présente de
regrettables qui ont leurs répercussions sur l’établissement et la
stabilisation de la nomenclature. Ainsi, si le travail de Chun y est
mentionné, celui de Elisa Hanel, se rapportant au même animal,
paraît être ignoré de l’auteur, de même que la note de Kristine
Bonnevie sur son genre Dactylopus, et celles de N. Odhner et de
K. Baba.
En- ce qui concerne les espèces du genre Phylliroë elle étudie cons-
ciencieusement les deux espèces connues Pli. bucephala Pér. et
Les. et Ph. atlantica Bergh, et, comme la plupart des auteurs 1, les
considère comme distinctes, appuyant son opinion non plus seule-
ment sur le nombre et la couleur des gonades et l’existence ou
l’absence de constrictions aux lobes hépatiques, mais sur la forme
un peu différente du corps (les viscères. arrivant chez Ph. atlantica
plus près de 1 extrémité de la queue) et sur la longueur différente de
la glande pédieuse, différence qu’elle montre par des dessins. Mais
un caractère différentiel ajouté par Bartolini : l’absence de pore
rénal chez Ph. atlantica me paraît tout à fait inadmissible. Je rappelle
que le sac rénal, transparent et peu visible, a deux orifices : la com-
munication réno-péricardique et l’orifice excréteur. Plus d’une fois,
et j’en citerai des cas,' le premier a été pris pour le second lors de
1 examen in toto de Pkylliroïdæ , car il se voit plus facilement. Mais la
disposition mentionnée est constante chez les O pisthobr anches, et une
exception à la règle serait tout à fait étrange. Chez sa Boopsis,
I ierantoni n a trouvé le pore excréteur que sur des coupes, que
Bertolini ne paraît pas avoir pratiquées. A ce sujet je rappelle
encore que le genre Acura Adams avait été maintenu par Bergh
1871, caractérisé par l’absence de rein, et que plus tard il reconnut
son erreur et mit en doute la valeur du genre. En effet il avait publié
lui-même un bon dessin d’ Acura pelagica où le rein était très nette-
ment visible. En outre Bertolini a malheureusement passé sous
silence les parties buccales.
1* Bergh, Odhner, et aussi J. Trégouboff qui en a examiné plusieurs, etc.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
Le genre Phylliroë est le plus communément rencontré dans toutes
les mers chaudes et tempérées, et le mieux connu ; les genres Cepha-
lopygë et Ctilopsis ne le sont que par un très petit nombre d’exem-
plaires (3, pour Ctilopsis, env. une dizaine pour le total des espèces
de Cephalopyge). On comprend que dans ces conditions les limites de
variations et les caractères « spécifiques » fixes soient impossibles à
établir. Ainsi un animal trouvé par Dakin et Colefax a été placé
par eux dans le genre Ctilopsis, puis dubitativement entre celui-ci
et Cephalopyge.
Quels sont actuellement les caractères retenus par les auteurs
pour base des espèces et des genres ?
Pour Bergh, Odhner, c’est le nombre des gonades. Pour Thiele,
la longueur de la queue, que Bergii utilisait aussi pour différencier
Acura (queue effilée, filiforme : texte, mais non dessin !). Pour
d’autres l’importance et la proéminence du pied. La radula est peu
utilisée, n’ayant pas toujours été trouvée ou cherchée.
Quelle valeur doit-on attribuer à ces organes pour la systématique ?
La couleur des gonades peut varier avec leur état de maturité ; leur
nombre n’est guère facile à connaître aux différents âges, sauf chez
Phylliroë où elles sont arrondies et distinctes : chez les autres genres
elles sopt peu compactes et probablement composées de lobes qui
arrivent en contact mutuel avec la croissance pour n’en former plus
que deux, une ventrale et une dorsale. Je ne discute pas la valeur de
la forme de la’ queue. Quant au pied, pour ne citer qu’un exemple,
que l’on veuille bien comparer sa forme sur le dessin de Pierantoni
et le mien, représentant le même animal : on le verra sur l’un à l’état
de surgescence, et contracté sur l’autre. Quant à la radula, trop
négligée, j’admets qu’un organe aussi régressé puisse passer inaperçu
( Cephalopyge ) ou se montrer à l’état de granules chez un très petit
échantillon de 5 mm. (Odhner), de sorte que l’extrême réduction
(Voir Cephalopyge — Boopsis, par A. Pruvot-Fol) ou la réduction
totale chez d’autres ne peut constituer un caratère générique ; par
contre des dents aussi nettes et bien formées que celles de Ctilopsis,
dont le plus grand exemplaire avait 10 mm. m’empêchent de sous-
crire à la suppression de ce genre.
Note concernant N ecto phylliroë. ■ — - Genre très mal connu par un
seul petit échantillon mutilé, auquel manquait selon Bonnevif,,
une partie du rein, arraché par une déchirure du tégument. Les
interprétations de l’auteur sont douteuses, comme elle le dit elle-
même. Selon Hoffmann, 1922, sa «vessie natatoire» qui communique
avec l’estomac, serait le lobe hépatique ventral. L’intestin, « bifurqué »
ne serait-il pas l’autre lobe avec un petit lobe (le 3e) attenant, tandis
que 1’ « utérus » serait l’intestin et le rectum, antéro-latéral ? Il
n’est pas habituel, en effet, que le conduit femelle débouche sur la
174 —
nuque, antérieurement au conduit mâle. Enfin ce qu’elle appelle
« pore rénal » est l’orifice réno-péricardique, tandis que le véritable
pore est compris dans la partie arrachée par accident. A ce propos,,
je remarque que chez sa Cephalopyge arabica, Stubbings n’a pas
vu le véritable pore rénal, et que ce qu’il appelle : « duct of rénal
organ » « d. re » sur le dessin, est l’orifice réno-péricardique.
Tableau de la famille
des Phylliroïdæ Bergh. (Phyllirhoïdæ).
Nudibranches pélagiques à pied très réduit, sans branchies ni
appendices, translucides, plus ou moins aplatis latéralement ; avec
quatre ou trois lobes hépatiques, une paire de tentacules, une paire
de glandes salivaires, des mâchoires latérales, avec ou sans radula.
Nombre de gonades variable. Pore urinaire à droite. Souvent lumi-
neux.
Genre I Phylliroë Péron et Lesueur, 1810 ( Phyllirhoë , auctt.).
Syn. Eurydice Eschsch.
Phylirine Menke. »
Acura A. Adams.
Corps aplati latéralement en forme de feuille. Assez grande
taille, jusqu’à 30 ou 40 mm. Rhinophores simples, longs, aigus,
dirigés en avant. Un mufle saillant. Gonades arrondies, assez
compactes. Pénis papilleux. Dents denticulées, formule n-l-n.
2 gonades.
1 Ph. bucephala Pér. et Les. 1810; non Soulevet.
Syn. (?) 1
Lobes hépatiques divisés par une constrictions transversale.
Forme : queue dépassant assez notablement la partie contenant
les viscères ; radula formule 5-1-5.
2 Ph, atlantica Bergh. = Ph. bucephala Souleyet non Pér.
et Les.
Syn. ? Ph. atnboinensis Q. et G. ? Ph, rubra Q. et G. Ph. punc-
tulatæ. Ph. sanzoi Sparta. Ph. lichtensteinii (Eschsch). Ph. lan -
ceolata (Bgh.) (Q. et G.)
? Ph, rosea d’Orbigny. Ph. pelagica (Ad.) (Acura).
Lobes hépatiques sans constrictions. Queue dépassant peu la
partie contenant les viscères. Radula 5-1-5. 3 gonades.
1. Il est difficile, sinon impossible de décider de laquelle des deux espèces « valables »
les espèces anciennes sont synonymes.
Genre II. Cephalopyge Hanel 1905.
Syn. Philliroë Chun. p. p. non Pér. et Les.
Boopsis Pierantoni 1921.
Corps non très aplati ni très haut au milieu. Pas de mufle
saillant. Rhinophores dirigés latéralement, reliés par un bourre-
let. Pied un peu plus développé (variable selon l’état de contrac-
tion). Trois lobes hépatiques, l’antéro-dorsal court, réduit.
Radula extrêmement réduite ou nulle ; pénis non papilleux.
1 C. trematoïdes (Chun 1889).
Syn. Boopsis méditerranéa Pierantoni 1921.
Les rhinophores épais, courbes, reliés par un bourrelet
frontal. Pied faisant une" légère saillie (variable). Radula : trois
très petites épines dans un rang, réduites à de petits granules
chez les petits échantillons (Odhner). 2 gonades ; 5 selon Baba.
2 C. orientalis Baba 1933.
« Intestin large, au moins à l’origine ; queue longue, tron-
quée. » Pas de radula ? 4 gonades.
3 C. arabica Stubbings 1937.
« Intestin un tube mince ; queue atténéue, arrondie ; soies à
son extrémité. » Pas de radula. Pied rudimentaire. 3 gonades.
Genre III. Ctilopsis André 1906 (sous-genre ?)
Diffère de Cephalopyge par l’existence d’une radula analogue
à celle de Phylliroë, avec des dents denticulées, la médiane des
deux côtés, les latérales d’un côté. Formule I-I-I.
1 C . picteti André 1906.
Avec les caractères du genre. 3 gonades.
Genre IV. Nectophylliroë Hoffmann 1922, n. n. pour Dactylopus
Bonnevie 1921 ; non Gill ; non Claus.
Synonyme Bonneoiia A. Pruvot-Fol 1929, nom non valable.
Pas de rhinophores. Pied conique, proéminent, avec glande.
Goiïàdes diffuses (3 ?). Viscères insuffisamment connus. Un seul
échantillon mutilé. (Voir texte).
' BIBLIOGRAPHIE CONCERNANT LES PHYLLIROIDÆ 1
1853. Adams (H. et A.). Généra of recent Mollusca, tome II.
1906. André, Supplément aux Mollusques d’Amboine et description
1. Personne ne peut se flatter de présenter une liste bibliographique absolument
complète sur un sujet quelconque. Les titres n’annoncent pas toujours le contenu com-
plet d’un travail. C’est ainsi que dans la liste de Stubbings concernant Cephalopyge,
manque la référence Odhner, N. 1932 et dans le compte des échantillons de cette
espece, ceux mentionnés par cet auteur. Cependant la listé présente est, je crois, la
plus complète parue à ce jour.
P
Z
<1
176 —
d’un nouveau genre de la famille des Phyllirhoïdes. Rev. suisse
Zool., XIV.
1933. Baba (K.). A. pelagic Nudibranch, Cephalopyge orientalis nov. sp.
from Japan. Annot. Zool. jap., XIV, p. 157.
1871. Bergh, R. Beitrâge zur Kenntnis der Mollusken der Sargasso-
meeres. Verhandl. K. K. Zool. bot. G es. Wien, XXI.
1873. — (Semper’s Reisen Philippinen) malakof. Untersuch.
1884. — Report on the Nudibranchiata. Challenger Report, Scient.
Res. XXVI, Zool. X.
1900. — Ergebniss einer Reise nacb dem Pacific, Sehauinsland 1896-7.
. Zool. Jahrb-Syst., XIII.
1902. — Danish Expédition to Siam 1899-1900 (Opisthobr.). Kgl. Dansk.
Vidensk. Selsk, Skr. (6) XII.
1905. — ■ Die Opisthobranchier Siboga Exp. L.
1935. Bertolini (Fausta). Note Sulla sistematica dei Phylliroïdæ. Pubbl.
délia Stazione zool. di Napoli, XV, p. 6.
1921. Bonnevie (Kristine), Dactylopus michaelsarsii nov. gen. nov. sp.,
Vertreter einer neuen Familie pelagischer Nudibranchia. Zool.
Anz., LUI.
1908. Born (E.). Zur feineren Anatomie der Phyllirhoë bucephala. S. B.
Ges. Naturf. Freunde für 1907.
1910. • — , Beitrâge zur feineren Anatomie der Phyllirhoë bucephala. Zschr.
FFiss. Zool. 97.
1908. Capua Giuffrè. (A.). Contributo alla Conosceuza délia spermato-
genesi délia Phyllirhoë bucephala Les. Biologica, IL
1889. Chun (G.). Bericht ueber eine nach den Canarischen Inseln aus-
geführte Reise. Silzb. Akad. FFiss. Berlin.
1936. Dakin (W. J.) et Colf.fax (A. N.). Ctilopsis, a rare pelagie Nudi-
branch of the Family Phyllirhoïdæ Bergh. Proc. Zool. Soc.
Lond. (2), p. 455.
193/. — A pelagic Nudibranch of the Family Phyllirhoidæ from the
Waters of New-South-Wales : a note on the suhgenera Ctilopsis
and Cephalopyge. Ann. Mag. N. H. (10), XIX, p. 266.
1825. Esciischoltz (F.). Bericht ueber die zoologische Ausbeate wâhrend
der Reise von Cronstadt bis St. Peter und Paul. Oken’s Isis.
1841. Eydoux et Souleyet. Zoologie, in : Vaillant, Voyage autour du
monde de la Bonite.
1928. Fedele (M.). Sulla nutrizione degli Animali pelagici. Atti Soc.
Italiana Progr., Sc. 16e Riun.
1901. Günther (R. T.). The, Amatomy of Phyllirhoë, etc. LXX. Report
British Assoc. Adv. Sc. for 1901.
1903. — On the structure and affinities of Mnestra parasitica Krohn. etc.
Mitt. Zool. St. Neapel, XVI.
1905. Hanel (Elisa). Cephalopyge trematoïdes, eine neue Mollusken-
gattung. Zool. Jahrb. Syst. XXL
1922. Hoffmann (H.). Zur Synonymie des Gattungsnamens Dactylopus.
Zool. Anz., 54.
177 —
1853. Krohn (A.). Ueber die Natur des Kuppelfôrmigen Anhanges am
Leibe von Phyllirhoë bucephala.
1851. Leuckart (R.). Ueber den Bau und die Systematisch Stellung des
genus Phyllirhoë. Arch. Naturgesch., XVIII.
1855. Mac Donald (J. D.). Observations on the Anatomy et Àffinities
of Phillirhoë bucephala. Ann. Mag. N. H. (2) XV.
1844. Menke. (K.). Uebersicht der Mollusken der deutschen Nordsee
Zeitschr. Malkozool. I.
1853. Muller (H.). Bau der Phyllirhcë Zeitsch. W. Z. IV.
1854. Müller (H.) und Gegenbaur. Ueber Phyllirhoë bucephalum.
Ibid., V.
1932. Odhner (N.). Bebâge zur Malako-zooiogie der Kanarischen Inseln.
Arkio. fur Zoolog., XXVVVI, A.
1833. Orbigny (A. d ). Mollusques du voyage dans l’Amérique méri-
dionale, V.
1835. — Mémoire sur les Ptéropodes. C. R. Ac. Sc. Paris, I.
1872. Panceri. Atti délia R. Accad. delle Sc. fis. i matem., V.
1810. Péron (P.) et Lesueur (C.). Histoire de la famille des Mollusques
ptéropodes. Ann. Mus. H. nat., XV et Noua. Bull. Soc. Philom .,
II.
1924. Pierantoni (U.). Sopra un nuovo Phyllirhoïdæ del golfo di Napoli,
Boopsis mediterranea, Publ. Staz. zool. Napoli, V.
1929. Pruvot-Fol (Alice). Note sur un rare mollusque pélagique de la
Méditerranée, Boopsis mediterranea Pier. Bull. Soc. Zool. France,
LIV.
— — Appendice à l’article précédent. Ibid., LIV.
1934. — Les Opisthobranches de Quoy et Gaimard. Arch. du Mus.
d’Hist. nat. (6), XI.
1832. Quoy (J.) et Gaimard (P.). Voyage de découvertes de l’Astrolabe
exécuté... pendant les années 1826-29, Paris. Zoologie et Atlas
(1833).
1858. Schneider. Ueber die Entwickelung der Phyllirhoë bucephalum.
Muller’ s Arch. Anat. Phy., XXV.
1846. Soûle yet. Anatomie des genres Glaucus, Phillirhoë et Tergipes.
C. R. Ac. Sc. Paris, XXII. ' .
1851. — Synopsis de l’ordre des Ptéropodes. J. Conchyl., IL
1925. Spartà (A.). Una nuova specie di Phyllirhoë « Bergh », la Ph. sanzoï
Atti Acad. Lincei Rc. (6), I.
193/. bTUBBiNGs (H. G.), Phyllirhoïdæ, in the John Murray expédition,
Scientif. Report, V, 1.
1910. Tro.tan (E.). Lin Beitrag zur Histologie von Phyllirhoë bucephala
P. et L. (Luminosité) Arch. mikros. Anat., LXXV.
1906. Vessichelli (N.). Contribuzioni allô studio délia Phyllirhoë buce-
phala P. et L. Mitt. zool. stat. Neapel,, XVIII.
1910. Nuove Contribuzioni allô studio délia Phylliorhë bucephala P.
et L. Ibid., XX.
1923. Zirpolo (G.). Caso die atrofia del Cieco dorso-cephalico in una
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946. 12
Phillirlioë bucephala P. et L. Boll. Soc. natural. Napoli, XXXV.
— Ricerche sulla Simbiosi fra zooxanthellæ e Phyllirhoë bucephala
P. et L. Ibid., XXXV.
1926. — Ancora sui ciechî epatici délia Phyllirhoë bucephala P. et L.
Atti pontif. Acc. Sc . Nuovi Lincei. LXXIX.
CONCLUSIONS
Si les nombreuses espèces de Scyllaea ont été, finalement, réduites à
une seule ; s’il en a été de même pour Fiona, pour Glaucus,' toutes
espèces pélagiques, on distingue encore deux espèces au moins de Phyl-
lirhoë et quatre de Cephalopyge. J’ai donné les raisons de ce maintien.
Ce n’est cependant pas là une opinion unanime. Ainsi Powell (1937)
dit que les espèces de Phillyrhoë sont « probablement synonymes », et
Dakin et Colefax s’expriment ainsi : The Family of pelagic Mollusca
classified as the Phyllirhoïdæ are in practice known only by the Genus
Phyllirhoë, of winch probably only one species exists, although specimens
hâve been recorded under five or six names ». Je m’associe à cette suppo-
sition, encore douteuse, et considère les espèces de Cephalopyge comme
insuffisamment établies.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
Un Hybride de Centaurea nouveau pour la Corse
et pour la Science
Par J. Arènes.
X Centaurea Aellenii J. Arènes ■ — (C. Oaleitrapa L. C. sphae-
rocephala L.) Aellen in litt., nom. nud., hybr. nov.
Caulis pubesçênti-araneosus, angulosus, exalatus, ramosus ramis i diva-
ricatis. Folia pubescentia, caulina pinnatifida lobis dentatis, ramealia irre-
gulariter lobatis dentatisve; omnia auriculato-amplexicaulia lobis denli-
busve acuto-mucronatis , ultima involucralia. Calathidia par va , ramorum
vel ramusculorum -j- brévium apice solitaria ; periclinium ovoideo-conicum
basi rotundalum, in statu juveni paulum araneosum cito glabrescens gla-
brumve ; bracteae coriaceae sub appendicem patentem vel paulum reflexam
spinis 5-7 pinnatis instructam contractae : spinae latérales usqué 4 mm.
longae, aciculares ; spina terminalis robusta, patentissima , in tus basi cana-
liculata, in foliolis mediis usque 12 mm. longa, in foliolis injerioribus brevior
debiliorque. Corollae purpureæ, externæ radiatæ. Pollen paucum, irregulari-
simum, -J- atrophum. Aclienia abortiva, subalbida, pubescentia, pappo albo
usque 4 mm. Ion go partirn instructa, umbilico glabro — Corse- Aleria ;
embouchure du Tavignano; leg. Paul Aellen ; 4 août 1933 (Flora von
Corsica, sans numéro). — Typus in Herbar. R. de Litardière .
Cet hybride, primitivement identifié par Aellen parmi ses
récoltes en Corse, a été décrit sur la part unique figurant dans l’her-
bier de M. R. de Litardière et que celui-ci m’a transmise pour
étude. La plante est intermédiaire entre les parents. De C. sphæro -
cephala elle offre : la pubescence, aranéeuse, les feuilles caulinaires
auriculées - amplexicules pinnatifides à lobes dentés à dents
aiguës-mucronées ; les feuilles ultimes involucrales ; le péricline
ovoïde-conique ; les corolles extérieures rayonnantes ; les akènes
pubescents partiellement aigrettés. Elle doit à C. Calcitrapa : ses
rameaux ± divariqués ; son péricline arrondi à la base, à folioles
coriaces, contractées sous l’appendice penné à 5-7 épines, la termi-
nale robuste très étalée, canaliculée à la base en dedans, atteignant
12 mm. sur les folioles moyennes, plus courte et plus faible sur les
folioles inférieures ; ses akènes blanchâtres.
Laboratoire de Phanérogamie du Muséum.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
— 180 —
Le genre Aphananthe (Ulmacêes). Révision systématique,
et Distribution géographique des espèces
(suite et fin)
Par Jean-F. Leroy.
Assistant au Muséum
III. — Distribution géographique.
Ch. Bernard en 1905 a étudié la distribution géographique des
Ulmacêes. Il retient seulement les deux bonnes espèces : A. asperct,
de l’est de la Chine et du Japon ; A. philippinensis des Philippines
et d’Australie orientale. Il note sans s’y attarder la disjonction d aire
entre Philippines et Australie, et emet 1 hypothèse bien naturelle
que de nouvelles explorations viendront probablement combler
cette lacune qui a plus de chance d’etre dans nos connaissances que
dans la nature. Les petites îles des régions intermédiaires étant
encore bien peu connues. Ce faisant l’aire qu il assigne au genre est
grandement erronée. Un examen critique perspicace de toutes les
espèces l’eût conduit à des résultats bien différents.
A cette première disjonction d’aire s’en est ajoutée une seconde
beaucoup plus importante : celle qui découlé de la découverte d une
espèce nouvelle, endémique à Madagascar, dans le domaine du
Sambirano. Une alternative se posait : ou bien il y avait des stations
intermédiaires aux Indes et dans ce cas une connaissance plus appro-
fondie de la flore de ces régions nous y révélerait l’existence d’Apha-
nanthes encore inconnus ou confondus avec des Gironniers, ou bien
le genre était à une phase très avancée de son extinction, 1 espèce
relique de Madagascar attestant une aire passée vaste.
Nous avons maintenant la certitude que 1 aire des Aphananthes
va sans grandes solutions de continuité du N.-O. de Madagascar'
jusqu’à une ligne passant par le Japon, les Philippines, Célèbes et
l’Australie orientale.
A l’exception de A. aspera, espèce boréale des climats tempérés et
tempérés chauds, qui dans certaines montagnes de Sze-Tcbouan et
du Kwang-Si croît jusqu’à des altitudes de 1.000 à 1.100 m., tous
les Aphananthes appartiennent aux payrs intertropicaux et subtro-
picaux, et occupent une aire remarquablement homogène : indo-
malaise sensu lato (comprenant certaines parties à affinités asiatiques-
de Madagascar et d’Australie).
Bulletin du Muséum, 2e série, t, XVIII, n° 2, 194Ç.
— 181 —
A. sakalava dans les forêts d’alluvions du Sambirano (Madagas-
car).
A. cuspidata : jusqu’à des niveaux de 80U, 900, 1.000 m. dans les
■montagnes de Java, de Ceylan et de l’Inde orientale. Voici les prin-
cipales stations : Ceylan, Inde péninsulaire (région de Bombay,
Grhâtes occidentales, Travencore, Mysore, Deccan, province de
Madras). Inde orientale (Bengale, Khasia, Sikkim, Assam), Haute
Birmanie*. Pegou Yoma, Andaman, Haïnan, Chine-S., Tonkin,
Annam, Cochinchine (Paulo Condor), Java, Célèbes.
A. philip pinensis : Philippines, Australie orientale (côtes du
Queensland, des Nouvelles Galles du Sud).
A. aspera : Corée- S., Quelpaert.
%
U
M
'ry
g|
jjjQ
ÿ/
.3
ma
m
§gj
&
m
Y-
a
rammm mm
7 «s
ÉîÜ . i
ü§ 2
■ 4
^
y
t
m
|]|
[ Aô o ïô ïô Jo &o ïoô tîô ^ïtô ïïo
Fig. 1. — Aire géographique du genre Aphananlhe : 1, A. philippinensis ; 2, A. aspera ;
3, A. cuspidata ; 4. A. .sakalava.
Japon : Yéso, Hondo, Sikok, Kiou-Siou, Formose.
Chine : Chan-Toung, Kiang-Sou, Ngan-Houei, Tché-Kiang.
Kwang-Toung, Kiang-Si, Hou-Nan, Sze-Tchouan.
De ce bref exposé sur la distribution géographique des Aphananthes
et de la carte que nous avons dressée nous pouvons dégager quelques
faits et en donner certaines interprétations. Nous ne méconnaissons
pas le caractère fragmentaire et grandement hypothétique de
tels essais, dans l’état actuel de nos connaissances ; ni la portée
limitée que revêt l’étude d’un seul genre. Mais en nous gardant de
généralisation hâtive, nous pensons que les matériaux apportés un
à un pourront être ensuite élaborés dans une synthèse féconde.
1° L’aire du genre est à peu près continue et présente une vaste
extension sur plus de 100° de longitude et sur 40° de latitude de part
■et d’autre de l’équateur.
2° L’extension orientale de ce , genre à distribution indo-malaise-
jusqu’en Australie orientale vient à l’appui de la thèse suivant
laquelle la biogéographie étudiée du point de vue botanique diffère
notablement de la zoogéographie où la coïncidence des régions fau-
nistiques avec les régions climatiques est moins étroite. La limite
orientale des Aphananthes est jalonnée par les Philippines, Célèbes et
l’Australie orientale. Les zoogéographes n’attribuent plus à la Ligne
Wallace qu’une signification géologique ayant des répercussions
sur la richesse faunistique, beaucoup plus grande à l’ouest qu’à l’est.
Par contre, pour eux, la Ligne de Weber serait la véritable limite
entre la région indienne et la région australo-papoue. Le genre Apha-
nanthe présent à Célèbes confirme partiellement cette conception.
De même le genre Gironniera. Mais ici la coïncidence avec la région
climatique est beaucoup plus nette : les Gironniers s’avancent encore
jusqu’en Nouvelle Guinée et au-delà, les Aphananthes peuplent la
côte est d’Australie.
3° Les aires respectives des quatre espèces ne chevauchent pas,
mais sont juxtaposées sauf dans le sud de la Chine (Ivwang-Toung,
Kiang-Si) où quelques légères interpénétrations de l’espèce tempérée
A. aspera et de l’espèce tropicale A. cuspidata sont à noter. Le climat
mixte dans cette contrée avec hivers marqués et pluies abondantes
explique parfaitement cette coexistence. On trouve aussi A. aspera
à Formose, Sikok, Kiou-Siou, pays mixtes, où la végétation tropicale
est déjà bien représentée. La présence des montagnes permet aux
végétaux tempérés de descendre assez loin en latitude. On connaît
les relations Tonkin-Kwang Toung-Haïnan, l’existence de A. cuspi-
data dans ces pays les confirme une fois de plus.
4° L’aire de A. cuspidata offre une curieuse lacune marquée par
les Philippines, Bornéo, Sumatra, la Presqu’île de Malacca. Alors
que cette espèce est représentée à Célèbes, à Java, aux îles Andaman,
en Cochinchine. Nous n’avons pas vu d’échantillons de Célèbes, mais
les auteurs en font mention sous le nom G. reticulata. Il est très peu
probable qu’elle ait pu franchir le détroit de Macassar (où passe la
Ligne Wallace ), creusé au Tertiaire (peut-être dès le début) séparant
la plateforme de la Sonde reliée à l’Asie, de la plateforme austra-
lienne. Il faut admettre une différenciation antérieure de l’espèce ou,
une dispersion postérieure par le Sud (Java-Célèbes) ou par le Nord
(Bornéo-Philippines-Célèbes), ce qui était possible probablement
jusqu’au Pléistocène, par des connexions terrestres. L’espèce aurait
disparu des relais où elle fait aujourd’hui défaut. De même A. phi-
lippinensis aurait atteint l’Australie orientale par la Nouvelle Guinée
d’où elle serait maintenant absente. À moins que des explorations
plus poussées ne l’y découvrent. Notons la différenciation d’une
forme endémique australienne ?
5° L’espèce de Madagascar, très isolée géographiquement, l’est
aussi morphologiquement, signe d’un endémisme accentué. Jusqu’à
l’Eocène Madagascar était soudé à la péninsule indienne et aü Mio-
cène les relations étaient encore étroites. C’est à cette époque, ou
avant, que le genre a pris pied dans la Grande- Ile.
Conclusions.
Le petit genre Aphananthe Planch. est bien délimité au sein de la
tribu des Celtidoidées et singulièrement par rapport au genre Giron-
niera Gaud. avec lequel il a été parfois confondu. Des sept espèces
décrites nous n’en avons retenu que quatre, qui, à part A. aspera
(Thunbg) Planch. espèce boréale tempérée de Chine et du Japon,
appartiennent à la région indo-malaise sensu lato : A. philip pinensis
Planch., A. cuspidatu (Bl.) Planch. et A sakalava Leroy, et carac-
térisent parfaitement cette région. A laquelle appartient également le
genre Gironniera.
La grande extension de l’aire des Aphananthes, la juxtaposition
des aires des espèces sans chevauchement, les coupures nettes entre
les espèces, tout cela joint au fait que certaines lacunes subsistent
dans des pays assez bien explorés cependant comme le Siam et la
Péninsule Malaise, semble nous fonder à considérer le genre comme
ancien et en voie de régression.
Loboratoire d’ Agronomie coloniale du Muséum.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE SOMMAIRE
Bernard (Ch.). Sur la Distribution Géographique des Ulmacées. Bull.
Herb. Boissier, 2 e sér., V, 1905, p. 1097-1112 ; 1906, VI, p. 23-28.
Blume (C.-L.). Bijd., 1825, p. 599.
— Mus. Bot. Lugd., Bat., vol. II, 1851, p. 73.
Brandis (O). Indian Trees, London, 1906, p. 596.
Dehay (Ch.). Recherches sur l’Appareil conducteur Foliaire des Urticacées,
des Moracées et des Ulmacées (Urticales). Thèse, Arras, 1934.
Elmer. Leaflets Philip p. Bot., II, 1909, p. 575.
Gagnepain (F.). Bull. Soc. Bot. France, 1925, p. 804.
— Ulmacées in Lecomte, Flore générale de V Indochine, Y, 1928, p. 673-690.
Janssonius (H. H.). Note on the woodo f the genus Gironniera. Trop.
Woods, n° 29, 1932, p. 28-29.
— Urticaceae in Mihrographie Des Holzes, Leiden, 1936, p. 1-308.
Killip (E. P.), and Morton (C. V.). Journ. Wash. Acad. Sc., vol. 21,
1931, p. 337.
Kurz (S.). For .Fl. Brit. Burma, II, 1877, p. 470.
Lemée (A). Dictionnaire synonymique des genres de plantes phanéro-
games, t. I, 1929.
Leroy (J. -F.). Sur l’existence à Madagascar d’un Aphananthe, genre
d’Ulmacée d’Extrême-Orient et d’Australie orientale. C. R. Ac. Sc.,
Paris, t. 221, 1945, p. 449-451.
— Une Ulmacée nouvelle à Madagascar « Aphananthe sakalaoa n. sp.
Bull. Soc. Bot. France, 1945.
Mayr (E.). Wallace’s Line in the light of recent zoogeographic studies in
Science and Scientists in the Netherlands Indies, Pieter Honig and F.
Verdoorn, New-York, 1945, p. 241-250.
Merrill (E. D.). An Enumération of Philipp Flowering Plants. Ulmaceae,
vol. 2, 1923, p. 32-35.
— Philipp. Journ. Sc., 1, 1906, Suppl. 42.
Nakai (T.). Flora Sylvatica Koreana, XIX, 1932, Ulmaceae, p. 1-77.
Planchon (J.-E.). Sur les Ulmacées. Ann. Sc. Nat. Bot., 3e sér., 10, 1848,
p. 244-341.
— Ulmaceae in D C., Prodromus, XVII, 1873, p. 151-210.
Priemer (F.). Die anatomischen Verhâltnisse der Laubblâtter der Ulma-
ceen (einschl. Celtideen) und die Beziehungen zur ihrer Systematik.
Engler Bot. Jahrh. f. Systematik, Pflanzengeschichte und P flanzen geo gra-
phie, XVII, 1893, p. 419-475.
Record (S. J.). Trop. Woods, n° 29, 1932, p. 29.
Ridley (H. N.). Flora of the Malay Peninsula ; Apetalae, 1924.
Shun-Ching Lee. Forest Botany of China. Shanghaï, 1935, p. 416.
Smith (J. J.). In Koorders et Valeton, Addimenta ad cognitionem Florae
arboreae javanicae. Batavia, 1910, p. 638-671.
Thwaites (G. H. K.). Enum. PL Zeyl., 1858-1864, 1, p. 268.
Tippo (O.). Comparative anatomy of the Moraceae and their presumed
allies. Bot. Gaz. Chicago, vol. 100, n° 1, 1938, p. 23-28.
185 —
Notes taxonomiques et écologiques sur les légumineuses
CaESALPINIÉES ET MiMOSÉES DES ANTILLES FRANÇAISES
(10e Contribution)
Par H. Stehlé.
Résumé analytique. — La même révision des Caesalpinéjes et
Mimosées que celle faite pour les Papilionacées des Antilles françaises
dans la précédente contribution est réalisée ici. Comme pour cette
dernière, les binômes valables sont mentionnés ainsi que les réfé-
rences, localisations et répartitions géographiques non figurées dans
la Flore Phanérogamique de Duss (1897), en précisant les nouvelles
espèces récoltées par l’auteur au cours de 12 années de recherches
floristique et écologique aux Antilles françaises ou examinées dans
les herbiers et collectées dans cette dition par d’autres botanistes.
Des combinaisons spécifiques et des variétés nouvelles sont justi-
fiées. Le nombre des Caesalpinées passe de 23 à 33 espèces, le nombre
de 10 genres étant maintenu par réduction de Guilandina à Caesal-
pinia mais ajoute de Swartzia. Le nombre des Mimosées passe de
30 à 40 espèces, celui des genres de 11 à 14, tout en conservant la
même conception linnéenne que Duss de ces entités floristiques.
1. Cæsalpinées.
Caesalpina L.
C. crista L. Sp. PI. ed. I, p. 380 (1753), non ed. II, p. 544. Syn.
Guilandina bonducella L. (1762) ; G. glaber Griseb. (1864), non Mill.
(1768) ; G. crista Small (1903). Psammopbile, calciphile et xéro-hélio-
phylique, Guadeloupe ( Stehlê , n. 376 et 728), même dans l’Ilet de la
Petite-Terre (H. Stehlé , en 1945).
Répartition géographique : Dominique, St-Vincent, Mustique,
Barbade, Grenade, Grandes Antilles, Amérique tropicale, Asie
austro-orientale, Nouvelle-Guinée et Australie.
C. eiliata (Berg.) Urb. Symb. Ant. II, p. 275 (1900). Basé sur
Guilandina eiliata Berg. msc. ap. Wikstr., St-Barlh. in Vetensk.
Acad. Handl. Stockh. St. II, p. 431 (1825). Syn. G. Bonduc Griseb.
(1857) non L. (1753) et G. Grisebachiana Krug et Urb., Duss, p. 229.
Psammophile et calciphile. Désirade (Duss, n. 3045, Stehlé, n. 220,
herb. New-York et Paris).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
/
— 186 —
Répartition géographique : Endémique des Petites Antilles :
St -Barthélémy Fahlberg, Questel), Saba, Antigue.
C. divergens Urh. Symb. Ant., II, p. 271 (1900). Syn. : Guilandina
Bonduc Eggers (1876) non L. (1753). Canique jaune. Psammophile
de St -Barthélémy : environs de Gustavia ( Stehlé , n. 5828, 24 août
1945).
Répartition géographique : Endémique des Petites Antilles
du Nord : St-Thomas et Ste-Croix.
C. melanosperma (Eggers) Urb. Symb. Ant., II, p. 276 (1900).
Basé sur Guilandina melanosperma (Eggers). Fl. Ste-Croix et Virg.
Isl., p. 46 (1879). Canique noire. Existe à St-Barthélémy (Grand
Ilet et Ilet Coco) et à St-Martin (Ilet Tintamarre).
Répartition géographique Endémique des Iles Vierges.
Delonix Raf.
D. regia (Bojer) Raf. Fl. Tell., II, p. 92 (1836). Basé sur Poinciana
regia Bojer, in Hock. Bot. Mag., t. 2884 (1829). Deux variétés sont
distinguables :
Var. genuina noo. Floribus maculatis, rubris vel purpureis. C’est
le Flamboyant commun, originaire de Madagascar, bien décrit par
Duss, p. 230-231, (nos 2628 Guadeloupe) et (1135 Martinique) avec
ses « fleurs très larges, rouge vermillon, d’un effet merveilleux, à
pétale postérieur plus large et plus long, panaché de vermillon sur
fond blanc, en grappes raccourcies. »
Abonde dans toutes les Antilles, même à Barbade (!) et dans les
petites îles xérophiles (St-Barthélémy) où il s’est naturalisé. Origi-
naire de Madagascar.
Var. fîavida nov. A var. genuina. differt floribus non maculatis,
flavidis vel aureis, concoloribus, foliolis minoribus. C’est le Flam-
boyant -jaune de la Martinique. Type : ( Stehlé , n. 4534, in herb.
Mash.) Quelques pieds seulement existent à la Martinique :
Redoute, habitation de Laguarrigue, près Fort-de-France, ait.
100 m., Route de Fort-de-France à l’Hôpital Colonial, habitation
du Directeur de la Compagnie d’ Electricité. Variété probablement
née de la précédente par mutation au Jardin de Tivoli où il y en
avait plusieurs pieds il y a 15 ans. Les fleurs sont aussi larges que
celles du rouge mais absolument dépourvues de taches et complète-
ment jaune d’or, d’un aussi bel effet que le rouge. Les grappes sont
plus amples, les folioles plus petites ainsi que les graines, mais l’arbre
est de même taille et aussi ornemental.
Ne paraît pas avoir été observé ou décrit ailleurs jusqu’à présent.
187
Casia L.
t , -
C. gîandulosa L. Sp. PL I, ed. I, p. 542 (1753). Deux variétés
existent ici.
Var. typica noo. Syn. C. oirgata Sw. et Chamaecrista gîandulosa
Greene. Décrite dans Duss, p. 233 et correspond à ses noS 2627
(Guadeloupe) et 117 (Martinique). Rudérale très abondante.
Yar. Swartzii (Wikstr.) Macbride, in Contrib. Gray Herb. n. s.
LIX, p. 26 (1919). Basé sur Cassia Swartzii Wikstr. Vetensk. Acad.
Hàndl., 1825, p. 430 (1826). Syn. : Chamaecrista Swartzii Britton et
C. disadena Steud. Britton et Wilson et Urban, Symb. Ant., VIII,
p. 270 (1920), la considèrent comme une bonne espèce distincte.
Calcipbile et xérophile. Désirade ( Stehlé , n. 5829). Guadeloupe (Sous-
le-Vent), St-Mar.tin et St -Barthélémy.
Répartition géographique : Saba, St-Eustache, St-Kitts, Antigue,
Dominique, . St-Vincent, Barbade, Grenade, Grandes Antilles,
Guyane.
G. tara L. Sp. PL, I, ed. I, p. 376 (1753). Syn. : C. obtusifolia L.,
Duss, p. 235 où elle est bien décrite et Emelista tora Britton et Rose.
Rudérale. Pantropicale.
C. Chamaecrista L. Sp. PL, I, ed. I, p. 379 (1753). Syn. C. nicticans
Duss, p. 236, bien décrite, et auct. mult. : Grisebach, Krebs, Egger,
Urban, Millspaugh, non Linné ; Cassia diffusa DC. et Chamaecrista
diffusa Britton. Rudérale.
Répartition géographique : Saint-Kitts, Saint -Vincent, Grenade,
Curaçao, Grandes Antilles et Vénézuela.
C. Sophera L. Sp. PL, I, ed. I, p. 379 (1753). Non citée pour
les Antilles françaises. Guadeloupe : Zépiante marron ; rudérale,
friches, Rivière Premier Bras ; liet, des Saintes : Terre-de-Bas ( Stehlé ,
n. 1735, un herb. New-York [P. Wilson déterm.] et in herb. Paris).
Syn. : Ditremexa Sophera Britton et Rose.
Répartition géographique : Antigue, Barbade, Trinidad, Iles-sous-
le-Vent, Grandes Antilles ; pantropicale.
C.lineata Sw. Prodr., p. 66 (1788) et Fl. Ind. Occ., II, p. 726. Syn.
Chamaecrista lineata Greene. Caleiphile et xéro-héliophile. Rare. Dési-
rade : collines autour du Bourg. ( Stehlé , n. 446 in herb. Wash. et
Paris [E. C. Léonard déterm.]), Saint-Barthélémy (Saint- Jean). Non
en Martinique. Nouvelle pour l’Archipel Caraïbe.
Répartition géographique : Endémique des Grandes Antilles.
C. patellaria DC. in Coll. Hist. Cass., p. 125, t. 16 (1816). Syn.
Chamaecrista patellaria. Greene. Casse ou canéfice. Savanes d’altitude,
en étage limite des cultures et de la forêt dense, rare. Guadeloupe :
Chemin de Saint-Claude à la Forêt des Bains-Jaunes, ait. 580 m. :
(i Stehlé, n. 1954), in herb. Wash. et Paris). Non collecté en
188 —
Martinique et auparavant non cité pour les Antilles françaises.
Répartition géographique : Tobago, Trinidad, Amérique Centrale
et Méridionale.
C. polyadena DC., Mem. Soc. Genève, II, 2, p. 132 (1824). Casse
bâtard. Littoral sec, Guadeloupe : Environs de Basse-Terre et Baillif.
( Stehlé , n. 3035, herb. Paris) ; Martinique : ( Stehlé , n. 4314, in herb.
Wash.), Saint-Martin ( Boldingh ) ; Saint-Barthélémy (herb. Krug et
Urb.).
Répartition géographique : Endémique des Petites Antilles :
Dominique, Barbade.
C. aechynomene DC. Coll. Cass, p. 127 (1816). Syn. Chamaecrista
aeschynomene Greene et Ch. Millspaughii Pollard. Guadeloupe :
Calciphile et psammophile de la Grande Terre. Assez rare. N’est
pas en Martinique ; par ailleurs n’est qu’à Saint-Thomas pour
l’Archipel des Petites Antilles.
Répartition géographique : Endémique des Grandes Antilles :
Puerto-Rico, Jamaïque, Cuba, Hispaniola (Britton et Wilson, Bot
P. R., V, p. 368 et Urb., Symb. Ant., VIII, p. 271, 1920).
Observation. — Ces 5 dernières espèces ne figurent pas pour les
Antilles françaises, non seulement dans Duss, mais encore dans la
plupart des flores classiques des Antilles.
C. diphylla L. Sp. PI., I, ed. I, p. 376 (1753). Syn. Chamaecrista
diphylla Greene. Citée par Urban ( Symb . Ant., VIII, p. 270, 1920)
pour la Guadeloupe.
Répartition géographique : Saint- Kitts, Saint-Vincent, Grandes
Antilles et Amérique tropicale.
C. obovata Collad. Hist. Cass., 92 (1816). Syn. Senna obovata
Batka. Cité pour Saint-Martin par Britton et Wilson (Bot. P. R., V,
p, 373). Introduit des tropiques de l’Ancien Continent (Afrique et
Asie australes) et naturalisé en Amérique et aux Antilles.
Bauhinia L.
B. monandra Kurz, in Journ. As. Soc. Beng., XLII, II, p. 73
(1873). Syn. : B. Kappleri Sagot, B. Krugii Krug et Urb. ex Duss,
p. 239 où il est bien décrit. Guadeloupe ( Stehlé , n. 394).
Répartition Géographique : Natif d’Asie ; Naturalisé : Antigue (!),
Saba, Saint-Eustache, Saint-Kitts, Saint- Vincent, Grandes Antilles ;
Amérique tropicale.
Schnella Radd.
S. spîendens Benth. in Hook. Joum. Bot., II, 97 (1840) ; Duss,
p. 240 où il est bien décrit. Etage mésophytique : Hauteurs de Ca-
189 —
pesterre et Rivière Dauriac ( Stehlé , 1693 N. -Y. et n. 2054, Wash-
et Paris). Syn. : Bauhinia Outimoutou Aubl.
Répartition géographique : Brésil : Amazonie (Rio Negro) ex
Bentham.
S.excisia Griseb., Fl. Brit. West Ind. Isl., p. 214-215 (1864). Syn.
Bauhinia excisa Hemsl. Forêt dense et humide, sur humus et
sur latéritoïdes. Rare. Guadeloupe : Hauteurs de Fontarabie à
Sainte-Rose ( Stehlé , n. 1834, in herb. Wash. et Paris).
Répartition géographique : Trinidad, Panama.
Swartzia Schreb.
S. simplex (Sw.) Spreng. Syst., II, p. 567 (1825). Basé sur Possira
simplex Sw., Prodr., p. 82 (1788). Syn. Rittera grandiflora Vahl,.
Swartzia grandiflora Willd. et Tounatea simplex Taub.
Yar. genuina Urb., Symb. Ant., Y, p. 364 (1908).
Répartition géographique : Non cité par Duss qui l’a cependant
récolté en Martinique (n. 674), dans les Bois de Sainte-Marie, forêt
dense et humide du Littoral au Vent, ait. 300-450 m. Très rare.
Non en Guadeloupe.
' Répartition géographique : Endémique des Petites Antilles :
Dominique, Saint-Vincent, Béquia et Trinidad.
II. Mimosées.
Leptoglottis Nutt.
L. leptocarpa (DC.) Standl. Fl. Pan. Can. Zone, in Contrib. U. S..
Nat. Mus., XXVII, 194 (1928). Basé sur Schrankia leptocarpa DC.,,
Duss, p. 247, Psammophile : Martinique ( Stehlé , n. 5425), coulée
de laves dioritiques du Prêcheur.
Répartition géographique : Saint-Vincent, Amérique tropicale..
Naturalisé en A. O. F. et à Java.
Leueaena Benth.
L.brachycarpa Urb., Symb. Ant., Il, p. 265 (1900). Espèce origi-
naire du Mexique, naturalisée à la Jamaïque et à la Martinique
(Urban, p. 265, Duss., n. 1163 b).
Acacia Willd. 1
A.macracanthoides Bertero in DC. Prodr., II, p. 463 (1825^. Syn. :
A. macracantha H. et B. pro insul. carib., sensu Urban, Britton et
1. Des indications précises et références sur les espèces antillaises de ce genre nous
ont été fournies par le Dr Léon Croizat, membre de la Société Botanique de France
et assistant à la Harvard University (Arnold Arboretum). Nous lui exprimons ici
l’hommage de notre sincère reconnaissance, car cela nous a été d’autant plus
appréciable que les relations entre la métropole et les Antilles n’étaient pas rétablies-
190 —
Wilson (e Ecuador) et errore A. macranthaW. B. et K, in Duss,
Fl., p. 249, où la description convient ; Mimosa lutea Urb. et auct.
plur., non Mill., A. lutea Britton, non Leavenw. et Poponax macra-
canthoides Britton et Rose.
. Répartition géographique : Saint-Eustache, Grenade, Marga-
rita, Grandes Antilles et Amérique tropicale.
A. nilotica (L.) Delile, Fl. Aegypt., p. 79 (1812). Basé sur Mimosa
nilotica L. Sp. PL, I, ed. I, p. 521 (1753). Syn. : A. arabica Willd.,
Duss, p. 250.
Répartition géographique : Natif d’Afrique tropicale. Antigue,
Montserrat, Grenade et Grandes Antilles.
A. parvifolia Willd. et A. vincentis Griseb,. dans la Flore de
Duss, p. 251, sont des erreurs de détermination.
A. parvifolia Willd. Sp. PL, IV, p. 1086 (1806) devenu Pithe-
colobium parvijolium (Willd.) Benth. in Trans. Linn. Soc., XXX,
p. o97 (I8v5), avec comme synonyme Mimosa antillarum Lam. ex.
Poir., Encyc., Supppl., I, p. 80 (1800), est Y Enterolobium mangeuse
(Jacq.) Fawc. et Rendlé, Fl. Jam., IV, p. 151 (1920), basé sur
Mimosa mangensis Jacq., Syn., p. 34 (1760) que Willdenow indiqué
lui-même (avec ? cependant) dans la synonymie de son A. parviflora
.(p. 1087). L’espèce est endémique de la Jamaïque. D’après la des-
cription de Duss, il peut s’agir de A. tortuosa (L.) Willd., que nous
avons collecté dans les stations indiquées par cet auteur. Nous
n’avons pu retrouver pour les examiner ses échantillons d’herbier
nos 3037, 3525 et 839.
A. vincentis Griseb., Fl. Brit. West Ind. lsl. , p. 222 (1860) n’est pas
aux Antilles françaises. Il est limité à Saint-Vincent dans l’Archipel.
Selon Bentham, qui en fait le Pithecolobium vincentis Benth. in
Hook., Lond. Journ. Bot., III, p. 222 (1844), il serait synonyme de
P. tortum Mart. et sa répartition sur le continent s’étendait sur le
Vénézuela (Grisebach) et le Brésil (Martius).
A. tortuosa (L.) Willd., Sp. PL, IV, 1083 (1806). Basé sur Mimosa
tortuosa L. Syst., ed. X, p. 1312 (1759). Non dans Duss. Syn. Poponax
tortuosa Raf. Guadeloupe ( Stehlé , n. 954, in herb. Wash. et Paris).
Savanes xéro-héliophiles semi-arborées et littoral calcaire.
Répartition géographique : Antilles, de la Jamaïque à Curaçao et
Amérique tropicale.
A. guadalupensis DC. Prodr., II, p. 464 (1828). Syn. Senegalia
guadalupensis Britt. et Rose, in North Amer. Fl., XXIII, part. 2,
p. 119 (1928). Non cité dans D uss. Acacia , amourette, fleur d’amour.
Guadeloupe. Rare. Littoral sec et mornes basaltiques, rarement dans
les taillis secs Sous-le-Vent, sur tuffs : lieux rocailleux du Baillif
( Stelilé , n. 396, in herb. Wash. et n. 718 Paris).
Répartition géographique : Endémique des Petites Antilles. Cité
— 191
pour la Martinique et Saint-Martin, mais nous ne l’y avons pas
•collecté. Antigue.
A. curassavica (Britton et Killip) comb. nov. Syn. : Acaciella
curassavica Britton et Killip, in Killip, in Journ. Wash. Acad. Sc.,
XXIV, I, p. 47 (1934). Espèce considérée auparavant comme endé-
mique de Curaçao où I. Boldingh a noté 45 localisations (Fl. Curaçao,
Aruba and Bonaire, Leiden, 1914, p. 35) et l’avait rapportée à Acacia
villosa (Sw.) Willd. Sp. PI., p. 1067 (1805). Elle est bien différente
de cette espèce que Grisebach (Fl. Brit. West Ind. Isl., p. 221, 1864)
a localisée à la Jamaïque et à Cuba seulement aux Antilles et au
Mexique et Panama sur le Continent. Elle est basée sur Mimosa vil-
losa Sw. et est exclue de notre flore. La ségrégation du genre Acacia
en Poponax, Vachellia, Senegalia, Acaciella, etc., n’étant consi-
dérée que comme sections ou sous-genres, mais non comme genres
distincts, la combinaison ci-dessus doit être effectuée, L. Croizat
nous ayant précisé, après vérification, qu’elle n’existait pas encore
en bibliographie botanique. Guadeloupe : Très rare, taillis méso-
phvtiques et abords des marécages de mangrove, La Jailïe à Pointe-
à-Pitre ( Stehlê , n. 1600, 29 nov. 1935, in herb. Wash. et Paris).
A. tenuifolia (L.). Willd, Sp. PI., IV, p. 1091 (1806). Basé sur
Mimosa tenuifolia L. Sp. PL, I, p. 523 (1753). Cité pour la Guade-
loupe et la Martinique, non par Duss et nous ne l’avons encore
jamais collecté aux Antilles françaises.
Répartition géographique : Grandes Antilles.
A. scleroxyla Tuss., Flor. Ant., I, p. 146, t. 21 ; Vogeî in Linnaea,
X, p. 600; Benth. in Plook. Fond. Journ. Bot., I, p. 5.12 et Rev. Mim.,
p. 522 ; Griseh., Fl. Brit. West Ind. Isl., p. 220. Syn. : A. tenuifolia
Descourt., nec. alior. Endémique d’Hispaniola : Haïti ( Buch , n. 125)
et Saint-Domingue (Eggers, n. 1832), ex Urban, Symb. Ant., VIII,
Fl. Dom., p. 257 (1920). Martinique : ( Stehlê et I)v Rose-Rosette :
n. 5126, in herb. Wash.), Acacia savane, champ de cannes en friche,
Trinité quatier Bellevue, vers Bassignac, littoral au Vent, rare, ait.
100 m., 15 décembre 1942. Nouveau pour l’Archipel Caraïbe.
Albizzia Durazz.
A. caribaea (Urb.) Britton et Rose. Basé sur Pithecolobium
caribaeum., Urb., Symb. Ant., II, 260-261 (1900).
Répartition géographique : Guadeloupe : Littoral xéro-héliophile
Sous-le-Vent, sur tuffs et sur calcaires en Grande Terre. Non collecté
en Martinique. Saint-Vincent, Tobago, Trinidad. Endémique des
Petites Antilles, Grenade, Grenadines (J. Beard, in litt.).
— 192
Zygia P. Browne.
Z. latifolia (L.) Fawc. et Rendle, FL Jam., IV, p. 149-150, fig. 46,
1920. Basé sur Mimosa latifolia L., Syst., éd. X, p. 1310 (1759).
Syn. : Pithecolobium latifolium Benth. et Calliandra latifolia Griseb.,
Duss, p. 253. Forêts rivulaires de galerie, en condition mésophytique
à la Martinique. La Pagerie, Trois-Ilets. Rare. ( Stehlé , n. 5830) ;
N’est pas à la Guadeloupe.
Répartition géographique : Saint-Vincent, Trinidad, Panama et
Nord de l’Amérique du Sud.
Pithecolobium Mart.
P. Jupunba (Willd.) Urb., Symb. Ant., II, p. 257 (1900). Basé sur
Acacia Jupunba Willd., Sp. PL, IV, II, p. 1067 (1806). Syn : Mimosa
trapezifolia Vahl, P. trapezifolium Benth., P. micradenium Benth.,
Duss., p. 254. Forêts mésophytiques ou hygrophytiques, en horizon
inférieur sur falaises : Hauteurs de Petit Bourg, Campérou ( Stehlé ,
n. 617 et 2618 in herb. Wash. et Paris). N’est pas à la Martinique.
Répartition géographique : Dominique, Sainte-Lucie (Duss),
Saint-Vincent, Grenade, Tobago, Trinidad, Amérique du Sud.
Calliandra Benth.
C. purpurea (L.) Benth., in Llook. Lond. Journ. Bot,., III, p. 105
(1864). Basé sur Mimosa purpurea L., Sp. PI. (1753). Syn. : Inga
purpurea Willd., Sp. PL, IV, p. 10121 (1806), Anneslici purpurea
Britton, Duss, p. 252. Deux variétés sont à distinguer dans
notre flore. :
Var. Dussiana nov. C’est la variété type de la Martinique et de
toutes les îles méridionales de l’Archipel Caraïbe, correspondant
exactement à C. purpurea (L.) Benth., stricto sensu. La description
qu’en donne Duss '(FL, p. 252-253), prise sur son n° 1164 de la
Martinique, répond bien aux échantillons de Martinique et aux
formes cultivées pour l’ornement dans les deux îles. Elle est bien
représentée par Martinique, (Stehlé, n. 4408), 5 juin 1939, Habita-
tion Saint- James, ét. Saint-Pierre au Morne Rouge. (Stehlé, n. 5505),
Frutescent et ne dépassant guère de 1 à 2 m. de haut.
Répartition géographique : Antigue, Sainte-Croix, Martinique et
Guyane (ex Bentham), Saint-Kitts, Saint-Vincent, Vénézuela, Para
(ex Grisebach Fl., p. 224) ; Sainte-Lucie, Grenade et Grenadines
(J, Beard, in litt.).
Var. Quentiniana noo. A. Var. Dussiana valde differt foliis majori-
bus, caulibus cum squamulis numerosis imbricatis et inflorescentiis
— 193
minoribus longe peduculatis. Frutex vel arbor parva et altior, id
est 2-4,5 m. alta. Typus ( Stehlé et Quentin, n. 5546), mornes basal-
tiques de Pointe Noire à Deshaies, par Ferry, Pompons rouges, ait.
80 m., 3 septembre 1944. Assez rare. Apparemment endémique delà
Guadeloupe où ses 4 rangées de squamules imbriquées le long des
tiges avait déjà attiré l’attention du Père Duss (Fl. p. 253, n. 3227),
précisant qu il s agissait peut-être d’une « espèce particulière ».
irès belle variété, ornementale et beaucoup plus florifère que la
précédente ( Stehlé , n. 5663).
C. serjanioides Urb. Symb, Ant., II, p. 262 (1900). Espèce très rare
de la Martinique, décrite sur un échantillon récolté au Jardin bota-
nique de Saint-Pierre, d’origine inconnue et qui paraît avoir totale-
ment disparu.
Samanea (Benth.) Merrill.
S. Saman (Jacq.) Merrill, in Joum. Wash. - Acad . Sc., VI, p. 47
(1916). Basé sur Mimosa Saman Jacq., Fragm., 15, pl. 9 (1800). Syn. :
Calliandra Sam, an Griseb. jn Duss, p. 254, cité sans description, est
cependant naturalisé dans les deux Iles françaises. Originaire d’Amé-
rique tropicale et est décrit dans les Flores Antillaises.
Inga (Plum.) Scop.
I. coruscans H. et B., ex Willd., Sp. PL, IV, p. 1017 (1806)..
Syn. I. martini ce nsi s Presl, Symb. Bot., I, p. 65, pl. 42 (1832) ; Duss,
p. 255-256. Sylve rabougrie d’altitude, de 700 m. (aux Deux-Choux,
Martinique), à 1.400 m. (Madeleine, Soufrière, Citerne) Guadeloupe,
n. 1391, herb. New-York et Paris ; Martinique. Pitons du Carbet,
ait. 1.200 m. Stehlé, (n. 4653, in herb. Wash.).
Répartition géographique : Dominique ( lmray ), Trinidad ( Lee -
khart), Vénézuela (ex Grisebach).
Lysiloma Benth.
Lysiloma Vogeliana (Steud.) comb. nov. Basé sur Acacia Voge-
liana Steud. Nomencl., II, ed. I, p. 9 (1840). Syn.-: L. ambigua
(Vogel) Urban, Archw Bot., 22 a, n° 8, p. 28 (1928). Cette combi-
naison d Urban est illégitime, car elle est basée sur Acacia ambigua
Vogel, Linnaea, X, p. 600 (1836) qui est un binôme non disponible,
faisant double emploi avec Acacia ambigua Hoffmansegg (1826),
appliqué à une espèce différente. Pour être en accord avec les règles
de la nomenclature botanique (art. 45, et Q0 en particulier) l’on doit,
à notre sens, revenir comme base de transfert générique au nom
spécifique donné par Steudel.
Bulletin du Muséum , 2e série, .t. XVIII, n° 2, 1946.
13
Considéré jusqu'à présent comme endémique d’Hispaniola (Haïti,.
(. Picarda , n. 515) et Saint-Domingue ( Fuertes , n. 985) à une altitude
comprise entre 200 et 500 mètres.
Martinique, Littoral sec Sous-le-Vent, petite forêt rivulaire de
galerie, sur sol de tuff mais humifère, bord de Rivière, entre Case-
Pilote et Bellefontaine ; Fonds Bourlet, ait. 120 m. ; très rare,
dénommé macata bourse bâtard, aspect autochtone et non intro-
duite ( Stehlé , n. 4837, in herb. Wash., 4 février 1940).
Nouveau pour l’Archipel Caraïbe.
Laboratoire de Culture du Muséum.
Sur les Geickonidae fossiles.
Par Robert Hoffstetter.
Les Gekkonidae s. I. (incl. Eublepharidae ) constituent, avec la
petite famille des Uroplatidae, un groupe naturel, bien individua-
lisé, C[ui correspond à la section des Gekkota (= Gekkotii Latreille,
1825)/
Au point de vue ostéblogique, la section est remarquablement
homogène. On pourrait, pour chaque os, définir un stylé du groupe,
mais une telle étude nécessiterait un cadre plus large que celui de
la présente note.
Le crâne, notamment, a un aspect particulier et bien constant.
Ses caractéristiques les plus marquantes sont la disparition de
lare postorbital par réduction du jugal, celle de l’arc postfron-
tosquamosal par absence du squamosal, et enfin, en relation avec
la réduction des ectoptérygoïdes, le grand écartement des ptéry-
goïdes entraînant une vaste lumière médiopalatine. Les pariétaux
sont presque toujours pairs ; G.-A. Boulenger avait voulu voir
dans leur fusion exceptionnelle un caractère propre aux Eublé-
pharidés. En fait, comme l’a montré G.- K. Noble'1-, il existe des
Eublépharidés (vertèbres procoeles) à pariétal pair (Lathrogecko
xanthostigma Noble et Lepidoblepharis Barbouri Noble) et des
Gekkonidés s. s. (yertèbres amphicœles) à pariétal impair ( Phyllo -
dactylus siamensis Boulenger). On verra plus loin que le nou-
veau genre proposé, Macrophelsuma, appartient à cette dernière
catégorie. Par ailleurs, la fusion des nasaux en un os impair était
considérée par G.-A. Boulenger et Ch.-L. Camp comme propre
aux Uroplatidés : or j’ai pu observer que le caractère se retrouve
chez Phelsuma, qui est un vrai Gekkonidé.
La colonne vertébrale est très généralement de type amphicœle,
et c est la seule section des Sauriens qui ait conservé cette dispo-
sition, archaïque. Seuls les anciens Eublépharidés de Boulenger,
auxquels il faudrait rattacher les genres Lathrogecko, Lepidoble-
pharis et Sphàerodactylus (cf. Noble, 1921), présentent des ver-
tèbres procœles. Mais ces vertèbres restent de type primitif, avec
des centra étranglés au milieu et élargis aux extrémités, de petits
condyles et quelques intercentra persistants. Ce caractère permet-
il de séparer les Eublépharidés des Gekkonidés ? Il ne le semble
pas. Pour G. -K. Noble, les Eublépharidés ont une origine poly-
1. G.-K. Noble, American Muséum NovitaLes, 1921, n° 4, New-York.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
— 196 —
phylétique ; ils comprennent des séries indépendantes, dérivées de
divers Gekkonidés par évolution parallèle de leur type vertébral.
Les Uroplatidés, par contre, sont bien caractérisés par la réduc-
tion de l’interclavicule, par la clavicule grêle, non dilatéé proxi-
malement et par les os des membres allongés ; tous ces caractères
squelettiques s’accompagnent d’une grande réduction de la mus-
culature du tronc. Ce sont cependant des animaux bien proches
des Gekkonidés, qui n’ont pas dû se séparer depuis longtemps de
la souche commune.
Alors que les Uroplatidés sont cantonnés à Madagascar et à
Nossi-Bé, les Gekkonidés s. I. sont présents dans toutes les régions
biogéographiques, y compris les domaines isolés (Hawaï, Poly-
nésie, Nouvelle-Zélande, Australie, Madagascar, Mascareignes,
Ste- Hélène, Galapagos) et leur extension actuelle ne paraît limitée
que par le climat qui doit être au moins tempéré chaud. Ils sont
surtout abondants dans les régions indo-malaise et australo-papoue.
A côté de genres largement cosmopolites, comme Gymnodactylus
et Hemidactylus, on trouve des formes endémiques dans chaque
grande région biogéographique.
Tout indique une famille ancienne, qui dérive peut-être des
Ardéosauridés jurassiques. Mais la paléontologie n’a pas encore
pratiquement jeté de lumière sur l’histoire du groupe. Sans doute
•cette lacune tient-elle à la petitesse et à la fragilité des os de ces
animaux, difficiles à conserver et à récolter.
Pour tenter de mettre au point nos connaissances sur les Gekko-
nidés fossiles, je considérerai trois groupes successifs.
I. Formes fossiles du Tertiaire français.
J’ai retrouvé quelques restes de Gekkonidés dans les gisements
français, du Lutétien au Vindobonien moyen.
a. ■ — - Rhodanogekko Viretffi gen. et sp. nov. (fig. 1).
Les collections' du Muséum de Lyon contiennent, provenant du
Sidérolithique lutétien de Lissieu (Rhône), un frontal que je figure
ici. Son appartenance aux Gekkonidés n’est pas douteuse, car
seule cette famille présente des frontaux soudés en un os impair
et formant, par leurs partes descendentes soudées en bas, un tube
complet autour du tractus olfactif. Les caractères originaux du
fossile consistent dans l’étroitesse de la partie interorbitaire et sur-
tout dans la présence de tubercules irréguliers à la face supérieure
indiquant, sinon la présence d’ostéodermes, du moins l’existence
1. Dédié à M. Viret, Directeur du Muséum de Lyon.
197
d’adhérences dermiques avec les os du crâne. Les^os crâniens
des Gekkonidés modernes sont au contraire parfaitement lisses.
On distingue bien les faces d’insertion des pariétaux, des
fX-
Fig. 1. — Rhodanogekko Vireii X 1,5.
Frontal : faces ventrale (A), latérale gauche (B) et dorsale (C) (Coll. Mus. Lyon).
nasaux, des préfrontaux et postfrontaux ; ces deux derniers os
étaient largement séparés,- de sorte que le frontal prenait une part
importante à la limite supérieure de l’orbite.
b. — Cadurcogekko Piveteaui 1 gen. et sp. rtov. (fig. 2).
= Amphi gnathodon sp. Piveteau 1927 1 2 part. : fig. 1 et la, non fig-
2 et '2 a.
Fig. 2. — Cadurcogekko Piveleaui X 1,5.
A : dentaire gauche, faces interne (AJ et externe (A2).
B : maxillaire droit, faces externe (Bj), interne (B2) et ventrale (Bs).
C : autre maxillaire droit, face supérieure.
(Coll. Labor. Paléont. Muséum).
J’ai déjà signalé 3 que le dentaire figuré par J. Piveteau et rap-
proché par l’auteur d’un crâne d’Anoure appartenait en réalité à
1. Dédié à M. le Prof. Piveteau, de la Faculté des Sciences de Paris.
2. J. Piveteau, Ann. Paléontologie, 16, p. 63, pl. VIII, Paris, 1927.
3. Communication à la Soc. Géol. Fr., 28 mai 1945. Sous presse au Bulletin.
un, Gekkonidé. Je donne ici une nouvelle figure du type retrouvé
dans les collections de paléontologie du Muséum. Au total, je con-
nais, provenant des Phosphorites du Quercy (Éocène supérieur ou
Oligocène), 4 dentaires gauches et 3 droits, plus ou moins incom-
plets. Ces os ont bien la morphologie de ceux des Gekkonidés. Ils
sont longuement refermés en un tube autour du cartilage de Mèckel.
La face externe porte un sillon sur le parcours duquel s’ouvrent
les foramens pour la sortie des branches du nerf alvéolaire infé-
rieur. Les dents pleurodontes, nombreuses, serrées, cylindriques,
grêles, cœlodontes sont du type banal rencontré chez les Gekko-
nidés.
Je rapproche de ces dentaires quelques maxillaires incomplets
(1 gauche et 2 droits) provenant des mêmes gisements et dont
deux figurés ici constituent des paratypes de l’espèce. Là encore,
la morphologie est bien celle des Gekkonidés, avec une lamina
horizontalis très étalée sur le côté interne et avec une dentition
comparable à celle dont il vient d’être question. La face externe
indique un crâne déprimé comme il est de règle chez les Gekko-
nidés. Elle porte 2, parfois 3 rangées horizontales de foramens
bien marqués.
Je ne puis affirmer que la forme fossile, qui représente une espèce
distincte, n’appartient pas à un genre actuel. La classification des
Gekkonidés actuels repose en effet sur la forme et l’ornementation
des doigts : il en résulte une grosse difficulté pour classer les os
isolés. Je crois cependant commode de proposer un nom d’attente
pour la forme des Phosphorites, quitte à le faire tomber en syno-
nymie s’il est prouvé qu’il fait double emploi avec un genre repré-
senté aujourd’hui. Mais cette éventualité est bien improbable.
c. — Gerandogekko Arambourgi 1 gen. et sp. nov. (fig. 3).
Les gisements aquitaniens de Saint-Gérand-le-Puy (Allier)
m’ont fourni 2 petits frontaux incomplets et un fragment posté-
rieur de maxillaire droit provenant d’un individu plus petit. Il
s’agit d’un Gekkonidé d’apparence moderne. Les os sont très
minces et fragiles. Le frontal, parfaitement lisse, est légèrement
déprimé à la face supérieure. Il montre aussi des faces d’insertion
des pré- et postfrontaux largement séparées au-dessus de l’orbite.
Plus encore que pour la forme précédente, je garde des doutes
sur l’individualité du genre proposé ici. Mais encore une fois, il
est préférable de lui donner un nom particulier plutôt que de faire
un rapprochement insuffisamment justifié avec un genre actuel.
1. Dédié à M. le Prof. Arambourg, Dir. du Labor. Paléont. du Muséum.
Fig. 3. — Gerandogekko Arambourgi X 6.
A : frontal, faces ventrale (Aj), dorsale (A2) et latérale gauche (A s).
B : autre frontal, faces ventrale (B^ et dorsale (B2).
G : partie postérieure d’un petit maxillaire droit, faces externe (CP et ventrale (C2),
(Coll. Hoffstetter, Labor. Paléont. Muséum).
d. — Gerandogekko Gaillardi1 nov. sp. (fig. 4).
Un petit Gekkonidé très proche du précédent mais plus petit
a laissé des restes fragmentaires dans le Sidérolitliique vindobo-
nien de la Grive-Saint- Alban (Isère). J’ai retrouvé, dans les collec-
tions du Muséum de Lyon, 5 dentaires gauches et 5 droits, 1 maxil-
laire droit, 1 frontal et 2 vertèbres amphicœles, ces dernières pro-
venant d’un petit individu. On y retrouve tous les caractères des
Gekkonidés s. s. Il s’agit d’une espèce distincte de Gerandogekko.
II. Formes subfossiles des Iles Mascareignes
a. — Macrophelsuma nov. gen. Newtoni (A. Günther, 1877).
== Gecko newtonii A. Günther 1877 2, A. Günther 1879 3 (foss.)
? = Phelsuma newtonii G. -A. Boulenger 1884 (actuel).
A. Günther a signalé quelques os d’un grand Gekkonidé recueillis
-à Rodriguez, avec des restes de Solitaire et de Tortues. Il a figuré
1. Dédié à M. Gaillard, ancien Directeur du Muséum de Lyon.
2. A. Günther, Journ. Linn. Soc. Zool., 13, p. 322-327, fig. 1 à 6, London, 1877.
3. A. Günther, Phil. Trans. Roy. Soc., 168 (extra vol.), p. 452-456, London, 1879.
200 —
Fig. 4. — Gerandogekko Gaillardi X 6.
A : frontal, faces ventrale (Aj) et dorsale (A2).
B : maxillaire droit, faces interne (B!), externe (B2) et ventrale (Bs).
C : dentaire droit, faces interne (Cj) et externe (C2).
D ; vertèbre dorsale, faces dorsale (Di), ventrale (D2), latérale droite (Ds) et pos-
térieure (D3).
(Col). Mus. Lyon).
et décrit le pariétal impair, l’humérus, le bassin et le fémur, en les
rapprochant de l’actuel Gekko gecko (L.) de l’ Indo-Malaisie. Pour lui,
cette forme éteinte est le lézard nocturne vu par F. Léguât à la
fin du xvne siècle, lézard que pour ma part j’identifie au Scincidé
Didosaurus. Pour G. -A. Boulenger 4, le classement du fossile est
extrêmement douteux, « l’os pariétal étant simple, tandis qu’il
est double chez tous les Geckoïdes connus. »
L’étude de la forme suivante, Macrophelsuma cf. Güntheri,
rencontrée à l’Ile Maurice, et très proche de celle de Rodriguez,
me permet d’affirmer qu’il s’agit bien d’un Gekkonide, voisin de
Phelsuma dont il se distingue surtout par la fusion des pariétaux.
Je m’appuie sur ce caractère pour fonder le genre Macrophelsuma.
Il s’agit pour moi des restes du lézard diurne, long d’un pied, bril-
lamment coloré, et tant admiré par F. Léguât au temps où il
abondait sur les Palmiers et les Lataniers de Rodriguez.
On notera que plus tard, en 1884, G. -A. Boulenger a décrit,
4. G.-A. Boulenger, Cat. Lizards Brit. Mus. Nat. Hist., vol. I, p. 228, London.
1885. 1 *
I
201 —
dans la faune actuelle de Rodriguez, un Phelsuma newtonii, long
de 223 mm., qui, selon toute vraisemblance, représente un sur-
vivant de cette espèce en cours de disparition. Il serait toutefois
nécessaire de contrôler l’identité squelettique des deux animaux
avant de conclure à cette synonymie. Il est à remarquer que la
forme fossile et la forme actuelle ont été toutes deux, et indépen-
damment, dédiées à E. Newton par A. Günther et par G. -A. Bou-
LENGER.
b. — Macrophelsuma cf. Guentheri (G. -A. Boulenger, 1885)
(fig. 5).
? = Phelsuma guentheri Boulenger 1885 x.
J’ai pu étudier dans l’abondant matériel dé la collection Carié,
provenant de la Mare aux Songes (Ile Maurice), des restes d’un grand
Gekkonidé très voisin du précédent. Presque tous les os du sque-
Fig. 5. — Macrophelsuma cf. Guentheri X 1,5.
Restitution du crâne, face dorsale, d’après Coll. Carié, Labor. Paléont. Mus.
(le nasal, le tabulaire, et l’ectoptérygo'ide sont inconnus).
lette .sont représentés en exemplaires multiples. Ces restes me
permettent de donner ici un essai de restitution du crâne. On y
retrouve tous les caractères des Gekkonidés, confirmés par la
morphologie des autres os et en particulier par les vertèbres amphi-
cœles.
Un caractère important rapproche le fossile de Phelsuma , c’est
l’articulation des os préfrontal et postfrontal, excluant le frontal
1. G.-A. Boulenger, Cat. Lizards Brit. Mus. Nat. Hist., vol. I, p. 213, London,.
1885.
de la bordure supérieure de l’orbite. Mais, comme dans l’espèee
précédente, le pariétal est impair et ce caractère est acquis très
précocement. Il s’agit encore d’un Macrophelsuma.
La dénomination spécifique du fossile- reste douteuse. En effet,
en 1885,. G. -A. Boulenger a décrit un autre grand Phelsuma,
Pli. guentheri , retrouvé vivant à l’Ile Ronde, près Maurice. P. Carié
a procuré au Laboratoire d’IIerpétologie du Muséum un exem-
plaire du même animal provenant de Elle Maurice. Il est donc très
probable que là encore il s’agit de survivants de la forme fossile.
Malheureusement je n’ai pu me procurer le squelette de Pli. guen-
theri pour me permettre de démontrer son identité, infiniment
probable, avec l’espèce subfossile de la Mare aux Songes.
c. — Phelsuma cepedianum Cuvier.
Dans la même collection Carié, et provenant du même gisement,
j’ai retrouvé 3 frontaux, 1 maxillaire gauche et 1 dentaire gauche,
absolument identiques à ceux de l’espèce actuelle qui habite la
Réunion, Maurice et Rodriguez.
d. — Hemidactylus cf. frenatus (Schlegel).
Le même matériel contient des restes d’un autre petit Gekko-
nidé. J’ai compté 52 frontaux, 12 capsules occipitootiques, 1 maxil-
laire, 3 demi-bassins et 4 fémurs. Tous ces os se rapprochent suffi-
samment de ceux de H. frenatus pour qu’on puisse admettre qu’il
s’agit de cette espèce, d’ailleurs cosmopolite, ou d’une forme très
voisine.
III. Formes conservées dans l’ambre et le copal.
En dehors des restes précédents, on a signalé l’existence de
petits Gekkonidés conservés dans l’ambre ou le copal. Malheureu-
sement l’âge et même l’origine de ces curiosités restent souvent
obscurs.
En premier lieu, C. Giebel 1862 1 crée une nouvelle espèce,
Platydactylus minutus. Il s’agit d’une petite forme, incluse dans un
morceau d’ambre d’origine inconnue, et appartenant au Cabinet
d’Histoire Naturelle de Cobourg. D’après la structure des doigts,
l’auteur compare cette espèce à Hoplodactylus Duvauceli Duméril
et Bibron (du Bengale) et à Æluronyx seychellensis Dum. et Bib.
(des Seychelles). Il retient' cependant des différences importantes.
Mais l’absence de figures ne permet pas de contrôler son opinion.
C’est ensuite W. Peters 1865 2 qui signale, dans un morceau
1. C. Giebel, Zeitschr. f. d. Gesammten Naturwiss., 20, p. 311-312, Berlin, 1862.
2. W. Peters, Monatsber. preuss. Akad. Wissensch. f. 1865, p. 455 (10-8-1865),
Berlin, 1866.
«de copal provenant de Zanzibar, un petit lézard qu’il identifie a
l’actuel Lygodactylus capensis (A. Smith). La pièce n’est pas
figurée non plus.
Enfin L. Vaillant 1873 1 crée une nouvelle espèce Hemidactylus
viscatus pour une forme conservée dans un morceau de résine fos-
sile, probablement du copal, d’origine inconnue. Il admet ensuite
en 1875 2 la synonymie de son espèce, qu’il figure alors, avec
H. capensis, c’est-à-dire Lygodactylus capensis (Smith). Or il signale,
pour la forme fossile, la présence d’écailles foliées, imbriquées,
placées sur deux rangs, qui recouvrent la partie dilatée de la face
inférieure des doigts. C’est là un caractère taxonomique important,
qu’on retrouve chez Hemidactylus s. s. et non chez Lygodactylus.
Il convient donc de reprendre pour le fossile le premier nom pro-
posé, Hemidactylus viscatus Vaillant 1873, en attendant une
•étude plus précise.
Conclusion.
On voit, par cette petite révision des restes fossiles des Gekko-
nidés connus à l’heure actuelle, que l’histoire de cette famille est
encore presque inconnue. Le seul résultat positif de cette étude
est de montrer que la famille remonte au moins au Lutétien et
qu’elle a habité l’Europe occidentale pendant une grande partie
du Tertiaire.
Laboratoires de Paléontologie et d’ Anatomie comparée du Muséum.
1. L. Vaillant, Bull. Soc. Philom. (6) 10, p. 65-67 et 97-98, Paris, 1873.
2. L. Vaillant, Ann. Soc. Gêol., O, art. 6, p. Irl4, pl. 19, Paris, 18/5.
— 204 —
Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la Col-
lection du Laboratoire de. Paléontologie du Muséum
national D’Histoire naturelle. — i. Bryozoaires du
PaTAGONIEN FIGURÉS PAR F. C AA U (1904-1908). La POSITION
STRATI GRAPHIQUE DU PATAGONIEN.
Par E. Bugè.
Le repérage des Bryozoaires figurés est généralement difficile :
1 auteur ne figure cpu’une partie des colonies et n’indique parfois
pas la région photographiée. Les seuls critères utilisables sont des
accidents morphologiques, soit du zoarium (quand le bord de celui-
ci est représenté), soit des zoécies (position relative, fractures, en-
croûtement). De plus toutes les photographies de Bryozoaires sont
retouchées pour rendre plus apparents les caractères (forme de l’ori-
fice, punctuations, limites des zoécies), ce qui contribue à déformer
les individus à tel point que parfois l’auteur lui-même avoue que la
figure ne correspond plus à l’espèce.
Le présent travail entre dans le cadre de la réorganisation des
collections d’invertébrés du Laboratoire, entreprise sous la direc-
tion.de M. J. Roger b
Sans tenir compte du grand intérêt présenté par le repérage
général des types de collections, celui des Bryozoaires du Patago-
nien pourra permettre une révision ultérieure de cette faune, si
intéressante puisqu’ils en constituent la plus grande partie. La
position de cet étage pourrait certainement être déterminée avec
précision par leur etude, entreprise sur un matériel plus abondant.
La connaissance des Bryozoaires du Tertiaire mondial a, en effet,
progresse d’une façon considérable depuis l’époque où F. Canu, à
quatre ans d’intervalle, plaçait le Patagonien dans l’Oligocène,
puis l’assimilait indiscutablement à l’Helvétien.
Les échantillons proviennent de la Collection Tournouer. Ils
ont été figurés dans deux travaux de Canu :
1904. Les Bryozoaires du Patagonien. Mém. S. G. F. Paléont .,
n° 33, p. 1-26, pl. I-IV.
1908. Iconographie des Bryozoaires fossiles de l’Argentine. Partie I.
An. Mus. Nac. Buenos-Ayres, t. XVII, p. 243-341, pl. I-XIII.
1. Roger (J.). Organisation des collections d’invertébrés du Laboratoire de Paléon-
tologie du Muséum, Bull. Mus. Nation. Hist. Nat., 1944, t. XVI (2e sér.), n° 6, p. 541-
543). .
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
— 205 —
ORDRE DES CYCLOSTOMES
Famille des Entalophoridés.
Mesenteripora spectabilis Canu 1908- — Type ; Canu, 1908, p. 309
pl. XIII, fig. 12-14. — Patagoriien de Punta Borja (Argentine).
Les trois échantillons existent, sensiblement détériorés.
Famille des Diastoporidés.
Diastopora suborbicularis Hincks, 1880 — Figuré ; Canu 1908,
p. 308, pl. X, fig. 15. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Excellent état de conservation.
Stomatopora major Johnston 1847 — Figuré ; Canu 1908, p. 307,
pl. X, fig. 7. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Le spécimen est en bon état, quoique la figuration n’en soit pas
très bonne. L’atrribution au genre Stomatopora est douteuse, il est
probable qu’il s’agit d’une Proboseina.
Famille des horneridés.
Hornera reteporacea M. Ed. var. australis Canu 1908 — Type ;
Canu 1908, p. 313, pl. XI, fig. 7-10. — Patagonien de Punta Borja
(Argentine).
Très bon état.
Hornera striata Milne-Rdwards 1838 • — - Figuré ; Canu 1908,
p. 313, pl. XI, fig. 2. * — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Echantillon unique de conservation remarquable.
Famille des Frondiporidés.
Fasciculipora cylindrica Canu 1908 • — Type ; Canu 1908, p. 316,
pl. XIII, fig. 4-8. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Cette espèce n’existe plus dans la Collection Tournouer.
Famille des Cytisidés.
Cyrtopora eîavata Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 317,
pl. XIII, fig. 9-11. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Le type a disparu, mais la collection contient des topotypes.
Cyrtopora watersi Canu 1904 • — - Figuré ; Canu 1908, p. 317,
pl. XII, fig. 16. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Bonne conservation. Le type de 1904 n’a pas été retrouvé.
I
✓
— 206 —
Famille des Lichenoporidés.
Liehenopora fimbriata Busk 1875 — Figuré ; Canu 1908, p. 322,
pl. XI, fig. 11. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Conservation excellente.
Famille des Hétéroporidés.
Heieropora ortmanni Canu 1908 — • Type ; Canu 1908, p. 319,
pl. XII, fig. 1-2. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Très bon état de conservation.
ORDRE DES CHEILOSTOMES
Famille des Membraniporidés.
Membranipora appendiculata Reuss 1874 — Figuré ; Canu 1908,
p. 261, pl. I, fig. 7. - — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
La photographie de cette belle espèce n’est pas très bonne, cepen-
dant, quoique un peu encroûtée, elle est très bien conservée.
Membranipora gregsoni Mc Gillivray 1895 — Figuré ; Canu
1908, p. 259, pl. II, fig. 8. — Patagonien de Punta Borja (Argen-
tine).
Très bon état.
Membranipora profunda Mc Gillivray 1895 — Figuré ; Canu
1908, p. 258, pl. II, fig. 11. — - Patagonien de Punta Borja (Argentine)^
Petite colonie en assez mauvais état.
* Membranipora pyriformis Canu 1908 — Type ; Canu 1908,
p. 261, pl. III, fig. 9. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Colonie de grande taille, très bien conservée.
Membranipora pyrula . IRncks 1881 — Figuré ; Canu 1908,
p. 257, pl. I, fig. 10. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Colonie très bien conservée.
Membranipora speciosa Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 260,
pl. T II, fig. 5-6. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Le membranipore contenu dans le tube et étiqueté de la main
de Canu n’est pas le type figuré et n’appartient probablement pas
à la même espèce.
Famille des Electrinidés.
Electra sinuosa Canu 1904 — Type ; Canu 1904, p. 5, pl. I,
fig. 1-2. — Patagonien de Cabo Curioso (Argentine).
Il n’y a plus de spécimens de cette espèce dans la Collection
Tournouer. Le type de cette espèce est donc définitivement perdu.
Famille des Hiantoporidés.
Hiantopora convoluta G a nu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 284,
pl. IY, fig. 17-18. - — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Nombreux échantillons de cette splendide espèce.
Hiantopora patagonica Canu 1908 — - Type ; Canu 1908, p. 284,
pl. V, fig. 11-13. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Le type n’est pas très bien conservé.
% v
Famille des Microporidés.
Rosseliana patagonica Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 274,
pl. Il, fig. 12. — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Le type est perdu et il n’existe pas de topotypes.
Reptolunulites parvula Canu 1904 — - Type ; Canu 1904, p. 8,
pl. I, fig. 10-11. - — - Patagonien de Cabo Curioso (Argentine).
Zoaria très petits et en mauvais état.
Famille des Thalamoporellidés.
Thairopora patagonica Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 309,
pl. XII, fig. 11. - — • Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Type disparu.
Famille des Aspidostomatidés.
Aspidostoma flammulum Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 278,
pl. VII, fig. 1-3. — • Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Bon état de conservation.
Aspidostoma giganteum Busk d852 — Figuré ; Canu 1908, p. 276,
pl. VII, fig. 4-12. - — * Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Les variations de cette espèce, dues surtout aux différents états
de conservation, ont été très bien représentées par Canu.
Aspidostoma incrustans Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 279,
pl. VII, fig. 13. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Excellent état de conservation.
Aspidostoma porifera Canu 1904 - — Type; Canu 1904, p. 13,
pl. III, fig. 31-33. - — - Patagonien de Cabo Curioso (Argentine).
Les nombreux échantillons de cette localité, en très mauvais
état de conservation, n’ont pas permis l’identification du type.
Famille des Cellariidés.
Cellaria angustiloba Busk 1860 — Figuré ; Canu 1904, p. 9,
pl. II, fig. 19-20. — Patagonien de Cabo Curioso (Argentine).
Echantillon perdu.
208 —
Cellaria contigua Mc Gillivray var. unguiculata Canu 1904 —
Type ; Canu 1904, p. 8, pl. II, fig. 17. — Patagonieu de Cabo Curioso
(Argentine).
Type en très mauvais état et difficilement reconnaissable.
Cellaria crassicollis Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 269,
pl. IV fig. 13. - — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Spécimen en très bon état.
Cellaria malvinensis Busk 1852 — Figuré ; Canu 1908, p. 269,
pl. IV, fig. 3-4. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Mauvais état de conservation.
Cellaria ramosa Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 271, pl. IV,
fig. 14-16. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).'
Spécimens types en assez bon état.
Cellaria semiluna Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 270,
pl. IV, fig. 12. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Il existe dans la Collection Tournouer des colonies de la même
localité, mais les zoaria types n’y ont pas été retrouvés.
Cellaria subsetigera Canu 1904 — Type ; Canu 1904, p. 9,pl. II,
fig. 16 et 18. — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Les individus figurés par Canu sont en très mauvais état, mais il
existe de nombreux échantillons de cette localité, certains en meil-
leur état.
Cellaria variabilis Busk 1884 — Figuré ; Canu 1908, p. 271, pl. IV,
fig. 7. - — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Les échantillons sont très mauvais : les figures de Canu ont. été
fortement retouchées et idéalisées.
Meîicerita ortmanni Canu 1908 - — Type ; Canu 1908, p. 272,
pl. IV, fig. 1-2. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Colonies de très grande taille et d’une bonne conservation.
Famille des Membranicellariidés.
Erinelîa patagonica Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 273,
pl. IV, fig. 10. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Spécimen de bonne conservation, à affinités génériques douteuses.
Famille des Scrupocellariidés.
Tricellaria patagonica Canu 1904 — T ype ; Canu 1904, p. 8,
pl. I, fig. 12-14. - — Patagonien de Cabo Curioso ( Argentine).
Echantillons types en très mauvais état, mais nombreux topo-
types.
— 209 —
Famille des Schizoporellidés.
Schizoporella bïturrita Hincks 1884 — Figuré ; Canu 1908,
p. ^.88, pl. IX, fig. 1. Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Type disparu.
Schizoporella terebrata Maplestone var. patagonica Canu 1908
~ Type ’ Canu 1908: P: 288, pl. v, fig. 16-17. — Patagonien de
Punta Borja (Argentine).
Bon.' état.
Microporella coronata Audoin 1812 — Figuré ; Canu 1908,
p. 281,^ pl. VI, fig.’ 1. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Il n y a plus d individus de cette espèce dans la collection.
Microporella divaricata Canu 1904 — Type ; Canu 1904, p. 11,
pl. Il, fig. 25. -Patagonien de Cabo Curioso (Argentine).
La figure de Canu a, ici aussi, été idéalisée, l’état des spécimens
est médiocre.
Microporella ventricosa Canu 1904 — Figuré ; Canu 1908, p. 282,
pl. \1, fig. 2. - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Echantillon de conservation médiocre.
Famille des Smittinidés.
Poreïla escharella Roemer 1863 — Figuré ; Canu 1904, p. 17,
pl. I\ , fig. 53. Patagonien de Cabo Curioso (Argentine).
Il est impossible de retrouver l’échantillon figuré parmi la multi-
tude de colonies existant de cette localité.
Smittina ameghinoi Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 295,
pl. VI, fig. 11. — Patagonien de Punta Borja (Argentine)’
Type en bon état.
Smittina alvareziana d’Orbigny 1842 — Figuré ; Canu 1908
p. 293, pl. VI, fig. 5. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Colonie bien conservée.
Smittina sigillata Jullien 1888 - — Figuré ; Canu 1908, p. 293,
pl. V, fig. 6-7. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Conservation satisfaisante.
Smittina ordinata Mc Gillivray 1895 — Figuré ■ Canu 1908,
p. 297, pl. Vf, fig. 14. — Patagonien de Punta Borja (Argentine):
Zoarium en bon état.
Smittina punctifera Canu 1908 - — Type -, Canu 1908, p. 294,
pl. VI, fig. 18. — Patagonien de Punta Borja (Argentine). ’
Petit zoarium bien conservé.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946. 14
/
210 —
Smittina semiluna Reuss 1865 — - Figuré ; Canu 1908, p. 297,
pl. Yl, fig. 17. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Bon état.
Smittinà variolosa Johnston 1847 — Figuré ; Canu 1908, p. 296,
pl. VI, fig. 12. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
La photographie a légèrement déformé l’aspect de cette espèce,
qui, actuellement, est placée dans le genre Mucronella.
Umbonula ceratomorpha Reuss 1847 — Figuré ; Canu 1904,
p. 18, pl. IV, fig. 47. — Patagonien de Cabo Curioso (Argentine).
Cette espèce n’existe plus dans la Collection Tournouer.
Umbonula monoceros Reuss 1847 — Figuré ; Canu 1908 - —
p. 301, pl. X, fig. 6. - — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Petite colonie encroûtante en excellent état de conservation.
Umbonula reteporacifes Canu 1908 - — - Type ; Canu 1908 ■ — -
p. 302, pl. X, fig. 8. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Colonie bien conservée encroûtant Retepora tournoueri.
Famille des reteroridés.
Retepora magellensis Busk var. minima Waters 1888 - — Figuré
Canu 1908, p. 291, pl. VIII, fig. 10-11. — Patagonien de Punta
Borja (Argentine).
Zoarium en assez bon état.
Retepora monilifera Mc Gillivray var. munita Hincks 1878 —
Figuré ; Canu 19Q8, p. 290, pl. VIII. fig. 1-4, — Patagonien de
Punta Borja (Argentine).
L’espèce n’est pas très bien conservée.
Retepora tournoueri Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 291,
pl. VIII, fig. 5-9. — • Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Excellent état de conservation.
Famille des adeonidés.
Inversiula nutrix Jullien 1888 - — • Figuré ; Canu 1908, p. 283,
pl. VI, fig. 8. — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Espèce mal figurée et de détermination douteuse.
Famille des Phylactellidés.
Lagenipora gigantea Canu 1908 - — - Type ; Canu 1908, p. 300,
pl. VIII, fig. 12-13. - — - Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Espèce de très grande taille et bien conservée.
Famille des Celleporidés.
Cellepora cottreaui Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 304, pl. IX ,
fig. 8-9. - - P atagonien de Punta Borja (Argentine).
La détermination des Cellépores est généralement difficile en
raison des altérations de fossilisation. Ici le spécimen est relative-
ment bien conservé.
Cellepora ramosa Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 303, pl. IX,
fig. 13-18. Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Etat médiocre.
„ Cellepora torquata Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 304, pl. X,
fig. 4-5. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Petite colonie très bien conservée.
Osthimosia parvicelia Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 306,
pl. X, fig. 12-13. — Patagonien de Punta Borja (Argentine).
Spécimen encroûtant des Serpules.
Osthimosia tubifera Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 305,
pl. IX, fig. 5-6. Patagonien de Punta Borja (Argentine).
L échantillon de la Collection Tournouee, étiqueté de la main
de Canu, ne correspond pas au type figuré.
La Collection Tournouer contenait originellement 37 échan-
tillons types et 26 figurés. Sur ce nombre 10 types et 5 figurés sont
perdus, 7 types et 5 figurés sont en mauvais état. Il n’est pas besoin
de chiflres plus éloquents pour montrer la nécessité d’un rangement
soigneux de ces pièces uniques, indispensables pour effectuer une
détermination sûre.
Que penser actuellement, d’après le travail, de Canu, et les
recherches plus récentes, de la position stratigraphique du Pata-
gonien ? Plusieurs faits augmentent la difficulté de ce problème :
1° La faune de Bryozoaires de l’Hémisphère austral est (d’après
Canu) très spéciale : il est en effet absolument impossible de com-
parer un gisement du Patagonien (p. ex. Punta Borja) avec un gise-
ment européen ou nord-américain : la porportion d’espèces com-
munes ne dépasse pas, en général, 4 à 5 %.
2° Beaucoup d espèces de ces couches se retrouvent dans le Ter-
tiaire de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Mac Gillivray et
Waters, en particulier, ont étudié ces faunes, mais n’indiquent
souvent comme niveau que « Tertiaire », ce qui enlève à l’espèce
toute valeur discriminative.
Si toutefois 1 on examine la répartition stratigraphique mondiale
des 111 especes signalées par Canu, en tenant compte des considéra-
tions ci-dessus, on obtient les résultats suivants :
212 —
Eocf.ne sup. .
Sannoisien
Stampien . .
Aquitanien
Burdigalien
Helvétien .
Tortonien et Mioc. sup
Pliocène
Actuel . . .
Cette répartition indique nettement pour le Patagonien un âge
Miocène* et il est possible qu’il corresponde au Burdigalien d Europe.
F. Canu, en 1904, l’assimilait à l’Oligocène, mais reconnaissait plus
tard s’être trompé. En 1908 il le plaçait dans le Miocène et faisait
un parallèle avec les espèces de l’ Helvétien européen. Cette com-
paraison était certainement prématurée : la répartition stratigra-
phique des Bryozoaires est trop vaste pour permettre de comparer
deux espèces qui n’ont de voisin que leur place dans la classification.
Il est cependant probable qu’une étude entreprise sur du matériel
nouveau, avec comparaison avec les faunes de F Amérique du Aord,
étudiées depuis (1920-1923), et avec celles de l’Hémisphère austral
(si elles étaient revues) permettrait de résoudre définitivement une
question qui n’a jamais été élucidée avec certitude.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
9 espèces communes
12 » »
1 6 » »
23 » »
31 » »
29 » » ..
28 » »
26 » »
' 25 » »
213 —
Remarques sur deux espèces de d’Orbigny Ammonites viel-
BANCII ET A. FLEURIAUSIANUS.
Par J. Sornay.
Ammonites vielbancii.
Ce nom a été créé par d’Orbigny (6, II, p. 189, n° 10) pour la
forme figurée sur la planche 108 de la Paléontologie française et
rapportée tout d’abord par lui à A. woolgari Mant.
En 1939 le général Collignon a figuré (2, p. 81, pl. 11) un échan-
tillon de la collection d’Orbigny communiqué à lui par J. Cottreau
comme étant le type d’ Ammonites vielbancii d’Orb. Totalement
différente de la forme représentée dans la Paléontologie Française
sous ce nom, cette pièce ne correspond pas non plus à la diagnose
de d’Orbigny.
Dans le but d’éclaircir cette contradiction j’ai recherché dans
la collection d’Orbigny les individus déterminés comme A. vielbancii
et j’ai trouvé deux pièces sous ce nom. L’une est un individu com-
plet, très fruste, de Rochefort (Charente-Marit.), à peu près compa-
rable à la figure de d’Orbigny comme aspect général. L’autre est
un fragment de tour, de provenance inconnue (Saumur ?). Mieux
conservé, il se rapporte aussi à peu près à la figure type et montre
une ornementation caractéristique de Prionotropis.
Enfin sous le même numéro d’ordre 6779, correspondant sur le
catalogue de la collection d’Orbigny à A. vielbancii vient la pièce
figurée par le général Colligon. De la différence évidente existant
entre cette ammonite et celle qui a servi de modèle à la planche 108
de la Paléontologie Française, ce dernier a été conduit à admettre
que cette planche ne représente pas A. vielbancii. Cela revient à
supposer que d’ORBiGNY aurait décrit et figuré une f'orme sous ce
nom qu’il aurait ensuite appliqué dans sa collection à une forme
toute différente, celle figurée par le général Collignon.
Le seul fait pouvant légitimer cette conclusion serait une éti-
quette de la main de d’ORBiGNY sur la pièce considérée, puisque
rien ne l’étaye dans la littérature géologique. En effet d Archiac (lj,
PlCTET (10-11), SAEMANN (12), ScHLÜTER (14), PeRVINQUIERE (8)
ont tous envisagé l’espèce en s’en tenant aux données du Prodrome
et de la Paléontologie Française. Or il n’y a pas d’étiquette manus-
crite de d’Orbigny et la conclusion qui s’impose est que le carton
sur lequel est collée la pièce ne lui correspond pas.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
— 214
En résumé V échantillon communiqué au général Collignon n était
pas le type d’ A. vielbancii et il n existe aucun individu pouvant être
assimilé au type dans la collection d’Orbigny. Par contre ceux qui
s’y trouvent permettent de rapporter cette espèce au genre Prionotropis
sous réserve de la découverte du type ou d’échantillons plus complets
que ceux de la collection d’Orbigny.
Ammonites fleuriausianus d’Orb.
Figurée par d’Orbigny en 1840 (5, p. 350, pl. 107, fig. 1-3) et
reprise dans le Prodrome. J’en ai recherché le type dans la collection
d’Orbigny où j’ai trouvé six individus rapportés à cette espèce. Trois
sont des Mammites cf. revelieranus Court. Un quatrième est un frag-
ment de jeune Mammites sp. Le cinquième un moule gréseux de
Rochefort (Charente-Marit.) très fruste, usé, pourrait appartenir à
l’espèce à titre de variété comprimée, faiblement tuberculée. Le
dernier est un jeune, provenant de Rochefort, mais malheureusement
très abimé. Il montre bien les caractères de l’espèce , cependant les
côtes sont plus nombreuses que sur la figuration du type.
Enfin l’ammonite de Saumur figurée comme type d’yL vielbancii
(2, p. 81 ; pl. 11) me semble devoir être rapportée à cette espèce,
quoique le dos soit plus plat, les côtes moins nombreuses (12 au lieu
de 15 par tour), les tubercules ombilicaux moins saillants que sur la
forme de la planche 107. Mais le type d’ornementation, le mode d’en-
roulement, la suture sont les mêmes.
Aipsi il n’existe actuellement dans la collection d’Orbigny que
deux exemplaires pouvant être rapportés à A. fleuriausianus : celui
dont je viens de parler, et encore n’est-il pas bien typique, et le jeune
individu de Rochefort.
La synonymie de l’espèce est assez embrouillée. Coutillier (3)
a figuré une forme jeune (pl. 7, fig. 2-3) rappelant l’exmplaire de
Saumur par son dos plat mais à ombilic sensiblement plus large,
et un adulte (pl. 7, fig. 1) dont l’ornementation s’éloigne beaucoup de
celle du type.
En 1869 Schloenbach (13) après examen des huit exemplaires
conservés dans la collection d’Orbigny (et j’ai montré le peu de valeur
que l’on doit attacher à quatre de ceux encore existant) considère le
type de d’Orbigny comme exceptionnel dans l’espèce par l’impor-
tance de ses tubercules. C’est sans doute sous l’influence de cette
opinion que Schlüter (14, p. 28, pl. 10, fig. 1-3) et Petraschek
(9, p. 147, pl. 11 (5), fig. 1-2) ont figuré comme A. fleuriausianus
des formes s’écartant énormément du type de d’Orbigny.
La forme de Schlüter a un ombilic très large (recouvrement du
tour 1 /3 au lieu de 2 /3 chez le type), l’ornementation, est très diffé-
rente, les tubercules ombilicaux étant faibles ou à peine visibles et la
section du tour haute et comprimée au lieu d’être plus large que
— 215 —
haute. Schlütér n’a pas figuré la ligne de suture de son espèce.
La forme de Petraschek a aussi l’ombilic plus large que le type
et son ornementation en diffère encore plus que celle de la forme de
Schlütér. Elle porte en effet sur les flancs une rangée supplémen-
raitre de tubercules, le nombre des côtes est plus grand que chez le
type, la section du tour est haute et comprimée.
Dans ces conditions :
1° Je considère que la dénomination d’ Ammonites fleur iausianus doit
être restreinte au seul type de la Paléontologie Française dont il
existe actuellement dans la collection d’Orbigny deux représentants
pas très typiques il est vrai : l’exemplaire de Saumur et le jeune de
Rochefort. Il faut y adjoindre un autre individu conservé dans les
collections du Muséum (n° 1904-32) comparable à l’exemplaire de
Saumur et provenant de Martrou (Charente-Marit.). Il est à présu-
mer qu’il existe d’autres représentants de cette espèce dans les
diverses collections parisiennes mais c’est certainement une forme
assez rare.
2° Je considère la figuration de Çourtillier comme une çariété d’ A.
fleur iausianus type, la forme de Schloenbach comme une espèce diffé-
rente {? Prionotropis ), la forme de Petraschek également comme une
espèce différente ( voisine de Prionotropis schluterianum iMÙbe et
Bruder).
3° Le général Collignon avait rattaché l’exemplaire figuré dans
« Fossiles du Menabe » au genre Mammites, en faisant remarquer qu’il
s’écartait de la définition du genre. Je n ai pas cru possible de main-
tenir cette détermination, la file des tubercules siphonaux bien marqués,
les caractères de la ligne de suture à lobe latéral L long et étroit con-
duisent à faire de cette ammonite un Prionotropis et par suite V Ammo-
nites fleur iausianus d’Orb., rattachée au genre Acanthoceras par
Laube et Bruder et par le Fossilium Catalogus doit être dénommée
Prionotropis fleuriausiana d’Orb.
BIBLIOGRAPHIE
1. — 1851.
2. — 1939.
3. — 1867.
4. — 1925.
5. — 1887.
6. — 1840.
d’Archiac. Hist. des progrès de la géologie, vol. IY,
p. 347, note I.
Collignon. Fossiles cénomaniens et turoniens du Menabe
(Ann. géol. Sera. Mines, X, Tananarive).
Çourtillier. Les ammonites du tuffeau. (Ann. Soc. linn.
Maine-et-Loire, IX).
Diener. Ammonoidea neocretacea (Fossilium Catalogus,
XXIX).
Laube et Bruder. Ammon. der bôhm. Kreide (Palaeonto-
graphica, XXXIII, p.. 217-39, pl. 23-9.
d’Orbignv. Paléontologie Française. Terrains crétacés, I.
— 216
7- 1850. d’Orbigny. Prodrome de Paléontologie stratigr. univer-
selle, IL
8- 1907. Pervinquière. Etudes de paléontologie tunisienne. I. Cé-
phalopodes, p. 31.
9- ~ 1902. Petraschek. Die Ammoniten der sàchs. Kreideformat.
[Beitr. z. und Geol. Oster. Ung., XIV, p. 131-162).
19- - 1858-64. Pictet et Campiche. Fossiles des terrains crétacés env.
Ste-Croix (Mat. Pal. Suisse (3), I, p. 194-320).
11. — 1863. Pictet. Mélanges paléontologiques (Mém. Soc. Phys. Hist.
nat. Genève, XVIII, p. 30).
^2* 1858. Saemann. • — Bull. Soc. G'éol. France (2e série), XV, p. 507.
13. 1869. Schloeneach. Bemerkung. über einig. Cephal. Gosaubild.
( Jahrb . k. k. geol. Beichsanst. Wien, XIX, p. 291).
1872. Schlüter. Cephalopoden der ob. deutsch. Kreide I (Palaeon-
topographica, XXI).
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
— 217
Aperçu hydro géologique sur le département du Cher
Par René Abrard.
Professeur au Muséum.
Les recherches hydrogéologiques n’ont pas encore été très poussées
dans le département du Cher. Cependant de celles que j’ai eu l’oc-
casion d’y effectuer se dégage une vue d’ensemble qu’il ne me paraît
pas inutile de résumer.
Constitution géologique ■ du département du Cher. — La partie
méridionale du Cher est située sur la lisière du Massif Central qu’elle
entame ; ce sous-sol ancien est formé par des roches cristallo-
phylliennes, gneuss, et surtout micaschistes, avec quelques filons
d’amphibolites. Dans cette avancée du département'se trouvent les
communes de Sidiailles, Préverauges, et la région au Sud de Châ-
teaumeillant.
Les terrains triasiques qui s’appuient sur les formations hercy-
niennes de la Marche, forment, depuis la faille de Lurcy-Lévy,
une bande interrompue seulement dans la vallée du Cher, et se pour-
suivent au delà de la Châtre, en diminuant d’épaisseur. Ils sont
essentiellement formés de grès argileux tendres, en général rosés,
avec galets de quartz et veinules irrégulières de couleurs vives, le
plus souvent rouges ou violet-foncé ; ces grès qui ont été utilisés
pour la construction des villages donnent à ceux-ci un aspect très
caractéristique, très différent de celui qui s’observe plus au Nord.
Le Jurassique inférieur ou Lias formé surtout de marnes et de
calcaires marneux est très développé et fossilifère notamment à l’Est
de la Guerche et autour de Saint-Amant-Montrond où le gisement
pliensbachien des Cottards est un des plus réputés.
Le Toarcien, très semblable à celui du pourtour du Morvan est
presque entièrement argileux et présente vers la base le niveau des
marnes feuilletées à Posidonomyes.
Il y a passage insensible du Lias à la hase du Jurassique moyen,
par les calcaires à entroques, avec horizons ferrugineux, qui sont
aaléniens à leur partie inférieure et bajociens au sommet.
Le Bajocien et le Bàthonien sont principalement formés de cal-
caires, soit subcompacts et en bancs, soit plus ou moins marneux
pouvant passer latéralement à des marnes.
Le Callovien et l’Oxfordien ne forment pas comme les assises pré-
cédentes des affleurement continus traversant le département ; on
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
y observe des lacunes, certains horizons faisant défaut, soit qu’ils
ne soient pas déposés par suite d’une exondation de la région, soit
qu’ils aient été arasés par la transgression argovienne, comme en
d’autres points du Bassin de Paris. L’Oxfordien surtout ne montre
que des affleurements sporadiques, tels que les marnes à Ammonites
pyriteuses des environs de Châteauneuf-sur-Cher.
Le Jurassique supérieur, et surtout sa partie inférieure ou Lusi-
tanien occupe de très grandes superficies dans le département. Le
sous-étage inférieur ou Argovien est représenté par son faciès
habituel des marnes à Spongiaires, avec calcaires marneux à leur
partie supérieure qui forment dans la topographie un talus très net
en beaucoup de points.
Le sous-étage Rauracien est entièrement à l’état de calcaires
sublithographiques en gros bancs ; il affleure très largement et cons-
titue la presque totalité de la Champagne berrichonne à laquelle il
donne son caractère.
Le Séquanien comprend, très développé à Bourges et aux environs
un calcaire crayeux à faune subrécifale, avec Echinides et Lamelli-
branches adaptés aux eaux agitées, mais dans lequel on n’observe
pas de massifs de Polypiers ; au-dessus viennent les calcaires litho-
graphiques supérieurs surmontés d’un banc à Nérinées et Dicercis
et il se termine par des calcaires qu’il est difficile de séparer du
« calcaire à Astartes » dont la base est encore séquanienne.
Le Kimeridgien inférieur ou Ptérocérien est calcaire, sa partie
moyenne et supérieure étant formée de marnes argileuses gris-
bleuâtre, à petites Huîtres, avec quelques bancs de calcaires mar-
neux ou compacts.
Le Portlandien est formé par le calcaire du Barrois en petits
bancs sublithographiques, très fissurés ; vers la base en observe des
récurrences d’argiles et de marnes. Il constitue une grande partie
des collines du Sancerrois où il supporte des lambeaux de Crétacé
inférieur.
Il s’amenuise vers l’Ouest où il passe à des calcaires sableux et à
des marnes à sa partie supérieure ; il ne s’agit d’ailleurs pas de Port-
landien supérieur comme on l’a dit quelquefois, mais de Portlandien
inférieur ou Bononien ; il ne s’étend guère au delà de Graçay.
Les deux étages précédents forment la base des escarpements qui
vers le Nord, du Sancerrois au Nord de Mehun, dominent la plaine
des calcaires lusitaniens.
Le Crétacé inférieur n’est pas complet. L’Hauterivien ou calcaire à
Spatangues se voit en quelques points dans l’Est (Menetou-Salon).
Le Barrémien continental comprend à la base des sables et grès
avec minerai de fer géodique autrefois activement exploité (Saint-
Eloi-de-Gy, etc.), et au-dessus des argiles panachées et des sables
bariolés. '
— 219 —
L’Aptien fait défaut et l’Albien inférieur paraît représenté par des
■sables et grès ferrugineux, fossilifères à Crésancy.
Les argiles de Myennes qui viennent au-dessus et qui correspon-
dent aux argiles du Gault atteignent à peine vers l’Ouest, le méridien
de Bourges.
Les Sables de la Puisaye, siliceux et pulvérulents à l’Est, avec
intercalations marneuses, deviennent plus grossiers et gréseux vers
l’Ouest où leur épaisseur qui peut atteindre 40 à 50 mètres, diminue.
Ils sont albiens pour les uns, cénomaniens pour les autres.
Le Cénomanien présente encore à l’Est le faciès crayeux, mais
vers l’Ouest, il y a passage aux sables de Vierzon avec grès à pavés
à la partie supérieure. Les marnes à Ostracées apparaissent dans le
Sancerrois et se développent vers l’Ouest.
Le Turonien crayeux apparaît entre la Loire et la Sologne sous
des formations résiduaires résultant de la décalcification de la craie
turonienne et sénonienne. Ces formations, sables, argiles à silex,
cailloutis parfois cimentés en poudingue siliceux très durs, sup-
portent les grandes forêts du Nord du département.
Les lambeaux de terrains tertiaires sont représentés par le cal-
caire lacustre du Berry, bartonien supérieur (ludien), par du Sidéroli-
thique résultant de l’altération du Jurassique et du calcaire du
Berry, et dans le Sud (Saulzais-le-Potier), par le calcaire à Phryganes
aquitanien.
Les Sables et argiles de la Sologne, attribués au Burdigalien et les
Sables du Bourbonnais peut-être pliocènes et visibles en bordure du
Massif Central, Complètent la série.
La plaine alluviale de la Loire récente est très développée sur la
rive berrichonne ; elle est formée de sables et graviers, souvent agglu-
tinés à la surface. Les alluvions anciennes ne forment que des lam-
beaux très discontinus et peu étendus. Les -alluvions modernes sont
également bien développées dans les vallées des cours d’eau secon-
daires ; celles du Cher sont sableuses et graveleuses, celles de l’Yèvre
sableuses ou limoneuses. '
Au point de vue tectonique, la petite partie de terrains anciens
plissés avec orientation des axes sensiblement Est-Ouest, appartient
au Nord-Est de la Marche.
Les terrains secondaires et tertiaires ressortissent au Bassin de
Paris tabulaire. Au voisinage du Massif Central, les assises triasiques
et basiques plongent assez fortement vers le N. par suite de leur
relèvement au Sud. Ce plongement s’atténue peu à peu, et avant
Bourges il devient peu important.
La limite orientale du département est parcourue par une grande
faille, de l’Ouest de Lurcy-Lévy à l’Est de Sancerre où elle est relayée
par une seconde faille qui de l’Ouest de Sancerre se prolonge jusqu’à
— 220
l’Ouest de Montargis. Ces failles dépendent de la zone de fractures
tertiaires subméridiennes qui se trouvent en avant du Morvan, à la
* surrection duquel elles paraissent liées.
Principales ressources aquifères. — Dans la Marche on trouve quel-
ques petites sources d’affleurement au contact des micaschistes et
gneiss arénisés et de la roche saine.
Aucune nappe ne se trouve dans le Trias ou le Lias, où l’on ren-
contre des sources déterminées par des niveaux argileux plus ou moins
localisés, ou bien représentant l’émergence de circulation diacla-
siennes.
Ce sont ces mêmes circulations que l’on peut trouver dans les
calcaires bajociens et bathoniens.
Les calcaires lusitaniens, très fissurés et absorbants, déterminent
une région très sèche qù les citernes sont souvent la seule ressource
en eau des habitants. Les puits n’y sont presque toujours alimentés
que par des suintements. Il y existe cependant des circulations
diaclasiennes, parfois importantes, que l’on peut assez souvent
recouper sous les vallons secs, lorsque ceux-ci représentent un réseau
hydrographique enfoncé prolongeant vers l’amont le réseau hydro-
graphique de surface. Ce sont des circulations qui ont été recher-
chées pour l’alimentation des communes adhérant au Syndicat de
Levet. Bourges est également alimenté par une circulation de dia-
clase.
Il y a aussi dans les calcaires lusitaniens de la Champagne berri-
chonne quelques sources, parfois d’un débit important, qui sont
le trop-plein, l’exutoire, de circulations souterraines, et qui de ce
fait sont souvent situées dans les vallons ; leur débit varie et peut
diminuer beaucoup pendant les périodes de sécheresse, mais on peut
en général atteindre en profondeur le courant qui les alimente. Il
faut noter que les réseaux diaclasiens sont très capricieux, et qu’il
est toujours aléatoire de chercher à recouper à l’amont, même très
près de la source le courant dont elle est l’exutoire ; il vaut mieux
exécuter les travaux de recherche du courant à partir de la source
elle-même.
Le Portlandien se présente à peu près dans les mêmes conditions
avec des sources de trop-plein, telle que celle des Moulons à Menetou-
Salon. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, on n’y trouve
pas de nappe au contact des argiles qu’il surmonte, mais seulement
quelques petites sources d’affleurement.
Dans les sables ét argiles panachés barrémiens, quelques petites
sources (Crésancy, etc.) dues à l’absorption de l’eau par les lentilles
sableuses ; ce sont des eaux de surface, de qualité douteuse.
Au contact des Sables de la Puisaye et des argiles de Myennes
(Nord de Morogues) et à la base de l’argile à silex, on trouve des
— 221 —
sources d’un débit parfois suffisant pour alimenter une commune.
Plus au Nord, en profondeur, les Sables de la Puisaye sont très
aquifères et on peut les atteindre par forages (Âugigny-sur-Nère,
Henrichemont, Vailly). Les sables étant ténus, il est nécessaire de
prévoir l’installation d’un dispositif contre l’ensablement. A Vailly,
l’eau s’est montrée fortement ferrugineuse.
Le calcaire lacustre du Berry, forme dans la basse vallée de l’Arnon,
à l’Est de Massay une petite zone synclinale qui fournit de l’eau arté-
sienne, les calcaires aquifères étant surmontés de marnes qui main-
tiennent l’eau sous pression. On y trouve quelquefois des sources
assez importantes telles que celle qui alimente Châteauneuf-sur-
Cher.
Les cailloutis de silex provenant de la destruction de la craie pré-
sentent quelques sources de débit satisfaisant et paraissent hors d’at-
teinte des contaminations, car elles sont souvent situées dans les
bois ou à leur lisière, ces bois recouvrant leur périmètre d’alimenta-
tion (Ivry-le-Pré, Argent-sur-Sauldre, etc.).
Les sablés et argiles de la S'ologne ne donnent guère que des eaux
de surface, mais on y trouve quelques sources (Sainte-Montaine).
Dans le Sud du département, les graviers et sables à cailloux de
quartz blanc, présentent quelques émergences : Saulzais-le-Potier,
le Châtelet, etc.
La plaine alluviale récente de la Loire, dont le sous-sol est formé
d’éléments très filtrants, montre à quelques mètres de profondeur
une nappe inépuisable, à laquelle s’alimentent Marseille-les-Aubigny,
Sancerre', Saint-Satur, et où beaucoup d’autres captages sont proje-
tés (Léré, Ménétréol, etc.). Il faut rappeler que normalement l’eau
de la nappe alluviale n’est pas de l’eau du fleuve infiltrée, mais de
l’eau des coteaux qui se dirige vers le cours d’eau.
Les alluvions du Cher, sableuses et graveleuses, se prêtent fort
bien aux captages ; elles alimentent Vierzon, et de très nombreux
projets envisagent l’utilisation de leur nappe.
Les alluvions de l’Yèvre sont, souvent limoneuses et marécageuses
mais à Mehun elles sont sableuses et assurent l’alimentation de la
commune. En beaucoup d’autres points du département, les allu-
vions constituent une ressource aquifère très intéressante.
— 222 —
Applications a la construction des routes des propriétés
PARTICULIÈRES AUX SOLS FERRUGINEUX ET LA TÉRITIQUES
Par J. Prunet.
INGÉNIEUR PRINCIPAL T. P. C.
(Note présentée par M. FURON)
La dispr<yportion existant dans la plupart des territoires d’outre-
mer de 1 Union française entre la longueur des réseaux routiers et la
faible importance des crédits affectés à leur entretien, oblige à choisir
des types de ciiaussées utilisant, tant en fondation qu’en revêtements,
les matériaux trouves sur piace ou a faible distance. La technique
routière adoptée dans ces régions doit donc tenir le plus grand compte
des qualités mécaniques des terrains superficiels. Or, ceux-ci sont
tous le résultat des alterations superficielles extrêmement impor-
tantes et rapides dans les climats tropicaux, sur les roches consti-
tuant le sous-sol. Ils renferment donc tous des éléments latéritiques
en proportion plus ou moins grande, ces éléments étant, d’après
Lacroix, les hydrates de fer, d’alumine, de titane et de manganèse.
Toutefois, les deux premiers jouent seuls un rôle important en ce qui
intéresse la technique routière, parce qu’ils se présentent seuls en
proportion suffisante pour avoir une action sur les caractéristiques
mécaniques des sols.
On distingue ainsi, et sans tenir compte, de la silice sous forme de
quartz dont la proportion est variable, les quatre catégories de
sols suivantes :
1° Les latérites vraies contenant de 100 % à 90 % d’éléments latéri-
tiques ; •
_ 20 les latérites argileuses contenant de 90 % à 50 % d’éléments laté-
ritiques ; V
3° les argiles latéritiques, contenant de 50 % à 10 % d’éléments latéri-
tiques ;
4° les argiles ordinaires et le kaolin, contenant moins de 10 % d’élé-
ments latéritiques.
Chacun de ces 3 constituants a un rôle particulier dans les carac-
téristiques mécaniques des sols. La silice, sous forme de gravier,
sable, poudres, donne un squelette dont les grains enchevêtrés s’op-
posent au glissement et à l’usure. L’argile, par ses éléments colloï-
daux, assure la cohésion des autres éléments. Cette cohésion est
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVIII, n° 2, 1946.
d’origine physique et varie avec la teneur en eau des sols. Quant
aux éléments latéritiques, leur rôle est variable, non seulement
avec la proportion dans laquelle ils interviennent, mais aussi avec
l’état dans lequel ils se trouvent. En effet, pendant leur migration
vers les couches supérieures du sol, ils sont entraînés par l’eau qui
s’élève par ascencion capillaire. Ils se trouvent alors sous forme de
suspensions colloïdales plus ou moins concentrées. Mais au moment
où cette eau s’évapore en saison sèche, ils précipitent dans certaines
conditions de pH et en dehors de la présence d’humus, sous forme
de gels irréversibles ou cristallisent et ne peuvent plus alors se
retrouver en suspension. Dans le premier cas, ils se présentent sous
forme vivante en quelque sorte, et confèrent aux terrains qui les
renferment des possibilités d’évolution rapide. S’ils sont exposés en
revêtement à des alternances de sécheresse et d’humidité, la préci-
pitation est assez rapide pour que la chaussée acquière en peu de
temps une cohésion chimique importante. Elle sera formée par
une couche résistante, même sous les pluies, aux érosions superfi-
cielles et aux efforts de compression et de cisaillement, d’autant plus
que ces terrains sont peu perméables s’ils sont bien compactés par la
mise en œuvre. Au contraire, dans les terrains de deuxième espèce,
lès éléments latéritiques sont inertes. Ils ne jouent que le rôle d’élé-
ments de dûreté médiocre sans participer à la cohésion. Ils donne-
ront des chaussées se désagrégeant superficiellement en saison
sèche.
En définitive, les terrains latéritiques se classent en trois caté-
gories au point de vue de leurs qualités routières.
A. — Les terrains latéritiques situés sur les plateaux où ils forment
soit des cuirasses, soit des couches contenant des concrétions piso-
lithiques dures. Ils donnent une excellente plateforme, mais en
revêtements, se désagrègent et forment de la poussière et du gravier
ferrugineux mobile sans cohésion.
B. — Les latérites argileuses, situées verticalement sous les
latérites vraies, affleurant en auréoles autour de celles-ci sur les ver-
sants. Elles aussi donnent une excellente plateforme en place ou en
remblai. En revêtements, elles acquièrent rapidement une grande
cohésion chimique due à la précipitation des éléments latéritiques
et résistent bien sous les pluies. Mais sous l’influence de la séche-
resse, elles sont sujettes à l’usure et forment en revêtement de la
poussière et des graviers désagrégés. S’ils sont remaniés pour un
reprofilage de la route, ils ne reprennent plus leur cohésion initiale.
C. — Les argiles latéritiques sont situées sous les latérites argi-
leuses et affleurent sur les versants autour d’elles. Souvent d’ailleurs,
la surface de l’affleurement a été transformée en latérite argileuse
— 224 —
à pisolithes. Elles donnent une excellente plateforme. En revêtement,
elles acquièrent une cohésion moins grande que les précédentes,
mais très suffisante si elles contiennent assez de silice. Elles ne
donnent que peu de poussière et pas de gravier roulant. Enfin, si
elles sont remaniées par les réfections, elles retrouvent leur cohé-
sion, qui n’est que d’origine physique.
Ces quelques remarques sont susceptibles d’applications parti-
culièrement, importantes :
1° Les principes de la géotechnique établis pour les sols des régions
tempérées doivent être adaptés aux sols tropicaux ;
2° Il est rare qu’un sol en place donne un revêtement suffisam-
ment résistant à l’usure en saison sèche ;
3° Par contre, des carrières ouvertes sur les versants ou à leur
pied donneront sous quelques décimètres de terre végétale et de
lqtérite argileuse, une argile latéritique constituant un excellent
revêtement de chaussée.
C’est là un exemple assez rare où les phénomènes géologiques
évoluent avec a^sez de rapidité pour participer à la consolidation
des constructions humaines.
Laboratoire de Géologie du Muséum .
c
Le Gérant : Marc André.
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (o. P. L. 31.0832). 17-7-1946
f
SOMMAIRE
».
K
Pag*s
Actes administratifs 145
Communications : '
Ach. Urbain, J. Nouvel et P. Bullier. Rapport sur la mortalité et la natalité
enregistrées au Parc Zoologique du Bois de Vincennes en 1945 146
P. Chabanaud. Notules ichthyologiques \suite) 158
M. André. Sur une nouvelle forme larvaire de Neoschôngasiia (Acarien)
parasite de Meriones Shawi • , . ... 162
A. Tixier-Durivault. Les Alcyonaires du Muséum : 1/ Famille des Alcyonii-
dae. 3. — Genre Sarcophylum (suite) . : . . . 165
A. Pruvot-Fol. Révision de la famille des Phyllïroidàe (Phyllirhoïdae) 172
J. Arènes. Un hybride de Cenlawea nouveau pour la Corse et pour la Science . . 179
J.-F. Leroy. Le genre Aphanantlie (Ulmacées). Révision systématique et
distribution géographique des espèces ^ . .. 180
H. Stehlé. Notes taxonomiques et écologiques sur les légumineuses Caesalpi-
niées et Mimosées des Antilles françaises 185
R. Hoffstetter. Sur les Gekkonidae fossiles 195
E. Bugé. Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la collection du labora-
toire de Paléontologie du Muséum National d’Histoire naturelle. — I. Bryo-
zoaires du patagonion figurés par F. Canu (1904-1908). — La position strati-
graphique du patagonien . . * 204
J. Sornay. Remarques sur deux espèces de d’Orbigny Ammonites vielbancii et
A. fleuriausianus 213
•R. Abrard. Aperçu hydrogéologiques sur le départemet du Cher 217
J. Prunet. Applications à la construction des routes des propriétés particulières
aux sols ferrugineux et latéritiques 222
' . *■: *•
* -
%
✓
ÉDITIONS
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRtf, PARIS Ve
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’ Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.) .
Bulletin duSluséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, abonnement annuel France, 200 fr., Étranger, 300 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ' Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire.de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, France, 90 fr. ;
Etranger, 150 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr.,
Etranger, 150 fr.).
Bulletin du Laboratoire. maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer- Pielte,' Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Sainl-Servan ; paraît depuis 192? ;
prix variable par^ fascicule).1
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921.
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie; paraît depuis 1924; abonnement France, 200 fr., Étranger,
260 fr.).
Revue Bryologique et Lichênologique. (Directeur Mme Ail orge, Laboratoire
de Cryptogamie; paraît depuis 1874; abonnement France, 200 fr.,
Étranger, 300 fr.). ,
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeur M. Roger Heim. Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis
1928 ; abonnement France, 225 fr., Étranger, 375 et 450 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 3. -, Mai 1946
** . ■" ' *
MigSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER \
REGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d'Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les Communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de le
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en
outre s'en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
(Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50
16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr.
Ces prix s'entendent pour des extraits tirés en même temps ^que le
numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs.
par 25 ex. en sus 1 . 12 francs.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
tau fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DE n’ABONNEMENT ANNUEJ. î
France : 200 fr. ; Etranger : 300 fr.
(Mandat au nom de l'Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
/ -
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1946. — N<> 3.
354e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
23 mai 1946
PRÉSIDENCE DE M. Ed. BOURDELLE
ASSESSEUR DU DIRECTEUR
ACTES ADMINISTRATIFS
M. Charles Roux est nommé Assistant stagiaire au Laboratoire des
Pêches et Productions coloniales d’origine animale. (Arrêté ministé-
riel du 15 avril 1946).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
15
Louis MANGIN et Pierre ALLORGE
Premiers titulaires de la Chaire de Cryptogamie
du Muséum.
LEÇON INAUGURALE DU COURS DE CRYPTOGAMIE
PRONONCÉE LE 26 MARS 1946
Par Roger Heim
MEMBRE DE L’iNSTITUT
PROFESSEUR AU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
Monsieur le Directeur,
Mes chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Il faut sans doute nous féliciter ici, en cette Maison, de voir res-
pecter par tous les esprits conscients de leur rôle, cette louable
habitude d’inaugurer un cours dans une salle qu’ont bien voulu
occuper des collègues courtois, des amis dévoués et des élèves soumis.
Ainsi donc, au milieu de cet ouragan de ruines et de disparitions,
où s’additionnent, avec l’insouciance de l’avenir, la désaffection du
passé et la course aux réalisations instantanées, l’abandon du temps
perdu, et, disons le mot, la fuite hors de l’esprit, au milieu de cet
effondrement, les traditions qui furent une morale avant de n’être
plus, pour beaucoup, qu’un souvenir ou qu’un oubli, persistent
encore dans la vie universitaire. Ce qui montre que la situation est
peut-être moins grave qu’on le dit et qu’on le pense, c’est de cons-
tater que bien de nos compatriotes sont encore prêts, même en ces
dures années, à sacrifier leur temps à quelque chose dont l’utilité
est discutable. Et je les en remercie.
Une voix, partie du cœur, me conduit naturellement à exprimer
d’abord des raisons de gratitude. Si j’occupe aujourd’hui cette place,
s’il m’est donné d’en mesurer tout le prix, si j’en sens tout l’honneur,
je le dois, certes, à un concours de circonstances affectées à des événe-
ments douloureux et tragiques. Je ne puis oublier qu’après la dis-
parition de mon ami très cher Pierre Allorge, au début de 1944,
alors qu’on ignorait tout de mon sort, alors qu’on ne savait plus si
la sentence nazie était exécutée ou remise, l’Assemblée des Profes-
seurs du Muséum décidait d’attendre mon retour. Dirai-je, malgré
tout le côté illégal qu’une telle disposition impliquait, qu’à l’una-
nimité, elle prenait une sorte d’engagement moral en accordant à
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
mon souvenir et à l’espérance dans mon retour sa confiance et que
son Directeur, Monsieur le Professeur Achille Urbain, entérinait,
après l’avoir conseillée, cette décision, couverte par sa conscience
et par son amitié. Malgré toute la reconnaissance que je dois à mes
collègues pour leur scrutin unanime de juillet dernier, alors que
j’étais revenu parmi eux depuis peu de semaines, je crois pouvoir
dire que c’est surtout ce premier vote clandestin, imprégné de raisons
sentimentales, qui reste à mes yeux comme la preuve essentielle de
leur confiance et de leur sympathie.
A cette reconnaissance qui s’adresse à un établissement dans
lequel j’ai parcouru toute ma carrière scientifique, je dois ajouter
aujourd’hui celle qui me porte vers une autre grande Maison dont la
vocation, le passé et l’œuvre continue réalisent le plus glorieux
symbole de la science et de la spiritualité françaises. Après avoir
été touché en peu de mois, à plusieurs reprises, par l’attention dè
cette illustre Compagnie, être appelé à participer à une telle œuvre,
il faudrait, certes, bien de la présomption, et beaucoup de hardiesse
pour s’en croire digne. Et si je suis effrayé de ma propre responsa-
bilité devant les devoirs que de telles désignations impliquent, je ne
puis expliquer celles-ci que par une certaine erreur d’appréciation
concernant mes mérites, résultat de l’action d’hommes éminents
qui m’ont livré avec leur sympathie, par un excès de cœur, trop de
bienveillance.
Je ne puis donc oublier en ce jour Monsieur Alfred Lacroix qui,
depuis tant d’années, m’a conseillé de ses sages avis et dont l’exemple
est comme une route perpétuellement creusée dans la roche.
' A mon maître, M. Gabriel Bertrand, je dois, non seulement tant
d’encouragements répétés et efficaces, depuis plus de. 20 ans, mais
aussi les leçons sur ce que représentent un fait et un mot, sur ce
concept de la rigueur dans la pensée et dans la forme dont son
œuvre de chimiste et de naturaliste est la traduction et l’illustration
incomparables.
A l’éminent ami M. Auguste Chevalier je dois de m’avoir insufflé
également le moyen, que je m’efforcerai de ne pas perdre plus tard,
de garder la jeunesse par l’enthousiasme, le labeur, l’observation et
la réflexion sans cesse renouvelées qui ne connaissent, chez lui, ni
répit, ni fatigue, et qui, promises à la recherche désintéressée,
ouvrent son exemple à tous ceux qui cherchent une voie de dignité
et de découvertes.
Je ne saurais oublier M. Charles Mauguin qui fut le maître en
minéralogie avant de devenir l’ami et le compagnon des excursions
mycologiques, MM. René Souèges, Louis Blaringhem et Louis Lutz
qui m’accueillirent il y a 25 ans à la Société Botanique sans jamais
m’oublier depuis, et à beaucoup d’autres dont les noms se pressent
dans ma mémoire.
Mais, derrière moi, deux grandes ombres se profilent, toujours
vivantes. C’est elles que je suis venu évoquer en ce jour.
Né à Paris le 8 septembre 1852, mais d’origine lorraine, Louis
Mangin, de famille modeste, poussé vers la carrière de l’enseigne-
ment technique, manifeste bientôt d’autres ambitions, servies par
son intelligence et son ardeur au travail. Jeune professeur au lycée
de Nancy, il suit les cours de la Faculté des Sciences de cette ville,
devient l’élève de Le Monnier, botaniste réputé qui le recommande
auprès de Van Tieghem, au laboratoire duquel Mangin prépare sa
thèse de doctorat.
Ce premier travail porte la marque de la conscience de son auteur,
de son aptitude au dessin, de la clarté de son esprit. Mangin le
poursuivit dans la salle des travailleurs, voisine du bureau de Van
Tieghem, pièce basse et poussiéreuse qui, au 63 de la rue de Bufïon,
accueillait les élèves du célèbre botaniste avant de devenir, vingt
ans plus tard, la salle d’ Herbier de l’ancien laboratoire de Cryto-
gamie dont Mangin devait être précisément le premier directeur.
Professeur au lycée Louis-le-Grand à 29 ans, Mangin y restera
plus de 20 ans, partageant son temps entre l’enseignement et la
recherche avec maîtrise et avec conscience.'
Il sait non seulement enseigner l’histoire naturelle aux jeunes, les
amener à en découvrir le côté à la fois rigoureux et attachant, mais
aussi les initier à l’art étonnant du cours, imprégné d’une limpidité
qui laissait dans l’esprit de chacun une trace définitive. Combien de
personnalités du siècle se sont rappelées avec émotion ces leçons
et ce maître !
Mais ce professeur hors ligne ne se contente pas de façonner
l’esprit des jeunes dans le moule d’une méthode rigoureuse qui
emprunte à la fois au raisonnement et à l’observation. Il a soif de
travail solitaire, de recherches originales. Et il saura durant vingt
années soutenir ce défi d’être à la fois un maître et un parfait étu-
diant. Chercheur opiniâtre, sûr de lui-même, ne connaissant ni
fatigue ni découragement, il a pu ainsi, en marge de son art pro-
fessoral, prendre rang parmi les grands noms de la botanique fran-
çaise. Durant son séjour à Louis-le-Grand il soutient un effort
exceptionnel, se levant chaque matin à cinq heures et travaillant
sans relâche jusqu’à l’ouverture de ses cours matinaux. Car vivre,
pour ce chercheur, ce n’est pas se laisser aller comme une pierre
qui glisse sur la glace, mais bien remonter, à force de rames, le cou-
rant. C’est pendant ces dures années que Mangin entreprend les
travaux physiologiques et microchimiques qui assureront sa renom-
mée botanique et le conduiront au Muséum et à l’Institut. C’est
— 229 —
alors qu’il commence à s’orienter vers la pathologie végétale à laquelle
il se consacrera plus spécialement ensuite.
En 1904, l’Assemblée des Professeurs du Muséum, reprenant un
vœu déjà ancien, et profitant de la vacance de la chaire de Physio-
logie appliquée à l’Agriculture, provoquée par la mort de Dehéraipt,
propose la substitution à celle-ci d’une chaire de Cryptogamie. Bientôt
après, Louis Mangin est nommé professeur titulaire du nouveau
service, où une tâche nouvelle l’attendait.
★
* *
L’un des caractères essentiels de l’œuvre scientifique de Louis
Mangin réside dans le déroulement cohérent de ses travaux, dans
leur spécialisation méthodique s’appliquant successivement à des
secteurs très divers de la Botanique. Ses premières recherches qui
aboutirent à sa thèse de doctorat, concernent l’anatomie des Mono-
cotylédones. Puis il aborde, en collaboration avec Gaston Bonnier,
le domaine de la physiologie végétale, celle des Champignons comme
celle des plantes supérieures : vie dans l’air confiné, respiration et
transpiration, influence de la lumière et de l’obscurité sur la respira-
tion et l’action chlorophyllienne, échanges gazeux, rôle des stomates
dans la pénétration ou la sortie des gaz.
Vers 1888, il s’oriente vers la microchimie des membranes végé-
tales, d’où résultera la partie la plus importante de son œuvre.
L’étude de la membrane chez les champignons parasites l’amène
à la pathologie végétale, dont il restera l’un des fondateurs. La
phytopathologie l’entraîne à diverses reprises à préciser des questions
purement mycologiques, sur les micromycètes surtout.
Nommé Professeur de Cryptogamie au Muséum, ayant les Algues
parmi les spécialités de sa chaire, il croit de son devoir d’en aborder
l’étude. De 1906 jusqu’au terme de sa longue carrière, le plancton
marin, et particulièrement les Péridiniens, occupe la plus grande
partie du temps qu’il peut consacrer à la recherche scientifique.
A partir de 1920, devenu Directeur du Muséum National, c’est sur-
tout au domaine algologique qu’il consacre les rares moments de
liberté que ses fonctions administratives lui laissent encore. Accep-
tant, à la mort d’Edmond Perrier, la direction du Laboratoire
maritime de Tatihou, plus tard transporté par ses soins à Saint-
Servan, aujourd’hui à Dinard, il s’attache particulièrement à l’or-
ganisation de cette station, réunissant autour de lui toute une pléiade
d’algologues, de zoologistes, de physiologistes, et de jeunes étudiants
qui s’oyvrent ainsi à l’étude du monde marin.
Avant Louis Mangin on admettait généralement que les mem-
branes végétales étaient composées essentiellement de cellulose, et
l’on interprétait les modifications dans les- propriétés physico-
chimiques de cette substance comme dues aux composés incrustants
qui pénètrent les téguments cellulaires. Cette conception de Limité
de constitution de la membrane végétale a été battue en brèche et
profondément modifiée par les travaux de Mangin qui a admis
l’existence de trois groupes de substances fondamentales dans les
tissus : la cellulose vraie, les composés pectiques et la callose, et
c’est à lui que revient le mérite d’avoir tenté, le premier, de les dis-
tinguer grâce à l’action de colorants organiques sélectifs, qu’une
industrie naissante commençait alors à livrer à la teinturerie et à la
technique des tissus imprimés, Mangin sait trouver parmi eux cer-
tains réactifs qui lui permettent de distinguer les substances fonda-
mentales des membranes. Il précise la valeur et le mode d’emploi
des réactifs iodés, il y ajoute les colorants acides pour la caractérisa-
tion de la cellulose. Les composés pectiques, dont l’existence n’avait
été qu’entrevue, semblent se percevoir grâce à l’élection de certains
colorants basiques, notamment le rouge de ruthénium. La callose,
qu’on ne connaissait que dans le bouchon qui oblitère les tubes cri-
blés, est découverte par Mangin dans les tissus les plus divers, à
l’état transitoire ou aberrant chez les Phanérogames, à l’état normal
chez les Champignons.
Le domaine des micromycètes parasites fournit à Mangin un choix
fécond pour une telle étude. Alors que chez les Phanérogames la
cellulose est presque toujours associée aux composés pectiques, chez
les Champignons la composition de la membrane est essentiellement
variable selon les groupes, comportant de la cellulose liée chez les
Péronosporées à la callose, chez les Mucorinées aux composés pec-
tiques, par exemple.
L’étude des membranes amène Mangin à étudier les phénomènes
de gélification et par suite les mucilages, provenant d’une altération
dans la structure moléculaire des composés pectiques. Il distingue les
gommes d’origine intercellulaire de celles d’origine cellulaire. Il
caractérise la liquéfaction à la lumière d’exemples typiques : désar-
ticulation des conidies chez les Péronosporées, dissolution du spo-
range de certaines Mucorinées ou des asques de Sphériacées. Il
précise l’origine de la gélification, forme incomplète de liquéfaction
où la quantité d’eau absorbée est limitée. Il sépare les mucilages
simples (cellulosiques, pectosiques, callosiques), des mucilages mixtes
ou celluloso-pectosiques. Il étudie plusieurs exemples de dissémina-
tion des spores par liquéfaction.
Mangin prolonge plus tard ses études sur la membrane des cham-
pignons par de nouvelles recherches sur celle des Algues. Il établit
ainsi que la cuirasse des Péridiniens est composée de cellulose pure,
analogue à celle des Phanérogames ; par contre, les composés pec-
tiques y sont absents ou exceptionnels. Ce n’est que dans les espèces
où l’on note la formation de kystes, comme Ceratium cornutum, que
la présence simultanée de cellulose, de composés pectiques et de
caïlosp s’observe selon un déroulement progressif. D’autre part,
Mangin découvre que la valve des Diatomées est exclusivement
formée de composés pectiques, ce qui explique la gélification fré-
quente de la partie extérieure de cette membrane. Ainsi est-il amené
à proposer une méthode de différenciation commode des organismes
végétaux constituant le plancton, selon deux séries d’épreuves : dans
l’une, grâce à l’acide iodhydrique iodé fumant, on colore en bleu
violacé les Péridiniens, dans l’autre, par le moyen de l’hématoxyline
alunée, la structure des Diatomées apparaît très visiblement tandis
que les Péridiniens offrent une membrane incolore autour d’un con-
tenu plasmatique seul coloré.
Certes, des travaux d’ordre microchimique entrepris par' Mangin
sur les membranes, aujourd’hui ne subsiste-t-il pas tous les éléments.
Des recherches spécifiquement chimiques ont déjà complété ou modi-
fié une partie des résultats obtenus par lui. Peu à peu, les matières
pectiques se sont identifiées aux substances variées dont les traits
communs ne concernent que la présence d’acides uronicfues dans les
molécules et certaines propriétés physiques. Car cette gamme mul-
tiple va de l’algine des Phéophycées, formée du seul acide mannuro-
nique, jusqu’au complexe de la gomme arabique où se retrouvent
arabinose, galactose, rhamnose et acide glycuronique. Mais il con-
vient de rappeler que dans un domaine d’investigations et d’inter-
prétations aussi difficile, Mangin conserve l’immense mérite du
pionnier ; il a su d’autre part tirer de procédés simples - — qui ne
nous paraissent trop simples qu’aujourd’hui — sans considération
'délicate de chimie analytique, mais seulement avec des diagnostics
tirés de phénomènes de teinture, le maximum de données valables.
Son esprit d’observation, en quelque sorte automatique, spontané,
devancé par un côté inductif exceptionnelle sens étonnant qu’il avait
à découvrir les notions commodes et pratiques, cette sorte de divina-
tion de l’utile qu’il introduisait inconsciemment et lumineusement
dans ses recherches et dont il imposait la marque à ses conclusions,
ont trouvé dans l’analyse microchimiqué des membranes le domaine
d’excellence, celui qui porte le mieux; l’empreinte de la clarté presque
excessive de son esprit.
Parmi les travaux physiologiques de Mangin, ceux qui concernent
les champignons occupent une place notable. En collaboration avec
Gaston Bonnier, il étudie la vie de ces cryptogames dans l’air confiné
et, d’une façon plus générale, leur respiration et leur transpiration.
Le mémoire, publié en 1883 par ces deux botanistes, est couronné à
l’Institut la même année parle prix Desmazières. Deux méthodes sont
utilisées par les deux auteurs pour l’étude de la respiration: celle de
l’air confiné, avec analyse volumétrique des gaz, celle de l’air cons-
tamment renouvelé, avec utilisation des liqueurs titrées. L’appareil
employé constitue une ingénieuse modification de l’eudiomètre à tube
capillaire de Leclerc ; il permet de déterminer en peu de temps la
composition des mélanges d’azote, d’oxygène et de gaz carbonique
sans avoir à corriger les résultats selon la température et la pression.
Les auteurs, s’adressant aux Mucorinées, Trémellinées, Agaricacées,
Polyporées, concluent que la respiration normale consiste simple-
ment, comme chez les animaux, en une absorption d’oxygène et un
dégagement d’acide carbonique, sans émission d’hydrogène ni
CO2
d’azote. Le rapport — — reste inférieur à l’unité, sauf chez les Muco-
rinées où il se montre égal à un. -Il y a donc fixation d’oxvgène au
cours du processus respiratoire chez les Champignons. Le phéno-
mène lui-même n’est pas lié au milieu, mais son intensité dépend de
celui-ci : elle augmente avec l’état hygrométrique de l’air, avec la
température, et diminue avec un accroissement de luminosité. Les
auteurs établissent en outre que l’intensité de la transpiration
augmente avec la température et la lumière, mais diminue quand le
degré hygrométrique de l’air augmente. Dans un travail ultérieur,
ils montrent que, chez les tissus non chlorophylliens des plantes
supérieures, la chaleur accélère la respiration alors que la lumière,
ici encore, la diminue. Une grande partie de ces données est demeurée
acquise.
Ces recherches étendues aux organés souterrains, aux graines,
montraient que le quotient respiratoire variait selon les phases de
croissance et l’état biochimique de la plante, selon que celle-ci
emmagasine ses réserves ou au contraire les brûle, et suivant la
composition de celles-ci.
De ce point de départ, Mangin et Bonnier sont bien placés pour
aborder les rapports entre la respiration et l’assimilation chloro-
phyllienne chez les plantes vertes exposées à la lumière. Ici, con-
trairement à ce qu’on observe à l’obscurité, c’est le gaz carbonique
qui est absorbé et l’oxygène rejeté. Par des astuces expérimentales,
l’emploi d’anesthésiques suspendant l’assimilation, l’introduction
233 —
d’eau de baryte dans l’une des enceintes où une partie du CO2 est
ainsi soustraite à l’assimilation, par l’utilisation, concurremment,
de feuilles vertes et jaunes, ils montrent que le quotient d’assimila-
tion est en général sûpérieur à l’unité, le volume d’oxygène exhalé
dépassant d’un quart environ celui du CO2 absorbé. L’excédent
d’oxygène rejeté par la plante devait être découvert dans la réduc-
tion de certains composés, nitrates et sulfates principalement.
Ge sont les travaux classiques de Maquenne et Demoussy qui, un
peu plus tard, ont montré que ces chiffres dépendaient notable-
ment de l’état des organes chlorophylliens, c’est-à-dire de leur com-
position chimique. La grande solubilité de l’acide carbonique dans
l’eau explique qu’une partie notable de ce gaz soit retenue par la
plante, d’où diminution du quotient respiratoire, d’où augmentation
du quotient d’assimilation. Mais l’explication ainsi donnée n’en taisse
pas moins aux travaux de Mangin et Bonnier la valeur d’une étape
essentielle dans l’histoire de cette partie de la physique végétale.
Cependant, la collaboration entre les deux botanistes a cessé, et
pour toujours. Chacun poursuivra, de son côté, sa route. Mangin
continuera à étudier, seul, la respiration des bourgeons, du pollen,
la perméabilité de l’épiderme aux divers gaz, le rôle important des
stomates Sous-estimé par Boussingault. Il indique que l’absence de
stomates chez les végétaux aquatiques trouve sa compensation dans
la haute perméabilité de l’épiderme.
Plus tard, Mangin combinera ses souvenirs et ses recherches phy-
siologiques et phytopathologiques en examinant les causes de dépéris-
sement des arbres dans les grandes villes par suite de l’insuffisance
dans l’aération du sol.
★
¥ *
Amené à étudier la ‘membrane des champignons parasites, notam-
ment des Péronosporées, Mangin est conduit à récolter de nom-
breuses espèces de 'ce groupe ; il en fournit ainsi une liste pour la
région parisienne. Ce fut son premier travail de pathologie végétale
(1890). Quatre ans plus tard, le Journal d’Agriculture Pratique, la
Reçue Horticole, la Reçue de Viticulture, le chargent d’articles phyto-
pathologiques. Dès lors, Mangin publie de nombreuses notes, soit
originales, soit de mises au point, sur les maladies des plantes culti-
vées. Il s’intéresse plus spécialement aux traitements mercuriels et
cupriques des affections de la Vigne, à la végétation des plantations
des villes, aux gommoses, aux maladies des œillets, au Diplodia des
pommes, aux pulvérisations arsénicales.
En 1899, son beau mémoire, aujourd’hui classique, sur le piétin
du blé est couronné par l’Académie Royale des Sciences et des
Lettres de Danemark qui lui attribue le prix Classen. Dans cette
— '234
importante publication Mangin met en évidence un certain nombre
de champignons associés dans l’envahissement du blé par la maladie
dite du piétin. Le mode de développement de Y Ophiobolus graminis
et de Leptosphaeria herpotrichoicles, l’éjection des ascospores hors des
périthèces, la germination des spores, les résultats positifs des essais
d’inoculation à partir de ces deux espèces, l’importance du pouvoir
pathogène du Leptosphaeria y sont étudiés minutieusement, avec
l’aide des techniques rigoureuses microchimiques et anatomiques que
Mangin possédait parfaitement.
A partir de 1901, sa collaboration avec P. Viala se précise et
donne lieu à plusieurs recherches sur les maladies de la Vigne, dont
la phtxriose, sévissant en Palestine, et résultant de l’association de
deux organismes, une cochenille blanche et un champignon remar-
quable que Mangin et Viala ont appelé Bornetina corium et que
nous avons rattaché ultérieurement, ainsi que Reichert, aux Poly-
pores. Cette cochenille, aérienne dans les régions relativement
humides du Bassin méditerranéen, se réfugie dans le sol en Palestine
par suite de la sécheresse et de la température estivale élevées. Les
spores de Bornetina, transportées par les. cochenilles, germent grâce
au liquide excrété ou à l’influence des piqûres exercées par ces
insectes sur les racines. Ainsi apparaît le mycélium qui finalement
forme autour des racines une gaîne épaisse provoquant l’asphyxie
de la plante. L’envahissement de tout le système radiculaire se pro-
page peu à peu grâce au déplacement des cochenilles. Mangin et
Viala ont étudié minutieusement cette curieuse maladie dans deux
mémoires substantiels.
Avec Hariot, Mangin étudie la maladie du rouge du sapin pec-
tiné, avec Patouillard les ehampigons des charpentes. L’Associa-
tion centrale des architectes demande à Mangin de présider son
conseil scientifique ; son influence s’y exerce avec autorité et utilité.
★
* *
%
S’il est permis d’apporter un jugement de spécialiste parmi l’œuvre
mycologique très variée de Mangin, on peut dire que deux de ses
publications offrent un intérêt très original. L’une concerne l’étude,
faite en collaboration avec Patouillard, sur le groupe remarquable
des Atichiales. L’autre est une note publiée dans le Bulletin de la
Société Botanique de France en 1908, sur la « nécessité de préciser
les diagnoses de moisissures ». Mangin a su montrer par là qu’il
s’était fort bien adapté à la Systématique, quoiqu’il la comprît avec
une formation propre de physiologiste. Il a su faire une remarquable
analyse du Pénicillium glaucum dont il s’était procuré des souches
très diverses. « J’ai constaté, dit-il, que l’appareil conidien qui sert
de base à la plupart des diagnoses est essentiellement variable avec
— 235 —
la température et avec le milieu ». Quand la culture est réalisée ,à
l’optimum de température et dans le milieu le plus favorable, les
appareils conidiens formés ont des spores très uniformes correspon-
dant au minimum des dimensions. Si la culture est réalisée en deçà
ou au delà de cet optimum, le polymorphisme sporal se manifeste ;
il constitue le premier terme des déformations considérables que
les individus subissent au voisinage des limites de la Végétation. Con-
clusion: c’est à l’optimum de végétation que les diagnoses doivent être
établies. Et Mangin concluait : « Il est donc vraisemblable que les
nombreuses espèces qui encombrent actuellement la nomenclature
avec des diagnoses imprécises ne sont que les formes diverses d’es-
pèces déjà connues et cultivées ou récoltées dans des conditions de
milieu très différentes. » Sans doute Mangin a-t-il exagéré l’opinion
que les résultats qu’il avait obtenus autorisaient. Sans doute con-
vient-il de limiter la critique, par laquelle Mangin terminait ce tra-
vail, à des faits qui laissent d’autre part intacte la notion, dont l’im-
portance grandit, de microespèce. Mais ce court travail lui a permis
de poser la Systématique des moisissures sur un terrain nouveau en
s’attachant à éliminer .certaines causes de variations dans les dia-
gnoses spécifiques. Ici encore, il sut précéder les autres. Et il me
plaît de trouver là une critique d’une certaine Systématique étroite
dont la signification reste trop souvent enfermée, par le fait de ses
professionnels, dans son absolu et son intolérance. Une telle Systéma-
tique, momifiée, compliquée à l’infini, pédante, traduction de l’in-
suffisance de nos sens, est le contraire de l’expérience, cette arme qui
fait la puissance réelle de l’homme de science. Mangin, simplement,
a lancé son caillou dans l’édifice rigide des classifications statiques,
muettes et désuètes.
★
* * *
Louis Mangin est l’homme du devoir. Nommé Professeur de Cryp-
togamie au Muséum, alors physiologiste, phytopathologiste, myco-
logue, il considère qu’il se doit désormais à l’étude des Algues qui
constituent le second domaine d’importance de cette chaire dont le
titre s’applique à des objectifs immenses. C’est ainsi que l’étude des
Algues marines planctoniques, alors encore peu en faveur, .retiendra
ses observations, et plus spécialement celle des Péridiniens d’abord,
des .Diatomées ensuite. Il a apporté à cet examen des préoccupations
nouvelles, personnelles, grâce à son origine scientifique, qui l’éloigne
a priori de la conception étroitement morphologique et trop peu
pénétrée d’esprit critique des spécialistes systématiciens d’alors.
Peu à peu, Mangin recevra des matériaux de tous côtés. Au Labora-
toire de Saint-Vaast-La-Hougue il est à pied d’œuvre pour étudier
certains Périnidiens dont les individus asymétriques, soit dextres,
236 —
soit senestres, l’incitent à proposer quelques retouches à la Nomen-
clature. Les récoltes du Pourquoi-Pas ? lui fournissent par ailleurs de
nombreux exemples d’un polymorphisme extrême. Mangin établit
en effet que la forme et la variété des sculptures des valves ont moins
encore de fixité que la structure de l’endochrome sur laquelle Petit
rnavait pas réussi à appeler l’attention des taxonomistes. Mangin
montre que les nombreuses formes de Biddulphia, décrites comme
espèces distinctes par Van Heurck selon que les valves sont lisses,
ponctuées, tuberculeuses, mucronées, épineuses, doivent être consi-
dérées comme des variations ornementales d’une même espèce, car
on passe insensiblement d’un type à l’autre. Concept peut-être un peu
trop simple, certes, du déterminisme de la variation, mais qui met-
tait l’accent sur la fragilité d’un système de classification fondé
exclusivement sur la forme et la structure des valves. De même, si
Castracane a séparé dans deux genres distincts deux formes d’une
seule espèce que Mangin identifie à Y Eucampia antarctica, c’est que
le premier auteur n’a pas saisi toutes les phases de la transformation
des formes à membrane mince en formes à membrane épaisse et
fortement stratifiée. Ce sont ces divers états de développement qui
ont été considérés à tort comme des formes d’été et des formes de
repos. Sur d’autres exemples encore Mangin établit « l’extrême
malléabilité de plantes qui paraissaient soustraites, par la rigidité
de leur cuirasse, aux influences extérieures. » w
Le dernier mémoire important qu’ait publié Louis Mangin cons-
titue le résultat des' examens du phytoplancton antarctique recueilli
par l’expédition du navire anglais Scotia dans les mers du Sud.
Mangin a étudié le contenu de 160 flacons de récoltes, publié leur
composition algale respective, et fourni d’importantes considéra-
tions critiques et phytogéographiques à leur propos. Il s’est étendu
spécialement sur une Diatomée des mers antarctiques, le Chaeto-
ceros criophilus, dont la forme antarctique n’a rien de commun avec
celles désignées sous le même nom dans les régions arctiques : l’étude
précise des chaînes, de leurs valves supérieures et inférieures, de
l’insertion des cornes, des intumescences et de la structure de celles-
ci, oionduit Mangin à établir la constance des formes et dimensions
du type strictement antarctique, alors que l’espèce arctique, variable,
est bien distincte et montre notamment des cornes qui décrivent une
courbure dont la concavité est dirigée du côté du sommet de la
chaîne. Parmi les Péridiniales, auxquelles va sa prédilection, I*ouis
Mangin examine les Ceratium, les Peridinium, les Dipophysis , les
Goniodoma, et surtout les remarquables Ornithocercus aux valves si
curieuses, aux collerettes énormes marquées d’une nervation compli-
quée dont la main experte de Mangin se plaît à reconstituer, selon
un trait sûr, qui ne tremble jamais, le contour et le détail.
Si je fus présenté à Louis Mangin par mon professeur de collège,
Florent Widlocher, qui fut son collègue à Louis le Grand, ç’est
Mangin qui, en m’ouvrant son laboratoire, alors que je n’avais pas
20 ans, me permit de rencontrer Fernand Camus.
Et c’est le Dr Camus, dont j’avais déjà reçu l’accueil d’une bien-
veillance nuancée de retenue un peu mystérieuse, de son indulgence
faite d’une inlassable patience, de son érudition infinie, qui me pré-
senta à Patouillard, lequel fut pour moi le maître, le conducteur,
comme il le fut pour mon ami Georges Malençon. Ah ! ces souvenirs
de l’homme dont les connaissances n’étaient jamais en défaut. Cette
sensation de plénitude dans la confiance qu’on éprouvait à son côté.
Non pas le spécialiste qui connaît ses espèces, mais le grand natura-
liste qui sait tout, dont la prodigieuse mémoire court sur le clavier des
souvenirs comme le doigt du maître pianiste qui cherche et retrouve
infailliblement sa note, le prestigieux mycologue dont le sens des
affinités allait plus vite encore que le savoir parce que l’intuition,
chez lui, était comme un coursier aux. reins solides, et non pas la
pauvre fusée de ces théoriciens dont l’imagination se perd vers les
nébuleuses pour retomber, un jour, comme un éclat sans lumière,
le naturaliste dont je mesurais avec admiration à la fois la mémoire,
le coup d’œil, le jugetnent, et, selon les cas, la prudence ou l’audace.
Toutes ses qualités sensitives concouraient à sa perspicacité : il
possédait l’œil, l’odorat, le sens gustatif, le toucher, dont il se servait
concurremment pour identifier, pour reconnaître. Rien n’échappait
à ce magicien qui sut monopoliser le savoir dans sa modestie, et
qu’on ne remplacera jamais. Il avait une manière énigmatique de me
dire en regardant un échantillon qu’on lui apportait : « Prend le
Lloyd et regarde donc à la page 247, en bas, à gauche, tu y décou-
vriras le dessin de cette espèce que de Lagerheim a décrite sur le
seul spécimen connu, qui venait de l’Amazone. Et je le reconnais. »
Il le reconnaissait, certes, quoique ne l’ayant jamais vu. Et main-
tenant que plus de vingt années me séparent de cette époque, je
juge mieux encore celui qui sut demander à ce maître, plus grand
que lui peut-être, de venir au Muséum comme un simple collabora-
teur, comme son adjoint. L’autorité de Mangin et son intelligence
étaient bien au-dessus du sentiment d’ombrage qu’un autre eut
peut-être ressenti auprès d’une autorité aussi puissante que celle de
Patouillard. Et la science de ce dernier était si haute qu’il n’avait
rien à craindre, lui non plus, dans sa dignité, de cette situation de
second ordre. L’association ainsi établie était celle de deux puis-
sances, chacune ayant sa qualité propre. Malheureusement, elle fut
brève. Mais mesurez aujourd’hui la valeur des noms dont Mangin
238 —
s’entoura : Hariot, Pelourde, Mirande, Camus, Patouillard,
Allorge, tous trop tôt disparus, mais tous qui furent ou devinrent
des maîtres. C’est bien à Mangin et à ses choix que ia Cryptogamie
française doit, au sein du Muséum National, son rayonnement.
Mangin n’a peut-être pas laissé d’élève, au sens propre du terme,
mais il fut quand même un grand patron.
Le patron ! mot charmant, plein de sensibilité respectueuse et
d’affectueuse confiance. Il n’était, certes, que rarement là parce que
ses obligations, comme directeur du Muséum, étaient ailleurs. Mais
il avait en quelque sorte délégué ses pouvoirs à l’un des préparateurs,
Paul Biers, qui faisait, fonction, selon les têtes, de conseiller ou de
gendarme. Paul Biers, ancien candidat malheureux à la députation,
curieux de la Nature, plus encore du passé, et poète — sous le pseu-
donyme de Paul Marÿllis, — - offrait une physionomie notablement
originale. Mangin, qui le bousculait quelque peu, ne pouvait point
s’en passer. Il était le pivot et le gardien du Laboratoire de Crypto-
gamie, qu’il gagnait et quittait à heures rigoureusement fixes. Hors
de ces heures, la porte était fermée, comme dans un Ministère. J’ai
eu le privilège rare d’être son jeune ami, car il ne donnait pas sa
sympathie à chacun. Sur l’œuvre scientifique de Paul Biers, certes,
on ne saurait guère s’étendre quoiqu’il ait exprimé quelques idées
originales sur le parasitisme. Par contre, fin lettré, bibliographe
passionné, il a tracé sur l’Histoire du Jardin des Plantes, sur les
grands voyageurs du début du xixe siècle, sur Durieu de Maison-
neuve, sur quelques botanistes de sa province natale qu’il chérissait
— - la Gascogne — des notices documentées et pleines de verve. Il eût
fait un remarquable conservateur dans une bibliothèque de pro-
vince. Je n’oublie point non plus ses poésies nuancées de mélancolie
et marquées de la touche du naturaliste. Ecoutez l’impromptu qu’il
crayonna en juillet 1917, retour du cimetière de Bagneux où il était
allé accompagner à sa dernière demeure Paul Hariot, l’excellent
botaniste, qui fut le premier sous-directeur du Laboratoire de Crypto-
gamie du Muséum :
Dans les bosquets remplis de fleurs, pendant l’été
Nous avons parcouru la dolente cité
Accompagnant celui qu’on porte au noir mystère,
Qui chute de la vie en ce champ funéraire...
Adieu... Mais près de toi l’herbe douce fleurit ;
Un oiseau chante et passe en l’azur qui sourit ;
Les arbres sont feuillus. Quel beau soleil les dore ?
La Nature en son sein reçoit l’amant de Flore !
Il avait le jugement droit, même excellent, un caractère assez
difficile, — il fallait savoir l’aborder - — - et un esprit à la fois très
curieux et très discret, qui en faisait sans doute le charme. Nous
239
nous retrouvions tous deux, chaque jour, en ce petit restaurant de
la place de Jussieu, au 1er étage, où j’ai passé durant des années
mes heures de repas. Quelle verve ! quelles étincelles ! quels juge-
ments ! Tout le Muséum y est passé, et je dois à Biers d’avoir con-
servé l’écho vivant de ce que fut cette maison du temps où Main-
dron s’efforçait non sans succès de la déconsidérer dans son Arbre
de Science. J’avais donc un peu plus de vingt ans et Biers touchait
à la soixantaine. Plus de vingt autres années ont passé sur ces sou-
venirs, mais sans effacer la vision de cette figure amie et loyale
d’honnête homme, qui méritait mieux que son sort.
C’était le temps heureux d’entre deux guerres où Gnntran Hamel
travaillait aux Algues de France au milieu d’un incroyable désordre.
Cher et pauvre Gontran, étonnant personnage dont la vie fut un
déroulement de fantaisie, d’originalité et de mystères jusques et
y c'ompris la mort brutale, par une balle allemande dans la nuque,
sur la route de Chartres, au moment de la Libération. Il était à la
fois excellent musicien et botaniste consommé, absolument dégagé
de toute contingence vestimentaire ou horaire, mais d’un jugement
sûr en ce qui concerne les Algues, et les hommes ! Démocrate mili-
tant, mais plutôt incapable de se soumettre à une discipline, il était
encore d’une discrétion incroyable. Il était aussi et avant tout le
meilleur algologue que notre pays ait eu après Sauvageau. * Il fut
le conseiller de maint débutant. Je salue ici avec émotion sa mémoire.
Bien d’autres visages, qui ont passé — - ils passent vite — venaient
alors peupler la grande salle commune du rez-de-chaussée, destinée
aux algologues. Certains ont disparu dans la dernière tourmente :
Chemin, sceptique et aimable, l’abbé Frémy, toujours souriant et
étonné. Enfin de multiples visiteurs traversaient la salle pour aller
joindre le patron en son petit cabinet de réception. Tous les candidats
à l’Académie des Sciences y défilèrent, certains périodiquement.
★
* ¥
Et je voudrais que dans le désordre des esprits qui cherchent en
vain des règles et des professions de foi, on se souvienne de ce que
fut la ligne de conduite et la ligne d’action d’un homme comme
Louis Mangin.
Il était un chef. Il en avait non seulement les qualités, mais la
nature. Il était fait pour diriger, pour présider et pour décider. Il
avait du chef les marques essentielles : la prestance, de la personne
et du verbe, la lucidité, la clarté simplificatrice. Pour lui, présider
une commission relevait non seulement de ses attributions, mais de
son métier. Il présidait au fauteuil comme un gladiateur s’installe
dans l’arène, face à l’ennemi. Et pour lui l’adversaire c’était celui qui
allait présenter une communication. Oh ! le malheureux. Il allait
240 —
souvent à l’échafaud. Mangin le considérait à peu près exactement
comme un élève dans la classe de Louis-le-Grand où il professait
vingt ou trente ans auparavant. Il s’agissait d’être bref et lumineux,
sinon la partie était perdue, surtout au voisinage de midi, quand le
déjeûner réclamait impérieusement le Président qui n’aimait pas
laisser les Commissions s’attarder à une telle heure qui eût pu devenir
douloureuse. Alors l’orateur était interrompu, son exposé résumé en
quelques mots et le débat clos en moins de deux. Je ne suis pas cer-
tain que Mangin en ait toujours suivi le déroulement avec une par-
faite attention. Mais il avait l’intuition inégalable, un sens parti-
culier qui amenait irrémédiablement le déclic de' son interruption
au moment con.venable, au moment où l’orateur allait commencer
à s’égarer. En réalité, il ne faisait aucune différence entre une
personnalité scientifique, un collègue, et un élève de lycée. Il conti-
nuait à faire passer des examens, à noter et à juger. Parce qu’il
aimait être le chef, certes, mais aussi parce qu’il était imprégné d’un
besoin de justice et que pour lui cette tâche de noter impliquait une
responsabilité morale à laquelle il tenait beaucoup de ne point
échapper. En fait, il aimait les jeunes, il aimait les étudier, les peser
et les aider. Il aimait les sentir raisonner et suivre le déroulement de
leur personnalité. Et pareillement, il aimait entendre une communi-
cation comme une leçon, comme un cours qu’on présente. Il était le
technicien de l’exposé, le grand juge fait pour l’agrégation. Il était
un découvreur d’hommes.
De Louis Mangin, j’ai été le préparateur, l’assistant, le collabora-
teur intime, souvent le confident ; à lui d’abord je dois d’être ici en
ce jour. Je n’oublierai jamais le regard paternel et bienveillant qu’il
me livrait. En toute franchise, sur le plan scientifique, je ne crois pas
qu’il ait exercé sur moi une influence, et il n’a jamais cherché à la
manifester. Il avait simplement confiance. Durant les quatre années
où j’ai poursuivi ma thèse, seul, réduit à mes propres moyens, il ne
m’a jamais questionné à ce propos', et jusqu’au jour de la soutenance
je crois qu’il eût été incapable de dire quel en était le sujet. Mais il
eût volontiers affirmé violemment l’opinion très favorable qu’il en
avait. En fait, entre lui et le jeune homme qu’il avait rencontré
il y avait quelque chose qui n’existait peut-être pas entre lui et un
autre, une compréhension, une sympathie et une confiance mutuelles,
immédiatement ajustée, dont nous deux, seulement, connaissions
la solidité. Et cependant il avait 50 ans de plus que moi. Et pour-
tant je suppose bien que ni dans les tendances ni dans la forme de
l’esprit nous n’offrions tellement de points communs. Mais cette
sourde communauté sentimentale se traduisait, je crois, dans une
241
pareille aptitude à dire sa pensée sur les hommes. Certes, il n’y avait
alors que Mangin qui pouvait se permettre des jugements dépourvus
d’aménité à l’égard de naturalistes éminents. Et je les écoutais, ces
jugements, ces révisions sévères, avec étonnement, puis avec intérêt.
Un rideau s’ouvrait devant moi. Je voyais, sur cette scène qu’on
pouvait croire immuable, des statues descendre et des visages
s’élever. Car j’écoutais de même, avec satisfaction, avec ferveur,
l’éloge profond, enthousiaste, convaincu et convaincant, qu’il fai-
sait de Bornet ou de Guignard. Parce que je sentais que ce lutteur,
cet homme brutal, ce maître d’école impitoyable, jugeait selon sa
conscience et selon la vérité, avec violence ou avec amour, mais
avec loyauté. Qu’il ait grossi certains travers, inconsciemment, de
collègues dont il ne prisait guère les publications ou le caractère,
qu’il ait été parfois injuste sans le vouloir, sans doute ou peut-être.
Mais j’aimais en lui ce désir de vérité, ce courage et ce mordant. Non
pas méchanceté, mais droiture. Il avait la dent dure, mais le cœur
était bon. Ce que je lui dois, c’est d’avoir essayé de m’apprendre à
juger les autres hors des réputations toutes faites. A ce propos, je
rappellerai un souvenir personnel. J’avais alors un peu plus de vingt
ans, et je venais de lire aux comptes-rendus, et ailleurs, plusieurs
articles sur un même sujet, signés d’un des botanistes célèbres de
l’époque, un de ceux dont l’autorité et la position étaient parvenues
au faîte. Ces articles m’étaient manifestement apparus basés sur des
erreurs d’observation, de détermination et d’imagination. La presse
en vulgarisait déjà les conclusions, ouvertes sur de larges applica-
tions d’avenir. J’étais frémissant d’une impatience juvénile. Un
autre que Mangin m’eut calmé, et, gentiment, invité au silence.
Eh ! bien, non. Mangin, bien au contraire, m’excita, m’encouragea
davantage, et il présenta ma note à l’Académie des Sciences, sans
hésitation. Cette publication, certes, eut un double résultat : ^lle
rétablit la vérité, et elle me procura l’opposition tenace et sourde de
la personnalité visée, opposition qui se manifesta surtout, dix ans
plus tard, lors de la mise à la retraite de Louis Mangin, quand
l’élève que j’étais n’apparaissait plus que comme une proie, hors du
périmètre de la puissance décadente de son maître. En vérité, ce qui
attirait dans Louis Mangin c’était plus encore l’autorité que le
savoir, le tempérament que l’esprit, la franchise que l’habileté. Et
si j’ai cité cet exemple à l’instant, c’est bien pour marquer de quel
métal était fait le caractère.
★
+ *
Pierre Allorge, de famille normande, est né, lui aussi, à Paris,
le 12 avril 1891. Il ne connut pas sa mère qui mourut trois mois après
sa naissance, et ce fut sa grand’mère paternelle qui l’éleva en même
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
16
— 242 —
temps cfue sa sœur, de quatre ans plus âgée que lui. Dans la petite
ville de Chatou, où la famille Allorge s’installa l’année suivante, le
jeune Pierre, déjà très éveillé, apprend à lire aux côtés de sa petite
sœur Geneviève* car sa santé très, délicate lui interdit la fréquenta-
tion de l’école. Mais dans une maison voisine et amie, celle d’Ernest
Roze, l’excellent botaniste, le jeune enfant découvre un sanctiiaire :
le Jardin d’hiver. Des cactées étonnantes l’habitent. A travers cet
éden, Pierre Allorge entreprend de merveilleuses randonnées, ses
premiers voyages. La cristallisation se réalise. La vocation naît dans
l’amour des plantes. Elle se prolongera par le goût de la Nature.
Et son premier chagrin d’enfant survient en ce jour où il manqua la
causerie qu’Ernest Roze réservait à ses intimes sur les maladies de
la pomme de terre. L’heure en avait été fixée au soir et le petit garçon
devait aller au lit... Il avait 4 ans. Ce fut une longue soirée de pleurs.
A la suite d’une violente crise de rhumatismes, l’enfant, de santé
fragile, doit gagner le Midi. Il a 7 ans. Il y découvre le Jardin public
d’Hyères, édifié par Charles Naudin. C’est alors que le goût pour les
collections se révèle. Muni d’un petit canif, en s’efforçant d’échapper
à la surveillance du gardien, il détache avec soin des fragments
d’écorce sur les arbres du Jardin. La grand’mère était préposée à la
surveillance et chargée de l’avertir au premier danger. Puis, de retour
à la maison, les petits bouts d’écorce étaient classés soigneusement,
par rangées, dans des boîtes numérotées. Cette collection achevée, les
plantes sauvages, puis cultivées, recueillies au voisinage, se retrou-
vèrent dans un petit herbier en deux volumes, son premier herbier.
En 1907, Pierre Allorge entre au Lycée Condorcet où il parcourut
toutes ses études secondaires. En même temps que la passion pour
la Botanique se confirme, une propension vers la linguistique s’af-
firme. En latin et en grec, en philosophie également, il moissonne des
récompenses chaque année et il sera encore l’élève extrêmement
brillant de M. Paul Boyer, un peu plus tard, de 1914 à 1916, à l’Ecole
des Langues orientales. Il y est reçu premier au certificat de langue
russe. En même temps, son esprit affiné, sa sensibilité, le poussent vers
la musique, mais le progrès du mal paralysera ses mains après les
avoir déformées, et il devra renoncer, plus tard, et avec peine, au
plaisir que lui donne Debussy qu’il interprète avec autant de réus-
site au violoncelle et au piano. Entre temps, il a passé sa licence
de sciences naturelles. Le Vexin s’ouvre à ses premières recherches
de naturaliste : il en tirera, comme diplôme d’études, un Essai sur
la géographie botanique des Hauteurs de l’Hautie, en 1913. Car il
est déjà conquis aux idées nouvelles de la géographie botanique,
venues du Nord et de l’Ouest. Ses connaissances des langues étran-
gères lui rendent vite familiers les travaux de Warming, de Drude,
déjà anciens, ceux de Raunkier, récents , ceux de l’école américaine
de Cowles et Cléments, promoteurs de la dynamique des associa-
— 243 —
tions. Il fait la connaissance de Braun-Blanquet. C’est cette notion
mobile d’associations végétales, considérée comme un stade plus
ou moins stable et durable dans une série, progressive ou régressive,
de tels groupements, qui lui paraît la plus lumineuse, la plus com-
plète, la plus vraie. Il l’étudie et l’approfondit. Il l’adopte, l’introduit
dans la littérature scientifique et géographique française. Il la déve-
loppe et l’impose. L’association végétale a pris à ses yeux sa véri-
table signification ; elle est une individualité qui naît, qui vit, mûrit
et vieillit, comme une espèce, comme une plante. Désormais, la voie
de Pierre Allorge est tracée. Il est botaniste, géographe et le demeu-
rera. Et la leçon des faits nous oblige à penser que le brillant élève du
Lycée ne s’est pas trompé de chemin, malgré toutes les vocations
qu’il manifestait par ailleurs. Il sera le promoteur des études de
sociologie végétale en France. Sa thèse sur le Vexin est le monument
nouveau qui montrera la route à toute une pléiade de chercheurs.
Car c’est F Ile de France, et plus particulièrement le Vexin, qui fut
le berceau des études botaniques de Pierre Allorge. Pays dont il
a éprouvé puissamment le charme. Fleuri d’Orchidées et d’Epilobes,
terre de douceur et de santé, scintillant au printemps sous les feux
des abricotiers et des poiriers en fleurs, ouvert aux meilleurs fruits
de chez nous, il est pour Pierre Allorge à la fois le lieu des premières
conquêtes végétales et, plus tard, celui du refuge pour un état très
fragile, déjà compromis irrémédiablement. Je découvre encore par le
souvenir, de sa maison familiale d’Hardricourt, la dernière fois que
nous nous vîmes, au début d’août 1943, le paysage qu’il contemplait
de sa fenêtre. Le fleuve, sorti de l’agglomération parisienne, a trouvé
le temps de s’épurer, d’éliminer une grande part de ses sbuillures.
Un grand boulevard roule, entre des coteaux calcaires ravinés
de fissures, des eaux déjà plus sereines. De hauts peupliers unissent
les campagnes au ciel. Des collines ondulent, s’étirent, couvertes de
taillis de chênes pubescents , de broussailles où se bousculent les
viornes et les prunelliers, et qu’interrompent fréquemment les
pelouses à Fétuques.et à Sesléries. Les Morilles au printemps et les
Cèpes à l’automne. Des fermes et de simples maisons aux tuiles
vieillies, souvent moussues, se pressent dans des décors où-lés verts
les plus tendres et les plus sombres se mêlent et s’opposent. Les églises,
très anciennes, semblent petites, comme des joyaux discrets. Une
grande quiétude, une impression souveraine de paix, d’équilibre, de
/ richesse aussi ; une image délicate, une synthèse optimiste de la
France et de son histoire. C’était bien la terre familiale et mortuaire,
qui convenait à un tel homme, plein d’émotion, de nuances et de
dons.
Si ces collines ont connu ses promenades et ses récoltes phanéro-
gamiques, c’est au Jardin des Plantes que ses débuts de bryologue
se sont affermis. Il doit les premiers conseils à Fernand Camus, sur-
— 244 —
tout, et aussi à J. Cardot, à Charles Douin, à S. Dismier. En. même
temps il s’intéresse aux Algues d’eau douce, alors très négligées en
France, et il commence à réunir une énorme collection de prises d’eau
riches en Algues, qu’il complétera par la suite, au cours de ses nom-
breux voyages. Mais Gaston Bonnier a remarqué les qualités bril-
lantes de son élève. Il le recommande à Louis Mangin qui l’attire au
Muséum et le nomme assistant, en 1922. Pierre Allorge poursuivra
et achèvera sa carrière, tôt interrompue, dans cette grande Maison,
en ce Laboratoire de Cryptogamie dont il sera sous-directeur en 1926,
avant de succéder à Louis Mangin en 1932.
Durant ces vingt dernières années, aidé de sa compagne, si vail-
lante, qui l’accompagne dans tous ses voyages et le soigne avec
un dévouement rare, Pierre Allorge a poursuivi, dans la lutte
incessante de sa volonté contre l’affection implacable qui devait
l’emporter, la mission qu’il s’était assignée. Sa brève existence est
faite de cette lutte héroïque. Car sa spécialité l’entraîne vers de loin-
tains parcours, dans des excursions répétées, en des régions au climat
humide et mou, qui convient mal aux rhumatismes graves qui le
clouent de plus en plus fréquemment sur son fauteuil. Et pourtant
peu de botanistes auront parcouru tant de montagnes et de plaines,
visité tant de forêts et de tourbières, exploré tant de sources et de
lacs. Normandie, Bretagne, Ardennes, Vosges, Jura, Alpes, Massif
Central, Languedoc, Roussillon, Bourgogne, pays basque, Pyré-
nées orientales, Sologne, le reçoivent successivement. En 1914,
il est en Algérie. En 1919 et 1923 il parcourt la Suisse, en 1925*
la Scandinavie, en 1928 la Tchécoslovaquie et la Pologne,
en 1916 il fait partie comme interprète volontaire d’une mission
militaire en Finlande, et en Russie où il retournera en 1930.
Enfin, depuis 1926, il entreprend 26 voyages dans la Péninsule
ibérique qu’il connaît mieux qu’aucun autre botaniste. En 1936,
il organise une mission botanique à la Guadeloupe à laquelle parti-
cipent en même temps que sa femme, Robert Lami, Jean Feldmann,
Rodriguez, Stehlé. En 1937 il part aux Açores avec Mme Allorge.
Ce sera là son dernier voyage hors de France, car les rhumatismes
s’aggravent, et l’orage monte dans le ciel d’Europe. Il sent la vanité
des thérapeutiques, la quasi inutilité de ses cures. Là s’expliquent
cette sorte de continuelle agitation interne, ses projets scientifiques
vers lesquels il se sentait talonné, ses entreprises nouvelles qu’il enga-
geait sans être assuré de pouvoir les conduire loin. Il est directeur de
trois Revues scientifiques, il entreprend deux exsiccata, il dirige
un volume de l’Encyclopédie française, il prépare un gros travail
d’ensemble sur la végétation de la péninsule ibérique, il voudrait
publier une Traité de Biogéographie, un précis d’Algologie le tente,
et il refuse la rédaction d’un volume sur les Muscinées. En 1940-
1941, se sentant plus mal, il intensifie son travail. Sa femme lui
— 245 —
apporte son aide constante, ses collaborateurs Raymond Gaume et
Paul Jo vet lui prêtent activement leur concours. Il en résultera la
publication de cet important volume de la Société Botanique de
France où la part de Pierre Allorge est essentielle : Landes et
pays basque; les pelouses-garrigues d’Olezagutia et la hêtraie
d’Urbasa ; le Chêne-vert et son cortège au versant atlantique du pays
basque espagnol ; les ravins à Fougères de la corniche vasco-canta-
brique ; Algues d’eau douce du pays basque ; la lande maritime autour
de Saint-Jean de-Luz ; Muscinées du pays basque ; une reconnais-
sance bryologique dans la forêt d’Irati ; plantes rares ou intéres-
santes du Nord-Ouest de l’Espagne ; essai de synthèse phytogéogra-
phique du pays basque. Nul doute que l’effort considérable qu’il a
fourni depuis le début de la guerre dans la rédaction de ses travaux
auxquels il a sacrifié bien dès occupations secondaires, n’ait été mené
consciemment parce que le danger l’y poussait. Il sent alors, derrière
lui, la mort qui rôde ; la course est engagée, qu’il ne veut pas perdre
tout à fait. Ses souffrances ont été cruelles et il les a supportées, on
peut le dire, à l’antique, avec sérénité. Allorge, devant la mort, a
eu le courage de ceux des Français qui durant des années de guerre
clandestine ont souri devant elle, avant de lui être livrés.
Je ne m’étendrai point sur l’œuvre phytogéographique de Pierre
Allorge, mais j’essaierai d’en exprimer en quelques mots l’essence.
Il a traduit en langue française et avec la clarté française les méthodes
et les principes essentiels de l’analyse des groupements végétaux dans
leurs relations avec les stations qui les portent. Il a découvert les
filières ^qui unissent, selon une évolution, progressive ou régressive,
les associations de l’Europe occidentale et particulièrement du
domaine atlantique. Il a précisé la composition, la marche ascen-
dante ou descendante, de la série fluviatile, de celles des tourbières à
Hypnacées, de la série des tourbières à Sphaignes, de la série lacustre.
Il a étudié les pelouses calcaires et les pelouses siliceuses en tant que
moments de séries pareillement oscillantes. En poussant au plus
loin l’analyse des aires les moins trahies par l’influence humaine, il a
pu reconstituer en partie le couvert végétal primitif du bassin pari-
sien. Et il a apporté à cette méthode le concours des données nou-
velles et essentielles, tirées non seulement de la composition végétale
vasculaire, mais aussi de la végétation cryptogamique. Il a été le
chef incontestable d’une Ecole française de sociologie végétale.
Mais cette - œuvre de géographie botanique raisonnée ne peut
s’inspirer que d’une connaissance approfondie des formes végétales.
Et Pierre Allorge est un systématic^en incomparable, un connais-
seur remarquable de la flore d’Europe. Peu à peu- son acuité rare de '
naturaliste l’a mis sur des découvertes de plantes et de Muscinées
rarissimes ou jusqu’alors passées inaperçues. Déjà, en parcourant le
Vexin, il découvre des espèces nouvelles pour la flore parisienne :
— 246
Sphagnum laricinum, Rhacomitrium aciculare. Peu à peu, il étend ses
recherches à la Normandie qui lui apporte Fissidens osmundoides, aux
Alpes qui lui livrent Sphenolobus politus et Fontinalis Duriaei, aux
Pyrénées d’où il signale Plagiochila punctata, à l’Estérel qui lui
procure Sematophyllum substrumulosum, à la Sologne où il glane
Madotheca Porella.
La Péninsule ibérique fut donc pour Pierre Allorge comme une
terre vierge. Ses connaissances floristiques lui permirent d’y puiser
une mine de documents qui, peu à peu accumulés, lui apportent l’oc-
casion, plus tard, de tracer une magnifique synthèse, fruit de la com-
pétence inégalable du bryologue, du phanérogamiste, du sociologue,
du spécialiste des Desmidiées qu’il était à la fois. Bien entendu il a
découvert en Espagne et au Portugal de multiples nouveautés, les
unes nouvelles pour l’Europe comme le Dicranum canariens e, le
Sphagnum Pylaiei. Il confirme l’existence de nombreuses espèces
considérées jusque-là comme rarissimes ou douteuses. Il retrouve des
espèces italiennes, comme Fissidens ovatijolius.
En 1937, étendant sa documentation sur les îles Açores, il y signale
l’existence de diverses espèces nouvelles pour cet archipel, comme
Zigodon conoideus, Ulota calvescens parmi les Mousses, Geocalyx
graveolens , Metzgeria hamata parmi les Hépatiques. Cinq espèces
nouvelles pour la science en sont rapportées.
Mais, pour Allorge, cette connaissance remarquable qu’il pos-
sède des Muscinées doit avant tout lui servir comme un moyen indis-
pensable pour la mise en œuvre de synthèses bryogéographiques et
même phytogéographiques. C’est le secteur ibéro-atlantique qui
l’attire surtout : pays basque, Asturies, Galice, Portugal. Grâce
à sa parfaite connaissance de toute cette région et de la flore musci-
nale qu’elle renferme, il montrera la liaison qui existe entre la pro-
vince d’Algésiras et la Macaronésie. D’abord il lui faudra assigner
aux espèces une position géographique : les euatlantiques, comme
Fissidens polyphyllus, offrent une aire qui s’applique au domaine
atlantique sans en franchir les limites orientales ; les subatlantiques
au contraire s’avancent plus ou moins en Europe centrale comme le
Cryphaea arborea ; les méditerranéennes couvrent le bassin de cette
mer intérieure et remontent le long du littoral jusqu’en Bretagne, en
Angleterre, en Hollande : c’est le cas du Philonotis rigida. Les oréo-
atlantiques se trouvent dans leur optimum sur les basses montagnes,
les euryatlantiques viennent des deux côtés septentrionaux de
l’Océan, les tropico-atlantiques vont de l’Europe aux régions .subtro-
picales et même tropicales, comme le Dumortiera hirsuta.
Mais à côté de ces domaines continus, bien délimités malgré les
lacunes qui subsistent encore, dues à notre connaissance insuffisante
des flores bryologiques, certaines espèces offrent des aires disconti-
nues, des noyaux de survivance, hors desquels elles ne semblent pas
se montrer. La Péninsule ibérique livre des exemples remarquables
de telles localisations, auxquelles Pierre Allorge s’est intéressé
tout spécialement. Ainsi a-t-il distingué huit catégories de disjonc-
tions pour la bryoflore ibérique : atlantique, macaronéso-atlantique,
atlantico-méditerranéenne, atlantico-pontique, amp hi- atlantique,
atlantico-californienne, méditerranéenne-californienne, enfin ibéro-
caspienne et ibéro-australe.
On trouvera, dans sa remarquable étude phytogéographique sur
le pays basque, un chapitre entier relatif aux Muscinées circumbo-
réales, eurasiatiques, méditerranéennes, atlantiques. Déjà, en
étudiant la flore brvologique de la Corse, il avait mis précédemment
en évidence l’importance des éléments atlantiques. De même, il
souligne parmi la flore muscinale des Açores, où 80 % des espèces
sont telles, l’intérêt d’éléments tropicaux comme Lejeunea flava.
Quoique interrompue par sa mort prématurée, l’œuvre bryolo-
gique de Pierre Allorge continue. Sa courageuse compagne, son
intime ami Raymond Gaume, l’un des meilleurs bryologues et
phytogéographes français, son collaborateur Paul Jovet, Mme Jovet-
Ast, spécialisée dans l’étude des Hépatiques, et d’autres correspon-
dants qu’il a encouragés de ses déterminations et de son obligeance,
poursuivent et poursuivront au Muséum l’œuvre bryologique de
Pierre Allorge selon une spécialité pour laquelle la France, aujour-
d’hui, garde sa place de choix.
★
4 4
De même que les Muscinées, les Algues d’eau douce sont pour
Pierre Allorge moins un sujet d’études structurales ou taxono-
miques qu’un moyen de travail mis au service de la géographie
botanique. Déjà dès 1919, avec son ami Mârcel Denis qu’une mort
prématurée a arraché à un avenir brillant, il étudie les tourbières
du Jura français au point de vue algologique : les auteurs établissent
que cette végétation varie selon la minéralisation des eaux, et
qu’elle diffère notablement selon qü’on s’adresse à des tourbières
très acides à Desmidiées ou des tourbières plus alcalines à Sphaignes.
Il retrouve cette même loi dans les tourbières de Haute-Maurienne.
Dans sa thèse sur le Vexin il introduit les Algues d’eau douce dans
l’étude des groupements végétaux aquatiques : d’une part potamo-
plancton à Diatomées propres aux eaux hautement minéralisées,
alcalines ou riches en substances organiques ; d’autre part, plancton à
Desmidiées abondant en Staurastrum qu’offrent les eaux minérali-
sées, acides^ou à faible pH, souvent de provenance météorique. Le
benthos à Desmidiées qu’il caractérise sous la dominance de Cosmtt-
rium et de Staurastrum forme une association bien égale dans sa
composition floristique et qu’on retrouve aussi bien dans l’ouest, le
centre de la France, que dans l’ouest de la Péninsule ibérique. Dans
le lac dé Grand- Lieu il retrouve bien des espèces communes avec là
flore algale des lacs landais, dont, bien entendu, des espèces
strictement atlantiques, mais aussi tropicales. Il explique pour-
quoi, dans les étangs et tourbières de plaines, on retrouve des espèces
nordiques montagnardes, et même alpines, qui se sont maintenues
évidemment dans des stations de faible altitude en raison de la com-
munauté ou de la similitude des conditions écologiques propres à
toutes ces stations, hautes et basses. Quant à la présence d’éléments
tropicaux dans le benthos à Desmidiées des étangs siliceux des régions
basses de la France moyenne ou atlantique, il l’explique par une cer-
taine douceur de la température qui a permis à ces formes de s’adap-
ter peu à peu aux eaux des régions de l’Ouest.
Par la suite, il précise quelques associations lacustres dans les
Alpes du Briançonnais, parmi lesquelles l’élément algal est mis en
évidence. C’est le cas du groupement à Staurastrum acarides et Cos-
marium nosutum. La valeur de l’élément arctique alpin, l’autonomie
sociologique des Algues d’eau douce parmi les associations que les
phytogéographes ont mises à jour, s’imposent ainsi. Desmidiées du
Pays de Bray, des étangs de la Brenne, des eaux thermales de Dax
où ses rhumatismes le retiennent, des lacs-tourbières de l’Aubrac,
puis, en collaboration avec Marcel Lefèvre, de la Sologne, avec
Emile Manguin du pays basque, avec sa femme, de la Galice, sont
successivement examinées à ce double point de vue floristique et
sociologique.
C’est ce dernier mémoire, remarquablement illustré, sur la flore
ibérique qui est le plus important de son œuvre algologique. Il s’ap-
plique à 438 espèces ou variétés, dont les deux tiers étaient nouvelles
pour la Péninsule et 11 pour la science, toutes réparties entre plu-
sieurs groupements propres aux mares et étangs siliceux, landes et
bruyères à Sphaignes, rochers et talus mouillés ou ruisselants.
Enfin, un important travail sur les Algues d’eau douce de
Madagascar subsiste parmi ses manuscrits.
Les travaux de Pierre Allorge ont mis en évidence les variations
de la composition algale en fonction de la température et des saisons.
Ils ont certainement influencé à ce propos son collaborateur M. Mar-
cel Lefèvre, à qui revient le mérite d’avoir créé l’algothèque du
Muséum et d’avoir remarquablement amorcé tout un chapitre
nouveau de la pisciculture : celui qui traite de l’alimentation des
poissons par le phytoplancton et de l’amélioration de la population
nourricière que constituent ces microorganismes par le moyen de
l’introduction, dans les étangs, d’Algues préalablement cultivées au
Laboratoire, en milieux artificiels, et dans des conditions aussi
pures que possible.
Les travaux importants de Pierre Allorge sur les Algues d’eau
— 249
douce se prolongent par la création de la Revue Algologique qu’il
fonde avec son collègue Contran Hamel, et dont son collaborateur,
Robert Lami, spécialiste réputé des Algues marines, dont le dévoue-
ment au Muséum vient d’être récompensé par une juste promotion,
assure aujourd’hui la direction, assisté de M. Pierre Bourrelly, qui
poursuit au Laboratoire l’œuvre d’ALLORGE dans la spécialité des
Algues d’eau douce.
Ainsi, Pierre Allorge a, sur le domaine atlantique, posé la marque
d’une compétence indiscutée. Il a mis en action vers ce but les bras
multiples des spécialités systématiques dans lesquelles il était passé
maître : phanérogames, ptéridophytes, muscinées, algues d’eau
douce. Mais l’œuvre immense a été arrêtée dans son essor. Il lui eut
fallu quinze années de plus pour l’achever à la dimension de, ses
efforts. Et il reste irremplaçable pour ce qu’il a été. Nul en France,
et peut-être en Europe, n’est susceptible aujourd’hui de continuer
une œuvre de la qualité et de la surface de celle qu’il avait commencé
d’édifier dans le domaine de la sociologie végétale et dans la con-
naissance de la Bryologie en général. Ainsi reste-t-il dans la tradition
des grands botanistes voyageurs au sens plein du terme, des Tourne-
fort, des de Candolle, de ceux qui ne rougiraient pas de leur
identité et qui seraient bien étonnés aujourd’hui si on leur disait que
la Botanique se meurt, que la Botanique est morte, puisque l’ap-
pellation attirante, flamboyante, prestigieuse, et moderne, de Bio-
logie végétale est seule souveraine pour désigner des études dont
l’objet reste le même depuis trois siècles au moins.
Encore un mot sur la qualité de l’œuvre d’ALLORGE. Elle est
dans la tradition du Muséum en ce sens qu’elle est écrite dans la
langue de Buffon, de Lamarck et de Claude Bernard. C’est la
consécration définitive, nécessaire, de la pensée d’un vrai savant,
celle du style. Ecoutez-le plutôt décrire les landes et le pays basque
dans une belle page dont les auteurs scientifiques auraient souvent
des raisons de s’inspirer.
Aux Landes tout est sable et eau : pas une pierre, pas un rocher, sinon
quelques blocs d’alios qui n’est lui-même que du sable pétrifié. Avec ce
sable, le vent, architecte tenace et fantaisiste, a édifié un dédale de crêtes,
de buttes mouvantes que l’homme a figées par la Pinède avec l’aide d’une
humble graminée, fixatrice de la dune maritime.
Ici l’eau dort au pied des grandes dunes, dans les étangs cerclés d’aul-
naies et de roselières, et lorsqu’elle s’anime, elle coule sans effort sur un
lit d’arène et se cache presque pour glisser à l’Océan.
Au Pays basque, tout est colline et montagne : molles ondulations du
bas pays, ravins et canyons vertigineux, pics calcaires étincelants, hauts
pâturages lapiazés, vallées aux versants toujours verdoyants.
Ici, l’eau court, bondit, cascade, se brise et écume : chaque vallon a son
ruisseau ou son torrent et l’eau sourcille dans le moindre ravin.
— 250 —
La montagne basque adore les nuages : elle enfante la pluie. Presque
toute l’année, les sommets, ouatés de brouillard ou coiffés de nuées,
vivent dans le mystère. Etc.
*
* *
V
Sous la direction libérale de Pierre Allorge, et grâce à l’installa-
tion dans des bâtiments neufs, les travailleurs de la chaire de Crypto-
gamie du Muséum ont pu, peu à peu, continuer à mettre en état de
consultation les immenses matériaux, qui dépassent aujourd’hui
350.000 échantillons, constituant les collections mortes de cette
chaire. De nouveaux herbiers ont enrichi ces archives du monde
cellulaire. Des collaborateurs bénévoles y ont poursuivi leurs
études : Marius Chadefaud, Jean Feldmann, l’abbé Frémy,
Chemin, Mme M. Le Gal, H. Romagnesi et bien d’autres. A
côté de l’algothèque, la mycothèque vivante que nous avions
établie, du temps de Louis Mangin, avec M. Jacques Duché,
l’excellent spécialiste des Dermatophytes, a pris une nouvelle
extension durant ces dernières années. Et je ne veux point
oublier, puisque j’ai ouvert cette parenthèse, de citer ici le
nom d’une collaboratrice discrète, adroite et enthousiaste, qui,
comme aide-technique, me permit après la trahison et l’effondre-
ment de juin 1940 de créer une nouvelle mycothèque propre aux
champignons macromycètes. A cette œuvre j’associe le souvenir
d’Anne Vasermanis, arrêtée par la Gestapo de Paris, le 14 septem-
bre 1942, ef assassinée par ses bourreaux allemands quelque temps
après.
Pour moi, je ne veux point oublier tout ce que je dois à Pierre
Allorge, à cet ami très sûr, qui toujours me manifesta une affection
fraternelle, une confiance étroite, un intérêt et des encouragements
efficaces, et qui, par une sorte de pacte tacite, me laissa au sein de
cette chaire importante durant dix années une indépendance à peu
près complète, m’incitant ainsi à rester auprès de lui dans cette
Maison à laquelle m’attachaient les souvenirs les plus chers, ceux
auxquels sont étroitement associées les images de Mangin, de Fer-
nand Camus et de Patoüillard.
★
* *
Je ne puis résister à la tentation, maintenant qûe nous avons tracé
la carrière et essayé de préciser le caractère des deux premiers titu-
laires de cette chaire, de m’efforcer à les rapprocher, tant les traits
qui les opposent sont frappants, tant la dissemblance qui tend à les
éloigner est manifeste.
Lous Mangin restera le lutteur puissant, sorti du peuple, auquel
une prodigieuse capacité de travail, d’acharnement, de volonté,
251 —
d’ambition aussi, servie à la fois par la violence et la souplesse, a
permis peu à peu, de s’élever vers les fonctions les plus hautes. Sa vie
a été une éternelle dépense d’activité, de combats, d’efforts et de
progressions. Accaparé par les conseils, les comités, les présidences,
les concours, il ne se dérobera pas à de tels devoirs qu’il n’a jamais
cherché à éviter. Il est Directeur du Muséum. Il est Président de
l’Académie d’Agriculture. Il préside l’Académie des Sciences. Il est
à la tête de vingt commissions. Et partout il dirige, il conduit.
Pierre Allorge sort de la bourgeoisie et atteint naturellement
l’enseignement supérieur sans savoir exactement où le conduiront
ses dons. Car si Mangin est servi par une capacité énorme de travail
et par sa volante, par l’habileté manuelle et la concentration des
aptitudes, Allorge est doué. Pour l’un, l’intelligence a besoin d’une
arène. Pour l’autre elle est souple, polyvalente, orientée de bonne
heure vers les arts et la littérature comme vers les sciences. Mangin
a su découvrir sa voie et la suivre en s’imposant ; il a tout concentré
de ses efforts et de son activité vers la spécialité scientifique qu’il
s’était choisie, par occasion plus peut-être que par vocation née.
Allorge a choisi l’histoire naturelle après avoir couru les bois et
les coteaux de la vallée de la Seine, comme Jean-Jacques. Il fera
de la Botanique par goût, comme de la musique et des langues orien-
tales. Il voyage à sa guise en découvrant des pays et des plantes.
Musicien né et poète à ses heures, il a sur la littérature des connais-
sances aussi étendues que celles de Mangin pouvaient être succinctes.
Il a pour les langues des dispositions très rares chez un Français,
car il parle couramment l’allemand, le russe, l’anglais et l’espagnol, il
a fait de fortes études gréco-latines et il se tirerait d’une conversation
en portugais ou en hollandais. Mangin n’avait jamais considéré
qu’une langue vivante autre que la sienne puisse lui être utile. L’un a
parcouru l’Europe ; Mangin est resté sédentaire. Et la qualité de
dessinateur s’enregistre du côté du scientifique pur et non de l’ar-
tiste, car c’est Mangin* qui offre cette réussite, faite de minutie, de
précision, qui justement, ne laisse place que pour la copie inégalable
et la sûreté de la main, et non la fantaisie. Et si l’un est conservateur
par position acquise, l’autre l’est par éducation.
Ainsi les deux hommes s’opposent. D’un côté le puissant terras-
sier qui creuse sa route selon un plan bien établi et sans s’inquiéter
de la campagne environnante, de l’autre le frêle voyageur qui va au
gré de ses tendances, à travers L’immensité de son domaine.' Autant
l’un est fait de traits saillants et accomplis, comme creusant une
sculpture à la Rodin, autant l’autre est composé de subtilités, de
demi-teintes, comme une toile délicate et très diversement colorée,
dont l’interprétation n’est pas aisée dans ses détails, car il est riahe
d’inconnues, de contradictions, de finesses, de silences et d’imprévus,
où se mêlent la nature un peu méfiante du Normand, une distinction
— 252 —
native, beaucoup de retenue touchant même au collet monté, et
peut-être une certaine faiblesse qui tenait à la fois à sa sensiblité,
à son état de santé, à une bonté profonde jamais en défaut mais qu’il
s’efforçait, sans y parvenir, à masquer. Pourtant il savait lancer des
flèches, toujours spirituellement, et les appliquer au bon endroit.
Autant Mangin s’astreignait à suivre les convocations des comités,
autant Pierre Allorge se serait laissé tenter à les oublier. Autant le
premier impose la ponctualité à ses rendez-vous, répartit ses obliga-
tions avec réflexion, se soucie de ses revenus, autant le second subor-
donne son emploi du temps à ses travaux de recherches, à ses voyages
botaniques, autant il est éloigné des préoccupations matérielles,
autant il est à tous points de vue désintéressé.
Louis Mangin fut un organisateur et un patron : l’homme qui sait
choisir et qui sait refuser, celui qui a toujours quelque décision à
prendre, quitte à en emprunter le conseil à son entourage. Il impose
ses choix par puissance et par habitude. Il n’aura ni la patience ni
même le désir de laisser après lui un élève. Mais il saura trouver des
collaborateurs, les comprendre et les défendre. Travailler pour la
science d’abord, puis, plus tard, diriger par la science. Sa vie fut une
longue réussite.
Pierre Allorge fut un maître dont la préoccupation essentielle
est restée l’étude. Il a édifié une œuvre cohérente, rayonné par
l’étendue et l’harmonie de son savoir, le charme un peu sceptique de
sa personne. Il a amoncelé devant lui une multitude de projets, car
chaque travail en engendrait d’autres, et sa vie fut trop courte pour
les mener à bien. Elle fut une Préface. A ses élèves, à 'ses amis, de
poursuivre l’ouvrage.
Deux caractères, deux esprits, venus de deux pôles opposés, sui-
vant deux routes distinctes, selon des aspirations étrangères l’une à
l’autre, mais qui s’appréciaient et s’estimaient mutuellement selon
une affection véritable, de même que dans une association forestière,
côte à côte, harmonieusement réunis, vous retrouvez, l’un puissant,
au bois dur, l’autre frêle, au bois tendre, mobile, un peu mélancolique,
mais riche de tonalités, de subtilités, de reflets, le chêne et le bouleau.
Tels furent les deux hommes dont le hasard m’a permis d’être à la
fois le collaborateur, puis le successeur. Et si je me suis étendu en ce
jour plus peut-être sur leurs caractères que sur leur œuvre scienti-
fique, c’est que celle-ci a fait déjà l’objet de plus d’une analyse.
Mais ayant eu le privilège de les approcher tous deux et de les appré-
cier dans la vie journalière, il m’a semblé que l’occasion m’était
donnée d’en préciser les traits sous les aspects intimes. J’ai voulu
dégager ce que ces deux natures, si différentes, avaient en commun
de supérieur, et combien leur double exemple sert cette vérité selon
laquelle la France rayonne par la diversité de son esprit.
— 253 —
COMMUNICATIONS
Félix Delahaye, jardinier au jardin du Roi, compagnon
de d’Entrescasteaux.
Par V. Chaudun,
Note présentée par M. J. Hamel.
Parmi les « premiers jardiniers » du Jardin du Roi qui, non con-
tents d’assister avec une rare conscience professionnelle leur chef,
qu’il fut le professeur de Botanique ou le professeur de Culture,
furent à l’origine de l’avancement et des progrès de l’Horticulture
en Franoe et en Europe, un nom à peu près inconnu mérite pourtant
d’être retenu et cité à l’instar de ceux de Poiteau, Pancher, Pépin,
Carrière.
Félix Delahaye, fils d’ Abraham, petit fermier de Normandie,
naquit en mai 1767, à Gaumont (Seine- Inférieure) et fut, à 17 ans,
élève jardinier au Jardin botanique de l’Académie de Rouen. Ses
rapides progrès le firent remarquer par Varin, directeur de ce Jar-
din 1, qui le recommanda à André Thoüin, alors Jardinier-Chef au
Jardin du Roi, qui en fit, dès 1789, le chef de Culture de l’Ecole de
Botanique où ses goûts pour l’étude des plantes et leur culture se
développèrent encore et contribuèrent à faire de lui un des plus
remarquables jardiniers de son temps et cela si rapidement que
lorsque, en 1791, Louis XVI prépara personnellement, et avec
minutie, comme tout ce qu’il faisait, une expédition de secours pour
retrouver Lapérouse* il inclut dans la liste des personnes qui
devaient s’embarquer à bord de La Recherche commandée par le
contre-amiral Bruni d’ENTRECASTEAUx le « citoyen Lahaie » 2 en
compagnie de La Billardière et Deschamps, naturalites, et du
chanoine Louis Ventenat, aumônier, lui aussi naturaliste. Cette
expédition, préparée avec les plus grands soins, ne répondit pas aux
espoirs que l’on avait mis en elle. Son équipage, décimé par la dys-
senterie et, par suite de l’état de guerre existant entre notre pays,
1. C’est ce Varin qui obtint vers 1795 le Lilas Varin ( Syringa X chinensis Wild.
= S. rothomagensis A. Rich.).
2. Comme beaucoup de ses contemporains, afin d’attirer le moins possible l’atten-
tion sur lui, Delahaye jugea bon de distraire de son nom la première syllabe qui lui
donnait un tantinet l’air aristocratique.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
— 254 —
les Pays-Bas et l’Angleterre, vit ses navires saisis, ses collections
séquestrées par l’Angleterre. Son retour s’avéra plein de difficultés,
et les rescapés ne revirent la France que le 12 mars 1796, ramenés
par La Minerve. Malgré ces ennuis, les naturalistes de l’expédition
firent leur métier. Labillardière et Lahaie collectèrent un nombre
considérable d’échantillons d’herbi,er et de graines. Après bien des
mésaventures, les collections de La Billardière parvenues en
Europe, à la suite de l’intervention de Banks, lui furent rendues.
Achetées par Webb, elles furent ensuite léguées au Musée de Flo-
rence. Celles de Delahaye, qui étaient très importantes, furent
conservées par lui et augmentées pendant 30 ans des récoltes qu’il
fit dans les^ différents postes de jardinier-chef qu’il occupa par la
suite.
A sa mort, l’ensemble des plantes qu?il avait mises en herbier
avec le plus grand soin, en double et quelques fois en triple exem-
plaire, se montait à plus de 15.000 espèces, tant exotiques qu’indi-
gènes ou cultivées.
Guillaumin 1 donne des détails sur les 2.699 espèces que
Delahaye auraient ramenées de son voyage et dont les échantillons
sont assez pauvres, ce qui laisserait à supposer que la meilleure
partie de ses récoltes a été dispersée chez des particuliers à la suite
de la vente qui en fut faite par sa veuve en 1830.
En même temps furent vendues des collections de minéraux,
coquilles, ustensiles de ménage, instruments de musique, armes,
habillements et « ornements des sauvages des diverses contrées des
mers du Sud. »
Lorsque Laignel, commandant La Minerve, ramena, le 22 ven-
tôse de l’an IV, les rescapés de l’expédition d’ENTRECASTEAux,
Delahaye .n’était pas à son bord, il ne rentra en France qu’en
juillet 1797 à bord de la frégate La Cibèle. Son journal, retrouvé chez
un antiquaire parisien, M. Pironin, en 1879, en même temps qu’une
faible partie de son herbier, et le tcut acquis par le Muséum, nous
permet de le suivre tout au long de son périple depuis Ténériffe
jusqu’aux Indes néerlandaises en passant par le Cap de Bonne-
Espérance, la Nouvelle-Hollande, Amboine, la Nouvelle-Calédonie,
le détroit de Bouton et Sourabaya où il débarqua en octobre 1793.
(Des fragments ont été publiés par Guillaumin dans l’Océanie
française, 1926) 1 2. Il y employa son temps, comme partout ailleurs,
à herboriser.
Installé à Batavia en novembre 1794, il s’y adonna à des essais de
culture, particulièrement à celle de l’arbre à pain3, qui n’était pas,
1. Bull. Muséum, 1910, p. 358 ; 1922, p. 109.
2. Voir aussi : Guillaumin : Essais d’ Acclimatation au cours d’un voyage autour du
monde au XVIIIe siècle, in Revue d’Histoire naturelle appliquée, lre partie, 1926, p. 252.
3. C. R. Assemblée des Professeurs du Muséum du 4 floréal an IV.
à cette époque, introduit dans les serres d’Europe. A son retour
en France,- il rapporta, du reste, un de ces arbres vivant au Muséum.
Il quitta Batavia en janvier 1797 pour se rendre à F Ile-de-France
où il récolta en mars-avril de cette même année 280 espèces de
plantes. Il emporta aussi dans des boites de fer blanc une grande
quantité de graines, de plantes vivantes et d’échantillons d’histoire
naturelle lorsqu’il quitta cette île fin avril pour s’embarquer à bofd
de La Cibèle.
En 1798, Félix Delahaye fut nommé jardinier-chef des pépinières
de l’Etat à Versailles. En 1805, probablement sur la recommanda-
tion du chanoine Ventenat, son compagnon d’expédition, frère
d’Etienne-Piérre Ventenat, à qui nous devons la si belle descrip-
tion des plantes du Jardin de l’Impératrice Joséphine, il devint
l’ordonnateur du magnifique parc de la Malmaison 1 qui, au dire de
ses contemporains, fut « le plus beau et le plus riche d’Europe en
plantes rares et précieuses ».
Pendant son séjour à Versailles, Delahaye songea à fonder un
établissement à son nom, projet qu’il mit à exécution dans le même
temps qu’il prit la direction des jardins de la Malmaison dans le
but d’assurer une certaine aisance à sa famille car il n’avait guère
confiance dans la pérennité de l’Empire. Il fonda vers 1805 une
pépinière où il se retira entièrement à la mort de Joséphine en 1814
pour s’occuper de la multiplication des végétaux et surtout d’ Histoire
naturelle.
Il mourut le 28 août 1829, laissant deux fils et une fille qui,
mariée à Pierre Bertin, fit tellement prospérer l’établissement,
qu’il devint l’un des plus florisants de France et l’est encore sous
l’habile direction des frères Moser, à Versailles.
Il laissa le souvenir d’une grande érudition, d’un esprit très juste,
d’une intègre probité et d’un certain altruisme.
Laboratoire de Culture du Muséum.
1. Au Musée de la Malmaison, il ne reste actuellement aucune pièce d’archives
intéressant Félix Delahaye.
Complément a la Faune des Arachnides de Madagascar
Par Louis Fage,
Professeur au Muséum.
Durant un court séjour fait en 1945 dans le N.-O. de Madagascar,
mon collègue J. Millot a recueilli une collection d’ Arachnides fort
intéressante. Il a bien voulu me confier l’étude des Scorpions, des
Pédipalpes, des Opilions et de quelques Araignées ramassés par lui
dans cette région. Ses recherches se sont étendues au domaine sou-
terrain ; plusieurs grottes ont été explorées et ont fourni un matériel
de valeur : un Scorpion, un Pédipalpe, deux Opilions ont été ainsi
capturés et l’on verra tout l’intérêt de ces captures.
Quant à la chasse en surface, elle a été conduite avec méthode
et permet d’apprécier la localisation des espèces à une région, à
un faciès déterminé. En somme, il s’agit d’ Arachnides récoltés par
un Arachnologiste et cela double le prix des récoltes.
Scorpions.
J’ai déjà consacré à la faune des Scorpions de Madagascar un
Mémoire (1929) où toutes les espèces jusque-là connues dans la
Grande-Ile sont étudiées au double point de vue de leur systéma-
tique et de leur distribution géographique.
Je rappelle que cette faune se compose des espèces suivantes :
Buthidae. — Grosphus madagascariensis [Gervais), Gr. hirtus Kraepel,
Gr. flavopiceus Kraepelin, Gr. bistriatus Kraepelin, Gr. limbatus (Po-
cock) et sa variété annulata Fage, Gr. Grandidieri Kraepelin., Odonturus
Baroni (Pocock), Uroplectes Fisheri nigrocarinatus Kraepel, Isometrus
maculatus (de Geer), I. madagassus Roewer 1943 x.
Scorpionidae. — Heteroscorpion opisthacanthoïdes (Kraepelin). -Opis-
thacanthus magadascariensis Kraepelin.
#
Toutes ces espèces sont spéciales à la Grande- Ile, à l’exception de
Y Uroplectes, églament connu en Afrique orientale et de V Isometrus
maculatus cosmopolite.
Maintenant; nous pouvons ajouter à cette liste une espèce nou-
velle de Buthidae appartenant au genre Babycurus : B. gracilis,
1 II est difficile de se faire actuellement une opinion sur la valeur de cette dernière
espèce.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
— 257
nov. sp. et faire connaître le mâle de V H eteroscor pion opisthacan -
thoïdes. Mais ce ne sont pas à ces seules trouvailles que se bornent les
captures de J. Millot ; il a pris en outre quatre espèces de Grosphus,
dont la présence dans cette région appelle quelques remarques.
Remarques sur la distribution géographique
du genre Grosphus.
Dans une étude antérieure, j’ai montré combien la diversité des
climats de Madagascar détermine une localisation très particulière
des Scorpions, dont les uns sont propres aux régions humides,
chaudes, ou tempérées par l’altitude, tandis que les autres sont
caractéristiques du climat tropical sec, voire désertique, qui carac-
térise la plus grande partie de la zone O. Or, la région explorée par
J. Millot est celle du Sambirano qui constitue, comme on le sait,
au milieu des régions sèches de l’Ouest, une petite enclave partici-
pant du climat tropical chaud et humide de la côte E. : les alizés,
se heurtant au massif montagneux du Tsaratanana y déversent
d’abondantes pluies.
J. Millot a donc capturé là les deux espèces caractéristiques du
climat tropical humide de la 'région E. : le Gr. madagascariensis à
Ambato et le Gr. hirtus à Gabès (près Ambania) et à Nosy-Komba.
En bordure S. de cette région, dans la presqu’île d’Antonibé, le Gr.
hirtus fait défaut, mais J. Millot y a trouvé le Gr. madagasca-
riensis, quelques exemplaires à coloration pâle du Gr. histriatus qui,
surtout abondant sur les collines de la région du centre, arrive ainsi
jusqu’à la plaine. Le Gr. flavopiceus s’y rencontre également, de
même qu’en bordure N. de la région du Sambirano où J. Millot
l’a capturé en grand nombre au S. de la Manamjeby. Sa distribution
est analogue à celle de V Opisthacanthus madagascariensis que
Millot a pris en abondance d’une part dans les tsingy d’Antonibé,
d’autre part dans la partie sud de la grande falaise de l’Ankarana.
Au sujet de la localisation de ces diverses espèces, J. Millot a
bien voulu me communiquer les renseignements suivants : « Cette
localisation obéit le plus souvent à un déterminisme d’une surpre-
nante précision : en quelques kilomètres, une espèce commune devient
totalement absente. Ainsi la région du Sambirano est délimitée bio-
logiquement par les Grosphus avec nne rigueur presque déconcer-
tante.
« Par ailleurs, dans la partie de l’Ankaranana située au sud
de la Mananjeby, territoire minutieusement prospecté, Gr. flavo-
piceus et Op. madagascariensis pullulent, sans que leurs domaines
se confondent. Gr. flavopiceus règne sans partage dans la plaine
jusqu’au pied de la falaise : on l’y capture par centaines, alors
que l’on n’y trouve pratiquement pas un seul Op. madagascariensis.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
17
— 258
Mais si l’on vient à gravir les pentes du massif calcaire, à peine s’est-
on élevé de quelques mètres que le tableau change du tout au tout :
Gr. flavopiceus disparaît, alors que chaque pierre, ou presque, abrite
un ou plusieurs Op. madagascariensis ... Ce n’est que dans une bande
frontière très étroite, ne dépassant guère une quinzaine de mètres,
que l’on peut capturer à la fois les deux espèces. »
Ainsi, ces nouvelles captures confirment entièrement, en la préci-
sant, la dépendance de la localisation des espèces vis-à-vis des carac-
téristiques climatiques si tranchées de la Grande- Ile et aussi, semble-
t-il, de la nature du sol : seules les espèces du climat chaud et humide
de l’E., peuplent la région du Sambirano, qui est bordée au N. et au
S. par le domaine des espèces moins exigeantes à ce point de vue :
les Gr. bistriatus et flavopiceus et YOpisthacanthus madagascariensis.
Babycurus gracilis, nov. sp.
Ç. — Longueur : tronc, 17 mm. ; queue, 25 mm. — Corps et appendices
jaune testacé avec quelques tramées brun violacé à la face supérieure et à
la face inférieure des articles des pattes ambulatoires ; doigts testacé
rougeâtre. Yeux bien pigmentés. Céphalothorax faiblement granuleux
par places. Dernier sternite abdominal orné de quatre carènes granuleuses
faiblement indiquées. Peigne à 20 dents. Carènes- de la queue formées de
très fins granules sur les segments antérieurs, dernier segment entièrement
lisse en dessus, à peine anguleux ventralement à l’emplacement des
carènes, espaces intercarénaires lisses. Face interne du fémur et du tibia
— 259 —
de la patte-mâchoire avec quelques granulations ; main (fig. 1) plus étroite
que la base du tibia, sa longueur contenue 3 fois et 1 /3 dans celle des
doigts ; 7 séries obliques de granules au doigt mobile, non comprise la
petite série distale et les 2 séries basales soudées, qui ne sont séparés par
aucun granule accessoire ; vésicule de même largeur que la base du dernier
segment, pas de granule accessoire au tubercule situé sous l’aiguillon.
Pattes ambulatoires grêles : tibia nullement dilaté, celui de la dernière
paire 7 fois plus long que large, plus court que le fémur dont la longueur
égale l’ensemble des deux articles proximaux du tarse.
Cette espèce, dont nous ne possédons qu’un individu, est remar-
quablement caractérisée par sa coloration pâle, par l’allongement de
la queue et des appendices et notamment par celui des doigts de la
main. Elle a été recueillie en piégeant dans la partie profonde, totale-
ment obscure, de la grotte des Fanihys (Ankarana), et il ne semble
pas douteux que nous ayons affaire à une forme nettement troglobie.
Le genre Babycurus comprend une quinzaine d’espèces (v. K. Krae-
pelin 1913 et M. Vachon 1940), réparties sur le continent
africain, les unes dans l’Ouest {B. Ansorgei Horst, gigas Kr., Bùtt-
neri Karsch, Jacksoni Poe., Johnstoni Poe.), les autres dans l’Est
(B. ornatus Werner, centrurimorphus Karsch, subpunctatus Borelli,
somalicus Hirst, Zambonelli Borelli, Patrizii Borelli, crassimanus
Caporiacco, Taramassoi Borelli, Kirki Pocock, Wituensis Kraepe-
lin). Une seule espèce, commune en Afrique orientale, le B. centruri-
morphus, a été signalée au N.-O. de Madagascar ; elle figure tout au
moins sous cette étiquette dans le Musée de Berlin, qui possède aussi
des exemplaires de l’Angola, mais elle n’y a pas été retrouvée dans
ces localités. S’agit-il d’une erreur ou, comme le pense Kraepelin,
d’importation accidentelle ? Ce qui est certain c’est que cette espèce
est extrêmement éloignée du B. gracilis. Celui-ci se rapproche par
certains caractères du B. Wituensis d’Afrique orientale ; comme
chez ce dernier le cinquième sternite abdominal du B. gracilis est
pourvu de carènes, le doigt mobile porte 7 séries de granulations,
sans compter la petite série distale et les deux séries proximales
soudées, les espaces intercarénaires de la queue sont lisses et la
vésicule est beaucoup plus petite que le dernier segment. Mais les
deux espèces diffèrent nettement par les proportions de la pince
dont les doigts sont chez l’espèce cavernicolé beaucoup plus longs par
rapport à la main (8 : 2 au lieu de 4,3 : 5, 8) et le point de soudure
des deux séries proximales de granulations du doigt mobile, qui
chez le B. wituensis est encore marqué par un granule accessoire
externe, n’est nuellement indiqué ici. Enfin la queue est beaucoup
plus longue que le tronc (25 : 17) alors qu’elle lui est égale chez
B. wituensis ($21 : 21).
— 260 —
Heteroscorpion opisthacanthoïdes (Kraepelin).
Aux cinq individus précédemment signalés de cette espèce vien-
nent s’ajouter 10 $ et 3 (J adultes, tous capturés par Millot à
Nossi-Komba, où l’espèce se trouve uniquement dans une région
assez élevée de la partie E de l’île. C’est de cette petite île que
proviennent la Ç et le ^ jeune qui ont servi à Kraepelin (1895)
de types pour sa description.
Rien n’est à ajouter à la description de la femelle que nous avons
précédemment donnée (1929) ; mais, en possession de mâles adultes,
nous pouvons compléter utilement la description de l’espèce.
Ces 3 mâles mesurent : 102, 112 et 145 mm. Ils sont remarquables
par l’allongement de la queue. Les longueurs respectives du tronc et
de la queue font en effet : 37 : 65 ; 42 : 70 et 50 : 95. On voit donc
que la longueur de la queue peut égaler, pour le plus grand exem-
plaire, presque deux fois celle du tronc. Le premier segment caudal,
le^plus court, est aussi long que le céphalothorax, et le dernier seg-
ment, le plus long, peut être aussi long que la moitié du tronc. Or,
chez la femelle, tronc et queue sont de même longueur.
D’autre part, le dernier segment abdominal qui, chez la femelle
est beaucoup plus large à la base que long, est chez le mâle un peu
plus long que large. Enfin, on trouve aux peignes de oes trois mâles
16 dents, alors qu’on en compte 12 chez la femelle.
Dans cette espèce, le dimorphisme sexuel est donc très marqué. Je
rappelle que Y Heteroscorpion n’est connu que des deux extrémités
de la Grande-Ile, d’une part, au N.-O. dans la région de Sambirano
et d’Ambilobé et, d’autre part, du S. E. près du col Sakalavana.
Pédipalpes.
Madagascar ne paraît posséder en propre aucun Pédipalpe. La
seule espèce jusqu’ici signalée est le Phrynichus bacillifer Karsch.
Mais, comme l’indique Kraepelin (1895), sa présence y était due
vraisemblablement à une importation accidentelle. En tout cas,
l’espèce, commune dans l’E. Africain, ne semble pas s’être accli-
matée dans l’ile, car, malgré de nombreuses et minutieuses recher-
ches, elle n’y a jamais été retrouvée. Quant au Charinus dont il est
question ci-dessous, il appartient également à une espèce d’Afrique
orientale.
Charinus Jeanneli E. S. 1936.
E. Simon 1936 proposa cette espèce pour deux jeunes individus de
4 et 5 mm. de longueur provenant de la grotte C du Kulumuzi à
— 261 —
Tanga (Afrique orientale). Dans la révision que j’ai consacrée
(1939) aux Charinus africains j’ai indiqué quelques caractères par
lesquelles cette espèce se distingue du Ch. seychellarum Kr., sans
pouvoir être toutefois très affirmatif sur la validité de l’espèce de
Simon étant donné le faible développement des types examinés.
Or, le professeur Millot a capturé dans le massif de l’ Ankarana,
sous les pierres, des pentes de la partie sud de la falaise calcaire,
au milieu d’un riche peuplement d’Opisthacanthus madagascariensis,
deux exemplaires que je rapporte au Ch. Jeanneli et qui mesurent
8 et 10 mm. Le premier est un pourvu de ses gonopodes et le
second une $ subadulte.
Fig. 2. — Charinus Jeanneli E. S., front vu en dessus et patte-mâchoire.
Le céphalothorax, les appendices, principalement les pattes-
mâchoires, les sternites sont bruns olivâtres et nettement granuleux.
Le front est rectiligne (fig. 2) et c’est là un caractère qui oppose cette
espèce au Ch. seychellarum dont le front est fortement convexe.
Le fémur de la patte-mâchoire est armé de 3 fortes épines en dessus
et en dessous et son tarse ne possède en dessus, au second article,
qu’une seule épine, de petite taille, située au tiers proximal. A la
dernière paire de pattes, le premier article du tibia est de même
longueur que l’ensemble des autres articles, il est égal au métatarse ;
le premier article du tarse est de même longueur que l’ensemble des
quatre articles suivants.
(
/
— 262 —
La plupart de ces caractères s’opposent à ceux des^iutres Charinus
africains, notamment la brièveté du premier aticle des tarses des
pattes ambulatoires et la présence d’une seule dent au second article
du tarse de la patte-mâchoire.
Les deux autres espèces africaines du genre Charinus, l’une Ch.
seychellarum a une très vaste répartition, on la trouve aux Sey-
chelles, à Zanzibar (Ch. diblemma E. S.), dans les îles du Golfe de
Guinée et dans la Guinée française ; l’autre, Ch. Milloti Fage, semble
localisée aux grottes du Fouta-Djalon.
Opilions.
Deux Opilions seulement figurent dans les récoltes de J. Millot ;
ils appartiennent à un genre dont on ignorait encore l’existence à
Madagascar, mais dont les affinités précisent celles de la grande
majorité de la faune spéciale à la Grande Ile avec celle de l’Inde.
Biantes Milloti, nov. sp.
Longueur : Ç, 4 mm. — Couleur testacé avec les scuta I-IV, les der-
niers segments abdominaux et les articles des pattes rembrunis. — Bord
frontal orné d’un tubercule médian (fig. 3), scuta I-IV régulièrement gra-
nuleux ; scutum V et tergites I-III des segments libres avec une rangée
transverse de tubercules plus saillants ; bords latéraux du scutum avec
une rangée longitudinale de tubercules. — Article proximal des chéli-
cères lisse sauf quelques tubercules basilaires ; article distal pourvu
— 263
de quelques granulations piligères. — Pattes-mâchoires longues de 8,1 mm.
(fig. 4) ; fémur inerme ; patella dilatée dans sa partie distale armée d’une
épine inférieure, sa longueur contenue à peine 1 fois et un tiers dans
celle du fémur et supérieure à 2 fois celle du tibia; tibia cylindrique, 5 fois
plus long que large, un peu plus long que le tarse et armé en dessous de
3 longues épines externes et de 2 épines internes ; tarse un peu plus de
Fig. 4. — Bianles Miïloli, nov. sp., Ç, patte-mâchoire face externe.
3 fois plus long que large, armé de 2 paires de longues épines infères ;
griffe aussi longue que le tarse. — Patte I, 9,3 mm. ; II, 18,5 mm. ; III,
12,5 mm. ; IV, 16,5 mm. — Tarses : 3-5-5-5.
Madagascar, grotte d’Anjohibé (Andranoboka, Nord de Majurrga).
Un seul individu.
Le genre Biantes, tel que le comprend Roewer, était jusque-là
inconnu à Madagascar ; c’est par erreur que Roewer (1923, p. 129
et 130 ; 1927, p. 299) indique le B. longimanus E. S. de Madagascar.
En réalité, comme il le signale lui-même p. 131, cette espèce est
d’Asie méridionale (Wagra-Karoor, près de Gundacul, district de
Bellary). L’erreur vient, sans doute, de ce que E. Simon (1885) fait
suivre sa description des mots suivants : « Nous ajoutons ici la
description d’une seconde espèce du genre Biantes , originaire de
Madagascar ». Mais il s’agit du B. vittatus E. S. dont Roewer
a fait le genre Acrobiantes caractérisé par la présence de tubercules
médians sur les scuta III et IV et par l’absence d’épine distale à la
patella de la patte-mâchoire.
Outre le B. longimanus , le genre Biantes (sens. Roewer) compte
5 espèces : B. parvulus (Hirst) des Seychelles, B. fuscipes Thorell de
Pinang ; B. atroluteus Roew’er et conspersus Roewer de l’Inde et
B. oitellinus Thorell de Sumatra.
Très différent de l’espèce des Seycheiles, le B. Milloti se rapproche
beaucoup du B. vitellinus de Sumatra dont il se distingue surtout
par les proportions fort différentes des articles de la patte-mâchoire
et en particulier par le grand développement de la patella.
i
— 264 —
r
Biantes bicornis, nov. sp.
Ç. — Longueur : 4,7 mm. Couleur testacé rougeâtre avec les fémurs,
patella et tibia rembrunis. — Bord frontal orné d’un tubercule médian ;
scuta I à IV régulièrement et faiblement granuleux ; scutum IV pourvu
d’une paire médiane de longues épines dressées ; scutum V et tergites des
segments libres avec les tubercules de la rangée postérieure à peine plus
saillants ; une rangée longitudinale de tubercules sur les bords latéraux
du scutum. — Article proximal des chélicères chagriné à la base. — Pattes-
mâchoires longues de 6,5 mm. ; fémur inerme ; patella dilatée dans sa
partie distale armée d’une épine inférieure, sa longueur contenue 1 fois
Fig. 6. — Biantes bicornis, nov. sp., Ç, patte-mâchoire face externe.
et demie dans celle du fémur et inférieure à 2 fois celle du tibia ; tibia
cylindrique 3 fois plus long que large, un peu plus long que le tarse et
armé en dessous de 3 longues épines externes et de 2 épines internes ;
tarse 2 fois et demie plus long que large, armé de 2 paires de longues épines
— 265 —
infères ; griffe aussi longue que le tarse. — Pattes avec les fémurs, patellas
et tibias granuleux : 1,8,5 mm. ; II, 14,5 mm. ; III, 10 mm. ; IY, 12 mm.
— Tarses : 3-5-5-5.
Madagascar Ankarana : couloir souterrain de la rivière Ankerika,
1 seul individu.
Remarques sur la systématique des Biantinae. — - Cette
espèce ne diffère du Biantes M illoti que par la présence de la paire
d’épines dressées ornânt le scutum IV, par ses appendices moins
grêles, et la présence de faibles tubercules aux fémurs, patellas et
tibias des pattes. Si l’on s’en tenait à la classification de Roewer
(1923 et 1927) elle devrait rentrer dans un genre différent en raison
de l’ornementation spéciale du scutum IV. Elle ne pourrait rentrer
cependant dans le genre Eubiantes Rwr. qui possède bien une paire
d’épines médianes sur ce scutum, mais seulement 2 paires d’épines
infères au tibia de la patte-mâchoire. Il faudrait donc pour cette
espèce ajouter un genre nouveau aux 14 genres déjà retenus par
Roewer, dans cette petite sous-famille des Biantinae.
Une telle pulvérisation des genres, qui apparaît comme une ten-
dance nettement marquée chez certains systématiciens et en parti-
culier chez Roewer — qu’il traite des Opilions ou des Solifuges —
a le grave inconvénient de masquer les affinités des espèces, et par
conséquent de méconnaître la valeur de la coupure générique elle-
même. J’en ai déjà fait la remarque (1940 et 1945) à propos des
T riaenonichidae.
Or, parmi les Biantinae, on distingue d’abord deux grands groupes
d’espèces que différencie nettement la formule des tarses I.
Dans un premier groupe ces tarses sont composés de 4 ou 5 articles.
Les espèces ainsi armées appartiennent aux genres Heterolacurbs
Roewer. Lacurbs Roewer et Metalacurbs Roewer et sont propres
à l’O. Africain.
Dans- un second groupe dont les tarses I comptent toujours
3 articles, il y a lieu de distinguer :
1° les espèces qui ont le tibia de la patte-mâchoire armé de
2-2 épines ; elles sont réparties dans les genres Spinibiantes Roewer,
Clinobiantes Roewer, Bientella Roewer, Metabiantes Roewer et
Eubiantes Roewer qui peuplent l’O, l’E. et le S. Africain.
2° les espèces qui ont le tibia de la patte-mâchoire armé de
2-3 épines (ou 2-4, g. Acudorsum Loman des Seychelles) ; ces espèces
appartiennent aux genres Probiantes Roewer (Inde péninsulaire),
Biantes Thorell (Sumatra, Asie méridionale, Seychelles, Mada-
gascar), Hoplobiantes Roewer (Birmanie), Hinzuanius Karls (Abys-
sinie, Comores, Maurice) et Acrobiantes Roewer (Inde péninsulaire,
Sokotra, Madagascar), on les trouve donc répandues dans l’E.
— 266 —
j
Africain, sur les îles qui en dépendent et aussi dans l’Inde et l’ïn-
sulinde.
Je ne possède pas les matériaux nécessaires pour entreprendre la
révision de cette sous-famille ; mais il me semble que le groupement
ci-dessus, en accord avec la distribution géographique, fait ressortir
l’importance systématique des caractères qui doivent être à la base
de cette révision et laisse entrevoir la possibilité d’une forte réduc-
tion du nombre des genres.
Madagascar ne possède en propre que les deux espèces décrites
ci-dessus : B iantes M illoti et bicornis et deux représentants du genre
voisin Acrobiantes : A. vittatus (E. S.) et Hildebrandi Roewer.
Nous n’avons que fort peu de renseignements sur la manière de
vivre de ces Biantinae ; le fait que les deux Biantes de Madagascar
ont été pris dans des grottes et que la grotte de Shimoni en Afrique
orientale abrite le Metabiantes Jeanneli Roëwer, laisse supposer
que nous sommes en présence de formes qui, comme les Scotelemon
européens, sont attirés par l’humidité et pénètrent facilement dans
les cavernes.
Araignées.
Parmi les Araignées rapportées par J. Millot, nous n’avons exa-
miné que trois espèces, provenant des grottes d’Andavakobé et
d’Ankerika, situées au N. -O. de l’île, dans le massif de l’Ankarana ;
il s’agit d’une grosse Mygale, Monocentropus Lambertoni Fage et
de deux espèces appartenant au genre Filistata.
Le Monocentropus Lambertoni Fage (1922) qui est la plus grosse
Araignée de Madagascar — elle mesure 55 mm. — a été décrite sur
des exemplaires rapportés de Madagascar par Lamberton qui n’a
pas précisé le lieu d’origine. J. Millot en a capturé un adulte dans
la partie profonde, complètement obscure, de la grotte d’Andava-
kobé. Cette espèce, propre à la Grande Ile, a pour unique congénère
le M. Balfouri Pocock, de Sokotra.
La Filistate qui vit dans cette même grotte d’Andavakobé est le
Filistata Decaryi Fage (1945) précédemment décrit de la grotte
d’Andoharano, située dans la vallée du Manoumbo au S. -O. de
Madagascar. A la description originale, je puis ajouter que les
fémurs sont souvent ornés de deux anneaux brunâtres, l’un proxi-
mal, l’autre distal, que l’aire oculaire du mâle est nettement sail-
lante et que les tibias antérieurs portent non pas une seule, mais
deux épines internes, l’une submédiane, l’autre subapicale.
Mais, dans la grotte d’Ankerika, J. Millot a trouvé 1 et 1 $
d’une Filistate qui se distingue de l’espèce précédente par sa taille
beaucoup plus faible (3 mm.), sa coloration blanc testacé pour
— 267
le céphalothorax et les appendices, brunâtre concolore pour l’abdo-
men, par l’aire oculaire, nullement saillante, chez le mâle dont
les tibias de la première paire sont armés d’une épine interne sub-
médiane et de deux paires d’épines subapicales, les autres articles
étant mutiques. Par sa taille, la coloration du céphalothorax, la
disposition des épines tibiales, cette espèce se rapproche de F. Gran-
didieri E. S. de la grotte de Sarondrano située sur la côte E. de
Madagascar, mais le mâle ne possède pas, comme chez celui-ci,
d’épines métatarsales. Il convient d’attendre d’autres captures
pour décider si nous avons affaire à une autre espèce.
BIBLIOGRAPHIE
1922. Fage (L.). Matériaux pour servir à la faune des Arachnides de
Madagascar. Bull. Mus., 28, 365.
1929. — Les Scorpions de Madagascar. Faune des Colonies françaises,
3, 637.
1939. — Les Pédipalpes Africains du genre Charinus, à propos d’une
espèce nouvelle du Fouta-Djalon : Charinus Milloti, n. sp. Bull.
Soc. Entom., 44, 153.
1940. — Croisière du Bougainville aux îles australes françaises. Opiliones.
Mém. Mus. nat. Hist. Nat., 14, 283.
1945. — Arachnides cavernicoles nouveaux de Madagascar. Bull. Mus.
(2), 17, 301.
1894. Kraepelin (K.). Révision der Tarantuliden Fabr. Abhandl. d. nat.
Vereins Hamburg, 13, 1-53.
1896. — Neue und -weniger bekannte Scorpione. Mith. aus dem Natur-
hist. Mus., 13, 136.
1913. — Neue Beitrâge zur Systematic der Gliederspinnen. Id., 30, 123.
1923. Roewer (C. F.). Die Weberknechte der Erde. Iena.
1927. — Weitere Weberknechte I. Abb. Nat. Ver. Bremen, 26, 261.
1943. — Uber eine neverworbene Sammlung von Skorpionen der Natur-
Museum Senckenberg. Senckenbergiana, 26, 205.
1885. Simon (E.). Matériaux pour servir à la faune Arachnologique de
l’Asie méridionale. Opiliones. Bull. Soc. Zool. France, 10, p. 24.
1936. — in L. Fage et E. Simon. Mission scientifique de l’Omo. Arach-
nida. Mém. Mus. nat. Hist, nat., 4, 300.
1940. Vachon (M.). Voyage en A. O. F. de L. Berland et J. Millot. V.
Scorpions. Bull. Soc. Zool. France, 65, 170.
— 268 —
* - .
Un Erythraeus (Acarien) nouveau recueilli a Mada-
gascar (E. Milloti n. sp.).
*
Par Marc André.
L’animal atteint 1680 [i de longueur sur 780 (x de largeur.
La face dorsale de l’idiosoma est uniformément garnie d’une pilo-
sité uniforme composée de soies lisses, spiniformes, toutes égales,
longues de 60 [x.
- Erythraeus Milloti M. André.
Fig. 1, Palpe maxillaire. — Fig. 2, Crête métopique et les yeux. — Fig. 3*6, tibias et
tarses des pattes I-IV.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
- 269 —
La crête métopique (fig. 2) est formée d’une mince bandelette
longitudinale médiane dont les bords s’écartent pour limiter, à son
extrémité antérieure, une aréa subtriangulaire dans laquelle s’in-
sèrent deux soies pseudostigmatiques simples. Le bord distal de la
crête porte quatre longues soies spinif ormes. Près de l’extrémité
proximale se trouve une seconde aréa, cordiforme, présentant
également deux soies sensorielles. Une rangée de fortes soies, unies,
est placée le long de chacun des bords latéraux de la crête méto-
pique.
Au niveau de la moitié postérieure de cette crête on observe, de
chaque côté, un œil simple, sessile.
Les palpes maxillaires (fig. 1) sont relativement grêles, allongés
et couverts de soies simples. L’avant-dernier article (tibia), qui ne
porte aucune épine caractéristique, se termine par une courte griffe
recourbée. Le dernier (tarse) est de forme globuleuse.
Les pattes, toutes plus longues que l’idiosoma, sont particulière-
ment bien développées. Celles de le. première paire notamment
atteignent une longueur de 3000 p ; les autres ont respectivement :
II, 2080 p ; III, 1900 p ; IV, 2830 p. Les tarses (fig. 3-6) sont
relativement courts et, dans les pattes IV, leur longueur n’atteint
pas la moitié de celle du tibia ; nous donnons, ci-dessous, les dimen-
sions relatives de ces deux derniers articles :
tarse tibia
longueur largeur longueur
Pattes I . ^ 300 110 630
Pattes II 210 100 320
Pattes III. 280 100 380
Pattes IV 230 100 520
Les tarses sont munis, sur toute leur face ventrale et latéro-
ventrale, de nombreuses soies courtes dont l’ensemble constitue une
sorte de brosse épaisse.
Cette nouvelle espèce est représentée par un seul exemplaire
recueilli en 1945 à Tananarive (Madagascar) par M. le Professeur
J. Millot.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
Plusiocampa DARGILANI Moniez (ApTÉRYGOTES DIPLOURES)
(Redescription).
Par B. Condé.
Note présentée par M. M. André.
Plusiocampa Dargilani Moniez (= Campodea Dargilani Meniez
1894 = Campodea staphylinusYiré 1897 (nec Westwood) pro parte
= Troglocampa Dargilani Denis 1930).
L’espèce fut trouvée en abondance par R. Moniez (août 1893)
« dans toutes les parties de la grotte de Dargilan 1, courant à la sur-
face des stalactites ». Sa description originale insiste surtout sur
la longueur des antennes et des pattes, elle ne fournit aucun rensei-
gnement précis permettant de reconnaître l’animal.
A. Viré (1897), à son tour, y récolte une trentaine d’exemplaires
qu’il considère comme une variété cavernicole du Campodea sta-
phylinus.
J. R. Denis (1923), enfin, en possession d’un unique exemplaire
de la collection Moniez, redécrit l’espèce. Cette redescription reste
encore bien insuffisante en raison du mauvais état de la préparation ;
Denis donne des précisions fort intéressantes sur la structure des
griffes, des articles antennaires et des styles, mais la répartition des
macrochètes thoraciques et abdominaux, dont l’importance est
capitale en taxonomie, ne put être observée avec certitude, ni le
sexe reconnu.
Grâce à l’amabilité de C. Delamare-Deboutteville j’ai pu
examiner des spécimens récoltés dans la grotte de Dargilan par
A. Vayssière en août 1902 et conservés au Muséum de Paris. Ce
précieux matériel qui comprend 13 exemplaires (7 <$, 6 Ç) en assez
bon état me permet de compléter la diagnose de Denis.
Longueur : 6-9 mm. Coloration blanc- jaunâtre en alcool. Les
soies de revêtement, qui sont très finement ciliées face tergale, le
sont plus fortement face sternale.
Tête : Antennes plus longues que le corps (environ 4 /3), faites de
40 à 48 articles environ 2 fois aussi longs que larges. Les articles III
et IY portent des macrochètes presque lisses ; les III- VI possèdent
les trichobothries habituelles, soit 2 tergales sur III- VI et 1 sternale
sur IV-V.
1. Causse Noir, canton de Meyrueis, Lozère.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. NVIII, n° 3, 1946.
271 —
Thorax (£ig. 1 A, B, C, H) : La disposition des macrochètes notaux
est la suivante :
Méd. ant. Lat. ant. Lat. post.
Th. 1 1+1 4 + 4 2 + 2
Th. II... 1+1 2 + 2 2 + 2
Th. III ' 1+1 2 + 2 2 + 2
— 272 —
Ces macrochètes sont peu différenciés et presque complètement
lisses ; certains présentent quelques barbules minuscules (jusqu’à 6),
d’autres ont seulement leur extrémité distale bifurquée. Au pro-
et au mésonotum, l’un des macrochètes, latéraux postérieurs —
marqué d’un astérisque sur la figure 1, A et C — est fluctuant : il
peut manquer uni- ou bilatéralement.
Les soies latérales de la marge postérieure sont un peu plus
épaisses que les médianes.
La longueur des pattes a été soulignée par MonIez et Denis ; les
postérieures dépassent l’extrémité de l’abdomen de la longueur de
leur tarse. Les fémurs III portent 1 macrochète sternal et 1 tergal
(brisé sur la fig. 1, H) vers la 1 / 2 de leur longueur et un groupe de
macrochètes distaux. Tibias III sans macrochètes pourvus de calcars
densément barbelés. Les tarses montrent face' sternale une double
rangée de soies fortement barbelées ; à l’extrémité distale de ces
articles, 3 longues soies tergales parfaitement lisses observées p.ar
Denis (1923, fig. 26 a). Griffe postérieure à talon bien développé ;
griffe antérieure plus petite à talon rudimentaire. Soies prétarsales
lisses.
Abdomen (fig. 1 D, E, F, G) : Tergites I-II sans macrochètes ;
ceux-ci débutent au III :
Làt. ant. Lat. post.
Ab. III 1+1 0
Ab. IV 1+1 1 + 1
Ab. V 1+1 4 + 4 1
Ab. VI 1+1 4 + 4 (ou 3 + 3)
Ab. VII 1+1 4 + 4
Sternites Ï-VII pourvus de 19 à 22 macrochètes (le plus souvent
11 + 11) richement barbelés dont la disposition est plus ou moins
symétrique. Sternite VIII avec 3 + 3.
Les styles ont 14-18 soies, toutes ciliées, et 1 sensille sétiforme
latéral externe, inséré distalement. Les soies apicale et sub-apicale
sont les plus volumineuses; l’apicale possède une petite branche
basilaire ciliée égale au 1 /3 environ de la branche principale.
Les appendices abdominaux I sont très volumineux (au moins
2 fois aussi larges que ceux de la Ç), leur extrémité distale, aplatie
en palette, porte de très nombreux poils courts et coniques. La
marge postérieure du sternite I présente une étroite bande de poils
glabres, d’ailleurs peu denses ; ils font complètement défaut chez un
exemplaire jeune dont les appendices abdominaux I sont encore
peu différenciés, mais dont l’examen de la papille génitale ne laisse
aucun doute sur le sexe.
1. Au tergite V, les macrochètes latéraux postérieurs sont de longueur inégale, les
deux plus latéraux étant les plus longs.
— 273
Ç Les appendices abdominaux sont subcylindriques et assez
grêles.
Je ne possède que des fragments de cerques, dont les plus grands
sont 2 fois aussi longs que le corps. Leur revêtement est fait de
longues soies, toutes barbelées ; les courtes soies des verticilles situés
à l’extrémité distale des articles primaires sont aussi ciliées.
Affinités. La seule disposition des macrochètes méso- et méta-
notaux suffit à distinguer P. Dargilani de tous les Plusiocampa
actuellement décrits.
BIBLIOGRAPHIE
1923. Denis (J. R;). Notes sur les Aptérygotes. I. Sur quelques Aptéry-
gotes décrits par M. Moniez [Ann. Soc. ent. Fr., XCII, p. 209-
236).
1930. Denis (J. R.). Sur la faune française des Aptérygotes. XIe note :
Diplures avec tableau de détermination des espèces françaises
(Bull. Soc. zool. Fr., LV, p. 19-41).
1894. Moniez (R.). Espèces nouvelles de Thysanoures trouvées dans la
grotte de Dargilan (Rev. biol. Nord de la France, VI, p. 81-86).
1897. Viré (A.). Le Campodea staphylinus Westwood, et ses variétés
cavernicoles (Bull. Mus., III, p. 89-95).
Laboratoire de Zoologie générale de la Faculté des Sciences de Nancy
et Laboratoire d’ Entomologie du Muséum.
/
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
18
— 274
Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la Collec-
tion du Laboratoire de Paléontologie du Muséum
national D’Histoire naturelle. — il Bryozoaires actuels
du MAROC ET DE MAURITANIE FIGURÉS PAR F. CANU ET
B. S. BASSLER (1925-1928),
t
Par E. Buge.
Note présentée par M. J. Sornay.
Le matériel dont la liste fait l’objet de la présente note provient
des dragages du Boula (1922-1923), du Vanneau (1923-1926) et de
diverses collections dont Canu donne la liste (1925, p. 9). Il a été
figuré dans deux publications successives :
Canu (F.), Bassler (R. S.) 1925. Les Bryozoaires du Maroc et de Mauri-
tanie. 1er mémoire. Mém. Soc. Sci. Nat. Maroc , 1925-X.
Canu (F.), Bassler (R. S.) 1928. Les Bryozoaires du Maroc et de Mauri-
tanie. 2e mémoire. Mém. Soc. Sci. Nat. Maroc , 1928-XVIII.
La totalité du matériel étudié, ou tout au moins figuré, se trouve
probablement dans la Collection Canu et j’en ai retrouvé la plus
grande partie. Les espèces non récupérées (3 types et 5 figurés) ne
sont certainement pas définitivement perdues, mais se retrouve-
ront au fur» et à mesure du rangement de cet immense et pré-
cieuse collection.
L’état des échantillons est très bon, meilleur que celui de ceux du
Patagonien. Cela tient au fait de leur étude relativement récente
et de leur « âge » actuel : en effet les individus fossiles ont subi, pen-
dant leur fossilisation, des modifications physiques et chimiques
se répercutant après leur récolte. Je n’indiquerai donc l’état de con-
servation que dans les cas où la colonie a subi des traumatismes
ultérieurs (fractures) ou a été égarée.
Les localités de récolte sont souvent des stations du Vanneau,
indiquées uniquement par un numéro ; je les réunies sous l’appella-
tion générale de « Côtes du Maroc ». Il faut enfin signaler la présence
dans les individus figurés de spécimens provenant d’Oran ou du
Pliocène d’Italie.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, Î946.
r
— 275
ORDRE DES CYCLOSTOMES
Famille des Entalophoridês : Entalophora proboscidea Milne-
Edwards, 1838. — • Figuré. Canu et Bassler, 1928, p. 69, pl. IX,
fig. 9. — Actuel : Côtes du Maroc.
Mesenteripora eudesiana Manzoni, 1877. — Figuré. — Canu
et Bassler, 1925, p. 71, pl. VII, fig. 27. ■ — Actuel: Côtes du Maroc.
— Colonie non retrouvée.
Famille des Diastoporidés : Bérénice a sarniensis Norman,
1854. — Figuré. — Canu et Bassler, 1928, p. 65, pl. X, fig. 2-5. —
Actuel : Côtes du Maroc. ■ — La colonie figurée, fig. 6, n’a pas été
retrouvée.
Famille des Plagioéciidés : Stathmepora dorsalis Waters 1879.
— Figuré. — Canu et Bassler, 1927, p. 66, pl. IX, fig. 5, 9, 13, 15.
— Actuel : Côtes du Maroc et Oran (Algérie).
Famille des Tubuliporides : Idmonea notomale Busk, 1875. — ■
Figuré. — Canu et Bassler, 1928, p. 74, pl. X, fig. 7-8. — Actuel :
Côtes du Maroc.
Idmonea tenuis Canu et Bassler, 1928. — Type. — Canu et
Bassler, 1928, p. 73, pl. XII, fig. 7-12. — Actuel : Côtes du Maroc.
— Type disparu.
Tubulipora biserialis Canu et Bassler, 1925. — Type . — Canu
et Bassler, 1925, p. 68, pl. VIII, fig. 1-6. — Actuel : Modagor
(Maroc). — Une des colonies a été brisée.
Tubulipora ingens Canu et Bassler, 1928. - — Type. — Canu
et Bassler, 1928, p. 71, pl. XI, fig. 1-7. — Actuel : Côtes du Maroc.
Tubulipora parvus-serpens Canu et Bassler, 1928. — Type. —
Canu et Bassler, 1928, p. 72, pl. XII, fig. 1-6. — Actuel : Côtes
du Maroc.
Famille des Lichenoporides : Lichenopora hispida Fleming,
1828. — Figuré. ■ — - Canu et Bassler, 1928, p. 76, pl. X, fig. 1. —
Actuel : Côtes du Maroc.
ORDRE DES CHEILOSTOMES
Famille des Membraniporidés : Membranipora fusca Canu et
Bassler, 1925. — Type. — Canu et Bassler, 1925, p. 11, pl. II,
fig. 6-8. — Actuel : Baie du Repos, Port-Etienne (Mauritanie).
Famille des Electrinidés : Electra robusta Canu et Bassler, 1928.
— Type. — Canu et Bassler, 1928, p. 13, pl. I, fig. 1. — Actuel :
Cap-Bla îo (Mauritanie). — L’échantillon figuré, indiqué conservé
en alcool, est en réalité monté en cellule. Il en existe trois colonies.
276
Electra verticillata Ellis et Solander, 1786. — Figuré. — •
Canu et Bassler, 1925, p. 12, pl. II, fig. 1-3. — - Actuel : Mogador
(Maroc).
Famille des Flustridés : Spiralaria strictocella Canu et Bassler,
1925. — Type. — Canu et Bassler, 1925, p. 13, pl. I, fig. 1-3. —
Actuel : Côtes du Maroc. — Les spécimens sont légèrement altérés.
Famille des Microporidés : Gargantua bidens Busk, 1859. —
Figuré. — Canu et Bassler, 1925, p. 17, pl II, fig. 4. — Actuel :
Côtes du Maroc. — Echantilon disparu.
Famille des Calpensiidés : Discoporella doma d’Orbigny, 1851.
— Figuré. — Canu et Bassler, 1928, p. 23, pl. II, fig. 1-4. — Actuel :
Cap-Blanc (Mauritanie). — Les spécimens sont montés en cellule
et non conservés en alcool. Leur conservation est excellente.
Famille des Cellariidés : Cellaria elongata Canu et Bassler,
1928. — Type. — Canu et Bassler, 1928, p. 24, pl. II, fig. 7-9. — •
Actuel : Côtes du Maroc.
Cellaria triangulata Canu et Bassler, 1925. — ■ Type. — - Canu
et Bassler, 1925, p. 20, pl. I, fig. 4-5. — Actuel : Mazagan (Maroc).
— Etat de conservation très médiocre.
Famille des Bugulidés : Bugula neritina Linné, 1758. — Figuré.
— Canu et Bassler, 1925, p. 16, pl. I, fig. 6-8. — Actuel : Casa-
blanca (Maroc).
Famille des Cribrilinidés : Puellina innominata Couch, 1844. — -
Figuré. — Canu et Bassler, 1928, p. 27, pl. II, fig. 5-6. — - Actuel :
Côtes du Maroc.
Puellina venusta Canu et Bassler, 1925. — Type. — - Canu et
Bassler, 1925, p. 22, pl. II, fig. 5. — • Actuel : Côtes du Maroc. — -
Assez bon état.
Famille des Stomachetosellidés : Bagionula palmata Canu et
Bassler, 1925. - — - Type. — Canu et Bassler, 1925, p. 49, ^pl. V{
fig. 1-5. — Actuel : Mogador (Maroc).. — Les spécimens ont été
teintés en bleu pour l’étude. Une des colonies a une branche brisée.
Famille des Schizoporellidés : Arthropoma cecilii Audouin, 1826.
— Figuré. — Canu et Bassler, 1928, p. 29, pl. 11, fig. 10. —
Actuel : Côtes du Maroc.
Calloporina decorata Reuss, 1847. — Figuré. — Canu et
Bassler, 1928, p. 39, pl. IV, fig. 5. — - Actuel : Oran (Algérie). — -
Echantillon disparu.
Escharoides megarostris Canu et Bassler, 1928. — Type. —
Canu et Bassler, 1928, p. 36, pl. IV, fig. 1. — Actuel : Côtes du
Maroc.
Hippodiplosia foliacea Solander, 1786. — Figuré. — Canu et
Bassler, 1928, p. 32, pl. III, fig. 12-13. — Actuel : Côtes du Maroc.
277
Hippodiplosia granulosa Canu et Bassler, 1925. — • Type. —
Canu et Bassler, 1925, p. 31, pl. Î1T, fig. 2-3. — Actuel : Tétouan
(Maroc). — Le type n’a pas été retrouvé.
Lëpralia oranensis Waters, 1918. — ■ Figuré. — Canu et Bass-
ler, 1928, p. 33, pl. III, fig. 8-10. — Actuel : Cap-Blanc (Mauri-
tanie). ■ — • La colonie est légèrement usée.
Microporella coronata Audouin, 1826. — Figuré. ■ — Canu
et Bassler, 1925, p. 37, pl. III, fig. 4. — Actuel : Fedhala (Maroc).
Microporella laticella Canu et Bassler, 1928. — Type. —
Canu et Bassler, 1928, p. 40, pl. IY, fig. 3. — Actuel : Côtes du
Maroc. — - Type non retrouvé.
Microporella lepralioides Canu et Bassler, 1925. — Type. —
Canu et Bassler, 1925. p. 37, pl. III, fig. 5. — Actuel : Mazagan
(Maroc). — Le type est en très bon état. En 1928, dans leur deuxième
mémoire, ils ont refiguré des spécimens dragués par le Vanneau qui
n’existent plus dans la Collection Canu (p. 40, pl. IV, fig. 4).
Schizomavella grandiporosa Canu et Bassler, 1925. — Type. —
Canu et Bassler, 1925, p. 26, pl. III, fig. 1. — Actuel : Fedhala
(Maroc).
Schizomavella linearis Hassal, 1841. — Figuré. — Canu et
Bassler, 1928, p. 30, pl. 111, fig. 1-6. - — • Actuel : Côtes du Maroc. — •
Colonies légèrement altérées.
Schizoporella fallax Canu et Bassler, 1928. — Type. ■ — Canu
et Bassler, 1928* p. 32, pl. III, fig. 12-13. - — Actuel : Côtes du
Maroc.
Stephanosella biaperta Michelin, 1842. — • Figuré. — Canu
et Bassler, 1928, p. 32, pl. III, fig. 7. • — Actuel : Côtes du Maroc.
Famille des Smittinidés : Codonellina atlaIntica Canu et Bass-
ler, 1928. — Type. — Canu et Bassler, 1928, p. 47, pl. VI, fig. 1.
— Actuel : Côtes du Maroc.
Palmicellaria skenei Solander, 1786. — Figuré. — Canu et
Bassler, 1928, p. 46, pl. IV, fig. 2. — Actuel : Côtes du Maroc. • —
Une des branches de la colonie figurée est brisée, mais la portion
photographiée n’est pas affectée par cette fracture.
Porella remotorostrata Canu et Bassler, 1928. — Type. — •
Canu et Bassler, 1928, p. 44, pl. IV, fig. 7-8. — Actuel : Cap-Blanc
(Mauritanie).
Smittina porosa Canu et Bassler, 1928. • — Type. — • Canu et
Bassler, 1928, p. 43, pl. IV, fig. 6. — • Actuel : Côtes du Maroc. —
Le type de la côte atlantique est en bon état et il existe d’excellents
échantillons de la Méditerranée.
Famille des Rétêporidés : Schizoretepora longiseta Canu et
Bassler, 1928. — Type. — • Canu et Bassler, 1928, p. 51, pl. IV,
fig. 7-10. — Actuel : Côtes du Maroc.
— 278
Schizoretepora pungens Canu et Bassler, 1925. — • Type. —
Canu et Bassler, 1925, p. 45, pl. IV, fig. 1-3. — Actuel : Côtes duy
Maroc.
! Schizotheca AvicuLiFERA Canu et Bassler, 1925. — Type. — •
Canu et Bassler, 1925, p. 49, pl. III, fig. 6-9. — Actuel : Mazagan
(Maroc).
Famille des Adéonidés : Adeonella polystomella Reuss, 1847.
■ — Figuré. — Canu et Bassler, 1928, p. 52, pl. VI, fig. 2-6. — -
Actuel : Cap-Blanc (Mauritanie). — • Les figures ont été certainement
très retouchées. Le spécimen correspondant à la figure 2 n’existe
plus dans la collection.
Famille des Hippopodinidés : Cheiloporina cxrcumcincta Ne-
viani, 1896. — Figuré. — - Canu et Bassler, 1928, p. 52, pl. VII,
fig. 1. — Actuel : Oran (Algérie).
Famille des Celléporidés ; Cellepora birostrata Canu et Bassler,
1928. — - Type. — Canu et Bassler, 1928, p. 54, pl. VII, fig. 5. — •
Actuel : Cap Blanc (Mauritanie).
Costazia incrassata Lamarck var. attenuata Canu et Bassler,
1925. — • Type. — Canu et Bassler, 1925, p. 59, pl. VI, fig. 1-4. — -
Actuel : Côtes du Maroc.
Costazia boryi Audouin, 1826. — Figuré. — Canu et Bassler,
1925, p. 61, pl. VII, fig. 26. — Actuel : Tétouan (Maroc).
Costazia parvula Canu et Bassler, 1928. — Type. — Canu et
Bassler^ 1928, p. 60, pl. VIII, fig. 6-8. — Actuel : Côtes du Maroc.
Costazia retusa Manzoni, 1875. — • Figuré. — Canu et Bassler,
1925, p. 60, pl. VI, fig. 7-8. — Actuel : Mazagan (Maroc).
Holoporella compressa Canu et Bassler, 1928. ■ — ■ Type. — '
Canu et Bassler, 1928, p. 55, pl. VII, fig. 2-4. — Actuel : Côtes
du Maroc.
Holoporella grandiporosa, Canu et Bassler, 1925. — Type. —
Canu et Bassler, 1925, p. 54, pl. IV, fig. 4-6. — • Actuel : Côtes du
Maroc.
Omalosecosa ramulosa Linné, 1766. • — • Figuré. ■ — Canu et
Bassler, 1925, p. 55, pl. V, fig. 6. - — ■ Actuel : Côtes du Maroc. —
Aucun spécimen de cette espèce, en provenance de l’Atlantique,
n’existe dans la collection, bien que Canu indique un grand nombre
d’échantillons récoltés.
Schismopora areolata Canu et Bassler, 1925. • — ■ Type. — • Canu
et Bassler, 1925, p. 57, pl. V, fig. 7-11. — - Actuel : Côtes du Maroc
(Tanger, Rabat, Fedhala). — ■ Une des colonies est brisée.
Schismopora cantabra Barroso, 1919.'— Figuré . — Canu et
Bassler, 1928, p. 58, pl. VII, fig. 6-10. — Actuel : Côtes du Maroc.
Schismopora coronopus Busk, 1859. — Figuré. — • Canu et
Bassler, 1928, p. 58, pl. VIII, fig. 1-5. — Actuel : Côtes du Maroc.
Schismopora liouvillei Canu et Bassler, 1925. — Type. —
Canu et Bassler, 1925, p. 58, pl. VI, fig. 5-6. — Actuel : Tétouan
(Maroc).
Famille des Chapperiidés : Chapperia annulus Manzoni, 1869. —
Figuré. — Canu et Bassler, 1928, p. 61, pl. IX, fig. 1-2, 5. —
Actuel : Côtes du Maroc. — Les spécimens de Farnesina et Palerme
(Pleistocène) figurés pour comparaison (fig. 3-4) n’ont pu être
retrouvés.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
280 —
Sur une Holothurie de Quoy et Gaimard, type d’un nou -
VEAU GENRE : PLESIOCOLOCHIRUS N. G.
Par Gustave Cherbonnier.
En examinant les échantillons rapportés par Quoy et Gaimard,
en 1829, et en consultant la littérature s’y rapportant, on est amené
à constater combien les auteurs éprouvèrent de difficultés pour
classer dans un genre connu 'une holothurie très curieuse : Holo-
thuria spinosa.
Une étude détaillée des échantillons du Muséum m’a conduit à
créer, pour cette espèce et pour quelques formes voisines, un genre
nouveau : Plesiocolochirus, dont j’établirai plus loin la diagnose.
Plesiocolochirus spinosus (Quoy et Gaimard, 1833).
1833. Holothuria spinosa Quoy et Gaimard. L’ « Astrolabe »., vol. 4,
p. 118-120, pl. 7, fig. 1-10.
1835. Cladolabes spinosus Brandt, Prodomus, p. 74.
1867. Stolus firmus Selenka. Beitr., p. 356, pl. XX, fîg. 118-119.
1867. Ocnus spinosus Semper. Holothurien, p. 55.
1868. Colochirus spinosus Selenka. Nachtr. in : Zeitschr. f. wiss. Zool.
Bd. 18, p. 117.
1868. Thyone spinosa Semper. Holothurien, p. 238-239-243.
1881. Colochirus spinosus Yon Marenzeller. Neue Holoth. von Japan u.
China, Bd. 31, p. 129-132.
1884. Stereoderma validum Bell. « l’Alert », p. 150-151, pl. IX, fîg. E, a-f.
1885. Thyone spinosa Lampert. Reisen im Arch. d. Philippinen. Die
Seewalzen. Holothurioidea, p. 157.
1886. Colochirus spinosus Théél. Challenger, p. 75-77, pl. XIV, fîg. 3-4,
pl. VI, fig. 12, p. 120.
1889. Colochirus spinosus Lampert. Der « Gazelle », p. 825-826.
Si l’on se reporte à la description et aux figures de Quoy et G ai-
mard, l’animal vivant présente les caractéristiques suivantes : forme
ovalaire rappelant celle d’un petit concombre ; anus effilé entouré de
huit pointes faisant un peu saillie à l’extérieur. D’après le texte,
le corps de l’animal Serait entièrement rouge, mais sur la fig. 1 de la
planche 7, le bivium seul est rouge, le trivium étant gris. Epines
latérales violacées, au nombre de douze. Bouche festonnée ; péris-
tome d’un rouge plus intense que le reste du corps. Neuf tentacules
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
281 —
(peut-être dix en supposant qu’il y en ait un d’avorté), rougeâtres,
très ramifiés, avec une tache brune à la base de chacun d’eux. Corps
entier de l’animal recouvert de petites plaques polygonales percées
de trous marquant l’emplacement des pédicelles ventraux et dor-
saux. Pieds disposés sans ordre. Anneau calcaire, de forme imprécise,
biponctué de brun. Une grosse vésicule de Poli, tachetée de violet,
une touffe de gonades violacées, formées de tubes court, assez gros
et simples. Tube digestif ayant trois ou quatre fois la longueur du
corps, de couleur jaunâtre, sans renflement stomacal. Un gros
cloaque dans lequel débouchent deux poumons peu ramifiés. Muscles
longitudinaux larges, muscles rétracteurs puissants.
Les huit échantillons rapportés par Quoy et Gaimard, sont de
Port-Jackson, Rade de Sydney (Australie). Longueur axiale :
64 mm., 53 mm, 46 mm., 43 mm., 38 mm., soit cinq exemplaires en
bon état ; un sixième ne possède plus que son enveloppe crétacée ;
les deux derniers ont été disséqués de telle façon que leur mensura-
tion est impossible. L’échantillon type est celui dont la taille atteint
64 mm., ce qui correspond aux dimensions de l’animal, moins les
tentacules, dessiné pl. 7, fig. 1 par Quoy et Gaimard. Aucun autre
exemplaire n’a les dimensions des deux spécimens des fig. 2 et 3.
Tous sont dépigmentés et ne présentent plus qu’une coloration
jaune sale, ponctuée de brun, plus sombre dorsalement que ven-
tral ement. Tentacules invaginés. Tégument assez épais (0,6 à
0,8 mm.), bourré de spiculés et, de ce fait, extrêmement rigide,
rendant impossible toute contraction importante de l’animal ; ce
qui explique la remarque de Quoy et Gaimard que l’animal ne
rejette pas ses viscères lors de la capture.
Si l’on mesure les six échantillons en respectant la convexité
ventrale et la concavité dorsale, on obtient les dimensions suivantes,
calculées en millimètres :
Longueur ventrale
91
82
77
71
68
66
Longueur dorsale
59
46
48
46
51
45
Lig. droite bouche-anus. . . .
53
37
43
39
50
49
Hauteur médiane
17
17
17
16
16
15
L’espèce présente un très net raccourcissement du bivium et
corrélativement, un allongement considérable du trivium, dont la
longueur peut atteindre le double de celle du bivium. Caractère que
l’on retrouve chez les Psolinae, chez certaines espèces du genre
Ypsilothuria et chez les Rhopalodinidae où la face dorsale est réduite
à quelques millimètres. La courbure a pu s’accentuer au cours de la
fixation, mais les figures de Quoy et Gaimard, la hauteur médiane
à peu près constante et la forme en cheminée de la région anale
/
— 282 —
prouvent, sans aucun doute possible, que le raccourcissement dorsal
et l’allongement ventral existent bien chez l’animal vivant.
Bouche fermée, comme chez les Colochirus typiques et chez les
Psolus, par cinq larges valves, coniques, terminées chacune par
deux petites pointes calcaires. Ces valves portent de cinq à dix pédi-
celles.
La disposition des tubes ambulacraires est assez difficile à saisir.
On constate cependant immédiatement qu’ils sont beaucoup plus
nombreux sur le trivium que sur le bivium. Sur l’échantillon dont
il ne reste plus que l’enveloppe crétacée, j’ai pu faire les observations
suivantes, qui se sont trouvées confirmées par l’examen des autres
spécimens. A la face interne de cette enveloppe, on constate :
1° les pédicelles du radius ventral médian forment une double
ligne où ils sont disposés en quinconce et très serrés ;
2° une plage assez importante, allant de la bouche à l’anus, et
pouvant atteindre 2 mm. de large vers le milieu du corps, est totale-
ment dépourvue de pieds, et correspond aux deux interradius latéro-
ventraux. En dehors de cette plage étroite, les interradius ventraux
sont envahis par un grand nombre de pieds, moins denses cependant
que sur les radius.
3° radius latéro-ventraux moins visibles que le radius médian,
avec des pédicelles assez espacés, bisériés et disposés en quinconce.
4° Epines latérales situées juste à la limite externe des radius
latéro-ventraux. Ce sont des cônes creux, d’où sortent de longues
papilles sans ventouse ni disque calcaire terminaux. Les deux lignes
latérales, pour un même échantillon, comportent le même nombre
d’épines, qui varie de trois à douze. Les épines les plus grandes sont
celles situées au milieu du corps où elles atteignent 2,5 mm. de
hauteur pour un diamètre à la base de 2 mm. Leur taille décroit
ensuite régulièrement jusqu’aux extrémités où leur hauteur n’est
plus que de 0,5 mm. environ.
Tous les pédicelles ventraux portent une ventouse soutenue par
un disque terminal calcaire bien développé (fig. m). Ils sont petits
(0,8 à 1 mm.), cylindriques.
5° Pédicelles de la face dorsale bien plus dispersés que ceux de la
face ventrale. Radius à peine esquissés par une double ligne de tubes
ambulacraires disposés en quinconce. Certains de ces pieds possèdent
une ventouse et un disque terminal rudimentaire ; d’autres n’ont
pas de disque calcaire.
Contrairement à ce que l’on peut voir sur la fig. 1 de Quoy et Gai-
mard, les formations écailleuses ne sont pas réparties sur tout le
corps. Chez un exemplaire mesurant 46 mm. de long, 22 mm. de
large et 17 mm. de hauteur, les écailles partent de l’anus, occupant
une longueur de 14 mm. sur la face ventrale et de 9 mm. sur la face
vr,n
aJUMAX
u : échelle 1
Fig. a, b, c, d, e, h, i,
g. q, s: échelle 3 ; o et r
m, n : échelle' 2.
— 284 —
dorsale. Tous les spécimens ont des écailles sur une plus ou moins
grande longueur dans la région anale, longueur ne dépassant jamais
le quart de celle du corps. Il n’y a pas d’écailles au pôle oral. De
chaque écaille sort un pédicelle, comme cela se rencontre dans
le genre Psolidium.
Nombre de dents anales variant, suivant les échantillons, de cinq
à huit ; elles sont coniques, assez petites. Extrémité postérieure de
l’animal dirigée vers le haut, en forme de cheminée ; anus nettement
dorsal, comme chez les Psolus. Tous les exemplaires ont dix tenta-
cules brun-clair, dont huit grands et deux plus petits correspondants
au radius ventro-médian. Deux échantillons ont un de ces tenta-
cules réduit à l’état de moignon et c’est sans doute ce qui a fait dire
à Quoy et Gaimard que l’espèce n’a que neuf tentacules.
La couronne calcaire de six des exemplaires est conforme à la
figure r : pièces radiales hautes, étroites, fourchues à la partie anté-
rieure ; partie postérieure terminée par deux prolongements assez
longs, moins développés cependant que dans le genre Thyone. Pièces
interradiales triangulaires, non échancrées antérieurement. Pièces
ventrales à bord postérieur portant deux nodosités ; dorsales à bord
postérieur simplement ondulé. Chez les deux autres spécimens, les
pièces interradiales et la pièce ventro-médiane forment un seul bloc
(fig. o), ce qui rappelle la couronne calcaire des Colochirus. Cette
anomalie se rencontre d’ailleurs dans les échantillons dont l’un des
petits tentacules est presque entièrement avorté.
Vésicule de Poli sans pigment, longue et renflée, en forme d’outre.
Un canal hydrophore, situé dans le mésentère, assez long, grêle,
très blanc, terminé par un petit madréporite sphérique.
Gonades composées de nombreux tubes jaunâtres, courts, épais,
non ramifiés.
Muscles longitudinaux longs, divisés par un profond sillon longi-
tudinal. Muscles rétracteurs du pharynx très puissants, s’élargissant
en raquette quand les tentacules sont invaginés. Ils s’attachent au
tiers antérieur du corps.
Intestin très long, à peu près trois fois la longueur du corps, de
couleur brun-clair ; il ne présente pas de renflement stomacal.
Important cloaque d’environ 6 mm. de diamètre. Il reçoit, dans
sa partie médiane, les canaux accolés des deux organes respira-
toires. Ceux-ci, qui s’étendent jusqu’aux deux tiers du corps, ont
une dizaine de tubes portant de courtes ramifications en fer de lance.
Spiculés du tégument dé trois sortes. La couche superficielle est
formée de grandes corbeilles noduleuses dont le centre est en forme
de X (fig. F, g, q ). Egalement, mais en moins grand nombre, des
corbeilles plus petites (fig. s). La couche profonde comporte de gros
boutons très noduleux, irréguliers, ayant de quatre à douze trous
(fig. a, b, c, e) ; également des plaques noduleuses deux fois plus
— 285 —
longues que larges et des plaques avec un relief très faible (fig. d).
En plus, dans le tégument dorsal, nombreuses grandes plaques, soit
simples comme celle de la fig. n, soit au contraire épaisses, triangu-
laires, hexagonales ou ovoïdes, atteignant 1,5 mm. de diamètre et
0,02 mm. de hauteur par suite d’un réseau secondaire très déve-
loppé. On trouve toutes les formes de passage entre la plaque simple
et celles extrêmement massives. Le tégument ventral possède égale-
ment de telles plaques, mais en bien moins grand nombre.
Dans les épines, en plus des spiculés énumérés ci-dessus, des
boutons petits, généralement à quatre trous (fig. h).
Dans les pédicelles, bâtonnets trapus aux extrémités élargies et
percées ds plusieurs petits trous ; ces bâtonnets portent parfois un
grand trou médian ou sont un peu noduleux (fig. i, j, k, l ). Disque
terminal des pieds ventraux bien développés (fig. m) ; celui des
pieds dorsaux, lorsqu’il existe, est bien plus rudimentaire.
Dans les tentacules, très grandes baguettes très ajourées, sinueuses
(fig. p, u). De nombreux petits corpuscules à deux et trois branches
se mêlent à ces grands spiculés (fig. t).
Cette espèce est étroitement alliée à Colochirus inornatus Von
Marenzeller, C. challengeri Théel. C. squamatus Sluiter. C. gazellae
Lampert et Thyone papillata Sluiter. Toutes ces espèces présentent
une répartition des pieds à peu près identique, des épines latérales
plus ou moins prononcées et des spiculés dérivant des même formes.
A mon avis, elles doivent prendre place dans le nouveau genre Plesio-
colochirus.
On conçoit, par la description ci-dessus, combien a dû être diffi-
cile la classification de cette très curieuses espèce, qui ne pouvait,
évidemment, rester dans le genre Holothuria, où l’avaient mise Quoy
et Gaimard.
Depuis 1833, les différents auteurs la rangèrent successivement :
Brandt, en 1835, dans son genre Cladolabes = Orcula Troschel,
dont les espèces ont 15 tentacules et sont donc fort éloignées de
spinosus. r
Selenka, en 1867, dans son genre Stolus — Thyone Oken, ce qui
pouvait se concevoir par la répartition plus apparente que réelle des
pieds sur tout le corps, et par la forme de la couronne calcaire. Puis,
en 1868, dans le genre Colochirus Troschel, en tenant plutôt compte
des épines latérales, des valves orales et de la forme des spiculés.
Or, les espèces du genre Colochirus ont une soie ventrale nettement
différenciée, dont les pieds sont limités aux radius du trivium ; les
épines dorsales sont sur quatre rangs ou dispersées sur la totalité
du bivium, et les spiculés, quoique très voisins, ne sont pas sem-
blables à ceux des Plesiocolochirus.
— 286
Semper, en 1867, dans le genre Ocnus Düben et Koren, en raison
de la ridigidité du tégument et de la présence d’écailles calcaires
puis, constatant son erreur, dans le genre Thyone, en 1868.
Puis, dans Colochirus, par Von Marenzeller en 1881 ; à nouveau
dans Thyone par Lampert en 1885 ; dans Colochirus par Théel,
en 1886, et depuis, par tous les auteurs.
Cette impossibilité de ranger Holothuria spinosus dans un genre
existant m’a amené à créer le nouveau genre Plesiocolochirus, nom
qui souligne ses affinités avec le genre Colochirus , dont il se rap-
proche le plus.
Genre Plesiocolochirus n. g.
Génotype : Plesiocolochirus spinosus (Quoy et Gaimard, 1833).
Corps rigide, en forme de tonneau, de taille moyenne, incurvé dorsale-
ment. Dix tentacules très ramifiés, les deux tentacules ventro-médians
beaucoup plus petits que les huit autres. Bouche terminale. Extrémité
orale terminée par cinq grandes valves triangulaires calcaires, possédant
à leur sommet deux très petites pointes calcaires, et dont la surface porte
de cinq à dix pédicelles. Tubes ambulacraires terminés par une ventouse
soutenue par un disque calcaire bien développé pour les pédicelles ventraux,
rudimentaire ou absent pour les dorsaux. Ces tubes semblent répartis
uniformément sur la face dorsale, avec une légère esquisse de sériation le
long des radius. Sur la face ventrale, les pédicelles envahissent aussi bien
les radius que les interradius, mais les radius, surtout le ventro-médian,
se distinguent par une double ligne de tubes ambulacraires disposés en
quinconce. Les radius latéro-ventraux portent également de grandes
proéminences coniques calcaires, au nombre de trois à douze par radius,
d’où sortent des papilles dépourvues de ventouse et de disque terminaux.
Région anale en forme de cheminée, portant de petites écailles imbriquées,
avec des pédicelles. Anus dorsal armé de cinq à dix petites dents calcaires.
Couronne calcaire bien développée. Pièces interradiales effilées antérieure-
ment et fortement échancrées postérieurement ; pièces radiales fourchues
antérieurement et pourvues chacune postérieurement de deux prolonge-
ments assez longs. Les trois pièces ventro-médianes, correspondant aux
deux petits tentatules, sont souvent réduites. Tégument épais, coriace,
rigide. Trivium avec de gros spiculés noduleux, irréguliers, percés de
quatre à douze trous. Grandes corbeilles avec un X central, et corbeilles
plus petites sans X. Petits spiculés noduleux dans les épines calcaires
latérales. Grandes plaques calcaires a fort réseau secondaire, plus nom-
breuses dans le bivium que dans le trivium. Spiculés des pieds sous forme
de baguettes trapues percées aux extrémités. Corpuscules calcaires des
tentacules très grands, très nombreux, sinueux; également de petits
spiculés à deux ou trois branches percées aux extrémités.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
— 287 —
L'HYBRIDATION CHEZ LES SciLLES.
Par Henri Belval et Marie-Louise du Mérac.
Note présentée par M. J. Hamel.
Rien ne renseigne mieux que l’hybridation sur les liens de parenté
qui existent entre les plantes. On peut être sûr, en effet, que si deux
espèces se croisent, c’est qu’elles sont affines, fussent-elles très éloi-
gnées dans la classification. Celle-ci a beau s’efforcer d’observer l’ordre
naturel, elle est souvent en défaut. Cela tient à ce qu’elle se base
presque exclusivement sur des caractères extérieurs empruntés
le plus souvent à la structure florale : les ressemblances sont quel-
quefois significatives, il peut aussi bien n’y avoir que pur phéno-
mène de convergence. Hutchinson proposait naguère de ranger
les Allium parmi les Amaryllidacées, à cause de leur mode d’inflo-
rescence en ombelle sous-tendue par une ou deux bractées. A quoi
on objectait que les Amaryllidacées sont à ovaire infère tandis que
les Allium sont à ovaire supère et qu’il n’y a aucune raison d’accor-
der plus d’importance au mode d’inflorescence qu’à la position de
l’ovaire. L’étude du contenu glucidique ne tranchait pas le différend.
Mais il est une chose certaine, c’est qu’il n’existe pas d’hybrides entre
les plantes qu’on prétendait rapprocher.
Tant qu’il ne s’agit que de faire choix d’un classement commode,
libre à chacun de donner la préférence à tel ou tel caractère. Une
Graminée, par exemple, qui par certains côtés se rapproche des
Fétuques et par d’autres des Bromes, qui a d’ailleurs le port de
Bromus asper Murr., pourra s’appeler indifféremment Bromus
giganteus L. ou Festuca gigantea Villars. Veut-on, au contraire,
la classer en tenant compte de ses affinités, il faudra dire néces-
sairement Festuca gigantea, et cela pour deux raisons : la fructosane
qu’élabore cette Graminée est celle des Fétuques, nullement celle
des Bromes ; en outre, la plante s’hybride avec les Fétuques, voire
avec les Lolium qui ont même réserve glucidique, jamais avec les
Bromes 1.
Bien des observations de ce genre ont déjà été faites, d’abord
parce que la facilité relative avec laquelle on peut atteindre les glu-
cides des végétaux se prête à ces recherches, ensuite parce que la
nature de la réserve glucidique, souvent importante, traduit mieux
1. H. Belval et A. de Cugnac, C. R. Ac. Sc., 1940, 211, 568,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
288 —
que toute autre substance la physiologie de l’espèce. Les plantes à
fructosanes notamment ont fait l’objet d’intéressantes recherches
qui comptent parmi les plus instructives pour ce qui est de l’influence
du chimisme sur l’hybridation.
Qu’en est-il, à cet égard, des Scilles, ce mot étant pris dans son
sens le plus large ?
Toutes les Scilles ont un bulbe riche en fructosane. Les unes
élaborent à la fois amidon et fructosane, les autres ne contiennent
que de la fructosane, exception faite pour quelques granules amyla-
cés qui se rencontrent toujours à la base du bulbe. Ce fait seul
suggérait diverses expériences d’hybridation que H. Colin ne
manqua pas d’entreprendre. Une mort prématurée ne lui ayant pas
permis d’en voir ni d’en publier les résultats, nous en donnons ici
l’essentiel.
Le type des Scilles sans amidon est la Jacinthe des bois, Endymion
nutans Dum. Sont également sans amidon les plantes à fleurs cam-
panulées que les horticulteurs désignent sous les noms de Scilla
campanulata Ait., très belle espèce dont la variété à fleurs roses a
seule été utilisée, Scilla hispanica Mill., à fleurs mauves rayées de
bleu, fleurissant dès la fin de mars, à laquelle se rattache probable-
ment une variété, étiquetée Scilla maxima, sans autre indication,
fleurissant une quinzaine de jours plus tard et remarquable par son
extrême robustesse et la couleur bleue de ses anthères.
Chimiquement, ces espèces sont très proches. Outre que le bulbe
ne renferme pas d’amidon, les fructosanes sont identiques. H. Colin
a préparé celle de la Jacinthe des bois : c’est une substance blanche,
insipide, non hygroscopique, assez peu soluble, très lentement et
incomplètement saccharifiable par les extraits de levure, de pouvoir
rotatoire — 43 et — 86 avant et après hydrolyse par les acides. Nous
avons nous-mêmes préparé les fructosanes des autres Scilles : S. cam-
panulata, S. hispanica et S. maxima ; elles se sont révélées identiques
à la précédente.
Par ailleurs, il y a entre ces espèces bien d’autres points communs
que Chouard a relevés dans son travail sur les « Types de développe-
ment de l’appareil végétatif chez les Scillées » x, auquel nous aurons
souvent recours ; ceux-ci, entre autres : les plantules sont à coty-
lédon hypogé, longuement engainant, le bulbe tuniqué est à renou-
vellement annuel total.
Les nombres de chromosomes sont les mêmes pour Endymion
nutans, Scilla campanulata et S. hispanica : 2 n = 16.
Il aurait été surprenant que ces plantes ne se croisent pas entre
elles. En fait, H. Colin a réalisé les croisements suivants dont les
premières fleurs apparurent en 1944 :
1. P. Chouard, Ann. Sc. Nat., Bot., 1931, 13, 131.
Endymion nutans X Scilla maxima
Scilla campanulata X Endymion nutans
S. campanulata X S. maxima
S. maxima X 5 campanulata
Les hybrides sont actuellement très vigoureux et leur nature ne
fait aucun doute. Sans entrer dans le détail, voici quelques caractères
distinctifs faciles à observer dans l'inflorescence et la fleur chez les
parents :
Endymion nutans : inflorescence penchée ; fleurs mauves rayées
de bleu, en tube allongé, non évasé, longues de 15 mm. ; extrémité
des pièces du périanthe enroulées en dehors ; anthères jaunes ;
ovaire bleuâtre.
Scilla maxima : inflorescence dressée, très robuste ; fleurs mauves
rayées de bleu, campanulées, longues de 15 mm. ; extrémité des pièces
du périanthe recourbées en dehors ; anthères bleues ; ovaire blanc.
Scilla campanulata : inflorescence dressée ; fleurs roses, campa-
nulées, très ouvertes, longues de 6 mm., extrémité des pièces du
périanthe réfléchies en dehors, non enroulées ; anthères jaunes ;
ovaire rose.
Et voici maintenant ce qu’il en est des hybrides relativement aux
mêmes carâctères :
1. Croisement Endymion nutans X Scilla maxima : inflorescence
dressée ; fleurs campanulées, mauves, longues de 10 mm. extrémité
des pièces du périanthe recourbées en dehors, non enroulées ; anthères
bleues ; ovaire blanc. L’influence de Scilla maxima est nettement
dominante ; la taille toutefois reste très inférieure.
2. Croisement Scilla campanulata X Endymion nutans : inflores-
cence dressée ; fleurs roses, rayées de bleu, en tube étroit long de
10 à 12 mm., ou bien fleurs roses, campanulées, évasées, longues de
8 mm. ; extrémité des pièces du périanthe recourbées en dehors,
jamais enroulées même là où la ressemblance avec la Jacinthe des
bois est la plus manifeste ; ovaire bleu ou rose. Il y a donc ici un
curieux mélange, certains pieds se rapprochant davantage de Scilla
campanulata, d’autres des Endymion nutans ; il arrive aussi qu’on
trouve les deux sortes de fleurs sur la même inflorescence.
3. Croisement Scilla campanulata X Scilla maxima : fleurs cam-
panulées, mauves, rayées de bleu, nettement plus petites que celles
de S. maxima ; anthères bleues ; ovaire blanc.
4. Croisement Scilla maxima X Scilla campanulata : fleurs cam-
panulées, mauve-pâle, rayées de bleu, longues de 10 mm. ; souvent
les étamines fixées sur les pièces externes du périanthe ont les
anthères jaunes tandis que celles qui sont fixées sur les pièces
internes les ont bleues ; ovaire blanc.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946. 19
— 290 —
Il apparaît ainsi que ces espèces à bulbe non amylacé, à développe-
ment végétatif semblable, qui présentent le même chimisme et
s’hybrident sans difficulté les unes avec les autres, constituent un
groupe tout à fait à part et très homogène. Chouard les retire du
genre Scilla tel que le concevait Baker, genre un peu vaste et quelque
peu disparate, pour en faire un genre très distinct, le genre Endy-
mion. Rien n’est plus justifié.
Les Scilles à bulbe amylacé diffèrent des précédentes par tout
l’ensemble de leurs caractères. Celles qui forment le sous-genre
Euscilla, au sens de Chouard, ont desplantules épigées à cotylédon
assimilateur très brièvement engainant ; le bulbe écailleux est à
renouvellement progressif plurannuel ; elles comprennent, entre
autres, les espèces suivantes : S. bifolia L., S. sibirica And., S. cili-
cica Siehe. Cfes plantes ne se croisent ni avec la Jacinthe des bois ni
avec aucun autre Endymion ; ce qui ne surprend pas beaucoup. Mais
elles ne se croisent pas davantage entre elles, malgré la convergence
frappante de leurs caractères extérieurs qui porterait à en faire des
espèces très affines. A quoi chacune de ces Scilles doit-elle d’être si
nettement séparée de ses voisines ? A son caryotype ou à son chi-
misme? Les caryotypes ne sont certainement pas les mêmes : S.
bifolia a 20 chromosomes, ou 18, S. cilicica en a 12, S. sibirica en a '
12 ou 16. Quant aux fructosanes on ignore tout à leur sujet, faute de
pouvoir récolter le matériel en quantité suffisante pour préparer
un produit pur.
Le genre Chionodoxa Boiss. a été séparé des Scilles et rapproché
des Jacinthes à cause de son périanthe soudé en cloche à la base,
de ses étamines à filets courts, élargis, pétaloides. Néanmoins, la
plantule est épigée à gaine cotylédonaire courte, le bulbe amylacé
est plurannuel et la hampe florale privée de bractées, caractères qui
rappellent ceux des Euscilla. Or Chionodoxa Luciliae Boiss. qui
fleurit en même temps que S. bifolia, au premier printemps, se laisse
facilement polliniser par cette dernière. En réalisant ce croisement,
l’un des plus typiques parmi les croisements intergénériques,
H. Colin ne faisait que répéter, sans le savoir, le croisement naturel
que J. Allen avait observé dès 1891, dans son jardin. L’hybride,
pour lequel Allen créa le nom de X Chionoscilla, et que l’année sui-
vante Gumbleton nommait X Chionoscilla Alleni, portait des
fleurs d’une seule couleur, bien qu’un peu plus pâle au centre ;
aucune ne présentait le centre blanc des Chionodoxa qui n’apparut
qu’à la seconde génération L Chose curieuse, en 1892, un nouvel
hybride naturel fut découvert par Whittall sur les flancs du Mont
Taurus parmi les Chionodoxa de cette localité ; c’est une plante très
rare issue du croisement entre Chiodonoxa sardensis Hort. et Scilla
1. The Garden, 1891, 39, 308.
— 291 —
bifolia et nommée Chionodoxa sardensis oculata à cause d’une tache
noire qui en est le principal caractère distinctif et ne se trouve pas
dans C. sardensis 1.
A moins qu’un croisement n’ait aucune signification quant à
l’affinité des conjoints, il faut bien reconnaître que les caractères
tirés de l’appareil végétatif l’emportent de beaucoup dans le cas
présent sur ceux qu’on tire de la structure de la fleur.
Scilla cilicica, elle aussi à floraison précoce, pollinise également bien
Chionodoxa Luciliae. Le croisement inverse est moins facile : il n’a
pas été réussi. Il en est de même de toutes les tentatives de croise-
ment avec Scilla sibirica.
Voilà donc trois espèces d’ Euscilla, considérées comme très pro-
ches, qui ne se croisent pas entre elles et dont deux sont à même de
féconder des plantes appartenant à un genre différent. Ni la struc-
ture de la fleur, ni les caractères de l’appareil végétatif ne rendent
compte de ces particularités. Peut-être trouverait-on dans l’étude
du chimisme des renseignements intéressants ; il est malheureuse-
ment totalement inconnu.
Une autre espèce Sur laquelle Chouard a fort justement attiré
l’attention, c’est Scilla italica L. : la fleur est d’une Scille mais tous
les autres caractères sont d’un Endymion : germination hypogée
bulbe annuel, bractées géminées, l’une presque aussi longue que le
pédoncule floral. Cette espèce a également 16 chromosomes. Le
bulbe toutefois n’est pas tout à fait celui d’un Endymion, en ce
sens qu’il n’est pas absolument dépourvu d’amidon, mais ce n’est
pas pour autant celui d’une Scille, car l’amidon se présente en
grains minuscules et n’apparaît qu’en été quand les feuilles se
dessèchent après la fructification. Chouard en fait un Endymion.
Il était donc tout indiqué de tenter le croisement avec les Euscilla
et la Jacinthe des bois. « J’ai effectué, lit-on dans une note manus-
crite de H. Colin, des centaines d’essais, dans les conditions les
meilleures, en vue de croiser Scilla italica dans un sens ou dans
l’autre, soit avec les Endymion nutans, campanulatus , soit avec
Scilla bifolia, S. sibirica, S. cilicica... Je n’ai enregistré que des échecs,
les plus nets qui se puissent, avec flétrissement rapide du pistil. »
Les convergences signalées dans l’appareil végétatif entre Scilla
italica et les Endymion, ne sont donc pas l’indice d’une affinité très
prononcée, surtout si l’on se rappelle avec quelle facilité les Endy-
mions vrais s’hybrident entre eux. En réalité, S. italica est une
espèce intermédiaire entre Endymion et Euscilla mais elle ne se croise
ni avec les uns ni avec les autres. Dès lors, toute tentative d’hybri-
dation entre Endymion et Euscilla était d’avance vouée à l’échec.
Le genre Camassia est lui aussi très proche des Endymion, sa
1. The Garden, 1892, 42, 17.
— 292
germination est hypogée et le bulbe annuel est dépourvu d’amidon.
C’est pourtant en vain qu’on a essayé de croiser la Jaointhe des bois
avec Camassia Cusickii S. Wats., plante très robuste, à bulbe
énorme, et qui fructifie abondamment sous notre climat, ou avec
Camassia montana Hort., plus petite et qui d’ailleurs ne se croise
pas avec l’espèce précédente.
Somme toute, les croisements obtenus jusqu’ici entre Scilles sont
fort peu nombreux. Seules, des espèces aussi voisines les unes des
autres que les Endymions s’hybrident facilement. Joignons-y les
croisements, naturels ou non, entre les Chionodoxa et les Scilla bifolia
et cilica, et nous aurons énoncé tous les cas de succès. C’est assez
dire qu’il ne faut pas faire trop de cas des caractères morpholo-
giques pour juger du degré d’affinité des plantes et conclure aux
possibilités d’hybridation. Aussi bien, des convergences comme on
en remarque chez les Scilles existent entre celles-ci et des plantes
beaucoup trop éloignées pour que l’idée puisse venir à l’esprit de les
croiser : les Narcisses, par exemple, germent selon le mode de la
Jacinthe des bois ; Ornithogalum pyrenaicum germe, lui, selon le
mode des Scilles.
Serait-ce alors au chimisme que reviendrait le dernier mot en
matière d’affinité ? Il est bien certain que la différence de composi-
tion chimique ne saurait être considérable entre deux plantes qui se
croisent ; mais une différence qui n’entrave pas la fécondation dans
un cas peut suffire ailleurs pour arrêter tout développement. Il n’est
que de se rappeler le cas des Iris et des Graminées.
Ainsi que l’a montré Carles x, les trois espèces d’iris de la région
parisienne. Iris germanica L., I. pseudoacorus L., I. foetidissima L.,
sont trois types incompatibles entre eux et nul n’a jamais pu les
croiser. Le premier est à rhizome amylacé, le second contient une
fructosane, l’irisine, et le troisième renferme à la fois de l’amidon et
deux fructosanes spéciales. Ces trois types se retrouvent dans l’en-
semble des Iris ; au premier se rattache une soixantaine d’espèces,
à peu près autant au troisième, cinq seulement au second ; entre
Iris de même type, les croisements sont toujours possibles ; ils ne le
sont pas entre espèces de types différents.
Chez les Graminées, la nature des glucides de réserve est loin
d’avoir la même importance : Elymus et Agropyrum, dont les fruc-
tosanes diffèrent peu il est vrai, se croisent bien 1 2 et il y a longtemps
que les génétistes russes ont croisé le Blé avec divers Chiendents,
dont les glucides lévogyres sont très dissemblables. Alors où est la
limite et comment décider ?
Au surplus, pour s’en tenir aux seuls glucides, il faut reconnaître
1. J. Carles, Chimisme et Classification chez les Iris, Thèse, Paris, 1934.
2. A. de Cugnac et H. Belval, C. R. Ac. Sc., 1939, 208, 377.
293 —
que leur nombre n’est pas illimité et qu’en ce domaine comme en
d’autres des convergences sont inévitables. Ne trouve-t-on pas de
l’inuline dans les Composées, les CampanulaGées, les Borraginacées ;
et même dans les Composées n’y a-t-il pas de l’inuline dans de nom-
breuses espèces entre lesquelles toute hybridation est impossible à
envisager ?
Ce n’est pas à dire pourtant qu’il faille abandonner les recherches
sur l’hybridation et le chimisme ; mais il ne faut pas leur demander
plus qu’elles ne peuvent donner ; c’est seulement dans les limites de
groupes naturels assez restreints qu’elles fourniront d’utiles ren-
seignements.
Laboratoire de Culture du Muséum et Laboratoire de Botanique de l’Institut
catholique de Paris.
294 —
Essai de localisation strati graphique de quelques Mol-
lusques Quaternaires de la région parisienne
Par Laure J. Lhoste.
Note présentée par M. J. Nàssans.
Les ouvrages de Préhistoire montrent deux tendances. Les uns
(Joleaud et Alimen, 1945) estiment qu’il n’y a qu’un seul grand
refroidissement (würmien) et qu’il n’existe qu’une seule faune froide
(würmienne) ; d’autres (Furon; 1943 et 1945) considèrent avec l’abbé
Breuil qu’il y eut au contraire une succession de faunes chaudes
et froides, correspondant aux diverses phases glaciaires et inter-
glaciaires.
L’étude du Quaternaire marin enregistre une migration d’es-
pèces boréales atteignant la Méditerranée au Sicilien, une migra-
tion de formes chaudes au Tyrrl^énien ( sensu stricto), une autre
migration d’espèces froides n’atteignant pas la Méditerranée, mais
connue dans le Normannien de la côte normande et sur les côtes de
la Péninsule ibérique.
A. C. Blanc (U Anthropologie, 1938, t. 48, p. 269) souligne que
« les faunes marines ne peuvent témoigner par leur histoire que des
grandes résultantes des variations climatiques et paléogéographi-
ques dont les oscillations de détail doivent être recherchées par
d’autres voies ».
Le nombre des oscillations climatiques quaternaires, qui ne doi-
vent pas être confondues avec autant de glaciations, seraient au
nombre de 11, marquées par des solifluxions et des loess.
L’étude des Mammifères a déjà donné quelques résultats, associée
à celle des outillages préhistoriques trouvés en place, non remaniés,
et définis avec précision.
Il existe évidemment peu de coupes permettant de démontrer
la succession des climats, des flores et des faunes. On peut cependant
citer le sondage de Berlin, les loess de la vallée du Rhin et les ter-
rasses de la Somme. Il paraît au moins prouvé qu’il existe au mini-
mum deux niveaux à Elephas primigenius, l’un dans les loess récents,
würmiens et un autre dans des loess anciens, rissiens, antérieurs à la
faune chaude à Elephas antiquus, de P Interglaciaire RissAVürm.
Tout récemment 1, M. G. Dubois a montré également l’existence
de plusieurs niveaux à Spermophiles.
1. G. Dubois, Sur le Souslik des gisements quaternaires d’Auve.rgne. Rev. Sc. Nat.
Auvergne, 1944, v. 10, pp. 4-37, 1 pl.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
— 295
La faune quaternaire de France comprend un peu plus de 200 es-
pèces : 75 Mammifères, 50 Oiseaux et 80 Mollusques.
Au cours de notre travail sur le creusement de la Seine et de ses
affluents, nous ayons analysé de nombreuses coupes et étudié des
matériaux archéologiques et paléontologiques conservés au Muséum
et au Musée de Saint-Germain. Les collections archéologiques pro-
venant des terrasses sont pour la plupart inutilisables du fait qu’elles
proviennent de points non cotés et ne sont pas accompagnées de
coupes.
Les matériaux paléontologiques recueillis par des géologues sont
souvent accompagnés de coupes et il semble que l’on peut mainte-
nant commencer à localiser les niveaux fossilifères. Nous tenons le
plus grand compte des coupures marquées par des solifluxions dont
le rôle a été souligné plusieurs fois par MM. H. Breuil, J. Blan-
chard et E. Patte. C’est d’ailleurs le seul moyen de comprendre
la variété des matériaux qui ont été recueillis dans la terrasse de
30 mètres. On peut dès lors définir la chronologie relative et ne plus
se contenter de déterminer « Quaternaire ».
Nous croyons pouvoir ainsi isoler dès maintenant des éléments
de faune correspondant à l’Interglaciaire Mindel-Riss 1, qui se
retrouve dans les formations du remblaiement de la terrasse de
30-35 mètres, puis une autre faune et une flore également chaude
postérieure aux dépôts de la terrasse de 35 mètres et antérieures à
la Basse-terrasse dont le creusement correspond à la glaciation
rissienne et le remblaiement à l’Interglaciaire Riss-Würm.
Dans la région parisienne, on peut reconnaître une série d’éléments
appartenant à la terrasse de 35 m. Eléments que l’on trouve dans
la carrière Dauphin (Bicêtre Porte d’Italie) et comportant Helicella
hispida L., L. limosa L., B. tentaculata L. (opercules), Valvata pis-
cinalis Müller, Cyclas rivicola Leach.
Parmi les éléments appartenant à l’épisode plus ou moins posté-
rieur à la terrasse de 35 m., antérieur à la terrasse de 10-15 m.,
citons :
La Celle-sous-Moret (cote 60, entre 15 et 30 m. au-dessus de la
Seine) : Flore chaude à Figuier, Arbre de Judée et Laurier des
Canaries : faune chaude à Zonites aciaeformis Klein et Hélix Chou-
queti Tourn. (Saporta, Tournouer, Jodot) -(- Acheuléen évolué
(IV).
Montigny-sous-V ernon (cote 45) : limons et tufs à Z. aciaeformis
et H. Chouqueti Figuier et Acheuléen évolué (II ou IV) (Dollfus).
.. Saint-Pierre-les-Elbeuf (cote 37) : Limons et tufs à Zonites aciae-
formis et H. Chouqueti, Acheuléen (III ou IV) (Chédeville).
1. Ou Günz-Mindel, ainsi que le pense J. Blanchard (et ainsi de suite). Il est
d’ailleurs à noter qu’il n’y a pas d’industrie connue dans la haute-terrasse de la Seine,
tandis que la terrasse de 30 m. contiendrait du Chelléen à Créteil et à Mantes.
296 —
Le Trait (cote 30), ravinant la terrasse de 35 m.) : Cervus Bel-
grandi, E. antiquus, Bythinia tentaculata (Bucaille).
De la basse terrasse (10-15 m.) dont le remblaiement correspond
à F Interglaciaire Riss-Würm, on connaît très bien la faune chaude à
Elephas antiquus, Rhinocéros Mercki, Corhicula fluminalis et Leval-
lois III-IV et Micoquien. (Exemple : Cergy, près du confluent de
l’Oise et de la Seine et Champigny 1, carrière Dusio, où l’on trouve :
Hélix arbustorum L. H. hispida h., H. ericetorum Mül., H. pulchella
Mül., Bulius montanus Drap.* Sphyradium muscorum Mül., Clau-
silia joinvillensis Bourg., Bithinia tentaculata L., Belgrandia join-
villensis Bourg., Limnœa auricularia L., Succinea oblonga Mül., S.
joinoillensis, S. putris L., Planorbis albus Mül., P. complanatus L.,
Ancylus fluviatilis Bue Hoz., Valvala cristata Mül., V. piscinalis
Mül., Cyclas cornea L., Pisidium amnicum Mül., Unio batavus Mat.
et Rack., etc. (avec E. primigenius à la base).
Sur la côte normande, la terrasse marine de 15 mètres (norman-
nienne) étudiée par A. Bigot, L. Dangeard, G. Dubois, L. Guil-
laume, contient surtout Buccinum undatum L., Purpura lapillus L.,
Cardium edule L. et une espèce actuellement boréale : Modiola
modiolus L. C’est une faune tempérée froide. Il semble même pos-
sible de distinguer des périodes simplement tempérées d’après
l’épaisseur relative du test des Mollusques.
Les terrasses de la Seine sont actuellement beaucoup moins bien
connues que celles de la Somme. Le fait même que les terrasses
situées au-dessus de celle de 30-35 m. ne contiennent aucun outillage
préhistorique dans la vallée de la Seine est en faveur de l’opinion de
certains auteurs (J. Blanchard) synchronisant la terrasse de 30 m.
de la Seine avec celle de 45 m. de la Somme, dont le remblaiement
correspond à l’interglaciaire Günz-Mindel. Il s’ensuivrait un même
décalage chronologique pour les terrasses plus récentes.
Ceci implique de toute façon la très grande ancienneté du creuse-
ment de la Seine et de ses affluents, ancienneté soulignée par plu-
sieurs terrasses antérieures à celle du Quaternaire certain.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
1. R. Soyer. Le quaternaire de Champigny (Seine). Bull. Nat. Parisiens , 1930-31,
n° 15.
Nouveau gisement de Barrémien inférieur dans la
MONTAGNE DE LURE (BASSES-ALPES).
Par C. Mathon et J. Sornay.
L’horizon du Barrémien qui fait l’objet de la présente note a été
observé sur le territoire de la commune de Rédortiers (Montagne de
Lure, Basses- Alpes), sous forme d’affleurements verdâtres profondé-
ment érodés :
1° A quelques mètres au Nord de la cote 1352 (carte dite d’Etat-
Major en hachures), se poursuivant vers le S.-E. de chaque côté du
ravin des Chouscles (commune de Rédortiers) pour disparaître au
CQteau de Glande. Cet affleurement est repéré Flt
2° A quelques mètres au Nord de la cote 1330, se prolongeant vers
le Sud sur plus d’un kilomètre et alimentant une source suffisant
presque aux besoins du hameau des Tinettes. La branche S.-W.
s’émaille à la mi-avril d’une floraison de tussilages qui n’en dépasse
pas les limites, indiquant ainsi des conditions de pH et d’humidité
du sol particulières.
3° Au lieudit les Fontètes où il s’allonge vers le S.-E. et vers
le S.-W. en deux branches séparées par la ligne de crête. Cet
affleurement est repéré F2.
4° Sur quelques centaines de mètres au Nord de la naissance du
ravin de Teïsseïre.
Les couches, pùissantes d’environ 5 mètres, plongent vers l’Ouest
de 5°, ce que montre nettement l’altitude des différents affleurements
ramenée à la même latitude. Le pendâge est approximativement de
12° S.-W.
L’affleurement est constitué par un calcaire lé&èrement argileux
de couleur grisâtre, contenant 90 % de C03Ca mais, sous l’influence
des agents d’érosion, il se décalcifie progressivement jusqu’à n’en plus
contenir que 70 à 75 %. A ce moment il a pris la teinte verdâtre qui
le fait reconnaître de loin et, particulièrement friable, il est profondé-
ment raviné et entraîné par les eaux courantes Quant aux fossiles
lorsque ce sont par exemple des rostres de Bélémnites, leur constitu-
tion permet de les retrouver intacts à la surface de la r^che délitée. Il
en est de même pour Terebratula, Rhynchonellà et les tests d’Oursins.
Pour les Ammonites la chose est différente, la composition du fossile
généralement identique à celle de la gangue (primitivement 90 % de
CO3 Ca environ) le rend aussi friable qu’elle et, par conséquent, il ne
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
— 298 —
se trouve que rarement complet dans la roche trop décalcifiée. Par-
fois une recristallisation interne en gros cristaux de calcite indique
une concentration actuelle plus grande en C03Ca pour le fossile que
pour la gangue.
La couche qui recouvre le niveau étudié contient un peu moins
En noir extension de la portion explorée du niveau barrémien étudié ici.
(Echelle 1/50.000). (Equidistance des courbes 40 mètres).
de C03Ca (82 à 83 %) et moins d’argile, cette dernière étant remplacée
par des grains très fins de nature siliceuse. La couche inférieure, au
contraire, est plus riche en C03Ca (94 à 95 %) et présente des veinules
ferrugineuses qui le strient en tout sens.
Paléontologie.
Les deux gisements Fx et Fg sont exactement du même niveau
comme le montre leu& faune ; celle-ci correspond à celle, devenue
299
classique depuis les travaux de Kilian, de Combepetite. Elle est
d’âge barrémien inférieur. Le seul fait remarquable est la présence
de Spongiaires dans le gisement F2. Ils sont malheureusement assez
abimés et n’ont pu être déterminés. Deux fragments de baguettes
de Cidaris n’ont pu être déterminés non plus. Ils appartiennent
probablement à une espèce voisine de C. lardyi Savin, mais sont trop
incomplets pour permettre une détermination certaine.
Faune du gisement Fv
Holcodiscus fallax (Coq.) Mather. ; H. cf. fallax (Coq.) Math. ;
H. cf. ziczac Karak. ; H. cf. caillaudi d’Orb. ; H. aff. nodosus
Karak. ; Desmoceras aff. compsense Kil. ; Lytoceras cf. anisopty-
chum Uhl. ; Pholadomya cf. barremensis Math. ; Rhynchonella
moutoniana d’Orb., var. major Kil. ; T erebratula sp.
Faune du gisement Fz.
Holcodiscus cf. fallax (Coq.).) Math. ; H. aff. ziczac Karak. ; H. cf.
caillaudi d’Orb. ; Holcodiscus sp. forme intermédiaire entre H. cail-
laudi et H. fallax ; H. fallacior (Coq.) Math. ; Pulchellia compressissi-
ma d’Orb. ; Desmoceras cf. difficile d’Orb. ; Desmoceras sp. ; Duvalia
dilatata Blainv. ; Nucula sp. ; Rhynchonella dolfussi Kil. ; Terebratula
sp. ; Cidaris punctatissima Agass. ; Cidaris ? ; Spongiaires indét.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
— 300
Sur l'action des Hormones sexuelles dans la métamor-
phose EXPÉRIMENTALE DE L'AXOLOTL (ÂMBLYSTOMA TTGRINUM
GREEN ) PROVOQUÉE PAR LA THYROXINE (lre note).
Par Paul Roth.
J’ai montré 1 que l’hormone mâle, sous la forme de Propionate de
testostérone (1) pouvait modérer l’action de la Thyroxine dans
la métamorphose expérimentale des Batraciens anoures, quand ce
corps ne se trouvait pas, dans le milieu, à une concentration trop
élevée.
L’expérimentation avec les larves d’Anoures étant malaisée en
raison de leur petite taille qui rend les injections d’hormones sexuelles
en solutions huileuses assez difficiles, j’ai cette fois choisi, comme
matériel, des Axolotls qui donnent de plus grandes commodités
expérimentales et qui, de plus, n’offrent pas l’inconvénient de n’être,
comme les têtards, utilisables que pendant un laps de temps assez
court étant donné la rapidité de leur développement (2).
Méthode. — J’ai employé deux lots d’ Axolotl s albinos provenant
d’un élevage connu des environs de Paris.
Les sujets du premier lot pesaient de 56 à 69 grammes et mesu-
raient de 18 à 20 centimètres de longueur totale. Ceux du second lot
pesaient de 16 à 20 grammes et mesuraient de 12 à 13 centimètres
de longueur. ' ,
J’ai tout d’abord hésité à me servir de jeunes animaux car Jen-
sen (3) avait constaté que les Axolotls ne pesant pas au moins
30 grammes ne supportaient pas le traitement thyroïdien. Effective-
ment, des Axolotls pesant 20 grammes que j’avais nourris avec des
fragments de deux thyroïdes basedowiennes, moururent au cours
de la métamorphose, l’un à la 2e et l’autre à la 3e phase très dépig-
mentés (il s’agissait d’ Axolotls noirs) (4). Mais Jensen avait traité
ses animaux avec des préparations thyroïdiennes dont le dosage
en iode thyroxinien ne pouvait être, surtout à cette époque, que très
imprécis, tandis que le traitement par la Thyroxine permet un dosage
rigoureux de l’iode administré et de fait, les jeunes animaux que j’ai
utilisés ont très bien toléré la dose de Thyroxine calculée spéciale-
ment pour eux.
1. Toutes les hormones sexuelles que j’ai utilisées m’ont été gracieusement four-
nies par la Direction des Laboratoires Roussêl, que je suis heureux de remercier ici.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
— 301
Zavadowsky (5) préconisait l’injection sous-cutanée de 0.001 mil-
ligramme (1 gamma) au moins de Thyroxine par gramme d’animal.
Jensen (6) a pratiqué l’injection parentérale de Thyroxine, mais
sans indiquer le dosage.
J’ai moi-même injecté à un Axolotl pensant 30 grammes, 3 milli-
grammes de Thyroxine (1950 gammas, soit 65 gammas par gramme
d’animal) et il se métamorphosa en 23 jours, très amaigri, mais peu
dépigmenté.
Jugeant la base préconisée par Zavadowsky trop faible et celle
que j’avais administrée trop forte, j’ai injecté aux Axotlotls du
premier lot le contenu d’une ampoule de 1 c. c. d’une solution stérile
de Thyroxine racémique synthétique 1 représentant 0 mmgr. 65
d’iode thyroxinien ou 650 gammas et aux jeunes Axolotls du second
lot, la moitié de cette dose, c’est-à-dire 325 gammas, ce qui donne
9 à 12 gammas par gramme d’animal pour les premiers suivant leur
poids et de 16 à 20 gammas pour les seconds.
Les animaux furent mesurés et pesés avant la mise en expérience
et repesés après.
La métamorphose fut suivie et jugée d’après les phases décrites
par Zavadowsky et Zavadowsky (7), que je rappelle ici :
lre phase : la saillie des yeux est marquée et les branchies se
raccourcissent, la crête caudale diminue de hauteur.
2e phase : les yeux ont l’aspect adulte, les branchies et la queue sont
réduites de moitié.
3e phase : les branchies et la crête caudale sont vestigiales, les
fentes branchiales ne sont pas encore formées.
4e phase : accomplissement parfait de tous ces processus.
Résultats : a) avec les Axolotls du premier lot.
Les cinq animaux de ce lot étaient sexuellement mûrs et pesaient
respectivement : le n° 1, 63 gr. ; le n° 2, 64 gr., le n° 3, 59 gr. ; le n° 4,
69,5 gr. ; le n° 5, 56, 5 gr. Ils reçurent tous 650 gammas de Thyro-
xine racémique synthétique en une seule injection sous-cutanée.
Deux jours après cette injection les Axolotls n° 3 et 4 reçurent,
chacun, une injection de Propionate de testostérone de 25 mmgr. pour
1 c. c. ; l’Axolotl n° 1 une injection de Di-hydro-folliculine de 5 mmgr.
ou 5.000 U. I. pour 1 c. c. et l’axolotl n° 5 une injection de Proges-
térone de 5. U. S. pour 1 c. c. ; l’Axolotl n° 2 ne recevant rien et
restant donc soumis au seul traitement thyroxinien. Ce dernier
animal se métamorphosa en 65 jours. Les premiers signes se mani-
festèrent le 7e jour. Au cours de la métamorphose il perdit 19 gram-
mes soit 29 % de son poids initial.
L’Axolotl n° 1, qui avait été traité par la Thyroxine et la Dihy-
1. Thyroxine « Roche ».
— 302 —
dro-folliculine mourut le 46e jour à la 3e phase de la métamorphose,
après avoir perdu 29,5 gr., soit 47 % de son poids initial.
L’Axolotl n° 3, qui avait reçu, outre la Thyroxine, de l’hormone
mâle, donna quelques signes de métamorphose : saillie des yeux,
diminution des branchies et de la crête caudale, mais ces signes ne
s’accentuèrent pas, l’alimentation, qui avait cessé, reprit et les pro-
cessus de la métamorphose s’arrêtèrent. A ce moment (38e jour),
l’animal avait perdu 11,5 gr., soit 21 % de son poids initial. Aucune
modification de la tête ne s’était produite. Trois mois après, l’Axolotl
était toujours dans le même état, sauf que les yeux avait repris
l’aspect larvaire.
L’Axolotl n° 4 qui avait été également traité par la Thyroxine
et l’hormone mâle, donna, le 22e jour, quelques signes de méta-
morphose, mais, cette fois, les processus ne s’arrêtèrent pas et la
métamorphose s’accomplit en 64 jours.
L’Axolotl n° 5 qui avait reçu de la Thyroxine et de la Progestérone
donna des signes de métamorphose le 10e jour et mourut le 27e jour
à la 2e phase.
Il est à remarquer que l’animal dont la métamorphose fut arrêtée
par l’hormone mâle était un mâle et celui sur lequel cette hormone
n’eût pas d’action était une femelle. D’autre part, les deux animaux
qui avaient respectivement reçu de la Di-hydro-folliculine et de la
Progesténone, hormones femelles et qui moururent au cours de la
métamorphose étaient des mâles.
b) Avec les Axolotls du deuxième lot. Les Axolotls de ce lot étaient
immatures. L’Axolotl n° 6, qui pesait 17,5 gr. et mesurait 12 cm. de
longueur, reçut 325 gammas d’idôde thyroxinien, soit 18 gammas par
gramme d’animal et se métamorphosa en 31 jours après avoir perdu
25 % de son poids.
L’Axolotl n° 7 pesant 16 grammes et mesurant 12,5 cm. de lon-
guer reçut, outre 325 gammas de Thyoxine, une injection de Pro-
pionate de testostérone à 25 mmgr. pour 1 c. c. Le 17e jour, il donna
de légers signes de métamorphose, bien que l’alimentation n’ait pas
cessé, contrairement à ce qui se passe quand les Axolotls ont reçu
seulement de la Thyroxine. Je résolus alors de faire à cet animal une
seconde injection de 1 c. c. de Propionate de testostérone, mais ne
titrant, cette fois, que 5 mmgr. A la suite de cette deuxième injec-
tion, l’état de l’animal demeura stationnaire jusqu’au 33e jour où je
constatai une augmentation de la saillie des yeux et une nouvelle
diminution des branchies et de la crête caudale. Je fis alors à l’animal
une troisième injection de 1 c. c. de Propionate de testotérone,
titrant, comme la seconde 5 mmgr. A la suite de cette dernière
injection les processus de la métamorphose s’arrêtèrent. Au 63e jour,
l’animal pesait 8 grammes de plus que son poids initial.
Pendant ce temps, l’Axolotl n° 8, qui pesait 20 gr., mesurait
12,5 cm., qui avait été traité comme le précédent, mais n avait pas
reçu d’injections supplémentaires d’hormone mâle, se transforma
lentement. Il atteignit la 3e phase le 49e jour. A ce moment, il cessa
de s’alimenter pendant cinq jours, puis l’alimentation reprit et, le
63e jour, l’animal entrait dans la 4e phase. Son poids avait augmenté
de 6 grammes.
Discussion. — Il y a donc une différence considérable entre les
réactions au traitement anti-thyroxinien par les hormones sexuelles,
suivant que les Axolotls sont immatures ou sexuellement mûrs.
Chez les seconds, le sexe paraît jouer un rôle important. Pour une
même dose d’hormone mâle la métamorphose s’arrête ou se poursuit,
suivant que le sujet est un mâle ou une femelle. Ils sont plus sensibles
que les Axolotls immatures à l’action de cette hormone. L’un de ces
derniers ayant reçu 325 gammas de Thyroxine, plus 25 mmgr. de
testostérone, les Axolotls mûrs, 650 gammas de Thyroxine plus
25 mmgr. de Testostérone ; malgré une dose moitié moindre de
Thyroxine et une dose égale de Testostérone, celle-ci se révéla
insuffisante pour arrêter les processus de la métamorphose. Cepen-
dant, l’hormone mâle manifesta dans ce cas son action en retardant
cettè métamorphose de 31 jours, puisque l’immature n° 8 se méta-
morphosa en 62 jours et l’immature n° 6 qui n’avait pas été traité
par l’hormone mâle, mais seulement par la Thyroxine, se métamor-
phosa en 31 jours. De plus, que la métamorphose fût arrêtée ou seule-
ment retardée, les Axolotls ainsi traités prirent du poids au lieu de
maigrir et d’autant plus que la dose d’hormone mâle avait été plus
forte, contrairement à l’animal traité par la Thyroxine seule et con-
trairement aussi aux Axolotls sexuellement mûrs qui maigrirent,
soit que la métamorphose fut arrêtée, soit qu’elle eût suivi son cours.
Il est également à remarquer que l’Axolotl immature traité par la
seule Thyroxine se transforma en moitié moins de temps que son
homologue plus âgé.
Il y a donc intérêt a ne se servir que d’ Axolotls immatures. Il est
possible que la dose plus élevée de testostérone nécessaire pour
arrêter les processus de la métamorphose chez eux, soit en relation
avec leur plus grande sensibilité à l’action de la Thyroxine.
Conclusion. — Chez les Axolotls immatures, le Propionate de
testostérone donné à une dose convenable doit, quel que soit le
sexe du sujet, arrêter les processus^de la métamorphose expérimen-
tale.
Chez les Axolotls sexuellement mûrs, le sexe paraît jouer un rôle
prépondérant dans la réponse à l’hormone administrée qu’elle soit
mâle ou femelle.
Les hormones femelles injectées à des Axolotls mâles sexuellement
mûrs ont causé leur mort. Des expériences actuellement en cours
— 304 —
avec des Axolotls immatures, diront si, comme de l’ai constaté chez
les têtards de Batraciens anoures, ces hormones ne peuvent empêcher
ni modérer l’action de la Thyroxine.
Laboratoire d’Ethologie des animaux sauvages du Muséum.
• BIBLIOGRAPHIE
1. Roth (P.). Bull, du Muséum, 1941, 13, n° 5 (500-503).
1942, 14, n° 6 (480-483).
1943, 15, n° 2 (99-100)
2. Roth (P.). , 1939, 11, n° 1 (99-110).
3. Jensen (O.). C. R. Soc. Biol., 1920, 83 (315) ; 1921, 84 (423).
4. Welti (H.) et Roth (P.). Soc. Fr. d’Endocrinol. 1946, 7, n° 1 (11-33).
5. Zavadowsky (B. M.j, Titajew (A. A.) Perelmutter et Raspopowa.
Pfluger’s Arcfi., 1927, 217 (198-204).
6. Jensen (O.). C. R. Soc. Biol., 1921, 85 (391).
7. Zavadowsky (B. M.) and Zavadowsky (E. V.). Endocrinology, 1926,
10 (550-559).
— 305
L’ACTIVITÉ CHOLINESTÉRASIQUE DES ORGANES CHEZ LES SÉLA-
CIENS ET LES T ÊLÉOSTËEN S.
Par A. Kaswin et A. Serfaty
Dès 1909 (J. Gautrelet (1)), l’idée de l’existence d’un médiateur
chimique de l’excitation rferveuse parasympathique se précisa et il
est reconnu actuellement que l’acétylcholine joue un rôle impor-
tant dans le mécanisme de la transmission neuro-humorale et inter-
vient au cours de l’excitation nerveuse du système parasympathique
et des synapses des fibres préganglionaires du système sympathique.
Pour expliquer l’action, très passagère de l’acétylcholine, Dale (2),
en 1914, envisagea l’hydrolyse fermentaire de l’acétylcholine.
C’est à Loewi et Navratil (3) (1926) qu’on doit la démonstration
de la nature fermentaire de ce phénomène et de l’existence d’une
diastase, nommée cholinestérase capable d’hydrolyser l’acétylcho-
line en choline et acide acétique.
La "cholinestérase a un rôle très important. C’est grâce à elle qu’est
possible la localisation de l’excitation nerveuse à l’endroit même où
la décharge acétylcholinique a lieu. Elle limite également la réaction
dans le temps par hydrolyse de l’excès d’acétylcholine rendant à
l’organe ou au muscle la possibilité de revenir rapidement à l’état
de repos. La diffusion dans la circulation générale , de l’acétylcho-
line est de même rendue impossible.
Il y a très peu de données relatives à ce ferment chez les Pois-
sons. Dans deux notes précédentes, nous (4) avons montré que le
sperme de la Roussette ( Scylliorhinus canicula L.) possédait un
pouvoir cholinestérasique très élevé et que la glande de Leydig était
à l’origine de cette forte activité. En effet, 1 gramme de sperme est
capable de décomposer 600 mg. d’acétylcholine en 20 minutes et à
20°; cette activité correspond approximativement à celle de l’or-
gane électrique de la Torpille et de la Gymnote (Marnay (5) et
Nachnmânsohn (6)). Aussi, il nous a paru intéressant de rechercher
l’activité de cette diastase, dans les organes des Téléostéens et des
Sélaciens.
La méthode de détermination de l’activité estérasique utilisée est
basée sur celle de Stedmann et White (7). Les dosages sont effectués
sur des extraits aqueux. Les tissus sont broyés avec du sable de
Fontainebleau purifié et lavé et ceux-ci macèrent 24 heures au fri-
gidaire. Le principe du dosage est le suivant : on dose, par la soude
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946. 20
r ’
— 306 —
/
N /200, l’acide acétique libéré ppr hydrolyse d’une solution d’acétyl-
choline additionnée de l’extrait et placée au thermostat à 20° ; on
emploie comme indicateur coloré le bleu de bromothymol.
Les recherches ont été effectuées sur des animaux pubères, pendant
les mois de mai, juin, juillet et août 1945 sur : 3 Carpes ( Cyprinus
carpio L.), 2 Labres ( Labrus berggylta Ascan.), 3 Congres ( Conger
vulgaris Cuv.), 8 Roussettes ( Scylliorhinus canicula L.), 2 Raies
(Raja clavata L.) et 1 Hâ ( Galeus canis B.).
Les résultats obtenus sont notés dans le tableau ci-dessous :
Organes
Sélaciens
Sérum
Encéphale entier ....
Estomac-intestin ... .
F oie
Muscle
Organes génitaux . . .
Rein
T éléostéens
Sérum
Encéphale entier
Estomac-intestin . . .
Foie ... *
Muscle
Organes génitaux . . .
Rein
Poids
du tissu
utilisé
pour le
dosage,
exprimé
en g.
1
1/5
1
1
1
1
1/10
1
1
1/10
1/2
1/2
1/2
1
1
Acétylcholine (en mgs) décomposée
par l’activité cholinestérasique
rapportés à 1 g. d’organe frais
pendant 20 minutes et à 20-22°.
Moyenne des résultats
Roussette
Ç Raie
$ Hâ
c? 0,7
$ 0,65
0,6
0,4
S 6,8
? 6
6,4
9,6
c? 1.9
$ 1
1,5
S 0,8
0
1
$ 0,55
0
(? 7,6
$ 2,5
0
4,1
■C? -
$ 0,2
0,7
c?32
—
—
$-
0
—
Carpe
Labre
Congre
0,3
0,5
0,65
35,5
50
23
9,2
15
6,7
4,6
14 ’
4
3,3
11
8
1,2
2
2,5
8,2
9
—
1. Les détails de la méthode ont été indiqués dans une note de l’un de nous : Fro-
ment et Kaswin (Bull, et Mém. Soc. Médicale Hôpit. Paris, févr. 1945, p. 57).
Nous adressons nos sincères remerciements aux Laboratoires Lematte et Boinot,
qui nous ont aimablement donné le chlorhydrate d’acétylcholine.
— 307
Dans chaque espèce, mis à part l’appareil uro-génital de la Rous-
sette, l’activité cholinestérasique des organes se classe dans l’ordre
décroissant suivant : encéphale, estomac-intestin, muscle, foie sauf
chez la Carpe et le Labre, chez lesquels le muscle est moins actif
que le foie.
L’étude comparative des Téléostéens et des Sélaoiens montre que
les premiers ont, dans leur ensemble, une activité plus élevée que celle
des Sélaciens. Les moyennes des chiffres obtenus sont respectivement,
pour les Téléostéens et les Sélaciens de : 0,5 et 0,6 pour le sérum ; 3,6
et 7,5 pour l’encéphale entier : 10,3 et 1,5 pour l’ensemble estomac-
intestin ; 7,2 et 0,6 pour le foie ; 7,5 et 3,3 pour le muscle.
En outre, signalons que les organes de la Raie (foie, muscle, rein)
ne représentent aucune activité cholinestérasique.
Pour expliquer ces différences entre les Sélaciens et les Téléos-
téens, et l’absence d’activité cholinestérasique de certains tissus de
la Raie, nous sommes enclins à admettre la possibilité de l’existence
d’une substance inhibitrice chez les Sélaciens. Rappelons, à ce sujet,
que l’oxyde de triméthylamine, substance antiestérasique (Kahane
et Lévy (8)), se trouve en quantité notable chez la Roussette et que
d’une manière générale Hoppe-Seyler (9) et Grollmann (10)
pensent que les Sélaciens sont plus riches en oxyde de triméthyla-
mine que les Téléostéens.
Résumé. — Le pouvoir cholinestérasique des organes des Téléos-
téens est plus élevé que celui des Sélaciens ; il l’est en moyenne de
5 fois plus pour l’encéphale entier ; 7 fois plus pour l’ensemble esto-
mac-intestin ; 12 fois plus pour le foie et 2 fois plus pour le muscle.
L’activité estérasique du foie, du muscle et du rein semble être nulle
chez la Raie.
Laboratoire de Pathologie expérimentale et comparée de la Faculté de Méde-
cine de Paris, Laboratoire de Physiologie Générale du Muséum et Station
de Biologie marine de Roscoff.
BIBLIOGRAPHIE
(1) Gautrelet (J.). C. R. Acad. Sc., 1909, I, p. 995 et Journ. de Méd.
de Bordeaux, 1909, 14 févr.
(2) Dale (H. H.). Journ. of Pharmac., 1914, 6, p. 147.
(3) Loewi (O.) et Navratil (S.) .Arch. f. physiol., 1926, 214, p. 678.
(4) Kaswin (A.) et Serfaty (A.). C. R. Soc. Biol. ,févr. 1946 (sous presse)
(2 notes).
(5) Marnay (A.). C. R. Soc. Biol, 1937, 126, p. 573.
(6) Nachmansohn (E).), Cox (D. T.) Coates (G. W.) et Machado. Journ.
Neurophysiol., 1943, 5, p. 493.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946. 20.
308
(7) Stedmann (E. et E.) et Write (A.C.). Biochem. Journ., 1933, 27,)
p. 1055.
(8) Kahane (E.) et Lévy (J.), C. R. Soc. Biol., 1936, 121, p. 1596.
(9) Hoppe-Seyler (E. A.), Z. f. Biol.,, 1930, 90, p. 433.
(10) Grollmann (A.). Journ. of. Biol. Chem., 1929, 81, p. 267.
f
— 309 —
Les Typhlopidae fossiles.
Par Robert Hoffstetter.
La famille des Typhlopidés groupe de petits Serpents vermi-
formes et fouisseurs, qui présentent des caractères anatomiques
très spéciaux et remarquablement homogènes. Ces, caractères, et
surtout ceux du squelette, ne s’apparentent qu’avec ceux des Lepto-
typhlopidés et assignent à ces deux familles une position aberrante
parmi les Ophidiens, dont elles constituent la section des Scoleco-
phidia s Encore doit-on signaler que certains auteurs, comme
G. Haas 1930, qui s’appuie sur la morphologie des muscles masti-
cateurs, mettent en doute ce rapprochement.
La position très isolée des Typhlopidés justifie à elle seule
l’hypothèse d’une origine ancienne. La répartition géographique
de la famille, précisée par F. Werner en 1921, vient appuyer
cette conception. Sont largement cosmopolites en effet, non seule-
ment la famille qui habite pratiquement toutes les régions chaudes
du globe, mais également son principal genre, Typhlops, que
l’on rencontre sur tous les continents (Afrique, Madagascar, Eu-
rasie, Australie et Amérique) et sur de nombreuses îles. Certaines
espèces ont elles-mêmes une dispersion remarquable ; c’est ainsi
que Typhlops braminus (Datjdin) a été signalé dans toute la région
indomalaise continentale et insulaire jusqu’aux Moluques et aux
Carolines, en . Arabie, en Afrique orientale et australe, dans la
région malgache enfin, y compris les Mafcareignes et les Comores ;
F. Werner mentionne même l’espèce au Mexique, mais il est peu
probable qu’il s’agisse là d’une forme autochtone. Or le mode de vie
strictement fouisseur ne permet pas d’admettre, dans une période
récente, des migrations intercontinentales d’une ampleur telle
qu’elles puissent èxpliquer cette répartition.
I. — Les fossiles rapportés a tort aux Typhlopidés.
On doit donc s’attendre à rencontrer, dans de nombreux gise-
ments fossilifères, des formes apparentées aux Typhlopidés. En fait,
quelques restes ont été rapportés à cette famille.
1. — Tout d’abord, le genre Simoliophis Sauvage, connu aujour-
d’hui par des espèces cénomaniennes de France, du Portugal et
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 3, 1946.
d’Egypte, a été rapproché des Typhlopidés par son auteur (H.-E.
Sauvage 1880 et 1896) et surtout par A. -T. de Rochebhune 1880.
Le dernier auteur n’hésite pas à admettre ce genre comme l’ancêtre
des Typhlopiens. Le rapprochement est cependant bien fragile et
ne s’appuie guère que sur l’absence de toute carène hémale à la face
inférieure du centrum des vertèbres dorsales. On sait à présent que
ces Reptiles cénomaniens sont des formes très particulières à ver-
tèbres pachyostotiques, formes que leur habitat marin suffirait
à écarter des Serpents vermiformes. F. Nopcsa, à qui nous devons
une longue étude sur le Simoliophis d’Egypte, a rapproché les
Simoliophidés des Pachyophidés néocomicns et des Paléophidés
éocènes, pour en faire la section des Cholophidia. D’autres auteurs,
parmi lesquels S.-W. Williston, considèrent que Simoliophis est
apparenté aux Dolichosauria, et par conséquent aux Sauriens. Seules
la découverte et l’étude du crâne permettront de trancher la ques-
tion. Quoi qu’il en soit, Simoliophis se place très loin des Typhlopidés
et les rapprochements effectués par A. T. de Rochebrune doivent
être abandonnés.
2. - — En 1884, dans son étude sur les Serpents des Phosphorites
du Quercy, A. -T. de Rochebrune a créé Omoiotyphlops priscus
(figuré sous le nom de Typhlops Edwardsi) et l’a considéré comme un
Typhlopidé. J’ai déjà signalé (R. Hoffstetter 1942) que cette
forme devait être rapportée aux Sauriens et plus précisément aux
Amphisbénidés. Il suffit, pour s’en convaincre, de constater que sur
les vertèbres qui constituent le type de l’espèce sont dépourvues de
zygosphène et de zygantrum et ne peuvent donc appartenir à un
Serpent. La figure 2 a de Rochebrune, qui montre un zygosphène,
est manifestement erronée.
3. - — Dans cette même*étude, A. -T. de Rochebrune décrit une
autre espèce, Odontomophis atavus, de la même provenance, connue
seulement par son dentaire. Il lui reconnaît quelque ressemblance
avec les Scincoïdiens, mais la considère comme un « descendant
direct de Simoliophis », et par conséquent, pour lui, comme un
Typhlopien. La comparaison de l’auteur est faite avec « les débris
de dents et de maxillaires associés aux vertèbres pour lesquelles le
Dr Sauvage a créé le genre Simoliophis des Grès verts des Cha-
rentes ». Je n’ai pu retrouver les pièces, inédites, auxquelles il fait
allusion. Par ailleurs, on ignore tout actuellement du squelette
céphalique de Simoliophis. Par conséquent les observations de
A. -T. de Rochebrune ne sont pas contrôlables.
Mais j’ai pu observer, au Laboratoire de Paléontologie du Muséum,
le type de Odontomophis atavus. C’est un dentaire qui n’est d’ailleurs
pas très fidèlement reproduit dans la figure de Rochebrune. Dès
l’abord, sa dentition subpleurodonte et la présence de nombreux
— 311
foramina dento-facialia indiquent que la pièce appartient à un
Saurien : j’ai déjà émis cette opinion (R. Hofsstetter 1939, p. 22,
note 1). Il s’agit certainement d’un fragment de dentaire de Vara-
noidea. On doit rapporter la pièce au genre Necrosaurus (= Palaeo-
varanus) et probablement à un jeune individu de Necrosaurus
Cayluxi Filhol. Il n’est pas impossible cependant qu’elle constitue
une espèce indépendante : il faudrait alors la nommer Necrosaurus
atavus (Rochebrune).
La position systématique que lui attribuait l’auteur en s’appuyant
sur le dentaire est au moins surprenante. On sait en effet que cet
os est toujours dépourvu de dents chez les Typhlopidés.
En résumé, si l’on s’en rapporte à la bibliographie actuelle, les
vrais Typhlopidés sont encore inconnus à l’état fossile.
II. — Un Typhlopidé du Vindobonien français.
Typhlops grivensis nov. sp. (fig. 1).
J’ai cependant rencontré dans le Vindobonien moyen de la Grive-
Saint-Alban (Isère), parmi d’innombrables vertèbres d’Ophidiens,
une vingtaine de pièces qui .présentent tous les caractères de celles
du genre Typhlops. Ces pièces appartiennent pour la plupart au
Muséum de Lyon, mais quelques-unes (fig. 1) proviennent de mes
récoltes personnelles;
Ici encore, aucun renseignement n’existant sur le squelette
céphalique, une légère incertitude subsiste quant à la dénomina-
tion générique du fossile, mais son attribution aux Typhlopidés est
hors de doute.
Il m’a été impossible, évidemment, de faire une comparaison
avec les quelque 165 espèces de Typhlops décrites à ce jour. Je ne
puis donc affirmer en toute rigueur qu’il s’agit bien d’une, espèce
nouvelle. Mais sa position géographique et son ancienneté relative
rendent très improbable une identité spécifique avec une forme
actuelle. Je lui attribue donc un nom spécial.
Les vertèbres cervicales et caudales sont inconnues. Mais la région
dite dorsale est représentée par des vertèbres antérieures, moyennes
et postérieures. Il s’agit d’un animal dépassant 30 cm. de longueur.
Le centrum, dans toute la région dorsale, est dépourvu d’hypapo-
physe et même de carène hémale. Il s’allonge surtout dans la partie
moyenne du tronc. Sa face inférieure porte le plus souvent deux
petits trous nourriciers. Mais, exceptionnellement, comme cela
s’observe chez les Typhlops actuels, il est complètement perforé
par un gros foràmen qui débouche dans le canal neural (fig. 1, Bo).
Les articulations costales, placées assez bas, sont régulièrement
9
arrondies. A la face inférieure de la vertèbre, elles sont séparées du
centrum par un sillon qui, dans les vertèbres postérieures, s’étend
longuement en arrière. L’arc neural est peu élevé, surtout dans les
régions moyenne et postérieure. Il ne porte pas de neurépine. Dans
les vertèbres antérieures, à peine distingue-t-on une légère arête
médiane, toujours mousse. Plus en arrière, cette ornementation
s’eiïace et se réduit tout au plus à un léger mucron postérieur. Zygo-
Fig 1. — Typhlops grivensis nov. sp. X 8.
Vertèbres dorsales antérieure (A), moyenne (B) et postérieure (C).
Faces dorsale (d), ventrale (v), latérale gauche (g) et antérieure (a).
(CoJl. Hoffstetter, Labo. Paléont. Muséum.)
sphène et zygantrum sont typiques. Le premier possède un bord
antérieur trilobé, la lèvre supérieure formant en avant une légère
saillie entre les deux becs latéraux qui portent les facettes articu-
laires. Cette lèvre, relevée dans les vertèbres antérieures, devient
ensuite déprimée au milieu. Les prézygapophyses sont bien déve-
loppées sous leurs facettes articulaires, et ont la forme de baguettes
grêles. Dans la région antérieure, elles sont presque transversales,
mais relevées vers le haut ; plus loin, elles se dirigent vers l’avant en
même ,temps qu’elles se rapprochent de l’horizontale. Le canal
— 313
neural est vaste par rapport à la vertèbre, qui est de construction
légère.
Dans l’ensemble, cette morphologie Rappelle d’assez près celle
de T. Diardi Schlegel. Elle est aussi assez voisine de celle de T.
braminus (Daudin), mais cette espèce reste toujours beaucoup
plus petite. Par contre, T. punctatus (Leach) est nettement différent.
Cette première comparaison permet donc de conclure que T. gri-
vensis a surtout des affinités avec les formes actuelles de la région
orientale.
Les pièces précédentes représentent le seul Typhlopidé tertiaire
que je connaisse, malgré une recherche attentive dans les collec-
tions de Paris, Lyon et Bâle.
La famille n’est donc pas connue avant le Vindobonien moyen.
Mais, dès cette époque, elle est représentée par des formes en tous
points comparables aux types actuels, au moins en ce qui concerne
leur squelette axial. Ï1 est donc probable que l’origine des Typhlo-
pidés doit remonter beaucoup plus loin dans la série géologique.
Il est certain que la rareté des représentants fossiles de ce groupe
tient d’abord à la petitesse et à la fragilité du squelette de ces ani-
maux. Mais il ne me semble pas qu’il y ait là une explication accep-
table de l’absence des Typhlopidés dans un certain nombre de
gisements français comme Saint-Gérand-le-Puy (Aquitanien),
Suèvres (Burdigalien) et Sansan (Vindobonien inférieur). On y a
récolté en effet un abondant matériel comprenant de très petites
pièces. Dans chaque gisement, l’habitat1 semble avoir été favorable
aux Typhlopidés puisqu’on y trouve des Amphisbénidés, Sauriens
vermiformes dont le mode de vie est très voisin. J’ai donc la con-
viction qué la famille des Typhlopidés n’est arrivée en France
qu’au Vindobinien moyen. Il faut d’ailleurs constater que cette
date marque l’arrivée en Europe occidentale d’un certain nombre de
Reptiles, parmi lesquels on peut citer les Varanidés et les Elapidés.
La suite de l’histoire des Typhlopidés tertiaires n’est pas connue.
Ceci tient sans doute à la pauvreté des archives utilisables, les gise-
ments du Vindobonien supérieur, du Pontien et du Pliocène n’ayant
jamais fourni de restes de petits animaux. Le groupe a donc pu
persister quelque temps en Europe sans que nous en ayons de
preuves.
III. — Un Typhlopidé subfossile de l’Ïle Maurice.
Typhlops Cariei nov. sp. (fig. 2).
P. Carié a récolté à la Mare aux Songes (Ile Maurice), un riche
matériel subfossile dont l’étude est partiellement faite. Les Ser-
314
pents y sont représentés par un Boïdé et un Typhlopidé. Ce dernier
appartient incontestablement au genre Typhlops, mais il est nota-
blement plus gros que T. braminus (Daudin), seule espèce connue
dans la faune actuelle des Mascareignes, où elle a peut-être été
introduite. Le fossile se distingue bien, par ailleurs, de cette dernière
espèce, par divers caractères de la morphologie vertébrale.
Il serait utile d’en faire une comparaison attentive avec les autres
formes de la région malgache. Mais la répartition actuelle montre
que les espèces de moyenne ou grande taille présentent toujours,
dans les îles qui les abritent, un caractère endémique. Je suis donc
persuadé qu’il s’agit là d’une forme disparue, propre aux Iles Mas-
careignes.
K
Fig. 2. — Typhlops Curiei nov. sp. X 8.
Vertèbre dorsale moyenne. Faces dorsale (d), ventrale (v), latérale gauche (g)
et antérieure (a).
(Coll. Cabié, Labo. Paléont. Muséum.)
L’animal est représenté dans la collection Carié par deux groupes
de 3 vertèbres en connexion et par une vertèbre isolée, figurée ici.
Il s’agit encore d’un Typhlops de taille moyenne.
Ces vertèbres appartiennent à la région moyenne du tronc. Elles
se distinguent de T. grivensis par une forme nettement plus courte
et plus surbaissée. L’arc neural porte une indication d’arête sagittale
et forme un léger mucron postérieur. La lèvre supérieure du zygo-
sphène ne porte pas de saillie antérieure médiane. Les mêmes carac-
tères morphologiques, auxquels il faut ajouter la différence de taille,
éloignent catégoriquement le fossile de l’actuel T. braminus.
La famille des Typhlopidés est donc jusqu’à présent très pauvre-
ment représentée à l’état fossile. On peut souhaiter qu’une plus
315 —
grande attention apportée dans les récoltes puisse aboutir à de nou-
velles trouvailles qui apporteront plus de lumière sur l’origine et
l’histoire de cette intéressante famille.
Laboratoires d’ Anatomie comparée et de Paléontologie du Muséum.
TRAVAUX CITÉS
Haas (G.) 1930. — Ueber die Kaumuskulatur und die Schadelmechanik
einiger Wühlschlangen. Zool. Jahrb. Anat., 52, p. 95-218. Jena.
Hoffstetter (R.) 1939. — Contribution à l’étude des Elapidae actuels et
fossiles et de l’Ostéologie des Ophidiens. Arch. Mus. Hist. Nat. Lyon ,
15, p. 1-78. Lyon.
Hoffstetter (R.) 1942. — Sur la présence d ’ Amphisbænidæ dans les gise-
ments tertiaires français. C. R. Somm. Soc. Geol. Fr., 3, p. 24-25. Paris.
Nopcsa (F.) 1924. — Ergebnisse der Forschungenreisen Prof. E. Stromers
in den Wüsten Ægyptens, II, 5. Die Symoliophis Reste. Abh. Bayer.
Akad. Wissensch. ; Math. Naturw. Abt., 30, p. 1. München.
Rochebrune (A. T. de) 1880. — Révision des Ophidiens fossiles du Mu-
séum d’Histoire Naturelle. Nouo. Arch. Mus. (2), 3, p. 271-296, Paris.
Rochebrune (A. T. de) 1884. — Faune ophiologique des Phosphorites du
Quercy. Mém. Soc. Sc. nat. Saône-et-Loire, 5, p. 149. Châlon-sur-Saône.
Sauvage (H.-E.) 1880. — Sur l’existence d’un Reptile du type Ophidien.
dans les couches à Ostrea columba des Charentes. C. R. Ac. Sc., 91,
p. 671-672. Paris.
• Sauvage (H.-E.) 1896. — Sur un Ophidien des terrains crétaciques du
Portugal. C. R. Ac. Sc., 122, p. 251-252. Paris.
Werner (F.) 1921. — Synopsis der Schlangenfamilie der Typhlopiden.
Arch. f. Naturgeschichte, 87, Abt. A, p. 266-338.
Le Gérant : Marc André
ABBEVILLE.
IMPRIMERIE F. PAILLART (o. P. L. 31.0832). 4-9-1946
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 225
R. Heim. Louis Mangin et Pierre Allorge, premiers titulaires de la Chaire
de Cryptogamie du Muséum. Leçon inaugurale du cours de Cryptogamie,
prononcée le 26 Mars 1946 » , 226
Communications :
V. Chaudun. Félix Delahaye, jardinier au Jardin du Roi, Compagnon de
d’Entrecasteaux 253
L. Fage. Complément à la faune des Arachnides' de Madagascar 256 -
M. André. Un Erythraeus (Acarien) nouveau recueilli à Madagascar (E. Milloli
n. sp.) . 268
B. Çondé. Plusiocampa Dargilani Moniez (Aptérygotcs Diploures) 270
E. Buge. Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la collection du Labo-
ratoire de Paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle. — 11. Bryo-
zoaires actuels du Maroc et de Mauritanie figurés par F. Canu et R. S. Bassler '
(1925-1928)... ' 274
G. Cherbonnier. Sur une Holothurie dé Quoy et Gaîmard, type d’un nouveau
genre : Plesiocolochirus n. g. 280
H. Bei.val et M.-L. du Mérac. L’hyèridation chez les Scilles 287
L.-J. Lhoste. Essai de localisation stratigraphique de quelques Mollusques
Quaternaires de la région parisienne 294
G. Mathon et J. Sornay. Nouveau gisement de Barrémien inférieur dans la
montagne de Lure (Basses-Alpes) 297
P. Roth. Sur l’action des hormones sexuelles dans la-métamorphose expérimen-
tale de l’Axolotl ( Amblysloma ligrinum Green) provoquée par la Thyro-
xine (lre note). . . . :• 300
A. Kaswin et A. Serfaty. L’activité cholinestérasique des organes chez les
Sélaciens et les Téléostéens ’ 305
R. Hoffstetter. Les Typhlopidæ fossiles 309
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM N VT ION AL DTIISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEO FFROY-S AI NT* HILAIRE, PARIS Ve
e> * e
Archives du Muséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’ Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.).
Bulletin du Muséum national d’Hisloire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, abonnement annliel France, 200 fr., Étranger, 300 fr.).
Mémoires du Muséum national d’ Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
,, Notulæ Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, France, 9(3 fr. ;
Etranger, 150 fr.). * -
Revue française d’ Entomologie. (DirecteurM. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr.,
Etranger, 150 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Sainl-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trôcadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de' Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921.
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 200 fr.. Étranger,
260 fr.).
Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur Mme Allorge*Laboraloire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874; abonnement France, 200 fr.,
Étranger, 300 fr.). (
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeur M. Roger Heim. Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis
1928; abonnement France, 225 fr., Étranger, 375 et 450 fr.).
MqLmmalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVI 1 1
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 4. — Septembre 1946
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, BUE CUVIER
PABIS-V'
REGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l'état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de le
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en
outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
(Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50
16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr.
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro, brochés avec agrafes, et couverture non imprimée.
Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs.
par 25 ex. en sus 12 francs.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DE l’abonnement ANNUEL :
France : 200 fr. ; Etranger : 300 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1946. — N° 4.
355e RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
26 septembre 1946
PRÉSIDENCE DE M. C. ARAMBOURG
' PROFESSSEUR AU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. le Professeur Ach. Urbain, Directeur du Muséum est nommé
Membre titulaire du Conseil de l’Enseignement supérieur et M. le Pro-
fesseur J. Orcel, Membre suppléant dudit Conseil (Arrêté ministériel
du 6 juillet 1946).
M. A. Leroi-Gourhan, Sous-directeur au Musée de l’Homme, est
nommé Chevalier de la Légion d’honneur (Arrêté ministériel du 5 avril
1946).
M. J.-M. Pérès est nommé Sous-directeur au Laboratoire de Mala-
cologie (Arrêté ministériel du 24 juin 1946).
M. J. Léandri est nommé Sous-directeur au Laboratoire de Phanéro-
gamie (Arrêté ministériel du 24 juin 1946).
Mme M.-L. Tardieu est nommée Sous-directeur au Laboratoire de
Phanérogamie (Arrêté ministériel du 24 juin 1946). *
M. Boure-au est nommé Sous-directeur au Laboratoire d’Anatomie
comparée des Végétaux vivants et fossiles (Arrêté ministériel du 5 août
1946).
M. J. Carayon est nommé Sous-directeur au Laboratoire d’Entomo-
logie agricole coloniale (Arrêté ministériel du 16 septembre 1946).
MUe J. Signeux est titularisée dans les fonctions d’Assistant au Labo-
ratoire de Paléontologie (Arrêté ministériel du 3 juillet 1946).
Bulletin du .Muséum, 2e série, ,t. XVIII, n° 4, 1946. 21
— 318
M. R. Paulian est titularisé dans les fonctions d’ Assistant au Labora-
toire d’ Entomologie (Arrêté ministériel du 12 septembre 1946).
M. J.-F. Leroy est titularisé dans les fonctions d’Assistant au Labora-
toire d’ Agronomie coloniale (Arrêté ministériel du 16 septembre 1946).
Mlle Toulouse est nommée Assistant stagiaire au Laboratoire de Cryp-
togamie (Arrêté ministériel du 1er mai 1946).
M. P. Bourrelly est nommé Assistant stagiaire au Laboratoire de
Cryptogamie (Arrêté ministériel du 16 septembre 1946).
M. P. Bourgin est nommé Assistant stagiaire au Laboratoire d’Ana-
tomie comparée (Arrêté ministériel du 31 juillet 1946).
M. Decerisy est délégué dans les fonctions d’Assistant au Laboratoire
d’Anatomie comparée (Arrêté ministériel du 12 septembre 1946).
M. P. Clavelin, Assistant au Laboratoire d’Anatomie comparée, est
admis à faire valoir ses droits à la retraite (Arrêté ministériel du 9 août
1946).
COMMUNICATIONS
Captures nouvelles de Paragaleus Budker
ET DE ScORPAENODES AFRICANUS PFAFF.
par Jean Cadenat.
I
Dans le Bulletin du Muséum, 2e série, t. VII, n° 2, 1935, Paul
Budker décrivait un genre nouveau de la famille des Carcharinidés
et dédiait au Professeur Gruvel la première espèce de ce genre,
d’après une femelle adulte et quatre fœtus à terme.
Cette femelle était le seul individu capturé entre mai et août 1934
à la station de pêche aux squales à Hann près de Dakar et l’espèce
pouvait être considérée comme rare.
Depuis cette date, de nombreuses captures de Paragaleus Gruveli
sur les côtes du Sénégal permettent de considérer ce petit requin
comme une espèce banale de la faune locale.
Le fait qu’elle soit passée longtemps inaperçue a pour principales
causes les suivantes :
1° L’espèce doit atteindre rarement une grande taille : tous les
exemplaires examinés jusqu’ici sont plus petits que le type.
2° Paragaleus Gruveli n’a pas de nom vernaculaire propre et est
par suite confondu avec les autres petits requins : Mustelus,
Scoliodon, Leptocarcharias, jeunes Carcharinus, etc...
3° En dehors de quelques régions peuplées de Sérères (région de
Joal et plus particulièrement Fadiouth), les squales ne sont pas
consommés ; ils sont presque toujours immédiatement rejetés à la
mèr après leur capture et ne figurent que très exceptionnellement
sur les marchés des grands centres.
4° Leur taille réduite fait qu’ils ne sont que très rarement pris dans
les filets à grandes mailles des Pêcheries de squales où malgré de très
fréquentes visites, je n’en ai jamais observé un seul.
5° S’approchant sensiblement moins de la côte que les Mustelus
par exemple, ils ne sont pas aussi souyent capturés par les sennes de
rivage que ces derniers.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
320 —
Seuls les pêcheurs à la ligne en pirogue le capturent très fré-
quemment, plus spécialement aux approches de l’hivernage.
En dehors d’un exemplaire mâle pris au chalut au mois de juillet
1943 à la latitude de Saint-Louis et de quelques autres pris à la ligne
aux mois d’avril et mai 1943 et 1944 dans les régions de Joal et de
M’Bour, la plupart des individus capturés proviennent des environs
immédiats de Dakar puisqu’ils sont pris par les pêcheurs à la
ligne de Gorée qui ne s’éloignent guère de l’île.
Les échantillons examinés correspondant, comme description géné-
rale, au type, nous avons simplement recherché si les proportions du
corps chez les mâles et les femelles offraient quelques variations :
Voici pour 10 femelles de 840 à 1.009 mm. de longueur totale et
pour 15 mâles de 765 à 1.069 mm. de longueur totale, les valeurs des
principales proportions en % de la longueur totale :
Mâles
Femelles
Longueur sans la caudale
de 75,8 à 78,7
de 74,5 à 80,3
Distance pré-D 1
de 28,2 à 29,1
de 28,6 à 29,8
Distance pré-D 2
de 60,7 à 62,8
de 60,9 à 61,5
Distance pré-P
de 18,9 à 19,6
de 19,1 à 20,3
Distance pré-V
de 44,6 à 46,6
Distance pré-A
de 61,4 à 62,9
de 61,2 à 62,1
Ces chiffres ne font apparaître aucune différence entre les deux
sexes ; il en est de même de ceux que l’on peut obtenir par l’examen
de proportion des différentes nageoires.
La hauteur de la deuxième dorsale représente pour les deux sexes
de 56 à 59,5 % de la hauteur de la première qui mesure elle-même
de 9 à 10 % de la longueur totale.
Du 24 mai au 2 juillet 1946, la répartition des sexes s’établit
comme suit :
Le 24 mai : 1 femelle de 960 mm. portant 2 fœtus de 350 à 355 mm. ;
le 28 mai : 1 femelle de 875 mm. non gravide ;
le 30 mai : 1 mâle de 765 mm. ;
le 3 juin : 1 femelle de 956 mm. portant 2 fœtus à terme de 445 à 456 mm.;
le 4 juin : 1 mâle de 944 mm. ;
les 5 et 6 juin : 2 femelles de 840 à 982 mm. non gravides ;
du 18 au 20 juin : 3 mâles de 842, 979 et 1.007 mm. ;
le 21 juin : 1 femelle de 850 mm. non gravide ;
du 21 au 30 juin : 6 mâles de 853, 864, 940* 970, 990 et 1.045 mm. ;
les 1er et 2 juillet : 4 mâles de 857, 860, 973 et 1.069 mm., et 4 femelles
de 844, 922, 925 et 1009 mm., ayant toutes des œufs dans les trompes
utérines.
— 321 ~
Coloration.
La coloration de cette espèce est typique et permet de la recon-
naître à distance, avec un minimum de risques d’erreur, parmi tous
les autres squales de mêmes dimensions ; elle est caractérisée par
des bandes longitudinales d’un jaune plus ou moins doré séparées
par des espaces de même largeur d’un gris bleuté assez clair.
Deux types de coloration peuvent se rencontrer :
a) La première bande jaune (la plus inférieure) part de l’avant de
l’œil, intéresse la membrane nictitante, passe à la partie supérieure
des fentes branchiales et se prolonge vers l’arrière en s’atténuant
jusqu’au dessus des nageoires ventrales. Une deuxième bande de
même teinte, ayant son origine dans la région crânienne, traverse
tout le milieu du corps et se continue sur la nageoire caudale. Une
troisième bande s’étend sur la partie dorsale, depuis la région crâ-
nienne jusqu’au dessous de la deuxième dorsale ; en outre une len-
tille jaunâtre très apparente se remarque à la base des Pectorales,
des Ventrales et des deux Dorsales. Le ventre est clair;les Pectorales
et les Ventrales sont de ln même teinte grise que les Dorsales. Un
liséré noir occupe le bord supéro-postérieur de la deuxième dorsale
et l’extrémité de la caudale.
b) Dans le deuxième type de coloration, les bandes supérieures
latérales gauche et droite ne sont pas séparées dans la région dorsale
par une zone gris bleu et toute la partie dorsale de ces individus est
jaunâtre. Le reste du système de coloration est le même que dans le
premier type.
11
Scorpaenodes africanus Pfaff 1933. Vid. Medd. nat. Foren. Kôben-
havn XCIV, p. 311, fig. 13, Dakar.
Ce petit Scorpaenidé qui appartient à un genre plus spécialement
« indo-pacifique » se distingue de Scorpenea par un certain nombre
de caractères dont le plus important est l’absence de dents pala-
tines ; le vomer est denté.
Après la description de Pfaff, faite d’après un exemplaire de
65 mm. de longueur totale acheté sur le marché de Dakar 1, l’espèce
ne semble pas avoir été de nouveau signalée. Malgré mes recherches
pour me procurer ce poisson, c’est à un simple hasard que je dois
d’en avoir obtenuMeux échantillons dont les caractéristiques sont
indiquées plus loin.
1. Ce détail m’a été communiqué par le Professeur Anton Brünn lors de son récent
passage à Dakar à bord du schooner « Atlantide j> .
— 322
Le 25 mars 1946 un très important banc d’anchois (Engraulis
hepsetus ) vient s’échouer sur la plage du petit port de Gorée. La
masse de cadavres se putréfiant lentement dans l’eau du port et
modifiant sensiblement le milieu, de nombreuses espèces séden-
taires de mollusques, _vers, crustacés et poissons meurent journelle-
ment et leurs cadavres ou quelquefois des individus pas encore tout
à fait morts viennent s’échouer sur la plage.
C’est ainsi que le 29 mars 1946, j’ai pu recueillir deux exemplaires
de Scorpaenodes africanus : un cadavre ayant perdu toute trace de
coloration et un encore vivant dont le système de coloration est
décrit ci-dessous.
Les caractères de ces deux individus correspondent à la descrip-
tion de Pfaff : corps, poitrine, gorge, opercule et toute la partie
supérieure de la tête y compris la région interorbitaire recouverte
d’écailles ; pas de dépression occipitale ; vomer denté, palatins sans
dents. Maxillaire atteignant le bord postérieur de l’œil.
D : XIII-10 (la douzième épine beaucoup plus petite que la
treizième.
A : II 1-5 (la deuxième nettement plus grande et plus forte que
la troisième).
P : 18 sur un échantillon, 19 sur le deuxième.
Pores de la ligne latérale : 22 et 23.
Écailles en rangées longitudinales 40-41 (5 rangées au-dessus de la
ligne latérale à l’origine de la dorsale et 12 à 13 rangées au-dessous,
juste en arrière de la base des Pectorales. Disposition et nombre des
épines : nasales, sus-orbitaires, sous-orbitaires, occipitales, préoper-
culaires, operculaires, humérale, comme dans le type.
Principales dimensions des échantillons en millimètres .
Echantillon n° 1
Echantillon n° 2
Longueur totale
70
62
Longueur sans la caudale
57
48
Longueur de la tête
23
19
Plus grande hauteur du corps ....
21
18
Hauteur du pédoncule caudal. . . .
7
6
Diamètre de l’œil.
6,5
5,5
Plus longue épine de D .
6,5 (5e).
6 (6e)
Douzième de D
2,5
2
Treizième épine de D
^5,5
5
Deuxième épine de A
10
8
Troisième épine de A
7
6,5
— 323 —
Les branchiospines sont peu nombreuses, très courtes, arrondies et
couvertes de très fins piquants ; elles sont au nombre de : 6 -f- 4
rudiments à la partie inférieure du premier arc branchial ; 5 rudi-
ments seulement à la partie supérieure.
Coloration : aspect général brun rougeâtre.
Dos brun, ventre plus clair ; des bandes plus ou moins verticales
rouge vif, sur la tête et le corps : la première, de la largeur du diamètre
de la pupille, du bord inférieur de l’œil au bord inférieur du préoper-
cule, une deuxième sur toute la partie postérieure du -préopercule ;
région occipitale rouge, une bande partant de la base des troisième à
cinquième épines dorsales s’estompe sous la pectorale, une autre
au niveamdes bases des 9e à 11e épines s’étend sur la partie ventrale,
une troisième s’étend de la moitié antérieure de la dorsale molle à
la moitié antérieure de l’anale (la base de la dorsale est également'
rouge) ; enfin une dernière bande occupe toute la partie postérieure
du pédoncule caudal. Pectorales, Anales, Dorsale et Caudale, rouges
ponctuées de noir ; Ventrales rouges ; Dorsale épineuse brun foncé
avec quelques taches noires, la première à la base des 3 premiers
espaces interradiaires, la deuxième à la base du 5e espace interra-
diaire et la troisième à la partie supérieure de la nageoire comprise
entre la neuvième et la onzième épines.
Laboratoire de l’Office des Pêches Maritimes, Institut Français d’Afrique
Noire et Laboratoire des Pêches et Productions Coloniales d’origine
animale du Muséum.
— 324
Sur une Caridine nouvelle cavernicole de Madagascar.
Caridina microphthalma, nov. sp.
Par Louis Fage,
Professeur au Muséum.
C’est au Professeur J. Millot que l’on, doit la découverte de cette
forme intéressante qu’il a capturée dans le ruisseau souterrain de la
grotte des Fanihys (Ankarana), lors de son dernier voyage à Mada-
gascar. J’ai eu à ma disposition quatre exemplaires de cette espèce,
mais aucune femelle ovigère.
'■ , . N
Description.
Longueur postorbitaire 16 mm. — Pédoncule oculaire très court ne
portant que quelques rares ommatidies sur sa face latérale externe (fig. 1).
— Rostre de même longueur ou plus long que les pédoncules antennulaires,
Fig. 1. — Caridina microphthalma, n. sp. Profil de la partie extérieure du corps.
armé de 10-13 dents supérieures, la proximale largement séparée de l’api-
cale, et de 1-6 dents inférieures ; pas de pointe subapicale chez les 4 exem-
plaires examinés. — Angle infraorbitaire bien développé, mais pas d’épine
antérolatérale. — Acicule antennulaire aussi long que les deux tiers de
l’article proximal du pédoncule des antennules. — Prolongement antéro-
externe de ce dernier très court. — Carpes des chélipèdes (fig. 2) remar-
quablement longs ; ceux de la première paire 3 fois 1 /2 aussi longs que
larges et nettement échancrés en avant, le doigt mobile plus long que la
région palmaire ; ceux de la seconde paire au moins 6 fois aussi longs que
larges, régulièrement dilatés de la base à l’extrémité, le doigt mobile
presque 2 fois plus long que la région palmaire. — Epimères des 4e et
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
— 325 —
5e segments obtus en arrière. — Pas de carène préanale, — 4 paires
d’épines dorsales au telson et 4 paires d’épines terminales, avec les
apicales 2 fois plus courtes que les suivantes. — ■ Pas d’épipodite aux
pattes de la cinquième paire.
pr. p3 pr. p5
= 0,6 — 0,62 — — = 0,50 - — — = 0,52
c
dactyle
pr
p3 = 0,6
c
dactyle
pr
0,22 — 0,24
6 spinules au dactyle 3 ; 41 au dactyle 5.
Largeur du dactyle 3 contenue 3 fois 1/2 dans sa longueur ; largeur du
dactyle 5 contenue 5 fois dans sa longueur.
Affinités. — Cette forme est avant tout remarquable par la réduc-
tion des pédoncules oculaires et des organes visuels représentés
seulement par quelques ommatidies. C’est à ma connaissance la
première forme subanophthalme décrite du genre Caridina. Elle
est d’autre part caractérisée par l’allongement du propode 3. Chez
la variété brachydactyla de Man du C. nilotica Roux on trouve bien
. propode „ .
que le rapport — p3 est égal a b ; mais dans ce cas cette
dactyle
valeur est due à l’extrême brièveté du dactyle et non à l’allonge-
ment du propode.
Peut-on considérer cette forme comme une nouvelle variété du
326 —
C. nilotica ? On a déjà décrit de cette espèce 18 variétés et l’on peut
évidemment lui en ajouter une dix-neuvième ; mais il faut dire que
dans l’état où se trouve la systématique de ce groupe la valeur de
ces coupures nous échappe complètement, et leur nombre obscurcit
là notion d’espèce. Eva Woltereck (1937) a fait un louable effort
pour apporter plus de clarté dans nos connaissances sur ce sujet.
Elle a utilisé la méthode biométrique pour définir certaines espèces
et variétés. Mais chez les Caridinés le polymorphisme est tel, qu’il
paraît impossible de saisir, sans le secours de l’expérimentation,
l’étendue des variations fluctuantes d’une même espèce. Les recher-
ches de E. Woltereck ont montré l’existence de variations explo-
sives des chélipèdes des C. nilotica et gracilirostris de Man des Célèbes
qui rappellent des formes ortmanniennes. De telle sorte que ce
n’est pas seulement la notion de l’espèce qui reste ici dans le vague,
mais aussi celle du genre, On sait que Roux (1925) et Edmondson
(1929) envisagent l’identité des genres Atya et Ortmannia qui
pourraient former avec Caridina un seul et même genre. \
Dans ces conditions, et comme il faut classer cependant cette
curieuse forme subanophthalme de Madagascar, nous la considére-
rons provisoirement comme une espèce nouvelle, voisine de C. nilo-
tica et plus proche peut être de sa variété gracilipes de Man en rai-
son de la similitude du rapport ^ - du péréiodope 5 et de la
propode
forme du dactyle du même.
La variété gracilipes a d’ailleurs été déjà rencontrée à Madagas-
car. Roux lui a identifié des individus provenant de la rivière Sam-
birano à Ambanya (province de Nossi-Bé) et d’autres, capturés par
Waterlot, à la sortie de la grotte où passe le Mananjeba (Ankarana).
La comparaison de ces captures avec les individus rapportés par
J. Millot fait ressortir les différences signalées plus haut qui justi-
fient la création d’une espèce nouvelle pour les. exemplaires de la
grotte des Fanihys.
Je rappelle que les Atyidés comptent plusieurs formes caverni-
coles et sensiblement modifiées par leur habitat souterrain, notam-
ment les Troglocaris, Dugastella, Palaemonias. Mais toutes ces
formes font partie de la série primitive paratyenne et le Caridina
microphthalma est jusqu’à ce jour le seul représentant cavernicole
connu de la série atyenne.
BIBLIOGRAPHIE
1925. Bouvier (E. L.). Recherches sur la morphologie, les variations, la
distribution géographique des Crevettes de la famille des Atyidés.
Encyclopédie entomologique, série A, vol. 4, Paris.
— 327 —
1929. Edmondson (C. H.). Hawaiian Atyidae. B. P. Bishop Mus. Bull., 66.
1925. Roux (J.). Ueber einige Süsswasserdecapoden (Atyidae) des Bef-
liner Zool. Muséum. Zool. Anz., LXII.
1937. WoLTEREck (Eva). Systematisch-variatiosanalytische Untersu-
chungen uber die Rassen-und Artbildung bei Süwsassergar-
neelen aus der Gattung Caridina. Intern. Re v. d. gesamt. Hydro-
biologie u. Hydrogr., 34, p. 208-262.
1937. — Zur Systematik und geographischen Yerbreitung der Caridinen.
Ibid., p. 294-324.
Description d’un Opilion aveugle
DES GROTTES DE LA PROVINCE DE B ERG AME
(NEMASTOMA ANOPHTHALMUM N. SP.)
PROFESSEUR AU MUSÉUM
Mâle. — Longueur 3,1 mm. y compris le premier article des chélicères
visible en dessus. — Corps et appendices entièrement brun foncé ou noir.
1 — Tergites, scutum, partie membraneuse qui sépare le bord frontal de
Fig. 1. — Nemasloma anophthalmum, ^ , nov. sp. Corps vu en dessus,
la base des chélicères et les trois premiers sternites entièrement chagrinés,
ornés de petits crins spiniformes. — Tubercule oculaire indiqué par une
faible saillie. — Yeux totalement absents- — Chélicères lisses en dessus ;
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
/"■ f
329 —
premier article pourvu à l’extrémité distale d’une courte apophyse dressée,
légèrement déprimée à pointe inclinée en dedans ; deuxième article avec une
apophyse proximale plus faible, à pointe aiguë, également inclinée en
dedans. Patte-mâchoire plus de 3 fois plus longue que le corps ; ornée de
crins spiniformes à extrémité globuleuse. — Pattes très longues (IV =
Fig. 2. — Nemastoma anophthalmum, ^ nov. sp. Chélicère, face externe.
20,2 mm.), ornées de crins spiniformes. — Hanches et trochanters fortement
granuleux ; tous les fémurs pourvus de fausses articulations médianes,
tous les métatarses, et les tibia II pourvus de fausses articulations distales.
fémur, patella, tibia métatarse tarse
Patte-mâchoire
2,1
2,4
1,8
0,9
Patte I
(8)
3,6
0,7
2,2
(7) 5,5
(14)
2,3
Patte II
(13)
5,7
0,7
(8) 4,8
(22) 10,5
(26)
4,1
Patte III
(7)
3,9
0,7
(8) 4,8
(22) 10,5
(26)
4,1
Patte IV
(8)
6
0,7
2,8
(7) 7,1
(14)
3,6
Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre de fausses articulations.
Femelle inconnue.
Localité : Italie : Grotta grande délia cava di Burligo, Prov. de
Bergamo, 18-VÏII-43, 1 seul
Cette remarquable espèce, qui m’a été communiquée par le
Dr Pavan, de Pavie, appartient au groupe du N. chrysomelas
(Herm.) dont elle possède les longues pattes, l’ornementation spé-
ciale des chélicères du mâle et les fausses articulations médianes
des fémurs. Mais elle offre la particularité d’être complètement
aveugle, le tubercule oculaire étant lui-même à peine indiqué par
une légère saillie du scutum.
Malgré leur habitat cavernicole fréquent, on ne connaît que deux
espèces de Nemastoma privées d’yeux : le N. inops Packard des
grottes du Kentucky et le N. caecum Grese de la grotte Shekja en
Crimée. Ces deux espèces sont mal connues. Il semble cependant
que le N. anophthalmum se rapproche davantage de cette dernière,,
dont il se distingue par la présence d’une apophyse proximale sur le
deuxième article des chélicères du mâle et par l’ornementation plus
simple des sternites.
331 —
Bifurcation du doigt fixe de la pince chez un Crabe
( PORTUNUS PU BER).
Par Marc André.
De nombreux cas d’anomalies, observées dans les pinces de
Crustacés Décapodes, ont déjà été signalés mais nous croyons
cependant intéressant de faire connaître un nouvel exemple d’hyper-
régénération présenté par la partie distale du propodite, ou doigt
fixe, chez un Portunus puber L., provenant des côtes de France L
Le Crabe, porteur de la malformation qui fait l’objet de cette note,
est un mâle adulte de taille moyenne, dont la carapace mesure
65 mm. de longueur et 85 mm. de largeur. Il porte, à gauche, une
pince normale et, à droite, une pince régénérée distalement.
Fig. 1. — Pince droite (face externe) de Portunus puber L., montrant la bifurcation
du doigt fixe.
Fig. 2. — Schéma interprétant la cause probable de la formation du régénérât.
Le doigt mobile de cette pince droite offre une structure normale.
Le doigt fixe se bifurque, à son extrémité, en deux branches ( A et
B -f- C) situées dans un plan (horizontal) perpendiculaire au plan
d’aplatissement du dactylopodite. Les dents placées sur le bord
interne du doigt monstrueux présentent un développement normal
sur toute la longueur de la branche B qui est pourvue de deux autres
dents sur son bord distal externe.
Cette anomalie ne saurait être interprétée comme le résultat d’une
section longitudinale de l’extrémité du doigt fixe, séparant deux
parties qui se seraient ensuite complétées par régénération, mais
résulterait, au contraire, d’une fracture transversale de la branche A.
1. Nous devons à l’obligeance du Dr Prudhomme, Vétérinaire Chef de secteur aux
Halles centrales de Paris, la communication de cet échantillon.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. NVIII, n° 4, 1946.
— 332 —
Cette dernière (A) représenterait l’extrémité primitive fracturée du
doigt fixe ; la branche B -f- C résulterait de la réunion d’un régénérât
normal (B), issu de la base, avec un régénérât inverse (C), provenant
de la section proximale du composant A.
Ces considérations nous sont suggérées par le résultat des obser-
vations de M. Abeloos [Bull. Soc. Zool. France, LVII, 1932, p. 175)
qui a étudié un certain nombre de cas de régénérations dans les
pinces de Crustacés Décapodes ; cet auteur confirme l’interprétation
proposée par Przibram ( Arch . f. Entw.-Mech., XLVIII, 1921)
pour qui toutes formations multiples se ramèneraient au schéma de
formations triples ; elles auraient pour origine une fracture de l’ap-
pendice, non suivie de l’ablation de son extrémité, et laissant béante
une plaie latérale. Les trois composants de l’anomalie représente-
raient, l’un l’organe primitif, les deux autres, des organes supplé-
mentaires résultant de régénérations qui se seraient effectuées à
partir de la lèvre proximale (régénération normale) et de la lèvre
distale (régénération inverse) de la plaie.
M. Abeloos (loc. cit.) a d’ailleurs observé d’autres exemples de
telles pseudo-bifurcations : l’une au doigt mobile, l’autre au doigt
fixe chez le Portunus puber L. et il donne (loc. cit., fig. 3) un schéma
très suggestif démontrant le mode de production de ce genre d’ano-
malie.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
I
— 333 —
Description d’une nouvelle espèce de Pseudoscorpion
(Arachnide) habitant les grottes portugaises :
MICRQCREAGRIS CAVERNICOLA.
.Par Max Yachon.
Parmi les Pseudoscorpions que m’a remis M. Antonio de Barros
Machado, et dont l’étude en cours permettra de compléter utile-
ment nos connaissances sur la faune portugaise, nous avons eu la
joie de trouver deux spécimens cavernicoles, types, d’une nouvelle
espèce. En voici la description suivie de quelques remarques systé-
matiques et biogéographiques.
Microcreagris cavemicola, n. sp.
Corps et appendices dépigmentés, blanchâtres ; peu de différences d’ordre
sexuel si ce n’est dans la région génitale et, chez la Ç, une taille un peu plus -
grande et des appendices un peu plus élancés que chez le
Céphalothorax plus long que large, à bord antérieur proéminent mais
sans épistome différencié; pas d’yeux ni de taches oculaires; 18 soies
dont 4 aux bords antérieur et postérieur, soies longues et simples comme
celles des tergites et des appendices. — Tergites: tergite antérieur avec
4 soies disposées en une seule série, tous les autres tergites, Ç ou ^ , avec
une série de 7 ou 8 soies dont la médiane en général plus courte ; 4 soies
au tubercule anal. — Sternites : soies sternales simples, un peu plus
courtes que les tergales, mais plus» nombreuses (8 à 11); chez le
opercule génital avec une rangée postérieure de 7 soies et, en avant,
2 groupes de 4 soies manquant chez la Ç. — Chelicères (fig. 1) : galéa
courte et simple chez le <$, avec quelques branches distales très courtes
chez la Ç ; une soie au doigt mobile, 6 sur le doigt fixe et la main ; dents
des doigts (fig. 1) ; flagelle à 8 soies, longues et dentelées d’un seul côté.
— Pattes-mâchoires (fig. 6) : processus maxillaire avec 2 soies distales ;
trochanter long et non globuleux ; fémur long, à pédicule peu distinct,
légèrement granulé intérieurement, 5,7 fois aussi long que large chez
le <£, 6,5 fois chez la Ç ; tibia non .renflé, à peine granulé, avec une
petite bosse (garnie d’une lyrifissure) à sa base, 4,5 fois aussi long
que large chez le près de 6 fois chez la Ç où il est aussi long que le
fémur ; main étroite 2,3 mais aussi longue que large chez le 2,7 fois
chez la Ç, à peine granulée intérieurement et latéralement ; doigts longs et
droits, avec une longue série de petites dents contiguës, série qui, au doigt
mobile (fig. 5) se détache de la dent terminale ; doig fixe, seul, avec système
vénénifère à conduit évacuateur très court ; trichobothries disposées
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946. 22
uniquement sur les doigts : 4 au doigt mobile (fig. 6), st près de t, 8 au doigt
fixe dont 5 externes et 3, dorsales ou internes, ib et isb nettement dis-
tantes l’ùne de l’autre. — Pattes marcheuses : hanche des pattes 1 (fig. 4)
avec un processus antérieur bien développé et pointu ; pattes IV (fig. 2),
préfémur et fémur étroits, 2 soies tactiles (!) au basitarse, 1 au tarse,
située dans la moitié basale de l’article ; soie subterminale avec une
petite branche subdistale courte (fig. 3) ; griffes simples avec un petit
denticule basal dorsal.
Fig. 1 : Chélicèrè, face latérale externe. — Fig. 2 : patte IV, schématisée ; les soies
ordinaires ne sont pas représentées. — Fig. 3 : extrémité distale de la patte IV, seule
la soie subdistale est dessinée. — Fig. 4^: hanche de la patte marcheuse extérieure,
face ventrale ; le pointillé situe l’axe du corps. — Fig. 5 : extrémité du doigt mobile
des pinces, face latérale externe. — Fig. 6 : patte mâchoire de droite, vue latérale-
ment ; seules les trichobothries sont représentées et nommées.
Dimensions, corps : 3 mm. ; pattes-mâchoires, fémur : 1,43-0,25 mm.,
tibia : 1,38-0,30 mm., main : 0,98-0,40 mm., doigts : 1,52 mm.
Ç, corps : 4 mm. ; pattes-mâchoires, fémur : 1,59-0,24 mm., tibia :
1,6-0,26 mm., main : 1,01-0, 38 mm., doigts : 1,78 mm.
Type $ : un exemplaire adulte, Algar sul das Corujeiras, Abiul, Pombal,
province de Leiria (Portugal), sous une pierre dans la galerie de gauche,
le 29-VII-1940 (A. de Barros Machado leg.).
Type Ç : un exemplaire adulte Algar da Lapa, Anciao, province de Leiria,
le 30-VII-1940 (A. de Barros Machado leg.).
Remarques
L’espèce que nous venons de décrire appartient sans nul doute
au genre Microcreagris Balzan tel qu’on le conçoit actuellement. Ce
genre, réparti dans toute la région paléarctique, comprend 42 espèces
certaines mais insuffisamment connues. Il est certain qu’une révision
de ce genre est nécessaire et modifiera nos conceptions à son sujet.
C’est donc provisoirement que nous rangeons l’espèce cavernicola
dans le genre en question, en faisant remarquer dès à présent que,
par bien des caractères les espèces européennes : Cambridgei L. K.,
hispanica Eli. pyrenaica Eli. (allant du Portugal aux Iles britan-
niques) restent groupées et se séparent assez facilement des autres
espèces néarctiques ou asiatiques. M. cavernicola se distingue des
espèces européennes par l’allongement de ses appendices et la
dépigmentation de ses téguments ; le petit tableau suivant la situe
aisément :
1. Pas d’yeux ou simplement de fàibles taches. 2
Deux yeux Cambridgei (L. K.)
2. Téguments dépigmentés, tibia des pattes-mâchoires non globuleux et
au moins 4 lois aussi long que large cavernicola n. sp.
Téguments normaux, tibia des pattes-mâchoires renflé et au plus 3 fois
aussi long que large 3
3. Doigts plus courts que le fémur des pattes-mâchoires celui-ci 2,5 fois
aussi long que large hispanica (Eli.)
Doigts aussi longs que le fémur celui-ci 3,5-6 fois aussi long que large.
pyrenaica (Eli.).
Le genre Microcreagris possédait deux espèces cavernicoles dont
l’une, M. cavicola (Pack) Amérique du Nord, insuffisamment connue,
doit être considérée comme espèce douteuse. En définitive, il ne
restait qu’une seule espèce bien précisée, habitant les cavernes de
l’Ariège, en France. Cette espèce, par ses téguments normaux, ses
appendices à peine allongés, se différencie peu des espèces lucicoles
et n’a point le faciès des Pseudoscorpions typiquement cavernicoles
tels que les Blothrus (appartenant au genre Neobisium). M. caver-
nicola, à l’opposé de M. pyrenaica, a nettement l’aspect d’un vrai
troglobie et peut, facilement, être confondu avec un Blothrus. La
trouvaille de M. de Barros Machado permet donc d’affirmer que,
dans le genre Microcreagris existent des espèces nettement spécia-
lisées au milieu souterrain et possédant un faciès particulier (absence
d’yeux, téguments dépigmentés, appendices allongés), déjà remar-
quable en d’autres genres. Et cela donne crédit à l’hypothèse de
R. Jeannel (Les Fossiles vivants des cavernes, Paris 1943, Galli-
mard. p. 120) suivant laquelle les Pseudoscorpions cavernicoles
auraient une origine multiple bien que, jusqu’ici, la presque totalité
— 336
des vrais troglobies appartienne au genre Neobisium (s. g. Blo-
thrus ).
Enfin, si Ton voulait sérier les espèces de Microcreagris dans le sens
de l’adaptation au milieu cavernicole, M. cavernicola en représen-
terait le stade ultime actuel alors que M. pyrenaica n’en serait que
l’un des premiers stades.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
Observations sur les Acariens (9e série).
Par F. Grandjean.
C’est du 15 au 30 avril 1946, aux environs de Périgueux, dans une
prairie de quelques ares, que j’ai fait les observations relatées dans
cette 9e série. Un Erythroïde et un Oribate, l’un et l’autre immatures,
pullulaient sur les fleurs et les plantes basses. J’ai constaté qu’ils
se' nourrissaient de pollen et j’ai entrepris leur élevage. Celui-ci,
continué après le 30 avril, dans des cellules emportées à Paris, puis
à Genève, m’a donné l’adulte de l’Erythroïde, qui est un Balaustium
au sens défini plus loin, et celui de l’Oribate, qui est un Trichoribates.
Je parle aussi des cocons de soie dont s’enveloppent les nymphes
à' Anystis quand elles vont muer. Berlese, puis Banks, avaient
déjà signalé ces cocons, trop brièvement sans doute, car leùrs
observations, quoique assez anciennes (1883 et 1894) n’avaient guère
été remarquées.
I. — L’Erythroïde suceur de pollen.
Dans le présent travail je n’aborde pas la question de le nommer
conformément aux Règles et je me contente de désigner l’animal par
Balaustium, sans nom spécifique. Par là je ne veux même pas dire
qu’il appartienne sûrement au vrai genre Balaustium , celui de Hey-
den 1826, car nous ne savons pas quel Acarien est le Trombide
des Murs, d’ Hermann 1804, type de ce genre ; je veux dire seule-
ment qu’il appartient au même genre que l’Acarien représenté par
Oudemans en 1916 (10, p. 51 fig. 143 et 147) sous le nom de Belaus-
tium 1 murorum (Herm.). Il possède une paire de verrues dorsales
en arrière des yeux 2 et sa nymphe aussi, mais non sa larve.
Dans une prochaine publication je le décrirai en détail car j’en
connais les 7 stases, soit par l’observation directe, soit par élevage,
et il me semble qu’un résultat aussi complet n’a jamais encore
1. Les auteurs écrivent Belaustium et Balaustium. L’orthographe correcte, celle de
Heyden 1826, est Balaustium.
2. D’autres Erythroïdes, que divers auteurs appellent aussi des Belaustium, n’ont pas
ces verrues. Ils possèdent un naso et une franche séparation dorsale entre le protero
et l’hysterosoma comme le Belaustium rhopalicus Koch d’OuDEMANS 1913 (9, 2e par-
tie, PI. XII, fig. 25 à 38, et 3e partie, p. 3 à 6). Ces Balaustium à naso ont des larves
du type Hauptmannia et ne peuvent être placés dans le même genre que ceux à verrues
dorsales.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
été obtenu pour un Erythroïde. Voici, en attendant, un résumé de
l’ontogénie et des caractères éthologiques :
La femelle pond ses œufs en une fois et meurt sur place. Les œufs
d’une même ponte sont contigus et ils adhèrent les uns aux autres.
Sous l’écorce d’un platane qui bordait la prairie dont je viens de
parler ces pontes se trouvaient en grand nombre, spécialement à
1 mètre environ au-dessus du sol. La plupart étaient collectives.
L’une d’elles occupait sans discontinuité une surface d’au moins
4 cm2, avec les œufs eii plusieurs couches et l’on pouvait compter
une centaine de cadavres de femelles à sa surface.
Plusieurs de ces pontes collectives en prolongeaient d’autres plus
anciennes, à œufs éclos depuis longtemps, ou les recouvraient. Il y
aurait donc des lieux de ponte où l’espèce retournerait pendant un
certain nombre d’années, soit à cause d’une attraction qu’ils exer-
ceraient (olfactive par exemple), soit pour le simple motif qu’ils
sont les meilleurs.
L’œuf est brun, foncé, ovoïde, lisse, brillant, à coque dure. Il se
brise en long, diamétralement, et laisse voir la peau striolée de la
prélarve.
La prélarve est calyptostatique, comme toujours, sans appen-
dices ni poils. On peut l’appeler un deutovum. Sa peau est exten-
sible car elle gonfle et devient plus grosse que l’œuf. En même temps
la larve se forme'dans la prélarve et on la voit par transparence, avec
sa couleur rosé et ses yeux rouge vif.
La larve éclot en avril. La peau prélarvaire s’est fendue et la larve
s’est hissée à l’extérieur. Elle est très agile et court partout. C’est
d’abord en « fauchant » l’herbe, dans la prairie, que je l’ai remar-
quée. On la ramassait par myriades. Ensuite j’ai examiné les
fleurs. Sur chaque pâquerette ou chaque bouton d’or on la trouvait.
Parfois jusqu’à 20 individus se tenaient sur la même fleur.
L’idée que ces larves mangent du pollen ne m’est toutefois pas
venue. On est trop habitué à croire parasites, ou du moins carnas-
sières, les larves d’Erythroïdes. J’ai donc cherché mes larves sur les
petits insectes vivant avec elles (Pucerons, Collemboles, etc.), mais
en vain. Puis je les ai mises en cellule et c’est alors que le hasard m’a
favorisé en me montrant une larve en traih de se nourrir aux dépens
de minuscules petites sphères jaunâtres qui ne pouvaient être que
du pollen.
Bien entendu j’ai renouvelé plusieurs fois l’observation. A ce
premier pollen, qui était de bouton d’or (Ranunculus acris) j’ai
substitué du pollen de pâquerette (Bellis perennis) et d’érable (Acer
campestris). Tous sont également acceptés. Le grain de pollen est
saisi entre les palpes et amené contre l’extrémité du subcapitulum,
c’est-à-dire contre la bouche. Les mandibules le percent et il est
sucé. On voit la petite sphère se rider. Quelques secondes après
— 339
l’Acarien la rejette et en prend une autre. Il ne bouge guère si la
provision de pollen à sa portée est suffisante et le repas peut durer
plus d’un quart d’heure en cellule. Pendant ce temps les pattes I
sont d’ordinaire un peu levées et leur tarse tremble.
Il ne faudrait pas croire que l’animal, parce qu’il se nourrit de
pollen, est plus abondant sur les étamines des fleurs. Au contraire
je ne l’ai jamais vu stationner sur des étamines. S’il s’agit de pâque-
rettes ou de boutons d’or (les deux fleurs les plus communes dans la
prairie) il se tient principalement sous la fleur, entre les poils du
calice (pâquerette) ou dans l’espèce de petite cage que forment
souvent les sépales lorsque ceux-ci se coudent et se replient vers le
bas (bouton d’or). D’ailleurs on le trouve aussi, plus ou moins
dispersé, sur les autres parties de la fleur, sur la tige et les feuilles
d’une plante quelconque, sur des troncs d’arbres, sur des pierres ou
des murs, même loin des fleurs.
Cette dernière observation est surprenante au premier abord.
Elle s’explique cependant sans peine car au printemps tout est sau-
poudré de pollen. Le microscope en fait découvrir des grains abon-
dants, assez nombreux pour nourrir des légions de Balaustium ,
non seulement sur les plantes mais à la surface de n’importe quel
objet, et même sous l’écorce des arbres, où le vent les fait péné-
trer.
La protonymphe, comme la prélarve* est line calyptostase. La
larve repue cherche une retraite et tombe en torpeur. La proto-
nymphe inerte et sans membres, mais poilue, se forme dans la larve.
Elle est rouge comme elle. La peau larvaire se divise ensuite, trans-
versalement, en deux lambeaux incolores, un antérieur qui reste en
place, et un postérieur portant les pattes III, qui est rejeté en
arrière.
La deutonympfae, dite simplement la nymphe parce qu’elle est la
seule forme nymphale active, sort de'la calyptostase protonymphale.
Elle était commune sur les fleurs à la fin d’avril. Elle se comporte
exactement comme la larve ; même agilité, même couleur rouge,
même faciès dans l’examen à la loupe, occurence aux mêmes lieux,
même nourriture, même façon de saisir le grain de pollen et de le
rejeter après succion, même attitude au cours du repas.
Le seul fait nouveau est que le grain de pollen est percé par des
mandibules styliformes au lieu de l’être par le crochet des mandi-
bules trombidiformes. Remarquons qu’à ce changement radical
dans la structure du gnathosoma ne correspond aucun changement
alimentaire. *
La tritonymphe est une calyptostase qui ressemble beaucoup à la
protonymphe mais qui est plus grosse, naturellement. Elle se forme
dans la deutonymphe, tombée en torpeur à son tour. La peau de
celle-ci se divise en deux comme l’a fait celle de la larve (le lambeau
340
postérieur porte deux paires de pattes au lieu d’une) et les carac-
tères apparents de la stase protonymphale sont reproduits.
L’adulte sort de la calyptostase tritonymphale. J’en ai obtenu
10 exemplaires en cellule, éclos du 8 au 16 mai. J’ai constaté à plu-
sieurs reprises qu’ils mangent du pollen, c’est-à-dire en sucent les
grains, exactement comme les nymphes et les larves. Ils m’ont paru
capables de vivre très bien en captivité pourvu qu’on les alimente
en pollen frais et qu’on leur donne une goutte d’eau à des intervalles
pas trop éloignés. Je ne les ai pas gardés vivants au delà du 21 mai
faute de temps pour continuer leur observation.
II. — L’Oribate mangeur de pollen.
IU était impossible de ne pas observer ensemble l’Erythroïde et
l’Oribate car ces deux Acariens si différents ont presque la même
éthologie.
A l’époque indiquée, dans la prairie, sur une fleur quelconque,
mélangés aux Balaustium très rouges et d’allure vive, l’observateur
à la loupe, s’il était attentif, voyait d’autres points mobiles, ceux-ci
jaunâtre clair et d’allure assez lente. Vers le 15 avril c’étaient des
larves et des protonymphes de l’Oribate. Le 25 avril beaucoup étaient
des deutonymphes. Le 30 avril quelques-uns étaient des trito-
nymphes. L’animal avait grossi. Il n’était plus clair mais brun assez
foncé à cause de ses boucliers dorsaux plus épais et de ses glandes
latéro-abdominales devenues plus larges et presque noires.
Ces larves et ces nymphes mangent du pollen. On le voit bien en
cellule, comme avec celles du Balaustium. Il y a toutefois une diffé-
rence importante : les grains de pollen, pris un à un, ne sont pas
sucés ; ils sont d’abord brisés par les mandibules, puis avalés.
Une autre différence est que l’observation est moins commode
parce que la lumière paraît gêner l’Oribate et que ses pièces buccales
sont plus cachées. Aussi, pour bien savoir ce qui s’est passé, est-il
nécessaire de sacrifier de temps en temps un nourrisson et d’exami-
ner le contenu de son tube digestif. On constate qu’il n’est rempli
que par des grains de pollen, presque tous en morceaux. Quelques
grains ont échappé aux mandibules et sont entiers. Ils sont commodes
pour l’identification du pollen.
Comme celles du Balaustium les larves et les nymphes de l’Ori-
bate préfèrent stationner sous les fleurs, à la surface extérieure du
calice, plutôt qu’en pleine lumière, dans la corolle et sur les étamines.
On les trouve aussi sur les feuilles des plantes basses et un peu
partout, car elles abondent. Cependant elles m’ont paru moins dis-
persées et je n’en ai pas trouvé sur les écorces des arbres.
Lës premières éclosions d’adultes, dans mes élevages, ont eu lieu
le 9 mai. Elles se sont succédé jusqu’au 14 mai. Du 14 au 21 mai j’ai
gardé 12 de ces adultes, afin de les voir manger, dans une cellule
approvisionnée en pollen de bouton d’or. Je n’ai pas réussi à les sur-
prendre au cours d’un repas. Cela tient à ce qu’ils sont fortement
lucifuges. En outre les pièces buccales ne sont pas visibles de dessus
à cause du grand tectum rostral et les téguments très sombres ne
laissent guère passer de lumière 1.
Il n’est cependant pas douteux que mes pensionnaires se sont
nourris de pollen, comme les nymphes et les larves, d’abord parce
qu’ils étaient en parfait état le dernier jour et qu’ils n’avaient eu rien
d’autre à manger, et ensuite parce que, ayant sacrifié après le 21 mai
plusieurs d’entre eux, j’ai constaté que leur tube digestif ne conte-
nait que du pollen.
Cet Acarien est un Trichoribates que j’avais déjà recueilli plu-
sieurs fois les années précédentes au même endroit et dont j’ai des
exemplaires provenant de diverses régions. Il est donc très commun.
Il s’identifie à YOribata setosa Koch de Michael (8, p. 243) et corres-
pond particulièrement biqn à la figure 9, planche XXIII, de l’ou-
vrage précité. Michael, avec le souci qu’il a toujours eu pour les
caractères éthologiques, nous apprend, ce qui s’accorde à mes obser-
vations, qu’on l’obtient en grande quantité dans les prairies en
« balayant » les herbes, en juin (8, p. 246).
Michael avait malheureusement de l’espèce une idée trop large
de sorte qu’il a confondu son setosa avec YOribates setosus de Koch,
ce qui ne peut être accepté. UOribata setosa de Michael n’a donc
pas de nom valable. A ma connaissance il n’a pas reçu directement
un nouveau nom. Je crois cependant qu’il a été renommé, peut-être
même à diverses reprises, car son caractère le plus différenciateur,
parmi ceux qui sont d’observation très facile, savoir le grand déve-
loppement de la pointe antiaxiale (externe) des cuspifc, est signalé
dans plusieurs descriptions de Trichoribates, par exemple dans celles
de Sphaerozetes (Trich.) oxypterus Berl. 1910 (4, p. 386), de Tricho-
ribates setosus var. apenninicus Berl. 1923 (5, p. 257) et de Murcia
noua Selln. 1928 (11, p. ix, 11). Je reviendrai plus tard sur la
question et j’espère qu’il me sera possible de décrire l’animal à toutes
ses stases.
Des, grains de pollen ont été mentionnés déjà dans le contenu
intestinal des Oribates (Sig Thor, K. H. Forsslund) mais il s’agit
de grains mélangés à une masse où domine autre chose, des hyphes
en particulier, ou du bois pourri. Avec ce Trichoribates nous avons le
1, Les observations relatées dans ce travail ont été faites, pour ce qui concerne
l’examen des cellules, en lumière réfléchie et au grossissement 60 avec le microscope
ordinaire de dissection.
premier exemple, chez les Oribates, d’un cas où le pollen est la nour-
riture exclusive.
III. — Les cocons d’Anystis.
Le platane dont j’ai parlé plus haut, à propos des pontes du
Balaustium, m’a fait voir aussi des Anystis encoconn,és. Du 22 au
30 avril voici mes observations. Elles sont relatives à cet arbre et
à un autre platane voisin.
J’ai d’abord trouvé une tritonymphe d 'Anystis courant sur le
tronc, puis, sous les écorces, 9 individus immobiles, la plupart à
l’état pupal 1. Des 9 individus, un seul était nu. C’était une trito-
nymphe en attitude pupale 2, couchée entre l’écorce et une petite
toile d’araignée. Chacun des 8 autres était enveloppé complètement
d’une bourse de soie, ou cocon.
Les 8 individus encoconnés comprenaient 6 pupes (1 de proto-
nymphe, 1 de deuto- et 4 de tritonymphe), une tritonymphe non
pupale, en attitude de vie active, et un adulte. Au premier jour de
son observation la tritonymphe non pupale se retournait brusque-
ment dans son cocon lorsqu’on touchait celui-ci avec un pinceau,
mais le lendemain elle ne réagissait plus et elle avait pris l’attitude
pupale. Quant à l’adulte, qui était un mâle, il venait d’éclore et à
côté de lui, dans le même cocon, était emprisonnée une exuvie trito-
nymphale.
Ces faits démontrent qu Anystis, pour abriter chacune de ses
mues, à partir de la protonymphe 3, sécrète de la soie et s’en
•enveloppe.
Le cocon est le même à toutes les stases sauf sa taille qui est
proportionnée, naturellement, à celle du constructeur. Deux milli-
mètres est la largeur d’un cocon de tritonymphe. Sa paroi est con-
tinue, sans aucune ouverture. Au contact du support elle n’est pas
interrompue et elle tapisse la surface de ce dernier. Les fils dont elle
est faite sont tissus assez serré, mais sont très fins de sorte qu’ils
1. Une pupe d’Acarien est une larve ou une nymphe effectuant sa mue. Deux stases
sont donc en présence, une externe qui sera finalement réduite à sa peau et une interne
dont la forme apparaît progressivement. Je désigne toujours la pupe par le nom de la
stase externe. Une pupe de deutonymphe, par exemple, dite aussi deutonymphale, est
une deutonymphe dans laquelle se développe ung tritonymphe, ou bien, si la
tritonymphe n’existe pas, un adulte.
2. L’attitude pupale est celle de la stase externe. Celle ci l’a prise lorsqu’elle est
tombée en torpeur. Il peut arriver que l’attitude pupale ne ressemble pas du tout à
une des attitudes de la vie active. C’est le cas d’Anystis. chez qui toute» les pattes sont
alors tendues en avant, les postérieures parallèlement aux antérieures, formant avec
elles un seul faisceau droit et raide. Dugès l’avait déjà remarqué (6, p. 60).
3. Je n’ai vu aucune larve d’Anystis pendant la courte période à laquelle se rap-
portent mes observations. C’est pourquoi je ne dis rien de la mue entre larve et proto-
nymphe. Il est probable que cette mue se comporte comme les autres.
— 343
laissent voir, non seulement la silhouette de l’Acarien,, mais aussi de
nombreux détails.
Des 8 cocons observés 4 étaient construits directement à la sur-
face de l’écorce, c’est-à-dire sur un support à peu près plan. Le cocon
peut alors être décrit comme une sphère que l’on aurait fortement
aplatie d’un côté en l’appliquant contre le support, l’autre côté
restant très bombé, un peu moins cependant que la sphère initiale.
Pour les 4 autres le support était une toile d’araignée et le cocon
d 'Anystis était bombé sur toutes ses faces. J’ai constaté que la toile
d 'Anystis existait sur toute la surface de contact et doublait la toile
d’araignée. En outre il était possible de détacher le cocon sans
déchirure et de voir ainsi qu’il formait une enveloppe complète et
continue.
Dans tous les cas des fds faiblement tendus et même plutôt lâches
partent du cocon en des points quelconques et l’attachent aux objets
voisins. D’autres fds de soie, très contournés et frisés, revêtent le
cocon, à l’extérieur, d’une bourre ténue et légère.
Il est singulier que ces cocons, qui doivent être très communs
puisque Anystis est un Acarien très répandu, et qui sont relative-
ment gros, n’aient presque jamais été signalés. Je n’ai pu relever, à
leur sujet, que trois anciennes observations :
Berlese, en 1883, à propos d'Actineda vitis , c’est-à-dire d’un
Anystis (3, fasc. V, n° 6), en représente un logé sous une feuille et son
texte est clair : « la larve construit... un petit sac (folliculus) de soie
blanche, un peu transparent, dans lequel elle mue ».
Banks en 1894 n’est pas moins clair lorsqu’il dit, parlant d’uh
Anystis américain désigné par Actineda agilis (2, p. 211) : « J’ai
trouvé sur des châtaigniers des spécimens fraîchement éclos enfer-
més dans des petits cocons de soie blanche ».
Plus anciennement Dugès (6, p. 60) avait vu quelque chose qui
se rapporte certainement à la première phase de la construction des
cocons. Il raconte qu’un jeune à 8 pattes de l’Erythrée cornigère
(c’est ainsi que Dugès appelle une nymphe d 'Anystis), conservé
quelques jours dans une tube « y a filé un réseau lâche de soie très
fine à laquelle il s’est suspendu. »
Les autres observations ne sont pas sûres ou sont mal exprimées,
de sorte que la petite toile de soie que les auteurs signalent peut très
bien être l’ouvrage d’une Araignée et Y Anystis n’avoir cherché qu’un
abri sous elle.
Un doute de ce genre s’applique d’ailleurs à des Acariens très
divers et André (1, p. 466 à 469) en a relevé de nombreux cas.
D’après ce que j’ai vu le mince intervalle entre un support et une
toile d’araignée tissée parallèlement à lui, ou entre deux toiles
d’araignée quasi parallèles, dans un lieu abrité, obscur et plat,
344 —
par exemple sous une écorce d’arbre, est choisi, de préférence à
beaucoup d’autres refuges, par divers Prostigmata. Le Balaustium
de ce travail m’en a donné de beaux exemples. C’est également sous
une toile étrangère qu’était là tritonymphe nue d ’Anystis, en atti-
tude pupale, dont j’ai parlé un peu plus haut 1.
h’Anystis dont j’ai observé les cocons diffère un peu de celui que
j’ai étudié en 1943 (7). Il est plus gros et la fréquence de ses mâlês
paraît normale.
1. Pourquoi cette tritonymphe n’avait-elle pas tissé de cocon ? Il n’est pas difficile
d’imaginer des motifs mais ce serait faire des hypothèses dépourvues actuellement
d’intérêt. Attendons de savoir si un tel comportement est très anormal ou s’il est au
contraire assez fréquent.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
TRAVAUX CITÉS
1. André (M.). La sécrétion de la soie chez les Acariens (Soc. Entom.
France, livre du Centenaire, p. 457 à 472 ; 1932).
2. Banks (N.). Some new american Acarina (Trans. Amer. Entom. Soc.,
t. 21, p. 209 à 222 ; 1894).
3. Berlese (A.). Acari, Myriopoda et Scorpiones hucusque in Italia
reperta ; 1882-1903 ; 101 fascicules. Padova, Portici.
4. Id. Brevi diagnosi di generi e specie nuovi di Acari (Redia, t. 6, p. 346
à 388; 1910).
5. Id. Centuria sesta di Acari nuovi (Redia, t. 15, p. 237 à 262 ; 1923).
6. Dugès (A.). Recherches sur l’ordre des Acariens. Troisième mémoire
(Ann. Sc. Natur ., Zool., seconde série, t. 2, p. 18 à 63 ; 1834).
7. Grandjean (F.). Le développement postlarvaire d’Anystis (Mém.
Mus. Nat. Hist. Nat. Paris, nouvelle, série, t. 18, p. 33 à 77 ; 1943).
8. MicHAEL (A. D.). British Oribatidae, t. I; Ray Society, London; 1884.
9. Oudemans (A. C.). Acarologisches aus Maulwurfsnestern, 2e et 3e par-
ties ( Archiv Naturg., t. 79, Abt. A ; 9. Heft, p. 68 à 136 et 10. Heft,
p. 1 à 69 ; 1913).
10. Id. Notizen über Acari, 24. Reihe (Tijd. Entom., t. 59, p. 18 à 54 ;
1916).
11. Selj.nick (M.). Hornmilben, in Tierwelt Mitleleuropas, III, 4 ; p. ix,
1 à ix, 42 ; 1928.
345 —
Nouvelles notes sur les Jagonia (. Lamellibranches ).
Par A. Chavan. .
Dans un travail récent 1 furent étudiées quelques espèces actuelles
et néogènes de Jagonia. Je complète par l’examen de formes plus
anciennes (éocènes, crétacées, jurassiques) particulièrement signifi-
catives au point de vue évolutif. Ces espèces semblaient ne devoir
faire qu’un seul groupe, le sous-genre Jagolucina Chavan, 1937
(type : Lucina concava Defr., du Cuisienfi considéré comme ancêtre
probable des vraies Jagonia.
J’avais bien noté de légères différences entre deux Jagolucina, le
type et son précurseur supposé, « J. » mutata Desh., du Thanétien,
espèce chez laquelle les dents cardinales sont à peine bifides et les
lamelles latérales bien moins en avant. Mais en 1937, je n’avais pas
insisté, pensant qu’il s’agissait de caractères spécifiques. L’étude
d’autres Lucinidae plus anciennes, jurassiques et crétacées, plutôt
mal connues jusqu’ici, m’amène à considérer ces différences apparem-
ment infimes comme sectionnellement importantes.
On peut effectivement constater qu’il existe une suite d’espèces
débutant au moins dans le Jurassique supérieur avec « Lucina » cir-
cumcisa Zittel et Goubert, de l’Astartien sableux de Glos (Cal-
vados), retrouvée dans lé gisement voisin de Cordebugle et classée5
comme Jagolucina 2. Cette suite comprend « Lucina » tenuis Müll. =
nummismalis Müll. = subnummismalis d’ORB., du Campanien
(Hervien 3) de Vaals, en Hollande, classée comme Callucina ( Essai
Luc., p. 252) puis Mesomiltha (id., Compl., p. 236) ; et au moins deux
des espèces thanétiennes : « Lucina » mutata Desh. et Prevosti Desh.,
l’une et l’autre classées comme Jagolucina ( id ., p. 263).
Ces coquilles ont en commun de nombreux caractères :
Surface externe originellement ornée de lames concentriques saillantes,
régulièrement espacées, avec plusieurs lamelles fines entre elles ; cette
sculpture s’estompe facilement sur la région dorsale, mais susbiste plus
ou moins sur les côtés et près du crochet ; elle évoque les Lucinoma pareille- -
ment ornées, mais la charnière est ici plus complète, très comparable à
1. A. Chavan. Notes sur les Jagonia (Lamellibranches) Bull. Mus., 2e sér., t. XVIII,
n°'I, 1946, pp. 87-90.
2. A. Chavan. Essai critique de classification des Lucines. Journ. conch., t. LXXXI,
1937 et LXXXII, 1938. Voir 3e partie, 1937, p. 262.
3. — Lire : Hervien, et non : Heersien, p. 236 de l’Essai critique.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XV] II, n° 4, 1946.
346 —
n j T * JA ou- KJU j III J X j-
celle de Jagonia , avec de meme : les dents cardi-
A« Aiv 2 4 b Pu Piv
nales n’étant pas ou à peine bifides, la lunule apparaissant longue et peu
dissymétrique, le ligament marginal relativement court et la digitation
musculaire antérieure peu divergente, assez courte.
En fait, ce type de coquilles ne diffère essentiellement de Jagonia
sensu stricto que par sa sculpture externe concentrique à deux
degrés, au lieu de costules rayonnantes.
Mais ces divers caractères diffèrent sensiblement de ceux de
« Lucina » concava Defr., type de Jagolucina, dont la surface externe
n’est marquée que de stries d’accroissement irrégulières et rappro-
chées ; dont la charnière, de même formule générale, présente cepen-
dant 2 et 3 b fortement bifides et les lamelles latérales antérieures
localisées très en avant ; dont la nymphe est longue, la digitation
musculaire antérieure en languette fortement divergente..
En raison de ces différences, importantes chez les Lucinidae, Jago-
lucina s’éloigne du groupe des Jagonia , auquel je l’avais primitive-
ment rattachée ; elle s’écarte aussi, malgré la ressemblance, des
Callucina, tant par sa dent 3 a bien individualisée que par son bord
interne sans crénulations. C’est des Saxolucina et autres groupes
avoisinant Miltha qu’elle peut se rapprocher plutôt, du fait de ses
dents cardinales bifides, de son bord interne lisse et de l’allure de sa
digitation ; mais la présence de lamelles latérales complètes et l’al-
longement lunulaire lui conservent vis-à-vis de ce groupe, son indi-
vidualité.
Il semble en tout cas que les espèces du groupe circumcisa-mutata
soient seules à maintenir dans la série phylétique des Jagonia, pour
constituer le sous-genre Jagonoma, Chavan, 1946, type : Lucina
circumcisa Zittel et Goubert, du « Coral-rag » de Glos (Calvados) 1.
Cette introduction paraît amplement justifiée par la permanence
des caractères précités (cf. supra, entre guillemets) sur une aussi
longue période que celle allant du Jurassique supérieur au début de
l’Eocène. Quant au terme lui-même, il évoque la double ressem-
blance, avec Jagonia d’une part, avec Lucinoma de l’autre. La pre-
mière témoigne d’une parenté réelle, comme il a été vu ; et c’est en
pensant surtout à ces espèces que j’avais déterminé la position de
Jagolucina en 1937. La seconde est plus superficielle, bien qu’une
lointaine unité d’origine ne soit pas exclue ; de même pour Myrtea
et Mesomiltha qui présentent aussi ce type de sculpture. Mais Jago-
noma se distingue assez de Lucinoma par ses lamelles latérales mieux
développées, surtout les postérieures, sa nymphe plus courte et sa
digitation moins étroitement allongée ; de Myrtea par la brièveté
1. Zittel et Goubert in Journ, Conch., IX, 1861, p. 200, pl. XII, fig. 5 a, b.
Ce nouveau sous-genre nommé dans une note au B. S. G. F. (à l’impression).
— 347
relative de la nymphe et de la lunule, par la digitation détachée du
bord palléal et allongée ; de Mesomiltha (et aussi Myrtea) par le type
tout diffèrent dé charnière. Ce groupe coexiste d’ailleurs à Corde-
bugle avec Jagonoma. Des études ultérieures pourront sans doute
établir si ces diverses unités de Lucinacea sont en parenté directe et
forment une sous-famille, ou si l’identité des caractères externes
n’est que l’expression d’une convergence.
Ainsi, Jagolucina elle-même ne comprend plus maintenant que le
type concava et sans doute « Lucina » inaequilatera Desh. du Tha-
nétien. Les espèces « L. » decipiens Desh. (Thanétien) et Michelini
Desh. non Coquand (— Termieri Cossm.) (Cuisien), trop rares
pour qu’il soit possible d’en étudier beaucoup d’exemplaires, sem-
blent des Jagonoma.
Il existe donc deux groupes distincts, d’origine encore incertaine
mais, pour l’un du moins, très ancienne. Disparaissent-ils ensemble
au milieu de l’Eocène ? En tout cas, la sculpture s’efface sur les der-
nières espèces connues de Jagonoma, avant que Jagonia débute
par une petite forme, à peine marquée encore de l’ ornementation
rayonnante caractéristique de ce genre. Par la suite interviennent
toutes sortes de modifications secondaires, étudiées dans ma note
préçédente.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
— 348
Les Alcyonaires du Muséum ■. I. Famille des AlcyoNidae.
* •
3. GENRE SARCOPHYTUM (fin). x
Par A. Tixier-Durivault.
18. Sarcophytum tenuispiculatum Thomson et Dean.
Synonymie :
1931 Sarc. tenuispiculatum, J. A. Thomson et L. M. I. Dean. Siboga-
Expeditie ; Monogr. XlII-ri, p. 64, pl. XXII, fig. 6.
Diagnose : Colonie : pied épais, capitule en forme de champignon
légèrement lobé.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : robustes
aiguilles à verrues simples ou composées disposées en zones plus ou
moins nettes (0,2 à 0,3 mm. de long) ; b ) dans la zone corticale :
nombreuses pseudomassues. 2° dans le capitule : abondantes aiguilles
délicates à proéminences basses et coniques (0,2 à 0,48 mm. de long) ;
bâtonnets étroits à verrues zonées (0,25 mm. de long).
Polypes : nombreux antozoides de 0,5 mm. de diamètre ; abon-
dants petits siphonozoides.
Distribution : Djampeah.
19. Sarcophytum tersum Roxas.1
Synonymie :
1933 Sarc. tersum, H. Roxas, Philip. Journ. Science, vol. L, p. 373,
pl. I, fig. 2.
Diagnose : Colonie : 'pied très doux; capitule épais légèrement
plissé.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : aiguilles
claires ornées de quelques protubérances irrégulières (0,5 à 0,8 mm.
de long) ; b) dans la zone corticale : bâtonnets presque lisses
(0,4 à 0,5 nam. de long). 2° dans le capitule : bâtons verruqueux
(0,27 à 0,48 mm. de long) ou à rares aspérités (0,1 mm. de long).
Polypes : petits autotozoides (5 au cm. au bord du capitule, 2 au
centre) ; 2 à 4 siphonozoides entre 2 autozoides.
• 1. Voir : Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., t. XV, n°'6 ; t. XVI, n°s 3, 5, 6 ; t. XVII, n°= 1,
2, 3, 4 ; t. XVIII, n°s 1, 2.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
— 349 —
Coloration : de la colonie dans l’alcool : brun gris.
Localité : 1 exemplaire sans origine.
Distribution : Philippines (Puerto Galera Bay, Mindoro).
20. Sarcophytum tortuosum n. sp.
Diagnose : Colonie : pied peu élevé et capitule à lobes fortement
plissés.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur :
baguettes épineuses (0,3 à 0,45 mm. de long) ; b) dans la zone corti-
cale : aiguilles peu verruqueuses (0,3 à 0,4 mm. de long) et petites
massues à manche épineux (0,1 à 0,2 mm. de long). 2° dans le capi-
tule : bâtonnets à petites aspérités coniques (0,3 à 0,6 mm. de long).
Polypes : petits autozoides de 0,3 mm. de diamètre (10 au cm.
au bord des lobes et 5 au fond des sillons) ; 3 ou 4 très petits sipho-
zoides entre 2 autozoides.
Coloration : des colonies à sec ou dans l’alcool : gris brun.
Localité : 3 exemplaires des Iles Fidgi (M. Filhol, 1876).
Cette espèce se rapproche de S. tenuispiculatum par la forme géné-
rale de ses spiculés basilaires et s’en éloigne par la taille et l’orne-
mentation de ses aiguilles ainsi que par ses massues et ses polypes.
21. Sarcophytum trocheliophorum Marenzeller.
Synonymie :
1877 Sarc. pulmo, C. B. Klunzinger. Die Korall. d. Roth. Meeres,
Berlin, vol. I, p. 28, pl. II, fig. 8.
1886 Sarc. trocheliophorum, E. v. Marenzeller. Zool. Jahrb., Syst. 1,
p. 359, pl. IX, fig. 5.
1886 Sarc. trocheliophorum var. amboinense, E. v. Marenzeller.
Zool. Jahrb., Syst., 1, p. 361, pl. IX, fig. 6.
1896 Srac. trocheliophorum var. mollucanum, A. Schenk. Abandl.
Senkenb. Naturf. Ges., Bd XXIII, p. 77.
1896 Sarc. dispersum, A. Schenk. Abandl. Senkenb. Naturf. Ges.,
Bd XXIII, p. 65, pl. IV, fig. 38, 39.
1896 Sarc. reichenbachi, A. Schenk. Abandl. Senkenb. Naturf. Ges.,
Bd XXIII, p. 74, pl. IV, fig. 34, 35, 36 ; pl. Y, fig. 11.
1897 Sarc. trocheliophorum var. amboinense, T. Wiiitelegge. Austr.
Mus., Mem. III, pt 1, p. 215.
1898 Sarc. trocheliophorum var. amboinense, W. May. Mitt. Hamb. Mus.,
Bd XY, p. 27.
1899 Sarc. trocheliophorum, W. May, Jena. Zeitschr. f. Naturw.,
Bd. XXXIII, p. 114.
1899 Sarc. trocheliophorum var. amboinense, W. May. Jena. Zeitzschr.
f. Naturw., Bd. XXXIII, p. 115.
1902 Sarc. trocheliophorum var. amboinense, E. Burchardt. Jena.
Denkschr., Bd VIII, p. 679, pl. IV, fig. 8, 9 ; pl. LVII, fig. 12.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
23
350
1902 Sarc. trocheliophorum var. intermedia, E. Burchardt. Jena.
Denkschr., Bd VIII, p. 681, pi. LV, fig. 10 ; pl. LVII, fig. 6.
1908 Sarc. Reichenbachi, L. Roule. Ann. Soc. Zool. Suisse, vol. XVI,
fasc. 2, p. 173.
1910 Sarc. trocheliophorum forma typica, W. Kükenthal. Die Fauna
S. W. Australiens, Bd III, Lief. 1, p. 18.
1910 Sarc. pallidum, W. Kükenthal. Die Fauna S. W. Australiens,
Bd III, Lief. 1, p. 19.
1910 Sarc. Reichenbachi, W. Kükenthal, Die Fauna S. W. Austra-
liens, Bd III, Lief. 1, p. 31.
1910 Sarc. Reichenbachi, J. A Thomson et D. L. Mackinnon. Trans.
Linn. Soc. London, s. 2, vol. III, Zool., p. 175, pl. XIII, fig. 12.
1919 Sarc. trocheliophorum, J. Moser. Mitt. Zool. Mus. Berlin, Bd IX,
p. 246, text-fig. 8, 9.
1928 Sarc. trocheliophorum var. australiensis, L. Thorpe. Journ. Linn.
Soc. London, Zool., vol. XXXVI, p. 500.
1931 Sarc. trocheliophorum, J. A. Thomson et L. M. I. Dean. Siboga-
Expeditie, Monogr. XlII-d, p. 60.
1933 Sarc. trocheliophorum, H. Roxas, Philip. Journ. Science, vol. L,
p. 379, pl. 1, fig. 7.
1936 Sarc. trocheliophorum, L. M. I. Macfadyen. Scientific Results of
the Great Barrier Reef Expédition, vol. V, n° 2, p. 42.
Diagnose : Colonie : pied dur plus ou moins aplati ; capitule
épais, à bords très plissés.
Spiculés : 1° dans la base du cœnenchyme : a) à l’intérieur : tonne-
lets de 2 ou 4 verticilles de grandes verrues composées (0,2 à 0,3 mm.
de long) ; b) dans la zone corticale ^petites double-sphères à col plus
ou moins allongé (0,1 à 0,18 mm. de long). 2° dans le capitule :
aiguilles minces à proéminences coniques peu nombreuses (0,2 à
0,4 mm. de long) ; pseudomassues à grand manche (0,1 à 0,3 mm. de
long).
Polypes : 6 autozoides au cm. au bord du capitule, 8 au centre ;
4 ou 10 petits siphonozoides entre 2 autozoides.
Coloration : des colonies dans l’alcool : blanc grisâtre et brun
jaunâtre.
Localité : 5 exemplaires (2 : Mers de l’Inde, M. Armange, 1852 ;
1 : Cap de bonne Espérance, M. Holub, 1880 ; 1 : Indochine, M. Che-
vey 1926 ; 1 : Mer Rouge, M. Klunzinger, 1878).
Distribution : Mer Rouge, Tonga, Amboine, Andaman, Australie
(Port Denison), Ternate, Kokotoni, Zanzibar, Ostafrika, Mauritius,
Jaluit, Egmont reef, Lombok, Paternoster, Baie de Bima, Samba,
Haingsisi, Sebangkatan, Kamungan Ketjil, Muaras Reef, I. Sangir,
Obi Major, Damar, Nouvelle Guinée ouest, I. Roma, Maledives,
Sumatra, Philippines, Grande Barrière, Indochine, Mers de l’Inde,
Cap de Bonne Espérance.
— 351
TABLEAU DES ESPÈCES DU GENRE SARCOPHYTUM 1
En, me basant sur la forme et la taille des spiculés basilaires j’ai
pu établir un tableau comparatif mettant en évidence les rapports
entre les divers groupes d’espèces du genre Sarcophytum.
I. — Spiculés basilaires en petites aiguilles.
A. — Colonies à lange pied et à capitule peu débordant.
aï — Colonie molle à pied court et à capitule peu plissé. Aiguilles
à protubérances arrondies (0,25). Massues à manche épineux (0,12-
0,25). 1 ou 2 siphonozoides entre 2 autozoides :
1. - — S. molle Tix.-Dur.
a2 — Pied assez élevé, capitule à bords lobés. Aiguilles à petites
aspérités (0,2-0,29). Massues à manche verruqueux (0,07-0,12).
3 à 7 siphonozoides entre 2 autozoides :
2. - — S. Moseri Roxas.
B. — Colonie à pied court, élargi vers le haut et à capitule peu
débordant.
bl — Capitule à bords légèrement festonnés et retournés vers la
base du pied. Aiguilles et bâtonnets courts, ornés de fortes verrues
proéminentes (0,26). Massues corticales à manche large (0,1-0,25).
2 à 3 siphonozoides entre 2 autozoides :
3. — S. Ehrenbergi Marenzeller.
b2 — Capitule légèrement festonné. Aiguilles à grandes aspé-
rités (0,24). Massues corticales peu verruqueuses (0,12), sclérites en
étoiles (0,03). 8 à 10 siphonozoides entre 2 autozoides :
3 bis. ■ — S. Ehrenbergi var. stellatum Moser.
b3 ■ — Capitule fortement plissé. Aiguilles à petites aspérités
(0,13-0,45). Massues corticales courtes (0,1-0, 2). 1, 3 ou 6 siphono-
zoides entre 2 autozoides :
4. — S. acutangulum Marenzeller.
II. • — Spiculés basilaires en petites aiguilles et en bâtonnets.
A. — Colonie à large pied épais.
ai ■ — - Capitule en champignon légèrement lobé. Aiguilles à verrues
simples ou composées (0,2-0, 3). Grandes massues corticales (0,2).
1. Les chiffres notés dans le tableau indiquent en mm. les limites entre lesquelles
varient Jes longueurs totales des spiculés.
— 352
Aiguilles capitulaires minces (0,2-0, 3). Petits siphonozoides entre
de nombreux autozoides :
5. — S. tenuispiculatum Thomson et Dean.
a2 — Large pied épais ; capitule fortement plissé. Aiguilles à
verrues irrégulières (0,3-0,45). Massues à manche épineux (0,1-0, 2).
3 ou 4 petits siphonozoides entre 2 autozoides :
6. — S. tortuosum Tix.-Dur.
B. — Colonie à large pied aplati.
bl — Capitule à bords amincis çt plissés. Aiguilles régulières à
courtes verrues larges (0.55). Petites massues corticales (0,1-0, 2).
5 à 12 siphonozoides entre 2 autozoides :
7. — S. elegans Moser.
b2 — Capitule peu débordant à bords très plissés. Aiguilles légère-
ment courbes, à petites verrues arrondies (0,5-0, 6). Massues corti-
cales capitulaires à long manche (0.2-04). 3 ou 4 siphonozoides entre
2 autozoides :
8. — S. regulare Tix.-Dur.
III. — Spiculés basilaires en grandes aiguilles.
A. Colonie à pied cylindrique.
al — Pied assez élevé ; capitule divisé à la périphérie. Aiguilles
à petites verrues irrégulières (0,9-1). Courtes massues corticales
(0,24-0,5). 4 à 8 siphonozoides entre 2 autozoides :
9. — S. digitatum Moser.
a2 — Pied bas, capitule légèrement plissé à la périphérie. Aiguilles
épineuses (1). Petites massues à tête élancée (0,1-0,15). 10 siphono-
zoides entre 2 autozoides :
10. — S. crassum Tix.-Dur.
a3 — Pied élevé, capitule à larges plis périphériques. Grandes
aiguilles à verrues régulières simples (0, 9-1,1). Massues corticales
capitulaires à long manche (0,19-0,42). 2 à 3 siphonozoides entre
2 autozoides :
11. — S. cinereum Tix.-Dur.
a4 — Haut pied mince, capitule en champignon à bords ondulés.
Grosses aiguilles émoussées à verrues composées (0,9-1). Massues
capitulaires à tête mince (0,1-0,35). 8 à 10 siphonozoides entre
2 autozoides :
12. — S. mycetoides Gravier.
353 —
B. Colonie à pied large.
bl — Pied lisse, capitule épais à gros plis ondulés. Aiguilles à
grosses protubérances rares et irrégulières (0,8-1). Bâtonnets corti-
caux presque lisses (0,4-0, 5). 2 ou 4 siphonozoides entre 2 autozoides :
13. — S. tersum Roxas.
C. — Colonie à pied mince.
cl — Capitule en forme de champignon à bords relevés. Aiguilles
à verrues composées (0, 3-0,6). Massues à protubérances éparses
(0,2-0, 3). 1 seul siphonozoide entre 2 autozoides :
14. — S. spongiosum Thomson et Dean.
i
c2 — ■ Capitule lisse en forme de champignon. Grandes aiguilles
à verrues composées (0,9-1, 6). Massues à manche allongé (0, 1-0,2).
3 à 9 petits siphonozoides entre 2 autozoides :
15. — S. gracile Burchardt.
c3 — Capitule en forme de champignon à bords plus ou moins
plissés. Grandes aiguilles à nombreuses verrues composées (0,5-2).
Courtes massues (0,2). 4 à 7 siphonozoides entre 2 autozoides :
16. — S. glaueum (Q. G.)
IV. — Spiculés basilaires massifs, courts et larges.
A. • — Colonie dressée à pied bas et large.
al — Capitule peu plissé. Spiculés cylindriques à 4 verticilles
de verrues composées (0,2-0, 4). Massues à tête peu proéminente
(0,09-0,13). 1 à 6 petits siphonozoides entre 2 autozoides :
17. — S. crassocaule Moser.
à2 — Capitule très plissé. Spiculés en tonnelets ou en double -
aiguilles avec 2 ou 4 verticilles de verrues composées (0, 2-0,4).
Petites massues à manche large (0,2). 8 à 10 siphonozoides entre
2 autozoides :
18. — S. trocheliophorum Marenzeller.
B. — Colonie encroûtante.
bi — ■ Large pied étalé ; capitule à gros plis périphériques. Double -
sphères à grosses verrues composées serrées (0,2). Massues capitu-
laires (0,1-0, 2) et aiguilles à petits verrues simples. 1 à 10 siphono-
zoides entre 2 autozoides :
19. — S. Decaryi Tix.-Dur.
— 354
b2 ■ — Large pied bas ; capitule mou à plis périphériques. Spiculés
ovoïdes à nombreuses larges verrues crénelées (0,2-0, 4). Petites mas-
sues irrégulièrement ornées (0,3-04). 2 à 3 siphonozoides entre 2 petits
autozoides :
20. - — S. puertogaleræ Roxas.
b3 — Pied large, capitule peu plissé. Grosses aiguilles à nombreuses
verrues composées (0,6-1). Massues à rares aspérités (0,13-0,2). 1 seule
rangée de siphonozoides entre 2 autozoides :
21. — - S. latum Dana.
Laboratoire de Malacologie du Muséum.
' - ■ ' !
I
Contributions a la flore de la Nouvelle Calédonie.
lxxxvi. Plantes récoltées par L. Virot (suite)
Par A. Guillaumin.
PROFESSEUR AU MUSEUM
/
En 1939 l, j’ai donné la liste des récoltes faites en Nouvelle Calé-
donie par Robert Virot comprenant 55 phanérogames dont 4 nou-
veautés :
Hibbertia Virotii
Dysoxylum coriaceum
Callistemon buseanum
Dendrobium Virotii.
Depuis, ce collecteur a continué à réunir des échantillons d’her-
bier pour le Muséum de Paris, l’Arnold Arboretum et le Musée de
Zürich. La guerre a toutefois longtemps empêché leur sortie de
Nouvelle Calédonie et c’est seulement en juin 1946 que les échan-
tillons récoltés en 1939 et 1940 ont pu. grâce à M. E. D. Merrill,
parvenir au Muséum, malheureusement trop sont incomplets et ne
permettent pas une détermination certaine :
Hibbertia altigena Schltr. — Mont Mou (14).
H. catargyrea Guillaum. — Mont Dzumac (36).
H. lucens Brong. et Gris. — • Mont Dzumac (43), Monts Kouvélée
(181), Prony (58).
H. Pancheri Briq. — Pic Buse (153), Mont Dzumac (170), au N. de
haie de Prony (92).
H. podocarpifolia Schltr. - — Nondoué : en montant au Val fleuri
(240), Mont Mou (13).
H. trachyphylla Schltr. — Pic Buse (123), au N. de la haie de Prony
et de la plaine des Combattant (84).
H. Virotii Guillaum. — Montagne des Sources (161).
Xylopia Pancheri Baill. — Au N. de la haie de Prony (91).
Pittosporum Deplanchei Brong. et Gris. — Mont Dzumac (95, 168).
Montrouziera rhodoneura Schltr. - — Monts Kouvélée (180).
M. verticillata PI. et Tr. — Montagne des Sources (155).
Garcinia amplexicaulis Vieill. — Sentier du Dzumac (195).
Strasburgeria robusta Guillaum. — Mont Mou (26).
, ■ ^
I. Bull. Mus., 2e sér., XI, p. 412, 1939.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
— 356
Solmsia colophylla Baill. — Pic Buse (101 bis).
var. chrysophylla Guillaum. — Mont Dzumac (171), Haute-Dum-
béa : mine Werquin (212 bis).
Eriostemon pallidum Schltr. — Sentier du Dzumac (200), Mont-
Dore (208).
Mÿrtopsis macrocarpa Schltr. — Sentier du Dzumac (203).
M. Novae-Caledoniae Engl. ■ — - Mont Dore (207).
Acronychia laevis Forst. — Poume : îlot Mouac (247).
Dysoxylon humile C. DC. — ■ Sentier du Dzumac (178).
Alphitonia neo-caledonica Guillaum. — Bords de la Coulée, Bou-
lari, près de l’Hôtel des Bruyères (112).
Soulamea fraxinifolia Brongm et Gris. - — - Bords de la Nondoué
près de la Ferme Chabert (237).
S. Pancheri Brong. et Gris. • — Région sommitale du Mont-Dore
(212).
Guioa villosa Radlk. - — Nondoué : en montant au Val Fleuri (239).
Storthocalyx chryseus Radlk. — Sentier du Dzumac (185, 189).
Loxodicus coriaceus Hook. f. — Haute Dombéa : bords de la route
de la mine Werquin (208 bis).
Argophyllum laxum Schltr. • — Sentier du Dzumac (184) ; Nondoué :
Monts sertentineux au-dessus de la ferme Chabert (196).
A. montanum Schltr. — Région N. de la baie de Prony et Plaine
des Combattants (93).
Codia albifrons Yieill. ex Guillaum. — Plateau de la Montagne des
Sources près du Pic Buse (106).
C. discolor Guillaum. — Bords de la Cou'ée Boulari dans son cours
inférieur (109).
C. nitida Schltr. — Plateau de la Montagne des Sources (115).
C. spathulata Brong. et Gris, — Archipel Belep : île Pott : au-
dessus de la propriété Pagnote (245).
Pancheria alaternoides Brong. et Gris. — Chaînes ferrugineuses
au N. et au S. de la Plaine des Combattants au N. de la baie de
Prony (99).
P. elegans Brong. et Gris. — Sentier du Dzumac (202), près de la
route de Plum, le long d’un ruisseau entre la propriété Duchosal et
l’ancien hôtel Bloch (217).
P. elliptica Pampan. — Pentes du Mont Mou (5).
Pancheria Engleriana Schltr. — Crête sommitale du Mont Mou
(28) .
P. ferruginea Brong. et Gris.' — Sentier du Dzumac (192), pentes
O. du Mont Mou (27).
P. obovata Brong. et Gris. — Sentier du Dzumac, près de la ferme
Chabert (233), Pentes O. des Monts Kouvélée (182).
P. robusta Guillaum. — Plateau de la Montagne des Sources (105).
Geissois Balansae Brong. et Gris ex Guilaum. ? — Sentier du
Dzumac sous la Mine abandonnée (229).
— 357 —
Cunonia macrophylla Brong. et Gris. — Bords de la Coulée Boulari
dans con cours inférieur (111).
C. pterophylla Schltr. — Sentier du Dzumac après le jcol de la
Tontouta (118).
C. Vieillardii Brong. et Gris. — Pentes S. du pic Buse (102).
Dodonaea viscosa Forst. — Pentes du Mont-Dore (214).
Drosera neo-caledonica Hamet. - — - Pentes du Mont-Dore (211),
pentes E. de FErembéré (34).
Bruguiera eriopetala W. et Arn. ■ — - Ilot en face de Muéo (252).
Crossostylis biflora Forst. — Nondoué en remontant au val Fleuri
(241).
Baeckea ericoides Brong. et Gris. — - Plateau de la Montagne des
Sources (150).
B. parvula DC. var. latifolia Brong. et Gris. — Archipel Belep :
île Pott : partie centrale (258).
B. virgata Andr. - — Route de Plum près de la Gendarmerie (222,
223).
Melaleuca gnidioides Brong. et Gris. — Plateau de la Montagne
des Sources (145).
Callistemon buseanum Guillaum. — Pentes S. du pic Buse (143).
C. gnidioides Guillaum. — Pentes O. du Mont Dzumac (46).
C. Pancheri Brong. et Gris. — Région de la baie de Prony sur les
premiers contreforts S. du chaînon ferrugineux séparant cette région
de la Plaine des Combattants et de la Plaine des Lacs (85).
Tristania callobuxus Ndzu. — Bords de la Coulée Boulari dans son
cours inférieur (110), sentier du Dzumac sous la Mine abandonnée
(230), Pentes du Mont Dzumac (42), Plateau de la Montagne des
Sources (114), contreforts ferrugineux au N. et au S. de la Plaine
des Combattants au N. de la baie de Prony (87).
T. glauca Brong. et Gris. — Plateau de la Montagne des Sources
(147). '.
Mooria artensis Montr. — Rivage N. de la baie de Prony, sur le
bord du ruisseau près de l’ancien camp de la Pénitenciaire (94).
M. Deplenchei Guillaum. — Pentes O. du Mont Mou (11).
Calycorectes rubiginosus Guillaum. - — Sentier du Dzumac (186).
Metrosideros demonstrans Tison. — Pic aux mousses, sommet
S. E. du Mont Mou (15).
M. Engleriana Schltr. — Sommet du Mont Mou (47).
M. Engleriana Schltr. ou Mooria buxifolia Guillaum. ?? — Som-
met du Mont Mou (48).
M. operculata Labill. — Form. Francii Guillaum. — Bords de la
Coulée B'oulari dans son cours inférieur (108).
Mearnsia porphyrea Diels. - — - Sommet du Mont Mou (49).
Xanthostemon aurantiacum Hook. — Cà et là dans toute la région
s’étendant entre la baie de Prony et la baie des Pirogues (86).
— 358
X. Guillauminii Gugerli ? - — Ile Art : près de la Chapelle de la
Mission (243).
X. intermedium Gugerli. — Plateau de la Montagne des Sources
(156).
X. multiflorum Beauvis. var. typicum Pampan. form. pubescens
Pampan. — X. pubescens Gugerli. — Archipel Bélep : île P ott, au-
dessus de la propriété Paquotte (244).
Pleurocalyptus Deplanchei Brong. et Gris. — Sentier du Dzumac
(119).
Myrtus paitensis Schltr. — Sentier du Dzumac sous la Mine aban-
donnée (232).
M. rufo-punctatus Panch. ex Brong. et Gris. — Sentier du Dzu-
mac (117), pente du Mont Mou (7).
Syzygium ngoyensis Guillaum. — Haute Boulari, route de la mine
Werquin (210 bis).
S. rivulare Vieill. ex Guillaum. — Pentes O. du Mont Dzumac (30).
Eugenia crucigera Dânik. — Bords de la Nondoué près de la
ferme Chabert (236).
E. stricta Panch. ex Brong. et Gris. — Sentier du Dzumac (190).
Jambosa vulgaris DC. — Bords de la Nondoué près de la ferme
Chabert (subspontané ?) (238).
Pilocalyx Baudouinii Brong. et Gris. ■ — Bords de la Nondoué près
de la ferme Chabert (237). -- -
Pemphis acidula Forst. — Ilot en face de Muéo (251).
Homalium Mathieuanum Briq. — Archipel Bélep : île Pott : au-
dessus de la propriété Paquotte (249).
Myodocarpus crassifolius Dub. et Vig. - — - Plateau de la Montagne
des Sources (158).
M. involucratus Dub. et Vig. — Sentier du Dzumac (197).
Tieghemopanax Harmsii R. Vig. — Plateau de la Montagne des
Sources (159)
T. simabaefolius R. Vig. — Sentier du Dzumac (17*7, 179).
Bikkia neriifolia Schltr. - — - Sentier du Dzumac après la première
cascade (169) Mine Werquin, base du Pic du Rocher (209 bis).
Psychotria rubefacta Guillaum. — Pentes S. du pic Buse, Haute
Boulari, camp n° 3 (103, 124).
Normandia neo-caledonica Hook. — Pentes O. du Mont Mou (25).
Helichrysum neo-caledonicum Schltr. — Base du Mont Mou (24).
Leucopogon Cymbulae Labill. — Sentier du Dzumac au-dessus de
la première cascade (201), sentier du Dzumac) près de la ferme
Chabert (234).
var. — Pourne : îlot Mouac (246).
Dracophyllum rampsum Panch. ex Brong. et Gris. ■ — • Plaine des
Combattants et contreforts ferrugineux voisins (96).
Plumbagy zeylanica L. ■ — - Poume : îlot Mouac (248).
359 —
Chrysophyllum floribundum S. Mooere. ■ — Sentier du Dzumac (191).
Ch. Sebertii Panch. et Seb. — • Régon sommitale du Mont Dore
(210), se retrouve sur le sentier du Dzumac vers 700 à 800 m. (d’après
Virot).
Ch. sp. a fï. Ch. intermedium Baill. — Sentier du Dzumac, bords de
là première cascade (205).
Alyxia leuçogyne v. Heurck et Mull.-Arg. — Bords du ruisseau
se jetant dans l’anse N. de la baie de Prony, près de l’ancien camp de
la Pénitenciaire (4).
A. nummularia S. Moore. — Pentes du Mont Dore (213).
Cerberiopsis Candelabrum Vieill. ex Panch. et Seb. — Au-dessus
de la station de Nondoué (55).
Sarcostemma australe R. Br. — - Bords du chemin des Troupeaux,
à gauche après le pont sur la rivière salée en venant de Nouméa (54).
Marsdenia Billardieri Dcne. — Plateaux de la Montagne des
Sources, près du Pic Buse (144).
Fagraea Schlechteri Gilg et Ben. — En montant au val Fleuri
(Nondoué). (242).
Diplanthera Deplanchei F. Muell. — - Haute Dombéa, route de la
mine Werquin (207 bis).
Dilivaria ilicifolia Juss. — • Bords d’un ruisseau près de la Gen-
darmerie de Plum (219).
Pseuderanthemum Comptonii S. Moore. • — - Haute Dombéa, mine
Werquin (211 bis).
Oxera neriifolia Beauvis. — Pentes du Pic Buse (139).
Kochia hirsuta Nolte. — • Warf de Ouaco (256).
Peperomia subpallescens C. DC. — Pentes O. des Monts Koghis
(29).
Litsea uniflora Guillaum. — Pentes S. du Mont Dore (215).
Beauprea spathulaefolia Brong. et Gris. — A droite du sentier en
montant au Dzumac (116), sentier de Dzumac (173) ?
Grevillea exul Lindl. — Sentier du Dzumac sous la Mine aban-
donnée (228).
G. heterochroma Brong. et Gris. — Sentier du Dzumac au-dessous
de la Mine abandonnée (227).
G. Meissneri Montr. — - Environs du col de Plum (220).
G. rubiginosa Brong. et Gris. — Sentier du Dzumac près de la
première cascade (199), Crêtes au-dessus delà Nondoué (198), Régions
N. des baies du Sud et de Prony (2).
Amyema scandens Dans. — Environ du Col de Plum (225).
Exocarpus neo-caledonicus Schltr. et Pilger. — Sentier du Dzumac
(176, 193), pentes O. du Mont Dzumac (32).
E. phyllanthoides Endl. — Sentier du Dzumac (175).
Neoguillauminia Cleopatra Croizat. — Environs du sentier du
Dzumac, au-dessus de la première cascade (194).
— 360
Euphorbia Atoto Forst. — • Poume, bords de la mer (254).
E. obliqua Endl. — Poume, bords de la mer (257).
E. tannensis Spreng. — Poume, bords de la mer (253).
Longetia buxoides Baill. — Sentier du Dzumac (204), Pentes O.
du Mont Dzumac (44).
Baloghia Bureaoi Schltr. ? — Plateau de la Montagne des Sources
(157).
B. pulchella Schltr. — Sentier du Dzumac (174).
B. sp. nov. afï. pulchella Schltr. — Sentier du Dzumac (183). Dif-
fère de B. pulchella Schltr. par les inflorescences ne dépassant pas
les feuilles (2 cm.), les fleurs courtement pédicellées (4 mm.) et les
pétales (incomplets) ne paraissant pas dépasser 5 mm. de longueur.
Casuarina Deplancheana Miq. ■ — Régions N. de la baie de Prony
(95). .
C. Poissoniana Schltr. — Pentes E. de l’Erembéré (31).
Microstylis taurina Reichb. f. — Pentes S. du Pic Buse, Camp n° 3
(132) . ;
Oberonia Vieillardii Reichb. f. — • Vallée de la Yahoué (165).
O. Vieillardii Reichb. f. vel O. neo-caledonica Schltr. ? • — ■ A la
base des pentes O. du Mont Mou près de la maison Bourdinat (57).
Liparis concaoa Schltr. — Pentes O. des Monts Koghis (59).
Dendrobium gracilicaule F. Muell. — Pentes E du Mont Dore (221).
Remarquable par les pseudobulbes à 3 articles seulement et les
feuilles petites (3 cm. X 0,6 cm.).
D. eleutheroglossum Schltr. — Base du Pic Malaoui (64). Pentes
S. du Pic Buse, Camp n° 3 (129).
Cirrhopetalum Thouarsii Lindl. ■ — Vallée supérieure de la Yahoué
(162).
Pelma neo-caledonica Finet. - — - Sentier du Dzumac, après le col de
la Tontoua (166), Pentes O. des Monts Koghis (63).
Bulbophyllum ngoyense Schltr. — Pentes S. du Pic Buse (126).
Eria karicouyensis Schltr. — Pentes S. du Pic Buse, Camp n° 3
(127).
Phreatia Richardiana Krânzl. — ■ Pentes S. du Pic Buse (125).
Spathoglottis Deplanchei Reuchb. f. — Bords du ruisseau se jetant
. sur les berges N. de la baie de Prony. près de l’ancien camp de la
Pénitenciaire (101).
Calanthe Langei F. Muell. — Pentes O. des Monts Koghis (67).
Sarcochilus sp. ■ — Vallée de la Yahoué (163).
Thelymitra longifolia Forst. — Pentes O. du Mont Mou (67).
Pterostylis Bureaviana Schltr. - — Pentes S. du Pic Buse, Camp n° 3
(133) .
P. Ophioglossa R. Br. — Zone littorale entre la Gendarmerie de
Plum et l’embouchure de la rivière des Pirogues sous les Araucaria
Cookii (216).
— 361 —
Acianthus confusus Guillaum. — Pentes S. du Pic Buse, Camp n° 3
(135).
A. elegans Reichb. f. — Pentes S. du Pic Buse, Camp n° 3 (134).
A. grandiflorus Schltr. — Pentes S. du Pic Buse, Camp n° 3 (137).
A. nanus Rendle. — - Pentes S. du Pic Buse, Camp n° 3 (128, 136).
Liperanthus gigas Reichb. f. — • Région N. de la baie de Prony (98).
L. glandulosus Schltr. — Pentes O. des Monts Koghis (61).
Caladenia carnea R. Br. — Pentes O. du Mont Mou (65).
Lophosch&enus fragilis Dânik. = Costularia fragilis Kükent. —
Plateau de la Montagne des Sources près du Pic Buse (160).
Greslania circinnata Bal. — Plateau de la Montagne des Sources
(148).
Agathis macrophylla Mast. — Haute Dumbéa : mine Werquin
(213 bis).
A. ovata Warb. — Sentier du Dzumac, après le col de la Tontouta
(120).
Podocarpus gnidioides Carr. — Pentes S. du Mont Dore, région du
sommet (209).
P. minor Parlât. — Crête sommitale du Mont Mou (8), sommet du
Mont Mou (38).
P. Vieillardii Parlât. — Mine Werquin, base du Pic du Rocher
(206 bis).
Callitropsis araucarioides Compton. — Plateau de la Montagne
des Sources, près du Pic Buse (142).
Dacrydium araucarioides Brong. et Gris. — Plateau de la Montagne
des Sources (152).
B. Balansae Brong. et Gris. - — - Sentier du Dzumac (187).
D. lycopodioides Brong. et Gris, forme de jeunesse. — Crête som-
mitale du Mont Mou (9, 40).
D. taxoides Brong. et Gris. — Crête sommitale du Mont Mou (39).
Acmopyle Pancheri Pilger. — Crête sommitale du Mont Mou (10).
Araucaria Cookii R. Br. — Berges de la baie de Prony (10).
— var. luxurians Brong. et Gris. — Zone littorale entre la Gen-
darmerie de Plum et l’embouchure de la rivière des Pirogues (218).
— forme de jeunesse ? — Rentes E. de l’Erembéré (37).
A. Muelleri Brong. et Gris. — 1 Crête bordant le plateau de la Mon-
tagne des Sources.
A. Bulei F. Muell. — Crête sommitale du Mont Mou (41).
— 362 —
\ - -- ■ '
Note sur des corps cytoplasmiques
Observables chez Pilea Cadierei Gagnep. et Guillaum.
Par Jean-Louis Hamel.
Au début de l’année 1939, alors que j’étudiais le noyau somatique
et la mitose de Pilea Cadierei Gagnep. et Guillaum. (3) (4), je remar-
quai, en examinant des coupes traitées par la méthode de Feulgen
après fixation au liquide de Helly, que le cytoplasme des méristèmes
radiculaires présentait, chez cette Urticacée, des granulations colo-
rées en rouge comme l’étaient les éléments chromatiques nucléaires.
L’ensemble de ces grains rouges ressemblait au semis mitochondrial
noir-violacé observable après le fixateur de Helly et la coloration
à l’hématoxyline ferrique. Aussi présentai-je à la fin de juin mes
préparations au professeur Guilliermond qui me proposait d’étu-
dier avec lui, au retour des vacances, ces curieux corps cytoplas-
miques. Malheureusement ce fut la guerre, puis, pour moi, la capti-
vité. Lorsque je rentrai d’Allemagne en juin 1945, j’appris avec
tristesse la mort du maître à qui je devais tant. Je repris seul, alors,
cette étude 1.
En voici les résultats. Toutes les coupes sont faites à 5 p. dans
des racines prélevées sur des boutures de la plante cultivée dans
les serres du Muséum, fixées de différentes façons, déshydratées et
incluses dans la paraffine comme habituellement.
1° Fixation au liquide de Helly.
Après l’hydrolyse, d’abord dans l’acide chlorhydrique normal froid
durant une minute, puis dans l’acide à 60° pendant 7 à 8 minutes
et le retour rapide dans l’acide froid, les coupes sont laissées environ
trois heures dans la solution décolorée par le métabisulfite de « Dia-
mantfuchsine » Grübler ; elles sont ensuite traitées à l’anhydride
sulfureux naissant ainsi qu’à l’ordinaire.
Le méristème radiculaire présente alors, surtout dans sa région
apicale où le cytoplasme est plus dense, des granulations fortement
colorées en rouge qui ressemblent tout à fait à des mitochondries.
La plupart sont en grains arrondis, certaines toutefois sont en
courts bâtonnets. Elles se détachent très bien sur le fond incolore,
en dehors des noyaux et mieux encore si l’on a teinté par le Vert
1. Je tiens à remercier ici M. le P ofesseur Eichhorn, qui a bien voulu examiner
mes préparations et m’éclairer de sa haute expérience dans ce domaine de la cytologie,
nouveau pour moi.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
— 363
lumière le protoplasme. Elles ne peuvent jamais être confondues
avec les éléments chromatiques qui sont généralement plus gros et à
l’intérieur de la membrane nucléaire. Les images sont identiques,
peut être un peu plus contractées par le fait de l’hydrolyse sans
doute, à celles observables après la coloration classique à l’héma-
toxyline ferrique.
Afin de voir si ces corpuscules cytoplasmiques ne sont pas colorés
en rouge par simple contact avec la fuchsine sans être hydrolysés, des
préparations sont mises, aussitôt après le déparraffinage, dans le
réactif de Schifî. Elles n’y sont laissées que 30 à 45 minutes afin
d’éviter un début d’hydrolyse possible par la présence d’acide chlo-
rhydrique dans la liqueur. Elles sont ensuite traitées comme les
préparations ordinaires. On n’observe jamais dans ce cas la moindre
coloration des granulations protoplasmiques, comme il est impossible
également de distinguer la chromatine nucléaire qui n’est pas teintée.
D’ailleurs une préparation ayant séjourné 3 heures dans la fuchsine
ne présente pas non plus d’inclusions cytoplasmiques colorées.
2° Fixation au liquide de Helly et postchromisation suivant la mé-
thode de Parat.
Les temps d’hydrolyse et de coloration sont les mêmes que précé-
demment. Les granulations protoplasmiques ont même aspect dans
ces préparations que dans les précédentes. Toutefois, certaines
cellules montrent peu de ces corpuscules tout à fait comparables aux
mitochondries colorées par l’hématoxyline, tandis que d’autres en
sont au contraire surchargées. Il n’a pas été fait de préparations
témoins.
3° Fixation au liquide IV de Regaud et postchromisation.
Les résultats sont sensiblement les mêmes que ceux obtenus par
la méthode de Helly-Parat. La durée de l’hydrolyse à 60° est égale-
ment de 8 minutes.
Des préparations-témoins n’ont pas été faites. Mais certaines
coupes ont été simplement traitées, après déparaffinage, avec du
Lugol. Celui-ci a bleui les plastes qui sont observables non pas au
niveau de la région méristématique, mais bien au-dessus dans les
coupes longitutinales. Ceci permet de voir que nos grains colorés
par la méthode de Feulgen ne sont pas des plastes ni de l’amidon.
Bauer (1) puis Dangeard (2) ont signalé cette coloration possible
de l’amidon par ce procédé.
4° Fixation par la méthode de B ouin- Hollande .
Il convient de laisser plus longtemps les préparations dans l’acide
chlorhydrique chaud, 15 minutes par exemple et même davantage.
— 364
Pour la chromatine, les résultats les meilleurs sont obtenus après
une hydrolyse de 20 minutes.
On obtient toujours la coloration des éléments cytoplasmiques
qui, dans ce cas encore, sont plus contractés et par suite moins
clairement visibles qu’après le fixateur de Helly. Peut-être est-ce le
fait de la postchromisation dans ces trois dernières méthodes qui
donne à la réaction colorée moins de netteté.
Les préparations témoins faites après cette fixation ne montrent
pas de coloration aussi bien des éléments nucléaires que des éléments
cytoplasmiques.
5° Fixation au liquide de Navashin.
Les corps cytoplasmiques colorables en rouge après une hydro-
lyse à 60° longue de 15 à 16 minutes, sont nets dans certaines pré*
parations et ne le sont pas dans d’autres. Il existe d’ailleurs dans
les préparations traitées à l’hématoxyline une semblable différence.
Sans doute est-ce dû à une action plus ou moins marquée de
l’acide acétique sur les corps. Dans les préparatoins témoins, il n’y
a jamais de coloration.
6° Fixation au liquide de Flemming , sans acide acétique.
Les résultats sont comparables à ceux obtenus par la méthode de
Helly-Parat. Les préparations sont hydrolysées à 60° pendant
5 minutes.
7° Fixation par le sublimé.
Les coupes colorées à l’hématoxyline présentent un chondriome
très caractéristique. Celles traitées par la méthode de Feulgen (l’hy-
drolyse à chaud dure de 5 à 8 minutes) ont leur cytoplasme rempli
de corpuscules fortement colorés en rouge dont l’aspect rappelle
celui de chondriosomes, légèrement rétractés vraisemblablement sous
l’action de l’acide chlorhydrique. Dans les préparations témoins,
il n’y a aucune coloration de ces éléments ni des éléments nucléaires.
Ainsi ces corpuscules cytoplasmiques que l’on peut mettre en
évidence par la méthode de Feulgen ne sont pas des plastes ; ceux-ci,
en effet, ne se trouvent pas dans la même région du méristème radi-
culaire que ceux-là, c’est ce que prouvent les préparations traitées par
le Lugol. Ils ne sont pas davantage des inclusions lipidiques, telles
qu’on les voit après la réaction plasmale de Feulgen et Voit 1 [dans
Langeron (6)], appliquée à des coupes faites par congélation : les
liquides nécessaires pour l’inclusion dans la paraffine dissoudraient
ces corps gras. Ce ne sont pas également des acétaldéhydes produites
1. Séjour dans la fuchsine décolorée sans hydrolyse préalable, après fixation au
sublimé ou au formol.
— 365
par le métabolisme, car on ne peut les colorer sans les hydrolyser.
On ne peut croire non plus que cette coloration soit due à la forma-
tion d’aldéhydes sous l’action des fixateurs tels que les liquides de
Helly ou de Navashin, comme on a pu le penser [cf. Langeron (5)]
puisqu’on l’observe tout autant après la fixation au sublimé.
S’agit-il alors d’éléments nucléaires passés dans le cytoplasme ? Il
ne semble pas. En effet, dans aucune préparation on ne voit les
noyaux esquisser l’ébauche d’un bourgeonnement. De même, à la
télophase, jamais on ne voit des grains chromatiques demeurer en
dehors de la membrane nucléaire ; il faudrait, dans ce cas, qu’il
existe une perpétuelle élaboration de substance par les chromo-
somes eux-mêmes pour compenser cette perte, tant est dense le
semis de granulations cytoplasmiques dont l’aspect, d’ailleurs, ne
rappelle en rien celui des chromocentres. On pourrait encore ima-
giner une diffusion de la chromatine à travers la membrane du
noyau, ce qui paraît bien improbable.
Comme ces inclusions ,ont tout à fait l’aspect des mitochondries,
s’il convient de les considérer comme telles, sans doute est-il néces-
saire d’admettre qu’elle sont, à côté des composants normaux du
chondriome, des éléments particuliers. Ils ne sont, en effet, pas
détruits par l’acide vacétique, puisqu’ils résistent au fixateûr de
Navashin ; ils supportent d’être hydrolysés par l’acide chlorhydrique
normal à 60° ; ils sont enfin constitués par des corps ayant des réac-
tions chimiques voisines de celles de la chromatine dont ils suivent
le comportement vis-à-vis de l’hydrolyse et -du réactif de Schiff.
BIBLIOGRAPHIE
1. Bauer (H.). Die feulgensche Nuclealfârbung in ihrer Anwendung auf
cytologische Untersuchungen. — Zeitschr. f. Zellf., 15, 224-47, 1932.
2. Dangeard (P.). Recherches sur la structure des noyaux chez quelques
Angiospermes. Le Botaniste, sér. XXVIII, 291-400, 1937.
3. Guillaumin (A.), Gagnepain (F.). Plantes nouvelles, rares ou critiques
des serres du Muséum. Bull. Muséum, 2e sér., t. X, 628-9, 1938.
4. Hamel (J.). Note sur la mitose somatique d’une Urticacée nouvelle
cultivée dans les serres du Muséum. Bull. Muséum, 2e sér., t. XI,
271-2, 1939.
5. Langeron (M.). Précis de microscopie, 5e édit., 1934, Masson édit.,
Paris.
6. ld., 6e édit., 1942.
Laboratoire de Culture du Muséum.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
24
— 366
Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la col-
lection du Laboratoire de Paléontologie du Muséum
NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE. — III. BRYOZOAIRES
CYCLOSTOMES DE L’ÉOCÈNE DU BASSIN DE PARIS FIGURÉS
PAR F. CANU (1907-1910).
Par E. Buge.
Cette troisième liste comprend les Bryozoaires cyclostomes de
l’Eocène parisien figurés par F. Canu dans les Annales de Paléon-
tologie :
Canu (F.). Bryozoaires des terrains tertiaires des environs de Paris.
Ann. Paléont., 1907-1910 (II-V).
Les échantillons comprennent, outre ceux de la collection Canu, un
certain nombre de types de d’OnBiGNY, publiés par ce dernier dans
le Prodrome h L’état de conservation est généralement bon, quoi-
que plusieurs spécimens soient perdus, détruits ou en mauvais état.
Quatre espèces de Lichenopora, notamment, sont probablement
définitivement égarées. J’ai pu également, surtout chez les Cheilos-
tomes qui seront publiés ultérieurement, faire quelques corrections
à la diagnose ou à la détermination de certaines espèces, d’après des
notes inédites de Canu.
Famille des Crisiidés.
Crisia boutini Canu 1909 — Type ; Canu 1909, p. 105, pl. XII.
fig. 4-5. — Lutétien de Chaussy (Seine-et-Oise).
Les individus figurés proviennent de Chaussy et non d’Orglandes
comme l’indique Canu.
Crisia corbini Canu 1909- — Type ; Canu 1909, p. 104, pl. XII,
fig. 6-11. — Lutétien inf. de Parues (Oise) 1 2 et Lutétien moy. de
Chaussy (S.-et-O.). Excellent état.
Crisia edwardsi Reuss 1847 — Figuré ; Canu 1909, p. 105,
pl. XII, fig. 13-14. - — - Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
Bon état. La face postérieure n’est plus visible.
1. D’Orbigny (A.). — Prodrome de Paléontologie stratigraphique. Paris,
1849-1852.
2. Tous les spécimens du Lutétien inférieur de Pâmes proviennent de la sablière
de Beauvoir.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
367
Crisia hoernesi Reuss 1847 — Figuré ; Canu 1909, p. 103, pi. XII,
fig. 12. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
La colonie figurée a été brisée : une partie en est perdue.
Crisia pulchella Canu 1909 - — Type ; Canu 1909, p. 105, pl. XII,
fig. 19-20. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Figure très retouchée et face postérieure non visible.
Crisia subaequalis Reuss 1869 — Figuré ; Canu 1909, p. 103,
pl. XII, fig. 1-3. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Bon état, mais difficilement reconnaissable.
Famille des Oncousoeciidés.
Filisparsa crisioides Canu 1909 - — Type ; Canu 1909. p. \ 16,
pl. XIV, fig. 17-18. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
Colonie en très mauvais état et dont la face inférieure n’est plus
visible.
Filisparsa impresa Canu 1909 — Type ; Canu 1909 ; p. 116,
pl. XIV, fig. 19-20. - — - Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Bon état. Face inférieure invisible.
Filisparsa typica Manzoni 1877 • — Figuré ; Canu 1909, p. 115,
pl. XIV, fig. 25-26. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Excellente conservation.
Filisparsa varians Reuss 1864 — Figuré ; Canu 1909, p. 115,
pl. XIV, fig. 6-8. — Lutétien inf. de Liancourt (Oise).
Très bon état. La face inférieure n’est plus visible.
Famille des Entalophoridés.
Entalophora macrostoma Milne-Edwads 1838 — Figuré ; Canu
1910, p. 120, pl. XV, fig. 1-10. - — Lutétien inf. d’Ecos et Parnes
(Oise), de Cahaignes (Eure).
Lutétien moy. de Saint-Josse (Belgique) et de Chaussy (S.-et-O.)
Entalophora proboscidea Milne-Edwerds 1838 — Figuré ; Canu
1910, p. 118, pl. XV, fig. 11-12. — Lutétien inf. de Parnes (Oise)
et Lutétien moyen de Chaussy (S.-et-O.). Très bon état.
Entalophora rugulosa Manzoni 1877 — Figuré ; Canu 1910,
p. 119, pl. XV, fig. 13. — Lutétien inf. de Parnes (Oise). Bon état.
Mesenteripora meandrina S. Wood 1844 • — Figuré ; Canu 1909,
p. 111, pl. XIII, fig. 5. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Excellent état.
/
Famille des Diastoporidés.
Diastopora explanata Milne-Edwards 1838 — Figuré ; Canu
1909, p. 108, pl. XII, fig. 25-26. — Lutétien moy. d’Orglandes
(Manche).
— 368 —
Diastopora frireni Canu 1909 — Type ; Canu 1909, p. 109,
pl. XII, fig. 21-23. - — Lutétien inf. de Parnes (Oise) et Lutétien
moy. de Chaussy (S.-et-O.).
La figure de réchantillon de Parues est très déformée.
Diastopora hirsuta Canu 1909 - — Type ; Canu 1909, p. 108,
pl. XII, fig. 27-30. - — - Lutétieu inf. d’Hérouval et de Parnes (Oise),
Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Bon état. Le spécimen correspondant à la figure 30 a été brisé
sans que la portion photographiée soit affectée par la fracture.
Diastopora suborbicularis Hincks 1880 — Figuré ; Canu 1909,
p. 110, pl. XIII, fig. 1-4. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
Excellent état.
Diastopora vlesi Canu 1909 — Type ; Canu 1909, p. 109, pl. XIII,
fig. 6. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Bon état, mais figure très retouchée.
Discosparsa excentrica Canu 1909- — - Type ; Canu 1909, p. 112,
pl. XIII, fig. 9-13. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
Très bonne conservation.
Discosparsa patina Lamarck 1816 — Figuré ; Canu 1909, p. 113,
pl. XIII, fig. 7-8. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
D’après une note inédite de Canu, il s’est trompé dans sa déter-
mination : ce n’est pas D. patina, mais D. simplex Busk 1859 1,
caractérisé par ses orifices périphériques en lignes radiales et non en
quinconce comme dans D. patina. .
La conservation est excellente.
Reticulipora plicata Canu 1910 — Type ; Canu 1910, p. 133,
pl. XVI, fig. 22-23. — Lutétien inf. de Liancourt Saint-Pierre et
Parnes (Oise). Très bon état.
Spiropora grignonensis Defrance 1822 — Figuré ; Canu 1910,
p. 122, pl. XV, fig. 14. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
Le spécimen est bien conservé, mais la figure est très retouchée.
Stomatopora granulata Milne-Edwards 1837 - — - Figuré ; Canu
1909, p. 106, pl. XII, fig. 15. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
La colonie figurée est oxydée et colorée en brun. La figure est
très idéalisée.
Stomatopora major Jonhston 1847 - — - Figuré ; Canu 1909, p. 107,
pl. XÏI, fig. 16-17. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
Même remarque que pour S. granulata.
1. Busk (G.). — A monograph oh the fossil Polyzoa of the Crag. Publ. Palaeont.
Soc., London, 1859. —
— 369 —
Stomatopora parnensis Canu 1909 — Type ; Canu 1909, p. 107,
pl. XÏI, fig. 24. — Lutétien inf. de Parn.es (Oise).
Même remarque que ci-dessus.
Famille des Diaperoeciidés.
Diplosolen eompactum Canu 1909 — - Type ; Canu 1909, p. 112,
pl. XIV, fig. 3. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Bon état. Figure très retouchée.
Famille des Tubuliporidés.
Idmonea coronopus Defrance 1822 — Figuré ; Canu 1910, p. 127,
pl. XV, fig. 15-21. ■ — • Lutétien inf. de Parnes (Oise). Très bon état.
Idmonea elatior d’Orbigny 1852 - — Type ; Canu 1909, p. 123,
pl. XIV, fig. 21-23. — Lutétien moy. de Parnes (Oise).
L’assimilation faite par Canu à Tubulipora lïliacea Pallas 1766 et
à Idmonea serpens Auct. est douteuse. Je pense qu’il vaut mieux
conserver le nom de d’Orbigny. La conservation des échantillons est
médiocre. Celui correspondant à la figure 23 est brisé.
Idmonea gradata Defrance 1822 - — Figuré ; Canu 1909, p. 126,
pl. XIV, fig. 9-10. - — Lutétien moyen d’Orglandes (Manche).
Assez bon état, face postérieure non visible.
Idmonea leriçhei Canu 1909 — Type ; Canu 1909, p. 125, pl. XIV,
fig. 24. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
Les tubes sont beaucoup plus saillants que ne l’indique la figure
qui n’est d’ailleurs pas très bonne.
Idmonea laieralis d’Orbigny 1852 - — - Type ; Canu, 1910, p. 124,
pl. XVI, fig. 1-5. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.), Parnes
(Oise), Orglandes (Manche).
Excellent état de conservation. Les types de d’Orbigny sont les
spécimens correspondant à la figure 4-5.
Idmonea milneana d’Orbigny 1839 — Figuré ; Canu 1909, p. 125,
pl. XIV, fig. 11-13. — Lutétien moy. de Chaussy (S.et-O.).
Le spécimen de la collection d’Orbigny figuré (figures 11 et 13)
est égaré. Mais le type a été décrit par d’Orbigny comme prove-
nant de l’Amérique du Sud (Actuel) h
Semitubigera dollfusi Canu 1910 — Type ; Canu 1910, p. 140,
pl. XVII, fig. 16. - — Lutétien moy. de Fresvillè (Manche).
Très bon état.
1. D’Orbigny (A.). — Voyage dans l’Amérique méridionale. V. part. IV, Zoo-
phytes. Paris, 1839.
— 370 —
Semitubigera irregularis d’Orbigny 1852 — Figuré ; Canu 1910,
p. 139, pl. XVIII, fig. 15-21. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche)
et Chaussy (S.-et-O.).
Etat satisfaisant, mais certaines faces ne sont plus visibles.
Tubulipora plumosa W. Thompson 1847 — Figuré ; Canu 1910,
p. 139, pl. XVIII, fig. 11. — Lutétien moy. de Fresville (Manche).
Très bon état.
Famille des Terviidés.
Tervia bialternata Gregory 1892 — Figuré ; Canu 1909, p. 117, '
pl. XIV, fig. 4-5. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
La colonie figurée est brisée en deux et la face inférieure n’est plus
visible.
Tervia filiformis d’Orbigny 1852 — Figuré ; Canu 1909, p. 118,
pl. XIV, fig. 14-16. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
Assez bon état.
Famille des Horneridés.
Hornera crispa Defrance 1821 — Figuré ; Canu 1910, p. 132,
pl. XVI, fig. 15-17. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
La colonie de grande taille est très bien conservée. Le jeune spéci-
ment d’Orglandes n’a pas été retrouvé.
Hornera hippolyta Defrance 1821 — Figuré ; Canu 1910, p. 129,
pl. XVI, fig. 10-14, - — Lutétien moy. de Chaussy (S.:et-0.).
Excellent état.
Hornera serrata Reuss 1869 • — Figuré ; Canu, 1910. p. 131,
pl. XVI, ‘fig. 6-7. — • Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
La figure est bien meilleure que l’échantillon dont on ne peut plus
voir la face inférieure sulcifère.
Hornera verrucosa Reuss 1867 — Figuré ; Canu 1910, p. 132,
pl. XVI, fig. 8-9. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
Magnifique état de conservation.
Famille des Theonoidés.
Actinopora pileolus Reuss 1869 — Figuré ; Canu 1909, p. 114,
pl. XIV, fig. 1-2. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
Seul le zoarium de la figure 1 a été retrouvé : il est brisé en trois
tronçons et en très mauvais état.
— 371
Famille des Lichenoporidés.
Lichenopora convexa Canu 1910 — Type ; Canu 1910, p. 136,
pl. XYIÏ, fig. 8-12. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
Types disparus. Il existe d’autres échantillons dans la collection
Canu.
Lichenopora defranciana Michelin 1845 — Figuré ; Canu 1910,
p. 137, pl. XVIII, fig. 1-10. — Lutétien inf. de Parnes (Oise).
Non retrouvés.
Lichenopora erecta d’Orbigny 1852 — Figuré ; Canu, 1910 p. 135,
pl. XVII, fig. 1-2. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Très bon état.
Lichenopora gregoryi Canu 1910 — Type ; Canu 1910, p. 137,
pl. XVÏÏÏ, fig. 12-14. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.), Bar-
tonien du Guepelle (S.-et-O.).
Type disparu. Cotypes en mauvais état.
Lichenopora grignonensis Milne-Edwards 1838 — Figuré ;
Canu 1910, p. 134, pl. XVII, fig. 3-7. — Lutétien inf. de Parnes
(Oise), Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Spécimens non retrouvés.
Lichenopora turbinata Defrance 1823 — Figuré ; Canu 1910,
p. 138, pl. XVII, fig. 13-15. - — - Lutétien moy. d’Orglandes (Manche).
Très bon état.
Famille des Hétéroporidés.
Ceriopora ordonezi Canu 1910 — Type ; Canu 1910, p. 140,
pl. XVI, fig. 20-21. — • Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
L’échantillon est en très bon état, mais l’attribution au genre
Ceriopora est douteuse.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
— 372
Catalogue des Braciiiopodes types et figurés de la
COLLECTION DU LABORATOIRE DE PALÉONTOLOGIE DU MUSÉUM
national D’Histoire naturelle. — I. Productidae et
CHONETIDAE FIGURÉS PAR de KoNINCK (1843-1846).
Par G. Gatinaud.
Les échantillons dont la liste suit font partie d’une importante
collection de Brachiopodes fossiles qui avait été reclassée au Labo-
ratoire de Malacologie du Muséum par le Professeur Joubin. Elle
fut ensuite cédée au Laboratoire de Zoologie (Vers et Crustacés) et,
en 1942, M. le Professeur L. Fage, Directeur de ce Laboratoire, l’a
gracieusement cédée au nôtre. Elle comprend entre autres pièces de
nombreux spécimens donnés par de Koninck ou confiés à lui pour
étude, spécimens tous accompagnés d’étiquettes écrites et signées de
sa main. M. Roger m’a chargé de reclasser cette collection où se
trouvent de nombreux échantillons de Productidae et de Chonetidae
que de Koninck signalait comme figurés.
J’ai pu retrouver la quasi-totalité des figurations dans les deux
ouvrages suivants de cet auteur :
Koninck (L. G. de) 1843. Description des animaux fossiles qui se trouvent
dans le terrain carbonifère de Belgique. Liège.
Koninck (L. G. de) 1847. Monographie des genres Productus et Chonetes.
Liège.
J’ai conservé la systématique de cet auteur qui a classé toutes ces
espèces dans les deux genres Productus et Chonetes. Toutefois, chaque
fois que cela m’a été possible, j’ai indiqué le nouveau genre d’après
le Fossilium Catalogus de Schuchert et Le V'ene (1929) 1.
Bien que les dessins de de Koninck aient été souvent idéalisés,
la plupart de ses figures sont assez fidèles pour que j’aie pu sans
trop de difficultés identifier la plus grande partie des spécimens
en notre possession. J’ai même pu retrouver un échantillon de Pro-
ductus pustulosus sur l’étiquette duquel l’auteur avait omis de
signaler qu’il avait été figuré. Mais pour certains individus l’identifi-
cation est plus ou moins douteuse. Du reste certains spécimens ont
subi entre temps quelques avaries qui seront mentionnées dans le
texte.
1. Fossilum Catalogus-Brachiopoda, Berlin, 1929.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
— 373 —
Cette liste présente le plus grand intérêt car il est probable que
l’existence de ces échantillons (parmi lesquels se trouvent des types)
était complètement ignorée. Voici donc cette liste dans l’ordre
alphabétique :
Famille de Chonetidæ.
Chonetes laquessiana de Koninck 1843 — Type. — de Koninck
1843, p. 211, pl. XII bis, fig. 4. — • Carbonifère. Espinois (Belgique). — •
Echantillon en très bon état. .
Chonetes papilionacea Phillips 1836 — • Figuré. — de Koninck
1847, p. 187, pl. XIX, fig. 2.— Carbonifère. Temploux (fig. 2 c) et
Visé (Belgique) (fig. 2 a, b, d). — Les deux spécimens figurés ont
été reconstitués, mais les figures sont assez fidèles.
Chonetes sarcinulata Schlotheim 1820. — Figuré. — de Koninck
1847, p. 211, pl. XX, fig. 15 e. — Dévonien. Braubach (Allemagne).
- — • L’identification est douteuse : l’échantillon a été complété et
redressé sur la figure.
Chonetes tuberculata Mac Coy 1844 — Figuré. — de Koninck
1847. p. 222, pl. XIX, fig. 4 a. — Dinantien. Visé (Belgique). —
Figure complétée.
Famille des Productidæ.
Productus semireticulatus Martin var. antiquatus Sowerby 1823
— Figuré. ■ — - de Koninck 1847, p. 83, pl. IX,, fig. 1 e et /. — Dinan-
tien. Visé (Belgique). — L’individu correspondant à la figure 1 e
est d’une identification douteuse : il est complété et redressé sur le
dessin et son asymétrie a été corrigée. Celui de la figure 1 / a été
complété et son asymétrie est atténuée.
Productus cancrini Murchison, de Verneuil et de Keyserling
1845 — Figuré. — de Koninck 1847, p. 105, pl. XI, fig. 3. —
Permien. Ust-Jochuga (Russie). — La petite valve n’est pas visible
sur l’échantillon, elle a été reconstituée à partir de la grande.
Productus carbonarius de Koninck 1843— Figuré.- — de Koninck
1847, p. 90, pl. X, fig. 4. - — - Namurien. Chokier (Belgique). • — - Assez
bon état de conservation.
Productus christiani de Koninck 1846 — Figuré. — de Koninck
1847, p. 166, pl. XVII, fig. 3 d et e. — Carbonifère. Pays de. Galles.
- — - Échantillon légèrement redressé sur le dessin.
Productus cora d’Orbigny 1842 — Figuré. — de Koninck 1847,
p. 50, pl. IV, fig. 4 a et b, pl. V. fig. 2 c. — Dinantien. Visé (Belgique).
— Cette çspèce est devenue le type du genre Lino productus Chao
— 374
1927 1. La conservation des échantillons est généralement bonne.
Celui de la figure 4 a est dessiné à l’envers, tandis que celui de la
ligure 2 c a été reconstitué.
Productus costatus Sowerby 1827 — Figuré. — de Koninck
1847, p. 92, pl. Y III, fig. 3, pl. X, fig. 3 c et e-g. — Carbonifère. Saint-
Louis (Missouri) (pl. VIII, fig. 3), Toula (Russie) (pl. X, fig. 3 c),
Botcharova (Russie) (pl. X, fig. 3 e-g). — Ces échantillons ont été
reconstitués et leur asymétrie a été corrigée.
Productus giganteus Martin var. edelburgensis Phillips 1836 — •
Figuré. — de Koninck 1847, p. 34, pl. IV, fig. 1 b. — Dinantien.
Visé (Belgique). — Bon état de conservation.
Productus fimbriatus Sowerby 1824 — Figuré. - — de Koninck
1847, p. 127, pl. XII, fig. 3. — Dinantien. Visé (Belgique). — Cette
espèce est devenue le type du genre Qvertonia Thomas 1914 2.
L’échantillon a été reconstitué avec correction d’une légère asy-
métrie.
Productus flemingii Sowerby 1812 — Figuré. — de Koninck
1847, p. 95, pl. X, fig. 2 k et l. — Carbonifère. Tournai (Belgique)
(fig. 2 k), Karova (Russie) (fig. 2 l ). — Le spécimen représenté
figure 2 k a été reconstitué, l’autre a été grossi 3 fois.
Productus geinitzianus de Koninck1846 — Figuré. — de Koninck
1847, p. 156, pl. XV, fig. 3. — Permien. Géra (Saxe). — Les deux
échantillons ont été complétés. L’un d’eux est un peu raccourci.
Productus giganteus Martin 1809 — Figuré. - — - de Koninck
1847, p. 34^ pl. I, fig. 2 a-c, pl. Il, fig. 1, pl. III, fig. 1 a-c, pl. IV,
fig. 1 c, pl. XI, fig. 8. - — - Carbonifère. Angleterre (pl. XI, fig. 8),
Visé (Belgique) (pl. 1, fig. 2 a-c ; pl. III, fig. 1 a), Altwasser (Silésie)
(pl. IV, fig. 1 c), Karova (Russie) (pl. II, fig. 1), Ravin Nikoulin
(Russie) (pl. III, fig. 1 b-c ). — Ces échantillons, dont l’état de conser-
vation est généralement satisfaisant, ont été pour la plupart recons-
titués en partie ou élargis sur le dessin, l’asymétrie de l’un d’eux a été
corrigée.
Productus goldfussi Münster 1839 — Figuré. — de Koninck
1847, p. 148, pl. XI, fig. 4 et b. — Permien. Milbitz (près Géra,
Saxe). — Cette espèce est rangée actuellement dans le genre Stro-
phalosia King 1844. Identification douteuse (échantillon reconsti-
tué).
Productus giganteus Martin var. hemisphaericus Sowerby 1823.
• — • Figuré. — de Koninck 1847, p. 34, pl. IV, fig. la. — Carbo-
nifère. Ravin Orlova (Russie). ■ — • Echantillon reconstitué en partie.
1. Geol. Surv. China, Pal. Sinica, ser. B, vol. 5, fasc. 2, 1927, p. 128, pl. 13,
fig. 17-18, pl. 14, fig. 1-4.
2. Mem. Geol. Surv. Gt. Brit., Pal., xol. 1, pt. 4, 1914, p.259, pl. 20, fig. 12-17.
Productus horridus Sowerby 1823 — Figuré. — de Koninck
1847, p. 158, pl. XV, fig. 1 a et b. — Permien. Géra (Saxe). - — - Cette
espèce est devenue le type du genre Horridonia Chao 1927 1. —
Echantillon reconstitué.
Productus latissimus Sowerby 1823 — - Figuré. - — de Koninck
1847, p. 42, pl. III, fig. 2. - — - Carbonifère. Rivière Oka (Russie). —
Bon état de conservation.
Productus lewisianus de Koninck 1846 — Figuré. — de Koninck
1847, p. 150, pl. XV, fig. 5. — Permien. Humbleton (Angleterre).
- — - Ce spécimen a été restauré.
Productus mammatus de Keyserling 1846 — - Figuré. — de
Koninck 1847, p. 49, pl. Vil, fig. 4. - — Carbonifère. Petschora
(Oural). — Echantillon moins déprimé que sur la figure. Petite valve
reconstituée.
Productus semireiiculatus Martin var. martini Sowerby 1823
— Figuré. — De Koninck 1843, p. 160, pl. Vil, fig. 2 a et b ; Id.>
1847, p. 83, pl. IX, fig. 1 h et i. ■ — - Carbonifère. Visé (Belgique),
(pl. VII, fig. 2 a-b), Sloboda (Russie) (pl. IX, fig. 1 h-i ).
Productus médusa de Koninck 1843 — Type. — P. 166, pl. VII,
fig. 5. - — - Dinantien. Visé (Belgique). - — • Spécimen légèrement redressé
sur la figure.
Productus murchisonianus de Koninck 1846 - — - Figuré. — de
Koninck 1847, p. 138, pl. XVI, fig. 3 c. — Devonien. Tasmanie
(Océanie). — Echantillon reconstitué.
Productus nystianus de Koninck 1843- — - Figuré. ■ — de Koninck
1847, p. 65, pl. VI, fig. 6 a et b. — Dinantien. Visé (Belgique). - — -
L’existence d’expansions probôscidiformes des deux valves permet
de ranger cette espèce dans le genre Proboscidella Oehlert 1887 2.
Assez bon état de conservation.
Productus orbignyanus de Koninck 1847 — Type. — P. 152,
pl. XVIII, fig. 5. — Carbonifère. Yarbichambi (Bolivie). — Echan-
tillon complété.
Productus proboscideus de Verneuil 1840 - — Figuré. — de
Koninck 1843, p. 203, pl. XI, fig. 4 a, b, d, e ; Id., 1847, p. 62,
pl. VI, fig. 4 a-d. — Dinantien. Visé (Belgique). — Cette espèce est
devenue le type du genre Proboscidella. Ces échantillons ont été
pour la plupart cassés et collés, mais sont restés entiers, sauf
l’échantillon représenté figure 4 a de la planche VI qui est amputé
d’une oreillette munie de quatre épines représentées sur la figure.
Productus punctatus Martin 1809 — Figuré. — de Koninck
1. Geol. Surv. China, Pal. Sinica, sér. B, vol. 5, fasc. 2, 1927, p. 24.
2. Fischer. Man. Conch., p. 1277, fig. 4038.-
1843, p. 196, pl. X, fig. 2 a et b, pl. XII bis, fig. 3 ; Id., 1847, p. 123,
pl. XÏÏI, fig. 2 h et i. — Dinantien. Visé (Belgique). — Cette espèce
a été prise comme type du genre Echinoconchus Weller 1914 L
Ces échantillons sont généralement reconstitués, celui de la
planche XII bis a été rapporté ensuite par l’auteur à l’espèce
P. pustulosus Phillips.
Productus pustulosus Phillips 1836- — Figuré. — de Koninck
1847, p. 118, pl. XVI, fig. 8. — Dinantien, Visé (Belgique). — Cette
espèce est devenue le type du genre Pustula Thomas 1914 2. Cet
échantillon qui est le même que celui représenté sous le nom de
punctatus est celui dont l’auteur a omis de signaler la figuration sur
l’étiquette.
Productus pyxidiformis de Koninck 1847 — Type. — P. 116,
pl. XI, fig. 7, pl. XII, fig. 1, pl. XVI, fig. 2. — Carbonifère, Kildare
(Irlande.) (pl. XI, fig. 7), Bolland (Angleterre) (pl. XVÏ, fig. 2), Visé
(Belgique) (pl. XII, fig. 1). — Cette espèce est classée actuellement
dans le genre Pustula. Tous ces échantillons ont été complétés et
l’asymétrie de l’un d’eux a été corrigée.
Productus spinulosus Sowerby 1812. - — Figuré. — de Koninck
1843, p. 183, pl. XIII bis, fig. 4. — Devonien sup. Chaudfontaine
(Belgique). — Ce spécimen existe à l’état d’empreinte et de contre-
empreinte, formant un bloc dans lequel il est inclus. La figure montre
des détails qui ont été dessinés d’après les deux empreintes. Cet
échantillon a été par la suite classé par l’auteur dans l’espèce P. mur-
chisonianus .
Productus striatus Fischer 1830 — Figuré. — de Koninck 1843,
p. 169, ph VI, fig. 10 a ; Id., 1847, p. 30, pl. I, fig. 1 b-c. ■ — Dinan-
rien. Visé (Belgique). — Cette espèce a été prise comme type du genre
Striatifera Chao 1927 3. — Un de ces échantillons est d’une identi-
fication très douteuse.
Productus sublaevis de Koninck 1843 • — Type. — P. 157, pl. X,
fig. le. — Dinantien. Visé (Belgique). - — - Spécimen un peu restauré.
Productus tessellatus de Koninck 1847 — Figuré. — de Koninck
1847 (nom. nov.), p. 110, pl. XIV, fig. 2 f-h. - — - Dinantien. Visé
(Belgique).
Productus undatus Defrance 1828 — Figuré. — de Koninck
1843, p. 156, pl. XII, fig. 2 a-b. ■ — Dinantien. Visé (Belgique). —
Très bon état de conservation.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
1. Miss. Brach., 1914, p. 138.
2. Mem. Geol. Surv. Gt. Brit., Pal., vol. 1, pt. 4, 1914, p. 259, pl. 17, fig. 24-28,
pi. 18, fig. 1.
3. Geol. Surv. China, Pal. Sinica, ser. B, vol. 5, fasc. 2, 1927, p. 94, pl. 9, fig. 4-6,
pl. 10, fig. 6. -
377 —
Sur un gîte de cuivre de Langlade f Miquelon ).
Ses analogies avec les régions cuprifères du Y un n an-.
Par Mlle S. Caillère et M. F. Kraut.
Depuis l’emploi du microscope métallographique, la connaissance
des minerais métalliques a fait des progrès considérables L On dis-
pose actuellement d’un grand nombre de documents et la compa-
raison de tous ces matériaux fournit des renseignements intéressants.
Ainsi l’étude d’un gîte peut faciliter la connaissance d’une miné-
ralisation nouvellement découverte lorsque les deux gisements appar-
tiennent au même type. On retrouve souvent dans les zones minéra-
lisées les plus éloignées des paragénèses identiques et on constate
que la similitude de composition correspond à des conditions litho-
logiques analogues. Ces considérations présentent à la fois un intérêt
théorique en ce qui concerne la classification des gîtes et pratique
„ pour orienter la recherche et l’exploitation des minerais.
M. E. Aubert de la Rüe a mis très aimablement à notre dispo-
sition des échantillons qu’il a recueillis sur la côte N.-E. de Langlade
(Ile Miquelon) au cours d’une mission effectuée en 1940 I. 2.
L’étude microscopique de ces matériaux a révélé une composition
minéralogique et une structure qui rappellent exactement les types
de minerais décrits par M. C. Y. Hsieh 3 dans le Yunnan, les condi-
tions lithologiqu'es de ces deux gîtes sont assez semblables.
La zone cuprifère la plus intéressante de l’île de Langlade se
trouve dans l’anse aux Corbeaux où six filons de quartz minéralisés
recoupent des basaltes broyés.
I. — Etude microscopique en lumière réfléchie.
Composition minéralogique.
L’examen microscopique montre que dans ce minerai les sulfures
de cuivre sont associés à l’hématite.
La chalcocite est le constituant essentiel. Elle se présente sous
trois aspects différents. La chalcocite blanche est la plus abondante.
Elle forme des agrégats à limites mutuelles avec la variété bleue que
l’on rencontre également en fines veinules. Enfin quelques taches
très légèrement jaune rosé représentent, sans doute, un type de
chalcocite contenant de l’érubescite en solution solide. Ces trois
variétés agissent faiblement sur la lumière polarisée entre niçois
croisés. La structure orthorombique de la variété blanche apparaît
très nettement par l’attaque à l’acide nitrique.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
Les sulfures de cuivre apparaissent en masses étendues ou en
filons plus ou moins larges dans la gangue siliceuse. Parfois des vei-
nules de chalcocite blanche pénètrent et s’orientent dans le réseau
du quartz dont on observe quelques sections hexagonales englobées
dans le minerai (fig. 3).
Erubescite. ■ — La bornite violette forme de nombreuses plages
irrégulières et très fréquemment des associations graphiques avec la
chalcocite blanche (fig. 4).
Chalcopyrite. ■ — - Ce minéral est rare, nous l’avons rencontré seule-
ment sous forme de petites inclusions dans la chalcocite.
Covelline. — Accidentellement, en contact avec la gangue, on
trouve quelques agrégats lamellaires de covelline.
Hématite. — L’oxyde de ferFea03 est très répandu dans le minerai.
Il se présente en baguettes généralement associées en gerbes (fig. 1)
et en petits grains arrondis dans la chalcocite ou à, l’intérieur des
associations myrmékitiques chalcocite-bornite. L’hématite se détache
nettement des sulfures par son haut relief. En lumière naturelle elle
est d’un blanc légèrement rosé et son pouvoir réflecteur est un peu
plus faible que celui de la chalcocite. Entre niçois croisés le minéral
agit fortement sur la lumière polarisée en passant par des teintes
gris clair et brunâtre et montre des macles polysynthétiques carac-
téristiques des oxydes de fer (fig. 2). Il faut remarquer en outre qu’il
est inattaquable aux acides.
Structure.
Le mode d’association de ces différents minéraux fait ressortir
que l’oxyde et les sulfures appartiennent à deux phases différentes
de la minéralisation.
L’hématite est certainement d’une génération plus ancienne, elle
se rencontre d’ailleurs ans des filons voisins indépendants de la
minéralisation cuivreuse (2, p. 23). Dans nos minerais elle est tou-
jours e^nglobée par des sulfures. Dans de nombreux cas l’oligiste
apparaît fortement corrodée et réduite à des grains arrondis de
faibles dimensions. Très fréquemment on observe en bordure des
cristaux ou autour des grains résiduels l’association de la bornite et
de la chalcocite. La structure orthorombique de cette dernière
indique qu’elle s’est formée à basse température au-dessous de 91°.
Examen microscopique en lumière réfléchie.
Fig. 1. — Lumière naturelle, grossissement 72. — - Cristaux allongés d’hématite en
relief sur la chalcocite. ,
Fig. 2. — Entre niçois croisés, grossissement 220. — Macles polysynthétiques dans
agrégat d’hématite.
Fig. 3. — Lumière naturelle, grossissement 72. — Veinules gris clair de chalcocite
s’orientant dans le quartz.
Fig. 4. — Lumière naturelle, grossissement 220. • — • Association myrmékitique chal-
cocite (clair), bornite (plus sombre).
Bulletin du Muséum
PI. U
379 —
V
II. — • Examen miscroscopique en lumière transmise.
En plaque mince on constate que la gangue du minerai est essen-
tiellement du quartz dont la nature filonnienne n’est pas douteuse.
On remarque dans l’agrégat des zones écrasées et un nombre élevé
de cristaux automorphes. La calcite joue un rôle secondaire. Elle
se présente sous forme de veinules et remplit par endroits des inters-
tices entre les cristaux de quartz.
III. — Quelques considérations sur la genèse
DE LA MINÉRALISATION.
Le gîte de Langlade est une formation filonnienne à gangue quart -
zeuse. L’ordre de cristallisation des différents minéraux se dégage
facilement de l’examen microscopique. La minéralisation débute par
une phase oxydée durant laquelle se dépose l’hématite. Elle est
suivie d’une venue sulfurée cuivreuse qui donne naissance par cris-
tallisation simultanée à la chalcocite et à la bornite. Cette seconde
phase s’effectue à une température relativement basse. Nous sommes
probablement dans la zone de cémentation.
IV. — Comparaison avec les gîtes cuivreux du Yunnan.
Parmi les gîtes de cuivre du Yunnan ceux du Tung Chuan sont
liés aux basaltes. A Lou Sui Chang, des filons acides minéralisés
recoupent la roche basique. Ce minerai présente une analogie
absolue avec celui de Langlade. En effet, d’après la description de
M. Y. C. Hsieh (3, p. 292), le minerai de Yunnan est essentiellement
formé par la chalcocite blanche et bleue associée à la bornite. Il
renferme également de petits grains et des cristaux prismatiques
d’hématite qui sont souvent entourés par l’association myrméki-
tique chalcocite-bornite. M. Hsieh envisage la présence de l’héma-
tite au milieu de ces sulfures comme le résultat de la séparation du
fer de la bornite. Cette interprétation ne nous semble pas en accord
avec les observations microscopiques qui montrent que l’hématite
est incontestablement le minéral le plus ancien.
Laboratoire de Minéralogie du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
1. J. Orcel. Rev. Geol. Appli., 1946, n° 1, p. 16.
2. E. Aubert de la Rüe. Exposé sur la géologie et les gîtes minéraux des
îles Saint-Pierre et Miquelon. Saint-Pierre, 1941.
3. C. Y. Hsieh. Bull, of geol. Society of China, vol. 8, n° 4, 1929, p. 263.
— 380 —
Note complémentaire au sujet de z/Isoetes Garnieri
Par Aug. Chevalier et P. Monnier.
Dans le Bulletin du Muséum de janvier 1946, sous le titre «Une
nouvelle espèce d’Isoetes de l’Afrique occidentale française » nous
décrivions Y Isoetes Garnieri sp. nov., sans pouvoir conclure formelle-
ment, faute de matériel, à sa non-identité avec I. nigritiana Al. Br.
L’un de nous a reçu récemment de M. E. J. Salisbury, Directeur
du Royal Botanic Gardens de Kew, des renseignements complémen-
taires très intéressant. Un cotype d’7. Garnieri Aug. Chev. et P.
Monnier, envoyé à Londres a été comparé avec l’unique type de
I. Nigritiana Al. Br. — le 1020 de Barter - — • qui se trouve dans les
collections de l’herbier de Kew. Ils présentent des différences frap-
pantes, notamment dans l’aspect des macrospores, différences con-
signées ci-dessous :
Macrospores Taille moyennne Couleur Ornementation
Isoetes nigritiana . . 480 p. gris-brun terne 1 seul (ou 2) tuber-
cules par face apicale.
Isoetes Garnieri. . . 530 p, Blanc-gris crayeux plusieurs tubercules.
Pour M. Ballard, spécialiste de Kew ayant procédé à la compa-
raison, il n’y a pas de doute que l’on ait à faire à deux espèces diffé-
rentes.
Il résulte de ces informations nouvelles que Isoetes Garnieri Aug.
Chev. et P. Monnier sp. nov. peut être considéré définitivement
comme une bonne espèce distincte d’7. nigritiana Al. Braun et
s’ajouter à la liste, certainement très incomplète encore, des Isoëtes
africains.
Laboratoire d’ Agronomie Coloniale du Muséum.
Le Gérant : Marc André.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 4, 1946.
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLART (o. P. L. 31.0832). 27-12-1946
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve
Archives du Aluséum national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.).
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, abonnement annuel France, 200 fr., Étranger, 300 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systematicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, France, 90 fr. ;
Etranger, 150 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr.,
Etranger, 150 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’ Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921.
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924; abonnement France, 200 fr., Étranger,
260 fr.).
Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur Mme Allorge, Laboratoire,
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 200 fr.,
Étranger, 300 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeur M. Roger Heim. Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis
1928 ; abonnement France, 225 fr., Étranger, 375 et 450 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs . 317
Communications :
J. Cadenat. Captures nouvelles de Paragaleus Budker et de Scorpaenodes
ajricanus Pfaff 3l9
L. Fage. Sur une Çaridine nouvelle cavernicole de Madagascar. Caridina
mdcrophlhalma n. sp 324
L. Fage. Description d’un Opilion aveugle des grottes de la province de Ber-
game ( Nemastorna anoplithalmum n. sp.) 328
M. André. Bifurcation du doigt fixe de la pince chez un Crabe Porlunus
puber L 331
M. Vachon. Description d’une nouvelle espèce de Pseudoscorpion (Arachnide)
habitant les grottes portugaises : Microcreagris cavernicola 333
F. Grandjean. Observations sur les Acariens (9e série) 337
A. Chavan. Nouvelles notes sur les Jagonia (Lamellibranches) 345
A. Tixier-Durivault. Les Alcyonaires du Muséum : I. Famille des Alcyonii-
dae. 3. Genre Sarcophytum (fin) 348
A. Guillaumin. Contribution à la flore de la Nouvelle Calédonie. LXXXVI.
Plantes récoltées par L. Yirot (suite) 355
J.-L. Hamel. Note sur des corps cytoplasmiques observables chez Pilea
Cadierei Gagnep. et Guillaum 362
E. Buge. Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la collection du Labora-
toire de Paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle. III. Bryo-
zoaires cyclostomes de l’Eocène du Bassin de Paris figurés par F. Canu (1907-
1910) 366
G. Gatinaud. Catalogue des Bracbiopodes types et figurés de la'collection du
Laboratoire de Paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle. I. Pro-
duclidae et Chonetidae figurés par de Koninck (1843-1847) 372
S. Caii.lf.re et F. Kraut. Sur un gîte de cuivre de Langlade (Miquelon). Ses ana-
logies avec les régions cuprifères du Yunnan 377
A. Chevalier et P. Monnier. Note complémentaire au sujet de Ylsoetes Gar-
nieri Chev. et Mon 380
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVIII
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 5. — Octobre 1946
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS - V”
REGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’Histoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de le
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en
outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
( Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50
16 pages 79 fr, 112 fr. 175 fr.
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs.
par 25 ex. en sus 12 francs.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DE l’abonnement ANNUEL :
France : 200 fr. ; Etranger : 300 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1946. — N° 5
356e réunion des naturalistes du muséum
31 OCTOBRE 1946
PRÉSIDENCE DE M. LE PROFESSEUR Ach. URBAIN
DIRECTEUR DU MUSÉUM
ACTES ADMINISTRATIFS
M. le Professeur A. Chevalier est admis à faire valoir ses droits
à la retraite, à dater du 1er octobre 1946 (Arrêté ministériel du
30 septembre 1946).
M. le Président a le regret de faire part du décès de M. Marcelet,
correspondant du Muséum, (Décédé à Nice le 1er octobre 1946).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
25
COMMUNICATIONS
Araignées cavernicoles de lInde
Par Louis Fage.
PROFESSEUR AU MUSÉUM
Les grottes explorées dans le district de Délira Dun par le Briga-
dier E. A. Glennie, de la British speleological Association, sont
situées au pied de l’Himalaya, près de Chakatra. Elles se placent
exactement par 30° 46’ de latitude N. et par 77° 47’ de longitude E.
A une altitude moyenne de 2.500 mètres, ces grottes sont totale-
ment obscures, ornées de belles stalactites.
Parmi les matériaux rapportés, se trouvent de nombreux indi-
vidus jeunes, indéterminables. Les formes adultes se rapportent
aux espèces suivantes, toutes nouvelles pour la science et dont l’une,
entièrement aveugle, nécessite la création d’un, genre nouveau :
Oonopidés : Dysderoides typhlos, gen. et sp. nov. ; Triaeris Glen-
niei, nov. sp.
Argiopidés : Bathyphantes leucophthalmus, nov.. sp. ; Metella
crispa, nov. sp.
A cette liste, il convient d’ajouter Y Heteropoda phasma E. S.,
déjà connu de la région, et dont un individu a été capturé à proxi-
mité des grottes de Moila et un Pholcus, dont une femelle provient
de la Mussorie rift cave, et qui a les plus grandes affinités avec le
Pholcus alticeps Spassky (1932), mais qu’il serait téméraire
d’identifier spécifiquement en l’absence du mâle. Cette même
espèce, d’après le brigadier Glennie, fréquenterait aussi les habi-
tations de Dehra Dun. comme le P. alticeps fréquente celles de
Russie méridionale. ,
Description des espèces nouvelles.
Dysderoides, nov. gen.
Ç. — Céphalothorax faiblement et graduellement rétréci dans la région
céphalique ; pas d’yeux ; chélicères verticales et longues ; pièce labiale
au moins aussi haute que large ; lames maxillaires du type Dysdéride,
beaucoup plus longues que larges, nullement inclinées sur la pièce labiale ;
sternum convexe, largement tronqué en arrière ; pattes-ambulatoires
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
383 -
ornées de longues épines, hanches insérées dans des cavités cotyloïdes,
fémurs subsemblables.
Type du genre :
Bysderoïdes typhlos, nov. sp.
9. — Longueur 2 mm. Céphalothorax fauve rougeâtre testacé ; sternum
et appendices de même couleur ; abdomen blanc testacé. Céphalothorax
(fig. 1 ,a) une fois et un quart plus long que large, modérément convexe,
faiblement rétréci dans la région céphalique. Pas d’yeux. Sternum con-
vexe, très longuement tronqué à la partie postérieure, rejoignant sur les
bords le bouclier thoracique et creusé de cavités cotyloïdes dans lesquelles
s’insèrent les hanches. Chélicères verticales, robustes, à marges inermes ;
bord interne de la tige saillant ; crochet long, régulièrement arqué. Pièce
labiale environ aussi haute que large, ovalaire. Lames-maxillaires larges
à la base, puis fortement resserrées au bord externe et légèrement dilatées
au sommet. Tarse de la patte-mâchoire orné, à l’extrémité, de longs poils,
épaix, plumeux. Fémurs des pattes-ambulatoires subsemblables, inermes
de même que les patellas ; aux pattes I et II, tibias armés en dessous de
Fig. 1 : a, Dysderoïdes typhlos, céphalothorax vu en dessus ; b, pièce labiale et lame
maxillaire droite ; c, épigync. — Telchius micans E. S., d, pièce labiale et lame-
maxillaire gauche ; e, céphalothorax vu en dessus. — Telchius barbarus E. S.,
/, céphalothorax vu en dessus ; g, pièce labiale et lame maxillaire gauche.
4 longues épines externes et de 3 internes, les métatarses 'de 2 paires
d’épines semblables ; aux pattes postérieures, une seule paire d’épines
inférieures apicales aux tibias, métatarses inermes. Griffes portant 4 à
5 longues dents basales et pourvus de très fines et nombreuses dents
latérales. Epigyne v. fig. 1, c.
Localité : Moila cave, Chakrata Tahsil, district de Délira Dun,
altit. 8750 ft. : 1 $.
Les caractères particuliers de ce genre résident dans la forme des
lames-maxillaires, lesquelles rappellent celles des Dysdérides et en
— 384
particulier celles du genre Harpactes ; dans la forme du sternum dont
les bords latéraux rejoignent, également comme chez les Dysdérides,
le bouclier céphalique et dans la robustesse des chélicères.
Parmi les Oonopides dépourvus de scuta, on retrouve ces carac-
tères chez le Telchius micans E. S. du Vénézuéla (fig. 1, d). Cette
espèce diffère d’ailleurs profondément à cet égard du type du genre,
le T. barbarus E. S. d’Algérie, et du T. transoaalicus E. S. d’Afrique
du Sud. Elle en diffère, en outre, par la forme du céphalothorax qui,
comme celui du Dysderoïdes typhlos, est graduellement rétréci en
avant (fig. 1, e) et non fortement étranglé dans la partie céphalique,
comme dans les deux espèces d’Afrique (fig. 1, / et g).
C’est pourquoi nous proposons de placer dans le nouveau genre
Dysderoïdes, dont D. typhlos est le type, le Telchius micans E. S.
1892.
On connaît maintenant trois Oonopides aveugles : le Blanionops
patellaris E. S. et Fage 1922, d’une grotte de la province de Tanga,
en Afrique Orientale, le Wanops cæcus Chamberlin et Iwie 1938,
d’une grotte du Yucatan et le Dysderoïdes typhlos , n. sp. d’une grotte
de l’Inde.
Triaeris Glenniei, nov. sp.
Cette espèce, très voisine du T. macrophthalma Berland 1914 de
l’Afrique orientale, en diffère par les caractères suivants :
— Longueur 2,7 mm. Scuta plus faibles, moins chitinisés ; deux épines
médianes antérieures sur les fémurs I ; quatre paires de très longues
épines couchées à la face inférieure des tibias I et II ; une paire de très
courtes épines apicales inférieures aux tibias postérieurs dépourvus
d’épines latérales ; pattes beaucoup plus longues et plus grêles : IY —
1 fois et 2 /3 la longueur du corps ; yeux relativement petits à pigment
diffus et à lentilles mal délimitées, les médians antérieurs séparés l’un de
l’autre par un espace un peu plus grand que leur rayon, les médians posté-
rieurs très rapprochés des latéraux.
Localité. — Moila cave, Chakrata Tahsil, Dehra Dun district :
1 $.
Bathyphantes leucophthalmus, nov. sp.
Ç. — Longueur 2,5 mm. Entièrement fauve clair. Yeux petits, très
espacés et dépigmentés, sauf les médians antérieurs faiblement bordés
de noir. Yeux antérieurs en ligne fortement récurvée, les latéraux séparés
des médians contigus et punctiformes, par un intervalle sensiblement égal
à deux fois la largeur de la paire médiane ; les postérieurs subégaux, en
ligne légèrement incurvée, équidistants et séparés l’un de l’autre par un
espace double de leur diamètre ; les latéraux des deux lignes contigus et
faiblement saillants. Bandeau concave sous les yeux, plus long que l’aire
oculaire. Chélicères longues, divergentes à l’extrémité, armées à la marge
supérieure de deux fortes dents. Tarse de la patte-mâchoire dépourvu
— 385
de griffe. Pattes très longues : 1 = 5,5 mm. Fémurs I et II pourvus d’une
épine supère et, ceux de la première paire, d’une épine interne ; les autres
inermes ; tous les tibias armés de deux longues épines en dessus et, ceux
des pattes I et II, d’une épinè latérale externe et interne ; les autres
articles inermes. Epigyne (fig. 2) creusée d’une fossette profonde cachée
Fig. 2. — Balhyphanles leucophthalmus, épigyne vu en dessus et de profil.
en dessus par la plaque génitale fortement saillante et un peu échancrée
au bord postérieur ; un long crochet, très grêle et dressé, partant du bord
postérieur de la fossette.
Localité : Surfflet Hole, Chakrata Tahsil, Dehra Dun district,
altitude 8.500 ft. : 1 Ç.
Le genre Bathyphantes, cosmopolite, est représenté non loin de la
région étudiée ici, au pied de l’ Himalaya, par les B. glacialis, Kash-
miricus, larçarum et reticularis décrits par Carporaccio (1935). Le
B. leucophthalmus se distingue de toutes ces espèces non seulement
par ses yeux très réduits mais par les dimensions et la direction du
crochet de la fossette génitale. Il est à ce point de vue plus voisin
du B. vittiger E. S. des massifs montagneux des Alpes et des Pyré-
nées. La connaissance du mâle permettra seule d’en préciser les
affinités.
Metella crispa, nov. sp.
Ç. — Longueur : 12 mm. Céphalothorax et appendices fauve rougeâtre ;
sternum fauve ; abdomen fauve unicolore. Bandeau deux fois plus haut
que la longueur de l’aire oculaire. Yeux petits, légèrement bordés de
noir ; les antérieurs en ligne fortement récurvée : le bord antérieur des
latéraux au niveau du bord postérieur des médians ; les médians anté-
rieurs contigus et un peu plus gros que les latéraux, séparés de ces derniers
par un intervalle supérieur à la largeur de la paire médiane ; les postérieurs
en ligne droite, subégaux et de même taille que les latéraux antérieurs ;
les médians postérieurs séparés entre eux d’un diamètre et demi ; les laté-
raux des deux lignes contigus. Marge supérieure des chélicères armée de
trois fortes dents nettement séparées ; marge inférieure de trois dents beau-
coup plus petites et rapprochées de la base du crochet. Sternum terminé
en pointe aiguë en\re les hanches postérieures. Pattes longues : I = 45 mm.;
IV = 37,5 mm. A la patte I, fémur un peu plus court que le tibia qui est
— 386
de même longueur que le métatarse et trois fois plus long que le tarse.
Tous les articles, sauf les patellas et les tarses, pourvus de longues épines
et ornés de très longs crins recourbés en faucille. Epigyne (fig. 3 a) vu en
dessus en forte saillie triangulaire, testacé rougeâtre, presqu’aussi large
à la base que longue, cachant une pièce allongée, visible en dessous, à
bords sinueux fortement rembrunis.
<$. — Semblable à la femelle sauf : Longueur 9 mm. Pattes sensiblément
plus longues (I = 48 mm.) et plus velues. Patte-mâchoire (fig. 3, a et b) :
fémur cylindrique = patella + tibia. Celui-ci fortement dilaté, deux fois
Fig. 4. — - Metella crispa ; b, patte mâchoire du ^ , face externe ;
a, tarse de la patte-mâchoire du face interne.
plus long que haut, pourvu, ainsi que la patella d’un très long crin dressé ;
tarse vu du côté interne à bord antérieur fortement échancré ; son apo-
physe supérieure, vue du côté externe, repliée et bordée de plusieurs
387 —
rangées de spiculés noires très courtes et d’une spinule isolée plus anté-
rieure ; paracybium à branche simple ; mais, en outre, une forte apophyse
dentiforme, noirâtre, dressée, insérée sur la face interne du tarse. Bulbe
encerclé d’une lanière chitineuse noire, longuement bifide à l’extrémité.
Localité : Toad Idole ; Moila caves ; Moila Swallet ; Surfïlet Pot :
4 r£. nombreuses Ç et nombreux jeunes.
Cette espèce, qui paraît abondante dans les grottes du District
de Dehra Dun et se tient sur les parois humides, à la manière des
Meta, se range exactement à côté du Labulla rupicola E. S. qui vit sur
les rochers, recouverts de mousses, des Alpes-Maritimes, et du L.
Breuili Fage des grottes de la Province d’Oviedo. J’ai proposé (1935)
de réunir dans le sous-genre Metella, ces deux espèces, qui s’op-
posent à la plupart des autres Labulla. Je crois aujourd’hui, revenant
à une interprétation antérieure (1931), que celui-ci constitue bien
un genre distinct qui mérite d’être maintenu comme tel.
Ce genre se distingue, en effet, par la plaque épigastrique de la
femelle qui recouvre entièrement la fossette génitale ; par l’absence
d’apophyse au tibia de la patte-mâchoire du'mâle ; par la complexité
du tarse toujours pourvu à son bord antérieur d’une ou deux apo-
physes ornées de spinules noires en séries denses et sur sa face interne
d’une apophyse dentiforme, noire, dressée. Ces formes sont en outre
remarquables par la pilosité si spéciale de leurs appendices. Celle-ci
est peut-être liée à l’habitat particulièrement humide et rappelle
notamment celle dont est pourvue l’Argyronète.
La répartition géographique de ce genre, dans l’ancien monde, est
remarquable puisqu’il est représenté aux pieds des Pyrénées ( M .
Breuili), des Alpes (. M . rupicola E. S.) et de l’ Himalaya ( M . crispa ).
Mais il est également représenté en Amérique. Il n’est pas douteux,
en effet, que le Labulla alticola Keys. doive lui appartenir et il est
très probable que les L. hespera et ellisoni , décrits par Gertsch
et Ivie (1936) de Californie et de Montana, y prendront également
place.
OUVRAGES CITÉS :
1914. - — Berland (L.). Voyage de Ch. Alluaud et R. Jeannel en Afrique
Orientale. Arachnida, p. 66.
1934. — Coporaccio (L. de). Aracnidi dell’Himalaia e del Karakoram,
Mem. Soc. entom. italiana, 13, p. 166.
1938. — Chamberlin (Ralph v.). And W. Iwie. Araneida from Yucatan.
Carnegie Inst. Publ., n° 491, p. 125.
1931. — Face (L.). Biospeologica LV : Araneae. Cinquième série, pré-
cédée d’un essai sur l’Evolution souterraine et son détermi-
nisme. Arch. de Zool. exp. et gén. 71, p. 99 à 291.
— 388 —
1935. — Description du mâle de Metella Breuili Fage, accompagnée de
remarques sur la position systématique du genre Metella. Eos,
II, p. 177.
1936. — Gertsch (W. J.) and W. Iwie. Descriptions of new american
spiders. Am. Mus. Novitates, n° 858, p. 15.
1892. — - Simon (E.). Arachnides du Vénézuéla. Ann. Soc. Ent. Fr., 61,
p. 446.
1922. — * Simon (E.) et L. Fage. Araneae des grottes de l’Afrique Orien-
tale. Arch. de Zool. exp. et gén., 60, p. 531.
' — 389 —
La propagation du Crabe chinois (Eriocheir sinensis
H. M.-Edw.) dans le nord de la France
Par Marc André.
En 1938 nous attirions l’attention sur l’invasion possible de notre
réseau hydrographique par un Crabe de Chine, Y Eriocheir sinensis
H. M. Edw. qui, importé en Allemagne, où sa présence certaine date
de 1912, s’y est parfaitement acclimaté, non seulement dans la mer,
mais aussi dans les eaux douces.
Dans son pays d’origine eette espèce se rencontre le long de la côte
ou dans les fleuves, depuis la province de Fokien jusqu’à la côte
occidentale de la Corée, c’est-à-dire entre les 25e et 40e degrés de
Fig. 1. — Eriocheir sinensis H. M.-Edw. (mâle), face dorsale.
latitude Nord. Ce Crabe, éminemment erratique, peut remonter
loin dans les rivières et on en a capturé dans le Yang-Tsé-Kiang à
1300 kilomètres de l’embouchure.
Il fut découvert pour la première fois sur notre continent, en
Allemagne, par une capture faite le 26 septembre 1912 dans une
nasse déposée dans l’Aller (affluent du Weser) à une distance d’en-
viron 100 kilomètres de la mer. L’animal était un grand mâle dont la
carapace atteignait 7 cm. de longueur.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
390 —
On ne sait pas exactement comment cette espèce est parvenue en
Europe et on suppose qu’un ou plusieurs de ses représentants ont
été transportés de Chine jusque dans le golfe d’Helgoland en voya-
geant dans les réservoirs de lest des navires remplis d’eau en Chine,
là où vivent de jeunes Eriocheir ; cette opinion est étayée par le fait
que des Crabes chinois furent trouvés plusieurs fois dans les réservoirs
de ces bateaux en réparation ou en démolition dans les chantiers de
Hambourg. On a également émis l’hypothèse de jeunes Crabes restés
accrochés parmi les Algues, les Hydraires et les Anatifes qui recou-
vrent les flancs des paquebots venant de l’Asie orientale.
La propagation de ce Crustacé en Europe fut d’abord très lente
et ce n’est qu’en 1924 qu’elle commença à s’accélérer.
Sur les côtes, l’extension s’opère dans deux directions. Vers le
Nord-Est, elle est particulièrement rapide puisqu’à la fin de 1928 on
trouve déjà des Eriocheir sur la Côte Nord-Ouest du Danemark et
dans la mer Baltique à l’embouchure de l’Oder (soit un parcours
d’au moins 400 km. en cinq années). En 1933 on en capture en Suède
(près de Stockholm) et dans le Golfe de Botnie, à Yiborg en Fin-
lande, marquant ainsi une progression de 1600 km. dans les arînées
suivantes.
Vers le Sud-Ouest l’invasion est plus lente. En 1928 le Crabe
chinois n’a pas encore atteint le bassin inférieur de l’Ems et ce n’est
qu’en 1933 qu’on le prend dans l’Ems, dans les cours d’eau de la
391
Hollande et dans l’Escaut (à Anvers) : il aurait ainsi parcouru
500 km. en 10 années.
A l’intérieur du pays il peut remonter très loin le cours des grands
fleuves et, en 1933, on le capture dans la Moldau (affluent de l’Elbe)
jusqu’à Prague (à plus de 800 km. de la mer) ; dans l’Oder il a été
rencontré au delà de Breslau (à plus de 500 km. des côtes). Par
contre, dans le Rhin, il ne dépasse pas Wesel en 1933 (localité située
à 200 km. de l’estuaire) et, dans la Meuse, on le signale la même
année près de Namur, à 300 km. de son embouchure.
En France, sa présence a été constatée sur le littoral du Pas-de-
Calais, dans la région de Boulogne-sur-Mer, dès 1930, par J. Le Gall
et à nouveau en 1936 par L. Gallien ainsi qu’en 1938 par J. -H.
Vivien. D’autre part, H. Hoestland a signalé que plusieurs exem-
plaires avaient été capturés dès 1937 dans la Flandre maritime.
En 1942 on le rencontre dans l’estuaire de la Somme et il gagne les
eaux salées du chenal de la Basse-Seine en mars 1943.
Dans notre réseau fluvial le Crabe chinois se trouve jusqu’à la
source même de l’Yser dont le parcours ne dépasse pas 60 km. Dans
la Liane, qui se jette à Boulogne, on le rencontre à Que'strecques
(25 km. de la mer) et dans la Somme un individu mâle à été capturé
en amont de Péronne, à Saint-Christ, soit à environ 150 km. de la
mer.
Tout récemment nous avons eu l’occasion de déterminer un exem-
plaire mâle adulte (dont la carapace atteignait 61 mm. de long sur
68 mm. de large) capturé le 27 juillet dernier dans une nasse immergée
dans l’étang de Mâcon1 (aux environs de Condé) à 13 km. de Valen-
ciennes (Nord) 2. Les étangs de Mâcon sont en communication avec
l’Escaut par des courants et des siphons qui coulent en direction de
la Belgique : il n’est donc pas impossible que ce Crabe ait remonté
jusque-là le cours du fleuve malgré les zones de pollution qu’il lui
aurait fallu traverser. En effet, selon Hoestland (1945, p. 230)
Y Eeriocheir ne dépasserait pas la région de Gand car, au delà de cette
localité, dans le moyen bassin de l’Escaut les eaux, constamment
polluées par des résidus industriels, seraient particulièrement nocives
aux Crabes et s’opposeraient à leur pénétration. Nous pouvons
également admettre que la progression s’est effectuée par la Somme
qui est en communication avec l’Escaut par le canal de Saint-
Quentin. Bien qu’à notre connaissance le Crabe chinois n’ait pas
encore été signalé aux environs de Mons, quelques individus ont pu
remonter le cours de la Senne, depuis Bruxelles, gagner ensuite la
1. Les étangs de Mâcon se trouvent à 140 kilomètres d’Anvers.
2. Cet échantillon nous a été aimablement communiqué par M. Eugène Dewalle,
naturaliste à Anzin (Nord), qui nous a signalé également d’autres captures d ’Eriocheir
à Trith-Saint-Léger et à Bouchain, dans l’arrondissement de Valenciennes (Nord).
Nous remercions M. Jacques Denis à Douchy (Nord) qui nous a fait part de la capture
et mis en relation avec M. Dewalle.
— 392
Haine qui se jette dans l’Escaut près de Condé, ou bien suivre le
canal de Mons à Condé.
Quoi qu’il en soit, cet envahissement progressif des cours d’eau
français laisse présumer une invasion qui se généralisera d’ici peu
de temps puisque quatre larges voies d’accès sont maintenant
amorcées : à l’Ouest, Y Eriocheir est répandu sur nos côtes depuis
la mer du Nord jusque dans l’estuaire de la Seine ; au Nord-Ouest
il pénètre dans les rivières, canaux et fossés reliant la Flandre fran-
çaise à la Belgique ; au Nord, la région de Valenciennes sera vrai-
semblablement d’ici peu le théâtre d’une invasion massive et à l’Est,
les Crabes remontent actuellement le cours du Rhin et celui de la
Meuse.
D’autre part, la Somme et la Seine, par la richesse de leur faune
et de leur flore, sont propices à un accroissement rapide de proliféra-
tion et le Crabe chinois menace d’y pulluler bientôt si des moyens de
lutte efficaces n’interviennent assez rapidement.
En principe, après une invasion massive suivie d’une multiplica-
tion énorme pendant quelques années, le nombre de Crabes chinois
établis dans un cours d’eau semble se stabiliser et il paraît s’établir
une sorte d’équilibre faunique entre les Crustacés et les Poissons ;
la raréfaction de la nourriture, causée par la présence du Crabe,
limite la multiplication de celui-ci mais se traduit également par un
appauvrissement général de la faune. En outre, la pêche aux filets,
nasse ou lignes, devient plus difficile car les Eriocheir détériorent les
engins et, par leur activité incessante, dérangent le Poisson. De plus,
ils occasionnent un grave dommage aux peuplements piscicoles en
dévorant la nourriture des poissons. Ils forent les berges de galeries
parfois nombreuses, profondes de 5 à 50 cm. et larges de 5 à 10 cm.,
occasionnant ainsi, à la longue, des éboulements et il faut signaler
également que, le long des berges couvertes de pierres, le Crabe
creuse entre les intervalles non cimentés, ce qui provoquera la chute
des pierres à brève échéance.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
BIBLIOGRAPHIE
André (M.). 1933. — Sur les migrations d’un Crustacé erratique. C. B.
LVIIe Congrès Assoc. Franc. Avanc. Sciences, p. 301.
— 1934. — Un Crabe chinois en Europe. La Nature, n° 2942, 1er déc.,
p. 498.
— 1939. — Sur le Crabe chinois en France. C. R. Acad. Agric. France
18 janv., p. 70.
— 1939. — Sur la présence hypothétique du Crabe chinois en Touraine.
Bull. Soc. centr. Aquic. et Pêche, p. 1.
— 393 —
Gallien (L.). 1936. — Apparition de l’Eriocheir sinensis sur les côtes
françaises du Boulonnais. Bull. Soc. Zool. France, LXI, p. 204.
Hoestlandt (H.). 1937. — Pénétration de l’Eriocheir sinensis dans le
réseau hydrographique de la Flandre française. Bull. Soc. Zool. Fr.,
LXII, p. 398.
— 1940. — L’ Eriocheir sinensis dans le Nord de la France (1937-1939).
Bull. Fr. Pisc., n° 121, p. 101.
— 1942. — Nouvelles recherches sur l’installation du Crabe chinois en
France depuis 1940. Id., n° 126, p. 13.
— 1943. — Le Crabe chinois dans l’estuaire de la Seine. Id., n° 130.
— 1943. — Le Crabe chinois dans l’estuaire de la Somme. Id., n° 134,
p. 38.
— 1945. — Le Crabe chinois ( Eriocheir sinensis M. Edw.) en Europe et
principalement en France. Ann. Epiphyties, XI, p. 223.
Kamps (L. F.). 1937. — Die chineesche Wolhandkrab in Nederland.
Thèse, 108 p.
Leloup (E.). 1937. — La propagation du Crabe chinois en Belgique
pendant l’année 1936. Bull. Mus. R. Hist. nat. Belg., XIII, 7 pp.
— 1938. — Id., pendant l’année 1937. Ibid., XIV, 25 pp.
Lestage (J. A.). — Nouvelles recherches sur l’extension en Belgique du
Crabe chinois. Ann. Soc. Roy. Zool. Belg., LXX, p. 5.
— 1945. — La lutte dés nations contre le Crabe chinois. Pêche et Pisc.
Bruxelles, p. 14.
Peters (N.) et Panning (A.). 1933. — Die chinesische Wollhandkrabbe
in Deutschland. Zool. Anz., CIV, p. 1-156 et 171-180.
Pohl (L.). 1938. — Le Crabe chinois. Rev. Scient., 76e ann., n° 9, p. 377.
Schnakenbeck (W.). 1933. — Die Chinesische Wollhandkrabe in Deutsch-
land. Larven und erste Bodenformen. Zool. Anz., CIV, p. 157-180.
Vivien (P.), 1938. — Invasion du littoral français par un Crabe chinois,
Eriocheir sinensis H. M.-Edw. La Nature, n° 3029, p. 44.
Vivier (P.) . 1939. — Un nouvel hôte indésirable de nos eaux douces :
Le Crabe chinois. Bull. Franc. Pisc., n° 115 (1938), 16 pp.
— 394 —
Callipus foetidissimus gallicus denticulatus nov: var.
des Catacombes du Muséum D’Histoire N aturelle de
Paris{ Myriapodes Diplopodes)
Par Jean-Marie Démangé.
Au cours d’une chasse effectuée dans les catacombes du Muséum
d’Histoire Naturelle de Paris, M. Bourgouin a ramassé un certain
nombre de Callipus, Myriapodes Diplopodes de l’ordre des Nemato-
phora, dont il nous a donné à déterminer quelques exemplaires.
L’examen de ceux-ci nous a permis de constater que nous avions
affaire à une variété nouvelle dont nous donnons la description.
Callipus foetidissimus gallicus denticulatus nov. var.
Longueur de 45 mm. à 65 mm. 54 à 59 segments.
La coloration est brunâtre, plus foncée en arrière des premiers
anneaux formant des bandes foncées tranchant sur le reste de la
coloration. Le corps est légèrement étranglé dans sa partie antérieure.
Les téguments portent de fines stries longitudinales.
Les antennes sont très longues et grêles.
Les ocelles au nombre de 37 (38) à 40 sont groupés en un champ
subrectangulaire dont le sommet se trouve prés de l’organe de
Tômôsvary, et disposés en 9 rangées1. L’organe de Tômôsvary est
un petit cercle jaunâtre placé entre la base de l’antenne et le champ
ocellaire.
Les pores répugnatoires sont petits et s’ouvrent environ dans le
tiers antérieur du segment.
Les pattes sont longues et grêles et plus claires que le corps.
Chez le mâle le clypeus est excavé profondément.
Le pénis est porté par les coxites de la paire de pattes 2. C’est un
bourrelet attaché à la partie interne de ces coxites.
C’est la 8e paire de pattes du mâle qui est transformée en gono-
podes. Ceux-ci comportent un angiocoxite a, un télopodite t, très
allongé et très différencié à l’extrémité et un colpocoxite c.
L’angiocoxite des gonopodes est un anneau complet qui se con-
tinue par un prolongement ayant une forme triangulaire, large à la
base et s’atténuant progressivement vers le haut. L’appendice
1. Nous comptons les rangées d’ocelles en partant de la base du triangle ocellaire
pour aboutir à l’ocelle isolé du sommet, touchant à l’organe de Tômôsvary. H. W.
Bhôlemann comptait les rangées d’une façon différente, dans le sens de la hauteur,
autrement dit suivant les côtés du triangle.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
— 395 —
proximal est eh forme de lame de sabre j, dirigé vers l’avant et s’en-
fonçant dans la cavité du corps. La face interne est creusée en gout-
tière et" c’est dans cette gouttière que se placent les deux autres
pièces, colpocoxite et télopodite (fig. 1).
Fig. 1. Patte 8 (gonopode) droite, profd interne de C. foelidissimus gallicus denticulalus-
nov. var. ■ — Fig. 2. Colpocoxite et télopodite isolés de la même espèce. — !
Fig. 3. Colpocoxite et télopodite isolés de C. foelidissimus gallicus Brôl. d’après
Brôlemann. Abréviations : a, angiocoxite ; c, colpocoxite ; /, prolongement en
lame de sabre de l’angiocoxite ; t, télopodite ; u, poche trachéenne ; x, sciérifica-
tion du sac gonopodial.
Le colpocoxite (fig. 2 c) est partagé en un coussinet avec une
plage pileuse (fig. 1) sur sa face interne et un pseudoflagelle grêle
portant dans sa partie antérieure de fines denticulations plantées
un peu extérieurement et visibles seulement en faisant pivoter la
pièce vers l’extérieur.
Le télopodite (fig. 2 t ) est long et grêle. Sa base est fusionnée à une
poche trachéenne u qui lui fait suite. Le tronc est long et grêle et se
divise à l’extrémité en une épine interne sinueuse dirigée vers le bas
et une partie externe subrectangulaire dont un des angles se continue
par une forte épine. Entre ces deux lobes se place une longue épine
portant une petite dent horizontale dirigée vers l’avant.
Si nous examinons attentivement les figures 2-3 nous pouvons,
établir la clef suivante basée sur les caractères des gonopodes.
— 396 —
1. Flagelle gonopodial fortement renflé.
C. foetidissimus (Savi).
Flagelle gonopodial non renflé (fig. 2 et 3).
C. foetidissimus gallicus Brôl 2
2. Des petites dents au flagelle. Dent horizontale de l’épine placée entre
les deux lobes du télopodite dirigée vers l’avant (fig. 2).
C. foetidissimus gallicus denticulatus nov. var.
Pas de petites dents au flagelle. Dent horizontale de l’épine placée entre
les deux lobes du télopodite dirigée vers l’arrière.
C. foetidissimus gallicus Brôl.
Nous ne figurons pas dans cette clef les variétés alpestris Brôl. et
Chobauti Brol. de C. foetidissimus gallicus, les femelles étant seules
connues.
Les femelles que nous avons étudiées étant immatures il ne nous
a pas été possible d’en donner une description, mais de nouvelles
chasses effectuées dans les Catacombes du Muséum nous permet-
tront certainement de combler cette lacune.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
— 397 —
AnNÉLIDES P0LYCI1ÈTES DES CROISIÈRES DU POURQUOI PAS ?
Par Pierre Fauvel.
Les croisières du Pourquoi-Pas ?, principalement celles d’Islande et de
Jan Mayen, ont fourni des récoltes d’Annélides Polychètes très variables
suivant les campagnes. Les deux plus riches, à ma connaissance, sont celle
de 1912, recueillie à Jan Mayen et en Islande par M. E. Le Danois, qui
a bien voulu m’en confier la détermination, et dont j’ai déjà publié les
résultats dans le Bulletin du Muséum, en 1913, et celle de 1929, recueillie
principalement en Ecosse, aux Iles Féroé, à Jan Mayen et en Islande, par
M. R. Ph. Dollfus, et dont M. le Prof. L. Fage a eu l’amabilité de me
confier l’étude.
J’ai eu aussi l’occasion d’étudier, dans les collections du Muséum, un
certain nombre de spécimens provenant de quelques autres croisières du
Pourquoi-Pas ? de 1917, 1919, 1920, 1921, 1924 et 1932. Ces derniers ne
proviennent pas d’Islande mais du Scoresby Sound, de la côte du Groen-
land.
Aphroditidae.
Aphrodite aculeata L. St. I, à l’entrée de la Manche (1917). —
St. XI, Cancale (1929),
Hermione hystrix Savigny. — St. XI, Cailcale (1929). —
St. XXII, XXXI, LI (1921).
Laetmatonice filicornis Kinberg. — St. V, 56°52’ N.. 13° 43 W.
185 m. (1917).
Eunoë nodosa Sars. — St. XXVI, au N.-W. de l’Islande (1912).
— Eyjafjord, Islande (1929). — St. XIV, dragage, 1er avril 1932,
Scoresby Sound.
Harmotoë imbricata L. — St. XXVI, au N.-W. de l’Islande
(1912). — Atlantique (1920). — Dragage, 8 août 1932, Scoresby
Sound.
Harmothoë aspera Hansen. — St. 207, 57° 14’ N., 14° 18’ W.
(1924).
Harmothoë longisetis Grube. — St. 201, 57° 37’ N., 13° 36’ W.
(1924). — Cancale (1929).
Harmothoë frazer-thomsoni Mc’ Intosh. — St. 204, 58° N.,
13° 55’ W. (1924).
1. P. Fauvel. Campagne du Pourquoi pas? (Islande et Jan Mayen, 1912) (Bull.
Mus. Hist. Nat. Paris, 1913, n° 2, pp. 1-14).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
/
26
— 398 —
Lagisca extenijata Grube. — St. Y, (1929). — St. XXXVIII,
XLIII, LIV (1921). — Cancale (1929).
Lagisca rarispina Malmgren. — Dragage, 8 août 1932, Scoresby
Sound, Groenland.
Malmgrenia castanea Mc’ Intosh. — St. 205, 56° 52' N. 13° 15'
W. G. (1924).
Halosydna gelatinosa Sars. — St. I, Loch Inchard, Ecosse
(1929).
Antinoë sarsi Kinberg. — St. IV, Eyjafjord, Islande ; St. VII,
Jan Mayen, Baie du Bois Flotté (1929).
Lepidonotus squamatus (L.). — St. XXVI. au N.-W. de l’Is-
lande. — St. XLIII, XLIV (1921). — St. XI^ Baie de Cancale ;
St. XVII, Loch Inchard ; St. X bis, Patreksfjord, Islande (1929).
Lepidonotus clava Montagu. — St. LIV (1921).
Sigalioninae.
Leanira yhleni Malmgren. — Dragage n° 40 (1927).
Amphinomidae.
Euphrosyne foliosa Aud.-Edw. — St. XXXVIII (1921).
Phyllodoeidae.
Phyllodoce groenlandica Œrsted. — St. II, Klgaswick,
Foeroyar ; St. VIII, Jan Mayen (1929).
Phyllodoce laminosa Savigny. — St. XLIX et L (1921).
Eulalia viridis O. F. Muller. — St. XXVI, au N.-W. de l’Is-
lande (1912).
Eulalia (Eumida) sanguinea Œrsted. — St. XXVI, au N.-W.
de l’Islande (1912). — St. I, Loch Inchard ; St. X, Patreksfjord,
Islande (1929).
Eulalia (Pterocirrus) macroceros Grube. — Cancale (199).
Eteone picta Quatrefages. — St. LXIII (1921). — St. VII et
VIII, Jan Mayen (1929).
Syllidae
Haplosyllis spongicola Grube. — Cancale (1929).
Syllis fasciata Malmgren. — St. XXVI. au N.-W. de l’Islande
(1912).
Syllis armillaris Œrsted. — St. XXVI, au N.-W. de l’Islande
(1912). — St. XLIII (1921). — Rockall. — St. V, Jan Mayen, côte
S.-E. (1929). '
399 —
Syllis monilicornis Malmgren. — St. 204, 58° N., 13° 55'
W. G. (1924).
Syllis amica Quatrefages. — St. XLIX (1921). — Rockall.
Eusyllis blomstrandi Malmgren. — St. XXVI, au N.-W. de
l’Islande (1912).
Nereidae.
Nereis pelagia L. — St. XXIV et XXVI, au N.-W. de l’Islande
(1912). — St. XV, XLII, XLIX, LIV, LXIII (1921). — St. XVII,
48o 37' n., 2o 21' W. (1929).
Nereis zonata Malmgren. — St. 204, 58°, 13° 55' W. (1924). —
St. X, Patreksfjord, Islande (1929).
Platynereis dumerilli Aud.-Edw. — St. XXX (1921).
Nephthydidae.
Nephthys ciliata O. F. Müller. — St. XXIV, au N. de l’Islande
(1912). — St. II, Klagsvick, Fôroyar, St. III, St. IV, St. L, Eyjaf-
jord, Islande ; St. X, Patreksfjord, Islande (1929).
Neçhthys paradoxa Malm. — St. XXIV, au N. de l’Islande
(1912).
Nephthys hystricis Mc’ Intosh. — Dragage n° 40 (1927).
Nephthys hombergi Aud.-Edw. — St. II, Klagsvick, Fôroyar
(1929).
Nephthys coeca Fabricius. — St. II, Klagsvick, Fôroyar (1929).
Eunicidae.
Eunice harassii Aud.-Edw. — St. LXIII (1921). — Cancale
(1929).
Eunice pennata O. F. Müller. — St. XXIV, au N. de l’Islande
(1912). — St. 204, 58o n., 13« 55' W. (1924).
Eunice floridana Pourtalés. — St. 207-, 57° 14' N., 14° 18' W.
(1924).
Eunice vittata D. Ch. — St. XXII, XXX, XLIII (1921).
Lysidice ninetta Aud.-Edw. — St. XLIX (1921). — Cancale
(1929).
Ninoe kinbergi Ehlers. — St. XL (1927).
Lumbriconereis fragilis O. F. Müller. — St. XX, au S. de Jan
Mayen (1912). — St. I, Loch Inchard, St. III, Eskifjord, Islande,
St. V, VI, Jan Mayen, St. X, Patreksfjord, Islande (1929).
Lumbriconereis impatiens Claparède. — St. I, à l’entrée de la
Manche (1912).
400 —
Lumbriconereis Latreilli Aud.-Edw. — St. XXXI (1921). —
St. XXX, XXXI (1927).
Lumbriconereis gracilis Ehlers. — St. I, Loch Inchard (1929).
Lumbriconereis coccinea Renieri. — St. XXXI (1921).
Arabella iricolor (Montagu). — St. XVII (1929).
Hyalinoecia tubicola O. F. Müller. — St. I, à l’entrée de la
Manche (1912). — St. 204, 58° N., 13° 55' W. (1924). — St. XLIII
.(1927).
Onuphis conchilega Sars. — St. XX, au S. de Jan Mayen,
St. XXIV, au N. de l’Islande, St. XXVI, au N.-W. de l’Islande
(1912).
Staurocephalus rubrovittatus Grube. — St. XXII (1921). —
Cancale (1929).
Gîyceridae.
Glycera gigantea Quatrefages. — St. 42 (?) (1927).
Glycera lapidum Quatrefages. — St. XVII (1927). — Cancale
(1929).
Glycera capitata Œrsted. — St. XXVI, au N.-W. de l’Islande
(1912). — Cancale (1929).
Glycera alba Rathke. — St. I, loch Inchard (1929).
. Goniada norvegica Œrsted. - — Manche et Atlantique (1920).
Goniada maculata Œrsted. — St. II, Klagsvick, Foeroyar ;
St. X, Patreksfjord, Islande (1929).
Ariciidae.
Scoloplos armiger O. F. Müller. — St. II, Klagsvick, Foëroyar ;
St. IV, Eyjafjord, Islande (1929).
Spionidae.
Laonome cirrata Sars. — St. XXIV, au N. de l’Islande (1912).
Prionospio cirrifera Wiren. — St. IV, Eyjafjord, Islande (1929).
Prionospio steenst'rupi Malmgren. — St. IV, Eyjafjord,
Islande (1929).
Polydora antennata Claparède. — -St. II, Klagsvick, Foëroyar
(1929). Ces spécimens appartiennent à la variété pulchra Carazzi.
Cirratulidae.
Cirratulus filiformis Keferstein. — St. IV, Eyjafjord, Islande
(1929).
Chaetozone setosa Malmgren. — Dragage n° 40 (1927). — St. IV,
Eyjafjord, Islande (1929).
— 401 —
Chaetopieridae
Chaetopterus variopedatus Renier. — St. XLIII (1921).
Phyllochaetopterus socialis Claparède. — 6 septembre 1927.
Chloraemidae.
Flabelligera affinis Sars. — St. XLII (1921). — Patreksf-
jord, Islande (1929).
Stylarioides flabellata Sars. — St. II, Klagsvick, Foëroyar
(1929).
Brada villosa Rathke. — St. II, Klagsvick, Foëroyar (1929).
Scalibregmidae .
Scalibregma iNFLATUM Rathke. — St. II, Klagsvick, Foëroyar ;
St. IV, Eyjafjord, Islande (1929).
Opheliidae.
Travisia Forbesi Johnston. — St. VIII, Jan Mayen (1929).
Ammotrypane aulogaster Rathke. — St. I, Loch Inchard ;
. St. II, Klagsvick, Foëroyar (1929).
Maldanidae.
Clymene Spec. ind. — St. II, Klagsvick. Fragments indétermi-
nables spécifiquement, faute de la région postérieure.
Praxillella praetermissa Malmgren. — St. X, Patreksfjord,
Islande (1929).
Nicomache lumbricalis Fabricius. — St. XX, au S. de Jan
Mayen (1912). — St. V, Jan Mayen (1929). Ce dernier spécimen a la
tête régénérée.
Maldane Sarsi Malmgren. — St. XXIV, au N. de l’Islande
(1912). — St. IV, Eyjafjord, Islande (1929)'.
Asichys biceps Sars. — St. XXIV, au N. de l’Islande (1912).
Owenidae.
Myriochele heeri Malmgren. — St. XVI et XXIV, au N. de
l’Islande (1912). ■
Sabellariidae.
Sabellaria spinulosa Leuckart. — St. XLIX, L, LUI (1921). —
Cancale (1929).
— 402
Sternaspididae.
Sternaspis scutata Ranzani. — St. IV, Eyjafjord, Islande
(1929).
Amphictenidae.
Amphictene auricoma Müller. — St. X, Patreksfiord, Islande
(1929).
Pectinaria belgica (Pallas). — Dragage n° 40 (1927).
Pectinaria (Cistenides) hyperborea Malmgren. — St. XIV
(1932), 8 août, Scoresby Sound, Groeenland.
Ampharetidae.
Ampharete grubei Malmgren. — St. II, Klagsvick (1929).
Amphicteis gunneri Sars. — Atlantique (1920).
Terebellidae.
Amphitrite cirrata O. F. Müller. — St. X, Patreksfiord, Islande
(1929).
Lanice conchilega (Pallas). — St. 205, 56° 52' N., 13° 43' W.
185 m. (1924).
Nicolea venustula Montagu. - — St. V (1919). — St. LUI (1921).
— Cancale (1929).
Nicolea zostericola Œrsted. — St. VII, Jan Mayen ; St. X bis,
Patreksfjord, Islande (1929).
POLYMNIA NESIDENSIS D. Cil. St. XLIII (1921).
Pista cristata Malmgren. — St. 204, 58° N., 13° 55' W. G. (1924).
Pista maculata Dalyell. ( Scione lobata Mgr.) — St. XXVI, au
N.-W. de l’Islande (1912).
Thelepus cincinnatus (Fabricius). — St. XXVI, au N.-W. de
l’Islande (1912). — St. 205, 56° 52' N., 13° 43’ W. (1924).
Terebellides stroemi Sars. — Dragage n° 40 (1927). — St. II,
Klagsvick ; St. X, Patreksfjord (1929).
Lysilla loveni Malmgren. — St. II, Klagsvick, Fôroyar (1929).
Sabellidae.
Dasychone inconspicua Krôyer. — St. 207, 57° 14' N., 14° 18'
W. (1924).
Sabella pavonina (Savigny). - — St. 207, 57° 14' N., 14° 18' W.
(1924).
Bispira volutacornis (Montagu). — St. 207, 57° 14' N., 14° 18'
W. (1924).
Chone infundibuliformis Krôyer. — St. XXI, côte S. de Jan
Mayen (1912).
Potamilla reniformis Müller. — Cancale (1929). Un tube vide,
mais caractéristique.
Serpulidae.
Serpula vermicularis L. — St. 204, 58° N., 13° 55' W., St. 207,
57° 14' N., 14« 18' W. (1924). — St. I, Loch Inchard (1929).
Placostegus tridentatus (Fabricius). — 'St. 204, 58° N.,
13° 55' W. (1924).
POMATOCEROS TRIQUETER (L.). St. XV (1921).
Spirorbis spirillum (L.). — St. XXVI, au N.-W. de l’Islande
(1912).
Spirorbis granulatus (L.). — St. XX, au S. de Jan Mayen (1912).
Spirorbis vitreus (Fabricius). — St. X bis, Patreksfjord, Islande
(1929).
Protula Spec. — St. XVII, 48« 37' N., 20« 21' W. (1929). Un
tube vide.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
__ 404 —
Sur la présence du genre Gundlachia ( Pfeiffer )
(. Mollusque Ancylide ) dans le centre de la France
Par P. Calas.
Nous avons trouvé à deux reprises dans le département de la
Loire, la première fois en octobre 1944 à Riorges et la deuxième en
septembre 1946 à Amions quelques trente kilomètres plus au Sud,
d’assez nombreux exemplaires d’un Mollusque basommatophore ne
correspondant à aucune des espèces et même des genres signalés dans
« Mollusques terrestres et fluviatiles » de L. Germain L
L’allure de la coquille conduisait à penser qu’il s’agissait d’un
Ancylide mais la présence d’une cloison occupant les deux tiers de
la face inférieure en ne laissant à l’avant qu’une assez petite ouver-
ture semi-circulaire paraissait fort déroutante au premier abord.
En passant en revue les diagnoses données par Thiele 2 des diffé-
rents genres d’Ancylides nous constatons que le genre Gundlachia
Pfeiffer 3 est précisément caractérisé par la présence d’un tel
septum.
Nous avons pu comparer nos échantillons avec les figurations de
différentes espèces de Gundlachia et en outre, grâce à l’obligeance
de M. Fischer, avec les échantillons de Gundlachia petterdi Johns-
ton (fig. 6) de Tasmanie, des collections du Laboratoire de Malaco-
logie. La similitude est suffisamment grande pour que nous puis-
sions affirmer que nos échantillons se rapportent bien au genre
Gundlachia 2.
La majorité de nos échantillons d’ Amions représente ce stade
juvénile qui précisément avait été primitivement pris comme type
du genre par Pfeiffer 3, nous en possédons cependant quelques
échantillons avec une coquille plus développée, intermédiaire
avec le stade parfaitement adulte qui est représenté par nos échan-
tillons de Riorges correspondant alors à la définition du genre
complétée plus tard par Pfeiffer 4. Nous allons donner une des-
cription de notre coquille à ses différents stades de croissance.
1. 1931. Germain (L.). Mollusques terrestres et fluviatiles. Faune de France , t. 22.
Ancylidae, p. 546-53.
2. 1931. Thiele (J.). Handbuch der systematischen Weichtierkunde. Gundlachia,
p. 483 ( Prolancylus tombe devant Gundlachia comme l’indique la note p. 1005).
3. 1849. Pfeiffer (L.). Neue Molluskengattung... Zeifschr. f. Malakoz., t. 7, p. 98.
(Analyse de l’article et reproduction de la diagnose par Petit de La Saussaie,
J. Conch., t. 1, p. 93).
4. 1852. Pfeiffer (L.). Bemerkungen über Gundlachia..., Zeitschr. /. Malakoz.,
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
— 405 —
Coquille juvénile : Coquille mince, fragile, translucide et de couleur
cornée pâle mais ordinairement recouverte d’un enduit limoneux brun-
rougeâtre ou brun-verdâtre. Bord antérieur parfaitement arrondi, bord
postérieur un peu plus ogival, bords latéraux presque parallèles, légèrement
convergents vers l’arrière, le droit encore moins convexe que le gauche,
parfois même légèrement concave. Face supérieure bien convexe avec
sommet situé vers les 4/5 postérieurs, nettement à droite du grand axe,
occupé par la coquille embryonnaire assez exactement circulaire, déprimée
en son centre puis brusquement plus convexe sur les bords, présentant
une fine ornementation radiale qui se prolonge sur les premières zones
d’accroissement, le reste de la coquille ne présentant comme ornemen-
tation que les stries d’accroissement fines et irrégulièrement espacées, de
plus on distingue parfois, à la partie antérieure seulement, un certain
nombre (jusqu’à une douzaine) de côtes rondes bien marquées, plus
étroites que leurs intervalles, pas très continues d’une zone d’accroisse-
ment à l’autre. Les deux tiers de la base de la coquille (fig. 3), sont clos
par un septum légèrement convexe dans sa moitié postérieure, de plus en
plus déprimé vers l’avant pour laisser la place au pied de l’animal, marqué
de stries d’accroissement fines et régulières de moins en moins concaves
vers l’avant, leur maximum de concavité étant légèrement sur la gauche
de la ligne médiane. Bord libre du septum un peu concave, un peu oblique
dans son ensemble d’avant en arrière et de droite à gauche, plus ou moins
réfléchi, laissant libre une ouverture semi-circulaire.
Dipiensions de l’exemplaire figuré: Longueur: 1,8 mm., largeur:
0,9 mm., hauteur : 0,5 mm.
Coquille adulte : A partir du bord du septum et du bord antérieur de
l’ouverture de la coquille juvénile se développe une sorte de pavillon
dont l’ouverture ovalaire tend à devenir de plus en plus allongée d’avant
en arrière au fur et à mesure de la croissance et dont la partie postérieure
est appliquée contre le septum, au moins sur toute l’étendue de la région
déprimée de celui-ci, la partie antérieure continuant la courbe de la coquille
juvénile. Le grand axe de ce pavillon fait un angle net d’un peu moins
d’une vingtaine de degrés avec celui de la coquille juvénile. A son déve-
loppement maximum ce pavillon arrive à atteindre le bord postérieur de
la coquille juvénile qui le déborde encore un peu sur le côté droit.
Dimensions de l’exemplaire figuré (fig. 1 a-c) : Longueur : 3,3 mm., lar-
geur : 1,9 mm., hauteur : 0,9 mm. Des individus bien développés attein-
draient sans doute 4 mm. de longueur.
Fréquente un milieu nettement palustre, où il vit sur les végétaux
flottants ou immergés (typhas, nénuphars, joncs, sparganium et
même feuilles mortes) à la manière de Acroloxus lacustris Linné.
Dans la station de Riorges nous avons récolté en même temps :
Acroloxus lacustris Linné, Planorbis crista L., PL corneus L. ; dans
celle d’Amions : PL crista L Limnaea limosa L.
t. 12, p. 180, pl. 1, fig. 1-16. (Ces figures sont reproduites par Boukguignat, 1856 :
Du genre Gundlachia, Amén. malac., t. I, p. 74-7, pl. 1, fig. 15-30. Remarquons que
Boukguignat dit de G. ancycliformis Pfeiffer qu’elle a le sommet strié radialement,
tandis que Thiele en fait le type de la section Gundlachia s. s. à sommet lisse.
Fig. 1. Gundlachia sp. a, face ventrale ; b, face dorsale ; c, vue du côté droit. Grossisse-
ment X 12. Echantillon adulte, Le Grand-Marais à Riorges (Loire). — Fig. 2. —
ld., échantillon un peu moins adulte, grossissement X 24 env., Amions (Loire). —
Fig. 3. — Id., forme juvénile, face ventrale, grossissement X 24 env., Amions
(Loire). — Fig. 4. — Id., forme sans septum ; b, face dorsale ; e, vue du côté droit,
grossissement X 12. Le Grand-Marais à Riorges. — Fig. 5. — Id., échantillon plus
grand, grossissement X 12. Etang d’Arthun à Arthun (Loire). — Fig. 6. — Gund-
lachia petterdi Johnston, face ventrale, grossissement X 12; Tasmanie (Collec-
tions du Laboratoire de Malacologie).
Répartition actuellement connue : Riorges (Loire), le Grand-
Marais (3-10-1944) ; Armons (Loire) dans une petite mare située dans
un pré en contrebas à gauche de la route à 1 km. du bourg en des-
cendant sur Saint-Germain-Laval (6-9-1946).
Il est à remarquer que cette forme s’est trouvée toujours en com-
pagnie d’une forme d’Ancylide présentant exactement les mêmes
caractères sauf la présence d’un septum et ceux qui en découlent :
même allure surbaissée, même sommet déprimé avec une sculpture
radiale, même ornementation de la partie antérieure du test, même
biologie également. Si bien que nous sommes amenés à nous deman-
der s’il ne s’agirait pas de deux formes, l’une avec septum et l’autre
sans septum, d’une seule et même espèce. De tels faits se présentent
pour quelques espèces de Ferrissia d’Afrique du Sud (F. farquhari
Walker, F. equeefensis Walker, F. clifdeni Connolly = Gund
lachia burnupi Walker) 1_2. Ferrissia et Gundlachia s. s. sont deux
sous-genres voisins de Gundlachia s. 1. tel que l’entend Thiele
et qui semblent ne pouvoir être séparés que d’après les caractères de
la radula.
L’examen de la radula permettrait d’affirmer que nos échantillons
appartiennent bien à une seule et même espèce et de les ranger
correctement dans l’un ou l’autre des sous-gcnres Gundlachia ou
Ferrissia. La présence d’une sculpture radiale sur le sommet déter-
minerait ensuire facilement la section : Ferrissia s. s. pour Ferrissia
ou bien Kincaidella pour Gundlachia s. s.
Distribution de la forme sans septum. En plus des deux stations
précitées où nous avons trouvé les deux formes ensemble, nous
connaissons de cette forme sans septum un grand nombre de stations
assez largement réparties dans les départements de la Loire, de la
Saône-et-Loire et de l’Ailier. C’est plus que nous n’en connaissons
dans la même région de Acroloxus lacustris Linné. Nous sommes
donc en présence d’une espèce banale que l’on peut être sûr de
retrouver dans la région en la recherchant dans son milieu. Nous
la connaissons actuellement des communes suivantes : Allier :
Dompierre-sur-Resbre ; Saône-et-Loire : Melay ; Loire : Urbise
(2 st.), La Pacaudière (2 st.), Vivans, Saint-Forgeux-l’Espinasse
(2 st.), Nandax, Vougy (3 st.), Perreux, Roanne (2 st.), Saint-André-
d’Apchon, Saint-Alban-les-Eaux, Lentigny (2 st.), Riorges, Parigny,
Notre-Dame-de-Roisset, Dancé (2 st.), Amions, Saint-Germain-
Laval, Pommiers, Arthun.
C’est cette forme que nous avions déjà signalée sous le nom
1. 1939. Connolly. Survey of the South African Mollusca. Ann. S. Afr. Mus.
2. 1926. Walker (B.). Notes on South African Ancylidae. Occ. Pap. Mus. Zool.
Univ. Michigan, n° 175.
!
— 408 —
d’ Ancylastrum 1-2. L’opinion que nous avions alors émise qu’il
s’agissait peut-être d’une forme particulièrement déprimée d’ Ancy-
lastrum strictum Morelet 3 nous semble donc maintenant erronée.
Du fait qu’aucune Gundlachia n’a encore été signalée en Europe
à l’état vivant à notre connaissance on aurait pu penser à une
introduction récente suivie d’acclimatation, mais les mollusques
aquatiques ne se transportent pas si facilement et nos premières
trouvailles remontant à 1939 excluent l’hypothèse d’une importa-
tion lors des plus récentes opérations militaires. Sans exclure à priori
l’hypothèse d’une acclimatation plus ancienne signalons toutefois
que si des Gundlachia vivantes n’ont encore été signalées que hors
d’Europe il existe une espèce fossile du Miocène du Bassin de
Mayence : Gundlachia francofurtana Boettger 4 dont la forme
juvénile, seule connue, ressemble beaucoup à nos échantillons mais
dont la taille est nettement plus grande : longueur 3 mm. alors
que les nôtres ne font à ce stade que 2 mm. au grand maximum. On
retrouve en particulier la même ornementation de la partie anté-
rieure du test, malheureusement Boettger ne précise pas si son
espèce a le sommet lisse ou sculpté. Il serait tentant d’admettre
que nos individus sont les descendants et les représentants actuels
de cette espèce dont Ancylus senckenbergianus décrit du même
gisement par Boettger serait la forme sans septum.
Le fait que notre espèce ait passé inaperçue jusqu’à présent peut
s’expliquer peut-être par sa très grossière ressemblance avec Acro-
loxus lacustris Linné et aussi par ce que notre région n’avait été
jusqu’ici que superficiellement explorée du point de vue malaco-
logique.
1. 1944. Roger (J.), Calas (P.). Quelques mots sur les Ancylidés. Bull. Soc. linn.
Lyon, t. 13, n»2, févr. 1944, p. 31-2.
2. 1945. Calas (P.). Encore quelques mots sur les Ancylidés. Bull. Soc. linn. Lyon,
t. 14, n° 1, janv. 1945, p. 16.
3. 1931. Germain (L.), op. cit. Ancylastrum strictum, p. 550-1, fig. 576-7.
4. 1877. Boettger (O.). Ueber die Fauna der Corbicula-Schichten im Mainzer
Becken. Paleontographica, t. 24, p. 185-219. G. francofurtana : p. 191, pl. XXIX,
fig. 1 a-d, 2, 3. A. senckenbergianus : p. 200, pl. XXIX, fig. 7 a-d.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
409 —
Description d’un Fagopyrum africain
Par H. Jacques-Félix.
Le genre Fagopyrum est, aujourd’hui, définitivement admis et
distingué du genre Polygonum. La différence essentielle se situe
dans l’embryon : cotylédons foliacés, légèrement cordés à la base
et plus ou moins tordus au sein de l’albumen chez Fagopyrum ;
droits et linéaires chez Polygonum. Pour chacun de ces deux genres,
les feuilles sont comme préfigurées par les cotylédons : toujours
cordées à la base, sinon hastées, et plus ou moins triangulaires chez
le premier, elles sont le plus souvent étroites, lancéolées et atténuées
aux deux extrémités chez le second. Ainsi distingués, leur aire
d’extension et leur importance numérique sont bien différentes :
Le g. Polygonum est d’extension mondiale et compte plus de 150
espèces, tandis que le g. Fagopyrum n’en compte que 5 à 6 toutes
originaires de l’Asie boréale. Des espèces comme F. esculentum et
F. tataricum, doivent seulement à leur usage alimentaire d’être
répandues par la culture dans les diverses régions tempérées d’hémis-
phère Nord.
Une plante récoltée par nous dans les montagnes du Cameroun
semble devoir prendre place dans ce genre, malgré quelques res-
trictions d’ordre morphologique.
Fagopyrum ciiiatum Jacq.-Fel. nov. sp.
glabrum, rhizomate perenni ; joliis auriculatis ; racemis paucifloris ,
elongatis ; glandulis disci nullis ; achaeni angulis, acutis in alam ciliatis
productis, faciebus ovato-oblongis.
Herbe glabre, vivace par la souche, ligneuse à la base, rameaux grêles,,
décombants puis dressés. Feuilles membraneuses ; celles de la base lon-
guement pétiolées, les supérieures plus brièvement ; à pétiole grêle, fili-
forme ; à limbe auriculé, longuement triangulaire-aigu, à auricules obtuses,
à nervure médiane, plus visible que les 4 à 6 nervures latérales rapidement
évanescentes. Inflorescence en grappe de fascicules distants et peu fleuris.
Fleurs à pédicelle grêle, articulé vers la moitié, à périanthe de 5 lobes sub-
égaux ; obtus, hyalins sur les marges ; étamines en deux séries : 5 alternant
avec les lobes, 3 plus internes ; à fdet grêle se rattachant largement au
périanthe mais sans disque nectarifère, à anthères versatiles avec un con-
nectif transversal ; ovaire trigone à angles verruqueux, à 3 styles et à
3 stigmates obtus. Fruit jaune brun, 3 ailé, les ailes bordées d’une double
rangée de longues soies rouge foncé, barbelées à leur sommet, périanthe
persistant, chute de l’akène au niveau de l’articulation du pédicelle,
embryon à cotylédons tordus, albumen farineux.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
— 410 —
Dimensions en cm. : limbe, jusqu’à 17 X 6 ; pétiole, jusqu’à 13 ; ochrea
0,5 ; fleur avec pédicelle 0,7 ; étamine 0,2 ; ovaire 0,25 ; fruit (sans le
pédicelle) 0,8 X 0,4 ; soies 0,2.
Cameroun : Mont Bambuto à partir de 2.200 m. d’altitude
(Jacques-Félix n° 2692). S’enracine aux nœuds.
On voit par notre description que cette plante s’écarte par deux
caractères de la diagnose du genre : 1° la présence de soies sur le
Fagopyrum ciliatum Jac.-Fel.
1, aspect général ; 2, périanthe et étamines ; 3, ovaire et coupe longitudinale ;
4, fruit ; 5, graine en coupe longitudinale ; 6, id. en coupe transversale ; 7, em-
bryon avec cotylédons étalés.
fruit, caractère positif facile à ajouter (F. tataricum a les angles du
fruit sinué-denté) ; 2° l’absence de glandes nectarifères interstami-
nales, caractère négatif beaucoup plus gênant. Toutefois, la large
attache des étamines sur le périanthe et l’ensemble des autres
caractères nous déterminent à faire de cette plante un Fagopyrum,
quitte à élargir quelque peu le cadre du genre.
Une autre difficulté, conséquence logique de la position systéma-
tique que nous assignons à cette plante, est qu’il faut l’admettre
411 —
immigrée et originaire du centre de dispersion du genre. Car il est
bien certain que si nous pensions, tant toit peu, à son évolution sur
place à partir d’une forme ancestrale de Polygonacée, sans plus de
parenté avec les Fagopyra asiatiques, nous en aurions fait, pour
les raisons indiquées plus haut, un genre distinct, ou nous l’aurions,
peut être et plus simplement, rapportée au vaste genre Polygonum.
Cette plante présente d’ailleurs des particularités propes à lui
assurer une certaine diffusion. La graine nourricière est certainement
recherchée par les oiseaux ; il se peut qu’accidentellement des
akènes entiers soient avalés et rejetés intacts sans avoir perdu leur
faculté germinative. Mais le second moyen est infiniment plus
probable et plus à même d’assurer de longs parcours ; les akènes
peuvent adhérer fortement au pelage et au plumage des mammi-
fères et oiseaux et être ainsi véhiculés.
Ces modalités classiques de transport admises, deux hypothèses
restent en présence : a) Le transport s’est effectué d’un coup d’aile
par des oiseaux migrateurs à une époque contemporaine. On devrait
alors trouver en Asie le F agopyrum duquel le nôtre est issu ; or il
n’en est rien, b) L’extension s’est faite de proche en proche aux
époques d’émigration de la flore holarctique vers le Sud. Les exem-
ples de cette invasion ne sont pas rares sur les montagnes mêmes
où nous avons récolté notre Fagopyrum ; et si nous ne nous con-
tentons pas de cette explication c’est que les éléments holarctiques
des montagnes de l’Ouest africain sont plutôt européens qu’asia-
tiques, que le chemin parcouru par notre plante serait nettement
N.-E.-S.-W. et surtout qu’il n’y a aucune trace, aucun jalon sur le
trajet.
Certes il n’y a pas loin des plateaux de l’Iran aux chaînes arabique
et abyssine qui ont été la principale chaussée de fuite de la Faune et
de la Flore quaternaires échappant aux glaciations. Et nous pen-
sons que c’est bien à cette époque et par cette voie que F. ciliatum
est venu en Afrique. Favorisé par de notables transports passifs il
a pu se trouver d’emblée sur les grandes routes d’invasion qui ont
irradié sur tous les plateaux africains de moyenne altitude, et
atteindre ainsi les montagnes de l’Ouest africain.
Cette espèce est-elle réellement absente du centre de dispersion
du genre ? C’est probable. De tels fait sont déjà connus par quelques
exemples et combien ne le seront jamais pour n’avoir laissé aucune
trace.
Laboratoire d’Agronomie Coloniale du Muséum.
Une Algue méconnue ■.
Sphaeroplea Soleirolii (DuBY) montagne
Par Pierre Bourrelly et Jean Feldmann.
Pendant longtemps, la détermination des espèces du genre Sphae-
roplea est restée difficile, la plupart de celles créées par les anciens
auteurs ne se distinguent pas toujours facilement, d’après leurs
diagnoses, du Sphaeroplea annulina (Roth) C. Ag., espèce type du
genre, auquel on a souvent rattaché les autres espèces décrites à
titre de formes ou de variétés.
Les recherches de F. E. Fritsch 1 ont montré que certains carac-
tères négligés jusqu’alors, tels que la forme des plastes et l’ornemen-
tation des oospores, permettaient de distinguer plusieurs espèces de
Sphaeroplea nettement caractérisées. C’est ainsi que Fritsch
décrivit quatre espèces nouvelles : Sp. africana Fritsch, S. cambrina
Fritsch, S. tenuis Fritsch et S. Wilmani Fritsch et Rich. Plus récem
ment, Mm-e L. Gauthier-Lièvre 2 fit connaître une autre espèce
nouvelle c S. tricarinata assez répandue dans les points d’eau du
Sahara cental et qui se rapproche du S. africana Fritsch.
Ayant eu l’occasion d’effectuer une révision des divers échan-
tillons de Sphaeroplea contenus dans les collections du Muséum,
nous y avons trouvé des échantillons authentiques de Sphaeroplea
Soleirolii (Duby) Montagne, espèce jusqu’ici méconnue que Hee-
ring dans, la Süsswasserflora, considère comme peut-être identique
au S. Braunii Kützing qui lui-même est placé par Fritsch parmi
les synonymes du S. annulina (Roth) C. Ag.
L’examen de ces échantillons de S. Soleirolii nous a permis de
constater que cette Algue différait nettement du S. annulina mais
que, par contre, elle était en tous points identique à celle décrite
par Fritsch sous le nom de S. cambrica.
Le Sphareoplea Soleirolii a été tout d’abord décrit par Duby
(Botanicon gallicum, II, 1830, p. 985) sous le nom de Sphaerople-
thia Soleirolii nov. gen., nov. sp. d’après des échantillons récoltés en
Corse près de Calvi par Soleirol.
Kützing, dans son Species Algarum (1849), la cite sous le nom de
1. Fritsch (F. E.). The genus Sphaeroplea [Ann. of Bol., vol. 43, 1929).
2. Gauthier-Lièvre (L.). Algues des eaux continentales africaines. I. Algues du
Sahara septentrional et central. Bull. Soc. d’Hisl. nat. Afrique Nord, t. 32, p. 79-152,
1941.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
- 413 —
WÊÊÈÊÊ
Fig. 1 à 11. — Sphaeroplea Soleirolu X 730.
Fig. 1 : Filament avec oospores ; Fig. 2, 3, 4 : Vues différentes de la même oospore
(a, ride méridienne principale) ; Fig. 5, 6 : Les 2 pôles d’une même oospore ;
Fig. 7 à 11 : Vues polaires de différentes oospores.
P. Bourrelly del.
Sphareoplea Soleirolii (Duby) Montaigc. Il la figure dans les Tabulae
Phycologicae (1853), tome 3, pl. 31, fig. 3. Ce dessin, petit et impar-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
414 —
fait, permet toutefois de reconnaître les côtes méridiennes caracté-
ristiques des oospores de cette plante (détail non signalé dans la
brève diagnose originale de Duby). L’herbier Montagne renferme
l’Algue originale de Duby sous le nom de Sphaeroplethia Soleirolii
Duby avec la mention « Calvi, ad littus médit, in aquis stagnant.
Soleirol n° 122 ».
Dans l’herbier Thuret, nous retrouvons deux échantillons origi-
naux de Duby, l’un venant de l’herbier Bory de Saint-Vincent,
avec l’indication « Soleirol, Corse, n° 122, dans le fond d’un marais
salé », l’autre étiqueté : « Algae corsicae, Soleirol, n° 122, Sphaero-
plethia Soleirolii Duby, Calvi, bord de la mer, dans une mare dessé-
chée ».
Ces trois échantillons, provenant d’une même récolte, renferment
uniquement Sp. Soleirolii, mêlée à de très rares filaments de Sphaeo-
plea annulina.
Les figures que nous donnons ont été exécutées d’après l’échan-
tillon de l’herbier Montagne. Les filaments fructifiés (il n’y a d’ail-
leurs pas de filaments stériles dans ces échantillons) mesurant de
60 à 73 p. de diamètre. Les oospores ont en moyennes : 40 p. de lon-
gueur sur 35 p. de diamètre, avec une grande marge de variation :
dans le même filament : de 28 p. X 32 pi à 58 p. X 60 p~
La description donnée? par Fritsch (1929) pour son Sph. cambrica
nov. sp. s’applique parfaitement à l’espèce de Soleirol si longtemps
méconnue. D’ordinaire les oospores portent des rides, assez larges, en
expansion presque aliforme, et disposées en méridien sur la cellule
ellipsoïdale. Le plus souvent deux de ces rides se rencontrent aux
pôles, les autres s’arrêtent auparavant. Mais là encore, comme le
signale Fritsch, une grande variation est observable ; souvent
naissent des rides supplémentaires, souvent aussi deux rides voisines
se rejoignent avant l’apex, parfois, mais plus rarement trois ou
même quatre rides se touchent aux pôles. Enfin, sur la même cellule,
les deux pôles ne sont pas toujours identiques (voir figures).
Cette courte description et surtout les figures jointes montrent
bien que Sph. Soleirolii et Sph. Cambrica sont bien la même espèce.
De ce fait, le binôme Sph. Cambrica plus récent (1929) doit dispa-
raître et Sph. Soleirolii (1829) prendre sa place.
Cette Algue n’est pas rare dans les herbiers consultés où elle figure
sous des noms divers. Souvent elle est mêlée avec Sp. annulina et
semble avoir des besoins écologiques analogues. Ainsi l’échantillon
n° 1410 des Algae exisccatae de Wittrock, Nordstedt, Lagerheim
venant de Juigné-sur-Loire, fossé tourbeux (leg. F. Hy, 11 4-1892)
est Sph. annulina, par contre celui de l’herbier Thuret, de la même
station sept. 1888 est formé de Sph. Soleirolii. On trouve encore
cette dernière en Amérique : à Tulare, Californie (Phycitheca
Boreali Americana, n° 317 B, petit marais en voie de dessication)
415
sous le nom Sph. annulina en mélange avec cette dernière.
A San Bernardino, Californie, leg. Farlow 1878, sous le nom
S. Annulina , mélangée à celle-ci.
En Allemagne : à Fribourg-en-Br. (Babenhorst, die Algen
Sachsens n° 455, sous le nom Sph. Braunii, petite mare) ;
— à Breslau (Rabenhorst, 1. c., n° 409, sous le nom Sp. annulina
fructifera, champ de pommes de terre inondé) ;
— à Nikolai, près Breslau (Rabenhorst Algfen Europa’s n° 2060,
sous le nom Sph. annulina).
Au Maroc, à Tanger (Algae Schousboeanae n° 45 : Sph. Rothi
Schoust.
En France : Juigné-sur-Loire (Herbier Thuret) ;
— Juvisy (leg. Cornu 1871, sous le nom Sph. annulina , fossé) ;
— en Sologne (leg. Cornu 1871).
A ces stations il faut ajouter l’Angleterre (Morfa Bychan S. Car-
navonshire in Fritsch 1929? 1 et pour la France Carteret (Manche)
(in Deflandre) 1.
1. Deflandre (G.). Sur deux Clilorophycées nouvelles pour la flore française . ( Rev
Algol, vol. V, 1931).
416 —
Au sujet des Études paléontologiques
et de l’Organisation méthodique de la Documentation
EN GÉNÉRAL
Par J. Roger.
Une sensationnelle découverte, des changements de méthodes ou
l’application plus généralisée de certaines techniques, assurent à
une science un regain d’activité et un nouvel essor.
La Paléontologie semble être à une de ces époques de renouveau.
I. — L’ historique sommaire de cette science nous le montrera.
Jusqu’au xvne siècle et début du xvme les fossiles ne sont que
de simples objets de curiosité, donnant naissance aux fables les plus
étonnantes ; fables qui malgré tout prouvent un souci de recherche
explicative. Ensuite l’interprétation exacte des fossiles étant connue
et admise on collectionne ces « médailles de la création », on les décrit
et on les nomme. C’est la période des « cabinets d’histoire naturelle ».
A ce stade à peu près purement descriptif succède la période réelle-
ment scientifique. Les successions de fossiles sont accrochées à la
notion de temps géologique et en outre les faits isolés s’incorporent
dans les cadres généraux de la classification des êtres vivants
actuels. C’est l’anatomie comparée dans un sens élargi, c’est aussi
la Paléontologie philosophique apparaissant comme source essen-
tielle de preuves directes et de documentation pour les grandes
théories évolutives.
En somme depuis longtemps, au moins un siècle, la Paléontologie
est devenue une science, elle a largement dépassé le stade de la
simple réunion de pièces curieuses. Il n’est pas inutile de le rappeler.
Depuis quelques décades la science paléontologique subit une
évolution dont les caractéristiques essentielles sont plus ou moins
liées entre elles. Cette évolution risque d’être fondamentale dans ses
conséquences. Les traits marquants en sont les suivants :
1° Dans le domaine pratique la Paléontologie se lie de plus en
plus à la Géologie stratigraphique. Si cela la vivifie par l’apport de
matériaux et la sollicitation de travaux, d’un autre côté elle tend à
demeurer sous tutelle par suite de cette dépendance.
2° L’observation du fait isolé n’apparaît plus comme suffisante.
Cette remarque s’applique d’ailleurs à divers domaines. L’introduc-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
— 417 —
tion des notions de statistiques et des méthodes quantitatives en
pétrographie, en écologie, dans l’étude des espèces, etc., en sont la
preuve.
3° La précision et la finesse des observations deviennent de plus
en plus grandes. Précision dans la situation géographique des
récoltes, dans la position des fossiles dans la roche, dans leur répar-
tition, etc. Finesse d’observation permettant une étude morpholo-
gique de plus en plus complète, égalant souvent celle qu’on pourrait
faire sur des êtres vivants. Il suffirait de citer comme preuve les
travaux effectués sur les Poissons du Paléozoïque, mais il est possible
d’obtenir des résultats identiques sur les Invertébrés (voir par
exemple les études actuelles sur les Graptolithes).
4° La caractéristique essentielle de l’étape moderne d’évolution
de la Paléontologie est certainement l’introduction de l’idée de vie
dans ce domaine. On s’est d’abord avisé que les restes squelettiques
incomplets que nous livrent les strates étaient des parties d’orga-
nismes avec parties molles, dont on doit chercher à reconstituer
l’aspect. De là on passe facilement à la notion de fonction, de relations
avec le milieu, et d’association biologiques. Il me semble que cette
caractéristique est celle qui a provoqué toutes les autres. C’est pour
arriver à des conclusions d’ordre biologique qu’il faut à la fois ras-
sembler des observations multiples, précises, très exactes et fines et
avoir sur la stratigraphie et la paléogéographie des renseignements
très complets.
En résumé les quatre étapes du développement de la Paléontologie
peuvent être qualifiées respectivement de : période fabuleuse,
période descriptive, période rationnelle ou morphologique, et
période biologique pour la dernière. Devenue discipline biologique
historique, l’ancienne Paléontologie tend à s’appeler maintenant
Paléécologie ou mieux Paléobiologie. Sous ce nom nouveau nous
devons comprendre un effort de synthèse de tous les travaux anté-
rieurs et une vue élargie sur la vie des temps passés. En contre-
partie ce changement rique d’avoir des répercussions sur les con-
ceptions évolutives. En effet les considérations actuelles sur les
arbres phylogéniques sont à peu près toujours basées uniquement
sur la morphologie ; les déplacements de faunes sont généralement
établis sans tenir compte de leur possibilité réelle. La paléobiologie
demandera sur toutes ces questions plus de prudence et surtout elle
conduira à envisager une évolution de la vie et non plus seulement
des formes.
IL — L’orientation nouvelle de la Paléontologie a dans la prav
tique des conséquences d’une importance primordiale. Schématique-
ment nous pouvons en indiquer trois :
— 418
1° Elargissement considérable de la base de documentation et
cela dans divers domaines.
a) Du côté stratigraphique. En effet, si comme but ultime la
Paléobiologie se propose l’explication rationnelle de l’évolution de la
vie et sa traduction pratique dans la classification naturelle, au
départ elle doit rester en contact avec les réalités concrètes. C’est
sur le terrain que doit commencer son travail. Il est indispensable
que le paléontologiste ait examiné longuement ses fossiles en place
dans leurs strates. De plus quand il s’agira de reconstituer le milieu
dans sont intégrité les considérations paléogéographiques auront
une importance de tout premier plan. Enfin il ne faut pas oublier
que la situation de l’étape étudiée dans l’échelle du temps doit être
fixée avec une sécurité aussi grande que possible.
b) Du côté pétrographique. Le fossile bien brossé est loin de satis-
faire maintenant l’ambition du paléontologiste. La gangue a pour lui
au moins autant d’importance car elle lui révèle, outre de multiples
microrganismes, de très nombreuses indications sur les modifications
subies par le sédiment originel ; celui-ci permettant de déduire des
indications indispensables aux reconstitutions paléogéographiques.
c) Du côté des comparaisons avec la nature actuelle l’élargisse-
ment du domaine d’information est encore plus net.
I. En dehors de la systématique des êtres vivants actuels, la
connaissance de leur répartition géographique et bionomique est
indispensable, si on veut parvenir à une vue ayant des chances de se
rapprocher de la réalité, sur une entité abstraite aussi complexe et
mouvante qu’un groupe systématique. Pour « disséquer » un fossile
il paraît paradoxal de ne pas avoir disséqué les êtres vivants du
même groupe. Peut-on concevoir une étude de l’évolution de l’appa-
reil vasculaire des fossiles sans avoir vu de nombreuses coupes chez
les Végétaux actuels à tous les stades de développement ? D’ail-
leurs quand on se livre à une telle investigation d’assez considé-
rables surprises se dévoilent.
Peut-on imaginer des recherches sur la vie des êtres disparus sans
connaître la physiologie, l’éthologie et l’écologie des actuels ?
IL Comment arriver à une vision un peu fondée du milieu sans
connaissance suffisante de l’océanographie actuelle et de la sédimen-
tation ?
III. Comment discuter des causes de l’évolution, de ses processus
et de ses voies sans documentation sur les travaux effectués sur les
êtres actuels, sur les recherches relatives à la physiologie, etc.
IV. L’utilisation des méthodes statistiques constitue aussi un
nouveau champ de documentation pour le paléontologiste.
419 —
2° Des moyens techniques suffisants deviennent nécessaires pour
réaliser à la fois rapidité, précision et multiplication des observations.
On se plaint des « lacunes » de la paléontologie.- Citons à titre d’exem-
ple tel Arthropode du Dévonien qui n’était connu que par un
mauvais exemplaire et dont l’étude aux rayons X a pu faire appa-
raître une dizaine de spécimens en parfait état. Combien de docu-
ments fossiles sont perdus pour la science faute d’avoir été conve-
nablement étiquetés ou parce qu’ils ont été mal préparés ! Il serait
facile de multiplier ces exemples.
3° La détermination des fossiles apparaît donc comme un travail
d’utilité pratique pour la stratigraphie et comme une étape préli-
minaire fondamentale des travaux paléobiologiques. Elle doit donc
être effectuée rapidement avec toutes les garanties de sécurité. -N
La nouvelle Paléontologie demande en somme une organisation
méthodique. Il faut rassembler les documents de tous ordres, biblio-
graphiques et matériaux de comparaison. En outre le travail en
équipe devient une nécessité. L’effort de documentation accompli
par chacun ne doit pas être perdu, les successeurs devront pouvoir en
profiter.
III. — Plan idéal de cette organisation. C’est en considération de
toutes ces difficultés que fut entreprise l’organisation d’un Centre
d’études et de documentation paléontologiques au Laboratoire de
Paléontologie du Muséum. 1 Cette expérience de quelques mois a
donné deux résultats essentiels :
1° L’urgence de sa réalisation apparaît nettement. D’abord une
comparaison entre les recherches paléontologiques françaises et les
productions de divers autres pays accuse un réel retard à notre
désavantage. De plus un inventaire complet et sans cesse tenu à
jour des données scientifiques peut seul nous protéger contre un
ensevelissement sous les faits accumulés dans tous les domaines.
A titre d’exemples signalons :
a) Les termes classiques se stratigraphie ne sont plus guère
utilisés, même en Europe ; des dénominations nouvelles très nom-
breuses les remplacent et la lecture de certains articles géologiques
devient très laborieuse. Le fichier, bien loin d’être complet, des
termes stratigraphiques, que nous sommes en train de réaliser,
s’élève déjà à 2.000 unités.
h) les noms de genres, dans le règne animal seul, paraissent à
un rythme tel que, rien que pour la période de 1940-46, nous avons
pu, dans les périodiques dépouillés par nous, en ficher environ
1. L’aide matérielle fournie par le C. N. R. S. et quelques autres organisations, ainsi
que des encouragements moraux ont permis à la jeune équipe qui collabore avec moi
de conduire cette expérience en même temps que des travaux personnels dé recherche.
— 420 —
4.000. On peut estimer à plus de 10.000 le nombre réel pour cette
période de 5 à 6 ans, soit près de 2.000 par an.
c) les Insectes nous ont donné pour la même période environ
8.000 espèces nouvelles.
d) la Géologie des Etats-Unis s’inscrit dans nos fichiers pour quel-
que 2.000 références.
Il est inutile de multiplier ces chiffres.
N’oublions pas qu’à chaque espèce nouvèlle correspond un type,
seul élément de base valable pour une révision sérieuse du groupe
correspondant. Avec le retard déjà énorme dans le repérage des
types anciens on mesure le danger qu’il peut y avoir à ne pas tenir
un inventaire précis et complet des nouveaux.
2° L’organisation méthodique d’une documentation n’est pas une
tâche matériellement impossible par son ampleur. Même étendue à
l’ensemble des sciences de la Terre, à la Zoologie, à la Botanique, à
l’écologie et à l’océanographie, elle a pu être réalisée dans des condi-
tions suffisantes pendant ces 8 derniers mois au Laboratoire de
Paléontologie, avec un personnel passablement réduit, non adapté
et continuant parallèlement des travaux de recherche personnels.
Quel serait le plan idéal de cette organisation ?
Un service central de documentation, couvrant le domaine pré-
cédemment indiqué, réuni à un Laboratoire d’études paléontolo-
giques, devrait être créé. Ce rattachement me semble justifié par
le fait que la Paléontologie sous sa forme moderne fait précisément
appel à l’ensemble le plus vaste de documentation et le personnel
du Laboratoire se. trouverait apte à diriger les travaux de dépouille-
ment et de classement. En outre la proximité des deux organismes
mettrait à la disposition des usagers du Centre à la fois les renseigne-
ments bibliographiques et les matériaux de comparaison.
Un tel service paraît être essentiellement du domaine du Muséum.
Il peut se concevoir comme dédoublement de la Chaire actuelle de
Paléontologie en Vertébrés et Invertébrés, qui donneraient un
Laboratoire de Paléobiologie associé au centre de documentation.
Sans entrer dans les détails pratiques du projet il est cependant
possible de tracer les grandes lignes de son organisation.
En dehors du personnel technique et de secrétariat, il conviendrait
de prévoir un nombre de chercheurs suffisant (10 par exemple)
capables de diriger les 15 sections du Centre : Micropaléontologie,
Coelentérés, Spongiaires, Echinodermes, Vers, Brachiopodes, Bryo-
zoaires, Céphalopodes, Lamellibranches, Gastropodes et autres
Mollusques, Crustacés, Insectes et autres Arthropodes, Vertébrés,
Paléobotanique, Paléobiologie. Chaque travailleur se trouverait
amené à élargir quelque peu sa spécialité pour pouvoir surveiller
une ou deux sections.
— 421
/
Dans chaque section il se trouverait :
a) pour la documentation :
I. Fichier bibliographique méthodique et collection de micro-
films.
II. Fichier illustré pour toutes les figurations, avec diagnoses des
espèces ou résumés des descriptions.
III. Fichier des spécimens types et figurés contenus dans les
différentes collections de France et même de l’étranger.
IV. Fichier général des espèces dans l’ordre alphabétique.
V. Fichier alphabétique des genres.
VI. Fichier systématique des espèces et autres groupes.
VII. Fichier des faunes par niveaux.
VIII. Fichier des renseignements écologiques et biogéogra-
phiques.
b) pour le matériel : constitution de séries de comparaison conte-
nant notamment les exemplaires types et figurés ou leurs moulages,
des topotypes, etc.
La documentation générale comprendrait des fichiers sur la : Miné-
ralogie — la Pétrographie — la Stratigraphie - — - la Géophysique —
la Tectonique — les régions géographiques — la Biologie au sens
large.
Sont également en préparation :
l’inventaire des collection essentielles avec leur contenu, les
fichiers des spécialistes des divers groupes de la classification, des
genres pour l’ensemble des Animaux et des Végétaux, des termes
techniques en plusieurs langues, des termes stratigraphiques, des
spécimens types pour l’ensemble du règne animal d’une part et du
règne végétal de l’autre. Il conviendrait encore de prévoir une Com-
mission de nomenclature, la publication d’un périodique et l’orga-
nisation de stages d’études dans les laboratoires maritimes et dans
les stations aquicoles.
Projet trop vaste et trop ambitieux me dira-t-on. Cependant sa
réalisation est sérieusement commencée, les éléments pour sa mise
en route définitive sont réunis. Tel qu’il est le Centre de documenta-
tion paléontologique a déjà pu rendre des services à divers organismes
et à des travailleurs de province.
En attendant que les circonstances autorisent son organisation
définitive et complète il suffirait que, dans le cadre du Laboratoire
de Paléontologie du Muséum, il puisse continuer à vivre, à se déve-
lopper progressivement et à préparer ainsi son avenir. Sa gestion
pourait être assuré.e par un Comité de patronage de 5 ou 6 géologues
et biologistes. Ainsi un Centre d’études et de documentation paléon-
tologiques pourrait fournir immédiatement le personnel entraîné,
le matériel et les documents de toute nature à un futur Laboratoire
de Paléobiologie et service général de documentation.
Laboratoire de Paléontologie du. Muséum.
— 423 —
Existence de Zoothylacies chez des Clypéastres
(. Echinodermes ) de L’Helvétien du Proche-Orient
Par J. Margara.
Nous avons pu observer deux galles sur deux Clypeaster campanu-
latus Schlotheim récoltés par M. L. Dubertret dans les calcaires
helvétiens de la région d’Antioche (Turquie).
I. Description. — La première de ces galles se présente sous
l’aspect d’une excroissance de 5 mm. de hauteur et de 8 mm. de
diamètre, située dans la région marginale de la face supérieure de
l’oursin. Elle pénètre dans le test très épais du Clypéastre jusqu’à
une profondeur de 7 mm. Une coupe verticale (fig. 1) nous a montré
qu’elle ne communiquait ni avec l’extérieur ni avec la cavité générale.
La surface de la zoothylacie est mamelonnée, et sa paroi est assez
épaisse (1,5 mm.). L’intérieur, constitué par un remplissage de
même couleur que celui de l’intérieur du test, était sans doute creux
chez l’animal vivant.
Chez le second individu, nous n’avons pu observer la forme exté-
rieure de la galle (fig. 2), car elle avait été visiblement usée par
l’érosion. Des coupes horizontales et verticales font apparaître des
cercles concentriques plus ou moins continus. Cette zoothylacie
présente donc une structure en sphères concentriques. La sphère la
plus externe a des parois plus épaisses que les autres, l’ensemble
ayant 6 mm. de diamètre. Les dimensions sont donc plus petites que
celles de la première galle. Le test de l’oursin présentait d’autres
cavités de mêmes dimensions qui avaient certainement été occupées
par des galles. Ces deux galles sont sans aucun doute l’œuvre de
parasites dont on peut essayer de rechercher la nature.
IL Description succincte des galles connues chez les
Echinodermes. — Les parasites d’Echinodermes susceptibles de
déterminer des galles se répartissent en quatre groupes ; ce sont :
A. Des Gastéropodes ou des Amphineures . — La plupart des Gasté-
ropodes prédateurs provoquent des déformations du test mais ne for-
ment pas de galles. Les Mucronalia cependant, peuvent transformer
en galles les radioles de divers Cidaridés tels que Tylocidaris çexilli-
fera Schlüter (15). Caullery cite le Ctenoscumum hawaiense qui
forme des galles sur les bras des Brisinga (4). J. Mercier, en 1930, a
attribué à l’action de Gastéropodes voisins des Stylifer, ou à des
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
v
424
Néoméniens (Aplacophores) des dilatations observées sur des tiges
de Millericrinus du Toarcien de May (13). Ces dilatations sont très
différentes des galles ici décrites.
Fig. 1. — Coupe verticale de la galle 1. p = paroi de la galle ; s — surlace extérieure
mamelonnée ; t = test de l’oursin.
Fig. 2. — Coupe horizontale de la galle 2. p — cloison externe ; e = écailles
concentriques internes.
B. Des Annélides Myzostomides. — Ce sont typiquement des
parasites de Crinoides. Des galles produites par des Myzostomides
sur des bras de Crinoides actuels ont été décrits depuis longtemps.
Von Graff (7) cite le Myzostoma tenuispinum parasite de Y Antedon
— 425
inaequalis Carpenter, et le Myzostoma pentacrini parasite de
Pentacrinus alternicirrus Carpenter.
Des galles fossiles assez semblables aux précédentes ont été
observées par Von Graff sur des articles de la tige de Millericrinus
du Rauracien du Jura (8). Yakowlev a également décrit des galles
semblables sur Comyocrinus simplex du calcaire carbonifère de
Russie (19).
Toutes ces galles communiquent avec la cavité coelomique du
Crinoide et leur surface est limitée par de petites plaquettes.
C. Des crabes provoquent également des galles ou simplement
des déformations du test des oursins. Fabia chilensis vit en commensal
dans le rectum de Strongylocentrotus gibbosus du Chili et provoque
une déformation de l’appareil apical. Eumedon convictor, commensal
de Y Echinothrix turcarum des îles Gambier vit dans une invagination
du revêtement tégumentaire du crabe, sans communication avec le
coelome. Mais il ne provoque pas de protubérance externe bien
marquée, et communique avec l’extérieur par un orifice de 8 à 9 mm.
(voir (2) p. 629-31). Les galles que nous décrivons dans cette note ne
possèdent pas d’orifices apparents. Mais chez des Madréporaires il
existe des galles comme celles produites par les crabes Hapalocarcinus
et Cryptochirus qui présentent de petits orifices alignés servant à la
circulation de l’eau (17).
D. Parmi les Cirripèdes As cothoraciques, tous parasites, citons
Dendrogaster entoparasite d’Echinoderme (voir (11)). Mais dans le
cas étudié nous avons affaire à un ectoparasite.
E. Des Copépodes. — J. Bonnier a décrit (voir (1), pl. 10), sur
l’Echinothuride actuel Phormosoma petersii des galles circulaires de
7 à 11 mm. de diamètre, ne communiquant pas avec le coelome, mais
communiquant avec l’extérieur par un orifice de 1 mm. 5 à 2 mm. de
diamètre. L’épaisseur de la paroi, plus forte que celle du test, est de
1 mm. 5 à 3 mm. Cette galle forme une forte protubérance du côté
interne du test, et fait un peu saillie vers l’extérieur. Elle est provo-
quée par un Copépode, le Pionodesmotes phormosomae. Par analogie
avec ces galles, J. Mercier, en 1936 (14), rapporte à un Copépode
qu’il nomme Castexia douvillei des zoothylacies observées sur deux
Collyrites dorsalis Agassiz du Callovien de Marolles (Sarthe) et de
Courgeou (Orne). Ces galles, de 4 à 5 mm. de diamètre, font saillie
vers l’extérieur et vers l’intérieur du test. Elles possèdent une paroi
plus épaisse que le test de l’oursin et communiquent avec l’extérieur
par 5 ou 11 orifices disposés en cercles.
Citons encore Y Echinocheres globulosus qui forme des galles sur les
piquants de l’Echinothuridê Asthenosoma gracile (voir (9), p. 437,
pl. 15). Mortensen et Stephensen ont décrit (16) sur l’Ophiure
Astrocharis gracile une galle produite par un Copépode, Y Arthrochor-
— 426 —
deumium appendiculosum. Cette galle, limitée extérieurement par
de petites plaquettes ajustées, communique avec l’extérieur et avec
le coelome. Par analogie Mlle A. Tétry (18) attribue à l’action d’un
Copépode des galles hémisphériques et creuses observées sur des
articles de la tige de Pentacrinus basaltiformis Miller du Charmou-
thien de Lorraine. Ces excroissances communiquent avec l’extérieur
par 1 ou 2 orifices et avec le coelome.
III. Interprétation. — Il semble que ce soit plutôt à un Copé-
pode voisin du Pionodesmotes qu’il faille attribuer la première galle
décrite. Il y a beaucoup d’analogies entre ces deux zoothylacies. Les
différences sont les suivantes : la galle que nous décrivons ne fait
pas saillie vers l’intérieur, mais ceci s’explique par la nature même
du test des Clypéastres qui est extrêmement épais. La surface
externe est mamelonnée, mais ne présente pas d’orifices apparents.
Il est possible que l’orifice se soit fermé secondairement, comme
chez l’Actinie Anemonia sulcata Pennant parasitée par Staurosoma
parasiticum Will ((5) p. 629). Les galles creusées dans la paroi con-
jonctivo-musculaire sont complètement closes. Il est évident néan-
moins que cette interprétation est hypothétique. La seconde galle,
peut-être due elle aussi à un Copépode parasite, est plus énigmatique
encore. A notre connaissance, des zoothylacies possédant une struc-
ture semblable en sphères concntriques n’ont jamais été décrites.
Nous tirerons de cette étude deux conclusions :
1° Les galles fossiles, considérées comme des curiosités sont sans
doute plus fréquentes qu’on ne le croit généralement.
2° Il semble que les galles fossiles n’aient pas la même structure
que les zoothylacies actuelles. Cette constation ne doit pas nous
surprendre : les espèces (hôtes et parasites) ont évolué. Il n’est pas
étonnant que les réactions de l’hôte aient varié également.
BIBLIOGRAPHIE
1- 1898. — Bonnier (J.). Note sur les Pionodesmotes phormosomae, Copé-
pode parasite du Phormosoma uranus. In Kœhler-Echinides et Ophiures
des campagnes du yatch Y Hirondelle. ( Résultats campagnes scient.
Monaco, 12).
2- 1905. — Bouvier (E. L.), Seurat. Eumedon convictor, crabe commen-
sal d’un oursin. C. R. Acad. Sci. Paris ; 140, p. 629-31.
3- 1884. — Carpenter (P.-H.). Report on tlie scientific resuit of the voyage of
H. M. S. Challenger during the years 1873-6. Zoologie. Crinoides. 11.
4- 1922. — - Caullery (M.). Le parasitisme et la symbiose. ( Enc . Scient.
Doin, Paris).
5- 1902. — Caullery (M.), Mesnil (F.). Sur Staurosoma parasiticum Will,
Copépode gallicole, parasite d’une actinie. C. R. Soc. Biologie. 54, p. 629.
— 427 —
6- 1877. -—Graff (von L.). Das Genus Myzostoma. Leipzig.
7- 1884. — Graff (von L.). Report on the scientific resuit of the voyage of
H. M. S. Challenger during the years 1873-6. Zoology. Myzostoma.
10. 80 p., 16 pl. h. t.
8- 1885. — Graff (von L.). Ueber einige Deformitàten an fossilen Crinoi-
den. Paleontographica. 31, p. 183.
9- 1902. — Hansen (H. J.). Echinocheres globulosus n. g. n. sp. a Copepod
parasitic in the spines of an Echinothurid. Vid. Medd. Nat. Foren~
Kobenhavn., p. 437.
10- 1924. - — Koehler. Anomalies, irrégularités et déformations du test
chez les Echinidés.Arcn. Inst. Oceanogr. 1, 477 p., 32 pl. h. t.
11- 1907. — Le Roi (Otto). Dendrogaster arborescens und Dendrogaster
ludwigi, zwei entoparasitische Ascothoraciden. Zeitschr. Wiss. Zool.
86, p. 100-33.
12- 1932. - — Mercier (J.). Etudes sur les Echinides du Bathonien de la
bordure occidentale du bassin de Paris. Mem. Soc. Linn. Normandie „
N. S., 273 p., 13 fig., 11 pl. h. t.
13- 1930. — Mercier (J.), Note sur des Crinoides parasités de la couche à
Leptaena (Toarcien) de May-sur-Orne. Bull. Soc. linn. Normandie _
8e sér., 3, p. 12-5, 1 fig.
14- 1936. — Mercier (J.). Zoothylacies d’Echinides fossiles. Bull. Soc-
geol. France. 5e sér., 6, p. 149-54.
15- 1935. - — - Mortensen (Th.). A Monograph. of the Echinoidea. I.
16- 1918. - — • Mortensen (Th.), Stephensen (K.). On a gall-producing'
parasitie Copepod infesting an Ophiurid. Vidensk. Medd. fra Danske
Naturhist. Foren. 69, p. 263.
17- 1915. — Potts (F. A.). Hapalocarcinus, the gall-forming crab, with
some notes on the related genus Cryptochirus. Carnegie Institution of
Washington. 8, p. 35-69. 19 fig., 3 pl. h. t.
18- 1936. — Tétry (A.). Déformation parasitaire sur la tige d’un Penta-
crinus. Arch. Zool. exp. 78, p. 8-12. 1 fig.
19- 1922. — Yakowlev (N. N.). Ueber den Parasitismus der Würmer
Myzostomidy.e auf den palâozoischen Crinoiden. Zool. Anz. 54, p. 287-
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
428 —
Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la
Collection du Laboratoire de Paléontologie du Muséum
National dLJistoire Naturelle, iv, Bryozoaires chef
LOSTOMES DE L’ÊOCÈNE DU BASSIN DE PARIS FIGURÉS PAR
F. CANU (1907-1910) L
Par E. Buge.
Les Cheilostomes forment la plus grande partie des Bryozoaires de
l’Eocène parisien (68 %). Cette proportion, supérieure à celle du Crétacé,
mais inférieure à celle des niveaux supérieurs, marque la décadence des
Cyclostomes depuis le Jurassique et le Crétacé. La répartition numérique
des Bryozoaires dans les différents étages de l’Eocène est conditionnée
par la valeur des différents faciès qu’on y rencontre. Le Lutétien, très
favorable à leur développement, possède à lui seul 92 % de la faune totale.
Cette proportion diminue considérablement pour les autres niveaux :
Bartonien 7 %, Yprésien 3 %. Une seule espèce a été décrite du Sparna-
cien, tandis que le Thanétien semble en être dépourvu. 1
La faune lutétienne du Bassin de Paris a un « cachet » ancien très
marqué par rapport aux plus récentes : la famille des Schizoporellidae, si
abondamment représentée au Néogène et encore actuellement, ne repré-
sente qu’un nombre d’individus relativement restreint. Par contre les
Adeonidae pullulent tant par leur nombre d’espèces (20 % des Cheilos-
tomes) que par celui de leurs colonies. Enfin, un certain nombre de genres
qui y sont très développés ne se retrouvent plus dans les formations
néogènes d’Europe, mais ont émigré vers le Sud, dans les régions tropicales
et équatoriales.
Famille des Membraniporidés.
Acanthodesia savartii Audouin 1812. - — Figuré ; Canu 1907,
p. 6, pl. 1, fig. 1. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Colonie
en assez bon état, mais figure très retouchée.
Membranipora buski Gregory 1892 - — Figuré ; Canu 1907, p. 6,
pl. 1, fig. 14. - — Bartonien du Ruel (La Croix-Mathieu) (S.-et-O.).
— Bon état.
Membranipora combesi Canu 1907 - — Type ; Canu 1907, p. 11,
pl, 1, fig. 15. — Sparnacien de Sarron (Oise). — C’est la seule espèce
de Bryozoaires qui ait été découverte dans le Sparnacien. Elle est
représentée par deux colonies encroûtant deux Melania.
1. Ann. Paleonl. 1907-10, p. 1-101, pl. I-XI.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
429
Membranipora crassomuraîis Gregory 1892 — Figuré ; Canu
1907, p. 10, pl. 1, fig. 16. - — Lutétien d’Hérouval (S.-et-O.). — Bon
état. Dans une note manuscrite inédite Canu indique que sa
détermination est fausse : il s’agit simplement de M. elliptica
Hagenow : « Il n’y a pas d’ovicelle, les petits orifices que j’avais
pris comme tels sont de simples pores ouverts à la base de la
zoécie (peut-être vibracuîum) ». Je pense qu’il s’agit en réalité de
Crassimarginatella crassimar ginata Hincks 1880.
Membranipora elliptica Hagenow 1839 — Figuré ; Canu 1907,
p. 5, pl. 1, fig. 17. — Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise).
Colonie en très bon état.
Membranipora harme ri Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 8, pl. 1,
fig. 11-12. — • Lutétien inf. de Chaumont-en-Vexin (Oise). — Colo-
nies en très bon état, mais de très petite taille.
Membranipora laeroixi Auct. — Figuré ; Canu 1907, p. 8, pl. I,
fig. 9. — Lutétien inf. de Mont-de-Magny (Oise). — Grande colonie
en état médiocre. Cette espèce est devenue le type du genre Cono-
peum Norman.
Membranipora meunieri Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 5,
pl. I, fig. 10. — Yprésien de Cuise-Lamotte (Oise). — Immense
colonie en très bon état où il m’a été impossible de repérer la por-
tion photographiée. Espèce classée dans le genre Ramphonotus
Norman.
Membranipora subtilimargo Reuss 1864 — Figuré ; Canu 1907,
p. 11, pl. I, fig. 6. • — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Bon
état de conservation.
Membranipora tubulina Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 10,
pl. 1, fig. 7-8. — - Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). - — -
Type disparu.
Trochopora ovalis d’Orbigny 1851 - — Type ; Canu 1907, p. 21,
pl. III, fig. 12-15. — Lutétien inf. de Chaumont-en-Vexin (Oise). —
Les figures sont plus mauvaises que les échantillons qui sont très
bien conservés.
Famille des Electrinidés.
Pyripora confluens Reuss 1846 — Figuré ; Canu 1907, p. 31,
pl. V, fig. 2-4. — Lutétien inf. de Cahaignes (Eure). - — Très bon
état.
Taphrostoma spinosum Canu 1909 — Type ; Canu 1909, p. 98,
pl. XI, fig. 9-10. - — Bartonien de Ver (Oise). - — Type disparu.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
28
— 430
Famille des Hincksinidés.
Biselenaria offa Gregory 1892 — Figuré ; Canu 1907, p. 29,
pl. IY, fig. 1-3. — Bartonien inf. du Guépelle (S.-et-O.). — Les
échantillons sont très mauvais et les figures sont très reconsti-
tuées.
Famille des Synaptacellidés.
Heterocella fragilis Defrance 1824 — Figuré ; Canu 1907, p. 14,
pl. Il, fig. 4-10. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Très
mauvais état de conservation : les spécimens tombent en poussière.
Heterocella monstruosa Canu 1907 • — Type ; Canu 1907, p. 15,
pl. II, fig. 11-12. — Lutétien moyen d’Orglandes (Manche). — Très
bon état.
Heterocella polymorpha Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 17,
pl. II, fig. 13-20. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Excel-
lent état de conservation.
Heterocella subsymmetrica Canu 1907 — Type ; Canu 1907,
p. 16, pl. II, fig. 1-3. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — -
Bon état.
Famille des Hiantoporidés.
Tremopora levinseni Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 12,
pl. I, fig. 13. — Lutétien inf. de Parnes (Oise). — La colonie figurée
a été brisée ultérieurement sans que ses caractères soient par trop
altérés.
Famille des Microporidés.
Onychocella angulosa Beuss 1847 — Figuré ; Canu 1907, p. 21,
pl. III, fig. 21. — Lutétien inf. d’Hénonville (S.-et-O.). — Canu
a rapporté ultérieurement cette espèce à une variété parisiensis
d’Orb. ( Semieschara parisiensis d’Orb.) L
Onychocella concatenata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 23,
pl. III, fig. 10. — Lutétien de la Ferme de l’Orme (S.-et-O.). —
Cette espèce appartient à la division des Malcicostega et non à celle
des Coilostega dont font partie les Onychocellidae. Elle doit être
1. D’Orbigny, 1851 : Paléontologie française (Crétacé-Bryozoaires), p. 366.
classée dans le genre Stamenocella Canu et Bassler 1917 ( Alderi -
nidae ).
Onychoceîla dimorpha Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 23,
pl. III, fig. 1-3. - — - Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise). —
Même remarque que pour O. concatenata.
Onychoceîla hirsuta Canu 1907 - — Type ; Canu 1907, p. 24, pl. I,
fig. 2-3. — Bartonien de Ver (S.-et-O.). - — - Type disparu.
Rectonychoceila calvimontana Canu 1907 — Type ; Canu 1907,
p. 22, pl. III, fig. 8-9. Lutétien inf. de Chaumont-en-Vexin. — -
Très bon état, mais figures très mauvaises.
Reptolunulites laevigata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 28,
pl. IV, fig. 15-17. - — - Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — - Très
bon état. Le type provient de Chaussy et non de Liancourt.
Reptolunulites parnensis Canu 1907 - — Type ; Canu 1907, p. 29,
pl. IV, fig. 18. — Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). —
Echantillon meilleur que la figure.
Reptolunulites radiata Lamarck 1816 - Figuré ; Canu 1907,
p. 27, pl. IV, fig. 9-11. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — -
Bon état.
Reptolunulites urceolata Cuvier etBRONGNiART 1822 — Figuré ;
Canu 1907, p. 26. pl. IV, Fig. 4-8. Lutétien inf. de Cahaignes (Eure).
— Lutétien moy. de Parnes et de Chaumon-en-Vexin (Oise). - — Très
bon état.
Smittipora cellarioides Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 25,
pl. III, fig. 4. • — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). - — - Excellente
conservation.
Smittipora fragilis d’Orbigby 1851 — •. Type ; Canu 1907, p. 24,
pl. III, fig. 5-7. — Lutétien moy. de Parnes (Les Boves) (Oise).
- — ■ Nombreux spécimens en mauvais état dans lesquels le type n’a
pu être repéré avec certitude.
Vibracella orbicularis Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 32,
pl. IV ; fig. 12-14. — Lutétien de Laeken (Belgique). — - Type
disparu.
Famille des Calpensiidés.
Diplodidymia alata d’Orbigny 1851 — Type ; Canu 1907, p. 39,
pl. V, fig. 7. — - Lutétien moy. de Damery (Marne). — Bon état.
Le type est de Damery et non d’Orglandes comme l’indique Canu.
Diplodidymia limanowskii Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 39,
pl. V, fig. 8. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche). — - Type
disparu.
432
Porieeïîaria crassomuraîis Canu 1907 • — - Type ; Canu 1907,
p. 40, pi. Y, fig. 6. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche). - — - Bon
état.
Poricellaria negrisi Canu 1907 ; Type ; Canu 1907, p. 40, pl. Y,
fig. 9-10. — Lutétien moy. de Parne's (Les Boves) (Oise).
Echantillon en très mauvais état (gonflement).
Famille des Stéganoporellidés.
Gaudryanelîa variabilis Canu *1907 • — Type ; Canu 1907, p. 38,
pl. V, fig, 17-20. — - Lutétien de Parnes (Oise) et de Chaussy
(S.-et-O.). — Bon état. Les spécimens correspondant aux figures 17
et 19 n’ont pas été retrouvés. Cette espèce doit être classée dans
le genre Steganoporella. Le genre Gaudryanelîa, dont elle est le
génotype, doit tomber en synonymie avec Steganoporella.
Famille des Aspidostomatidés.
Rhagasostoma dutempleana d’Orbigny 1851 — Figuré ; Canu
1907, p. 34, pl. V, fig. 12. Lutétien moy. de la Ferme de l’Orme
(S.-et-O.). — Cette espèce, dont l’échantillon figuré a disparu, doit
être incluse dans le genre Entomaria Canu 1921.
Rhagasostoma firma Reuss 1865 — Figuré ; Canu 1907, p. 33,
pl. V, fig. 13-14. — - Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — - Le
spécimen figuré n’a pas été retrouvé. Espèce à classer en Stegano-
porella.
Rhagasostoma prominen.s Canu 1907 ; Canu 1907, p. 34, pl. V,
fig. 16. — Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise). - — - Bon
état.
Rhagasostoma pugeti Canu 1907 ; — Type ; Canu 1907, p. 35,
pl. V, fig. 11. — Lutétien inf. d’Hérouval (S.-et-O.). — La photo
de cette espèce, cependant très bien conservée, est très mauvaise.
Rhagasostoma rothpletzi Canu 1907 ; Type ; Canu 1907, p. 35,
pl. V, fig. 1. — Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise). — -
Très bon état de conservation.
Famille des Setosellidés.
Setosella cellarioides Canu 1907 - — Type ; Canu 1907, p. 36, pl. V,
fig. 5. — Lutétien moy. de Grignon (S.-et-O.). — Excellente conser-
vation.
— 433 —
Setosella fragilis Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 36, pl. V,
fig. 15. — Lutétien moy. de la Ferme de l’Orme (S.-et-O.). - — - Bonne
conservation, mais figuration mauvaise.
Famille des Farciminariidés.
Farcimia bituberculata Canu 1907 - — - Type ; Canu 1907, p. 17,
pl. Il, fig. 24-29. - — - Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — - Assez
bon état.
Farcimia concatenata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 19,
pl. Il, fig. 30-33. - — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Les
spécimens types, en assez mauvais état d’ailleurs, sont méconnais-
sables sur les figures.
Farcimia grandis Canu 1907 - — Type ; Canu 1907 ; p. 19, pl. II,
fig. 21-23. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Très mauvais
état de conservation.
Farcimia impudica Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 18,
pl. Il, fig. 34-35. — - Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Type
disparu.
Farcimia tenella Lamarck 1816 — Figuré ; Canu 1907, p. 20,
pl. Il, fig. 36-37. - — - Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.).
Famille des Scrupocellariidés.
Scrupocellaria proliféra d’Orbigny 1852. - — Type-, Canu 1907
p. 13, pl. I, fig. 4-5. — Lutétien de Damery (Marne). - — - Les échan-
tillons types de d’Orbigny sont très petits et en très mauvais état.
Famille des Cribrilinidés.
Cribilina chelys Koschinsky 1885 — Figuré ; Canu 1907, p. 41,
pl. VI, fig. 1. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Les zoaria,
au nombre de trois, sont très mal conservés et proviennent de
Chaussy et non de Parnes.
Cribrilina subpunctata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 42,
pl. VI, fig. 16. - — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O..) — La mau-
vaise figure de cette espèce provient de la coloration brune des
échantillons, dûe à une oxydation ferrique (Cf. Stomatopora granu-
lata, S. major et S. parnensis du Lutétien de Parnes) L
1. Buge (E.), 1946 : Bryo. Cycl. Tvp. Fig. Bull. Mus. nat. hist. nat., 2e sér., XVIII,
n° 4.
— 434
Famille des Schizoporellidés.
Escharoides alifera Reuss 1869 — - Figuré ; Canu 1908, p. 88,
pl. X, fig. 7. — Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). — - Disparu.
Escharoides coccinea Abilgaard 1805 — - Figuré ; Canu 1908,
p. 87, pl. X, fig. 12. — - Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). — -
Assez bon état.
Hippoporina angistoma Reuss 1689 — Figuré ; Canu 1908,
p. 79, pl. IX, fig. 10. — - Lutétien inf. d’Ecos (Oise). • — Spécimen
disparu.
Hippoporina beyrichi Stoliczka 1861 — Figuré ; Canu 1908,
p. 79, pl. IX, fig. 2. — - Yprésien d’Hérouval (S.-et-O.). - — - Le seul
échantillon retrouvé dans la collection n’a pu être reconnu comme
figuré, la face photographiée ayant été collée.
Hippoporina crenalula Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 82,
pl. IX, fig. 17. — • Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). - — -
Bon état.
Hippoporina cribrovicellata Canu 1906 — Type ; Canu 1908,
p. 81, pl. IX, fig. 14-16. — - Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). - — -
Très bonne conservation.
Hippoporina elongata d’Orbigny 1851 - — - Type ; Canu 1908,
p. 83, pl. XI, fig. 13. — Lutétien moy. de Parnes (Les Boves) (Oise).
— Type détruit.
Hippoporina globulosa d’Orbigny 1851 — Figuré ; Canu 1908,
p. 78, pl. IX, fig. 9. Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — - Très
bon état.
Hippoporina labrosa Reuss 1869 - Figuré ; Canu 1908, p. 80,
pl. IX, fig. 11. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Spécimen
disparu. Cette espèce, ainsi que FI. angistoma Reuss doit être placée
dans le genre Hippaliosina Canu 1918.
Hippoporina îyratostoma Reuss 1866 — Figuré ; Canu 1908,
p. Il pl. IX, fig. 12. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-Q.). —
Excellent état.
Hippoporina punctifera Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 82,
pl. X, fig. 2. — - Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise). - — ■
Espèce de très grande taille et d’une excellente conservation.
Microporella mortisaga Reuss 1866 — Figuré ; Canu 1907, p. 76,
pl. VIII, fig. 13. — Lutétien inf. d’Hérouval (S.-et-O.). — - Assez
bon état.
Schizoporella geminipora Reuss 1847 - — Figuré ; Canu 1908,
p. 86, pl. X, fig. 18-19. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — ■
Très bon état, mais face postérieure non visible.
435
Schizoporelia nuda Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 85, pl. X,
fig. 4. — Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). - — - Colonie très
abîmée. Cette espèce appartient au genre Buffonellodes Strand 1928.
Famille des Smittinidés.
Rhamphostomella bursauxi Canu 1908 — Type ; Canu 1908,
p. 97, pl. X, fig. 14-15. — Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise).
— Très bon état. Espèce très curieuse.
Smittina chilopora Reuss 1847 — Figuré ; Canu 1908, p. 90,
pl. X, fig. 13. • — - Lutétien inf. de Parnes (Oise). — Assez bon état.
Smittina cyîindrica Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 95, pl. X,
fig. 11. - — - Lutétien moy. de Grignon (S.-et-O.). - — Excellente con-
servation.
Smittina derwiesi Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 90, pl. X,
fig. 1. — Lutétien moy. de Réquiécourt (Oise). — Très bon état.
Smittina hornesi Reuss 1864 — Figuré ; Canu 1908, p. 92, pl. X,
fig. 16. - — Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). — Assez bon
état, mais figure très retouchée. Cette espèce n’est autre que la
Mucronelld angustaecium Gregory 1892 1. La frontale est convexe
et lisse, alors que l’espèce de Reuss reprise par Koschinsky a une
frontale poreuse.
Smittina leda d’Orbigny 1851 — Type ; Canu 1908, p. 91, pl. X,
fig. 10. — Lutétien moyen de Damery (Marne). — L’échantillon
unique figuré a été brisé, mais les caractères essentiels sont recon-
naissables.
Smittina variabilis Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 93, pl. XI,
fig. 1-7. — - Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). — Lutétien
moy. de Chaussy (S.-et-O.) et de Mouchy (Oise). — Très bon état.
Umbonula calcariformis Gregory 1892. — Figuré ; Canu 1908,
p. 96, pl. X, fig. 3. — Lutétien inf. de Liancourt Saint-Pierre (Oise).
- — Conservation magnifique.
Umbonula leda d’Orbigny 1851 — Type ; Canu 1908, p. 96, pl. X,
fig. 17. Lutétien moy. de Parnes (Les Boves) (Oise). — Type en
état médiocre (efflorescence). Correspond au n° 9649 A et non au
n° 9649 de la collection d’Orbigny.
Famille des Tubucellariidés.
Tubuceîlaria bipartita Reuss 1869 — Figuré ; Canu 1908, p. 73,
pl. IX, fig. 7-8. - — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche). — Bon état.
1. Gregory, 1892 : Brit. Palcog. Bryo. Trans. Zool. Soc. London, XIII, n° 6, p. 254,
pl. XXXI, fig. 15-16.
436 —
Cette espèce doit être dénommée T. fragilis Michelin L Cette
dernière n’est pas en effet la V incularia fragilis Defr. qui tombe en
synonymie avec la T. opuntioides Pallas. Il n’y a donc aucune
raison valable de rejeter la dénomination de Michelin.
Tubucellaria mamillaris Milne-Edwrds 1836 — Figuré ; Canu
1908, p. 74, pl. IX, fig. 3-6. — Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir)
(Oise). — - Lutétien moy. de la Ferme de l’Orme (S.-et-O.). — Très
bon état.
Famille des Reteporidés.
Caberoides canaliculata Canu 1909 — - Type ; Canu 1909, p. 84,
pl. XI, fig. 11-12. - — - Lutétien moy. d’Orgîandes (Manche). — Très
bon état.
Caberoides grignonensis Canu 1909 — Type ; Canu 1909, p. 84,
pl. XI, fig. 14-15. — Lutétien moy. de Grignon (S.-et-O.). — Bon
état, mais la face zoéciale n’est plus visible.
Retepora orglandesi Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 87, pl. X>
fig. 8-9. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche). — La face dorsale
du zoarium type n’est plus visible, toutefois il existe d’autres échan-
tillons dans la collection.
Famille des Adéonidés.
Adeonella punctata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 45, pl. VI,
fig. 2. Lutétien moy. d’Orglandes (Manche). — Le type de cette
espèce, qui doit être classée dans le genre Adeonellopsis Mac Gill.
1886, n’a pas été retrouvé.
Adeonellopsis coscinophora Reuss 1847 — Figuré ; Canu 1907,
p. 44, pl. VI, fig. 3-4. Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise).
— • Très bon état.
Bracebridgia clavata Gregory 1892 - — Figuré ; Canu 1907, p. 51,
pl. VI, fig. 14-15. Lutétien de Parnes (Les Boves) (Oise) et de
Chaumont (Oise). — Spécimen non retrouvé.
Bracebridgia incisa Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 53, pl. VI,
fig. 12-13. - — - Yprésien d’Idérouval (S..-et-0.). — Excellent échan-
tillon.
Bracebridgia polymorpha Reuss 1864 — Figuré ; Canu 1907 ; p. 52
pl. VI, fig. 11. — Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise). —
Je n’ai malheureusement pas pu retrouver le spécimen unique
figuré. Canu l’a considéré ensuite comme une espèce distincte de
1. Michelin (H.), 1844 : Icon. zooph., p. 175, pl. XLVI, fig. 21.
— 437 —
celle de Reuss, espèce dénommée B. clentifera par Canu et Bassler
en 1920 L
Calvetina ventricosa Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 72,
pl. IX, fig. 13. Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — Très bon
état.
Meniscopora armata Canu 1907 - — - Type ; Canu 1907, p. 58,
pl. VII, fig. 9. Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise). — -
Bon état, mais la colonie est très encroûtée.
Meniscopora bifurcata (Desmarets) Milne-Edwards 1836 —
Figuré ; Canu 1907, p. 56, pl. VII, fig. 10-12. — - Lutétien moy. de
Chaussy (S.-et-O.) et de la Ferme de l’Orme (S.-et-O.). — • Excel-
lente conservation.
Meniscopora brongniarti Milne-Edwards 1836 — Figuré-, Canu
197, p. 55, pl. VII, fig. 6-8. — Lutétien inf. de Réquiécourt (Oise).
— Bon état.
Meniscopora laevigata Canu 1907 — - Type ; Canu 1907, p. 60,
pl. Vil, fig. 5. — • Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise). —
Type disparu, mais nombreux cotypes.
Meniscopora milleporacea Milne-Edwards 1836 - — Figuré ; Canu
1907, p. 57, pl. VII, fig. 1-4. — Lutétien de Cahaignes (Eure),
Chaussy (S.-et-O.), Réquiécourt et Liancourt-Saint-Pierre (Oise). ■ —
Même remarque que pour M. laevigata.
Meniscopora simehi Canu 1907 • — Type -, Canu 1907, p. 59,
pl. VI, fig. 9-10. - — - Yprésien de Liancourt (Oise) et d’Hérouval
(S.-et-O.). — Bonne conservation, mais la figure 9 est difficile-
ment reconnaissable.
Meniscopora subcrenulata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 58,
pl. VI, fig. 17. - — - Yprésien de Liancourt (Oise). — Très bonne
conservation. Cette espèce doit se classer en Bracebridgia M. G.
Poricelîa elongata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 46, pl. VI,
fig. 5-8. — - Lutétien d’Hérouval (S.-et-O.) et de Liancourt-Saint-
Pierre (Oise). — Assez bon état.
Poricelîa sutneri Koschinsky 1885 — Figuré ; Canu 1908, p. 47,
pl. IX, fig. 1. — Lutétien de Cahaignes (Eure). — Bon état.
Schizostomella aviculifera Canu 1907 — • Type ; Canu 1907, p. 67,
pl. VIII, fig. 12. Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). — • Bonne
conservation.
Schizostomella crassa Canu 1907 - — - Type ; Canu 1907, p. 66,
pl. VII t, fig. 6-8. — Lutétien inf. de Cahaignes (Eure). Lutétien
moy. de Chaussy (S.^et-O.). — - Bon état.
1. Canu et Bassler, 1920 : North. Amer. Early. Tert, Bryo. Bull. U. S. Nat. Mus.,
n° 106, p. 557.
— 438
Schizostomella denticuiata Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 68,
pl. VII, fig. 14-16. • — - Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise)
et de Cahaignes (Eure). ■ — Type disparu, mais cotypes.
Schizostomelia liancourti Canu 1907- — Type-, Canu 1907, p. 68,
pl. Vil, fig. 10-11. — ■ Lutétien inf. de Liancourt-Saint-Pierre (Oise).
— - Très bon état.
Schizostomella magnoaperta Gregory 1892 — Figuré ; Canu
1907, p. 71, pl. VIII, fig. 17. - — Bartonien du Guépelle (S.-et-O.).
— Spécimen disparu.
Schizostomella parnense d’Orbigny 1851 — Type ; Canu 1907,
p. 70, pl. VIII, fig. 14-16. — Lutétien moy. de Parnes (Oise). — •
Assez bon état. Provenance de Parnes et non de Chaussy.
Smittistoma mortisaga Stoliczka 1861 - Figuré ; Canu 1907,
p. 63, pl. VIII, fig. 9. - — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). - — -
Spécimen disparu. Cette espèce doit entrer dans le genre Adeonella
Bush 1884.
Smittistoma micropora Canu 1907 — Type ; Canu 1907, p. 64,
pl. VII, fig. 13. — Lutétien moy. de Chaussy (S.-et-O.). - — - Assez
bon état .Type difficilement reconnaissable.
Famille des Catenicellidés.
Catenicelîa granulosa Canu 1908 — Type ; Canu 1908, p. 98,
pl. X, fig. 5-6. — Lutétien moy. d’Orglandes (Manche). - — Mauvais
état (figure très retouchée).
Famille des Mamilloporidés.
Fedora dactylus d’Orbigby 1851 — - Type ; Canu 1909, p. 99,
pl. XII, fig. 18. — Lutétien moy. de Parnes (Oise). — Le type de
d’Orbigny est pratiquement détruit par efflorescence. Toutefois
il existe dans la Collection d’excellents échantillons d’Orglandes.
M. Roger et moi-même l’avons également retrouvée très abondante
et bien conservée, à Gourbesville (Manche), dans le Lutétien moyen
dont elle est caractéristique.
Canu, dans ses notes, déclare que sa description et son interpréta-
tion sont erronées et donne les rectifications suivantes :
« 1° Le sens des zoécies est inverse de celui qui est figuré : la pointe
du zoarium est le bas ; 2° L’ovicelle est endozoécial, mais nettement
séparé par une lamelle calcaire verticale ; l’orifice est perpendicu-
laire à l’opercule qui doit s’abaisser pour laisser partir les larves ;
il ferme donc l’ovicelle en s’ouvrant. C’est un ovicelle intermédiaire
entre l’endozoecial et l’endotoichal. A l’extérieur c-’est une boursou-
— 439
flure triangulaire distale. 3° La face interne du zoarium montre des
sortes de zœcies terminées par une apertura. Waters a donné l’oper-
cule de F. edwardsi J. Jull. » 1.
Famille des Orbituliporidés.
Stichoporina protecta Koschinsky 1885 — Figuré ; Canu 1909,
p. 101, pl. XI, fig. 8. — - Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir) (Oise). —
Bon état.
Stichoporina réussi Stoliczka 1861. - — Figuré ; Canu 1909,
p. 100, pl. XI, fig. 16-18. — Lutétien inf. de Parnes (Beauvoir)
(Oise). — - Bon état. Canu pensait que Stichoporina simplex
Koschinsky qu’il avait mis en synonymie avec S. réussi, en était
peut-être différente et conviendrait mieux à l’espèce parisienne.
Toutefois Canu et Bassler, en 1920 2. réunissaient encore les deux
espèces. Le manque de matériel ne m’a pas permis de les comparer.
Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
1. Waters (A. W.), 1891 : North Ital. Bryo. Quart. J. Geol. Soc. XLVII. p. 29,
pl. IV, fig. 7.
2. Canu et Bassler, 1920 : loc. cil., p. 624.
— 440 —
L’évolution vasculaire du Calycanthus floridus L.
(. ACTUEL : C ALYCANTHACÉES) ET L’EXPLICATION DU SYSTÈME
VASCULAIRE DU ZYGOPTERIS LaCATTI B. R. ( FlLlCALE
PALÉOZOIQ UE ; Z Y GOPTÉRIDEE S] .
Par Edouard Boureau.
La structure du phyllophore (rachis primaire) de Zygopteris
Lacatti Bernard Renault, présente une complexité d’autant plus
difficile à expliquer qu’on ne lui a, jusqu’ici, trouvé aucune structure
ressemblante chez les végétaux de la flore actuelle.
La présente note a pour but de signaler une ressemblance de
structure dans la jeune plantule d’une Calycanthacée actuelle, le
Calycanthus floridus L. et de discuter la comparaison que l’on
peut établir.
1. — L’ évolution vasculaire du Calycanthus floridus L.
L’extrémité de la racine d’une très jeune plantule possède généralement
deux convergents (figure 1). Les deux faisceaux ligneux qui, contrairement
à ce qu’on observe le plus souvent, sont ici, étalés tangentiellement en une
file unisériée au début de la vascularisation, alternent avec deux grands
massifs libériens.
Plus haut, dans la racine, ces faisceaux se divisent, donnant naissance
à quatre faisceaux ligneux, séparés par des faisceaux libériens d’inégale
grandeur : les deux grands faisceaux libériens précédents et deux faisceaux
plus petits quelquefois très difficiles à voir.
En s’approchant du collet, les deux faisceaux de liber, de moindre
calibre, diminuent d’importance et finissent par s’éteindre Complètement.
Le niveau d’extinction n’est pas le même dans les deux cas. Le liber de
ces faisceaux persiste plus longuement du côté du petit cotylédon. Les
deux groupes de deux faisceaux ligneux sont inégalement accélérés. Le
plus accéléré correspond au plus grand cotylédon. Les faisceaux de xylème
alterne qui ne sont pas séparés par du liber se rapprochent légèrement.
Ils sont quelquefois unis par du xylème intermédiaire. La stèle se présente
donc (figure 2) sous l’aspect de deux faisceaux libériens alternant avec
deux groupes de deux faisceaux centripètes.
En s’élevant davantage et en s’approchant du collet, mais toujours dans
la racine, on atteint le « niveau de lignification maximum ». Ce niveau
présente un intérêt particulier. Les quatre faisceaux sont unis par une
moelle qui peut, à un certain âge, être entièrement lignifiée (figure 3). La
différenciation ligneuse ne se fait plus dans le même sens, la stèle prend un
aspect intéressant. Son caractère exceptionnel semble en rapport avec
l’extinction du liber et la disposition du tissu vasculaire.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
441 —
Au-dessus de ce niveau, une moelle très grande réapparaît (fîg. 4, S
et 6). Dans l’hypocotyle les deux grands faisceaux libériens qui subsistent,
se divisent chacun en deux demi-faisceaux que l’on observe au voisinage
(fig. 5) des 4 faisceaux ligneux primaires. £eux-ci sont constitués par du
xylème intermédiaire et du xylème superposé direct. Mais ces éléments
vasculaires ne se différencient, contrairement à l’habitude, que du côté du
liber. Aucune différenciation ne se produit du côté de l’empiacement du
liber disparu.
Fig. 1. — Calycanlhus floridus L. • — Portion de coupe transversale de l’extrémité de la
racine principale d'une très jeune plantule.
Xa. : faisceau de xylème centripète. — Phi. p. : faisceau de phloème primaire. —
end. : endoderme.
Noter que les plantules dont les deux cotylédons ont un inégal développement
sont à l’extrémité radiculaire deux faisceaux centripètes d’inégale importance.
Ceci viendrait confirmer l’opinion de Gravis 1 à savoir que ces faisceaux
centripètes sont des demi-faisceaux (triades fendues), mais cette dernière
appellation n’explique pas l’existence des petits faisceaux libériens,,,
également observés par Gustave Chauveaud 2, dans le Calycanlhus
occidentalis , dont l’organisation semble très voisine'.
Aux vaisseaux alternes et intermediaires succèdent dans les plantules
âgées, des vaisseaux superposés ; ils se différencient, dans l’hypocotyle,.
d’abord contre les demi-faisceaux de liber primaire (fig. 5 et 6), puis, selon
1. Gravis (A.). Observations anatomiques sur les embryons et les plantules. Lejeu-
nia, janvier 1943. Mein. n° 3.
2. Chauveaud (G.). L’appareil conducteur des plantes vasculaires et les phases,
principales de son évolution. Ann. Sc. Nat., Bot., 9e sér., 13, p. 319.
— 442
les niveaux, entre les demi-faisceaux libériens d’un même convergent,
ou d’un convergent à l’autre. Les vaisseaux secondaires différenciés contre
le liber primaire sont les plus petits. Les vaisseaux intermédiaires se
résorbent tôt dans les pétioles cotylédonaires, où seuls les faisceaux
libéro-ligneux pénètrent, d’abord au nombre de deux, puis, en nombre
plus élevé, à la suite de leur ramification dans le limbe cotylédonaire.
Fig. 2. — Calycanthus floridus L. — Portion de coupe transversale du milieu de la
racine principale d’une jeune plantule.
Xa. : faisceau de xylème alterne; Xi. : faisceau de xylèmc intermédiaire ; Phi. p. :
faisceau de phloème primaire que l’on observe dans toute la longueur de la racine et
de l’hypocotyle ; phi. p’. : faisceau de phloème primaire en voie de disparition ;
end. : endoderme.
Noter, comme précédemment, l’inégale accélération des deux groupes de deux
faisceaux ligneux. Le plus accéléré correspond au plus grand cotylédon.
2. — Structure du phyllophore du Zygopteris L catti B. R.
Le Zygopteris Lacatti a été décrit en premier lieu par Bernard Renault L
Il est caractérisé par la présence d’un massif ligneux central allongé
1. B. Renault. Etudes sur quelques végétaux silicifiés des environs d’Autun.
Ann. Sc. Nat. Bol., 5e série, t. 12, p. 161-90, 1869.
443
(fig. 7), [l’apolaire médiane de P. Bertrand i]. accompagné à chacune
de ses extrémités de deux faisceaux ( a fig. 7) latéraux divergents
[renflements récepteurs, ou antennes antérieures et postérieures]. Les
pointements ligneux, (A, fig. 7) se situent dans la partie externe de ces
faisceaux, à symétrie axiale.
Extérieurement à eux, les traces foliaires (c, fig. 7) se différencient en
direction centrifuge et alimentent les pétioles primaires (rachis secon-
daires).
Fig. 3. - — Calycanlhus floridus L. — Portion de coupe transversale de la partie supé-
rieure de la racine principale d’une plantule assez âgée.
Xa. : faisceau de xylème alterne ; Xi. : faisceau de xylème intermédiaire ; m. :
moelle partiellement lignifiée ; phi. p. : phloème primaire ; end. : endoderme ; ass. :
assise génératrice .
La figure 3 représente le sommet de la racine dans la racine du Caly-
canthus floridus et la figure 7 la forme du massif ligneux du Zygopteris
Lacatti. On ne peut que constater une grande ressemblance. Les « renfle-
ments récepteurs » ou « antennes » correspondent aux faisceaux centripètes
et f « apolaire médiane » 1, à la moelle lignifiée.
On peut passer des Clepsydropsis à Zygopteris par l’intermédiaire du
Metaclepsydropis duplex où on observe un commencement de dilatation
tangentielle des deux boutonnières subterminales. Cette boutonnière
1. Paul Bertrand. Thèse, Lille, 1909.
Fig. 4. — Calycanthus floridus L. — Portion de coupe transversale du collet d’une
plantule assez âgée.
Mêmes indications que précédemment. Remarquer qu’ici, la moelle est presque
entièrement parenchymateuse.
Fig. 5. — Calycanthus floridus L. Portion de coupe transversale du milieu de l’hypo-
cotyle d’une plantule jeune.
Mêmes indications que précédemment. — Xs. : xylème superposé. Xr. : xylème
primitif en voie de résorption. L’. : emplacement situé au-dessus des petits fais-
ceaux libériens non représentés à ce niveau.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
Fig- 6-^ — Calycanthus floridus L. Portion de coupe transversale de l’hypocotyle d’une plantule très âgée (Même niveau que celui de la figure 5).
Mêmes indications. — f. : fibres coiffant le liber, différenciées seulement du côté du grand cotylédon.
— 44 6 —
élargie, conservée dans V Ankyropteris bibractensis [présence d’un filament
externe] est ouverte dans le Zygopteris.
D’autre part, l’étude d’une forme voisine du Zygopteris, Y Ankyropteris
Hendricksi Read *, où on a observé les phyllophores en connection avec
la tige, avec des structures conservées, permet de la comparer avec ce que
l’on connaît du Clepsydropsis kirgisica Stenzel qui, pareillement tire
l’origine de son faisceau bipolaire d’un stipe à structure centrique.
3. — Conclusion.
Il y a donc une différence fondamentale entre l’évolution vascu-
laire des Clepsydracées 1 2 et Zygoptéridées d’une part et celle du bois
primaire des Cupressacées et Calycanthacées d’autre part. Par
ailleurs, les formes en question s’observent chez les premiers sur des
longueurs considérables, malgré les émissions latérales de traces
foliaires et grâce à la formation de faisceaux dits « réparateurs » 3, alors
Fig. 7. — Zygopteris Lacalti B. R. — Masse ligneuse d’un rachis primaire.
a : renflements récepteurs,
b : apolaire médiane,
c : traces foliaires sortantes.
A : pôles de la différenciation ligneuse.
que chez les dernières, elles sont limitées à la plantule du fait de
l’existence d’une accélération basifuge dans le développement.
Il était intéressant de retrouver dans une plante de la flore
actuelle des structures ressemblant à celles de végétaux paléozoïques,
malheureusement représentées par de très rares échantillons, mais
il ne faut voir dans une telle comparaison que la mise en évidence de
convergences structurales. On peut dire que la structure du Clepsy-
dropsis est à celle du Zygopteris ce que la structure du Libocedrus
est à celle du Calycanthus.
Il est curieux de constater le parallélisme de l’évolution des
structures de certaines phanérogames actuelles et des Filicales les
plus anciennes du paléozoïque. Des organismes végétaux, sans liens
1. Ch. Read. Amer. J. Bot., 1938.
2. Ed. Boureau. Bull. Soc. Bot. de Fr., décembre 1944.
3. P. Bertrand, loc. cit.
— 447 —
de parenté apparents, ayant évolué de façon indépendante, sans
synchronisme, ont pu, à un moment donné de leur course évolutive,
édifier des structures qui, convergentes, se rappellent mutuellement
trait pour trait, mais sont pourvues d’une ontogénie différente.
Cette constatation montre le danger qu’il y aurait à identifier
toutes les structures ressemblantes et à tirer des conclusions phylo-
géniques trop rapides, notamment en voulant voir ici un exemple
illustrant la théorie de la Récapitulation. Ceci prouve également
l’insuffisance de la théorie et de la notation stéliques. Dans toute
étude anatomique, il est nécessaire de faire appel au développement
des structures avant de leur donner une signification quelconque
pour la phylogénie.
Laboratoire d’ Anatomie comparée des végétaux vivants et fossiles du Muséum.
448
Nécessité d’unifier la Nomenclature des Terrasses
FLUVIATILES
Par Raymond Furon.
En dehors de son intérêt local, stratigraphique, paléontologique et
archéologique, l’étude des terrasses permet de comprendre l’évolution
d’une vallée, dans le temps et dans l’espace.
La convergence des profils des terrasses de la Gironde, observée
par A. Fabre, a démontré la valeur de la théorie de Haug sur le
rôle des mouvements verticaux du sol.
La comparaison des divers bassins entre eux sera très fructueuse.
Elle exige, à la base, un vocabulaire commun.
Il s’agit non seulement de nommer de la même manière les ter-
rasses de même âge, contenant mêmes faunes et mêmes industries,
mais de coter de la même façon tous les éléments de terrasses étudiés.
Le repérage est difficile, à cause de l’insuffisance des cartes topo-
graphiques et des appareils de mesure. Il consiste à préciser la posi-
tion de la surface de la terrasse, par rapport à un plan choisi.
La cotation peut se faire (et s’est faite) suivant quatre modes :
1° la cote réelle, l’altitude au-dessus du niveau de la mer. Cette cote
est utile à connaître, mais ne donne aucune notion sur son rapport avec
la vallée actuelle.
2° la cote au-dessus de la plaine alluviale actuelle ;
3° la cote au-dessus du plan d’eau, à l’étiage ;
4° la cote au-dessus du fond rocheux de la vallée. Celle-ci ne peut être
estimée que si des sondages ont atteint le bed-rock, sous les alluvions
actuelles.
Les trois dernières manières de coter ont été employées. Il serait
nécessaire d’unifier le langage et de choisir un point de repère
définitif, relativement facile à connaître : soit la plaine alluviale
actuelle, soit le plan d’eau à l’étiage. Le plan d’eau à l’étiage nous
paraît préférable parce qu’il se raccorde directement au zéro marin.
Il a été généralement adopté pour le' Rhône, la Garonne et la Seine.
La Somme fait exception.
Grâce aux études de l’Abbé Breuil en particulier, on sait qu’une
terrasse fluviatile n’est pas constituée par une couche sédimentaire,
une faune et une industrie, mais par une série de dépôts : à la base,
un cailloutis de solifluxion pouvant contenir la faune et les industries
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 194Ç.
— 449
provenant des terrasses précédentes ; ensuite, une série de dépôts
fluviatiles contenant une faune et une industrie caractéristiques ;
enfin, une série de loess et de cailloutis de solifluxion, dont les
quatre derniers recouvrent toutes les terrasses.
Dans la Somme, devenue classique, d’AuLT du Mesnil, Commont
et l’Abbé Breuil ont établi l’existence de quatre terrasses, dont le
dernier de ces auteurs a établi la stratigraphie détaillée, démontrant
ainsi la pluralité des faunes chaudes et froides.
Les terrasses de la Somme, étant classiques, doivent servir de base
à l’étude des terrasses des autres bassins. La première difficulté est
peut-être une difficulté de classification, de nomenclature courante.
On distingue dans la Somme : une haute-terrasse, dite de « 45 mè-
tres » ; une moyenne-terrasse, dite « de 30 mètres » ; une basse terrasse
supérieure, dite « de 10 mètres » et une basse terrasse inférieure, dite
« de 5 mètres ». Ces appellations ne peuvent être conservées. Elles
sont une source de confusions possibles, de ce fait qu’elles ne sont
pas toutes cotées au-dessus d’un même plan.
La terrasse supérieure, est dite de 45 mètres. Elle n’est pas à
45 mètres au-dessus de la Somme à l’étiage, mais au-dessus du fond
rocheux du lit würmien, lequel est à la cote — 15 à Abbeville. Dans
le langage courant appliqué aux autres bassins, c’est une terrasse de
30 mètres, constituée pendant le Tyrrhénien.
La Moyenne terrasse, dite de 30 mètres, est calculée de la même
manière, ce qui donne une terrasse de 15 mètres.
Par contre, les basses terrasses, de 10 et de 5 mètres, sont effec-
tivement cotées au-dessus de la plaine alluviale actuelle.
Dès lors, l’écart apparent entre la terrasse « dite de 30 mètres » à
Saint-Acheul et celle de 10 mètres, à Montières, se réduit à 5 mètres,
ce qui explique les grandes similitudes stratigraphiques récemment
observées par l’Abbé Breuil.
Nous avons choisi cet exemple, qui illustre l’inconvénient d’une
nomenclaturê anarchique, même si elle est consacrée par l’usage.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
— 45G —
Prolongement de la Ligne n° 7
du Chemin de fer métropolitain a Ivry-sur-seine
(Notice géologique)
Par R. Soyer.
Une nouvelle pénétration du Chemin de fer métropolitain en
banlieue est réalisée par le report du terminus de la Ligne n° 7 de la
porte d’Ivry à la mairie d’Ivry-sur-Seine. La construction de cet
élément du réseau interurbain a été achevée en 1940 et sa mise en
service date de 1945.
Le prolongement débute sous la rue de Paris, à Ivry, entre les
rues Pierre-Curie et Pierre-Lescot ; il suit la rue de Paris, traverse la
place de la République et emprunte le sous-sol de la rue Robespierre ;
sa longueur atteint 1.320 m. La construction de ce tronçon de ligne
a été singulièrement compliquée par la nature complexe du sous-sol
qui suscita de très grosses difficultés dans la section comprise entre
la place de la République et le nouveau terminus. Le souterrain est
creusé sur le flanc du plateau de Villejuif, où il passe au contact du
Lutétien inférieur et du Sparnacien. Des éboulis de pentes, épais et
hétérogènes, recouvrent le Calcaire grossier inférieur. Le Lutétien
supérieur, en particulier, forme des éboulis énormes dans la partie
de la ligne située à 300 m. de part et d’autre de la place de la Répu-
blique.
Lutétien. — Le souterrain traverse les Marnes et Caillasses, puis
le Calcaire grossier supérieur, entre la rue Pierre-Curie et la rue du
Bocage. La pente assez forte de l’ouvrage, inverse de celle des couches
lutétiennes, amène rapidement celui-ci dans le Lutétien inférieur
fissuré et démantelé, puis dans les éboulis, où le Calcaire glauconieux
n’est plus qu’à l’état de lambeaux isolés, affectés de pendages con-
traires. Entre la place de la République et la montée de la rue Robes-
pierre, le Lutétien inférieur est aminci et coupé par de profondes
poches d’éboulis ; sa base est à peu près horizontale.
On retrouve le Lutétien au complet dans les 300 derniers mètres
du prolongement. Il débute par un niveau calcaro-sableux peu
épais et discontinu, à Nummulites loevigatus et dents de Lamna,
surmonté par les bancs réguliers du calcaire glauconieux à Cardita
imbricata, puis par les couches à Cerithium giganteum. Le contact
du Lutétien et du Sparnacien, irrégulier, montre de fortes ondula-
tions.
Bulletin du Muséum, 2r série, t. XVIII, n° 5, 1946.
— 451 —
Sparnacien. — Le Sparnacien comprend au sommet des argiles
grises, rouges et jaunes (Fausses Glaises), recouvrant des sables
gris purs à leur partie supérieure, ligniteux à la base (Sables d’Au-
teuil). L’argile apparaît au kil. 0.313, sous la rue de Paris, et se
poursuit sur le reste du tracé ; elle manifeste de gros mouvements
de décompression, notamment à l’aplomb de la rue Bernard-Palissy
et sous la rue Robespierre, où son sommet se relève de plus de
4 mètres entre les massifs disjoints du Lutétien inférieur.
Dans la partie terminale, un banc de lignite épais de 1 m. couronne
les argiles grises, qui renferment elles-mêmes des amas ligniteux.
Eboulis. — Les éboulis constituent 3 formations différentes :
1° les éboulis calcaires.
2° les éboulis marneux.
3° les éboulis argilo-sableux.
Ils ont acquis une imporance exceptionnelle par suite de l’éboule-
ment continu d’une corniche du Lutétien supérieur consécutif au
creusement de la berge quaternaire de la Seine, phénomène impor-
tant mis pour la première fois en évidence à Ivry-sur-Seine L Ses
effets s’étendent au-delà du cadre de la ligne n° 7, et des lambeaux
de Lutétien supérieur descendu atteignent la terrasse alluviale, très
peu représentée sur le profil géologique 1 2.
L’affouillement de la berge lutétienne a atteint une profondeur de
plusieurs dizaines de mètres ; il s’est opéré dans les calcaires glauco-
nieux tendres subordonnés au Banc Royal, provoquant en même
temps le soulèvement des bancs amincis du Lutétien inférieur, la
1. R. Soyer. La falaise éboulée d’Ivry-sur-Seine. C. Tt. Ac. des Sciences, t. 208,
30-1-1939, p. 366.
2. R. Soyer. Stades quaternaires d’érosion dans le Lutétien et le Sparnassien des
vallées de la région parisienne. Cas d’Ivry-sur-Seine. Rev. Géog. Physique et Géol.
dynamique, vol. 12, fasc. 3, 1939, p. 385-397 (paru 1944).
452
décompression de l’Argile plastique et l’effondrement de la corniche.
Celle-ci s’est affaissée généralement à 45° ; le plus souvent, les bancs
plongent à l’Est, mais on observe parfois l’inclinaison inverse. Un
énorme massif éboulé, fracturé et faillé, incliné à 45° au Nord, a dû
être traversé sous la rue de Paris entre les points kilométriques
0.445 et 0.510.
On rencontre généralement au contact des calcaires éboulés, des
marnes d’un blanc jaunâtre ou grisâtre, parfois rougeâtre, grume-
leuses, à silex subanguleux, qui proviennent du remaniement des
Marnes et Caillasses et des alluvions de la terrasse supérieure. Cette
formation meuble s’interpose entre les calcaires glauconieux en place
et les calcaires éboulés ; elle forme des poches importantes sous
la place de la République ; dans la station « Mairie d’Ivry » et dans
le bas de la rue Robespierre où elle dépasse 8 m. de hauteur.
Les limons éboulés recouvrent normalement les pentes du plateau
de Villejuif, à Ivry et Vitry-sur-Seine. Ils sont rouges, argileux,
avec silex anguleux et fdets de sable fin. La ligne les a rencontrés en
placages étalés sur le bord des massifs lutétiens en place des deux
extrémités du prolongement. Sous la rue de Paris, ils contiennent
des Hélix (H. nemoralis ; H. arbustorum) ; leur pente est indiquée
à cet endroit par un filet mince de sable blanc interstratifié, incliné à
40° N. -S. Les limons semblent être plus récents que les éboulis
calcaires et marneux ; ils recouvrent la mince couche de sable et
graviers et de limon jaune qui représente la limite de la basse
terrasse quaternaire.
Alluvions anciennes. — Les alluvions de la basse terrasse sont
à leur limite d’extension dans le souterrain de la Ligne n° 7 et
montrent des sables jaunes fins quartzeux reposant à la cote 34.00
sur les éboulis marneux et les calcaires glauconieux décapés, sur-
montés par des limons jaunâtres argileux un peu plus étendus,
décapés eux-mêmes par des limons rouges sous la place de la Répu-
blique. Cette extrémité de terrasse, de 2 m. 25 de hauteur, atteint
à peine 200 m. de long.
Les alluvions quaternaires sont importantes à l’E. de la ligne ;
à 100 m. à peine de l’ouvrage, elles atteignent 8 m. de puissance
dans un forage situé rue Jeanne-Hachette, où leur base est à la
cote 20.80.
Remblais. — - Ils sont importants entre la station et le terminus
où d’anciennes carrières à ciel ouvert ont été remblayées à l’em-
placement de la rue Robespierre.
Carrières souterraines. — Des galeries de carrières ont été recoupées
par le souterrain et les puits d’accès. A l’amont de la ligne, sous la
rue de Paris, une galerie traversant normalement le souterrain, et
creusée dans le Banc Royal était située entre les cotes 42.60 et 45.40.
453 —
Au terminus, près du sentier de Saint-Frambourg, un puits a ren-
contré deux étages de galeries superposées et communiquant entre
eux, dans les Bancs francs et le Banc vert. Ils se relient aux grandes
exploitations souterraines situées dans la zone du fort d’Ivry-sur-
Seine.
Une petite faille a été rencontrée près de la rue du Bocage ; son
rejet atteint 1 m. 20 avec compartiment abaissé au S.-E.
Décompression de V Argile sparnacienne. — La puissance de décom-
pression de l’argile a pu être évaluée à l’occasion des travaux de la
Ligne n° 7.
Le Sparnacien est essentiellement argileux à Ivry ; seuls quelques
bancs sableux sont intercalés à la partie supérieure de l’étage, qui
atteint 25 m. dans les forages du voisinage.
Au kil. 1.060, où la décompression atteint son maximum sous le
Lutétien supérieur éboulé, le toit de l’argile atteint la cote 36.30,
alors qu’il se tient à -j- 32.00, de part et d’autre, sous le Lutétien
inférieur horizontal. Le foisonnement atteint 4 m. 30, soit un taux
d’expansion de 17,2 %.
Dans un puits foncé dans la rue de Paris, au droit du Pt kil. 0.546,
où le Lutétien inférieur a été soulevé à 45° par les mouvemènts
verticaux de l’argile, le sommet de cette dernière s’élève à la cote
37.60, alors qu’il n’est qu’à 32.30 sous les massifs en place jusqu’au
kil. 0.540. La dénivellation atteint 5 m. 30 et le coefficient d’expan-
sion 21,2 %.
Eaux souterraines. — Les eaux souterraines rencontrées au cours
des travaux ont été peu importantes ; la nappe qui circule sur
l’argile s’écoule rapidement en direction de la terrasse quaternaire,
en raison des nombreux drainages réalisés par les poches et les massifs
d’éboulis.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
— 454 —
Sur quelques points intéressants dans la Vallée
DE LA VlOSNE 1
Par L. Fetjgueur.
1° On voit les sables Auversiens à Us, dans le bois du Cornouiller
où ils forment un îlot de sables jaunâtres, quartzeux, un peu argileux,
avec grès très durs, parfois mamelonnés, rougeâtres 2. Cet îlot
prolonge les sables signalés sur la feuille de Paris vers la route d’Us-
Le Perchay. Le limon (loess remanié) dans lequel on retrouve les
blocs de grès (couche D) 2, sépare ces deux lambeaux. Au lieu dit
Le Maroc, les alluvions signalées dans la vallée, pénètrent jusqu’au
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
455 —
Bois de la Brosse. Une source sortant du Lutétien inférieur (Zone II)
alimente un ruisseau qui, après être passé sous la G. C. 28 se jette
dans la Yiosne.
2° A Montgeroult, le Bartonien (Sables d’Auvers) existe à droite
et à gauche de la route Montgeroult-Cormeille en Yexin. On voit
ces sables au bois de la Futaie et dans les jardins adjacents ; ils pro-
longent vers le sud les sables arrêtés sur la feuille de Paris vers le
Bois Pagnon. La base des sables semble suivre la courbe de niveau
de 80 m.
3° A Puiseux des coupes fraîches m’ont montré le loess bien en
place sur les cailloutis de plateau et j’ai relevé la coupe suivante
à la briqueterie 3.
(1) A1 sables fins quartzeux
A2 grès dur siliceux en banc
A3 sable fin quartzeux
A4 grès concrétionnés en rognons branchus
A5 sables argileux verdâtres
B, banc de cailloutis roulés, grossiers, à meulières pétries de Chara
medicaginula et de Lymnées.
C, Loess poreux jaunâtre, extrait pour la brique
A, représente certainement les sables de Cresnes. A5, les sables de
Marines, B, les cailloutis des plateaux (altitude 110) P, et C le
limon des plateaux.
En résumé, bien que sommaire, cette note indique quelques
modifications à apporter à la feuille de Paris et signale en outre les
graviers des plateaux à Puiseux, ce qui est un fait entièrement
nouveau pour cette feuille.
1. Carte géologique de la France au 1 /80.000e, feuille de Paris 48, N. W.
2. L. Feugueur. Etude préliminaire sur le Bartonien de la Vallée de la Viosne. C. R.
Somm. S. G. F., n° 13, p. 94. Paris, 1941.
3. Note préliminaire sur les dépôts quaternaires dans le Vcxin français. C. R. Somm.
S. Géol. Fr., n° 12, p. 150, 1943.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
— 456
Une Coupe géologique schématique de Mayoumba
a N’dendé (Gabon)
Par G. Korablef.
Cette région peu fréquentée a déjà été reconnue par R. Furon,
B. Brajnikov, V. Perebaskine et V. Babet.
Les observations qui ont permis d’établir cette coupe ont été
faites en marge d’une tournée de prospection dans cette région et
ont pour but d’aider à démêler la géologie assez complexe de cette
partie du Mayombe. La coupe qui en résulte ne doit être considérée
que comme un schéma général, ne prétendant aucunement à une
exactitude rigoureuse.
La route a été relevée à la chaîne et à la boussole, par un topo-
graphe indigène, les altitudes ont été notées au cours d’un passage
en camion à l’aide d’un baromètre altimétrique sans qu’il ait été
possible de tenir compte des variations quotidiennes au niveau de
la mer avec précision.
Les contacts ne sont pas toujours situés avec l’exactitude voulue,
les affleurements francs n’étant pas suffisamment nombreux pour
le faire. Les puits de prospection ont souvent été d’une aide
précieuse.
La succession des roches rencontrées en partant de Mayoumba
est la suivante :
Dans les îles de la Lagune et pendant 5 à 6 kms, sur la route, on
observe d’importants massifs de roches vertes allant des granodio-
rites aux gabbros avec des amphibolites et des minettes.
Ensuite, pendant une dizaine de kilomètres, on trouve des grès
conglomératiques clairs et plutôt tendres. Ces grès diffèrent totale-
ment des grès verts qu’on rencontre plus loin.
L’élément constitutif des conglomérats, assez fréquents dans les
grès, est une série de fragments bien roulés de quartz et de quartzite
noyés dans un ciment gréseux. La grosseur des cailloux roulés est
de l’ordre de 5 à 10 centimètres de diamètre.
Dans les concentrés provenant du traitement des graviers, on
trouve en dehors du quartz, de la tourmaline noire, du grenat, du
rutile, du disthène, de l’oligiste, quelquefois du chrysobéryl et un peu
d’or.
Cette formation semble, somme toute, se rapprocher beaucoup
du Lubilash tel qu’on le rencontre en Oubanghi. Il serait évidem-
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
R. Moukalaba.
Lcxgune de
Mayoumba
Cn
Coupe schématique suivant la route Mayoumba-N’Dendé.
1 : Roches vertes. • — 2 : Grès et conglomérat clair. — 3 : Schistes métamorphiques et quartzites redressés. — 4 : Gneiss et gn. amphibolique
avec intrusion des grano- diorites. — 5 : Roches métamorphiques et cristalloph. non différenciées. - — 6 : Schisto-Calcaire. — 7 : Grès
et conglomérat vert légèrement métamorphisés avec des grés rouges non métamorphiques au sommet. L’ensemble de cette formation
est recouvert par du Schisto-gréseux subhorizontal. — C. : Contacts normaux. — Ct : Contacts anormaux.
Echelle des longueurs : 1 /1.000.000e. - — Echelle des hauteurs : 1 /10.000e.
— 458 —
ment hasardeux d’assimiler ces deux formations ; toutefois, cette
ressemblance est à noter.
A la formation gréseuse, succèdent des schistes métamorphiques
fortement redressés (pendage 70°), ce sont des amphiboloschistes,
des séricitoschistes, des schistes rouges à graphite, des schistes
quartzeux et des quartzites, avec un passage progressif aux gneiss
amphiboliques.
La série des gneiss comprend, en dehors des gneiss amphiboliques
déjà cités et très répandus, des gneiss gris souvent plus ou moins
rubannés. On rencontre au milieu des gneiss quelques pointements
granodioritiques.
Une autre formation de schistes métamorphiques fait suite aux
roches cristallophylliennes et on a l’impression que le tout forme
un seul ensemble métamorphique.
On atteint ensuite la plaine de la Nyanga constituée par des
formations calcaires et schistocalcaires.
En sortant de la plaine, on trouve à nouveau un affleurement de
schistes métamorphiques (?) rapidement recouverts par une série gré-
seuse. Il s’agit cette fois de grès verts avec des conglomérats de base,
les deux légèrement métamorphisés avec au sommet de la série des
grès rouges sans aucune trace apparente de métamorphisme.
Etant donné l’absence des affleurements nets, il est difficile d’éta-
blir l’allure exacte de cette formation, mais plusieurs observations
permettent de supposer qu’elle a un pendage de l’ordre de 20 à 30°.
Les conglomérats qui semblent être à la hase de cette série (et il ne
faut pas exclure la possibilité d’un conglomérat intercalaire) sont
généralement de la même couleur vert pâle que les grès.
La grosseur des éléments ne dépasse généralement pas 5 cm. de
diamètre, ce sont des fragments roulés de granité, de gneiss, de
silice, de jaspe, plus rarement de quartzite et quelquefois de grès
(conglomérat intercalaire ?).
Les concentrés qu’on obtient lors de la prospection sont surtout
constitués par des fragments roulés de quartz et de jaspe avec
d’assez nombreux cristaux de quartz et très peu d’éléments lourds.
Cette série est recouverte en discordance par une formation schis-
teuse (schistes gréseux, schistes argileux rouges ou verts) non
métamorphisée, subhorizontale.
Sa puissance est faible et par endroits, elle ne subsiste qu’en
lambeaux sur les grès verts, tandis qu’il est infiniment probable
qu’à l’origine elle recouvrait tout l’ensemble des grès. On la retrouve
au bas de la falaise qui borde la plaine de la N’Gounié où sa puis-
sance est infime car des puits de prospection de 5 mètres de pro-
fondeur l’ayant traversée ont rencontré des gneiss et des schistes
métamorphiques qui à leur tour sont rapidement recouverts par du
— 459 —
Schistocalcaire du synclinal de la N.’Gounxé sans intermédiaire
d’aucune formation conglomératique.
Si l’on étudie cette coupe en tenant compte de l’échelle établie
pour les régions voisines, on constate plusieurs anomalies. En pre-
mier lieu, on remarque le contact anormal des schistes métamor-
phiques avec les calcaires des deux côtés de la plaine de la Nyanga.
Il faut également noter l’absence du conglomérat de base du schisto-
calcaire qu’on devrait normalement trouver au voisinage de ces
contacts.
Ensuite vient la question de l’important affleurement des grès
verts. Ces grès sont légèrement métamorphisés sans qu’on remarque,
même en lames minces, des traces de dynamométamorphisme. La
postition stratigraphique de cette formation, totalement différente
de tout ce qui a été décrit jusqu’à présent, est très malaisée à établir.
La « falaise » de Nyali bordant la plaine de la N’Gounié semble
bien correspondre à une fracture et les deux contacts du schisto-
gréseux et du schisto-calcaire avec les roches cristallophylliennes et
métamorphiques sans aucune trace de conglomérat sont probable
ment aussi anormaux.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
— 460 —
Les Fructosanes et l’Hybridation chez les Graminées
Par H. Belval et Marie-Louise du Mérac.
Au point de vue des réserves glucidiques on divise les Graminées
en deux groupes : les Graminées lévulifères et les Graminées saccha-
rifères, selon qu’elles renferment ou non des fructosanes. Ces subs-
tances, dont le type est l’inuline des Composées, sont particulière-
ment abondantes chez les Monocotylédones, et plus spécialement
chez les Graminées où on les rencontre, seules ou associées à l’amidon,
dans les rhizomes, dans les tiges et même dans les grains.
Graminine, phléine, triticine, lévosine, élymosine comptent parmi
les mieux étudiées avec la fructosane des Bromes.
Toutes ces substances sont des polymères d’anhydride du lévulose ;
elles répondent à là formule générale (C6H1005)n. Mais suivant la
façon dont les molécules simples s’enchaînent les unes aux autres
pour former la molécule complexe on a des corps plus ou moins
hygroscopiques, précipitables ou non par la baryte, plus ou moins
solubles dans l’alcool, certains facilement hydrolysables par les
macérations de levure, d’autres difficilement, d’autres enfin pas du
tout ; sous l’action des acides dilués, ils donnent des produits d’hy-
drolyse ne contenant guère que du lévulose ou renfermant un pour-
centage de glucose qui peut atteindre jusqu’à 10 % ; enfin leurs
pouvoirs rotatoires sont compris entre — 36° et — 49°.
Compte tenu des cas de convergence inévitables, de telles subs-
tances, qui constituent dans les plantes la masse la plus importante
de la matière organique, puisqu’on en trouve de 12 à 15 %, sont bien
souvent révélatrices d’affinités réelles. Leur absence justifie cer-
taines séparations, leur présence, par contre, autorise divers rap-
prochements ; il arrive même qu’elles permettent, à elles seules,
de trancher des points litigieux.. Jadis les Brachy podium étaient
distribués parmi les genres Bromus, Festuca, Agropyrum ; les
auteurs modernes les ont séparés et à juste titre, car, outre tous les
motifs qui ont conduit à cette décision, il en est un qu’on ne saurait
sous-estimer : les Brachypodium sont saccharifères, les trois autres
genres sont lévulifères. L’orge bulbeuse renferme la même fructo-
sane que les Elymus ; on en peut conclure que les deux genres Hor-
deum et Elymus, sont assez étroitement apparentés ; on comprend
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
- 461 —
dès lors les hésitations des systématieiens au sujet de nos Elymus
indigènes dont souvent deux sur trois sont considérés comme des
Orges 1. Récemment, enfin, Festuca gigantea Vill. s’est vue défini-
tivement placée dans le genre Festuca ; classée tantôt parmi les
Fétuques à cause de ses stigmates terminaux, tantôt parmi les
Bromes, sous le nom de B. giganteus L., au voisinage de B. asper
et de B. erectus, dans la section Festucaria, à cause de la position de
l’arête fixée un peu en arrière du sommet de la glumelle, présentant
en un mot des caractères propres à l’un et l’autre genre, il était
impossible de la situer à l’aide des seules données morphologiques ;
mais Fétuques et Bromes ont un chimisme très différent : les pre-
mières élaborent de la phléine, les seconds renferment une tout autre
fructosane et aucune confusion n’est possible entre ces deux subs-
tances ; or, Festuca gigantea renferme de la phléine ; elle doit, de ce
chef, prendre rang parmi les Fétuques 2.
S’il en est ainsi, le chimisme glucidique des géniteurs dans les
croisements ne saurait être sans influence sur le succès de l’hybri-
dation et, à cet égard, l’examen des croisements connus dans la
famille des Graminées est des plus instructif. Bien entendu, il ne
saurait être question d’étudier les croisements interspécifiques ; les
genres étant en général assez homogènes, ces croisements abondent ;
leur nombre prouve le peu d’intérêt qu’ils présentent en ce qui nous
occupe. Il n’en va pas de même des croisements intergénériques,
car, il y a parfois d’un genre à l’autre, même lorqu’ils paraissent
voisins, de profondes différences glucidiques. Beaucoup moins
nombreux que les précédents, ces croisements ne sont pourtant pas
rares ; on en jugera par la liste suivante, qui est bien près d’être
complète, dressée d’après Y Index Kewensis jusqu’à l’année 1935 et
d’après les données du Bulletin Analytique pour les années ulté-
rieures.
Euchloena X Zea
Euchloena X Tripsacum
Zea X Tripsacum
Saccharum X Zea
Saccharum X Sorghum
Saccharum X Erianthus
Agrostis X Polypogon ( X Agropogon)
Agrostis X Calamagrostis
Ammophila X Calamagrostis ( X Ammocalamagrostis )
Lévulifères / Danthonia X Sieglingia
J Festuca X Lolium
I Agropyrum X Hordeum ( X Agropyrohordeum)
[ Agropyrum X Elymus ( X Agroelymus)
Saceharifères
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
30
— 462
j Haynaldia X Secale
Haynaldia X Triticum
Haynaldia X Aegilops
Secale X Agropyrum
Triticum X Agropyrum
Aegilops X Agropyrum
Triticum X Secale
Aegilops X Triticum ( X Aegilotricum)
Hordeum X Secale
Elymus X Triticum
L’influence du chimisme apparaît de suite, car si les croisements
sont largement possibles au sein d’un même groupe de Graminées,
il n’y a pas d’exemple d’hybridation entre plantes saccharifères et
plantes lévulifères.
Bien plus, dans le groupe lévulifère lui-même, la nature des fruc-
tosanes n’est nullement indifférente. On aurait même pu penser,
à la suite des travaux de C Arles sur les Iris 3 que l’identité des
glucides fût de règle chez les parents pour assurer le succès des
croisements ; en réalité, il n’en est rien : le cas des Iris est un cas
particulier où les possibilités d’hybridation sont très restreintes et
très strictement limitées. Divisés en trois groupes, d’après la nature
des glucides de réserve, les Iris, en effet, ne se croisent pas d’un
groupe à l’autre, quels que proches que soient les parents dans la
classification, y eût-il même identité du stock chromosomique ; par
contre, à l’intérieur d’un même groupe, on obtient facilement des
hybrides entre plantes parfois éloignées par les systématiciens et
dont au surplus les chromosomes peuvent ne présenter aucune
homologie. Rien de tel chez les Graminées. Divers Agropyrum,
plantes à triticine, se croisent bien avec des Elymus, plantes à
élymosine, fructosane qui se distingue de la triticine, par son pouvoir
rotatoire, la présence de 5 % de glucose dans la molécule, sa trans-
formation totale en sucres réducteurs sous l’action de la sucrase.
Il est bien probable que des différences analogues existent entre la
triticine et les fructosanes des tiges de Triticum, Secale, Aegilops,
dont on ne sait rien. Sans doute connaît-on dans ces trois cas la
lévosine des grains, mais elle compte pour bien peu dans le total des
glucides, surtout à maturité ; au surplus, on ne saurait comparer
une minime production des grains avec l’abondante réserve gluci-
dique des rhizomes du Chiendent. Quand on connaîtra la fructosane
des tiges de Blé, de Seigle et d’ Aegilops, peut-être sera-t-on moins
étonné de voir ces plantes se croiser avec les Chiendents.
Il y a pourtant une limite à la possibilité d’hybridation. C’est ainsi
que Festuca gigantea, en dépit d’essais multipliés, dont le but était
précisément de rechercher les affinités de cette plante soit avec les
Bromes soit avec les Fétuques, n’a jamais pu être croisée avec
Lévulifères
— 463 —
aucun des Bromes de la section Festucaria considérés comme les
plus voisins ; alors qu’il donne si facilement des hybrides avec
diverses Fétuques. Ces échecs ne sont pas le fait du hasard ; il les
faut certainement imputer, pour une grande part, au chimisme des
parents : entre la phléine des Fétuques et la fructosane des Bromes
existe sans doute une différence trop grande, différence que révèle
d’ailleurs le seul aspect extérieur des glucides.
En ne tenant compte que de ces données, on en viendrait volon-
tiers à considérer deux types de fructosanes chez les Graminées :
le type « graminine » et le type « triticine ». Le premier, composé pour
le moment de la graminine et de la phléine, est très homogène : les
deux substances, pulvérulentes et peu hygroscopiques, sont formées
de lévulose seulement, elles sont tributaires de la sucrase et se pré-
sentent comme de l’amidon très fin. Le second est beaucoup moins
homogène : entré la triticine qui ne tombe pas sous le coup de la
sucrase, qui ne contient pas de glucose et la lévosine hydrolysable en
totalité et renfermant 10 % de glucose, s’intercalent diverses fruc-
tosanes dont les propriétés sont intermédiaires, la fructosane des
Bromes, par exemple, avec 7 % de glucose, celle des Elymus avec
seulement 5 % ; mais toutes se reconnaissent sans peine à leur grande
hygroscopicité, à la façon dont l’alcool les précipite en masse pâteuse
difficile à dessécher.
Or, entre plantes dont les fructosanes sont du même type, l’hybri-
dation paraît toujours possible : Festuca et Lolium qui se croisent
bien, renferment de la phléine ; il en est de même des genres Agrostis,
Calamagrostis, Ammophila. Partout ailleurs les glucides, bien que
non identiques, sont du type triticine. On ne connaît, par contre,
aucun exemple de croisement entre plantes dont les fructosanes sont
de types différents et à cet égard l’échec des tentatives pour croiser
Festuca et Bromus est dès plus suggestif.
En somme ce qui importe pour le succès d’une hybridation, c’est
le maintien d’un certain équilibre interne. Point n’est besoin pour
cela que les deux parents aient exactement le même chimisme, qu’ils
élaborent identiquement les mêmes substances. Il suffit que ces
chimismes soient assez voisins pour coexister, se fondre ensemble
pour ainsi dire, en tout cas pour ne pas s’exclure. C’est vraisem-
blablement ce qui a lieu quand les parents élaborent des fructosanes
du même type, et il est à croire qu’entre celles-ci n’existe aucune
incompatibilité, puisqu’on voit dans le croisement Elymus riparius
X Agropyrum caninum le chimisme de Y Agropyrum s’imposer de
façon absolue, se substituer à celui de Y Elymus, au point que l’hy-
bride ne produit que de la triticine. Peut-être n’en va-t-il pas tou-
jours ainsi, c’est pourquoi il serait si instructif de connaître le contenu
glucidique des parents et de la Fj^ dans le croisement Triticum X
Agropyrum.
BIBLIOGRAPHIE
1. H. Colin et H. Belval, Affinités chimiques et classification chez les
Hordées. C. R. Ac. Sc., 1937, 201, 191.
H. Belval, Le fructoside des Elymus. Rev. Gén. Bot., 1938, 50, 16.
2. H. Belval et A. de Cugnac. Sur le glucide lévogyre des Bromes. C. R.
Ac. Sc., 1940, 211, 568.
3. J. Carles. Les possibilités d’hybridation. Rev. Gén. Sc., 1938, 49, 268.
4. A. de Cugnac et H. Belval. Nature du glucide d’un hybride obtenu
entre deux genres de Graminées différant par leurs réserves gluci-
diques. C. R. Ac. Sc., 1939, 208, 377.
Laboratoire de Culture du Muséum et Laboratoire de botanique
de l’Institut catholique de Paris.
— 465 —
■L’Acide cyanhydrique dans les Hybrides du Poirier
avec le Cognassier
Par G. Dillemann.
La répartition des espèces à acide cyanhydrique est très irrégu-
lière dans les genres ou les familles : une espèce cyanhydrique peut
ainsi former des hybrides avec une espèce voisine non cyanhydrique.
Il est intéressant de rechercher si le principe cyanhydrique de
l’un des parents se retrouve dans l’hybride.
Dans le cas de l’hybridation spontanée de la Linaire striée, cyan-
hydrique, avec la Linaire vulgaire, non cyanhydrique, j’ai pu
montrer 1 que l’hybride était lui-même une plante cyanhydrique.
Le Cognassier, dont les feuilles contiennent de l’amygdonitrile-
glucoside isolé et caractérisé par Y. Plouvier 2, a pu être hybridé
sexuellement par Veitch 3 avec le Poirier, qui n’est pas une plante
cyanhydrique. En dehors de cet hybride sexuel, connu sous le nom
de X Pyronia, il a été observé un certain nombre de types d’ « hy-
brides de greffe » ou -j- Pyro-Cydonia.
Les Jardins du Muséum possèdent une collection complète de ces
divers types d’hybrides qui ont été décrits à diverses reprises par
A. Guillaumin 4.
La recherche de l’acide cyanhydrique dans plusieurs de ces
hybrides a déjà été effectuée par divers auteurs :
V. Plouvier 5 a signalé l’absence d’acide cyanhydrique dans
X Pyronia Veitchii var. luxembur giana, mais sans rien indiquer des
conditions de la recherche.
M. Cormier 6 a montré que les feuilles du -(- Pyro-Cydonia
Winhleri étaient susceptibles de libérer sept fois plus d’acide
cyanhydrique que le même poids de feuilles de Cognassier, récol-
tées en même temps, sans préciser la date de ses essais.
V. Plouvier 7 a confirmé la richesse des feuilles de cet hybride
1. G. Diilemann. Th. Docl. Pharmacie, Paris, 1946, p. 63.
2. Y. Plouvier. Th. Doct. ès Sc., Paris, 1941, p. 124.
3. L. ïrabut. Journ. of Heredity, 1916, 7, 416.
4. A. Guillaumin. Bull. Soc. Dendrologique Fr., 1925, 62. Bull. Muséum, n. s., 1944,
16, 490 et 1945, 17, 251. Revue horticole, 1945, 29, 165.
5. V. Plouvier, loc. cil., p. 136.
' 6. M. Cormier, C. R. Acad, des Sc., 1935, 200, 2031.
7. V. Plouvier, loc. cit., p. 134.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 5, 1946.
en principe cyanogénétique. Comme pour Cormier, il s’agissait d’un
arbuste n’ayant pas encore fleuri.
Par contre, il n’a pas trouvé d’acide cyanhydrique en juin dans
les rameaux et les feuilles de -j- PyroyCydonia Danielii x.
Il m’a semblé intéressant d’effectuer une nouvelle recherche
comparative de l’acide cyanhydrique dans les feuilles de ces divers
hybrides en utilisant la réaction au Bleu de Prusse suivant une
technique que j’ai précisée d’autre part 1 2 et qui permet de caracté-
riser avec certitude une quantité d’acide cyanhydrique de l’ordre de
0,03 mg.
Les feuilles récoltées 3 ont été broyées à l’état frais par passage
au « hachoir universel », puis mises à macérer pendant vingt-quatre
heures dans environ cinq fois leur poids d’eau distillée ; le liquide
a été alors soumis à la distillation et la recherche de l’acide cyan-
hydrique a été effectuée sur les dix premiers centimètres-cubes du
distillât recueilli.
Dans les cas où la réaction n’a pas été directement positive, le
contenu du ballon a été refroidi et 0,2 g. d’émulsine ajoutée au
mélange ; après une nouvelle macération de vingt-quatre heures, il
a été procédé à la distillation et à la recherche de l’acide cyanhy-
drique sur les dix premiers centimètres-cubes du distillât.
Résultats.
+ Pyro-Cydonia Danielii Winkler, exemplaire n’ayant pas fleuri, 23 g.
de feuilles récoltées le 17-7-1946 vers 15 h. Pas d’HCN.
+ Pyro-Cydonia Claracii L. Daniel, en cours de fructification, 73 g.
de feuilles récoltées le 17-7 vers 15 h. Pas d’HCN.
+ Pyro-Cydonia Winkleri h. Daniel, en cours de fructification, 43 g*
de feuiles récoltées le 17-7 vers 15 h.
Présence d’acide cyanhydrique : la coloration obtenue corres-
pond au maximum à 10 mg. de CNH pour 1.000 g. de feuilles fraîches.
+ Pyro-Cydonia Winkleri, type stérile. 27 g. de feuilles récoltées le 17-7
vers 15 h.
Présence d’acide cyanhydrique. La coloration obtenue a été beau-
coup plus intense qu’avec les 43 g. du même hybride en fruits.
X Pyronia Veitchii var. luxembur giana A. Guillaumin, en fruits. 72 g.
de feuilles récoltées le 18-7 vers 15 h. Pas de CNH.
Cydonia vulgaris Pers., en fruits. 90 g. de feuilles récoltées le 1-7 vers 8 h.
Présence d’acide cyanhydrique (coloration nette).
1. V. Plouvier. lop. cit., p. 135.
2. G. Dillemann, loc. cit., p. 53.
3. Je remercie M. le Professeur A. Guillaumin qui m’a très obligeamment procuré
des feuilles des divers + Pyro-Cydonia de la collection du Muséum et M. Cuny, Conser-
vateur des Jardins du Luxembourg, qui m’a aimablement autorisé à prélever des
feuilles de X Pyronia Veitchii var. luxemburgiana dans ses jardins.
Ainsi :
1. Comme l’a indiqué V. Plouvier, le X Pyronia V eitchii ne
possède pas dans ses feuilles de principe cyanhydrique décelable
par la méthode employée, tout au moins sous sa variété luxembur-
giana. La recherche resterait à faire sur la variété John Seden, dont
les fruits sont plus voisins du Coing. Il est à remarquer que le sens
du croisement ayant conduit à l’obtention de ces hybrides n’a pas
été indiqué.
2. Parmi les « hybrides de greffe », le -j- Pyro-Cydonia Danielii,
déjà étudié par V. Plouvier, et le -j- Pyro-Cydonia Claracii, qui ne
semble pas avoir été déjà examiné sous ce rapport, ont également
des feuilles sans ce principe cyanogénétique.
3. Par contre, le -j- Pyro-Cydonia Winkleri , considéré par Daniel
comme possédant des caractères renforcés du Cognassier, est, comme
ce parent, une plante cyanhydrique.
Cependant, je n’ai constaté une haute teneur en acide cyanhy-
drique que dans la forme stérile, étudiée auparavant par M. Cor-
mier et par V. Plouvier ; la forme fertile qui n’avait pas été encore
étudiée est beaucoup moins riche en acide cyanhydrique.
La floraison et la fructification semblent ainsi amener un change-
ment, non seulement dans la morphologie de la plante, comme l’a
signalé A. Guillaumin 1, mais également dans son chimisme.
Les rapports éventuels de ces modifications restent à étudier.
1. A. Guillaumin. Revue horticole, 1945, 29, 165.
Laboratoire de Chimie biologique de la Faculté de Pharmacie
et Laboratoire de Culture du Muséum.
Le Gérant : Marc André.
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 381
Communications :
L. Fage. Araignées cavernicoles de l’Inde 382
M. André. La propagation du Crabe chinois ( Eriocheir sinensis IL M.-Edw.)
dans le Nord de la France 389
J.-M. Démangé. Callipus foetidissimus gallicus denticulalus nov. var. des Cata-
combes du Muséum d’Histoire naturelle de Paris (Myriapodes Diplopodes). 394
P. Fauvel. Annélides Polychètes des croisières du Pourquoi Pas? 397
P. Calas. Sur la présence du genre Gundlachia (Pfeiffer) (Mollusque Ancylide)
dans le centre de la France 404
H. Jacques-Félix. Description d’un Fagopyrum africain 409
P. Bourrelly et J. Feldmann. Une algue méconnue : Sphaeroplea soleirolii
(Duby) Montagne 412
J. Roger. Au sujet des études paléontologiques et de l’organisation méthodique
de la documentation en général 416
J. Margara. Existence de Zoothylacics chez des Clypéastres (Echinodermes)
de l’helvétien du Proche Orient 423
E. Buge. Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la collection du Labora-
toire de Paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle. IV. Bryo-
zoaires Cheilostomes de l’Eocène du Bassin de Paris figurés par F. Canu
(1907-1910) 428
E. Boureau. L’évolution vasculaire du Calycanthus floridus L. (actuel : Caly-
canthacées) et l’explication du système vasculaire de Y Elapteris Scolti P. B.
(Filicale paléozoïque, Zygoptéridées) 440
R. Furon. Nécessité d’unifier la nomenclature des terrasses fluviatiles 448
R. Soyer. Prolongement de la ligne n° 7 du Chemin de fer Métropolitain à
Ivry-sur-Seine (Notice géologique) 450
L. Feugueur. Sur quelques points intéressants dans la vallée de la Viosne. . . . 454
G. Korablef. Une coupe géologique schématique de Mayoumba à N’Dendé
(Gabon) 456
H. Belval et M.-L. du Mérac. Les fructosanes et l’hybridation chez les Gra-
minées 460
Gs Dillemann. L’acide cyanhydrique dans les hybrides du Poirier avec le
Cognassier 465
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY-SA^T-HILAIRE, PARIS Ve
Archives du. Muséum, national d’ Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d'Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.j.
Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, abonnement annuel France, 200 fr., Étranger, 300 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 fr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systematicæ. (Directeur M. II. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909; abonnement au volume, France, 90 fr. ;
Etranger, 150 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr.,
Etranger, 150 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Pinard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Sainl-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trooadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro : 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire d’Agronomie coloniale; paraît depuis 1921.
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924 ; abonnement France, 200 fr., Étranger,
260 fr.).
Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur Mme Allorge, Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 200 fr.,
ÉtrSnger, 300 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeur M. Roger Heim. Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis
1928 ; abonnement France, 225 fr., Étranger, 375 et 450 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
2e Série. — Tome XVIII
RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
N° 6. — Novembre 1946
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
57, RUE CUVIER
PARIS-V*
REGLEMENT
Le Bulletin du Muséum est réservé à la publication des travaux faits
dans les Laboratoires ou à l’aide des Collections du Muséum national
d’IIistoire naturelle.
Le nombre des fascicules sera de 6 par an.
Chaque auteur ne pourra fournir plus d’une 1 /2 feuille (8 pages d’im-
pression) par fascicule et plus de 2 feuilles (32 pages) pour l’année. Les
auteurs sont par conséquent priés dans leur intérêt de fournir des manus-
crits aussi courts que possible et de grouper les illustrations de manière
à occuper la place minima.
Les clichés des figures accompagnant les communications sont à la
charge des auteurs ; ils doivent être remis en même temps que le manuscrit,
avant la séance ; faute de quoi la publication sera renvoyée au Bulletin
suivant.
Les frais de corrections supplémentaires entraînés par les remanie-
ments ou par l’état des manuscrits seront à la charge des auteurs.
Il ne sera envoyé qu’une seule épreuve aux auteurs, qui sont priés de le
retourner dans les quatre jours. Passé ce délai, l’article sera ajourné à un
numéro ultérieur.
Les auteurs reçoivent gratuitement 25 tirés à part de leurs articles. Ils
sont priés d’inscrire sur leur manuscrit le nombre des tirés à part supplé-
mentaires qu’ils pourraient désirer (à leurs frais).
Les auteurs désirant faire des communications sont priés d’en adresser
directement la liste au Directeur huit jours pleins avant la date de la
séance.
TIRAGES A PART
Les auteurs ont droit à 25 tirés à part de leurs travaux. Ils peuvent en
outre s’en procurer à leurs frais un plus grand nombre, aux conditions
suivantes :
(Nouveaux prix pour les tirages à part et à partir du Fascicule n° 4 de 1941 )
25 ex. 50 ex. 100 ex.
4 pages 57 fr. 50 74 fr. 50 109 fr.
8 pages 65 fr. 75 89 fr. 75 133 fr. 50
16 pages 79 fr. 112 fr. 175 fr.
Ces prix s’entendent pour des extraits tirés en même temps que le
numéro, brochés avec agrafes et couverture non imprimée.
Supplément pour couverture spéciale : 25 ex 18 francs.
par 25 ex. en sus 12 francs.
Les auteurs qui voudraient avoir de véritables tirages à part brochés
au fil, ce qui nécessite une remise sous presse, supporteront les frais de ce
travail supplémentaire et sont priés d’indiquer leur désir sur les épreuves.
Les demandes doivent toujours être faites avant le tirage du numéro
correspondant.
PRIX DE l’abonnement ANNUEL :
France : 200 fr. ; Etranger : 300 fr.
(Mandat au nom de l’Agent comptable du Muséum)
Compte chèques postaux : 124-03 Paris.
BULLETIN
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
ANNÉE 1946. — N° 6.
357® RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM
28 NOVEMBRE 1946
PRÉSIDENCE DE M. Ed. BOURDELLE
ASSESSEUR DU DIRECTEUR
ACTES ADMINISTRATIFS
M. P. Rode est nommé Chef du Service national de Muséologie du
Muséum national d’Histoire naturelle à dater du 1er juin 1946 (Arrêté
ministériel du 16 novembre 1946).
M. M. Rouyer est nommé Jardinier-chef honoraire (Arrêté ministériel
du 9 novembre 1946).
M. Garraud est nommé Aide-technique au Laboratoire de Paléon-
tologie à dater du 1er janvier 1946 (Arrêté ministériel du 5 octobre
1946).
Mlle Marquer est nommée Aide-technique au Musée de l’Homme, en
remplacement de Mlle de La Jarrige, démissionnaire (Arrêté ministé-
riel du 22 octobre 1946).
M. Gastinault est nommé Garçon de laboratoire au Laboratoire de
Paléontologie, à dater du 1er octobre 1946 (Arrêté ministériel du
16 novembre 1946).
Ont été nommés Officiers de l’Instruction publique :
MM. R. Abrard, Ed. Fischer, R. Heim, Professeurs ; M. André,
R. Furon, P. Lester, G. Ranson, Sous-Directeurs de Laboratoire ;
Mme G. Duprat, Bibliothécaire en chef ;
MM. P. Champion, P. Jovet, P. Rode, R. Soyer, Assitants ;
M. Pra, Surveillant général ;
R. Arnault, Secrétaire-comptable ;
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
31
Mlle P.-M. Le Scour, Aide-technique ;
MM. A. Schaeffner, Maître de Recherches ; M.-J. Leiris, Chargé de
Recherches ; R. Gaume, Attaché : Centre national de la Recherche scienti-
fique.
Ont été nommés Officiers d’Académie :
MM. M. Fontaine, Professeur ; P, Bullier, J. Léandhi, Y. Le Grand,
Mme M.-L. Tardieu-Blot, Sous-Directeurs de Laboratoire ;
J. Arènes, Mlle M.-L. Joubier, M. J. Nouvel, Mlle M.-A. Pasquier,
Mme D. Schaeffner, M. M. Vachon, Assistants ;
P. Reveneau, Surveillant général ;
Mlle G. Piette, Secrétaire d’Administration ;
MM. P. Billion, R. Willmann, Aides-Techniques ;
F. Lomont, Taxidermiste ;
MM. R. Mamy, Commis d’Administration ; J. Boulet, Agent comp-
table ; H. Rose, Jardinier permanent ; Berard, Garçon de Laboratoire
en retraite.
M. H. Kelley, Maître de recherches du Centre national de la Recherche
scientifique.
— 471 —
COMMUNICATIONS
Manifestations archétypiques
Par le Dr E.-G. Dehaut.
Dans sa description de la mâchoire de Mauer, Schoetensack
qui attribuait cet anthropôlithe à une forme de transition spécifique-
ment distincte de l’humanité actuelle ( Homo heidelbergensis, qui
sera, pour nous, une race de l’espèce humaine à la fois une et très
variable), s’occupe avec prédilection de son incisura submentalis
bien plus marquée que chez les Australiens où cette curieuse confi-
guration venait d’être étudiée par Klaatsch. De chaque côté,
Yincisura s’étend, exactement comme la fossette digastrique, jusqu’à
l’aplomb de la face postérieure de la première arrière-molaire ; les
deux fossettes étant séparées, mésialement, par le bec du menton
(spina interdigastrica). Or, sur des mandibules de Gibbons ( Hylo -
bâtes dont il n’indique pas l’espèce), Schoetensack retrouvait
« des traces » d’échancrure sous-mentale, et l’éminent anthropo-
logiste y voyait « une preuve irréfutable que celle-ci était autrefois
une possession commune ». — Au lieu de cette affirmation arbitraire
— confusion des notions de prototype et A’ archétype 1, — voici une
interprétation empreinte des idées d’OwEN et de Léon Vaillant :
Dans le plan d’ organisation du groupe naturel comprenant les
Singes et l’Homme, la mâchoire inférieure présente une échancrure
sous-mentale. Toutefois, dans les Simiens, ce caractère n’a été réalisé
que dans quelques Hylobates, — de même que, à l’intérieur de
l’espèce humaine, il ne se voit que dans un très petit nombre de races.
Chez Pliopithecus antiquus Lartet du miocène de Sansan, qui est
le plus ancien représentant du groupe Gibbon, il n’existe aucune
trace A' incisura submentalis : celle-ci n’est donc pas un caractère
ancestral, mais archétypique.
Parmi les mâchoires de Catarrhiniens anthropomorphes du genre
actuel et oriental Hylobates, conservées au laboratoire de Mamma-
1. Un archétype, c’est le plan anatomo-physiologique idéal d’un groupe naturel :
embranchement, classe ou ordre. Platon disait de l’archétype du monde animé :
T à yàp voTjTà Çwa iràvTa ixeïvo h saurw itepcXaêôv ê^ei. Car tous les animaux
que l'esprit peut concevoir, certes celui-là les contient en lui-même.
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
472 —
logie, plusieurs sont dépourvues d’échancrure sous-mentale. Mais,
par une sorte de compensation, il en est trois — d ’Hylobates concolor
leucogenys Ogilby — - qui sont aussi différenciées, sous ce rapport,
que la mâchoire de Mauer. L’une d’elles est dessinée de grandeur
Hylobates concolor leucogenys. (Sur la figure de droite, la flèche indique le niveau où
se terminent la fossette digastrique et la demi-échancrure qui lui répond).
naturelle sur la figure. Quoique la similitude soit frappante entre son
échancrure sous-mentale et celle de plusieurs mâchoires humaines,
cette mandibule est bien celle d’un Simien avec ses fossettes digas-
triques à peine indiquées et ses canines saillantes.
Laboratoire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) du Muséum.
— 473 —
Note relative a la nomenclature d’un Amphibien
et d'un Poisson
Par F. Angel, L. Bertin et J. Guibé.
Dans une lettre en date du 2 octobre 1946, E. Trewavas et
H. W. Parker, du British Muséum of Natural History, ont bien
voulu attirer notre attention sur des questions de nomenclature
qui, selon leur opinion, pourraient créer quelque confusion au
sujet d’un Amphibien et d’un Poisson nouveaux dont nous avons
fait récemment l’étude.
En ce qui concerne l’ Amphibien, il s’agit de Rana courtoisi, étudié
à l’origine sur un exemplaire, puis plus tard sur plusieurs individus
de même provenance L Au cours d’une révision ultérieure faite par
nous, l’échantillon unique qui servit de type fut référé à R. spinosa.
N’ayant pas voulu créer un nom nouveau pour les autres exemplaires
que nous considérions alors comme spécifiquement distincts, nous
leur avons laissé le nom de courtoisi. Or, le premier type étant placé
par nous dans la synonymie de R. spinosa, son nom, dans l’opinion
de nos collègues britanniques, ne peut être repris, pour désigner la
nouvelle espèce, sans danger de créer quelque confusion. Il nous
faut reconnaître le bien-fondé de l’observation de nos collègues et
nous proposons pour Rana courtoisi, tel qu’il a été envisagé dans
notre note du Bulletin du Muséum, 1945, XVII, p. 379, le nom
de R. chekiensis Angel et Guibé. Syntypes : (J, n° 1923-16 ; $,
n° 1923-22, paratypes : <$, n° 1923-14, 15, 18, 19, 20, 21 ; $, n° 1923-
23, 24, 25 (Coll. Mus. Paris).
Pour le Poisson, le problème de nomenclature est posé d’une façon
à peu près analogue. L’un de nous, en 1940 2, ayant constaté que
Spratelloides madôtgascariensis Sauvage n’appartient pas au genre
Spratelloides défini par Bleeker, crée pour cette espèce le nouveau
genre Sauvagella, en attirant l’attention sur le fait que les spécimens
rangés par Sauvage sous le nom spécifique de madagascariensis
appartiennent en réalité à trois formes bien distinctes : une forme
longianalis, une forme brevidorsalis et une forme bianalis. Au
cours d’un travail de révision fait en 1943 3, les individus apparte-
nant aux deux premières formes sont versés dans le genre Gil-
1. Bull. Mus. Paris, 1922, XXVIII, p. 399 et 1923, XXIX, p. 289.
2. Bull, Mus. Paris, 1940, (2) XII, p. 300.
3. Bull. Inst. Océan. Monaco, 1943, n° 853, p. 21-24.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
474 —
christella Fowler dont ils deviennent l’espèce G. madagascariensis,
tandis que Sauvagella, restreint dans son acception, est limité à
la forme bianalis.
A seule fin d’éviter des confusions possibles, nous proposons le
changement de nomenclature suivant :
1° Gilchristella madagascariensis (Sauvage).
= Spratelloides madagascariensis p. p. Sauvage (1883-91).
= Sauvagella madagascariensis longianalis et brevidorsalis
Bertin (1940).
= Gilchristella madagascariensis Bertin (1943).
Syntypes, 2' spécimens, n° 3794 et 3795 (Coll. Mus. Paris).
2° Spratellomorpha Bertin nom. nov.
Spratellomorpha bianalis (Bertin).
= Spratelloides madagascariensis p. p. Sauvage (1883-91).
= Sauvagella madagascariensis bianalis Bertin (1940).
= Sauvagella bianalis Bertin (1943).
Syntypes, 13 spécimens, n° 5174 et 5175 (Coll. Mus. Paris).
Laboratoire de Zoologie (Reptiles et Poissons) du Muséum.
— 475 —
Une nouvelle variété de l’Eriophyes pini [N al.),
PARASITE DES CYPRÈS DANS LE DÉPARTEMENT DU V AR
Par Marc André.
M. le Professeur R. Pussard, Directeur de la Station de Zoologie
agricole et Insectarium d’Antibes, a observé en avril 1945 que des
pousses de Cyprès rcueillies à La Cadière d’Azur (Var) présentaient
des déformations dues à la présence d’un Acarien Eriophyide. •
L’examen des échantillons nous a montré qu’il s’agissait d’une
variété nouvelle de l’ Eriophyes pini Nalepa pour laquelle nous pro-
posons le nom de cupressi.
Eriophyes pini (Nalepa).
var. cupressi n. var.
Corps allongé, subcylindrique, environ quatre fois plus long
(240 y) que large (55 p), présentant dorsalement et ventralement
des rangées de ponctuations proéminentes entre chacun des sillons
abdominaux transverses ; ces derniers sont en nombre (70) sensible-
ment égal sur les faces dorsale et ventrale.
Face dorsale. — Scutum dorsal petit, suborbiculaire et portant
trois soies : à savoir, les deux soies dorsales ordinaires, insérées sur
un court tubercule, dirigées en avant et longues de 40 p, puis une
soie antérieure impaire placée sur la ligne médiane et d’une longueur
qui ne dépasse pas 10 p.
On trouve, sur la face dorsale de l’abdomen, une paire de soies
courtes insérées sur le 12e anneau. La présence de ces soies est
extrêmement rare chez les Eriophyes et ne peut être observée que
dans quelques espèces : par ex. E. pini (Nal), E. avellanae (Nal.),
E. quadrisetus (Nal.). A la partie tout à fait postérieure de l’ab-
domen s’insèrent les deux soies caudales, assez bien développées
puisque leur dimension atteint 40 p et, près de celles-ci, naissent
es deux petites soies accessoires longues chacune de 10 p.
Face ventrale. — L’abdomen porte, sur sa face ventrale, quatre
paires de soies : tout d’abord, à la hauteur de l’ouverture génitale,
de chaque côté, se trouvent les soies latérales (longues de 50 p),
puis les soies ventrales I, dont la taille ne dépasse pas 20 p. En
arrière, plus rapprochées de la ligne médiane, s’insèrent les soies
ventrales II, très courtes (28 p) et enfin, près de l’extrémité posté-
rieure du corps, les soies ventrales III, longues de 40 p.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
— 476 —
L’orifice génital est situé à la limite du propodosoma et du méta-
podosoma, immédiatement en arrière des épimères II ; de chaque
côté, près du bord Iatéro-postérieur, s’insèrent les soies génitales,
courtes (10 p).
Pattes. — Les pattes sont courtes et composées de six articles
(I, coxa ; II, trochanter ; III, fémur ; IV, génual ; V, tibia ; VI,
tarse). Les auteurs ne sont pas d’accord sur le nombre des articles
Eriophyes pini (Nal.) var. cupressi M. André. Fig. 1. face ventrale (X 300) ; Fig. 2,
patte I (vue latéralement) ; Fig. 3, extrémité distale du tarse (face ventrale) mon-
trant l’empodium et les deux griffes terminales.
composant les pattes et sur la dénomination de chacun d’eux.
Nalepa, notamment, ne considère pas la coxa comme un article et
désigne le génual par le terme de patella ; il considère l’empodium
comme un prétarse et désigne comme une griffe tarsale le poil olfactif
de cet article. En réalité il n’y a pas de véritable prétarse et le
tarse porte, près de son extrémité distale, deux véritables griffes,
ainsi que l’a observé Oudemans (1926, p. 123 ; fig. 3, p. 124 et fig. 1
et 2, p. 126).
Ce 6e article, ou article terminal ou tarse, présente dorsalement
— 477 —
un gradin dont l’arête porte deux longs poils tactiles. Vu dorsale-
ment, le bord antérieur de ce gradin simule une ligne transverse
donnant l’apparence d’un deuxième article. Ce tarse se termine dis-
talement par une extrémité large et carrée qui porte ventralement
deux griffes extrêmement courtes jusqu’alors inaperçues de la plu-
part des auteurs. Entre elles se trouve l’empodium, très long, en
forme de pulvillus (soie plumiforme ou prétarse des auteurs) qui se
ramifie en quatre rangées (deux latérales et deux ventrales) de soies
qui, dans cette espèce ne se terminent pas distalement par un bouton
adhésif mais sont munies, sur toute leur longueur, d’une rangée de
très petits nodules adhésifs. Courbé au-dessus de l’empodium se
trouve, dorsalement, un long poil olfactif bacilliforme (soi-disant
griffe des auteurs).
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
— 478 —
Sur une patte régénérée de Lithobius forficatus l.
(Myr. Chil.)
• Par J.-M. Démangé.
En examinant le matériel récolté par nous à Taverny (Seine-et-
Oise) nous avons trouvé un Lithobius forficatus L. mâle possédant
une patte régénérée. Il s’agit de la patte terminale (15e) gauche qui
se trouve très fortement réduite, comme le montre dans la figure 1
son rapport avec le préfémur p.
Les articles sont au nombre de.cinq, plus une griffe à l’extrémité
du dernier 1, au lieu de sept pour une patte normale qui comprend
chez les Lithobiides, la hanche, le trochanter, le préfémur, le fémur,
le tibia, le tarse, le métatarse, plus la griffe. Cependant ce chiffre
de sept peut normalement subir des exceptions ainsi chez Lithobius
Dubosqui Brol. les pattes antérieures ne comportent que six articles
(plus la griffe), l’articulation tarso-métatarsienne faisant défaut et
n’apparaissant que dans les trois dernières paires de pattes.
Chez l’individu dont nous nous occupons, bien que la patte soit
très petite la hanche est de dimension ordinaire et ne présente aucune
différence d’avec une hanche normale, par contre les autres articles
sont non seulement en moins grand nombre mais encore présentent
entre eux une sorte d’enkylose. Une seule articulation vraie est à
observer, celle qui sépare les deux articles basaux, le premier étant la
hanche, du reste du télopodite (fig. 2). Le premier article est composé
de chitine assez pâle mais parfaitement reconnaissable. Les autres
articles sont très visibles et séparés les uns des autres par des sillons
peu profonds et plus clairs. Les soies sont presque inexistantes puis-
qu’on n’en compte qu’une à l’extrémité ventrale du quatrième
article (fig. 2). La spinulation, ces arrangements de longues épines,
que l’on trouve aux faces ventrale, dorsale et latérale des articles
d’une patte bien formée manque totalement à moins que la soie
signalée plus haut en soit un vestige. La griffe (fig. 3) est bien formée,
quoique petite, et nettement visible. Un fort tendon part de sa base,
traverse l’article distal et se perd dans l’article suivant (t fig. 2-3).
Nous avons dit plus haut que la hanche de la patte était normale.
Les Lithobiides en général perdent facilement leurs pattes termi-
nales et nous avons remarqué que la section s’effectuait toujours
1. Entre la hanche et le premier article se place un petit épaisissement que l’on
peut difficilement assimiler à un article.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
— 479 —
entre la hanche et le trochanter. Il est donc évident que dans le cas
qui nous occupe seul le télopodite est régénéré.
En étudiant la musculature d’une patte de Lithobiide normalement
constituée nous pouvons constater qu’il n’existe pas de musculature
entre le tarse et le métatarse. Nous pouvons donc dire que cette
portion tarse-métatarse s’est divisée secondairement et d’une façon
superficielle et nous rappelons que nous avons vu qu’en plus chez
certains Lithobiides cette division est d’ailleurs inexistante pour
les pattes antérieures.
Fig. 1. : Segmenta terminaux de Lithobius.forficatus L. La patte régénérée se place à
gauche de la figure. — Fig. 2 : La patte régénérée grossie. Abréviation : h. hanche,
p. préfémur, t. tendon.
En conclusion, dans une patte régénérée, nous trouvons à l’ex-
trémité une griffe normalement constituée et pourvue d’un tendon
parfaitement net. La patte nouvelle présente un nombre restreint
d’articles et la presque totale disparition de la chaetotaxie parti-
culièrement de la spinulation typique des Lithobiides. Il est à noter
que la réduction des articles se place à l’extrémité de la patte et
que tarse et métatarse sont fusionnés, ce qui donnerait à penser que
pour les espèces possédant ces deux articles distincts il y aurait eu
division secondaire d’un seul article en deux.
Laboratoire de Zoologie du Muséum.
— 480 —
Révision de quelques espèces de Gordiacés
Par A. Dorier.
Dans sa Monographie des Dragonneaux (1874) Villot1 a décrit
14 espèces nouvelles de Gordiacés dont voici la liste :
Gordius abbreviatus
» aeneus
» Blanchardi
» caledoniensis
» chinensis
» Deshayesi
» g racilis
Gordius incertus
» laevis
» prismaticus
» reticulatus
» subareolatus
» trilobus
» tuberculatus
Leur diagnose étant en général extrêmement sommaire, voire
même insuffisante, il n’est pas surprenant que la plupart d’entre elles
n’aient pas été retenues.
Camerano 2 en conserva 4 (abbreviatus, aeneus, caledoniensis,
prismaticus) en fit tomber 3 en synonymie et relégua les 7 autres
parmi ses « species inquirendae ». 2 espèces seulement ( caledoniensis,
aeneus) trouvèrent grâce devant Rômer 3 qui écarta provisoire-
ment les autres ou les classa comme synonymes.
La liste précédente renferme cependant un plus grand nombre
de bonnes espèces. J’ai pu m’en assurer en examinant les types de
Villot, conservés au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, que
M. le Professeur L. Fage a eu l’amabilité de me communiquer. Il
était donc utile de procéder à une révision des espèces créées par
Villot en 1874, et d’en donner une description plus détaillée appor-
tant les éléments nécessaires pour décider de leur maintien ou de
leur rejet. Ceci permettra d’éviter à l’avenir, que des espèces bien
caractérisées et dignes d’être conservées ne soient décrites sous un
autre nom, comme le fait semble déjà s’être produit pour certaines
d’entre elles.
Je n’ai pas trouvé dans la collection qui m’a été soumise d’échan-
tillon étiqueté Gordius tuberculatus. Je ne puis donc rien apporter
de nouveau sur cette espèce.
1. Villot A. Arch. Zool. Expérimenta t. III, 1874.
2. Camerano L. Monografia dei Gordii (Mém. R. Acad. Sc. Torino, Ser. II, t. 47,
1897).
Voir aussi : Revisione dei Gordii ( id ., sér. II, t. 66, n. 1, 1915).
3. Rômer F. Beitrag zur Systematik der Gordiiden [Abhandl. Senckenbergisch.
JS aturforsch. Gesellsch. Bd. 23. Hf. 2., 1897).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
481 —
Parmi les autres, il en est deux qui doivent tout de suite être
écartées ; il s’agit de G. gracilis (A2R 99. 1866. Ténérifïe) et G. laevis
(A2R 97 et A2R 101. 1866. Nouvelle-Calédonie) qui ont été établies
à tort d’après des individus femelles de Merrnis.
Genre GORDIUS Linné 1766.
Gordius incertus Villot. Fig. 1. (A2 R 90-1866. Tasmanie).
1 mâle. Longueur : 200 mm. ; largeur moyenne 750 |x. — Couleur
blanc jaunâtre.
Extrémité antérieure brusquement rétrécie 1 terminée par une calotte
blanchâtre arrondie. Un collier peu apparent, presque aussi long que large.
Pas de bandes longitudinales sombres.
Extrémité postérieure progressivement amincie, terminée par 2 lobes
très courts et rapprochés, à peine plus longs que larges. Longueur de la
Fig. 1. — Gordius incertus Villot Cf. I. Extrémité antérieure ; 2. Extrémité postérieure ;
3. Extrémité postérieure d’après une préparation ; 4. Orifice cloacal ; 5. Soies de la
face ventrale des lobes.
scissure interlobaire : 350 jx. Croissant postcloacal fortement arqué,
presque en demi-cercle, de couleur jaunâtre. Orifice cloacal ovale ; ses-
bords finement granuleux sont plus nets en avant et en arrière. Une
trainée de soies simples, courtes (5 à 6 p.) et assez épaisses s’étend au delà
des extrémités du croissant postcloacal sur la face ventrale des lobes.
La région postérieure du corps présente un sillon médio-ventral qui se
prolonge au delà de l’orifice cloacal où ses bords s’étalent sur la face
ventrale des lobes. Il semble que ce soit simplement un artefact résultant
de la contraction du sujet.
1. Caractère peut-être exagéré par la contraction du sujet.
482 —
Cuticule lisse sans aréoles, présentant par places des espaces losangiques
de grandeur variable, limités par des lignes croisées suivant un angle
d’environ 120°.
De telles figures que l’on observe chez beaucoup de Gordiacés corres-
pondent sans doute à des lignes de décollement dans la couche fibrillaire
de la cuticule.
Cette espèce est remarquable par la brièveté' et le rapprochement
des lobes caudaux qui étaient restés inaperçus de Villot. Le même
caractère se retrouve chez G. Doriae Camer, 1890 et une étude com-
parée de ces deux espèces, après un nouvel examen du type de
Camebano, mériterait d’être faite.
Gordius subareolatus Villot.
(Barèges M. Deville. 1847) ; 8 mâles de 275 à 670 mm. — (Barèges
M. Deville. A2R 95. 1866) 1 sujet incomplet de 900 mÿ.
Je réserverai provisoirement cette espèce, son étude me paraissant
mieux à sa place dans une révision des espèces françaises du genre
Gordius que je me propose d’entreprendre prochainement.
Gordius aeneus Villot. Fig. 2.
(A2R 96. 1866. Cumana, Venezuela) 5 mâles 2 femelles. — (A2R 88-
89. 1866. M. Beauperthuis. Cumana, Venezuela) 2 jeunes mâles.
Dimensions : Mâles, longueur 275 à 400 mm. Largeur moyenne
440 à 500 p. Femelles, longueur 545 à 555 mm. Largeur moyenne 550 p.
Couleur blanc-jaunâtre (jeune mâle) ou brun bronzé (adultes des deux
sexes) passant au marron clair dans la région antérieure chez les mâles.
Extrémité antérieure un peu dilatée puis aplatie au sommet, comme
légèrement tronquée. Calotte claire très réduite avec une tache centrale
sombre, plus accusée chez la femelle. 2 bandes longitudinales sombres,
présentes chez le mâle seulement.
Extrémité postérieure de la femelle renflée en massue et légèrement
plus foncée à ce niveau, puis tronquée. Vue de face elle présente un sillon
dorso-ventral assez large, — mais se rétrécissant vers le bas. — au milieu
duquel se trouve l’orifice cloacai entouré d’une zone sombre ovoïde.
Extrémité postérieure du mâle bilobée. Les lobes caudaux relativement
courts (un peu plus longs que larges) sont écartés. L’orifice cloacai est
bordé par un bourrelet subtriangulaire hérissé vers l’intérieur de tuber-
cules pointus ou arrondis. Il est situé au milieu d’une sorte de gorge trans-
versale, d’environ 100 p de largeur, limitée en arrière par le croissant
post-cloacal, en avant par une crête arquée dont la partie médiane plus
proéminente surplombe l’orifice cloacai. Cette crête porte sur toute son
étendue des soies bifides ou multifides longues de 10 à 38 p.
Le croissant post-cloacal est allongé et peu arqué.
Sur la face ventrale des lobes ainsi qu’en avant de la crête précloacale,
— 483 —
à proximité de la ligne médio-ventrale, se trouvent des soies simples,
recourbées, longues de 5 à 14 p.
Cuticule lisse, sans aréoles. Des espaces losangiques formés par l’entre-
Fig. 2. — Gordius ueneus Yillol . 1. Extrémité antérieure Ç ; 2. Extrémité postérieure 9
(profil) ; 3. Extrémité postérieure ç (face) ; 4. Extrémité postérieure Cf (d’après
une préparation) ; 5. Orifice cloacal Cf ; 6. Soies bordant le repli précloacal du Cf ;
7. Soies de la face ventrale des lobes ; 8. Cuticule du C? ; 9 et 10. Formations réfrin-
gentes de la cuticule ; 11. Traînée granuleuse traversant la cuticule et aboutissant
à une formation réfringente.
croisement de lignes obliques. Mais, ce qui donne à cette cuticule un
cachet particulier c’est la présence de nombreuses formations réfringentes
de très petite taille (1 p) , irrégulièrement parsemées et centrées en général
sur une croix à branches obliques. A l’immersion, on peut distinguer dans
— 484 —
chacune d’elles 2 masses contiguës. Vues de profil elle sont suivies d’une
trainée granuleuse qui traverse la cuticule.
On peut interpréter ces formations, ainsi que l’a fait Camerano,
comme des pores obstrués par un produit de sécrétion. J’y verrais
plus volontiers des organes sensoriels et malgré la différence de taille,
je serais tenté de les rapprocher des « inclusions géminées » si fré-
quentes dans la cuticule des Chordodes, mais qui existent aussi chez
certains Gordius (G. obesus Camer).
Remarque. — Dans sa description, Villot ne signale ni la crête
précloacale du mâle ni même le croissant postcloacal. Romer a fait
de cette dernière omission un caractère spécifique. Dans ces condi-
tions il est évident que l’on ne peut plus tenir compte des détermina-
tions faites par Oerley, Romer et Camerano.
Une crête transversale précloacale s’observe également chez les
mâles de G. paranensis Camer. 1892 et G. Horsti Camer. 1895. La
possibilité d’une synonymie se présente pour la première de ces
espèces, dont la diagnose concorde assez bien avec celle de G. aeneus.
? Gordius Deshayesi (Villot). Fig. 3.
(A2R 105. 1866. Caracas, Venezuela). — 1 femelle. Longueur
200 mm. ; largeur moyenne 920 p. — Couleur brun foncé à reflets
irisés.
Fig. 3. — ? Gordius Deshayesi Villot Ç. 1. Extrémité antérieure ; 2. Extrémité posté-
rieure ; 3. Cuticule (face) ; 4. Cuticule (profil) ; 5. Détails de la cuticule.
— 485
Corps aminci aux deux extrémités, plus large dans sa partie moyenne.
Extrémité antérieure assez effilée se terminant par un sommet subco-
nique marqué d’une tâche brune. En arrière, à une courte distance un
cercle brun. Pas de collier ni de bandes longitudinales sombres.
Extrémité postérieure un peu plus claire que le reste du corps, rétrécie,
tronquée mais à bords arrondis. Orifice cloacal central occupant une légère
dépression qui se prolonge ventralement par un sillon évasé rejoignant la
ligne médio-ventrale.
Cuticule à caractères très spéciaux. Dépourvue d’aréoles, elle est
découpée par des sillons longitudinaux en une série de bandes parallèles,
assez régulières, d’environ 15 p de largeur. Chaque bande possède un
sillon médian le long duquel sont alignées des <c inclusions géminées ». Ce
sont ici des formations réfringentes (4 (jt) , disposées par paires juste au-
dessous de la couche externe de la cuticule, à la base d’un court bâtonnet
hyalin.
Les sillons médians des bandes cuticulaires, qui, après un certain trajet
viennent se jeter dans un des sillons longitudinaux, sont reliés 2 à 2, de
distance en distance, par des anastomoses transversales.
Remarque. — Il est fort douteux que cette espèce appartienne au
genre Gordius. Le mâle étant encore inconnu, on peut l’y laisser
provisoirement mais sous toutes réserves.
Genre CHORDODES. Mobius 1855.
Chordodes caledoniensis (Villot). Fig. 4.
Le même tube étiqueté G. caledoniensis (A2R 102. 1866. Nouvelle-
Calédonie) contenait 3 sujets : (2 femelles et un mâle) dont un seul,
une femelle, présentait des caractères correspondant à la description
de Villot. Il constituera le type de l’espèce.-
1 femelle. Longueur 150 mm. ; largeur moyenne 925 p. — Cou-
leur jaune foncé avec une ponctuation plus sombre.
Extrémité postérieure tronquée 1.
Cuticule avec 2 sortes d’aréoles : des aréoles basses, claires (micra-
réoles) et des aréoles plus hautes, plus sombres et de plus grande taille
que les précédentes (mégaréoles). Micraréoles polygonales (mesurant en
moyenne 9 p 5) souvent allongées perpendiculairement à l’axe longitu-
dinal du corps. Elles sont séparées par des espaces interaréolaires assez
larges, d’aspect crevassé ou granuleux. Il semble y avoir quelques papilles
isolées, placées de distance en distance contre le bord d’une aréole.
Mégaréoles à contour arrondi (mesurant de 12 p 5 X 17 p 5 à 21 X
26 p 5). Fort nombreuses elles sont soit isolées soit réunies par paires ou
par groupes de 3 à 11 éléments. Elles sont alors disposées en une rangée
autour de deux mégaréoles centrales entre lesquelles on peut distinguer
une tigelle transparente.
1. Je ne puis insister davantage sur les caractères des extrémités du corps à cause
des déformations qu’elles présentent. C’est aussi la raison pour laquelle je n’en donne
pas de figure.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
32
— 486 —
Beaucoup de mégaréoles isolées portent vers leur sommet un bâtonnet
plus clair et légèrement incurvé (longueur 5 à 6 p). Ce bâtonnet se retrouve
aussi parfois sur l’une des mégaréoles d’une couple ou de la périphérie
d’un groupe.
Les deux mégaréoles centrales d’un groupe sont coiffées au sommet
d’une couronne de poils courts et très fins, visibles seulement à l’immer-
sion. Les mégaréoles centrales des groupes qui bordent les lignes médio-
Fig. 4. — ■ Chordodes caledoniensis (Villot) Ç> . 1. Cuticule (face) ; 2. id. (profil) ; 3. Amas
de mégaréoles ; 4. Amas de mégaréoles près de la lignée médioventrale (tous les
dessins sont à la même échelle.)
dorsale ou médio-ventrale, portent en outre des filaments hyalins plus
gros (diamètre 2 p 5) et beaucoup plus longs b
Dans l’épaisseur de la cuticule on note la présence d’ « inclusions gémi-
nées » bien reconnaissables, quoique souvent déformées. Très nombreuses
au niveau des plages de micraréoles on ne les rencontre qu’exceptionnelle-
ment au-dessous des mégaréoles.
A proximité de l’extrémité postérieure, l’ornementation de la cuticule
se trouve modifiée. Les dimensions des aréoles sont réduites, les amas de
1. D’ordinaire ils sont cassés près de leur base ; l’un d’eux atteignait cependant
125 p.
— 487 —
mégaréoles plus nombreux sont irréguliers, l’aspect actiniforme des méga-
réoles centrales a disparu. Puis les différences entre micraréoles et méga-
réoles s’effacent et l’on n’observe plus qu’un réseau d’aréoles polygonales
dont les lignes de séparation finissent par s’estomper.
Remarque. — Camekano a rangé C. caledoniensis parmi les Chor-
dodes à aréoles muriformes car il admettait la synonymie entre
C. caledoniensis et C. sumatrensis 1 Villot qui possède des aéroles
« à contours irrégulièrement festonnés ». Mais ceci n’est justifié ni
par la diagnose et le dessin de cuticule donnés par Villot ni par
la description qui précède. Villot dit que toutes les mégaréoles
portent une grosse papille et les auteurs ont attaché de l’importance
à ce caractère. On a vu que certaines mégaréoles seulement, et non
toutes, ont un court bâtonnet incurvé.
Genre GORDIONUS Müller 1927.
Gordionus prismaticus (Villot). Fig. 5.
(A1 2R 93. Nouvelle Grenade, Bogota, 1866) ; 1 mâle : longueur
125 mm. ; largeur moyenne 400 j a. — Couleur jaunâtre.
Extrémité antérieure conique, à sommet blanchâtre. Collier et bandes
longitudinales présents mais peu marqués. Extrémité postérieure bifide,
à lobes relativement courts (moins de 2 fois plus longs que larges). Orifice
cloacal ovale bordé de digitations et de papilles arrondies. 2 brosses péri-
cloacales courtes (170 X 30 p) à peu près rectilignes, convergeant vers
l’avant. Elles sont formées de soies simples ou bifides (longueur maximum
20 p) découpées à l’extrémité.
En arrière de l’orifice cloacal, une zone garnie de papilles arquées et
pointues (taille 5 à 9 p) atteint le sillon interlobaire et s’étend sur le côté
interne des lobes caudaux jusque vers leur extrémité. Les papilles, isolées
ou groupées par 2 ou par 4, sont plus espacées et plus grêles vers le sommet
des lobes caudaux.
Cuticule avec une seule sorte d’aréoles polygonales (dimensions moyennes
10 X 17 p), le plus souvent hexagonales. Elles sont allongées dans le sens
longitudinal et leur surface ainsi que leurs bords sont granuleux.
Sillons interaréolaires étroits avec de fines granulations et, de place en
place, des pores et des papilles. Ces dernières sont situées entre 2 aréoles
vers le milieu du sillon qui les sépare. Sur la face ventrale, dans la région
postérieure du corps, les aéroles ont une forme ovoïde.
Remarque. — Cette espèce présente des affinités avec G. viola-
ceus (Baird) et G. alpestris (Villot). Elle s’en distingue par l’allonge-
ment de ses aéroles et par la forme des soies des brosses péricloacales.
J’estime qu’elle peut être conservée.
1. Villot A. Gordiens de Sumatra. Zoologische Ergebniss einer Reise in Nieder-
lïndisch Ost. Indien, Leiden, 1891
— 488
Fig. 5. — Gordionus prismaticus (Villot) Q 1. Extrémité antérieure ; 2. Extrémité
postérieure (d’après une préparation) ; 3. Soies des brosses péricloacales ; 4. Orifice
cloacal et papilles postcloacalcs ; 5. papilles vers l’extrémité des lobes ; 6. Cuticule
(face) ; 7. Cuticule (profil) (les 5 dernières figures sont à la même échelle).
Gordionus reticulatus (Villot). Fig. 6.
(A2R 106. Californie 1866). — 1 femelle : longueur 300 mm. ;
largeur moyenne ? 900 fi (sujet aplati et déformé). Couleur marron.
Extrémité antérieure effilée, jaunâtre au sommet. Ni collier pi bandes
longitudinales sombres.
Extrémité postérieure déformée. Orifice cloacal au centre d’une zone
plus claire.
Cuticule : aréoles polygonales ou subpolygonales (dimensions de
14 X 15 (i à 15 X 19 fi) alignées par endroits en rangées transversales
ou obliques par rapport à l’axe longitudinal du corps Sillons interaréo-
laires très étroits avec ça et là de grosses papilles qui semblent rattachées
à une aréole. Les aréoles sont fréquemment jumelées avec un pore vers
le milieu de la ligne qui les sépare.
489 —
Remarque. — La cuticule présente une certaine ressemblance avec
celle de G. alpestris (Villot).
Dans l’ensemble les caractères relevés sur l’échantillon étudié ne
paraissent pas suffisants pour justifier le maintien de cette espèce.
Fig. 6. — 1. Gordionus reticulatus (Villot) Ç ; cuticule. 2, 3. 4. Gordionus Blanchardi
(Villot) Ç ; 2. Extrémité antérieure ; 3. Extrémité postérieure ; 4. Cuticule.
Gordionus Blanchardi (Villot). Fig. 6.
(A2R 103. Ile de France, M. Desjardins 1866). — 1 femelle :
longueur 180 mm. ; largeur moyenne 900 p. — Couleur brune passant
au rougeâtre dans la partie antérieure.
Extrémité antérieure assez brusquement rétrécie 1, terminée par une
calotte blanc jaunâtre. Pas de collier distinct ni de bandes longitudinales
sombres.
Extrémité postérieure tronquée obliquement mais à bords arrondis.
L’orifice cloacal plus rapproché du côté ventral que du côté dorsal est au
1. Mais ce caractère semble accusé, sinon déterminé par la contraction.
— 490 —
centre d’une zone brune. Le « repli circulaire en forme de ventouse » dont
parle Villot était un reste de spermatophore.
Cuticule avec une seule sorte d’aréoles ovoïdes (dimensiosn de 11 X 13,5 p
à 19 x 28 p). Espaces interaréolaires larges et crevassés avec de place en
place des papilles isolées (diamètre 3 p) qui sont parfois appliquées contre
le bord d’une aréole et donnent l’impression d’un fragment détaché de
celle-ci.
Remarque. — On ne peut être très affirmatif quant aux caractères
de cette espèce par suite de la déformation de l’extrémité antérieure
et de l’état de la cuticule qui semble un peu altérée. J’estime qu’elle
doit être abandonnée.
Gordionus chinensis (Villot) Fig. 7.
(A2R Pékin 1868). — 1 mâle : longueur 320 mm. ; largeur moyenne
725 p. Couleur marron s’éclaircissant et passant au jaunâtre vers
les extrémités du corps.
Extrémité antérieure amincie, subtronquée, à sommet d’un blanc jau-
nâtre. Pas de collier ni de bandes longitudinales sombres.
Extrémité postérieure à lobes courts (à peine une fois et demie plus
longs que larges). Orifice cloacal ovale bordé de nombreuses soies simples
ou découpées (atteignant 20 p). Les brosses péricloacales (longueur 300 p,
largeur maximum 45 p), élargies dans leur partie moyenne, convergent
vers l’avant. Les soies qui les constituent (longueur 30 p) disposées sur
plusieurs rangs sont semblables, à la taille près, à celles qui entourent
l’orifice cloacal. La face ventrale des lobes est en majeure partie revêtue,
sauf au voisinage du bord externe, de papilles ovoïdes de 4 à 5 p. Elles
sont plus nombreuses du côté interne. Dés papilles semblables, qui sem-
blent résulter de la transformation de papilles interaréolaires, s’observent
en avant de l’orifice cloacal et des brosses péricloacales.
Cuticule. Aréoles d’une seule sorte polygonales (dimensiosn de 17 X 19 p
à 28 X 28 p), en général hexagonales. Sillons interaréolaires étroits et nus.
Les aréoles forment souvent des rangées transversales ou obliques par
rapport à l’axe longitudinal du corps et les sillons qui les séparent sont plus
larges que ceux qui bordent les aréoles d’une même rangée. C’est surtout
au niveau de ces derniers que se trouvent des papilles isolées (diamètre
2 p) presque toujours en relation avec une couple d’ « inclusions gémi-
nées » (taille 4 à 6 p).
Remarque. — Camerano a rapporté à cette espèce des exemplaires
femelles du Turkestan chinois. Il en a fait ensuite (1897) une espèce
distincte : Gordionus (Parachordodes) Kaschgaricus à cause de
l’aspect particulier que donnent à la cuticule les inclusions géminées.
Cette création, qui n’aurait vraisemblablement pas eu lieu si la des-
cription de Villot eut été plus complète, paraît maintenant d’une
valeur très douteuse.
491
Fig. 7. — Gordionus chinensis (Villot) CT. 1. Extrémité antérieure ; 2. Extrémité posté-
rieure (d’après une préparation) ; 3. orifice cloacal ; 4. Soies des brosses péricloa-
cales ; 5. Papilles de la face ventrale des lobes caudaux ; 6. Cuticule ; 7. Détails de
la cuticule.
Gordionus abbreviatus (Villot) Fig. 8.
A2R 93. Ile Bourbon 1866). — 1 mâle : longueur 120 mm. ; largeur
moyenne 400 p.. — Sujet grêle de couleur jaunâtre.
Extrémité antérieure amincie, arrondie au sommet, avec une calotte
d’un blanc jaunâtre. Un collier (plus long que large) jaune foncé et deux
bandes longitudinales étroites de même couleur.
Extrémité postérieure à lobes courts et obtus. Orifice cloacal ovale ;
sur ses bords quelques tubercules arrondis. Les brosses péricloacales se
— 492 —
rejoignent en avant de l’orifice et forment une parabole, ouverte vers
l’arrière, dont les extrémités distantes de 270 p atteignent presque la base
des lobes caudaux. Les soies péricloacales (longueur maximum 20 p),
disposées sur plusieurs rangées, sont entières ou bifides ; elles présentent
aussi parfois de courtes branches latérales et leur taille décroît de l’avant
vers l’arrière.
Fig. 8. — Gordionus abbreviatus (Villot) Cf. 1. Extrémité antérieure ; 2. Extrémité
postérieure (d’après une préparation) ; 3. Orifice coacal et tubercules postcloacaux ;
4. Soies des brosses péricloacales ; 5. Tubercules et soies de la face ventrale des lobes
caudaux ; 6. Cuticule de la région moyenne du corps ; 7. Cuticule de la région
postérieure.
La région postcloacale et la moitié interne de la face ventrale des lobes
portent des tubercules (diamètre 5 p). Ils ont, au voisinage de l’orifice
cloacal, un contour arrondi mais leur sommet paraît saillant ; plus en
arrière ils sont crochus. Enfin vers l’extrémité et le bord interne des lobes,
ils se transforment en soies flexueuses ou recourbées (10 à 13 p).
Cuticule. Aréoles d’une seule sorte, polygonales (dimensions de 6 X 6,5
à 10, 5 X 16 p). Elles sont disposées par paires, leur grand diamètre étant
— 493
à peu près parallèle à l’axe longitudinal du corps ; leur bord est faiblement
sinueux.
Le sillon qui sépare les aréoles d’une même paire est très étroit tandis
qu’entre les couples d’aréoles les espaces sont larges et granuleux. Dans les
sillons et plus rarement dans les espaces intèraréolaires on remarque çà et
là des « formations réfringentes » ressemblant à de petits tubercules (dia-
mètre 1 p) réunis par paires.
Vers l’extrémité postérieure du corps les aréoles sont plus petites
(5 X 10 p) et plus rapprochées par suite de la réduction des espaces inter-
aréolaires. En outre les aréoles d’une même couple ont tendance à fusion-
ner, car le sillon qui les sépare est à peine visible, souvent incomplet.
Dans cette région il existe des « inclusions géminées » (diamètre 2 p) entre
les aréoles. Bien reconnaissables elles présentent la même disposition
que les « formations réfringentes » observées dans la partie moyenne du
corps. Il s’agit très certainement de formations homologues et les grosses
papilles interaréolaires signalées par Villot sont en réalité des inclusions
géminées.
Fig. 9. • — - Paragordius tricuspidatus IrilobuS (Villot) ç. 1. Extrémité antérieure;
2. Extrémité postérieure (vue de profil) ; 3. id. (vue face dorsale) ; 4. Cuticule.
Genre PARAGORDIUS Camerano 1897.
Paragordius trilobus (Villot) Fig. 9.
(A2R 109. Jersey. M. Milbert, 1866). — 1 femelle : longueur
180 mm. ; largeur moyenne 850 p. — Couleur jaune.
Extrémité antérieure semblable à celle de P. tricuspidatus (L. Dufour).
Calotte blanchâtre avec 2 tubérosités ventrales séparées par un sillon et
du côté dorsal une saillie peu accusée. Collier marron estompé en arrière.
2 bandes longitudinales sombres ; la ventrale plus nette.
— 494
Extrémité postérieure trifide. Le lobe dorsal nettement plus long que
les lobes latéraux est acuminé et faiblement recourbé au sommet.
Dimensions des lobes caudaux :
Lobe médian : longueur 1.160 p. ; largeur à la base : 200 p.
Lobes latéraux : longueur 1.050 p ; largeur à la base : 235 p.
Cuticule. Les aréoles sont polygonales comme chez P. tricuspidatus,
mais elles sont légèrement plus petites (6 à 8 p) et surtout plus rapprochées.
Certaines d’entre elles ont une saillie marginale plus ou moins accusée.
Pas d’aéroles sur la ligne médio-ventrale et aussi, semble-t-il, le long de
la ligne médio-dorsale. Par endroits les espaces interaréolaires sont granu-
leux ; ils paraissent contenir de petits tubercules isolés mais la présence
de corps étrangers peut prêter à confusion et ne permet pas d’être affir-
matif.
Remarque. — P. trilobus (Villot) diffère essentiellement de
P. tricuspidatus (L. Duf.) par le rapprochement de ses aéroles et par
l’allongement du lobe médian qui dépasse les lobes latéraux. On
peut estimer que ce sont là des caractères suffisants pour justifier le
maintien de cette espèce. Pour ma part je ne le pense pas, et je pro-
pose de faire de P. trilobus une sous-espèce de P. tricuspidatus.
Conclusions.
Au terme de cette révision de 12 espèces de Gordiacés créées, par
Villot en 1874 je propose :
de rejeter sans hésitation deux d’entre elles : G. gracilis et G. laevis
décrites d’après des spécimens de Mermis.
de rejeter également : G. reticulatus et G. Blanchardi, dont les
types présentent des altérations ou des caractères insuffisants qui
ne permettent pas d’en établir une diagnose complète.
de ramener G. trilobus au rang de sous-espèce : Paragordius tri-
cuspidatus trilobus ;
de conserver enfin les espèces suivantes :
Gordius incertus Villot ;
Gordius aeneus Villot ;
? Gordius Deshayesi Villot ;
Chordodes caledoniensis (Villot) ;
Gordionus prismaticus (Villot) ;
Gordionus chinensis (Villot).;
Gordionus abbreviatus (Villot).
Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Grenoble
et Laboratoire de Zoologie du Muséum.
495 —
Quelques Plantes malgaches rares
I OU EN VOIE D'EXTINCTION
Par Raymond Decary,
ASSOCIÉ DU MUSÉUM
A bien des reprises déjà, le cri d’alarme a été jeté au sujet de la
destruction des forêts de Madagascar dont la superficie entière
ne dépasse pas aujourd’hui 3 à 4 millions d’hectares 1. Successive-
ment H. Perrier de La Bathie, H. Humbert, Roger Heim 2 et
d’autres ont souligné le danger des déboisements que nos réglements
administratifs ou plutôt leur application insuffisante n’ont pas pu
empêcher. Les feux continuent, les tavy aussi ; l’Androy lui-même,
que la nature spéciale de sa végétation protégeait il y a une ving-
taine d’années contre le régime de la culture sur brûlis, s’y trouve
maintenant soumis, et les indigènes parviennent à brûler les Euphor-
biacées arborescentes, lorsqu’elles sont abattues depuis quelques
mois et à demi desséchées.
Déjà dans leur action dévastatrice, les feux ont fait disparaître
de très nombreuses espèces à jamais perdues pour la science ; d’au-
tres, recueillies autrefois, par les premiers botanistes, n’ont jamais
été revues ; tel est le cas en particulier d’un certain nombre de
plantes récoltées par les anciens voyageurs dans les forêts de plaine
de l’Est, aujourd’hui à peu près détruites, et par Bojer en 1835
dans les montagnes du centre de 1 -île. D’autres, sur lesquelles nous
insisterons ici, et qui présentent un intérêt économique ou orne-
mental, sont en train de disparaître.
Aloe Suzannae R. Decary. — Cette espèce, du Domaine du
Sud-Ouest, se rencontre en Androy sur les dunes et les calcaires
quaternaires de la zone des cultures, entre le Menarandra et le Man-
draré. On la trouve aussi exceptionnellement, par îlots isolés,
en quelques points des gneiss de l’Extrême-Sud : rive gauche du
Mandraré à Amboasary, environs d’Ambararata au Nord d’Anta-
1. M. Roger Heim estime même qu’elle ne dépasse pas 1.500.000 hectares.
2. H. Perrier de la Bathie. La végétation malgache. Paris, 1921. — H. Hum-
bert. La destruction d’une flore insulaire par le feu. Principaux aspects de la végéta-
tion à Madagascar. Mém. Acad, malg., fasc. V, 1927. — Roger Heim. L’état actuel des
dévastations forestières à Madagascar. C. R. Acad. Agric. de France , séance du 15 mai
1935. — H. Humbert. L’extinction des derniers vestiges de certains types de végéta-
tion autochtone à Madagascar. Arch. Mus. Hisl. nat., t. XII, 1935.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
— 496
nimora 1. Dans toute la région méridionale de l’Androy, elle est
vouée à une disparition totale à bref délai, car son habitat constitue
une région fertile dans laquelle abondent les champs, et les indi-
gènes, au cours de leurs débroussaillements, se débarrassent des
derniers pieds. Il y a une dizaine d’années, de nombreux stipes
portaient déjà à leur base la trace du feu. Seuls les spécimens des
gneiss pourront survivre quelque temps encore, grâce aux rocailles
qui leur confèrent un abri suffisant.
Nous avons replanté A. Suzannae dans les jardins publics de
Tsihombé et d’Ambovombé ; deux exemplaires figurent au jardin
botanique de Tananarive ; enfin nous avons donné en 1930 une
photographie de cette superbe espèce 2.
Eulophiella divers. — Deux Orchidées épiphytes de la forêt litto-
rale orientale sont devenues de véritables raretés botaniques et
risquent une disparition totale en cas de récolte faite par un collec-
teur imprévoyant : E. Roempleriana Schltr. vivant sur les Pan-
danus qui forment avec des Palmiers d’épais fourrés dans l’île aux
Nattes, dépendance de l’île Sainte-Marie ; et E. Elisabethae Linden
et Rolfe, autre épiphyte, introduite jadis de Madagascar en Europe
et dont l’origine précise n’a jamais été retrouvée. La première de
ces espèces, déjà cultivée au jardin botanique de Tananarive, devrait
en outre être protégée dans son habitat de l’île aux Nattes, qu’il
convient de classer comme site naturel de caractère scientifique, si
l’on ne veut pas assister à la perte de cette plante magnifique.
Hernandia Voyroni H. Jum., ou Hazomalana, est plus connu sous
le nom de Faux Camphrier. Il affectionne les calcaires du Domaine
occidental et était autrefois répandu de l’Analalava à la Tsiri-
bihina. Objet d’une intense exploitation en raison de l’odeur de
son bois qui éloigne les insectes, on ne le rencontre plus que çà et là,
en pieds isolés, exposés à leur tour à la destruction par la hache
ou le feu. Il pourrait cependant être multiplié de nouveau assez
facilement par semis. Sa croissance est plutôt rapide et les qua-
lités de son bois méritent d’appeler l’attention des stations fores-
tières.
Poinciania adansonioides R. Vig. Fengoky. — - Cet arbre, du
Domaine Sud-occidental, était autrefois abondant sur les rocailles
calcaires de la région mahafaly du lac Tsimanampetsotsa. Il y a une
1. Sur les gneiss, YAloe Suzannae prend un port différent. Son stipe, qui est générale-
ment de 2 à 4 mètres sur les calcaires, atteint couramment 6 mètres, et la plante avec
sa hampe florale peut avoir une dizaine de mètres de hauteur.
2. R. Decary. L’Androy (Essai de monographie régionale), t. I, pl. V. Le spécimen
photographié possède un tronc trifurqué avec trois rosettes de feuilles entremêlées
et trois hampes florales.
497 —
quinzaine d’années, il fut l’objet d’une exploitation sauvage pour
la gomme qui exsudait et qui fut reconnue — trop tard — comme
n’ayant qu’une valeur secondaire. Cette exploitation s’étendit sur
près de 10.000 hectares. Les incisions faites pour obtenir l’écoule-
ment de la sève avaient produit des gommoses entraînant la mort
des arbres. Seule, la médiocre qualité reconnue finalement à la
gomme a permis la survie des derniers spécimens. En 1940, à
côté de très nombreux arbres gisant pourris sur le sol, nous avons
trouvé quelques jeunes exemplaires ; on peut estimer qu’il faut
au minimum 30 ou 40 ans pour que l’arbre arrive à toute sa
grosseur L
Lemuropisum edule H. Perr. — Ce grand arbuste, dont les graines
excellentes valent les meilleures noisettes, se rencontre, comme le
précédent, sur les rocailles de la falaise dominant le lac Tsimanam-
petsotsa. L’espèce, très rare, est étroitement localisée, et sa rareté
s’explique, d’après H. Perrier de la Bathie, par l’avidité avec
laquelle les lémuriens comme les indigènes eux-mêmes recherchent
ses graines.
Cet arbuste, qui risque de disparaître, présente cependant un
intérêt économique de premier ordre. Il mérite d’être protégé et
même multiplié dans les pays présentant des conditions climatolo-
giques semblables à celles du Sud-Ouest 2.
Euphorbia pirahazo H. Jum. — Cet arbre caoutchoutifère, qui
peut atteindre 25 mètres de hauteur, vit dans les bois rocailleux
de l’Ouest jusqu’à l’altitude de 800 mètres. Jadis relativement
commun, il a été détruit en grande partie pour la récolte de sa
gomme — récolte qui, après avoir cessé dans toute la colonie, a
repris au début de 1943 sous l’influence de nécessités écono-
miques. Le Service forestier édicta alors, dans le but de préserver
les peuplements d’essences à caoutchouc, de sévères mesures d’ex-
ploitation, mais il est à craindre qu’elles n’aient pas été observées,
en raison d’une surveillance quasi impossible. Aussi, si l’on veut
sauver YE. pirahazo, est-il nécessaire de procéder par voie de culture.
Déjà en 1908, des peuplements de cette espèce avaient été mis en
réserve par le Service de colonisation 3 au lieudit Ankisompobé. Il
importe que l’attention soit de nouveau attirée sur cet arbre que
l’exploitation autant que les feux menacent de faire périr.
Euphorbia Intisy Drake. Herokazo, Herotsy. — L’exploitation
intense des années 1892 à 1910 avait extrêmement raréfié cette
1. R. Decary. Rapport de tournée dans le Sud-sud-ouest de Madagascar. 4e Rapport
annuel de la Soc. des Amis du Parc bol. et zool. de Tananarive, 1940.
2. H. Perrier de la Bathie. Un nouveau genre malgache de Caesalpiniacées.
Bull. Soc. bol. Fr., t. 85, 1938, p. 493.
3. H. Perrier de la Bathie. Observations sur le Pirakazo. Bull, économ. Madag.,
2e sem., 1910, p. 247.
498 —
espèce de l’Extrême-Sud. Depuis cette dernière date, en raison de
l’arrêt de la récolte du caoutchouc malgache, les peuplements se
sont en bonne partie regénérés, notamment dans la zone cristalline
orientale de l’Androy, entre Behara et Tranomaro. Les craintes
que l’on avait manifestées plus d’une fois au sujet de cette plante
peuvent donc être écartées — si toutefois la reprise de l’exploitation
en 1943, ne lui a pas porté un nouveau coup.
En tout état de cause, il semble possible de cultiver VE. Intisy.
Les graines germent très facilement et les échantillons plantés tant
à Ambondro par les militaires au temps de la pacification, que par
nous-même à Ambovombé, montrent que, si la plante a une crois-
sance un peu lente, du moins sa culture peut être poursuivie sans
difficulté.
Sideroxylon Gerrardianum H. Lee. • — La menace qui pèse sur
cet arbre a été signalée dès 1922 par H. Lecomte 1. On n’en connaît
qu’un seul exemplaire, dans la forêt orientale près de Mahanoro.
C’est un arbre sacré, couvert d’offrandes, et c’est probablement à ce
caractère tabou qu’on doit sa conservation. H. Perrier de la
Bathie, qui l’a découvert, ajoutait : « Il est un des seuls témoins
vivants de l’ancienne forêt qui recouvrait jadis les sédiments cam-
paniens de l’Est, sur lesquels on ne voit plus maintenant que des
teza et des savoka dont la présence s’impose petit à petit, grâce aux
feux de brousse. »
Diospyros Perrieri H. Jum. Lopingo, Mapingo. — L’ébénier mal-
gache était autrefois répandu presque partout dans le Domaine
occidental, de Maromandia à Tulear, et exporté surtout par les
ports de Majunga et de Morondava. L’exploitation intensive qu’il
a subie l’a presque complètement fait disparaître et les derniers
exemplaires survivants sont réfugiés dans des endroits difficile-
ment accessibles. Les plus beaux arbres peuvent atteindre 1 m. 50
de diamètre. Des peuplements pourraient être reconstitués à l’aide
des derniers porte-graines qui se trouvent encore çà et là, notam-
ment dans l’Antsingy, mais la croissance de cet ébénier est extrême-
ment lente.
Phyllarthron megapterum H. Perr. — Ce petit arbre, qui ne
dépasse pas 3 à 4 mètres de haut, est spécial à la région de Majunga ;
il se rencontre dans les ravins creusés dans les calcaires crétacés et
son aire paraît réduite à quelques centaines d’hectares 2.
Santalina madagascariensis Baill. — Le « Santal malgache » qui
est produit par une Rubiacée, est appelé à disparaître, non seule-
1. H. Lecomte. Une Sapotacée de Madagascar en voie de disparition. Bull. Mus.
Hist. nat.j 1922, p. 184,
2. H. Perrier de la Bathie. Les Bignoniacées de la région malgache. Ann. Mus.
col. Marseille , 1938, p. 62.
— 499 —
ment à la suite des exportations dont il fut l’objet avant la guerre,
mais en raison aussi de la consommation locale et des feux de
brousse auxquels il est exposé. On sait également que, dans le
Sud-Ouest, les indigènes exploitent un autre Santal qui est une
Composée du genre Brachylaena. Cette espèce, aussi odoriférante,
porte comme la première le nom vernaculaire de Masonjoana ; il
est lui-même un arbre peu commun, de 10 à 12 mètres de haut : il
fournit comme le B. merana Baker un beau bois d’ébénisterie, et
qui devient de plus en plus rare, condamné à périr avec les vestiges
de forêts qui le renferment L
Brachylaena microphylla Humbert. — Espèce à peu près éteinte
qui a été découverte par H. Humbert dans les rochers des pentes
Nord-Ouest du Vohipolaka au Nord de Betroka, dans un des lam-
beaux dégradés de l’ancienne forêt à Chlénacées 2. Aussi bien ceux-
ci sont-ils eux-mêmes en cours de destruction, car malgré les rocailles
qui peuvent les protéger temporairement, les graminées de la
végétation secondaire finissent par trouver des couloirs ou des
fissures par lesquelles elles atteignent la parcelle intacte et l’incendie
n’a plus alors qu’à faire son œuvre.
Aster andohahelensis Humbert et Aster mandrarensis Humbert. —
Le premier provient du massif de l’Andohahelo, dans les lambeaux
de brousse ericoïde à Philippia ; le second vit dans la brousse
éricoïde du sommet du massif du Beampingaratra. Ces deux espèces,
découvertes en 1928 par H. Humbert, n’existaient chacune qu’en
un seul individu 3 ; de telles endémiques sont vouées à une dispa-
rition totale à bref délai par suite de la régression progressive des
ilôts boisées dont elles font partie.
1. Voir sur le Santal malgache les études de H. Perrier de la Bathie : Le Santal
malgache. R. B. A., 1924, p. 531 et : Note au sujet des Santals de Madagascar. R. B. A
1930, p. 590.
2. H. Humbert, op. cit., 1935, pl. II.
3. H. Humbert. Sur deux Astérées nouvelles de Madagascar en voie d’extinction.
Bull. Mus. Hisl. nat.j 1932, p. 1013.
Laboratoire de Phanérogamie du Muséum.
500
De la distribution
DE QUELQUES PLANTES MÉDITERRANÉENNES
DANS LA MONTAGNE DE LURE (BASSES-ALPES)
Par Claude Mathon.
La montagne de Lure — point culminant 1.827 m. — forme le
prolongement oriental du Mont Ventoux. Elle en est séparée par la
dépression d’Aurel. La chaîne principale, de direction générale
E.-W., est légèrement redressée vers le N.-W. ; à son extrémité E.,
elle forme le vaste cirque de Valbelle. Parallèlement à la chaîne princi-
pale et au N. de celle-ci, depuis Villevieille (à l’E. des Omergues),
jusqu’à Valbelle, une seconde crête, moins élevée que la première
dont elle est séparée par un vallon frais et généralement ombreux,
borde le torrent du Jabron. L’adret de la chaîne principale est en
pente relativement faible ; la roche sous-jacente est calcaire (Barré-
mien vers les sommets, Aptien inférieur et Urgonien vers la base),
ce qui ne signifie pas que la végétation soit exclusivement calcicole :
Calluna vulgaris et Deschampsia flexuosa par exemple, abondent, le
premier surtout entre 1.400 et 1.600 m. dans la zone centrale. Ce
versant est pratiquement dépourvu d’eau ; de bas en haut s’y ren-
contrent la chênaie à chêne pubescent, la hêtraie et la sapée. L’ubac
est en pente raide, couvert par la sapée et la hêtraie, sur ce versant
jaillisent de nombreuses sources. La chaîne secondaire, coupée de
dues et également de structure calcaire, présente à l’exposition N. :
une falaise, puis la hêtraie et la chênaie ; à l’exposition S : la chênaie
ou ses termes de dégradation (Buxaie, Lavandaie, etc.).
Il aurait été intéressant de posséder des renseignements climato-
logiques sur notre région, malheureusement nous n’avons trouvé que
quelques chiffres concernant le pluviométrie 1 pour la période 1881-
1910, moyennes annuelles : Banon (ait. 810 m.), 894 mm. ; Noyers-
sur- Jabron (ait. 550 m.), 943 mm. ; Saint-Etienne-les-Orgues
(ait. 687 m.) 807 mm. ; Sault (ait. 788 m.) 848 mm. ; Sisteron (ait.
490 m.) 869 mm. On remarquera que la vallée du Jabron est plus
arrosée que le versant S. de la Montagne de Lure. Les chutes maxima
ont lieu en mai et en octobre-novembre.
1. E. Bénévent. Le climat des Alpes Françaises. Mémorial de l’O. N. M., n° 14,
1926, p. 254-255.
Bulletin du Muséum , 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
— 502 —
L’objet de la présente note est de donner quelques renseignements,
aussi précis que possible, sur la distribution d’une trentaine de
plantes dites méditerranéennes.
Les plantes qualifiées d’eu-méditerranéennes 1, les plus fréquentes
dans la Montagne de Lure sont certainement Lavandula latifolia
(L). Villars, Aphyllanthes Monspeliensis L. et Echinops Ritro L.
La limite altitudinale pour chacune de ces espèces est différente.
Lavandula latifolia (L) Villars, l’Aspic des cultivateurs 2, atteint
la courbe de niveau 800, parvient même à 900 m. au Charon, sur le
versant S. de la Montagne. Je ne l’ai pas rencontré sur la rive droite
du Jabron. La carte porte mention des endroits les plus élevés où
j’ai trouvé cette labiée.
Aphyllanthes Monspeliensis L., est fréquent au-dessous de 1.000 m.
mais il n’est pas rare de le récolter à une altitude supérieure à l’adret ;
je l’ai vu à 1.250 m. à l’exposition S. et à 1.200 m. à l’exposition N.
près de la cote 1265, sur le territoire de la commune de La Roche
Giron3. (Voir la carte).
Echinops Ritro L., est commun dans la lavandaie jusqu’à
1350-1400 m. ( E . sphærocephalus L., semble rare : je ne l’ai ren-
contré que dans la Combe de l’Avalanche, ait. 1450 m. env., au
N. de Saint-Etienne.)
Les exigences, en chaleur et humidité notamment, repérées par les limites
altitudinales, de ces trois plantes vivaces, dites « eu-méditerranéennes
typiques », apparaissent nettement différentes. Leur distribution géogra-
phique en fait également foi. On ne saurait donc déterminer la limite alti-
tudinale du climat dit méditerranéen, dans la Montagne de Lure, ou
ailleurs, en se contentant de citer les endroits les plus élevés où l’on
rencontre une eu-méditerranéenne quelconque, sans détermination préa-
lable des nécessités climatiques et microclimatiques de la plante choisie,
et précision de ce qu’on entend par climat méditerranéen.
Suivant l’ëxemple de Flahault4. j’ai noté la limite de l’olivier
dans la Montagne de Lure : il est là d’ailleurs à sa limite septentrio-
nale actuelle en France. Les points portés sur la carte ont une valeur
1. A cette expression on joint parfois le qualificatif de « typique ». Voir A. L. Guyot.
Observations sur le secteur alpin du domaine méditerranéo-montagnard (Dauphiné
méridional et Alpes de Provence). C. R. Sommaires séances Soc. Biogéographie, séance
du 20-2-42, suivi d’une longue note de P. Jovet.
2. Sous cette dénomination est compris le Lavandin à port d’Aspic ( Lavandula
latifolia X L. vera). Voir à ce sujet les travaux de H. Humbert.
3. Lenoble signale Aphyllanthes C. C. jusqu’à 1.330 m. au Glandaz. Sur la définition
de la région méditerranéenne en géographie botannique et ses limites dans le S.-E. de
la France. F. Lenoble. Bull.^Soc. Bot. Fr., LXXX1, p. 88-96, 1934.
4. Ch. Flahault. La distribution géographique des végétaux de la région médi-
terranéenne française. H. Gaussin, éd., Paris, 1937.
— 503
très inégale. En effet, au S. du Charon, il n’y a qu’un ou deux oliviers
dépérissants, alors qu’à Peipin il s’agit de véritables olivettes.
D’autre part la culture de l’olivier est en régression depuis de nom-
breuses années et il a fallu le manque d’oléagineux consécutif à
l’occupation allemande, pour qu’un certain nombre d’olivettes
abandonnées soient remises en état de productivité. La statistique
agricole de 1939 ne fait mention, pour la production d’olives dans la
Montagne de Lure, que des communes suivantes : Bevons (sur la
rive gauche du Jabron, entre Sisteron et Noyers) 2 qx ; Fontienne
(immédiatement au S. de Saint-Etienne) 16 qx ; Ongles, 120 qx ;
Chateauneuf-Val-Saint-Donat (y compris les Chabannes) 240 qx ;
Peipin, 50 qx ; Carniol (une dizaine de km. au S. de Banon) 1,5 q ;
Simiane (une quinzaine de km. au S. du Revest-du-Bion) 1 q. — On
voit par là que les oliviers et les olivettes que nous signalons au S.
du Charon, à Lardiers, à Saint-Etienne, à Cruis, à Mallefougasse et à
Valbelle, ne sont pas importants, cependant la plupart donnent des
fruits venant à maturité (sauf peut-êre au S. du Charon et au
N.-W. de Lardiers).
Le Chêne vert ( Q. Ilex L.) isolé atteint la maison forestière de
Saint-Etienne (ait. 1.043 m.) où il en existe quelques arbres ; on le
retrouve, peu commun, dans le Querceto-Buxetum entre Saint-
Etienne et Mallefougasse le long de la route, mais je n’ai jamais
trouvé l’association du chêne vert dans la région étudiée.
Quelques autres eu-méditerranéennes peuvent être récoltées dans
la Montagne de Lure :
Spartium junceum L. forme une ceinture à la montagne, depuis
quelques centaines de mètres à l’W. des Chabannes, sur le versant
S, en suivant la route par Peipin, les Bons-Enfants et remontant la
vallée du Jabron jusqu’à Curel-les-Etangs (ait. 750 m. env.).
Argyrolobium Linnæanum Walp. est assez commun dans la lavan-
daie à Thymus vulgaris L., où il atteint 1.100 m. aux Plus-Basses-
Graves sur le territoire de la commune de Redortiers, 800 m.au N. de
Moutte à Saint-Etienne (avec Coris Monspeliensis L.), 1.000 m. au
N. de Cruis ; on le retrouve sur la Montagne du Cerveau, au N.-W.
de Valbelle jusqu’à 1.250 m.
Stæhelina dubia L. ne dépasse pas 1.000 m. dans la lavandaie à
Aphyllanthes au N. du Charon, et au Vieux-Colombier au N. de
l’Hospitalet.
Dorycnium suffruticosum Villars entoure la Montagne de Lure
depuis les premières plantations de pins noirs et le ravin de Peipin
à Valbelle, devenant abondant dans les collines à l’W. des Bons-
— 504 —
Enfants, atteignant Cruis, Saint-Etienne et le hameau du Largue ;
on le retrouve au N.-W. du Charon où il dépasse 1.000 m.
Catananche cærulea L. est commun à l’entrée de la vallée du
Jabron, dans le défilé de Paresoux, ainsi qu’au N. de Saint-Etienne
dans la lavandaie.
Convolvulus Cantabricus L. se rencontre à Valbelle aux environs
immédiats du village.
Saxifraga lingulata Bell, atteint 1.200 m. à l’exposition N. dans la
falaise du Cerveau à Valbelle.
Rhamnus Alaternus L. semble peu commun, je ne l’ai aperçu
qu’à l’entrée de la vallée du Jabron, dans le défilé de Paresoux, du
côté des Bons-Enfants.
Envisageons maintenant la distribution de quelques méditer-
ranéo-montagnardes — selon Braun-Blanquet — ■ dans la Montagne
de Lure :
Lavandula vera D. C., dans le pays de Lure est l’élément le plus
abondant de la végétation. La lavandaie, à la fois conséquence de
l’abandon des cultures vivrières 1 et cause de cet abandon en raison
du prix rémunérateur de la fleur de lavande, conséquence également
du surpâturage et des déboisements inconsidérés, couvre de vastes
surfaces. On rencontre, dans la Montagne de Lure, la lavande mon-
tagnarde jusqu’à 1.600 m. à l’adret, dans l’étage du chêne blanc et
dans l’étage du hêtre.
Genista cinerea (Vill.) D. C. est un grand concurrent du Lavandula
vera. Il colonise la lavandaie jusqu’à en éliminer presque complète-
ment la lavande. On le rencontre partout soit en touffes, soit en
populations denses couvrant des hectares comme à Saint-André de
Villesèche. Les cultivateurs luttent contre lui par le feu afin de
protéger la lavande, source de revenus. Il fut une époque où le déve-
loppement de G. cinerea était favorisé en raison de son utilité pour
l’alimentation des caprins surtout.
Cytisus sessilifolius L. est une caractéristique du Querceto-Buxe-
tum .On le rencontre aussi dans les hêtraies claires jusqu’aux envi-
rons de 1.300 m.
Carlina acanthifolia L., caractéristique de la lavandaie (Molinier,
1935) suit à peu près la distribution de celle-ci.
1. La lavandaie qui en provient fait retour à l’association climacique lorsqu’elle n’est
ni soumise à des façons culturales, ni pâturée.
Thymus vulgaris L. abonde dans la lavandaie jusqu’à une certaine
altitude (1.100 m. env.) où il est remplacé par Thymus Serpyllum L.
s. lat. On le trouve cependant encore à 1.300 m. lorsque l’exposition
est particulièrement favorable.
Leuzea eonifera (L.) D. C., ne semble pas dépasser 1.220 m.
(Yalaury de Villesèche) ; je l’ai rencontré aux altitudes maxima
suivantes : aux Sartrons (Redortiers) à la cote 941 ; dans le ravin
de Banon (850 m. env.) ; au N.-W. du Charon (1.050 m. env.) ; au S.
du Bois du Crac (1.000 m. env.) ; au N.-E. de Pimaubert (1.150 m.
env.) ; au Vieux-Colombier, à L’Hospitalet (1.000 m. env.) ; au
Champ Lombard à Lardiers (1.000 m. env.) : au N. de Saint-Etienne
(800 m. env.) ; au N. de Cruis (1.000 m. env.) ; et sur le versant N.
de la Montagne de Lure, à la naissance du ravin de la Druigne, à
Villevieille (950 m. env.).
Ononis Cenisia L. fréquent dans la lavandaie au-dessus de 1.200 m.,
se montre moins souvent à altitude plus faible ; il paraît préférer la
lavandaie à Thymus Serpyllum.
Ononis fruticosa L. se rencontre sur le versant N., dans les éboulis
du Cirque de Valbelle (ait. 1.200 m. env.) et dans les plantations de
pins noirs ; dans la Montagne de Jansiac : aux Jalinons, près de la
due du Vallat (ait. 950-1.000 m.).
Les espèces suivantes pourraient, semble-t-il, être jointes à la
catégorie précédente :
Pæonia peregrina Mill,. à l’ubac du Négron (localité citée par
Lenoble et précisée par B. Jasse, Inspecteur des Eaux et Forêts
en retraite, qui a eu l’amabilité de m’y conduire).
Linum salsoloides Lmk, assez commun dans la lavandaie de l’adret
et sur les marnes à Plantago serpentina Vill. du versant N, atteint
1.700 m. dans la grande pelouse à Brachypodium pinnatum P.
Beauv. qui longe la route forestière de Lure du Pas de la Graille
jusque sous le point culminant. Il est également assez commun à
Saint-Etienne dans la lavandaie à 700 m. d’alt.
Onobrychis supina (Chaix) D. C. se trouve dans les marnes à
Plantago serpentina des Omergues (ait. 850 m. env.); à l’ubac du
Pas de Redortiers ; dans la lavandaie sous la Grange de la Roche à
La Roche Giron (ait. 1.200 m. env.) et aux Arbres Peyniers à L’Hos-
pitalet (ait. 1.200 m. env.).
Sedum altissimum Poir. a été rencontré au Contadour (ait.
1.200 m. env.).
506
Valeriana tuberosa L. abonde sur la Montagne du Cerveau à Val-
bellle (cotes 1394 et 1267).
Nepeta Nepetella L. semble assez fréquent dans les ravins et la
lavandaie, surtout dans la partie W de la Montagne.
Satureia monlana L. est commun dans la lavandaie à Thymus
vulgaris. comme lui il remonte jusqu’à 1.300 m. (S.-W. du Tréboux
à La Roche Giron ; Long-Terme à La Roche Giron également).
Ainsi les eu-méditerranéennes et les méditerranéo-montagnardes
montrent des exigences diverses, à l’intérieur même de chacun de
ces deux groupes, qui se manifestent par une altitude préférentielle
et une altitude limite différentes. En particulier la distribution des
eu-méditerranéennes qualifiées de « typiques » ne permet pas de fixer
la limite altitudinale du climat dit méditerranéen avec une quel-
conque des plantes de cette catégorie, employée comme indicatif,
tant qu’on n’aura pas auparavant étudié d’une manière approfondie
ses exigences écologiques en chaleur et en eau notamment, tout s
les autres conditions étant remplies : indifférence au terrain, abon-
dance, etc. En effet selon l’espèce critère qui serait utilisée on obtien-
drait pour l’adret de la Montagne de Lure une limite allant de 800
à 1.400 m. L Les faits cités dans cette note sont le résultat d’obser-
vations personnelles.
Laboratoire de Phanérogamie du Muséum.
1. L. Emberger. Les limites de l’aire de végétation méditerranéenne en France.
Bull. Soc. H Ut. Nat. Toulouse , t. 78, 1943, p. 159.
— 507 —
A PROPOS DES CARACTÈRES DENTAIRES
D’UN NOUVEL HIPPOPOTAME FOSSILE
(HlPPOPOTAMUS (Tetraprotodon) protamphibius
C. Arambourg).
Par J. Anthony.
Dans l’énorme matériel paléontologique qu’il a rapporté des gise-
ments pleistocènes de l’Omo en 1933, M. le Professeur Arambourg
a isolé un lot assez important d’ossements appartenant à un Hippo-
potame nouveau qu’il a décrit sous le nom de Hippopotamus (Tetra-
protodon) protamphibius n. s. dans deux notes préliminaires, puis
dans un travail d’ensemble sur les fossiles de l’Omo, actuellement
sous presse. Par certains caractères extérieurs de la tête osseuse,
cet Hippopotame paraît s’inscrire, dans l’arbre généalogique de
son groupe, entre Hippopotamus (Tetraprotodon) amphibius L. et
les Ilexaprodontes Hindous du Pliocène des Monts Siwaliks. M. le
Prof. Arambourg ayant mis à ma disposition un moulage endo-
crânien naturel de H. (Tetraprotodon) protamphibius, j’ai constaté,
en l’examinant, l’existence de plusieurs termes de rapprochement,
non plus avec H. (Tetraprotodon) amphibius L., dont il diffère pro-
fondément à ce point de vue, mais avec l’autre forme actuellement
vivante, l’Hippopotame nain de Libéria, Choeropsis liberiensis
Morton ; le contour du cerveau, l’allure de la selle turcique, les
rapports du nerf trijumeau, attestent cette parenté. J’ai tenté,
après Flower (1887), de faire la part du nanisme chez Choeropsis
liberiensis Morton, en ce qui concerne spécialement le crâne, la face
et le cerveau. Les qualités foncières qui me sont alors apparues
n’ont fait que me confirmer dans mon opinion. J’ai été finalement
amené à considérer1 que II. (Tetraprotodon) protamphibius est
certainement très proche de l’espèce hypothétique qui a donné par
dégénérescence Choeropsis liberiensis Morton.
Par la suite, en passant systématiquement en revue toutes les
pièces de H. (Tetraprotodon) protamphibius au Laboratoire de
Paléontologie, j’ai relevé un trait osseux qui me paraît illustrer
assez bien les conclusions imposées par la morphologie cérébrale.
1. J. Anthony, Etudes de moulages endocrâniens d’Hippopotames disparus
II. (Tetraprotodon) protamphibius C. Arambourg ; H. (Tetraprotodon) Lemerlei
A. Grandidier ; II. (Ilexaprotodon) sivalensis Falconer et Cautley (en cours d’im-
pression).
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
508 —
Il concerne la facture des canines supérieures et, autant que l’on
peut en juger actuellement, serait constant.
Lorsque Choeropsis liberiensis Morton fut découvert, au milieu
du siècle dernier, alors que les savants pensaient avoir dressé l’in-
ventaire complet des Mammifères vivants, tout au moins de cette
Face postérieure de la canine supérieure chez quelques Hippopotames. I, II. (Tetra-
prolodon) amphibius L. ; II, H. ( T elrapr olodon) Lemerlei G. ; III et V, II. (Tetra-
protodon) protamphibius A. ; IV, H. (Choeropsis) liberiensis M. — G. N. X 1/2.
taille, Morton remarqua immédiatement, dans les premièers des-
criptions qu’il en donna, que ses canines supérieures étaient remar-
quables par la gouttière, large et profonde, qui creuse de haut en
bas leur face postérieure ; il montra qu’en section transversale on
obtient un contour réniforme, caractéristique. Un aspect semblable
est déjà présent sur le mieux étudié des Hexaprotodontes des
Siwaliks, H. (Hexaprotodon) sivalensis Falc. et Caut. ; il s’agit par
509 —
conséquent d’un caractère primitif. Par opposition, H. (Tetraproto-
don) amphibius L., 1 comme du reste, l’Hippopotame sub-fossile de
Madagascar, H. (Tetraprotodon) Lemerlei A. Grand., ne possède au
même niveau qu’une rainure, étroite et superficielle ; il s’agit là,
précisément, avec la disposition des os lacrymaux et la formule
dentaire, d’un précieux élément de diagnostic différentiel, une fois
éliminées les propriétés fœtales que Choeropsis liberiensis Morton
a conservées du fait du nanisme. H. (Tetraprotodon) protamphibius
porte la même gorge, très légèrement moins profonde et aussi large,
que Choeropsis liberiensis Morton ; je l’ai observée sur les deux
canines droites incomplètes figurées ci-dessus de même que sur deux
crânes où elle apparait en section transversale ou oblique.
La découverte de H. (Tetraprotodon) protamphibius jette ainsi
un jour nouveau sur la phylogénie des Hippopotames africains. Nous
savons fort peu de chose des Hexaprotodontes du Pliocène ; H. ( Hexa -
protodon) hipponensis Gaud., dont nous ne possédons que quelques
dents, en est pour l’instant le seul représentant connu. Mais fort
probablement dès cette époque, deux phylums, au moins, existaient
en Afrique ; l’un est représenté depuis le pliocène supérieur par H.
(Tetraprotodon) amphibius L. ; l’autre devait aboutir à Choeropsis
liberiensis Morton après avoir donné au Pleistocène, par une lignée
collatérale, H. (Tetraprotodon) protamphibius.
Laboratoire d' Anatomie Comparée du Muséum.
Indications bibliographiques.
Arambourg (C). — 1944 a. Les Hippopotames fossiles d’Afrique. C. R.
Acad. Sc., t. 218, 602-4.
— 1944 b. Au sujet de l’Hippopotamus hipponensis Gaudry. Bull. Soc.
Géol. France, 5e série, t. XIV, 147-54.
— 1947. Contribution à l’étude géologique et paléontologique du bassin
du lac Rodolphe et de la basse vallée de l’Omo. Deuxième partie ;
Paléontologie ; in Mission Scientifique de l'Omo (1932-1933), t. II, Edit,
du Muséum, Paris.
Flower (W. H.). — 1887. On the Pigmy Hippotamus of Liberia, Hippopo-
tamus liberiensis (Morton) and its daims to distonct generi rank.
Proc. Zool. Soc. London, 612-14.
Hooijer (D. A.). — 1942. On recent and fossil Hippopotami. C. R. Soc.
Néerl. Zool., 17 oct. 1942, 289-90.
Morton (S. G.). — 1849. Additional observations on a new living species
of Hippopotamus. J. Acad. Nat. Sc. Philad., 2e sér., I, 231-9, 3 pl. h. t.
1. La ligure ci-dessus représente, en I, un aspect moyen choisi après examen de
25 crânes au Laboratoire d’Anatomie Comparée.
— 510 —
Non existence de uAbbevilliex a Mantes-la-Ville
par Laure J. Lhoste.
En 1898 1 A. Laville donnait une coupe détaillée de la carrière
de M. Caüzard-Blanchard. Cette carrière est située au S.-W. de
Mantes à l’extrémité du Plateau de Soindres et à mi-côte.
L’altitude du plateau est de 168 m. celle de Mantes de 40 m.,
celle de la carrière à 45 ; la plaine d’alluvionnement est à 19 et l’étiage
de la Seine à 13 m. Nous sommes en présence d’une terrasse de
30 mètres.
Laville en donne la coupe suivante :
1. — Sable, gravier et gros galets de silex pyromaques dans l’argile
jaune verdâtre. Epaisseur inconnue. Coup de poing Chelleen de très
grande taille en silex de la craie pesant 1.770 grammes.
2. — Sables limoneux, 0 m. 50 à 1 m.
3. — Limon rouge clair compact, employé pour la fabrication de la
brique.
4. — Limon roux employé comme terre à briques. Petits lits de cailloux
vers le milieu de son épaisseur. Silex taillés de forme chelléenne et de
forme Moustérienne. Epaisseur 6 à 8 m.
5. — Limon clair moins argileux ressemblant à l’ergeron. Employé
comme terre à briques, 1 m. 20.
6. — Limon calcaire encore plus clair que le 5, 0 m. 50-2 m.
7. — Limon rouge ravinant le 6. Epaisseur 1-2 m.
L’outillage recueilli comporte donc : 1 grand coup de poing et
3 autres coups de poing de moindres dimensions.
Ces pièces appelées par Laville chelléennes (Abbevilliennes par
M. l’abbé Breuil), étaient considérées comme les seules pièces
de cette industrie, connues en place dans la vallée de la Seine.
La collection Laville se trouve à l’Ecole des Mines et, M. le
Professeur Piveteau, que je remercie ici vivement, m’a communiqué
les pièces de Mantes.
Ni le grand coup de poing de la couche I, ni ceux de la couche 4
ne m’ont paru abbevilliens et M. le Professeur H. Breuil, à qui ces
outils ont été présentés a confirmé cette façon de voir. Il y a un coup
de poing de grande taille Acheuléen moyen et trois autres bifaces de
1. L’anthropologie, t. IX, 1898.
Bulletin du Muséum, 2e série, t. XVIII, n° 6, 1946.
— 511 —
type Acheuléen supérieur et qui sont de l’Acheuléen VI-VII, soit
du Micoquien.
Stratigraphiquement, le grand biface provient des formations de
remblaiement : sables et graviers de la terrasse. Comme le remarque
E. Chaput 1, l’altitude absolue est de 45 m. donc, les sables repré-
sentent le bord externe de la terrasse de 30-35 m. Les autres petits
bifaces micoquiens sont dans les limons loessiques rissiens comme en
atteste la poupée de loess encore accolée sur l’une des faces de l’un
d’eux. Le grand biface se trouve dans les sables de base antérieurs
au loess le plus ancien.
Peut-on comparer cette terrasse à celles de la Somme ? Dans une
note précédente2, j’avais fait une réserve concernant le nom des
interglaciaires ayant affecté la terrasse de 30 m.
En effet, M. J. Blanchard 3 émet l’hypothèse qu’à la terrasse de
45 m. de la Somme correspond la terrasse de 30 m. de la Seine,
étant donné qu’il n’y a pas d’industrie dans les hauts niveaux de
la Seine et que la seule industrie chelléenne connue soit dans une
terrasse de 30 m. à Mantes et à Créteil. La différence correspon-
drait à un creusement plus important.
Cette réserve tombe aujourd’hui puisqu’il n’y a pas de Chelléen
à Mantes-la-Ville.
De plus, M. R. Furon 4 dans une note récente vient de montrer
qu’il y a concordance plus apparente entre les terrasses du bassin
de la Seine et celles du bassin de la Somme lorsqu’elles sont cotées
à partir du même point de repère, ce qui confirme bien ce qu’on
observe à Mantes.
L’outillage est celui que l’on est habitué à rencontrer dans la
terrasse de 15 m. de la Somme et, les formations d’une terrasse de
30 m. et de 15 m. ont de grandes similitudes. 11 reste donc délicat
d’associer par le seul fait de la cote, cette terrasse de 30 m. de Mantes
à une terrasse de même altitude dans la Somme.
On éprouve la même difficulté d’ailleurs lorsque l’on associe la
terrasse de Chelles au gisement du Havre.
Un fait reste à retenir pour l’instant, il n’y a pas d’Abbevillien
à Mantes ; tout au moins s’il en existe, il se trouve dans les
niveaux inférieurs à ceux exploités.
Laboratoire de Géologie du Muséum.
1. E. Chaput. Les terrasses alluviales de la Seine. Bull. Serv. Carte Géol. France ,
t. XXVII, 1923.
2. L. J. Liioste. Essai de localisation stratigraphique de quelques Mollusques qua-
ternaires de la Région parisienne. Bull. Muséum, 2e sér., t. XVIII, n° 3, 1946.
3. J. Blanchard .L’hypothèse du déplacement des pôles, et la Chronologie quater-
naire, 1942.
4. R. Furon. Nécessité d’unifier la nomenclature des terrasses fluviatiles.
Bull. Muséum, oct. 1946.
TABLE DES MATIÈRES
du Tome XVIII. — 2e Série.
Pages
ACTES ADMINISTRATIFS 5, 145, 225, 317, 381, 469
Liste des Associés et Correspondants nommés en 1945 7
Travaux faits dans les Laboratoires pendant Vannée 1945 11
COMMUNICATIONS :
Abrard (R.). Aperçu hydrogéologique sur le département du Cher 217
André (M.). Sur le genre Schôngastia Oudemans 1910 et la présence «à Madagas-
car du Sch. aethiopica Hirst (Acariens, Thromb.) 53
— Une nouvelle forme d ’ Enemothrombium Berlese 1910 (Acariens Thromb.).
Enemothrombium miniatum Can. var. vicinum n. var 56
— Sur une nouvelle forme larvaire de Neosckôngastia (Acarien) parasite de
Meriones Shawi 162
— Un Erythraeus (Acarien) nouveau recueilli à Madagascar (E. Milloti n.
sp.) 268
— Bifurcation du doigt fixe de la pince chez un Crabe, Portunus puber L.. 331
— La propagation du Crabe chinois (Eriocheir sinensis H. M. Edw.) dans le
Nord de la F rance 389
— Une nouvelle variété de Y Eriophyes pini Nal., parasite des Cyprès dans
le département du Var 475
Angel (F.), Bertin (L.) et Guibé (J.). Note relative à la nomenclature d’un
Amphibien et d’un Poisson 473
Anthony (J.). A propos des caractères dentaires d’un nouvel Hippopotame
fossile [Hippopotamus (T etrapr otodon) protamphibius C. Arambourg). 507
Arènes (J.). Un hybride de Centaurea nouveau pour la Corse et pour la Science. 179
Belval (H.) et Mérac (M.-L. Du). L’hybridation chez les Scilles 287
— Les fructosanes et l’hybridation chez les Graminées 460
Bertin (L.). Marie Phisalix 37
Boureau (E.). L’évolution vasculaire du Calycanthus floridus L. (actuel ; Caly-
canthacées) et l’explication du système vasculaire de Y Etapteris Scotti
P. B. (Filicale paléozoïque; Zygopteridées) 440
Bourelly (P.) et Feldmann (J.). Une Algue méconnue : Sphaeroplea soleirolii
(Duby) Montagne 412
Bugé (E.). Catalogue des Bryozoaires types et figurés de la collection du labora-
toire de Paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle. —
I. Bryozoaires du patagonien figurés par F. Canu (1904-1908). La posi-
tion stratigraphique du patagonien 204
— I d. — IL Bryozoaires actuels du Maroc et de Mauritanie figurés par
F. Canu et R. S. Basslcr (1925-1928) 274
— Id. — III. Bryozoaires cyclostomes de l’Eocène du bassin de Paris figurés
par F. Canu (1907-1910) .367
— 513 —
— Id. — IV. Bryozoaires cheilostomes de l’Eocène du Bassin de Paris
figurés par F. Canu (1907-1910) 428
Cadenat (J.). Captures nouvelles de Paragaleus Budker et de Scorpaenodes afri-
canus Pfafï 319
Caillère (S.) et Kraut (F.). Sur un gîte de cuivre de Langlade (Miquelon). Ses
analogies avec les régions cuprifères du Yunnan 378
Calas (P.). Sur la présence du genre Gundlachia (Pfeiffer) (Mollusque Ancylide)
dans le centre de la France 404
Chabanaud (P.). Notules ichlhyologiques (suite) ( erratum , p. 000) 158
Chaudun (V.). Félix Delahaye, jardinier au Jardin du Roi, Compagnon de
d’Entrecasteaux 253
Chavan (A.). Notes sur les Jagonia (Lamellibranches) 87
— Nouvelles notes sur les Jagonia (Lamellibranches) 345
Cherbonnier (G.). Sur une Holothurie de Quoy et Gaimard, type d’un nou-
veau genre : Plesiocolochirus n. g 280
Chevalier (A.) et Monnier (P.). Une espèce d ’lsoetes de l’Afrique Occidentale
française 91
— Note complémentaire au sujet de Ylsoetes Garnieri Chev. et Mon 366
Condé (B.). Plusiocampa Dargilani Moniez (Aptérygotes Diploures) 270
Decary (R.). Quelques plantes malgaches rares ou en voie d’extinction 495
Dechambre (Ed). Une particularité de la queue du Mammouth observée chez
l’Eléphant de l’Inde 43
Dehaut (E.-G.). Manifestations archétypiques 471
Démangé (J.-M.). Sur la Morphologie comparée des testicules de quelques
Scolopendrides (Myriapodes-Chilopodes) 59
— Callipus foetidissimus gallicus dentilculatus nov. var. des Catacombes du
Muséum d’Histoire naturelle de, Paris (Myriapodes-Diplopodes) 394
— Sur une patte régénérée de Lithobius forficatus L. (Myr. Chil.) 478
Dillemann (G.). L’acide cyanhydrique dans les hybrides du Poirier avec le
Cognassier 465
Dorier (A.). Révision de quelques espèces de Gordiacés 480
F âge (L.). Complément à la faune des Arachnides de Madagascar 256
— Sur une Caridine nouvelle cavernicole de Madagascar. Caridina macro-
phthalma n. sp 324
— Description d’un Opilion aveugle des grottes de la province de Bergame
(Nemastoma anophthalmum) 328
— Araignées cavernicoles de l’Inde 282
Fauvel (P.). Annélides Polychètes des Croisières du Pourquoi Pas ? 397
Feugueur (L.). Sur quelques points géologiques intéressants dans la vallée de
la Viosne 454
Furon (R-). Nécessité d’unifier la nomenclature des terrasses fluviales 448
Gatinaud (G.). Catalogue des Brachiopodes types et figurés de la collection du
Laboratoire de Paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle.
I. Productidae et Chonetidae figurés par de Koninck (1843-1847) 373
Grandjean (F.). Observations sur les Acariens (9e série) 337
Guibé (J.). Sur la validité d a M antipus laevipes (Mocq.) (Batracien-Microliylidae) 50
— Reptiles et Batraciens de la Sangha (Congo Français) récoltés par M. A.
Baudon 52
Guillaumin (A.). Une médaille inconnue au sujet de la Girafe 41
— Contribution à la flore de la Nouvelle-Calédonie. LXXXVI. Plantes récol-
tées par L. Virot (suite) 355
Hamel (J.-L.). Note sur des corps cytoplasmiques pbservables chez Pilea
Cadierei Gagnep et Guillaumin 362
514 —
Heim (R.). Louis Mangin et Pierre Allorge, premiers titulaires de la Chaire de
Cryptogamie du Muséum. Leçon inaugurale du cours de Cryptogamie,
prononcée le 26 mars 1946 226
Hoffstetter (R.)- Remarques sur la classification des Ophidiens et parti-
culièrement des Boidae des Mascareignes ( Bolyerinae subfam. nov.) . . 132
— Sur les Gekkonidae fossiles 195
— Les Typhlopidae fossiles 309
Jacques-Félix (H.). Description d’un Fagopyrum africain. 409
Jovet-Ast (Mme) et Jovet (P.). Révision de quelques Muscinées du Valois-
VIII. Sphaignes 124
Kaswin (A.), et Serfaty (A.). L’activité cholinestérasique des organes chez les
Sélaciens et les Téléostéens 305
Korablef (G.). Une coupe géologique schématique de Mayoumba à N’Dendé
(Gabon)... 456
Lavocat (R.). Note préliminaire sur le genre Sciuroides Forsyth Major 130
Léandri (J.). Sur les possibilités d’établissement de Réserves biologiques en
Corse 45
Leroy (J. -F.). Le genre Aphananthe (Ulmacées). Révision systématique et
distribution géographique des espèces 118, 180
Lhoste (L.-J.). Essai de localisation stratigraphique de quelques Mollusques
Quaternaires de la région parisienne 294
— Non existence de l’Abbevillien à Mantes-la- Ville 510
Margara (J.). Existence de Zoothylacies chez des Clypeastres (Echinodermes)
de l’helvétien du proche-Orient 423
Mathon (C.). De la distribution de quelques plantes méditerranéennes dans la
montagne de Lure (Basses-Alpes) 500
— et Sornay (J.). Nouveau gisement de Barrémien inférieur dans la mon-
• tagne de Lure (Basses- Alpes) 297
Millot (J.). Henri Neuville 35
Nassans (R.)- Deuxième liste des fossiles jurassiques figurés de la collection
Victor Maire 136
Nouvel (J.) et Séguy (E.). Quelques ectoparasites des animaux sauvages du
Parc Zoologique du Bois de Vincennes 65
Pérès (J.-M.). L’organe neural des Polyclinidae ,. . . . 69
Prunet (J.). Application à la construction des routes des propriétés particu-
lières aux sols ferrugineux et latéritiques 222
Pruvot-Fol (A.). Révision de la famille des Phylliroidae (Phyllirhoïdae) Bergh. 172
Roger. (J.). Au sujet des études paléontologiques et de l’organisation métho-
dique de la documentation en général 416
Roth (P.). Sur l’action des hormones sexuelles dans la métamorphose expéri-
mentale de l’Axoloth [Amblystoma tigrinum Green] provoquée par la
Thyroxine [lre note] 300
Sornay (J.). Remarques sur deux espèces de d’Orbigny Ammonites vielbancii
et A. fleuriausianus , 213
Sosa-Bourdouil (C.). Sur l’activité diastasique des anthérozoïdes et des ovules
de Fucus vesiculosus L 142
Soyer (R.). Prolongement de la ligne n° 7 du Chemin de fer Métropolitain à
Ivry-sur-Seine [Notice géologique] 450
Stehlé (H.). Notes taxonomiques et écologiques sur les Légumineuses Papilio-
nacées des Antilles françaises [9e contribution] 98
— Notes taxonomiques et écologiques sur les Légumineuses Caesalpiniées et
Mimosées des Antilles françaises 185
Tixier-Durivault (A.). Les Alcyonaires du Muséum : I. Famille des Alcyonii-
dae. 3. Genre Sarcophytum 80, 165, 348
515
Urbain (Ach.). Nouvel (J.) et Bullier (P.) : Rapport sur la mortalité et la
natalité enregistrées au Parc Zoologique du Bois de Vincennes en 1945. 146
Vachon (M.). Description d’une nouvelle espèce de Pseudoscorpion [Arach-
nide] habitant les grottes portugaises : Microcreagris cavernicola ... 333
ERRATUM
in P. Chabanaud. Notules ichthyologiques, p. 159 : 34e ligne, au lieu de : les
2 intcropercula ne sont nullement libres, lire : les 2 interopercula sont libres.
Le Gérant : Marc André.
ABBEVILLE. IMPRIMERIE F. PAILLÀRT (o. P. L. 31.0832). 10-4-1947
SOMMAIRE
Pages
Actes administratifs 469
Communications :
E. G. Dehaut. Manifestations archétypiques 471
F. Angel, L. Bertin et J. Guibé. Note relative à la nomenclature d’un Amphi-
bien et d’un Poisson 473
M. André. Une nouvelle variété de YEriohyes pini (Nal.), parasite des Cyprès
dans le département du Var 475
J.-M. Démangé. Sur une patte régénérée de Lithobius forficatus L. [Myr. Cliil.j . . 478
A. Dorier. Révision de quelques espèces de Gordiacés 480
R. Decary. Quelques plantes malgaches rares ou en voie d’extinction 495
C. Mathon. De la distribution de quelques plantes méditerranéennes dans la
montagne de Lure (Basses-Alpes) 500
J. Anthony. A propos des caractères dentaires d’un nouvel Hippopotame
fossile ( Hippopotamus [Tetraprotodon] protamphibius C. Arambourg) 507
L.-J. Lhoste. Non existence de l’Abbevillien à Mantes-la-Ville 510
Table des matières du tome XVIII 512
ÉDITIONS
DU
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
36, RUE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, PARIS Ve
Archives du Muséum national d’Histoire naturelle (commencées en 1802
comme Annales du Muséum national d’Histoire naturelle). (Un vol.
par an, 300 fr.j.
Bulletin du Muséum national d'Histoire naturelle (commencé en 1895).
(Un vol. par an, abonnement annuel France, 200 fr., Étranger, 300 fr.).
Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle, nouvelle série com-
mencée en 1936. (Sans périodicité fixe ; un vol. 230 tr.).
Publications du Muséum national d’Histoire naturelle. (Sans périodicité
fixe ; paraît depuis 1933).
Index Seminum Horti parisiensis. (Laboratoire de Culture ; paraît
depuis 1822 ; échange).
Notulæ Systemalicæ. (Directeur M. H. Humbert, Laboratoire de Phanéro-
gamie ; paraît depuis 1909 ; abonnement au volume, France, 90 fr. ;
Etranger, 150 fr.).
Revue française d’ Entomologie. (Directeur M. le Dr R. Jeannel, Laboratoire
d’Entomologie ; paraît depuis 1934 ; abonnement annuel France, 90 fr..
Etranger, 150 fr.).
Bulletin du Laboratoire maritime du Muséum national d’Histoire naturelle
à Binard. (Directeur M. E. Fischer-Piette, Laboratoire maritime de
Dinard ; suite du même Bulletin à Saint-Servan ; paraît depuis 1928 ;
prix variable par fascicule).
Bulletin du Musée de l’Homme. (Place du Trocadéro ; paraît depuis 1931 ;
prix du numéro ; 5 fr. ; adressé gratuitement aux Membres de la
Société des Amis du Musée de l’Homme : Cotisation annuelle, 30 fr.).
Recueil des travaux du Laboratoire de Physique végétale. (Laboratoire de
Chimie ; Section de Physique végétale ; paraît depuis 1927 ; échange).
Travaux du Laboratoire d’Entomologie. (Laboratoire d’Entomologie ; paraît
depuis 1934 ; échange).
Revue de Botanique appliquée et d’ Agriculture coloniale. Directeur : M. A.
Chevalier, Laboratoire- d 'Agronomie coloniale; paraît depuis 1921.
Revue Algologique. (Directeur M. R. Lami, Laboratoire de Crypto-
gamie ; paraît depuis 1924; abonnement France, 200 fr., Étranger,
260 fr.).
Revue Bryologique et Lichénologique. (Directeur Mme Allorge, Laboratoire
de Cryptogamie ; paraît depuis 1874 ; abonnement France, 200 fr..
Étranger, 300 fr.).
Revue de Mycologie (anciennement Annales de Cryptogamie exotique).
(Directeur M. Roger Heim. Laboratoire de Cryptogamie ; paraît depuis
1928; abonnement France, 225 fr., Étranger, 375 et 450 fr.).
Mammalia, Morphologie, Biologie, Systématique des Mammifères,
(Directeur M. Ed. Bourdelle ; paraît depuis 1936 ; 50 fr. ; Étranger,
55 fr.).